88322 MADAGASCAR – ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE RÉCENTE Avril 2014 Ré sumé exé cutif L’année 2013 a été une année perdue de plus pour l’économie Malagasy. Le taux de croissance du PIB est estimé à 2.4 pourcent et s’explique essentiellement par les activités minières. Les catastrophes naturelles ont affecté le secteur agricole, entraînant un recul du PIB du secteur primaire. La croissance du PIB reste faible et insuffisante pour compenser la croissance de la population majoritairement pauvre. Les perspectives mondiales offrent un cadre propice à la croissance des pays de la région Afrique Subsaharienne pour l’année en cours. Les chocs climatiques et l’instabilité politique constituent les principaux risques pour cette perspective régionale. Madagascar reste très vulnérable à ces risques mais si les mesures adéquates sont prises, le pays pourrait profiter de ce cadre pour relancer la croissance en 2014. Le taux de croissance pour cette année est projeté à 3 pourcent. Ce taux demeure encore très faible par rapport au défi de la pauvreté auquel le pays fait face. Avec l’avènement du nouveau gouvernement, la Politique Générale de l’Etat reste à définir. La loi de finance initiale pour 2014 a ainsi été élaborée uniquement afin de permettre la continuité des activités de l’administration : aucune mesure essentielle de relance de l’économie n’est encore proposée. La loi de finances se propose cependant de maintenir l’équilibre budgétaire avec un déficit de 1.6 pourcent du PIB. Ainsi, les dépenses engagées au premier trimestre de l’année sont principalement destinées au fonctionnement de l’administration. Le montant des dépenses d’investissement engagées est encore insignifiant. Le solde global de la balance des paiements s’est dégradé en 2013. En effet, l’augmentation des recettes d’exportation provenant des produits miniers a été contrebalancée par la chute des investissements directs étrangers et le niveau important du non rapatriement de recettes d’exportation. Ceci a renforcé la pression sur les réserves internationales, lesquelles ont baissé de 26 pourcent en 2013. Cette note se termine avec un résumé du rapport « Visages de la pauvreté à Madagascar ». L'objectif de l’analyse contenue dans le rapport est de documenter les niveaux et l’évolution de la pauvreté à Madagascar et d’offrir une analyse détaillée des corrélations de la pauvreté et de l’inégalité en tenant compte de plusieurs dimensions, y compris le sexe, l'âge, la structure du ménage et le lieu de résidence. Le rapport est une évaluation des tendances passées de la pauvreté et si les implications politiques sont mises en évidence dans de nombreux cas, le rapport se veut avant tout descriptif plutôt que normatif. 1|Page MADAGASCAR – ECONOMIC UPDATE April 2014 Executive Summary The year 2013 was another lost year to the Malagasy economy. The GDP growth rate is estimated at 2.4 percent, mainly pulled up by mining activities. The primary sector contracted due to natural disasters affecting the agricultural sector. The overall GDP growth rate remains weak and insufficient to compensate for population growth. Global perspectives for 2014 are favorable for the countries in sub-Saharan Africa, with climate shocks and political instability constituting main risks for the region. Madagascar remains highly vulnerable to these risks, but if appropriate measures are taken, the country is poised to use this favorable environment to boost growth in 2014. The growth rate for 2014 is projected at 3 percent. This rate is still very low compared to the challenge of poverty which the country faces. The newly formed government has yet to define its strategic orientations. The 2014 State Budget was prepared solely to enable the administration to continue functioning: it does not yet contain any policy to ignite economic recovery. The State Budget proposes to maintain a low budget deficit of 1.6 percent of GDP. Thus, the first quarter expenditures are primarily intended to keep the administration running. The capital expenditure remains insignificant. On the external front, overall balance of the balance of payments deteriorated in 2013. Indeed , the increase in export earnings from mining products was offset by the fall in foreign direct investment and the significant level of non- repatriation of export earnings. The deterioration has added pressure on international reserves, which fell by 26 percent in 2013. The note ends with a summary of the report "Faces of poverty in Madagascar." The report documents the levels and trends of poverty in Madagascar in the last decade, and provides a detailed analysis of poverty and inequality, taking into account several dimensions, including gender, age, household structure and place of residence. The report is meant to be descriptive rather than prescriptive. 2|Page I. Secteur réel L’économie malgache continue de tourner au ralenti. Le taux de croissance du PIB est estimé à 2.4% pour 2013 contre une projection de 2.8% dans la loi de finances.1 L’industrie extractive continue d’être la principale source de croissance avec une variation positive de 219%. Les branches zones franches et agro- industrie continuent aussi d’être dynamiques et enregistrent des taux de croissance respectivement de 5.9% et 11.4%. Par conséquent, le secteur secondaire a enregistré une croissance de 22.7%, une variation plus élevée que celui du secteur primaire (-6.1%) et du secteur tertiaire (+1.3%). La production agricole a été fortement frappée par les catastrophes naturelles de l’année dernière.2 En général, les branches restantes ont connu une croissance en dessous de 5% (Graphique 1). Le résultat économique des cinq années précédentes se solde ainsi avec un bilan décevant : le PIB a stagné avec un taux de croissance annuel moyen de 0.6% alors que la population a augmenté à un taux annuel d’environ 3%. La pauvreté a pourtant déjà été élevée avant la crise et le nombre de pauvre ne s’est pas réduit au cours de la première décennie des années 2000 (Annexe 2). 15% Graphique 1. Taux de croissance par branche en 2013 (sans industrie extractive) 10% 5% 0% -5% -10% -15% Mat.Const. Agro-indus. I. Cuir ZFI B.T.P Appareil Elect Mat. Transport Indus. Alimen Administration Sylviculture Agriculture Elevage et pêche Indus.Tabac Pharmacie Indus. Textile I. Metallique Energie Commerce Assurance Banque Autres industries Indus. Boissons Industrie du Bois I.Corps gras Telecommunications Transports de marchandises I.papier Auxi. Transport Services rend. aux entreprises Transports de voyageurs Secteur Secteur secondaire Secteur tertiaire primaire Source : Instat L’année 2014 pourrait être une année de reprise de la croissance, si on se réfère aux évolutions récentes de la situation globale et locale. Les perspectives mondiale et de la région Afrique Sub- Saharienne, en particulier, se sont améliorées depuis la deuxième moitié de l’année précédente. En effet, l’économie de la région est prévue s’accélérer à 5.3% en 2014 grâce à un afflux soutenu d’investissement et une expectation de hausse de la demande de bien d’exportation. La croissance du PIB en 2014 est projetée à 3% pour Madagascar,3 soit une projection plus faible que la moyenne de la région mais plus forte par rapport aux années précédentes. Cette accélération de la croissance repose cependant sur la vitesse de la normalisation de la situation politique qui constitue l’un des facteurs fondamentaux des décisions d’investissements et des appuis des bailleurs de fonds. D’autre part, la mise en place du gouvernement est aussi nécessaire pour l’organisation de l’engagement des 1 Données de l’INSTAT. 2 Criquets, faible pluviométrie. 