91695 REPUBLIQUE DE DJIBOUTI High-Level Development Exchange Lancement de la « Vision Djibouti 2035 » Note de compte rendu 20 – 23 Juin 2014 High-Level Development Exchange Lancement de la « Vision Djibouti 2035 » Djibouti, le 20–23 juin 2014 Principales conclusions et recommandations Introduction 1 secteur public visant à proposer une série de recommandations pour permettre à Djibouti Cette note met en évidence les principaux points de d’atteindre son double objectif de réduction de la discussions et les principales recommandations pauvreté et de croissance inclusive. émises lors de l'événement de lancement de la Vision Djibouti 2035 et de la Conférence de Haut Niveau sur En marge des travaux du forum, des visites de terrain le Développement qui s’est tenu du 20 au 23 juin ont été organisées à l’attention des panélistes. Cela 2014 à Djibouti. La conférence a été organisée par le leur permis de visiter les principales infrastructures Groupe de la Banque Mondiale (BM) et le Ministère de Djibouti : le nouveau port de Tadjourah, le de l’Economie et des Finances, chargé de l’Industrie, terminal à conteneurs de Doraleh, et la station sous le haut patronage du Président de la République d’atterrage des câbles sous-marins de Djibouti de Djibouti. Telecom. Les visites ont mis en évidence le potentiel de Djibouti à la fois comme plate-forme logistique de Cet événement a fourni une plate-forme pour transport et de télécommunications ainsi que comme promouvoir le dialogue et le partage de connaissances destination touristique. dans le but de développer des instruments politiques plus efficaces pour éradiquer la pauvreté et dynamiser La conférence officielle a eu lieu le second jour et a le développement du secteur privé. Il a permis de été ponctuée de plusieurs discours notamment de la renforcer la capacité de Djibouti à définir de façon Représentante Résidente de la Banque mondiale pour concertée les grands axes d’un développement plus Djibouti, Mme Homa-Zahra Fotouhi, du soutenable en veillant à ce que la croissance Coordonnateur Résident des Nations Unies, M. économique se traduise effectivement par une Robert Watkins, et du Ministre de l'Economie et des réduction de la pauvreté, la promotion de l’emploi et Finances chargé de l’Industrie, Son Excellence le développement des activités économiques pour Monsieur Ilyas Moussa Dawaleh. l’ensemble de la population. Son Excellence Monsieur Abdoulkader Kamil Le but de la Conférence était de: (i) lancer la Vision Mohamed, Premier Ministre, a prononcé au nom du Djibouti 2035, (ii) partager les expériences de Chef de l’Etat, le discours de lancement officiel de la développement de l'île Maurice, du Cap-Vert, et de Vision Djibouti 2035 et d’ouverture des travaux du l'émirat de Dubaï, et (iii) permettre au secteur privé et forum. La suite du programme s’est composée de à la société civile de participer – au travers de tables remarques de l’Economiste en chef de la Banque rondes – à un dialogue soutenu et constructif avec le mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Dr. Shanta Devarajan et de présentations des 1 La table ronde de haut niveau a bénéficié d’un financement du intervenants de l’Ile Maurice, du Cap-Vert, et de Fonds pour la promotion des expériences Sud-Sud. Cette note a Dubaï, disposant tous d’une expérience significative été préparée par Arthur Foch (économiste d’infrastructure, Transport et TCI, Banque mondiale) et Roya Vakil (spécialiste du dans la conduite de réformes structurelles visant à secteur financier, Finance et Marchés, Banque mondiale) sous la promouvoir le développement économique dans leur supervision de Mme. Homa-Zahra Fotouhi, Représentante Résidente de la Banque mondiale à Djibouti et en collaboration pays respectif. La journée s’est clôturée avec une avec le Ministère djiboutien de l’Economie et des Finances, présentation de la Chambre de Commerce de Djibouti chargé de l’Industrie. 2 sur les défis et les opportunités du secteur privé à Cette note suit une structure thématique qui reprend Djibouti. les quatre thèmes abordés lors des tables rondes et des présentations des intervenants de l'île Maurice, du Le troisième jour a été consacré à des séances Cap-Vert, et de Dubaï. Pour chacun de ces thèmes, interactives en tables rondes qui ont porté sur quatre les expériences les plus pertinentes sont présentées 2. thèmes centraux : le secteur privé en tant que moteur Cependant, les expériences combinées de l'île de la croissance, le développement du tourisme, Maurice, le Cap-Vert, et Dubaï sont analysées dans le l'intégration régionale à travers l'industrie des présent document. Ainsi, elle fournit un compte rendu services, et la promotion d’une croissance synthétique des discussions et des échanges économique inclusive permettant la réduction de la d’expériences. Un diagnostic sectoriel approfondi de pauvreté. Les échanges établis lors de chacune des l’économie djiboutienne ainsi que les grands axes de tables rondes thématiques ont débouché sur une liste la stratégie de développement du gouvernement