MÉMORANDUM ÉCONOMIQUE DE MADAGASCAR BÂTIR SUR LES SUCCÈS RÉCENTS UNE ÉCONOMIE PLUS RÉSILIENTE © 2020 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW, Washington, DC 20433 Téléphone : 202-473-1000; Web : www.worldbank.org Cet ouvrage a été établi par les services de la Banque mondiale avec la contribution de collaborateurs extérieurs. Les observations, interprétations et conclusions exprimées dans cet ouvrage ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil des Administrateurs ou des gouvernements que ceux-ci représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données présentées dans cet ouvrage. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations figurant sur les cartes du présent ouvrage n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. Aucune des dispositions précédentes ne constitue et ne peut être considérée comme une limite ou une renonciation à quelconque des privilèges et immunités de la Banque mondiale. Tous lesdits privilèges et immunités de la Banque mondiale sont expressément réservés. REMERCIEMENTS i Remerciements Ce rapport a été préparé par une équipe de la Banque mondiale dirigée par Natasha Sharma (Economiste principale et Chargée du Projet, EA1M1) et composée d’une équipe de base comprenant les personnes suivantes : Faniry Razafimanantsoa (Economiste, EA1M2), Alex Sienaert (Economiste principal, CROCR), Asif Mohammed Islam (Economiste principal, MNACE), Carolin Geginat (Chef de programme EFI, EA1DR), Roberto Echandi (Spécialiste principal du secteur privé, ETIRI), Gabriela Schmidt (Economiste, EA1M2), Marc Stocker (Economiste principal, EA1M2), Guillermo Carlos Arena (Economiste, ETIRI), John Keyser (Economiste principal, EA1M2), Gabriel Boc (FAO), Ghada Elabed (Economiste agricole, SAGGC), Sara Nyman (Economiste principale, ETICI), Maciej Adam Drozd (Economiste, ETICI), Neelam Verjee (Operations Officer, GTFSA), Cécile Giraud Kappen (Consultante en secteur privé, EA1M2), Prisca Mamitiana (Consultante, EA1M2), Charlotte Keijser (Consultante Informatique/BPO), Lalaina Randrianarison (Consultante en agriculture, EA1F2), Ivan Crouzel (Consultant en politique), Lira Rajenarison (Spécialiste du secteur public, EA1G2) et Krishna Oolun (Consultant en télécommunications, IDD02). L’équipe de pays élargie a apporté des contributions précieuses, notamment : Eneida Fernandes (Spécialiste principale du secteur privé, EA1F2), Tiago Peixoto (Spécialiste principal du secteur public, EA1G2), Noro Aina Andriamihaja (Spécialiste principale du secteur financier, EA1F2), Djibrilla Adamou Issa (Spécialiste principale du secteur financier, EMNF1), Justine White (Spécialiste du secteur privé, EA1F2), Giuseppe Fantozzi (Spécialiste agricole principal, SAFA2), Tom Bundervoet (Économiste principal, EA1PV), Laura Rawlings (Spécialiste principal de la protection sociale, HAFS1), Maud Juquois (Économiste principale de la santé, HAFH1) Voahirana Hanitriniala Rajoela ( Spécialiste principale de la santé, HAFH1), Peter Holland (Chef de programme, HAFE3), Atsushi Iimi (Économiste principal, IAFT2), Erik Reed (Spécialiste gestion des ressources naturelles, SAFE3), Martin Luis Alton (Spécialiste en secteur financier, EFNRF), Joern Huenteler ( Spécialiste de l’énergie, IAFE1), et Raymond Bordeaux (Directeur des Opérations, AFCS2), ainsi que Noro Hajalalaina Rasoloarimanana Andriamihaja (Assistante d’équipe, AFMMG), Todimalala Volasoa Razafiarimbola (Temporaire, AFMMG) et Rondro Malanto Rajaobelison (Assistante de programme, AFMMG) qui ont apporté leur soutien administratif. L’équipe souhaite remercier les membres du comité de lecture pour leurs conseils : Antonio Nucifora (Directeur sectoriel, ETIRI), Ian John Douglas Gillson (Economiste en chef, ETIRI), Michael Joseph Ferrantino (Economiste en chef, ETIRI), Dina Umali-Deininger (Directeur sectoriel, SEAAG), Irina Schuman (Economiste principale en agriculture, SAFA2) , Jean Claude Randrianarisoa (Agrifood Consulting International), Julio Revilla (Economiste principal, CROCR), Mombert Hoppe (Economiste principal, EEAM1) et Satyam Ramnauth, ancien Directeur de l’IFC à Madagascar. L’équipe souhaite exprimer sa gratitude envers le Gouvernement de Madagascar pour son aide dans le cadrage des travaux, le