3 Loi de finances pour 2014. 3|Page dépenses publiques. Un échec dans la réalisation de cet objectif correspondra à des coûts supplémentaires de la crise politique. Graphique 2. Exportations principaux produits Graphique 3. Evolution des exportation des miniers (1000 tonnes) zones franches (million USD) 90 4 75 80 3.5 70 60 3 60 2.5 45 50 2 40 30 1.5 30 1 15 20 10 0.5 0 0 0 Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec sep mar apr mar oct jul oct nov jan feb may jun aug nov jan feb dec dec titane nickel (axe droite) 2013 2014 Graphique 4. Evolution du nombre d'arrivées des Graphique 5. Consommation Jet fuel (m3) touristes 35000 8,000 30000 7,000 25000 6,000 20000 5,000 15000 4,000 10000 3,000 2,000 5000 1,000 0 jul aug sep oct nov dec - Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec 2011 2012 2013 2012 2013 2014 Graphique 6. Indices des prix à la consommation Graphique 7. Consommation Gasoil (m3) (%- variation annuelle) 50,000 12 7.0 45,000 10 40,000 35,000 8 30,000 6 6.0 25,000 20,000 4 15,000 2 10,000 5,000 0 5.0 Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec Jan Feb Mar - Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec 2013 2014 riz PPN ensemble (axe droite) 2012 2013 2014 Sources :Mfb/ DGD, Service des statistiques du Ministère du tourisme, OMH, Instat Les informations disponibles sur les premiers mois de l’année indiquent des évolutions ambigües quant à l’évolution de l’économie dans son ensemble. L’activité touristique semble continuer son déclin si l’on se réfère à l’évolution de la consommation locale de « jet fuel ». Pour rappel, le nombre d’arrivée de touristes est retourné à son niveau de 2010 en 2013 après avoir enregistré deux années de croissance annuelle de 14%. Par contre, les activités minières, des entreprises franches et de transport continuent à être soutenues. La hausse des crédits à l’économie s’accélère aussi en fin février 2014. Le taux d’inflation 4|Page annuel a été de 5.9% en mars 2014. Ce taux est resté stable étant donné que ses déterminants sont restés inchangés ces derniers mois. II. Finances publiques Analyse de la loi de finances iniƟale pour 2014 La loi de finances initiale pour 2014 peut être qualifiée de « transitoire ». Elle a été conçue de manière à permettre au nouveau gouvernement d’assurer le fonctionnement de l’administration en attendant la formulation de la nouvelle Politique Générale de l’Etat. Ainsi, la loi de finances ne comporte pas de mesures fondamentales de relance de l’économie mais se propose de constituer une « base du programme du futur gouvernement ». La loi de finances pour 2014 présente presque les mêmes caractéristiques que la loi de finances de 2013. Le déficit budgétaire est projeté à 1.6% du PIB pour l’année 2014. Malgré la faiblesse de recettes collectées, le niveau du déficit devrait rester modéré puisque les dépenses sont contenues.4 Ce déficit a presque triplé par rapport à ce qui était prévu dans la loi de Finances pour 2013 (0.6% du PIB), mais reste relativement stable par rapport à la réalisation en 2013 (2% du PIB). Ainsi, le déficit devrait s’établir à Ariary 409 milliards, dont Ariary 227.9 milliards seront financés par endettement interne. La politique fiscale reste quasi stable. En effet, la loi de finances n’a prévu que des changements mineurs dans les dispositions fiscales. Ainsi par exemple, il n’y a pas eu, pour 2014, de réduction du taux d’imposition comme ce fut le cas au cours des quatre années précédentes. Les modifications affectant les recettes fiscales portent sur l’alignement des tarifs douaniers par rapports aux engagements de Madagascar dans le cadre de l’APEi et de la SADC, et sur le renforcement de l’application du code général des impôts. Ces devraient permettre d’atteindre un taux de pression fiscale correspondant à la moyenne des 5 années précédentes (10.7%). Les dépenses sont maintenues à 13.7% du PIB, bien que celles-ci soient en hausse de 5% en valeur nominale. Par ailleurs, la structure des dépenses est demeurée inchangée au cours des trois dernières années : 75% des dépenses sont affectées aux dépenses courantes et 46% des dépenses sont destinées au personnel. Les dépenses d’investissements sont toujours limitées à 3% du PIB. Alors que le retour à la normale des financements extérieurs ne soit pas encore prévu dans la loi de Finances, le financements des investissements se feront encore essentiellement à partir des financements extérieurs (79%). Les allocations de dépense en 2014 sont réduites par Graphique 8. Répartition du budget par rapport à celles de 2013 pour la majorité des fonction ministères : 26 institutions sur 40 sont concernées. Sur les 100% Protection 14 restantes, seules 7 institutions connaissent une hausse environnement de l’allocation dont la magnitude dépasse 10% (Tableau 80% Affaires économiques et annexe 1), et celle-ci provient essentiellement des services publiques financements extérieurs relatifs aux investissements.5 Par 60% généraux Défense, ordre et ailleurs, la répartition des dépenses d’investissement par sécurité publique fonction a fortement varié entre ces deux années. Ces 40% Infrastructure évolutions des enveloppes par institution peuvent s’expliquer par le caractère « transitoire » du budget et 20% Santé et Education l’épuisement des ressources. La nouvelle configuration 0% des crédits d’investissements est influencée par les accords 2013 2014 4 Source : Mfb, loi de finances 2014 Nous ne disposons pas encore d’informations exactes détaillées sur l’accumulation d’arriérés. 5 Le ministère des finances et du budget constitue la seule exception. 5|Page de financements récemment contractés avec les partenaires techniques et financiers. SituaƟon 2014T1 Les recettes fiscales collectées au premier trimestre de 2014 s’élèvent à 520 milliards Ariary,6 correspondant ainsi à 86% des prévisions. Celles-ci sont de 1.7% en dessus de leur valeur nominale de l’année dernière, démontrant ainsi le ralentissement de l’activité économique. En effet, les écarts proviennent surtout des recettes sur la TVA domestique et les droits d’accise, pour lesquels les projections ne sont pas atteintes mais les recettes sont aussi en baisse en comparaison avec le premier trimestre de 2013. Les suspensions des droits et taxes sur les importations de produits pétroliers expliquent le décalage par rapport à la projection des recettes douanières. Les dépenses engagées au premier trimestre ont été destinées en majeure partie au fonctionnement de l’administration. Sur les 640 milliards engagés, 50% ont été utilisées pour le paiement des soldes et 22% pour le paiement des intérêts des dettes. Les moyens dont l’Etat a disposé pour les investissements sont donc demeurés très limités (45 milliards Ariary), alors qu’ils constituent les « instruments de la mise en œuvre de la politique du Gouvernement » relative, par exemple, à l’entretien des routes, le renforcement de la sécurité alimentaire ou encore les actions ayant des impacts directs sur la population dans le cadre des secteurs sociaux. L’essentiel des dépenses d’investissements engagées au premier trimestre est consacré aux services publics généraux et est engagé au niveau du ministère des finances et du budget. La part de ce ministère représente en effet 92% du total. Ce taux reflète une disparité au niveau des engagements de dépense entre les ministères et institutions. La lenteur de l’engagement des dépenses d’investissement en début d’année - avec un rattrapage à partir du deuxième semestre- ne constitue pas un phénomène nouveau. Les dépenses d’infrastructures et sociales sont restées infimes. L’offre sur le marché des BTA étant demeuré excédentaire, le