de recommandations spécifiques. Celles-ci ont été djiboutien dans les années à venir sont présentés dans présentées par différents ministres du gouvernement le rapport préparé par la BM «Un nouveau modèle de lors de la séance de clôture de l’évènement qui s’est croissance pour Djibouti», et celui de la République tenue le dernier jour. de Djibouti intitulé « Vision Djibouti 2035 ». Ces L'événement a connu une forte participation de la part rapports ainsi que l'agenda de l’échange Sud-Sud, les de 300 participants locaux et étrangers représentants différentes présentations réalisées durant cet échange, du secteur public, des partenaires au développement, ainsi que les biographies de chacun des panélistes du secteur privé, de la société civile et du secteur sont disponibles sur le site Web de la Banque universitaire (étudiants et professeurs). L’ensemble mondiale. des acteurs a reconnu que Djibouti avait fourni des I. Le secteur privé comme moteur de la efforts certains pour promouvoir le développement du croissance économique secteur privé et favoriser la réduction de la pauvreté mais que ces efforts restent insuffisants et qu’ils Le développement du secteur privé djiboutien et doivent être intensifiés davantage. ses contraintes. Tandis qu’un secteur privé créateur d’emplois est essentiel pour promouvoir une Les principaux enseignements tirés des exemples croissance économique soutenable et favoriser la offerts par l'île Maurice, le Cap-Vert, et Dubaï ont réduction de la pauvreté, le secteur privé à Djibouti permis de mettre en évidence le besoin de poursuivre, reste embryonnaire : en 2012, la Chambre de dans les années à venir, les efforts d’amélioration de commerce de Djibouti recensait un total de 3,435 la gouvernance et du climat d'affaires et entreprises essentiellement composé de petites et d'investissement, ainsi que les secteurs transversaux à moyennes entreprises (PME). La majorité de ses savoir le Transport et les Télécommunications, qui entreprises est concentrée dans le secteur tertiaire : 29 sont essentiels pour que le secteur privé fonctionne pourcent dans les services ; 27 pourcent dans le comme un véritable moteur de croissance secteur commercial ; et 19 pourcent dans les activités économique. De façon importante, les expériences de de transport. l'île Maurice, du Cap-Vert, et de Dubaï ont également mis en exergue le fait que l’étroitesse du marché Plusieurs facteurs expliquent le faible développement djiboutien et la cherté de l’électricité ne constituaient du secteur privé à Djibouti: pas des obstacles insurmontables pour le développement des activités économiques. 2 Par exemple, la section sur le tourisme est illustrée par le cas du Cap-Vert, en particulier connu pour être un modèle de développement du tourisme. 3 (1) le climat des affaires reste très difficile compte (textile), le tourisme et les activités de services. tenu des lourdeurs administratives et des coûts Aujourd'hui, le secteur privé de l'île Maurice est un d’opération (ex. le coût de démarrage d'une entreprise véritable moteur de la croissance économique : il s’élève à 184,7 pourcent du PIB par habitant); contribue à hauteur de 78 pourcent du PIB et à 80 pourcent de l'emploi total du pays. (2) le coût de l'électricité à Djibouti qui figure parmi les plus élevés au monde ainsi que la cherté et la L'île Maurice a pu réaliser cette transformation mauvaise qualité des services mobiles de téléphonie économique via la mise en œuvre d'une série de et d’internet enregistrent des taux de pénétration très réformes telles que : i) l’octroi de certificats de faibles: 24,7 pourcent et 2,2 pourcent, développement hôteliers et de développement respectivement; foncier ; ii) la promulgation d’une série de lois : Loi sur les zones franches d'exportation, Loi multifibres, (3) les PME djiboutiennes ont un accès très limité au et Loi Freeport ; iii) l'élaboration d'un plan directeur financement bancaire, et elles sont souvent pour le développement du tourisme ; iv) l’ouverture à confrontées à des exigences de garantie forte, des la concurrence dans le secteur des TIC et des taux d'intérêt élevés, et des durées de financement télécommunications ; et v) la réforme du climat des courtes; investissements via : la facilitation des processus de création d’entreprise, un assouplissement de la (4) le système judiciaire souffre d’un manque de fiscalité et des modalités d'acquisition des terres et ressources, de formation judiciaire, de manque des biens et la suppression des contrôles de change. d'indépendance et d'impartialité, et de lenteur dans l’exécution des jugements; et Le gouvernement de l'île Maurice s’est doté d’une stratégie claire pour développer le secteur privé et (5) de nombreuses entreprises manquent d'expérience diversifier son économie tout en préservant ses internationale et de maîtrise des méthodes et normes secteurs traditionnels. Cette stratégie s’est reposée sur de gestion modernes ce qui leur pose des difficultés les avantages comparatifs de l’Ile Maurice : les pour accéder aux différents