partage des données, l’apport de contributions et l’examen des premières séries de recommandations. Les principales institutions homologues ont été le Ministère de l’Économie et des Finances, la Banque Centrale, le Ministère de l’Industrie et du Commerce, le Ministère des Télécommunications, le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM) et la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS). L’équipe remercie les quelque 150 représentants du secteur privé et des ambassades qui ont généreusement donné de leur temps. Ce rapport a bénéficié d’un appui financier de la Facilité fiduciaire globale pour le commerce qui est grandement apprécié. Le rapport a été préparé sous la direction et la supervision générales de Mark Lundell (Directeur pays, AFCS2), Coralie Gevers (Country Manager, AFCF2) et Mathew Verghis (Directeur sectoriel, EA1M2). L’équipe exprime aussi sa gratitude à Litera pour les services de traduction, Cybil Maradza pour l’édition et Diana Styvanley (Chargée de communication, AFREC) pour les supports à la communication. ii TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS i RÉSUMÉ EXÉCUTIF ix A. Le retour d’une croissance économique soutenue et de la stabilité politique offre un cadre favorable à la réduction de l’extrême pauvreté x B. Les secteurs axés sur l’exportation, où l’on trouve des entreprises hautement performantes, contribuent de manière significative à la croissance x C. L’amélioration de la connectivité, du capital humain, et du cadre des affaires, ainsi que l’adoption de nouvelles technologies dans le secteur agricole sont des éléments déterminants pour réaliser le potentiel économique du pays xii (i) Accélérer la réalisation d’infrastructures et renforcer la compétitivité de la prestation de services xii (ii) Inverser le déclin du capital humain pour que la main-d’œuvre soit prête à répondre aux besoins d’un secteur privé en évolution xiv (iii) L’uniformisation des règles du jeu et l’amélioration du cadre institutionnel sont importantes pour encourager l’investissement privé xvi (iv) Encourager l’adoption de nouvelles technologies pour permettre à différents secteurs, et notamment l’agriculture, de réaliser leur potentiel économique xvii D. Conclusion et priorités de réforme xix ABRÉVIATIONS & ACRONYMES xxv 1 INTRODUCTION - DÉFINITION DU CONTEXTE 1 A. Contexte : baisse des revenus et vulnérabilité aux chocs économiques et politiques 2 B. Un rebond économique mais une transformation structurelle qui n’est que naissante 5 C. Mobiliser le commerce et l’investissement pour s’engager dans des secteurs à plus grande productivité 8 D. Promouvoir la productivité du secteur agricole 10 E. Importance d’instaurer des conditions de concurrence équitables pour soutenir la croissance et promouvoir la productivité 11 F. Cadre du Mémorandum économique de Madagascar - Performance actuelle et perspectives futures 12 G. Organisation du Mémorandum économique de Madagascar et méthodologie 13 2 LES DÉTERMINANTS DE LA CROISSANCE À LA LONG TERME À MADAGASCAR : MAIN-D'OEUVRE, CAPITAL ET PRODUCTIVITÉ 16 iii Table des matières A. Introduction 17 B. Moteurs de croissance à long terme : la dépendance aux intrants (main-d’œuvre et capital) l’emporte sur les gains de productivité 17 (i) Main-d’œuvre 18 (ii) Investissement 28 (iii) Productivité et innovation 38 C. Durabilité de la croissance 40 D. Conclusion 41 3 TIRER PARTI DU COMMERCE ET DES INVESTISSEMENTS À MADAGASCAR - ANALYSE APPROFONDIE DE TROIS SECTEURS PERFORMANTS 43 A. Introduction 44 B. Performance commerciale de Madagascar - Domination de secteurs hautement performants 46 C. Secteurs performants : Expliquer la croissance et mettre à profit les opportunités 53 (i) Secteur analysé : l’agroalimentaire 55 (ii) Secteur analysé : textile & confection 60 (iii) Secteur analysé : les IT-BPO 64 D. Enseignements tirés et recommandations politiques 67 4 SAISIR LES OPPORTUNITÉS DE CROISSANCE INCLUSIVE DE L'AGRICULTURE 71 A. Introduction 72 B. Production agricole 73 C. Commercialisation et stockage de la récolte 74 (i) Exploitation agricole - le début de longues chaînes de commercialisation non concurrentielle 74 (ii) Collecteurs – marché légèrement plus compétitif mais toujours non performant 75 (iii) Accès au stockage – un moyen pour les producteurs de s’approprier une plus grande part de la valeur totale du riz qui nécessite, toutefois, des réformes 78 (iv) L’agriculture contractuelle peut davantage promouvoir la participation des petits exploitants au marché et l’amélioration des cultures 81 D. Transport et transformation de la récolte 84 (i) Les coûts de transport font augmenter les frais généraux et réduisent la compétitivité 84 E. Politiques commerciales 86 (i) Il est nécessaire d’améliorer l’efficacité pour que le riz produit dans le pays puisse concurrencer le riz importé 86 (ii) L’application inégale d’une interdiction d’exportation de riz est contre-productive 86 (iii) La capacité à exporter du riz ordinaire dépend de l’amélioration de l’efficacité 87 F. Informations sur le marché 89 G. Priorités politiques et d’investissement pour une trajectoire de croissance agricole plus inclusive 90 5 S'ATTAQUER AUX PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES 93 A. Introduction 94 B. Concentration du marché et pratiques commerciales anticoncurrentielles 95 C. Obstacles à la concurrence dans des secteurs clés - Analyse approfondie 97 (i) Secteur analysé : les télécommunications 97 (ii) Secteur analysé : les produits pétroliers 101 iv Table des matières (iii) Secteur analysé : Litchi 105 (iv) Secteur analysé : Vanille 107 D. Options politiques et réformes visant à lutter contre les comportements anticoncurrentiels 110 (i) Réformes sectorielles spécifiques 110 (ii) Réformes à l’échelle de l’économie 111 6 RÉSUMÉ DES RÉFORMES 113 A. Introduction 114 B. Voies à suivre pour améliorer la croissance inclusive 114 BIBLIOGRAPHIE 124 LISTE DES FIGURES v Figure 1 : La croissance de l’économie n’arrive pas à suivre la croissance démographique depuis 1960… 3 Figure 2 : Le PIB par habitant suit une tendance globale à la baisse (en USD constants de 2011) 3 Figure 3 : Madagascar est l’un des rares pays au monde dont le PIB par habitant est inférieur à ce qu’il était en 1960. 3 Figure 4 : Par rapport à la moyenne de l’ASS, le PIB par habitant est en baisse (en USD constants de 2010) 3 Figure 5 : Les périodes de forte croissance économique ont été ponctuées de profonds ralentissements… 5 Figure 6 : … dont la dernière (crise politique de 2009) qui a généré d’importantes pertes de production. 5 Figure 7 : Les secteurs et services à vocation exportatrice contribuent de manière importante à la croissance. 6 Figure 8 : L’agriculture a absorbé la grande majorité des nouveaux travailleurs… 8 Figure 9 : … tandis que les autres secteurs ont davantage contribué à la croissance de la production, tandis que la valeur ajoutée dans le secteur de l’agriculture a presque stagné. 8 Figure 10 : Depuis 2014, les exportations nettes et les investissements sont les principaux contributeurs à l’accélération progressive de la croissance de la demande agrégée. 9 Figure 11 : La part de contribution du secteur agricole à la valeur ajoutée est en baisse et les taux de croissance sont volatiles. 11 Figure 12 : La production de paddy est étroitement liée à la croissance agricole. 11 Figure 13 : Depuis 2000, la croissance dépend davantage des intrants (main-d’œuvre et capital) que de l’amélioration de la productivité. 18 Figure 14 : Madagascar a un taux d’activité relativement élevé 19 Figure 15 : La prévalence généralisée du travail informel et du sous-emploi fait que les pairs ont des niveaux de productivité supérieurs à celui de Madagascar. 20 Figure 16 : Madagascar a l’un des niveaux de rémunération les plus bas par rapport à ses pairs, ce qui attire les investisseurs mais en même temps dissuade les talents de rester. 20 Figure17 : Madagascar a l’un des niveaux de rémunération les plus bas même en tenant compte du niveau de productivité 20 Figure 18 : La création d’emplois formels est menée par quelques secteurs. 21 Figure 19 : Les secteurs qui contribuent à la croissance ont également les taux de création d’emplois les plus élevés. 21 Figure 20 : Pollution lumineuse en 2012 22 Figure 21 : Pollution lumineuse en 2018 22 v Table des matières Figure 22 : Evolution majeure de l’éclairage de nuit à Madagascar entre 2012 et 2018 et création d’emplois formels 22 Figure 23 : L’indice de capital humain de Madagascar est parmi les plus bas au monde. 