taux moyen pondéré a baissé de 12.9% lors de la première adjudication de l’année en janvier à 4.9% en fin mars. Les créances nettes sur l’Etat du système bancaire n’a pas connu d’augmentation depuis le début de l’année et les besoins en financement de l’Etat exprimé sur le marché interne des bons de trésor restent assez stable. Graphique 9. Taux moyen pondéré des adjudications de BTA (%) 14 12 10 8 6 4 2 0 5/7/13 19/7/13 2/8/13 16/8/13 30/8/13 13/9/13 27/9/13 11/10/13 25/10/13 11/8/13 11/22/13 6/12/13 20/12/13 3/1/14 17/1/14 31/1/14 14/2/14 28/2/14 3/12/14 26/3/14 4/9/14 Source : Banque Centrale de Madagascar 6 Les informations relatives aux recettes fiscales intérieures s’arrêtent au 26 mars. 6|Page III. Secteur extérieur Le déficit de la balance courante s’est légèrement amélioré en passant de 7% du PIB en 2012 à 5.6% du PIB en 2013. Cette amélioration est tirée surtout par les activités de la branche industrie extractive : l’accélération des exportations de nickel et de cobalt ont sensiblement réduit le déficit de la balance commerciale de 260 millions USD. Par contre, la mauvaise performance du secteur touristique et le solde déficitaire plus important du revenu des investissements ont eu un effet baissière sur la balance courante. Les exportations de bien atteignent 1,896.8 millions USD en 2013, en hausse de 25% par rapport à 2012. Les exportations de nickel et de cobalt expliquent 85% de cette hausse (+341 millions USD), suivi de celles des zones franches (+38 millions USD).A noter également que les exportations de quelques produits « traditionnels » sont aussi en hausse ; grâce au triplement de la quantité exportée pour le café et l’amélioration du prix international pour la vanille. Bien que le prix du girofle soit resté élevé au cours de l’année dernière, la quantité exportée par Madagascar s’est réduite d’environ 10 mille tonnes, reflétant probablement la limite de la capacité de production et le besoin de renouvellement des plants. Les importations de biens se sont élevées à 2,739.9 millions USD. La variation annuelle des importations a été plus faible par rapport à celle des exportations (4%). Les importations de biens d’équipements se sont réduites avec le ralentissement des investissements. Les importations de produits pétroliers ont aussi suivi cette tendance à la baisse, essentiellement due à un plus faible besoin en jet fuel pour le transport des touristes (- 18 mille m3 d’importation) et la baisse de la demande en pétrole lampant (21 mille m3 d’importation de moins). La hausse a été entrainée par les zones franches et les biens de consommation, notamment le riz. Tableau 1: Extrait de la balance des paiements (en millions USD) Rubriques 2012 2013 1 - Transactions Courantes -685.0 -590.9 1.1 Biens Et Services -961.6 -880.8 1.2 Revenus Des Investissements -320.9 -341.5 1.3 Transferts Courants 597.7 631.2 2 - Operations En Capital Et Financières 639.8 373.8 2.1 Operations En Capital 119.6 135.4 2.2 Operations Financières 520.2 238.4 dont IDE (Net) 777.3 548.9 3 - Erreurs Et Omissions -39.5 -45.2 4- Balance Globale -84.7 -262.3 5-Financement 84.7 262.3 Fmi Net -6.7 -9.4 Autres Avoirs (Augmentation -) 91.4 271.6 Source : Banque Centrale de Madagascar Le déficit de la balance globale s’est par contre fortement détérioré et s’élève à 262 millions USD, équivalant trois fois le déficit de l’année précédente. La progression de la balance courante a été contrecarrée par la chute des flux entrants d’investissements directs étrangers (- 228 millions USD), la situation n’ayant pas été attractive pour les nouveaux investisseurs, et un niveau élevé de recette d’exportation non rapatriée (équivalant à environ 12% des exportations de bien). En plus, les financements extérieurs en faveur de l’Etat sont encore restés bien en dessous de leur niveau d’avant la crise. Par conséquent, le niveau des réserves internationales s’est fortement contracté en 2013 et continue de baisser au premier trimestre de 2014. 7|Page Par ailleurs, l’Ariary s’est dépréciée en termes nominales par rapport aux principales devises d’échange. La dépréciation a été de 10% par rapport à l’USD au mois de mars de 2014 comparé à la même période de l’année précédente et de 4% par rapport à l’Euro. En fait, l’Ariary s’est plus ou moins stabilisé au cours de l’année 2013 et a commencé à se déprécier au cours du dernier trimestre. En termes réels, l’Ariary s’est par contre apprécié d’environ 3% sur une base annuelle. Graphique 10. Reserves internationales (millions USD) 1100 1050 1000 950 900 850 800 750 700 Mar-13 May-13 Sep-13 Oct-13 Dec-13 Feb-14 Mar-14 Apr-13 Jun-13 Jul-13 Aug-13 Nov-13 Jan-14 Source : Banque Centrale de Madagascar Secteur monétaire La croissance de la masse monétaire (M3) s’est ralentie depuis septembre 2013. L’évolution de la masse monétaire est influencée par deux mouvements contradictoires. D’une part, le niveau des avoirs extérieurs continue à chuter et contribue à -13.5 points de pourcentage à la variation de la masse monétaire en fin 2013. D’autre part, les créances nettes sur l’Etat ont exercé un effet haussier équivalant à 9.4 points. L’Etat a en effet continué à puiser sur ses avoirs auprès du système bancaire7 et a même recouru aux avances statutaires auprès de la Banque centrale en décembre. L’accélération des octrois de crédit à l’économie a aussi soutenu à la hausse la variation de la masse monétaire, laquelle s’établit à 5.5% en fin 2013. Corrélativement aux développements récents, la masse monétaire est restée quasiment stable au cours des deux premiers mois de l’année 2014. Graphique 11. Variation annuelle de la masse monétaire Graphique 12. Les contreparties de la masse en 2013 et 2014 (%) monétaire ( milliards Ariary) 12.0 3.0 10.0 2.5 8.0 2.0 1.5 6.0 1.0 4.0 0.5 fév aoû sep nov fév avr déc déc mai jui juil oct jan jan mar 2.0 2012 2013 2014 0.0 avoirs extérieurs nets mar avr mai jui oct jan fév aoû sep nov jan fév déc juil crédit à l'économie créances nettes à l'Etat Sources : Banque Centrale de Madagascar 7 Mais a par contre stabilisé le niveau de ses encours de BTA. 8|Page La hausse des crédits à l’économie s’est accélérée à 17% sur une base annuelle en février 2014, contre une moyenne Graphique 13. Evolutions des crédits à de 7% sur les trois années précédentes. Les crédits octroyés l'économie - variation annuelle en % ont été essentiellement destinés aux entreprises privées (64% 40 des nouvelles allocations) et axés sur le financement des activités à court terme. Les crédits à l’économie se 30 caractérisent cependant par leur concentration en termes de secteur d’activité. Un peu plus de la moitié de ces crédits est 20 en effet alloué à seulement deux secteurs d’activités.8 Par ailleurs, à son niveau actuel, les crédits à l’économie 10 correspondent à 12% du PIB, soit l’un des taux les plus faibles dans la région Afrique Subsaharienne. L’incertitude apportée 0 par la crise s’est encore ajoutée aux causes structurelles de Particuliers Entreprises Crédit total Particuliers Entreprises Crédit total cette faiblesse. En effet, les créances douteuses ont augmenté privées privées de 17%, sur une base annuelle, en 2013 alors qu’elles Crédits à court terme Crédits à M.L.T fév 12 fév 13 fév 14 représentaient déjà 14% des créances totales en 2012. Le coût des crédits reste aussi très élevé, avec des taux d’intérêt allant jusqu’à 60%. Source :Banque Centrale de Madagascar 8 Commerce et réparation de véhicules automobiles et d’articles domestiques automobiles et transports, auxiliaires de transport et communications 9|Page Annexe 1 Loi de finances pour 2014 Tableau A1.1 : Répartition du budget par institution en 2014 Dépenses courantes