marchés de la sous- services financiers, les services portuaires région. (transbordement, ravitaillement pétrolier (ex. bunkering), Freeport), l'hospitalité, le développement L’Ile Maurice : une transformation économique immobilier, les services TIC, les Business process fondée sur un programme de réformes visant à développer le secteur privé. En dépit de la taille de outsourcing (ex. externalisation de certaines activités son territoire, de sa faible dotation en ressources administratives) et l’industrialisation. Après naturelles et de sa population légèrement plus l'identification des secteurs stratégiques, le importante (1,3 millions d’habitants contre 864,617 à gouvernement a élaboré des stratégies régionales pour Djibouti en 2014) par rapport à Djibouti, l’expérience attirer les investissements et fixer des objectifs clairs de développement économique de l’Ile Maurice et détaillés (ex. attirer 1,3 millions de touristes d'ici fournit des enseignements utiles sur la stratégie à 2020; faire partie du top 10 au classement Doing mettre en place pour promouvoir le développement Business). du secteur privé et soutenir la croissance dans un Le gouvernement de l'île Maurice a également créé contexte contraignant. un mécanisme formel d'interaction entre le secteur Dès les années 1970, l'île Maurice a entrepris une privé et le gouvernement. La création du Joint série de réformes qui a fait évoluer son économie Economic Council (JEC) a permis au secteur privé d’une dépendance à l’égard de la seule culture d'être effectivement et officiellement représenté vis-à- sucrière à un système diversifié basé sur l’industrie vis du secteur public. Cela a permis au gouvernement 4 et au secteur privé de convenir ensemble d’un certain capital et de change. Aussi, la création de centres de nombre de priorités telles que l’augmentation des médias et communications régionaux (les zones de IDE et la transition vers une économie digitale. libre-échange Media City et Internet City) a permis aux entreprises de profiter d'un régime commercial Dubaï : des politiques économiques libérales pour très libéral et de mettre en place des hubs régionaux à bâtir un secteur privé fort. Dubaï est une petite Dubaï. Les dirigeants de Dubaï ont également pris la ville-Etat stratégiquement située qui a, depuis les décision stratégique de positionner l'émirat en tant années 1970, transformé son économie initialement que plateforme financière régionale en permettant aux basée sur la pêche et le commerce en une économie banques de Dubaï de prêter des capitaux aussi bien tirée par le tourisme, les technologies de aux entités publiques que privées. Au-delà des l’information et de la communication (TIC), les activités de prêts, Dubaï propose également aux activités portuaires et les services financiers. La autres banques de la région des opportunités trajectoire de développement de Dubaï résulte d’une d'investissement intéressantes. série de décisions stratégiques prises progressivement et qui fournit un certain nombre d’enseignements Table Ronde 1: principales recommandations pour utiles et instructifs pour Djibouti. Djibouti Les dirigeants de Dubaï ont conçu un programme 1. Réduire les coûts des facteurs de production économique visant à s’appuyer sur son emplacement (électricité et télécommunications) stratégique pour optimiser l’attraction des investissements étrangers. Ainsi, des projets  L’amélioration de la qualité et la baisse du coût d'infrastructure à grande échelle ont été lancés, y des télécommunications via une réforme du cadre compris le dragage de la crique de Dubaï pour créer règlementaire et l’introduction partielle et progressive un port capable d’accueillir les navires à grand tirant de nouveaux entrants dans le secteur (téléboutiques, d’eau, la construction d'un aéroport, l'expansion de opérateur de téléphonie mobile et fournisseurs Port Rashid, et le développement d’industries lourdes d’accès à internet). (usines d'aluminium et de dessalement).  La promotion des projets de production d’électricité en partenariats public-privé. 2. Réforme de la gouvernance et du climat des affaires  Améliorer le règlement des litiges commerciaux à Djibouti via une amélioration de la clarté de certains textes relatifs à l’environnement des affaires.  Améliorer la transparence des décisions publiques via notamment le développement d’un Dubaï a créé un climat propice à l'investissement pour site web publiant les décisions de justice. permettre l’émergence d’un secteur privé fort et  Améliorer l’accès aux services financiers via dynamique. La création de la Zone de libre-échange l’établissement d’un fond de garantie pour les de Jebal Ali a permis aux entreprises de fonctionner PMEs, le développement des programmes de dans un environnement économique totalement formations pour les jeunes entrepreneurs, le libéralisé sans aucune restriction de propriété du développement des programmes 5 d’accompagnement des jeunes entrepreneurs dans des paiements s'élèvent à 15 millions d’USD en 2010, la réalisation des « business