23 Figure 24 : Compte tenu du niveau de revenu de Madagascar, son taux de retard de croissance est l’un des plus élevés au monde. 23 Figure 25 : Les dépenses totales dans la santé sont parmi les plus faibles au monde. 24 Figure 26 : Les dépenses totales pour l’éducation sont également parmi les plus faibles au monde. 24 Figure 27 : La population de Madagascar est jeune. 27 Figure 28 : Un taux de dépendance en baisse indique la possibilité de récolter un dividende démographique. 27 Figure 29 : Les entreprises où des femmes occupent des postes de direction ont une productivité du travail plus élevée. 28 Figure 30 : La croissance annuelle de l’emploi et de la productivité du travail est également supérieure quand des femmes occupent des postes de direction. (%) 28 Figure 31 : La volatilité du financement de l’investissement public est en fonction du volume net de l’aide publique au développement. 29 Figure 32 : Le financement de l’investissement est en fonction du volume net de l’aide publique au développement. 29 Figure 33 : Les entreprises à Madagascar enregistrent des pourcentages de pertes sur ventes parmi les plus élevés au monde à cause des coupures de courant. (%) 30 Figure 34 : 70 pour cent des routes revêtues sont en bon état tandis que 70 pour cent des routes non revêtues sont en mauvais état. 32 Figure 35 : L’Indice d’accès rural à Madagascar montre que seulement 11,4 pour cent de la population a accès à un réseau routier en bon état. 32 Figure 36 : Madagascar obtient l’une des scores les plus faibles pour les infrastructures de transport 33 Figure 37 : La perception de l’efficacité de la gouvernance à Madagascar est parmi les plus faibles par rapport aux pairs. 37 Figure 38 : Les grandes entreprises présentent une plus grande croissance de l’emploi. 39 Figure 39 : Les entreprises en relation avec la finance présentent une croissance de l’emploi plus forte. 39 Figure 40 : Le classement de Madagascar à l’Indice mondial de l’innovation est supérieur à celui des pays pairs. 40 Figure 41 : Madagascar présente l’un des taux de croissance des exportations les plus élevés et l’un des secteurs d’exportation les plus importants 46 Figure 42 : Les exportations malgaches ont de plus fortes chances de survie que celles des pays pairs 46 Figure 43 : Les exportations de marchandises sont en essor, l’agroalimentaire et la confection affichant une performance particulièrement bonne. 47 Figure 44 : Les exportations de services liés aux télécommunications augmentent rapidement. 47 Figure 45 : Les entrées d’IDE sont relativement élevées et en hausse. 48 Figure 46 : La confection et diverses industries agroalimentaires connaissent des pics d’exportations (2017). 51 Figure 47 : Madagascar a un avantage comparatif révélé dans le textile & la confection et l’agroalimentaire. 51 Figure 48 : Avant 2009, les exportations malgaches étaient en grande partie destinées à l’UE et aux États-Unis. 53 Figure 49 : Depuis 2009, d’autres marchés d’Asie gagnent en importance, même si l’UE et les États-Unis restent les principales destinations 53 Figure 50 : Madagascar présente un environnement des affaires difficile. 54 vi Table des matières Figure 51 : Le raccordement à l’électricité et l’obtention des permis de construire sont particulièrement problématiques. 54 Figure 52 : Les IDE ont été attirés par la disponibilité d’intrants uniques à Madagascar. 56 Figure 53 : Mais la croissance future est restreinte par le faible accès à l’électricité et les contraintes de gouvernance. 56 Figure 54 : Madagascar présente l’un des niveaux les plus élevés de participation aux exportations de chaînes de valeur mondiales d’Afrique subsaharienne, mais sa performance est inférieure à celle de ses pairs aspirationnels d’Asie. 61 Figure 55 : Les sources d’avantages comparatifs du secteur du textile comprennent le coût réduit de la main-d’œuvre et l’accès à des marchés préférentiels. 62 Figure 56 : Cependant, la poursuite de la croissance est limitée par l’instabilité politique et le coût élevé de l’électricité. 