Dépenses d'investissement Hors Total Institution Solde Externe Interne S/ Total solde Ministère des Finances et du Budget 191.0 403.1 117.9 48.1 166.0 760.0 Ministère de l'Education Nationale 458.0 101.2 111.0 10.2 121.2 680.4 Ministère de la Santé Publique 159.3 35.7 33.9 5.0 38.9 233.9 Ministère de l'Agriculture 15.5 6.8 147.8 15.0 162.7 185.0 Ministère des Forces Armées 147.1 16.0 0.0 2.1 2.1 165.2 Secrétariat d'Etat à la Gendarmerie 138.1 7.1 0.0 4.5 4.5 149.7 Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique 51.5 54.4 2.3 4.8 7.1 113.0 Ministère de la Sécurité Intérieure 83.9 2.1 0.0 4.0 4.0 90.0 Ministère des Travaux Publics et de la Météorologie 6.0 2.4 62.1 8.0 70.1 78.5 Ministère de la Justice 56.8 17.8 0.0 1.2 1.2 75.8 Vice-Primature chargée du Développement et de l'Aménagement du Territoire 9.0 7.9 45.6 2.6 48.2 65.1 Ministère des Affaires Etrangères 50.3 8.0 0.0 1.1 1.1 59.4 Primature 7.9 17.7 20.0 1.7 21.7 47.3 Ministère de la Décentralisation 0.8 31.4 12.6 1.3 13.9 46.1 Ministère de l'Intérieur 27.2 3.2 6.6 3.3 9.9 40.3 Présidence de la Transition 7.1 15.0 11.8 2.0 13.8 36.0 Ministère de l'Environnement et des Forêts 7.7 1.0 22.7 2.5 25.2 33.9 Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle 17.7 8.6 0.0 5.9 5.9 32.2 Ministère des Transports 3.7 6.7 2.3 16.5 18.8 29.2 Vice-Primature chargée de l'Economie et de l'Industrie 4.8 1.9 11.0 2.1 13.1 19.8 Ministère de l'Eau 1.9 1.2 7.6 7.1 14.7 17.8 Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques 2.0 5.2 6.4 0.7 7.1 14.4 Ministère des Sports 9.2 2.4 0.0 1.8 1.8 13.4 Ministère de l'Energie 5.7 0.6 5.4 1.5 6.9 13.3 Ministère de la Population et des Affaires Sociales 6.1 1.9 1.0 2.9 3.9 11.8 Ministère des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies 0.6 0.1 10.0 1.2 11.2 11.8 Ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales 6.7 3.7 0.0 1.2 1.2 11.5 Congrès de la Transition 0.0 10.0 0.0 0.8 0.8 10.8 Ministère de l'Elevage 7.0 1.0 0.0 2.2 2.2 10.2 Ministère de la Communication 6.0 1.9 0.0 1.7 1.7 9.6 Ministère du Commerce 5.5 3.6 0.0 0.4 0.4 9.5 Conseil Supérieur de la Transition 0.0 8.5 0.0 0.5 0.5 9.0 Ministère de la Culture et du Patrimoine 2.3 2.0 0.0 0.6 0.6 5.0 Ministère de la Jeunesse et des Loisirs 2.2 1.4 0.2 0.9 1.1 4.7 Ministère du Tourisme 2.5 1.2 0.0 0.9 0.9 4.6 Ministère des Mines 1.7 1.1 0.0 0.9 0.9 3.7 Ministère chargé des Relations avec les Institutions 1.0 1.3 0.0 0.3 0.3 2.6 Haute Cour Constitutionnelle 0.0 2.4 0.0 0.0 0.0 2.4 Ministère des Hydrocarbures 0.8 1.3 0.0 0.2 0.2 2.3 Ministère de la Promotion de l'Artisanat 0.7 0.8 0.0 0.7 0.7 2.1 Total 1505.6 799.4 638.3 168.0 806.3 3111.3 Source: Mfb, Loi de finances pour 2014 10 | P a g e Tableau A1.2: Variation du budget par institution entre 2013 et 2014 (%) Dépenses courantes Dépenses d'investissement Total Institution Solde Hors solde Externe Interne S/ Total Ministère des Finances et du Budget 20.6 17.6 71.5 -51.4 -1.0 13.6 Ministère de l'Education Nationale 11.7 43.6 253.7 -1.2 190.7 30.3 Ministère de la Santé Publique 25.5 12.2 -41.9 0.0 -38.6 5.3 Ministère de l'Agriculture 4.2 -11.2 80.5 -9.0 65.5 53.1 Ministère des Forces Armées 5.7 -20.9 -48.9 -48.9 1.1 Secrétariat d'Etat à la Gendarmerie 4.6 -27.6 0.0 0.0 2.3 Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique 10.0 17.2 -68.3 0.0 -41.2 7.4 Ministère de la Sécurité Intérieure 6.8 -50.0 0.0 0.0 3.7 Ministère des Travaux Publics et de la Météorologie 12.7 -53.2 136.3 0.0 104.6 75.7 Ministère de la Justice 9.6 -14.7 -100.0 0.0 -43.0 1.3 Vice-Primature chargée du Développement et de l'Aménagement du Territoire 30.8 -77.8 20.8 0.0 19.5 -21.5 Ministère des Affaires Etrangères 6.8 -22.0 0.0 0.0 1.6 Primature 7.4 -43.8 -24.9 0.0 -23.4 -29.6 Ministère de la Décentralisation 7.0 -36.8 152.0 -0.9 120.6 -18.7 Ministère de l'Intérieur 12.0 -26.8 -37.6 0.0 -28.7 -5.2 Présidence de la Transition 16.4 -32.4 44.4 -2.6 35.1 -6.8 Ministère de l'Environnement et des Forêts 5.4 -38.3 -45.4 0.0 -42.8 -36.1 Ministère de l'Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle -18.0 68.1 0.0 0.0 -1.1 Ministère des Transports 6.7 -54.7 -45.2 0.0 -9.2 -25.0 Vice-Primature chargée de l'Economie et de l'Industrie -8.6 -48.5 102.5 0.0 73.5 20.4 Ministère de l'Eau 10.4 -21.9 -83.5 -1.4 -72.4 -68.6 Ministère de la Pêche et des Ressources Halieutiques -3.5 -42.5 -55.6 0.0 -53.0 -45.4 Ministère des Sports 9.5 -51.0 0.0 0.0 -11.5 Ministère de l'Energie 8.2 -38.0 -58.6 0.0 -52.7 -36.6 Ministère de la Population et des Affaires Sociales 11.1 -21.2 -89.9 -16.2 -70.9 -44.1 Ministère des Postes, des Télécommunications et des Nouvelles Technologies 17.5 -52.4 -55.1 0.0 -52.4 -51.0 Ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales 9.6 -25.5 0.0 0.0 -5.5 Congrès de la Transition -55.8 0.0 0.0 -54.0 Ministère de l'Elevage 4.2 3.1 6.4 6.4 4.6 Ministère de la Communication 4.6 -43.0 -16.7 -16.7 -13.4 Ministère du Commerce 6.3 -51.2 0.0 0.0 -26.3 Conseil Supérieur de la Transition -40.3 0.0 0.0 -39.0 Ministère de la Culture et du Patrimoine 3.0 -16.6 23.5 23.5 -4.0 Ministère de la Jeunesse et des Loisirs 5823.9 0.9 0.0 -42.4 -37.4 -7.7 Ministère du Tourisme 13.2 -22.4 0.0 0.0 -1.3 Ministère des Mines 20.4 -45.2 0.0 0.0 -14.6 Ministère chargé des Relations avec les Institutions -2.5 -0.7 -28.6 -28.6 -5.0 Haute Cour Constitutionnelle -12.7 -100.0 -100.0 -15.8 Ministère des Hydrocarbures 7.7 -4.1 0.0 0.0 0.1 Ministère de la Promotion de l'Artisanat 7.8 -38.7 142.9 142.9 -1.4 Total -2.7 -3.1 22.7 -24.9 8.4 6.5 Source : MFB, Loi de finances pour 2014 11 | P a g e Tableau A1.3. Recettes budgétaires (en milliards Ariary) 2013 2014 Réalisation LF 1. Impôts sur les revenus, bénéfices et gains, dont : 562.3 629.1 Impôt sur les revenus 270.8 301.7 IRSA 249.3 245.0 IRCM 25.7 60.2 Impôt synthétique 14.8 18.5 2. Impôts sur la propriété (Droit d'enregistrement) 15.3 20.8 3. Impôts sur les biens et services, dont 687.5 840.4 TVA 432.8 507.9 Droit d'accises 247.9 324.5 4. Impôts sur le commerce international, dont : 1183.9 1222.0 Droit de douanes 219.9 202.4 TVA import 515.1 559.8 Taxes sur produits pétroliers 79.7 116.3 TVA sur produits pétroliers 357.6 340.2 RECETTES FISCALES 2449.0 2712.4 RECETTES NON FISCALES 68.1 59.7 RECETTES BUDGETAIRES 2517.1 2772.1 Source: Mfb, loi de finances 12 | P a g e Annexe 2 « Visages de la pauvreté à Madagascar » Résumé exécutif9 Alors que la pauvreté était déjà élevée à Madagascar en 2001, le pays n’a pas réussi à réduire le nombre d’habitants qui étaient pauvres ou extrêmement pauvres au cours de la décennie qui a suivi. Cette conclusion bien connue s'appuie sur l'analyse d’une série de trois Enquête Périodiques auprès des Ménages (EPM) successives menées par l'Institut National de la Statistique de Madagascar (INSTAT) en 2001, 2005 et 2010. L'objectif de cette analyse contenue dans ce rapport est de documenter les niveaux et l’évolution de la pauvreté à Madagascar et d’offrir une analyse détaillée des corrélations de la pauvreté et de l’inégalité en tenant compte de plusieurs dimensions, y compris le sexe, l'âge, la structure du ménage et le lieu de résidence. Le rapport est une évaluation des tendances passées de la pauvreté et si les implications politiques sont mises en évidence dans de nombreux cas, le rapport se veut avant tout descriptif plutôt que normatif. Un nombre élevé de pauvres toujours croissant Plusieurs mesures économiques de la pauvreté donnent un tableau de la tragédie du développement dans lequel Madagascar reste embourbé. Si l’on se réfère à nos estimations révisées du seuil de pauvreté national et aux données des Enquêtes périodiques auprès des ménages, environ 75 pour cent de la population malgaches