54862 No. 144 juillet 2000 Partenariat dans l'Initiative `Faire Reculer le Paludisme' Définir le rôle de la Banque mondiale (traduit de l'Anglais) Le problème Chaque année, le paludisme tue plus d'un million de personnes, et cause 300 à 500 millions d'épisodes de maladie. La plus grande part de 3.000 décès quotidiens, et de dix nouveaux cas chaque seconde se produisent en Afrique. Le paludisme ne provoque pas seulement des ravages humains ; il freine également le développement. Le paludisme affecte l'économie à travers l'efficacité du travail et l'utilisation de la terre ; il a des effets négatifs à la fréquentation scolaire des enfants, entrave la performance et les capacités intellectuelles ; et se traduit par des coûts monétaires en termes de dépenses des ménages et du secteur de la santé publique. Les pauvres sont les plus touchés, dans la mesure où ils ont moins d'accès aux services, à l'information et aux mesures de sauvegarde (par exemple les moustiquaires, les écrans, et la prophylaxie), et ont moins de possibilités pour éviter de vivre ou travailler dans des zones affectées par le paludisme. La malaria est en augmentation. Alors que les efforts entrepris pour contrôler la malaria pendant les cinquante dernières années ont permis d'abaisser la mortalité et la morbidité dans certaines régions, les progrès n'ont pas souvent été soutenus (par exemple au Madagascar, au Sri Lanka, en Asie centrale). La résistance accrue aux médicaments courants et aux insecticides menace de réduire la disponibilité des traitements et des mesures préventives efficaces et moins coûteux contre le paludisme. Des épidémies récentes font apparaître la résurgence de la maladie dans des zones réputées auparavant à faible risque (par exemple les zones montagneuses du Kenya), et on s'attend à ce que les changements climatiques aboutissent à d'autres changements de l'intensité de la transmission. Bien qu'il n'existe pas de « balle magique » pour le traitement du paludisme, il existe un éventail d'interventions peu coûteuses et efficaces, principalement des antipaludéens pour le traitement, la prophylaxie, les matériaux imprégnés d'insecticide et la pulvérisation résiduelle des insecticides. De nouveaux instruments sont disponibles et sont continuellement mis au point, tel que le traitement pour les cas de paludisme grave, les tests de diagnostic rapides, et la combinaison de médicaments thérapeutique pour combattre la résistance. Étant donné que l'accès à la prévention, au diagnostic et au traitement est essentiel pour réduire le fardeau que représente la maladie, le paludisme ne peut seulement être contrôlé que dans le contexte du développement du secteur de la santé. Les principales stratégies pour faire face au paludisme sont ; l'accès au moment opportun aux soins médicaux, le diagnostic et le traitement efficace, l'utilisation de la prophylaxie pendant la grossesse, et l'usage de moustiquaires ou de matériels imprégnés d'insecticides. Action concertée pour agir L'action globale de l'initiative `Faire Reculer le Paludisme' a été lancée par les dirigeants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de l'Unicef, du PNUD, et de la Banque mondiale en novembre 1998. L'initiative proposée répondait à la demande de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à la communauté internationale pour aider à faire face d'une manière efficace au problème de la malaria dans leurs pays, et aux demandes formulées directement par les Chefs d'Etat auprès de l'OMS et à la Banque mondiale. Le partenariat Faire Reculer le Paludisme (RBM) comprend les pays touchés par l'endémie du paludisme, les agences de l'ONU, le secteur privé, l'industrie, les pays de l'OCDE, les banques de développement, les ONG, les institutions de recherche, et les médias. L'initiative vise à réduire de 50 pour cent d'ici l'an 2010 la mortalité du paludisme dans le monde. La stratégie comprend six éléments-clé pour réaliser ses objectifs : (i) diagnostic rapide ; (ii) traitement rapide ; (iii) moyens multiples pour la prévention ; (iv) action bien coordonnée ; (v) un mouvement global dynamique ; et (vi) la recherche ciblée. Un élément-clé d'une approche intégrée et coordonnée de RBM consiste en l'identification et la reconnaissance des avantages comparatifs de chaque partenaire impliqué au niveau mondial, régional, et de pays, et à l'élaboration des mécanismes au niveau de pays pour traduire les stratégies en action à travers des secteurs. La RBM sert d'exemple de la façon dont une priorité globale peut être abordée plus efficacement Les approches et les mécanismes en cours d'élaboration seront applicables à d'autres préoccupations globales et prioritaires de santé publique, tels que le VIH/SIDA. Le besoin de collaboration, de coordination et d'enrichissement réciproque avec la communauté travaillant sur le VIH/SIDA est bien reconnu, et les deux initiatives globales identifient des occasions de faire des progrès à travers une approche multisectorielle. Identifier le rôle de la Banque mondiale Dans le but de définir la contribution de la Banque mondiale à l'objectif du RBM de réagir d'une manière durable au paludisme, et pour acquérir une