plans », l’appui soit 1,5 pourcent du PIB. En 2010, Djibouti a stratégique et technique pour l’amélioration de la enregistré 53 000 entrées de touristes internationaux et gestion des PMEs existantes, et le développement environ 100 000 nuitées dans les hôtels. C'est des pépinières. principalement un tourisme d’affaires, qui reste fortement dépendant de la présence de bases militaires  Faciliter l’accès des entreprises aux marchés et des opérations de lutte contre le piratage dans la publics pour soutenir le développement des Corne de l’Afrique. petites et moyennes entreprises. Plusieurs éléments expliquent le faible degré de  Renforcer la concurrence et limiter les développement du secteur du tourisme à Djibouti : (1) exclusivités dans le secteur commercial. les capacités d'hébergement touristique sont limitées, reflétant la faiblesse des investissements dans le 3. Améliorer le dialogue intra-privé secteur ; (2) Djibouti ne dispose pas d'une véritable  Mettre en place – à travers la chambre de politique touristique ; (3) la faible connectivité du pays commerce – un calendrier de réunions régulières est un frein majeur au développement du tourisme ; (4) entre les associations professionnelles pour la notoriété du pays sur les marchés touristiques dans assurer la coordination et la représentation des le monde est très faible, comme l'indique le nombre divers intérêts. limité de guides de tourisme et d'articles de presse consacrés à Djibouti ; (5) le caractère inadapté des  Réunir les associations professionnelles pour infrastructures et services d’accueil : manque préparer un accord collectif sur un ensemble d’équipement de l’aéroport de Djibouti, longue durée d'interventions spécifiques qu’elles veulent d’obtention et de traitement des visas ; manque de discuter via le Dialogue Public-Privé (DPP). disponibilité et mauvaise qualité des services de taxis.  Former la Chambre de commerce à la mise en Malgré ces limites, si une stratégie appropriée était œuvre d’une plateforme de discussion intra-privé mise en place, Djibouti pourrait devenir un exemple de pour définir les principaux sujets à discuter au réussite du tourisme en Afrique, à l'image du Cap- travers du DPP. Vert, qui a réussi à multiplier par 10 le nombre d'arrivées de touristes en l'espace de 15 ans (de 28 000 4. Etablir une feuille de route pour le Haut Conseil du dialogue Public-Privé arrivées en 1995 à 280 000 en 2009).  Développer une feuille de route des actions spécifiques à entreprendre à travers le DPP. II. Développement du Tourisme Le secteur du tourisme à Djibouti et ses contraintes. En dépit des potentialités touristiques de Djibouti (ressources marines ; ressources terrestres et géologiques ; ressources culturelles), le secteur du tourisme est peu développé à Djibouti malgré une croissance significative ces dernières années. Les recettes touristiques comptabilisées dans la balance 6 la qualité des services. Aujourd’hui, le Cap-Vert dispose de l’une des meilleures connectivités internet d’Afrique. (3) Les infrastructures spécifiques pour le tourisme (hôtels, restaurants, capital humain, marketing, promotion, etc.) ont été développées grâce à : i) une politique fiscale incitative uniformisée et transparente pour l’investissement touristiques (le nombre d’hôtels est passé de 5715 en 2003 à 15995 en 2013) ; ii) la mise en place d’instituts de formation aux métiers du tourisme (National School for Tourism et Professional Training Centers) ; iii) le L’expérience du Cap Vert et ses enseignements. renforcement de l’apprentissage de l’anglais dans le L’expérience du Cap-Vert montre que le pays a fait système éducatif secondaire. face aux mêmes difficultés que Djibouti au début des années 2000, période à laquelle le secteur du tourisme (4) Le cadre institutionnel (de la gestion du secteur, était encore embryonnaire. Ayant pris conscience de le système juridique, la politique fiscale) a été ces limites, le Cap-Vert a décidé de s’orienter vers un renforcé grâce à la création d’un ministère du développement touristique axé sur un tourisme à tourisme et de programmes de renforcement des haute valeur ajoutée capable de favoriser le capacités institutionnelles. développement économique et social du pays et de préserver l’environnement. (5) Afin de préserver la durabilité environnementale, sociale et culturelle du Dans cet objectif un plan d’action axé sur six priorités tourisme il a été institué dans la loi que chaque a été mis en place : investissement touristique devait se reposer au préalable sur une analyse d’impact environnemental. (1) En ce qui concerne l’accès (au Cap-Vert, inter- En outre, un programme de logements sociaux a îles, l'intérieur des terres), le gouvernement s’est permis de contrecarrer l’impact inflationniste du lancé dans le développement du secteur des transports développement des hébergements touristiques sur le avec la création de 3 aéroports internationaux prix du logement pour la population locale. additionnels, la modernisation des aéroports locaux, la réforme du secteur des