vivaient dans la pauvreté en 2010. En d'autres termes, près de 16 millions de malgaches ont été estimés pauvres cette année-là. Une proportion étonnante de près de 60 pour cent de la population a été estimée extrêmement pauvre, selon la méthodologie d’estimation de la pauvreté basée sur l’apport alimentaire minimal - ce qui signifie que près de 13 millions de Malgaches gagnent des ressources ou vivent de ressources dont la valeur est inférieure à ce que coûtent 2 100 calories par jour. Figure 1: La tendance de la pauvreté et l’inégalité à Madagascar Taux de pauvreté national Taux de pauvreté Coefficient de Gini international 100.0 93.6 92.8 100.0 88.9 100 70.8 75.0 75.3 80.0 80.0 80 82.3 82.4 60.0 60.0 77.5 60 46.8 61.4 61.7 37.8 40.9 60.5 40.0 40.0 40 20.0 20.0 20 0.0 0.0 0 2001 2005 2010 2001 2005 2010 2001 2005 2010 Absolu Extreme $1.25 US $2.0 US Coefficient de Gini 9 Le rapport intégral peut être téléchargé en version française et anglaise sur le site de la Banque mondiale http://documents.worldbank.org 13 | P a g e Les principales conclusions de ce rapport sont dans l’ensemble en cohérence avec les estimations de la pauvreté publiées officiellement par l'INSTAT pour 2010, mais la méthodologie d'estimation de la pauvreté utilisée dans ce rapport diffère de celle utilisée officiellement et génère un profil différent du niveau de pauvreté, en particulier pour 2005, et donc de son évolution au cours de la décennie. Nous constatons que le taux de pauvreté n'a pas diminué entre 2001 et 2005 et a plutôt augmenté de 71 à 75 pour cent de la population contre le taux de 68 pour cent selon les estimations officielles pour 2005. Ensuite, nous estimons que l'incidence de la pauvreté a de nouveau augmenté à partir de 2005, mais de manière marginale, à 75,3 pour cent en 2010, ce qui est proche de l'estimation officielle. La méthodologie est décrite en détail dans le rapport et ses annexes. La pauvreté absolue dans les zones rurales a empiré de manière continue au cours des trois années où les mesures ont été faites, alors que la situation dans les zones urbaines s'est détériorée dans la première moitié de la décennie puis s’est légèrement améliorée dans la seconde moitié. L'incidence de la pauvreté a augmenté dans les zones urbaines et rurales au cours de la période 2001-2005, sans doute en raison de la crise politique et économique grave de 2002. Dans la période 2005-2010, l'incidence de la pauvreté dans les zones rurales a stagné ou a légèrement augmenté, mais a diminué dans les zones urbaines. Une tendance similaire est observée en ce qui concerne l’extrême pauvreté. Près de 80 pour cent de la population de Madagascar vit en milieu rural et la pauvreté y est presque deux fois plus élevée que dans les zones urbaines. Ainsi, 86 pour cent des pauvres vivent dans les zones rurales. Partant d’une comparaison entre pays en 2010, Madagascar est ainsi devenu l'un des pays les plus pauvres au monde, avec près de 80 pour cent de la population vivant avec moins de 1,25 USD par jour en 2010, soit 92 pour cent vivant avec moins 2 USD PPA par jour. La position de Madagascar en termes de niveau de pauvreté par rapport au reste du monde s’est détériorée depuis le début de la décennie. Le cas de Madagascar constitue désormais une valeur aberrante et l'incidence élevée de la pauvreté distingue le pays, appelant une attention particulière de la part des décideurs politiques et de la communauté internationale. Fait intéressant, le pays n'est pas parmi ceux présentant le plus d’inégalité: malgré de très faibles revenus et l'incidence élevée de la pauvreté, l'inégalité, mesurée par le coefficient de Gini, se situait dans la fourchette des 40, plaçant Madagascar dans le milieu de la fourchette de valeurs pour les pays d'Afrique subsaharienne et pour le monde. Figure 2: Pauvreté internationale 1,25 dollar par jour et les inégalités, comparaison entre pays 100.0 70.0 90.0 Taux de pauvreté à $1.25 65.0 Gini 80.0 60.0 70.0 période 2005-10 période 2005-10 60.0 55.0 50.0 50.0 40.0 45.0 Madagasc 30.0 40.0 ar 20.0 35.0 10.0 0.0 30.0 0.0 20.0 40.0 60.0 80.0 100.0 30.0 40.0 50.0 60.0 70.0 période 2001-05 Reste du monde période 2001-05 Reste du monde L'Afrique Sub-Saharienne L'Afrique Sub-Saharienne Madagascar Madagascar Source: WDI mai 2013. Pour Madagascar –les estimations de l’auteur sont basées à partir des données des EPM des facteurs de conversion internationaux avec l’utilisation de l’IPC officiel national. 14 | P a g e ... mais une pauvreté moins profonde et moins inégale Ce ne sont pas toutes les évolutions de la pauvreté qui ont été négatives au cours de la décennie. La réduction de deux mesures alternatives de la pauvreté qui se concentrent davantage sur les pauvres et appréhendent dans quelle mesure ils sont pauvres - l'écart de pauvreté et la sévérité de la pauvreté (écart de pauvreté au carré) - semble indiquer une amélioration du bien-être, bien que faible, parmi ceux vivant sous le seuil de pauvreté. Selon les estimations, l'écart de pauvreté – qui mesure l'insuffisance des ressources de l'ensemble des ménages par rapport au seuil de pauvreté (les ménages au-dessus du seuil de pauvreté étant considérés comme ayant un déficit zéro) - a diminué de 36 à 34 pour cent, tandis que la sévérité de la pauvreté (l'écart au carré) est tombé d'environ 22 à 19 pour cent. Cette amélioration relative concerne surtout le milieu rural, contribuant à réduire les différences entre les pauvres ruraux et urbains. Les mesures de l'écart de pauvreté et de l'écart de pauvreté au carré se sont toutes deux améliorées dans les zones rurales au cours de la décennie, alors qu'elles sont restées pratiquement inchangées ou, en fait, ont augmenté dans les zones urbaines. Si l'écart rural-urbain en ce qui concerne le taux de pauvreté a légèrement diminué entre 2001 et 2010, il reste encore considérable. L'écart de pauvreté rurale en 2010 était de 37,5 pour cent contre 20,1 pour cent en milieu urbain. De même, l'écart de pauvreté au carré dans les zones rurales était de 21 en 2010 contre 10,3 dans les zones urbaines. Parallèlement à cette baisse de la profondeur ou de la sévérité de la pauvreté malgré un taux plus élevé, l’inégalité a connu une baisse globale entre 2001 et 2010 à cause de plusieurs facteurs. La décomposition de l'évolution globale de ses diverses composantes indique que l’inégalité intra-groupe et l’inégalité intergroupe ont toutes deux joué un rôle important dans la réduction de l’inégalité. De toute évidence, la réallocation des travailleurs entre secteurs ou activités, le rendement de l’éducation et la composition régionale ont eu un impact fort conduisant à la réduction de l’inégalité. Comme nous le verrons, ce constat peut être interprété pour dire que, du moins pour la première partie de la décennie, un transfert sectoriel vers l'agriculture a eu un impact positif significatif sur l’inégalité à Madagascar (contribuant à la réduire, en d’autres termes), alors même que la pauvreté est restée très répandue et l'économie n'a pas réussi à se développer. Qui sont les pauvres? La population et la pauvreté à Madagascar ont majoritairement le visage de la jeunesse. Lorsque la population est classée par âge, les jeunes enfants apparaissent comme le segment le plus pauvre de la population à Madagascar. La pauvreté absolue a augmenté chez la plupart des tranches d’âge alors que la distribution des variations de l'extrême pauvreté entre les tranches d’âge entre 2001 et 2010 est ambiguë. La taille des ménages et le taux de dépendance à Madagascar ont probablement augmenté de manière plus rapide que les gains potentiels obtenus des rendements de l’emploi. La structure démographique de base de la population est restée inchangée au cours des années 2000, la tendance étant aux grandes familles avec des enfants. Les familles nombreuses sont, en moyenne, plus pauvres. En plus de la taille, la structure du ménage joue un rôle important dans la détermination de la pauvreté. L'incidence de l'extrême pauvreté, mais non de la pauvreté absolue, est plus élevée chez les ménages dirigés par des femmes. L’absence de grandes différences apparentes entre les hommes et les femmes en termes de taux de pauvreté absolue n’implique pas, cependant, qu’il n’y a pas de différences liées au sexe. Les résultats sur le marché du travail indiquent que les gains des femmes ne sont pas aussi élevés que ceux des hommes lorsqu’on exclut divers autres facteurs. 