62 Figure 57 : Les IDE ont été attirés par la disponibilité de main-d’œuvre abordable et l’accès à l’Internet haut débit 65 Figure 58 : Mais la poursuite de la croissance est limitée par le niveau élevé des coûts et la disponibilité d’une main-d’œuvre disposant de l’expertise nécessaire 65 Figure 59: Composition illustrative du prix du riz produit en système de riziculture intensive, décortiqué et vendu à Antananarivo après cinq mois de stockage en zone rurale à la charge du collecteur 76 Figure 60: Prix moyens de transport sur de longues distances à Madagascar et dans les pays de comparaison (centime d’USD par tonne par kilomètre) 85 Figure 61: Par rapport aux pairs aspirationnels, l’intensité de la concurrence locale est perçue comme étant faible … 95 Figure 62: … et les marchés malgaches sont perçus comme dominés par une poignée d’entreprises 95 Figure 63: Le prix de l’Internet haut débit fixe est relativement élevé à Madagascar 98 Figure 64: … tandis que la pénétration et l’accès aux services cellulaires et internet sont relativement faibles 98 Figure 65: Telma est présente dans tous les segments de la chaîne de valeur du haut débit à Madagascar 99 Figure 66: Le prix du Kérosène est plus élevé à Madagascar et figure parmi les plus élevés d’Afrique et d’autres grandes destinations 102 Figure 67: Les coûts combinés de transport, de stockage, de distribution ainsi que les marges étaient jusqu’à récemment les plus élevés à Madagascar par rapport aux pays de référence 102 Figure 68: Structure du marché pétrolier 104 Figure 69: Représentation graphique de la chaîne de valeur pour l’exportation de litchi 106 Figure 70: Chaîne de valeur de la vanille d’exportation 108 LISTE DES TABLEAUX vii Tableau 1: Résumé des principales problématiques et des réformes proposées xx Tableau 2: Madagascar passe par une transformation structurelle naissante, la part de travailleurs hors du secteur agricole étant en augmentation. 7 Tableau 3: Quelques indicateurs économiques et financiers à Madagascar : 2008-2019 35 Tableau 4: Coûts financiers et revenus du riz vendu immédiatement après la récolte 74 Tableau 5: Valeurs indicatives des coûts de la valeur ajoutée, des bénéfices et des taux de rendement du riz décortiqué SRI vendu à Antananarivo après cinq mois de stockage en milieu rural aux frais du collecteur pendant le groupage (prix du kilo du riz décortiqué, en MGA) 77 vii Table des matières Tableau 6: Part des petits exploitants sur le total des bénéfices disponibles de la production agricole, récupérées à chaque étape de la chaîne de valeur à Madagascar et dans les pays de comparaison 78 Tableau 7: Valeurs indicatives des coûts de la valeur ajoutée, des bénéfices et des taux de rendement du riz décortiqué SRI vendu à Antananarivo après cinq (5) mois d’entreposage en milieu rural aux frais des agriculteurs (par kilo de riz décortiqué, en MGA) 79 Tableau 8: Calculs indicatifs de la parité régionale pour le riz ordinaire de Madagascar et du Pakistan sur les marchés d’exportation régionaux (USD par tonne) 88 Tableau 9: Résumé des principales réformes et des impacts attendus 118 LISTE DES ENCADRÉS viii Encadré 1: Il existe différents types d’IDE 48 Encadré 2 : Bonnes pratiques dans l’agroalimentaire : Groupement des acteurs du cacao de Madagascar 59 Encadré 3: Encourager la confiance des investisseurs par des moyens alternatifs de règlement des litiges (ARL) 68 Encadré 4: Tirer des enseignements des expériences d’autres pays : Comment le Sénégal et le Vietnam ont réussi sur les marchés intérieurs du riz 83 viii RÉSUMÉ EXÉCUTIF ix Résumé exécutif A. Le retour d’une croissance de 1,90 USD, à parité de pouvoir d’achat. économique soutenue et de la Les niveaux d’informalité¹ étant élevés et stabilité politique offre un cadre le sous-emploi généralisé, l’agriculture de favorable à la réduction de subsistance domine, absorbant environ 75 l’extrême pauvreté pour cent de la population active qui n’a que peu d’opportunités d’emplois productifs. Une 1. Madagascar est en phase d’expansion telle situation limite la possibilité de relever de économique et a connu une transition politique manière durable les revenus et d’échapper à la pacifique en 2019, ce qui donne au pays une pauvreté. Dans ce contexte, le Mémorandum base solide pour parvenir à une trajectoire économique de Madagascar s’appuie sur les de croissance plus inclusive et durable. Avec données factuelles pour éclairer les politiques son Plan d’Emergence, le Gouvernement visant à concrétiser les opportunités d’une s’est donné une vision ambitieuse pour libérer croissance productive, inclusive et durable.