transports aériens pour (6) Pour finir, des mécanismes de suivi et autoriser les vols charters et promouvoir le transports d’évaluation des impacts, du développement du maritime inter-îles (toujours en cours aujourd’hui). secteur et de la concurrence sur le marché ont été mis en place tels qu’un comité national de supervision des (2) Pour promouvoir les infrastructures générales activités touristiques, un institut national des (transports, électricité, eau et assainissement, statistiques touristiques ainsi qu’un centre de mesure télécommunication, santé), le gouvernement a réalisé des impacts. Les efforts du gouvernement cap verdien des programmes d’investissements substantiels à ont permis d’enregistrer une forte progression du hauteur de 15 pourcent du PIB annuel sur les dix nombre de touristes et de la durée de leurs séjours au dernières années. En outre, le secteur des Cap Vert ce qui a fortement contribué au PIB (le télécommunications a été réformé au travers d’un tourisme contribue à hauteur de 20% du PIB programme d’ouverture à la concurrence aujourd’hui et génère près de 6000 emplois directs – (introduction d’un deuxième opérateur T+ en 2007) 84 touristes créent 1 emploi direct). ayant favorisé la baisse des prix et l’accroissement de 7 internationales, opérationnalisation des accords d'Open Sky, réduction des taxes aéroportuaires pour permettre une réduction des prix des billets d’avion.  Facilitation des procédures à l'entrée de Djibouti (ex : visa unique pour nationaux IGAD, visa délivré directement au guichet de la police de l’air après achat d’un timbre fiscal, visa à entrées multiples pour permettre des circuits touristiques régionaux, par exemple avec l’Éthiopie). 3. Renforcement des filières de formation aux métiers du tourisme  Améliorer l’apprentissage de l’anglais dans le système éducatif et favoriser le développement de partenariats entre le système éducatif djiboutien (école d’Arta, IUT tourismes) et les établissements hôteliers nationaux et étrangers. 4. Amélioration de la visibilité de Djibouti à l’international Table Ronde 2 : principales recommandations pour  Améliorer l’accessibilité aux informations Djibouti touristiques de Djibouti via une campagne de communication visant à mettre davantage en 1. Elaboration, au travers d’un processus valeur de son patrimoine et les services fournis transparent et consultatif, d’un plan aux touristes (créer un programme évènementiel). stratégique national (accessible sur internet) de promotion du tourisme définissant des  Développer une plateforme internet permettant à objectifs clairs et un plan d’actions à court et l’ensemble des acteurs du secteur du tourisme de moyen terme (type de tourisme, zones à promouvoir leurs services à l’international. développer, identification des besoins d’investissements en infrastructures : hôtellerie,  Promouvoir la participation de Djibouti aux transports, électricité, télécommunications (e- commerce)). grands salons internationaux sur le tourisme. 5. Mettre en place une politique fiscale incitative 2. Améliorer la connectivité de Djibouti via la pour les opérateurs du secteur du tourisme : mise en œuvre d’une politique aéroportuaire ex. exonération fiscale pour l’acquisition globale favorisant la bonne gouvernance d’équipements énergétiques (panneaux solaires, etc.)  Rénovation et agrandissement de l’Aérogare de Djibouti. III. L'intégration régionale par le secteur des services  Amélioration de la gouvernance aéroportuaire : concession de la gestion de l’aéroport Les limites au renforcement de l’intégration conformément aux meilleures pratiques régionale Djiboutienne. La position géographique 8 stratégique de Djibouti, sa stabilité politique et travers d’une informatisation croissante du secteur économique, son secteur portuaire moderne en pleine privé et public et dont les retombées économiques et expansion (nouveaux projets en cours : port de financières seraient significatives (accroissement de Tadjourah, extension de Doraleh, etc.) et son la productivité, développement des perspectives de excellente connectivité à l’internet (six câbles sous- marchés : commerce en ligne, mobile banking, marins atterrissent à Djibouti, deux autres plateformes financières). raccordements sont en cours) sont autant d’atouts qui offrent à Djibouti l’opportunité de renforcer sa L’ensemble de ces facteurs affecte négativement la position de hub régional pour un large ensemble compétitivité de Djibouti et l’empêche de bénéficier d’activités (financière, TIC, logistique). pleinement des opportunités d’affaires sur le marché de la COMESA et de se positionner auprès des Néanmoins, ce potentiel reste largement inexploité en sociétés africaines et internationales comme un raison de la persistance d’obstacles structurels et de véritable phare de l’Afrique de l’Est. l’absence d’un programme de réformes adapté. Taux d'usage de l'internet (% de la population) (1) D’une part, la connectivité infrastructurelle de 100 Djibouti reste limitée (manque d’entretien du corridor 80 routier vers Addis Ababa et