15 | P a g e Figure 3: Pyramide Age-Genre pour la population entière et la pauvreté absolue et extrême, 2010 Pyramide Age - Genre pour la population totale et pauvreté, 2010 90-95 80-85 70-75 Age par années 60-65 50-55 40-45 30-35 20-25 10-15 0-5 15 10 5 0 5 10 15 En pourcentage de la population totale , % Femmes pauvres extrêmes Hommes pauvre extrême Femmes pauvres Hommes pauvres Femmes Hommes Source: Estimation des services de la Banque mondiale à partir des données des EPM. Une pauvreté qui relève plus que de la consommation alimentaire Les modes de consommation alimentaire à Madagascar sont globalement en cohérence avec ceux constatés dans les pays très pauvres, mais, fait inquiétant, selon les indications des EPM, la consommation alimentaire a changé pour porter sur des produits alimentaires de qualité inférieure cours de la décennie. La part des aliments est restée à environ 75 pour cent pour les trois déciles les plus pauvres de la distribution de la consommation mais a augmenté pour l’ensemble de la population totale. La composition du panier alimentaire a changé au cours des années 2000, un changement marqué par le passage de produits alimentaires de qualité supérieure et plus chers tels que les œufs, le lait et la viande vers des aliments moins chers et de qualité nutritionnelle moindre tels que les fruits, les tubercules et les légumes. La tendance est à peu près la même chez les ménages pauvres et les plus pauvres. La possession d’actifs à Madagascar ne s’est améliorée que légèrement en 2010 par rapport à 2001. Les éléments de base du module de biens durables dans les enquêtes de Madagascar sont restés pratiquement inchangés sur la période 2001-10. Un indice composite de possession totale d’actif que nous avons compilé a connu une légère augmentation au cours des années 2000, principalement en raison de l'introduction des téléphones cellulaires. Les indices de possession d'actifs sont beaucoup plus élevés dans les zones urbaines que dans les zones rurales. La croissance en termes de possession d’actifs traditionnels a été plus rapide en zone rurale, alors qu’elle est plus rapide en ce qui concerne les nouvelles technologies en milieu urbain. Il existe une forte corrélation négative entre l'indice d'actifs et le niveau de pauvreté absolue ou extrême. Une des dimensions essentielles d’ordre non monétaire du bien-être est l'accès à l'eau courante à domicile qui a fortement diminué au cours de la décennie. En ce qui concerne le gaz de cuisine, une dégradation a également été observée au cours des années 2000, ce qui soulève des préoccupations environnementales dans la mesure où les ménages se tournent vers le bois et le charbon de bois pour la cuisson et le chauffage. Une petite amélioration a été notée en ce qui concerne l'indicateur de possession de toilettes à 16 | P a g e domicile, quoique les niveaux d'accès pour les pauvres ou pour les populations rurales restent très faibles. L’accès à l'électricité est un autre indicateur couramment utilisé pour évaluer les dimensions non monétaires de la pauvreté et il est très faible à Madagascar, en particulier dans les zones rurales où il est inférieur à 6 pour cent, et tout à fait absent de la vie de la plupart des pauvres. Ainsi, comme les gens n'ont ni voiture ni électricité parce qu'ils sont pauvres, toute politique qui, à Madagascar, favoriserait directement les consommateurs de voitures ou de l'électricité est une politique qui favorise les très riches. Les taux d'analphabétisme ont chuté à Madagascar au cours de la décennie, si l’on se réfère aux mesures des EPM. L'analphabétisme et la pauvreté sont étroitement liés, mais les écarts entre les lettrés et les illettrés ont diminué. Une majorité de la population adulte malgache ne savait ni lire ni écrire au début des années 2000. Une analyse de l'alphabétisation indique une nette amélioration au cours des années 2000 bien que 32 pour cent de la population reste analphabète. Figure 4: Répartition de la population analphabète (à gauche) et le taux de la pauvreté des effectifs par l’alphabétisation, 2001, 2005 et 2010 Source: Estimations des services de la Banque mondiale à partir des données des EPM. Les chiffres sont pour les individus. Malgré une augmentation du taux d'alphabétisation, la contribution de l'éducation à la réduction de la pauvreté n'a pas été forte. Dans l'ensemble, l'extrême pauvreté a diminué parmi les gens instruits, mais la pauvreté absolue a stagné de 2001 à 2010. La proportion de ménages dont le chef a achevé l'enseignement primaire a également augmenté, quoique légèrement. En cohérence avec l'augmentation des taux d'alphabétisation, le taux net de scolarisation a augmenté en termes relatifs et absolus au cours des années 2000. L'amélioration des taux de scolarisation nets dans l'enseignement primaire et secondaire a concerné les plus pauvres, alors que la scolarisation dans l'enseignement primaire et secondaire chez le segment plus aisé de la population est restée inchangée au cours des années 2000. Les taux nets de scolarisation dans les zones rurales sont beaucoup plus faibles que dans les zones urbaines. Comme l'accessibilité des écoles publiques ou privées a atteint des niveaux presque universels selon les répondants des EPM, et en particulier, comme les écoles publiques sont disponibles pour la plupart des pauvres, les problèmes de qualité et les problèmes du côté de la demande sont de plus en plus les déterminants de la dynamique des politiques en matière d'enseignement primaire. 17 | P a g e Malgré quelques améliorations dans la scolarisation, l'accès à l'enseignement secondaire et tertiaire reste limité pour la grande majorité de la population. Les écarts en termes d’incidence de la pauvreté augmentent avec l’achèvement de cycles de l'enseignement supérieur. Il est navrant de constater que la scolarisation au niveau supérieur est presque inexistante à Madagascar, et disponible uniquement pour la population la plus riche. En ce qui concerne les soins de santé, en dépit d'une légère augmentation du volume de l'offre, il est évident que la qualité des services s'est détériorée de 2005 à 2010, tel que rapporté par les répondants aux EPM. Il n'est pas tout à fait clair que ces tendances existaient avant la crise au début 2009, mais elles se sont clairement aggravées depuis l’arrivée de la crise. Sans tenir compte de la qualité ou de l’utilisation, la disponibilité des soins de santé de base n'est pas universelle, étant la plus faible dans les zones rurales ou pour les plus pauvres. En outre, l'accès a empiré pour les plus pauvres entre 2005 et 2010. Dans l'ensemble, 77 pour cent des ménages ont indiqué qu'ils avaient accès à un centre de soins de santé de base en 2010, mais cette proportion était de 68 pour cent pour le quintile le plus pauvre (avec étonnamment peu de différence entre les pauvres en milieu rural et urbain), une proportion nettement plus