vue d'ensemble des besoins tant spécifiques des pays que transfrontaliers, et celle des occasions pour réaliser une réduction durable du paludisme, six missions conjointes de consultation ont été effectuées par la Banque Mondiale, l'OMS, et l'Unicef. Les missions ont eu lieu de novembre 1998 à mars 1999, et ont couvert six pays d'Afrique Australe et Orientale : notamment le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, l'Ethiopie, le Malawi, et le Mozambique. Les membres de cet ensemble ont été choisis pour permettre l'évaluation des besoins transfrontaliers ainsi que les opportunités. Les équipes de mission comprenaient des experts dans le contrôle du paludisme, le développement des systèmes de santé, la santé publique, et les opérations de la Banque mondiale. Les préparations et le travail préliminaire des missions avaient été effectués par des consultants locaux, qui en outre, ont participé aux travaux de l'équipe pendant les 5-7 jours passés dans chaque pays. L'équipe conjointe de Consultation a rencontré les informateurs principaux y compris les membres du gouvernement, le personnel du secteur de la santé, les chercheurs, les ONG, et les industriels. Les contreparties de pays étaient très positives au sujet de l'approche commune des agences impliquées, et ont appuyé l'effort de définir les éléments du partenariat de RBM. Les missions ont mis en évidence l'impact du paludisme dans chacun de ces pays ; comme cause principale d'hospitalisation, de soins de santé ambulatoires, de décès et de maladie dans chacun de ces pays. Ils ont conclu que les activités pour contrôler le paludisme peuvent être (et doivent ) intégrées dans des opérations actuelles et futures de la Banque Mondiale. Alors que beaucoup plus de ressources seront définitivement nécessaires, il est clairement apparu que dans beaucoup de cas, les ressources disponibles étaient sous-utilisées, étant donné que le secteur de la santé publique n'a pas la capacité de les absorber et de les utiliser efficacement. Les contributions potentielles de la Banque mondiale dans le partenariat Mondial de RBM ont été identifiées par les missions comme suit : · Incorporer le paludisme plus efficacement dans les programmes du secteur de la Santé, nutrition et population (HNP). · Inclure les questions d'impôts, de commerce et de réglementations (par exemple relatives à des moustiquaires, des insecticides et des produits pharmaceutiques) dans les opérations de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International (dans les Stratégies d'aide de pays, les Documents-cadre de politique économique). · Appuyer la participation du secteur privé dans la lutte contre le paludisme (stimuler les partenariats avec la Société financière internationale (SFI), appuyer les politiques pharmaceutiques appropriées, appuyer les initiatives de marketing social). · Appliquer la capacité de la Banque à travailler à travers différents secteurs, c'est-à-dire saisir les opportunités permettant d'aborder le paludisme dans les autres secteurs (par exemple l'éducation, l'infrastructure, et l'environnement) · Tenir compte du rôle des évaluations des effets sur la santé en évitant les risques accrus dus à l'investissement de l'infrastructure en Afrique. · Augmenter les décaissements pour le paludisme suivant que la capacité d'absorption (intégration) se développe, et que les obstacles aux flux de ressources sont levés. L'un des objectifs des consultations communes de RBM était l'identification des besoins transfrontaliers et des opportunités. Les questions qui ont été identifié portaient sur les frontières communes, aussi bien que les gains potentiels d'économie d'échelle dus à la production, l'approvisionnement, la recherche et la formation. L'appui aux réseaux locaux et l'accès à l'information ont également été identifiés. La plupart de ces activités ne seront pas très coûteuses, et les autres partenaires (par l'exemple l'OMS, les ONG, et les institutions de recherche) de RBM ont un plus grand avantage comparatif pour appuyer cet aspect de l'initiative. La Banque envisage d'apporter sa contribution par le renforcement et le fondement de son action sur les institutions régionales existantes qui sont mieux placées pour appuyer les efforts transnationaux. Un Mécanisme d'octroi de dons pour le développement (MDD) de $1 millions pour 1998/99 a permis d'installer un Secrétariat régional de RBM en Afrique. Le don pour 1999/2000 servira à appuyer les Réseaux de ressources techniques de la RBM en Afrique. En plus, l'Equipe chargée du Paludisme de la Région Afrique travaille pour assurer que les Equipes de projets sont au courant des expériences, des questions et des opportunités transnationales. Mise en oeuvre du partenariat Comme suivi aux missions, l'Equipe chargée du Paludisme a collaboré avec des équipes de pays pour développer quelques exemples concrets de pays des approches innovatrices pour aborder le paludisme, et en utilisant les avantages comparatifs de la Banque au sein du Partenariat. Jusqu'ici, les progrès ont été réalisés - dans les secteurs de la santé et dans d'autres secteurs en Ethiopie, en Erythrée, en Tanzanie, et au Mozambique. Pendant que