² le potentiel de croissance de Madagascar et d’en faire profiter le plus grand nombre. B. Les secteurs axés sur L’économie est en expansion depuis six l’exportation, où l’on trouve années consécutives, avec une croissance des entreprises hautement estimée avoisinant les 5 pour cent en 2018 et performantes, contribuent de 2019. La transition politique pacifique après manière significative à la croissance les élections présidentielles de 2018-19 est une étape importante dans l’histoire politique 3. L’économie malgache est en transition, mais du pays et pose les bases qui permettront le secteur formel doit encore se développer. de s’attaquer à des problématiques de Si l’on compare la situation de Madagascar gouvernance profondément ancrées. aujourd’hui et en 2012, on constate que des zones géographiques situées hors des trois 2. L’objectif de ce Mémorandum économique plus grandes villes (Antananarivo, Mahajanga, de Madagascar est d’éclairer le dialogue et Fianarantsoa) se sont développées. Bien politique sur la manière de mettre à profit que ces évolutions soient encourageantes, le potentiel de croissance inclusive du pays. l’économie formelle reste de petite taille. Au Madagascar est l’un des rares pays au monde rythme actuel de création d’emploi, un peu à avoir connu une baisse durable du revenu moins d’un nouveau venu sur le marché du moyen par habitant sur une longue période, travail sur douze trouvera un emploi formel dans puisque celui-ci est aujourd’hui inférieur à son le secteur privé.³ En outre, de vastes parties du niveau lors de l’indépendance en 1960. Fait pays, en particulier dans le sud-est, restent inacceptable, on estime que 77,6 pour cent isolées et ont un faible accès à l’électricité et à de la population vit sous le seuil de pauvreté d’autres infrastructures de base. ¹ Estimé à 93 pour cent en 2012, ce chiffre aurait probablement baissé compte tenu de l'évolution économique récente. ² Le rapport s’appuie sur des sources de données secondaires telles que les données sur l’éclairage de nuit, les données sur l’emploi formel, l’Enquête auprès des entreprises et d’autres produits d'analyse de la Banque mondiale tels que l'Etude diagnostique systématique de pays. Les données primaires ont été collectées par le biais d’une enquête réalisée auprès d’entreprises à fortes performances, d’une analyse de l’économie politique et d’une nouvelle évaluation de la concurrence dans des secteurs clés de l’économie. Le cadrage des travaux a été effectué par une analyse des données et des consultations avec divers intervenants. Un exercice d’analyse comparative a été mené en référence à divers pays pairs qui peuvent être moins performants, des pairs structurels ou des pairs aspirationnels. ³ Données fournies par la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. x Résumé exécutif 4. La participation de la population active à logistique limitée, les exportations se dans les secteurs formel et informel est portent bien. Le ratio exportations/PIB de élevée, avec une forte présence de femmes. Madagascar est passé de 27 pour cent en Le niveau de participation de la main-d’œuvre moyenne sur la période 2010-2013 à 33 dans l’économie formelle et informelle pour cent entre 2014 et 2017, ce qui est l’un est élevé par rapport aux pays pairs qui des taux les plus élevés de la région. Les présentent des caractéristiques similaires en secteurs à vocation exportatrice, tels que termes de niveau d’éducation et de revenu. l’agroalimentaire, les télécommunications, Le taux d’activité des femmes est élevé, avec les industries extractives et les activités dans 86 pour cent d’entre elles participant à des les zones franches d’exportation, auraient activités formelles ou informelles, contre 90 contribué au tiers de la croissance du PIB sur pour cent des hommes. Alors qu’il y a moins la période 2014-2018. En outre, ces secteurs d’entreprises avec des femmes à des postes ont stimulé la croissance grâce à des liens de direction que d’entreprises avec des avec l’économie nationale, notamment les hommes à ces postes, les entreprises privées services aux entreprises et le transport de qui ont des femmes à des postes de direction marchandises, deux secteurs en expansion.