faible qu'en 2005. En d'autres termes, 32 pour cent du quintile le plus pauvre des Malgaches n'ont pas accès à un centre de soins de santé de base. Environ un tiers seulement des personnes ayant déclaré avoir eu une maladie ont effectivement cherché des soins formels, et ce chiffre est encore plus faible chez les pauvres : environ un cinquième des ménages du premier quintile recherchent des soins formel quand ils s’estiment malades. Le taux de consultation formelle dépend de manière significative du niveau d’instruction de la personne malade elle- même et de celui du chef de ménage - un autre mécanisme qui peut être encore au désavantage des pauvres. Il existe également des variations, mais moindres, selon le lieu de résidence, l'âge et le sexe, avec cependant, un taux de consultation exceptionnellement bas pour les bébés filles par rapport aux garçons. Les centres de santé de base (CSB), dont les trois quarts sont publics, restent de loin les centres de soins les plus utilisés en cas de maladie. Le taux d'utilisation des CSB a toutefois diminué ostensiblement à partir de 2005, y compris pour les pauvres, tandis que le recours aux hôpitaux et aux centres de soins de santé privés a augmenté. Les centres de santé privés sont souvent considérés comme offrant des services de meilleure qualité, mais ces services restent largement inaccessibles aux pauvres. Néanmoins, leur utilisation a augmenté, même chez les plus pauvres, par rapport à 2005. En plus du coût du traitement, la distance a un effet significatif sur l’utilisation des services, ce qui explique probablement une utilisation plus faible en milieu rural en général, même après qu’on ait pris en compte les revenus et les coûts. Environ un tiers de la population de Madagascar est démunie à plusieurs égards - ce sont les « démunis de tout », que ce soit en termes de consommation, d’alphabétisation et d’instruction, d’actifs domestiques de base ou d'électricité. 18 | P a g e Figure 5: Diagramme de Venn de non-revenu et le revenu de la pauvreté A. Biens, alphabétisation et revenu B. Electricité, éducation et revenu de de la pauvreté la pauvreté A: Indice de possession de biens A Sans instruction inférieur à 7 B Pas d’accès à l’électricité B: Analphabète C Ménages pauvres C: Ménages pauvres Les mesures non économiques du bien-être, en particulier les indicateurs de développement humains, placent Madagascar au milieu du rang des pays d’Afrique. Lorsqu’on place les indicateurs de développement humain de Madagascar à côté de ceux d'autres pays du monde, Madagascar se situe carrément au niveau des autres pays africains, mais non plus en marge. Le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans à Madagascar est parmi les plus faibles d’Afrique et la situation s'est améliorée au cours des années 2000. Le taux de fécondité des adolescentes est d'environ 150, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne. Le taux d'alphabétisation des jeunes est proche de la moyenne de l'Afrique, et s'est améliorée au cours des années 2000. La prévalence du VIH/sida (en proportion de la population âgée de 15 à 49 ans) est l'un des plus bas d’Afrique. Il reste beaucoup de progrès à faire dans tous ces domaines importants, et la détérioration qui a eu lieu au cours des dernières années est une grande source de préoccupation, mais la position relative de Madagascar indique à nouveau que c'est sur le plan de l’économie que se trouvent les défis les plus grands. Néanmoins, que ce soit en rapport aux mesures de l’'inégalité, aux diverses mesures de développement humain non-économiques, tels que les taux de mortalité infanto-juvénile, les taux de fécondité des adolescentes, l'alphabétisation ou encore de la prévalence du VIH, ainsi que la scolarisation au primaire, Madagascar n’est pas dans la situation extrême où il s’est placé en termes de croissance économique et d'incidence de la pauvreté. Le pays a donc des réalisations positives à son actif. Leur durabilité cependant est remise en question si la situation économique de base des citoyens du pays ne s'améliore pas, que le pays soit en crise ou non. Expliquer les tendances de la pauvreté au cours de la décennie: le contexte politique et économique Deux fois au cours de la décennie, un processus de croissance naissante qui avait émergé au milieu des années 1990 s’est trouvé interrompu par des crises politiques. La tendance sous-jacente de ce processus de croissance « hors crise » était proche de 5 pour cent pour le PIB réel global, ou de moins de 2 pour cent par habitant. A ce rythme sur dix ans, le PIB aurait augmenté de 65 pour cent. Dans les faits, la croissance cumulée sur la période 2000-10 est bien moindre, atteignant seulement 30 pour cent, soit moins de la 19 | P a g e moitié de ce qu'elle aurait pu être.10En conséquence, compte tenu de la forte croissance démographique, le PIB et le revenu par habitant ont en fait diminué. Avec une croissance de la population à près de 3 pour cent, le PIB par habitant a diminué de 4 pour cent cumulativement pour la décennie dans son ensemble et il continue de baisser depuis 2010. Figure 6: Madagascar—PIB, PIB par habitant, et consommation par habitant, 2000-2012 et « chocs » économiques La majeure partie de la diminution du PIB par habitant s’est produite durant les sous-périodes des deux crises alors que dans la période de six ans entre 2003 et 2008, le PIB par habitant a augmenté de 14 pour cent au total. Sans croissance économique, les gens ne peuvent ni trouver des emplois, ni améliorer leurs moyens de subsistance, ni développer leur entreprise, et l'État ne peut générer des ressources pour payer les biens et les services publics et les capitaux dont le pays a clairement besoin pour croître plus rapidement et partager les bénéfices de la croissance. Pour comprendre les facteurs déterminants de la pauvreté au fil du temps, et en s'appuyant sur les trois EPM, l'analyse de ce rapport aborde une question de chronologie qu'il convient de souligner: entre la première enquête, en 2001, et la deuxième, en 2005, une crise politique a frappé Madagascar de plein fouet en 2002. Cette crise a été de courte durée – une année, mais a coûté cher au pays. Elle a été, cependant, suivie d'une reprise de trois ans mais qui n’est pas restée dépourvue de chocs, y compris un bref dérapage de la politique macroéconomique qui a abouti à une dépréciation de 70 pour cent du taux 10 Le PIB par habitant de Madagascar s'élevait à l'équivalent de 420 USD en 2010 soit 965 $ PPA 20 | P a g e de change et une poussée d’inflation. Le délai entre la première et la deuxième enquête comporte ainsi une crise dès le début, suivie de quelques années de redressement. Presque inversement, entre la deuxième enquête, en 2005, et la troisième en 2010, quatre années de croissance ont été interrompues, à la fin de cette période de cinq ans, par une nouvelle crise politique, qui a eu lieu au début de 2009, alors que l'économie mondiale elle-même subissait une crise financière et économique majeure. Cette chronologie comprend donc environ quatre années de croissance se terminant par une crise politique locale grave. Puisque nous n'avons pas d’enquêtes « avant-après » pour chacune des deux crises politiques, une analyse de leur impact, ou une attribution assez raisonnable en termes de résultats de la pauvreté suite à ces crises, se heurte à des difficultés: nous en sommes réduits à additionner différentes séquences de bonnes et de mauvaises années sur des sous-périodes. Les pauvres tirent l'essentiel de leur revenu soit de l'auto-emploi, soit d’un emploi salarié, et ce sont principalement leurs revenus et leur statut en termes d'emploi qui déterminent leur