FICHE DE CONNAISSANCES N°3 G É R E R L E S R I S Q U E S C Ô T I E R S E N A F R I Q U E D E L’ O U E S T FICHE DE CONNAISSANCES N°3 Gérer les risques côtiers en Afrique de l’Ouest L érosion côtière est un phénomène naturel, accéléré par l’activité humaine. La stabilisation artificielle du littoral, la détérioration des formations naturelles, la construction d’infrastructures, l’extraction de matériaux et la multiplication des barrages privent ces zones côtières fragiles d’apports sédimentaires importants et favorisent l’érosion. La dégradation du littoral diminue la protection naturelle des zones côtières contre les surcotes de tempête qui, associées à de fortes précipitations, exposent les zones basses aux inondations. Aux pressions socio-économiques, physiques, environ- Le changement climatique devrait encore aggraver ces nementales et biologiques qui affectent déjà le littoral phénomènes, menaçant des millions d’individus et des ouest-africain s’ajoute le recul des terres dû à l’érosion milliards de dollars d’actifs. et aux les inondations. Les enjeux PHOTO 1  Habitations détruites par l’érosion à Baguida, Togo Le littoral ouest-africain est exposé à plusieurs types d’événements naturels potentiellement dangereux. Fortes Grandes marées, tempêtes et fortes précipitations sont responsables à la fois de processus lents et permanents durables (comme l’érosion) et de phénomènes rapides et temporaires (comme les inondations côtières et fluviales). La croissance rapide de la population, l’urbanisation, la migration vers les zones côtières et le développement ont contribué exacerbé l’impact deà l l’érosion dsur le littoral ouest-africain, particulièrement vulnérable du fait de son trait de côte meuble et sableux. La piètre planification de l’aménagement du territoire, l’absence de réseaux de ou remplacées (au Togo, la route internationale a déjà été drainage des eaux pluviales, ou leur mauvais entretien reconstruite deux fois). lorsqu’existant, la modification des tracés naturels des rivières et des lagunes, l’obstruction ou le mauvais entretien Les inondations affectent environ 500 000 personnes chaque des systèmes de drainage et le développement urbain année en Afrique de l’Ouest (Banque mondiale, 2012). dans les zones basses accroissent les risques d’inondations Elles menacent les environnements et les écosystèmes côtières et fluviales. côtiers, y compris les plages, les plaines côtières basses, les marécages, les îles, les mangroves, les zones humides, Ces dernières décennies, l’érosion a provoqué des dégâts les estuaires et les lagunes. Les inondations représentent importants et a fortement attaqué le littoral (photos 1 et 2). un danger pour les transports, les infrastructures, l’agricul- Des centaines de bâtiments ont été détruits, des milliers ture, les ressources en eau, le tourisme et les moyens de d’hectares de terres agricoles ont disparu, des plages et subsistance (notamment la pêche, l’aquaculture et l’agri- autres atouts touristiques sont régulièrement emportés culture), causant d’énormes dommages économiques et et les infrastructures doivent être constamment réparées menaçant la santé humaine. Tous ces problèmes affectent FICHE DE CONNAISSANCES N°3 G É R E R L E S R I S Q U E S C Ô T I E R S E N A F R I Q U E D E L’ O U E S T de manière disproportionnée les populations pauvres, PHOTO 2  À Baguida, le littoral a reculé par endroit qui vivent souvent dans des zones basses sans accès aux de de plus de 620 mètres entre 2011 et 2015. infrastructures susceptibles de les aider à s’adapter ou à atténuer les risques liés aux inondations. Les solutions Le cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) – premier accord majeur du programme de développement post-2015  –  énonce quatre recommandations prioritaires pour accompagner les pays dans la gestion des risques, y compris les pays d’Afrique de l’Ouest : • Mieux comprendre les risques de catastrophe pour dans les scénarios d’émissions basses, et de 33 à 82 cm documenter les politiques et les plans d’action et dans les scénarios d’émissions hautes (GIEC, 2013). Cette trouver des solutions rentables efficaces pour réduire augmentation pourrait même être plus importante en les risques. Afrique de l’Ouest. Les incertitudes dans les prévisions du changement climatique impliquent l’élaboration • Renforcer la gouvernance des risques de catastrophe de plans d’adaptation flexibles –capables de s’ajuster grâce au développement de plans et orientations clairs, aux futures situations et nouvelles connaissances –, et au renforcement des capacités et à la coordination solides robustes – capables de répondre à une grande sectorielle et multisectorielle. diversité de conditions futures. • Investir dans la réduction des risques de catastrophe, au moyen de mesures structurelles et non structurelles, Considérant la nature transfrontalière des écosystèmes en combinant des infrastructures lourdes avec des régionaux, les effets éventuels des infrastructures en solutions basées sur l’écosystème (comme la préserva- aval et l’importance du littoral pour tous les secteurs, les tion des mangroves) et une meilleure planification de réponses optimales pour réduire les risques le long du l’utilisation des sols, passant ainsi d’une situation subie littoral ouest-africain devront s’appuyer sur des initiatives à une stratégie de maîtrise et de retraite contrôlée. multisectorielles et sur la coopération multinationale. Tous • Renforcer l’état de préparation. Des systèmes d’alerte les plans de développement mis en œuvre en Afrique de précoce et des plans d’interventions efficients et effi- l’Ouest, que ce soit au niveau national ou régional, doivent caces permettent de réduire l’exposition des personnes prendre en compte les risques côtiers et l’adaptation au et des actifs et de limiter les conséquences négatives. changement climatique. Il est également essentiel d’élaborer des systèmes BIBLIOGRAPHIE de récupération post-catastrophe en amont, avant la survenue de catastrophes. GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) (2013). « Résumé à l’intention des décideurs. » Dans L’impact du changement climatique sur les dynamiques Changements climatiques 2013 : Les éléments scientifiques. du littoral est complexe, mais les projections prévoient Contribution du groupe de travail I au cinquième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur au moins deux effets particulièrement négatifs : l’impact l’évolution du climat. T. F. Stocker, D. Qin, G.-K. Plattner, M. direct de l’élévation du niveau de la mer sur le littoral, et Tignor, S. K. Allen, J. Boschung, A. Nauels, Y. Xia, V. Bex, et l’impact indirect de l’aggravation des effets des surcotes P.M. Midgley. Cambridge, Cambridge University Press. de tempête sur les inondations côtières. D’ici 2100, le Banque mondiale (2012). Le futur de l’eau dans les villes africaines : niveau moyen de la mer devrait s’élever de 26 à 63 cm pourquoi gaspiller l’eau ? Washington, DC. Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (« WACA » en anglais) est une plateforme de mobilisation visant à assister les pays ouest-africains à gérer de façon durable leur littoral et à renforcer la résilience socio-économique aux effets du changement climatique. Ce programme vise également à faciliter l’accès des pays qui y participent à l’expertise technique et aux ressources financières. www.worldbank.org/waca 4/2016