⁵ se distinguent par des niveaux plus élevés de productivité et de croissance de l’emploi. 7. Les investissements directs étrangers (IDE) ont également augmenté et ciblent 5. Madagascar présente également des des secteurs performants de l’économie. niveaux relativement élevés d’entrepreneuriat Des secteurs tels que l’agroalimentaire, le et d’innovation. On estime que 22 pour cent textile et l’habillement et l’informatique / de la population active est engagée dans externalisation des processus métiers (IT- l’entrepreneuriat, le pays se classant au 7ème BPO) illustrent bien les avantages comparatifs rang sur 54, juste derrière le Vietnam dans le que Madagascar propose. L’économie groupe des pays à faible revenu.⁴ Madagascar malgache est caractérisée principalement présente également des niveaux d’innovation par la disponibilité de ressources naturelles relativement élevés par rapport aux pays pairs. uniques et de grande qualité (attirant les À mesure que le pays continue de progresser investissements directs à la recherche de dans l’utilisation de nouvelles technologies, y ressources naturelles), une main-d’œuvre compris les services financiers numériques, abordable (francophone, ayant dans certains le potentiel d’innovation et d’entreprenariat cas des compétences avancées telles que devrait s’accroître. l’ingénierie logicielle) et une vitesse de téléchargement exceptionnellement rapide 6. Accélérer la trajectoire de croissance qui figure parmi les 25 meilleures au monde actuelle requiert de développer davantage (attirant les investissements directs à la les secteurs porteurs de l’économie qui recherche d’efficacité). Cette performance sont souvent tournés vers les marchés à souligne l’existence d’une forte demande l’exportation. Bien que Madagascar soit des biens et services fabriqués à Madagascar confronté à des problèmes de connectivité à l’échelle mondiale, ce qui contribue à en tant que grande économie insulaire donner au pays l’un des taux de croissance ⁴ Global Entrepreneurship Monitor a interrogé un échantillon de 24 000 personnes en 2017. ⁵ Les liens en amont des services d'appui aux exportations sont estimés à 24,8 pour cent, tandis que les transports en appui aux exportations sont estimés à 8,9 pour cent, CNUCED, 2011. xi Résumé exécutif des exportations les plus élevés par rapport C. L’amélioration de la connectivité, à ses pairs. En outre, les épisodes de choc du capital humain, et du cadre passés montrent que certaines exportations des affaires, ainsi que l’adoption malgaches ont de meilleures chances de de nouvelles technologies dans le survie par rapport à des produits similaires secteur agricole sont des éléments d’autres pays. déterminants pour réaliser le potentiel économique du pays. 8. Ces secteurs porteurs créent des emplois, résistent aux chocs et entretiennent des (i) Accélérer la réalisation d’infrastructures liens étroits avec d’autres secteurs de et renforcer la compétitivité de la prestation l’économie. Les industries agroalimentaires, de services les zones franches d’exportation (y compris le textile et la confection) et les IT/BPO 9. L’accélération de la réalisation des sont les secteurs où des emplois formels projets d’infrastructures est nécessaire à se créent le plus rapidement, employant l’amélioration de la connectivité et du cadre des personnes en milieu rural, des femmes des affaires. Bien que Madagascar soit un et des jeunes, et offrant des pratiques de grand pays insulaire avec de faibles niveaux travail flexibles. Ces secteurs ont également de connectivité, l’intégration aux marchés fait preuve de résilience face aux chocs mondiaux est forte, comme en témoigne internes sur l’économie (tels que le textile le fait que le pays ait l’un des niveaux de et l’agroalimentaire), soit en diversifiant participation aux chaînes de valeur mondiales leurs produits ou leurs marchés au cours les plus élevés en Afrique, des niveaux de la période de transition politique, soit en comparables avec l’Indonésie et l’Inde. Les