bien-être et leur situation économique. L'évolution des marchés du travail est donc au cœur de l'évolution de la pauvreté. L’emploi et la participation au marché du travail ont augmenté à Madagascar pour les jeunes et les adultes, tandis que le travail des enfants a diminué. Il y a peu de différences entre les sexes en matière de participation au marché du travail. Les gains en revanche ne se sont pas améliorés. Dans les années 2000, la pauvreté à Madagascar est moins le résultat du chômage ou de l'inactivité que le résultat de la faiblesse des revenus et de possibilités limitées. Entre 2001 et 2010, certains changements structurels ont caractérisé le marché du travail à Madagascar. Après la crise de 2001, la productivité moyenne de la main-d’œuvre dans son ensemble a chuté (-4,7 pour cent), en raison principalement d'une modification de la composition sectorielle du marché du travail au bénéfice de l'agriculture où la productivité est beaucoup plus faible que dans la plupart des autres secteurs (et n'a pas augmenté). Ce processus ne s’est inversé que très lentement et n'est pas achevé au moment de la deuxième crise, en 2009, crise qui a probablement conduit à sa reprise. La faible productivité de l'agriculture est exacerbée par la présence d’une grande proportion de travailleurs engagés dans des activités d’aide familiale non rémunérées (même si cette proportion a légèrement baissé avec le temps). Les employés en tant qu’aides familiales ont également augmenté de façon marquée dans les secteurs secondaire et tertiaire. En conséquence de l'augmentation du nombre et de la proportion de travailleurs employés dans le secteur primaire, l'agriculture est devenue la principale source de revenus du travail. La composition de la part du travail dans le revenu selon le type de travail a considérablement changé. Les revenus provenant de l’auto-emploi ont perdu en importance, passant de 42 pour cent du revenu total en 2001 à 26 pour cent en 2010. Le transfert vers le secteur agricole a également été accompagné d’une « ruralisation » correspondante de la population malgache. Dans les zones urbaines, le rôle des différents secteurs en termes de contribution aux revenus du travail a beaucoup changé, le commerce devenant la source principale. L'agriculture a été le secteur le moins touché par les chocs politiques temporaires. Ceci est dû en partie au fait qu’une grande partie de l’agriculture reste déconnectée des développements urbains, en particulier à Antananarivo, le lieu des troubles politiques à Madagascar. Le transfert vers l'agriculture où les niveaux de productivité sont plus faibles par rapport aux autres secteurs, a alors eu un effet déprimant sur l'économie dans son ensemble. En outre, les tendances de la productivité dans l'agriculture sont restées stables au cours de la décennie. Le transfert vers l'agriculture a donc été un transfert sectoriel qui ne s’est pas accompagné d’un gain en productivité et qui n’a pas contribué à la croissance. 21 | P a g e Figure 7: Comptabilité de la croissance du PIB Croissance du PIB décomposition, années Croissance du PIB decomposition, périodes 8.0 variation en pourcentage 15.0 6.0 Variation en pourcentage 10.0 4.0 5.0 0.0 2.0 -5.0 0.0 -10.0 -0.1 -2.0 -15.0 -20.0 -4.0 -3.4 -3.8 -4.3 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 -6.0 2001-05 2005-2010 2002-2008 2001-2010 Stock du capital Labeur Travail Stock du capital Labeur Travail Capitalhumain Capital humainpar partravailleur labeur Facteur de productivité total par labeur humain par Capital humain travailleur Facteur de productivité totale PIB réel PIB réel Source: Estimation des services de la Banque mondiale à partir des données des EPM et les indicateurs WDI. Une analyse des déterminants des gains met en évidence le rôle positif de l'expérience et de la formation et le rôle négatif du sexe. Les gains moyens augmentent avec l'expérience, même si cet effet diminue avec l'expérience de plus haut niveau, comme cela arrive souvent. Le rendement de l'expérience a augmenté entre 2001 et 2010 pour les emplois salariés, mais ils ont diminué dans les zones rurales. Le désavantage des femmes en termes de gains par rapport aux hommes est important mais a nettement diminué. En 2010, les gains des femmes étaient en moyenne de 34 pour cent inférieurs à ceux des hommes à caractéristiques égales. Les rendements de l'éducation en 2010 restent positifs, même s’ils semblent avoir diminué par rapport à 2001, probablement en raison de facteurs qui influent sur la demande de compétences (par les entreprises) plutôt que, par exemple, une croissance rapide du côté de l'offre. Néanmoins, en 2010 une année supplémentaire de scolarité représentait une augmentation des gains de 5 pour cent. Cela signifie que les cinq années de l'enseignement primaire augmentent les gains de 28 pour cent. Les rendements de l'éducation en 2010 étaient plus élevés pour les travailleurs salariés (6 pour cent) et globalement similaires entre les zones rurales et urbaines. En outre, ils étaient plus élevés pour les femmes que pour les hommes (respectivement, un peu plus de 6 pour cent et environ 4 pour cent). Par ailleurs, ils étaient inférieurs à ce qu’ils étaient en 2001. Coûts des crises politiques en termes de pauvreté Deux crises politiques dans les années 2000 ont coûté cher Madagascar en termes de réduction de la pauvreté. Le dernier chapitre porte sur la crise actuelle, mais donne aussi une vue rétrospective des impacts sur la pauvreté du fait que la croissance économique n’a pu être soutenue à cause des deux crises en une décennie. Partant de nos constats précédents sur le lien entre la croissance et la pauvreté, une croissance du PIB par habitant à environ 2,8 pour cent par an- une performance nettement à la portée de Madagascar- se serait traduite par une réduction du taux de pauvreté de 71 pour cent en 2001 à 55 pour cent en 2013. Au lieu de cela, comme noté ci-dessus, nous estimons l'incidence de la pauvreté en référence au seuil de pauvreté national, à environ 76 pour cent en 2013. Ainsi, la proportion de population pauvre est de 21 points de pourcentage supérieure à ce qu’elle aurait été dans une hypothèse de croissance soutenue, représentant 4,5 millions de personnes. Quant aux effets de la deuxième crise, à partir de 2009, sans elle, la pauvreté aurait probablement diminué à 63 pour cent par rapport à notre estimation de 76 pour cent en 2013. En seulement cinq ans, le recul dans la lutte contre la pauvreté s’est fait aux dépens de 13 pour cent de la population. 22 | P a g e Figure 8: La perte hypothétique d’opportunité de sortie de la pauvreté entre 2001 et 2010 et projections jusqu’en 2018 100.0 Taux de pauvreté absolu projeté 100.0 Taux de pauvreté extreme projetés A A 90.0 90.0 B 80.0 B 80.0 70.0 70.0 C C 60.0 60.0 50.0 50.0 40.0 40.0 30.0 30.0 20.0 20.0 2001 2005 2008 2010 2013 2018 2001 2005 2008 2010 2013 2018 A 70.8 75.0 70.9 75.3 75.8 71.3 A 60.5 61.4 55.3 61.7 62.5 56.1 B 70.8 66.2 62.5 59.8 54.9 46.3 B 60.5 54.1 49.1 46.1 42.1 32.9 C 70.8 75.0 70.1 67.2 62.7 54.9 C 60.5 61.4 55.4 51.6 46.1 37.0 Source: Calcul de l’auteur. L’estimation est basée sur la méthodologie de simulation micro. Note: Les lignes solides démontrent le taux de pauvreté réel à Madagascar. Les lignes pointillées sont les taux de pauvreté estimés sur la base de micro-méthode de simulation pour trois scénarios principaux discutés dans le texte principal. Pour les années au-dela de 2013, les résultats de micro-simulations sont basées sur le PIB par habitant sur les projections de la base de données World Economic Outlook (WEO), de du Fonds Monétaire International (FMI), Washington. 23 | P a g e