absence de corridor vers 60 le Sud Soudan, étroitesse de l’aéroport international, 40 23.9 20 8.27 absence de corridor ferroviaire opérationnel, manque 0 MENA… Emirats… Oman Bande de Gaza Arabie Saoudite Qatar Algérie Iraq Yémen Iran Tunisie Egypte Koweït Djibouti Syrie Bahreïn Lybie Jordanie Liban de réseaux backbone de télécommunications pour desservir l’Afrique en connectivité internationale). (2) D’autre part, le climat des affaires à Djibouti n’est pas suffisamment attractif et incitatif et pâtit, notamment, de la lourdeur de son système fiscal jugé peu transparent et homogène ainsi que de l’étroitesse de sa zone Franche (Djibouti Free Zone). (3) Surtout, le développement des affaires à Djibouti est freiné par la cherté des facteurs de production. L’électricité est l’une des plus chères d’Afrique ; et continue d’être fournie en quantité insuffisante pour satisfaire les besoins des entreprises et des particuliers. Et, de façon paradoxale, l’excellente connectivité internationale dont dispose le pays n’a pas permis un développement important du marché L’expérience de l’Ile Maurice et ses national des télécommunications (téléphonie et enseignements. Compte tenu de la petite taille de son internet) qui continue d’être opéré sous le monopole territoire (2040 km2) et de sa population (1,3 million de l’opérateur historique Djibouti Telecom. En d’habitants) ainsi que de l’absence de ressources comparaison avec les pays de la région MENA, naturelles importantes, l’Ile Maurice a fait le choix l'accès aux services de télécommunications à Djibouti stratégique d’opter pour un modèle de développement est très limité (problème de qualité et de cherté des économique fondé sur l’attraction des IDE (325 services). Cela freine la transition de Djibouti vers un millions USD en 2013) et les échanges modèle d’économie numérique (ex. informatique) au avec l’étranger (6,4 milliards USD en 2013). 9 Pour ce faire, le gouvernement a entrepris depuis le cela a attiré un large nombre d’entreprises début des années 2000, un large ensemble de internationales qui ont profité de la bonne qualité des réformes visant à : i) améliorer le climat des affaires services voix et donnés de l’Ile Maurice pour y (une entreprise peut être créée en un seul jour, aucun externaliser (BPO) certaines de leurs activités capital minimum requis et série d’avantages fiscaux (services clients, back office, comptabilité, ressources pour les investisseurs étrangers), ii) supprimer les humaines, stockage de données, etc.). discriminations fiscales relatives à la taille des entreprises et l’identité des investisseurs, et iii) (4) Ces efforts sectoriels se sont accompagnés de la faciliter l’obtention de permis de travail et la liberté mise en place d’une véritable stratégie africaine de mouvement des capitaux. De surcroit, le d’intégration régionale fondée notamment sur : i) une gouvernement a favorisé la diversification de politique libérale de visa pour les ressortissants l’économie non seulement en préservant les secteurs africains ; ii) la multiplication des accords traditionnels (industrie sucrière, industrie textile et commerciaux régionaux (COMESA, SADC, EAC) et tourisme) mais également en promouvant l’essor des bilatéraux, et la mise en place d’avantages fiscaux secteurs émergents tels que les services financiers, les pour les sociétés mauriciennes exportant vers TIC et BPO, et les services portuaires. l’Afrique dans le but de concurrencer les entreprises chinoises et indiennes ; iii) et une politique (1) Dans le secteur financier, une réforme du cadre diplomatique d’ambassadeurs itinérants (ex. légal (Companies Act de 2001) a notamment introduit thématiques). les licences de Global Business Companies 1 permettant à des sociétés financières (holdings, fonds d’investissement, etc.) opérant à l’international (dans des pays avec lesquels Maurice a signé des accords fiscaux évitant la double imposition) d’être domicilié fiscalement à Maurice où l’impôt sur les plus-values ne leur est pas appliqué. Contraintes d’employer localement une partie de leur personnel et de payer les impôts sur les sociétés, ces opérateurs financiers favorisent le développement de l’économie mauricienne. (2) De façon similaire, l’introduction du Free port Act de 2004 a permis d’octroyer des licences à des opérateurs portuaires régionaux autorisés à domicilier certaines de leurs activités (transbordement, bunkering, etc.) à l’Ile Maurice et bénéficiant d’avantages fiscaux et commerciaux (duty free, exemption de la TVA et de l’impôt sur les sociétés). (3) L’essor des secteurs financier et portuaire a également été rendu possible par des investissements dans l’amélioration de la connectivité internet (connexion aux câbles SAT3 et LION ; deux autres raccordements sont en cours). Associé à des réformes de libéralisation du secteur des télécommunications, 10 Table Ronde 3 : principales recommandations pour  La promotion des projets de production Djibouti d’électricité en partenariats public-privé (géothermie, énergie éolienne et solaire, etc.). 