les missions étaient dans la première phase pratique pour le travail en partenariat sur le terrain, il s'est avéré que le Partenariat ne s'établit pas naturellement tout seul. Produire quelques "exemples de partenariats " réussis et diffuser de telles expériences, auront un impact sur la façon donc l'Equipe chargée du paludisme conduit des affaires dans le secteur de la Santé, nutrition et population (HNP). De même, les approches intersectorielles ne sont pas institutionnalisées, et l'Equipe chargée du paludisme envisage de produire et de diffuser suffisamment d'exemples pour s'assurer que de telles approches peuvent devenir la norme. Le manque de fonds n'est pas la principale contrainte. Dans la plupart des cas, le problème est de maintenir un flux efficace de fonds. L'équipe a identifié de nombreuses opérations ayant des surplus qui n'ont pas été décaissés, et qui pourraient être orientés vers des initiatives d'appui pour la lutte contre le paludisme. L'hypothèse selon laquelle les ONG et le secteur privé sont engagés comme sous-traitants, et des partenaires plus forts comme l'OMS et l'Unicef travaillent sur le terrain, peut améliorer l'absorption des ressources. Si des pays sont persuadés de donner la priorité aux efforts nationaux pour réduire le fardeau du paludisme, il serait possible dans la plupart des cas, d'augmenter facilement les allocations vers ces programmes ­ soit à travers les programmes de la Santé, nutrition, population, des programmes d'Education, le Développement de l'enfance en bas âge, ou même des opérations d'infrastructure. La malaria a été reconnue comme priorité d'affaire. Une attention plus grande portée sur son impact dans le développement, combinée avec l'appréciation qu'il y a des interventions efficaces pour contrôler la malaria, devrait aboutir à des efforts supplémentaires par toutes les équipes de pays dans les pays affectés. L'équipe chargée de la malaria a tenu un atelier en juin 1999 portant sur les opportunités d'aborder le paludisme à travers les opérations d'infrastructure. Une réunion sera tenue en décembre 1999 sur la façon d'aborder le problème de la malaria dans le secteur d'Education. En plus de l'accent opérationnel accru sur la malaria, la Banque est impliquée dans le partenariat New Medicines for Malaria Ventures (Initiatives pour le développement de nouveaux médicaments antipaludiques) avec les secteurs privé et public. Il s'agit d'opération conjointe d'investissement entre les compagnies pharmaceutiques et le secteur public, visant à créer les incitations pour le développement continu de nouveaux médicaments antipaludiques. Le Département de recherches sur l'économie de développement de la Banque travaille avec l'OMS, l'université Harvard, le London School of Hygiene and Tropical Medicine, et le Consortium africain de recherches en sciences économiques, sous l'Initiative multilatérale sur la malaria (MIM) pour mieux comprendre l'économie de la malaria. Conclusion Les défis actuels pour l'institution comprennent l'institutionnalisation des mécanismes du Partenariat ; l'intégration efficace du paludisme dans les réformes du secteur de la santé et dans les approches sectorielles larges ; travailler efficacement à travers les secteurs ; et faciliter les initiatives régionales. Quelle est la prochaine étape ? Pour institutionnaliser le Partenariat, l'équipe chargée du paludisme s'est accordée avec le groupe des partenaires-clé de la RBM de mettre l'accent sur quelques exemples d'évolution de pays. Dans ces circonstances, le Groupe tentera activement à démontrer que le Partenariat actif aura un effet plus grand pour ses clients que la somme de ses parts. Les enseignements seront tirés de ces pays et seront largement diffusés. L'équipe est entrain d'élaborer des directives pour le personnel chargé des opérations dans les domaines des impôts et des tarifs, le rôle des subventions pour les moustiquaires et les insecticides, la logistique pharmaceutique, les investissements dans les vecteurs de contrôle de l'environnement, et l'augmentation d'accès au traitement hors du secteur de la santé (par exemples dans les écoles et les services de vulgarisation agricole). Elle poursuit également, avec ses collègues du secteur de l'Environnement et l'OMS, le rôle des évaluations des effets sur la santé, dans le cadre des évaluations des effets sur l'environnement, pour atténuer le risque accru du paludisme qui peut résulter de l'irrigation, de l'extension des routes, du développement urbain, de l'eau et de l'hygiène, et des activités qui ont comme conséquence le mouvement des populations. La combinaison de ces efforts devrait aider à définir davantage le rôle de la Banque dans un tel type de partenariat mondial, et améliorer sa capacité à avoir un impact sur certaines des préoccupations dans le domaine de la santé publique, qui entravent le développement humain. Beaucoup plus important, ces efforts devraient aider à faire reculer le paludisme en Afrique. Pour plus d'information, veuillez contacter Mme Julie McLaughlin, Bureau J10-064, Banque mondiale, 1818 H Street, NW, Washington DC 20433 ; Téléphone : (202) 458-4679 ; E-mail : Jmclaughlin@worldbank.org