1. Améliorer la connectivité en termes d’infrastructures de transport et de 3. Développer des plateformes informatiques télécommunications de Djibouti avec les autres pour accroitre la fourniture des services pays de la COMESA au travers de djiboutiens (services de transports logistiques, services bancaires et financiers, hébergement de partenariats public-privé contenu, centres d’appels, externalisation de  Développement de corridors ferroviaires et processus administrations – BPO tels que centre d’appels, comptabilité, etc.) dans les autres pays routier vers l’Ethiopie, le Sud Soudan, le Tchad de la région COMESA. et la RDC. 4. Elargir la zone franche de Djibouti et créer  Développement de réseaux backbones terrestres d’autres zones franches (la DFZ est un projet en fibre optique vers les pays de la sous-région. pilote à répliquer) pour favoriser l’accueil des  Réhabilitation et accroissement de l’aéroport sociétés étrangères désireuses de profiter de la international de Djibouti. bonne connectivité de Djibouti comme porte d’entrée du marché COMESA et passerelle entre  Multiplier les formations linguistiques en anglais l’Afrique, le Moyen Orient et l’Asie. pour desservir un marché régional anglo-saxon. IV. Croissance économique et réduction de la 2. Réduire les coûts des facteurs de production pauvreté  Améliorer la gouvernance du secteur des A Djibouti, un développement économique télécommunications via une réforme du secteur et durable n’est possible que si les besoins des l’introduction partielle et progressive d’un nouvel populations vulnérables sont pris en compte. Or, entrant afin d’améliorer la qualité des services et aujourd’hui tous les éléments montrent que les de favoriser la baisse de leur coût. L’introduction augmentations significatives des flux d'IDE et le de la concurrence explique les différences de renforcement continu de la position de Djibouti progression de la pénétration de la téléphonie comme plate-forme de transit n'ont bénéficié que mobile à Djibouti, au Cap-Vert et à l’Ile Maurice. marginalement aux segments les plus pauvres et les plus vulnérables de la société. Malgré un accent 140 déclaré sur la réduction de la pauvreté, le Ouverture à la 120 Ouverture à concurrence au gouvernement n'a pas été en mesure d’améliorer la Cap Vert l’efficacité du système d’attribution des transferts 100 concurrence à l'Ile Maurice sociaux (manque de ciblage) qu'il dispense chaque 80 Djibouti année impliquant un manque à gagner important pour Maurice les finances publiques : tandis que les estimations 60 Cap vert montrent qu’un budget annuel de 3 milliards de FDJ 40 est suffisant pour distribuer des allocations aux plus 20 démunis, le gouvernement dépense chaque année près de 10 milliards de FDJ. Les interventions du 0 gouvernement à ce jour ont réussi à atténuer la 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 pauvreté, mais pas à la réduire durablement via la création d’emplois. Djibouti a récemment terminé un 11 profilage des pauvres afin de mieux identifier les « fortement élitiste ainsi qu’à une plus grande poches de pauvreté » dans le pays, et d'améliorer le accessibilité à l'enseignement secondaire et supérieur. ciblage des services sociaux. La stratégie de réduction de la pauvreté de l’Ile Au cours des deux dernières décennies, le Maurice a été d'élargir les possibilités d'emploi tout développement de l'économie djiboutienne a été en modernisant l'économie afin d'atteindre le statut de inégal et marqué par une série de crises politiques revenu intermédiaire supérieur à la fin du 21ème (guerres régionales et conflits armés internes) et de siècle. Le pays a également mis en place un filet de chocs économiques (sécheresse, crise financière et sécurité sociale élaboré. Le gouvernement de l’Ile pétrolière, entre autres) qui ont négativement affecté Maurice a alloué une part importante des dépenses la compétitivité de Djibouti, sa situation financière publiques à l'éducation et la santé, et a travaillé avec ainsi que les infrastructures économiques et sociales. la société civile et les ONG à l’identification des Dans la même période, les principaux indicateurs de profils des populations pauvres dans le pays. Cela a développement humain durable (le taux de permis au gouvernement de mieux concevoir et cibler fréquentation de l'école, les taux de mortalité des plus les transferts sociaux et de concevoir des programmes jeunes, et l'accès à l'eau potable) ont cessé de se de formation professionnelle pour les personnes qui dégrader. n'ont pas les compétences adéquates pour participer aux nouvelles activités économiques. En outre, ayant Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a réalisé que sans une éducation appropriée, le cycle de mis en œuvre, depuis 1996, des programmes la pauvreté ne serait jamais brisé, le gouvernement a d'ajustement économique et de restructuration ainsi également fait un effort concerté pour les enfants qu’une série de réformes dans plusieurs domaines pauvres en les plaçant dans des écoles et en assurant clés dont les finances publiques, la sécurité sociale, un suivi au cas par cas. les entreprises publiques, l'éducation et la santé. 3 Table Ronde 4 : principales recommandations pour Ile Maurice: Comprendre les pauvres pour réduire la pauvreté. La croissance économique de Djibouti l’Ile Maurice sur la dernière décennie a réduit la 1. Améliorer la gouvernance et l’efficacité des pauvreté et l'inégalité des revenus. Entre 1980/81 et transferts sociaux publics 1991/92, la part de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté est passée de 28,4 pourcent à 10,6  la mise en place effective d’un registre central pourcent, tandis que l'indice d'inégalité de Gini a informatisé d’identités nationales à partir de diminué, passant de 0,46 à 0,37. Aussi, cartes d’identité biométriques. l'alphabétisation des adultes et l'espérance de vie sont  le développement des transferts d’argent (et la bien au-dessus de la moyenne de l'Afrique sub- distribution de coupons alimentaires) en saharienne. Les soins de santé sont gratuits et les recourant à la technologie mobile du mobile établissements de santé sont de relativement bonne banking (transfert d’argent et de coupons via qualité et accessibles partout dans le pays. Les SMS). avantages du système éducatif de l'Ile Maurice se sont également universalisés durant les 15 dernières 2. Améliorer l’accès au financement des plus pauvres via la promotion des instituts de Micro- années grâce notamment à l'abandon d'un système finance et une meilleure exploitation de leur potentiel (création d’un fond de garantie) pour le développement des projets portés par les plus 3 défavorisés. http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr/2012/cr12131.p df 12 3. Mettre en place une politique transparente de société civile, mais il a aussi permis l’échange développement des logements sociaux via la d’expériences avec des pays du Sud aux création d’une banque publique d’investissement caractéristiques géographiques, économiques et dédié au financement de l’habitat (logements en sociales comparables. dur). Au regard de l’importance du dialogue public-privé à 4. Promouvoir l’emploi en renforçant Djibouti et de son utilité avérée pour identifier les l’adéquation entre les programmes de formation des jeunes et les besoins des obstacles au développement économique et social, il entreprises djiboutiennes dans les secteurs : de convient aujourd’hui de tenir compte des l’électricité, de l’informatique, de l’hôtellerie, des recommandations établies durant les tables rondes. A transports et du bâtiment. cette fin, la mise en place des stratégies sectorielles à 5 ans (plans quinquennaux) qui incombe au 5. Promouvoir les services e-gouvernement et les gouvernement djiboutien devrait se reposer autant initiatives de données ouvertes (i.e. open data) que possible sur des séances de discussions, à une afin d’améliorer l’accès des citoyens aux services publics (certificats d’identité et de échelle sectorielle, entre acteurs privés et publics et naissance, etc.). de la société civile. De façon aussi importante, alors que l’organisation de la conférence de haut niveau sur Conclusion le développement a constitué un premiers pas vers une véritable collaboration sud-sud, Djibouti devrait Tandis que l'Etat joue encore un rôle prépondérant chercher à consolider ses relations avec le Cap-Vert, dans l'économie de Djibouti, l’expérience Dubaï et l’ile Maurice afin de poursuivre ses efforts internationale montre que seul le développement du de collaboration Sud-Sud. Au moment où il convient secteur privé permet de promouvoir la croissance de définir des plans d’action sectoriels, l’échange économique, d’offrir des opportunités d'emplois aux sud-sud est particulièrement utile pour s’inspirer de jeunes et de réduire la pauvreté. Les expériences de bonnes pratiques. Les cas de l’Ile Maurice et du Cap l'île Maurice, du Cap-Vert, et de Dubaï ont montré Vert – qui ont enregistré des performances très que l’étroitesse du marché djiboutien et la cherté de satisfaisantes en l’espace de quelques années – l’électricité djiboutienne ne constituaient en aucun mettent particulièrement en avant l’importance de cas des obstacles insurmontables au développement promouvoir la bonne gouvernance et l’introduction de des activités économiques. la concurrence au niveau sectoriel pour favoriser la Malgré l'accélération récente de la croissance, le diversification économique et encourager la création secteur privé à Djibouti reste très embryonnaire et d’emplois. peu structuré. On n'observe pas de dynamique de transformation structurelle du tissu productif, avec l'émergence de nouvelles activités créatrices d'emplois et de valeur ajoutée. Conscient de cela, le gouvernement djiboutien a initié, au travers de la vision 2035, un programme de transformation et de diversification de l’économie. Dans ce contexte, l’organisation de la conférence de haut niveau sur le développement a non seulement permis d’instaurer un véritable dialogue, constructif et franc, entre acteurs privés, acteurs publics et la 13