s’établissant récemment en tant qu’acteurs infrastructures en cours d’étude devraient économiques (tels que le secteur IT/BPO). renforcer la connectivité et, partant de cela, En outre, ils entretiennent des liens étroits accroître le potentiel de développement avec d’autres éléments de l’économie. Par des échanges commerciaux. Par exemple, exemple, les entreprises agroalimentaires un financement extérieur substantiel est nationales contribuent à répondre à la prévu pour la réhabilitation de routes reliant demande croissante des consommateurs les corridors agricoles à travers le pays. urbains en approvisionnant des chaînes Cependant, les processus d’exécution des de supermarchés. Ces évolutions sont investissements publics financés sur des favorables pour d’autres secteurs, tels que ressources extérieures restent encore à le tourisme, qui pourraient considérablement améliorer. Il faudrait également prévoir des contribuer davantage à la croissance et créer infrastructures logistiques de soutien, y des emplois.⁶ compris dans les ports qui seront accessibles ⁶ Une étude approfondie du tourisme et des industries extractives dépasse le cadre de cette étude. Cette étude a examiné les secteurs qui contribuent déjà à la croissance et ont fait preuve de résilience. Le tourisme sera étudié dans le cadre de l'Etude diagnostique du secteur privé du pays qui est prévue pour l'AF20, et l'industrie minière a déjà fait l'objet d'une analyse approfondie dans le cadre d'un programme d'analyse distinct qui a conclu que davantage d’amélioration de la gouvernance est nécessaire pour développer le secteur. xii Résumé exécutif à travers les nouvelles routes, offrant des pourrait également être modernisé, ce qui possibilités de partenariats public-privé faciliterait le transport des produits locaux (PPP). Il conviendrait également de planifier vers les marchés de consommation urbains l’exploitation et la maintenance des routes ainsi que le développement du tourisme. Ces critiques, en particulier en raison de l’exposition mesures nécessiteraient des infrastructures aux dommages résultant d’intempéries. Ceci d’appui sous forme d’aéroports nationaux et peut inclure un réexamen des sources de de logistique qui pourraient également être financement de l’entretien routier. En outre, développées au moyen de PPP. Les coûts à titre d’action à moyen terme, il pourrait être élevés du kérosène contribuent également envisagé de restructurer la concession de à un transport aérien cher, aussi bien pour le chemin de fer, qui était autrefois un moyen de fret que pour les passagers. Pour remédier à transport de marchandises rentable et moins cette situation, il faudrait ouvrir le marché du coûteux, ainsi que d’améliorer les transports kérosène à la concurrence afin de permettre en commun pour faciliter la circulation dans à différentes entreprises internationales et les zones urbaines. nationales d’être fournisseurs. Ces efforts pourraient donner un élan aux entreprises 10. La révision des accords concernant la à vocation exportatrice qui utilisent le fret concurrence dans le secteur du transport aérien, mais qui préfèrent actuellement les aérien pourrait permettre de faire baisser liaisons via l’île Maurice en raison du moindre les coûts et d’améliorer le transport de coût et de la plus grande fréquence des vols. passagers et de fret. Le renouvellement de l’accord de ciel ouvert partiel pourrait 11. Les coûts élevés et les faibles taux de conduire à de nouvelles dessertes et pénétration de l’Internet haut débit peuvent l’entrée d’autres compagnies aériennes être résolus par des pratiques favorables à dans l’espace aérien malgache.⁷ Le cadre la concurrence, dont au premier rang la mise politique relatif à l’espace aérien national à jour du cadre politique. L’élan donné par le ⁷ L'accord de « ciel ouvert » partiel fait référence aux mesures de protection limitées soutenant Air Madagascar dans le cadre de l'initiative de restructuration au titre de laquelle la compagnie aérienne, qui était une entreprise d'État en faillite, a été privatisée en partie avec un plan de redressement financier. xiii Résumé exécutif nouveau Gouvernement à la réforme de la dont les coûts d’exploitation sont parmi les connectivité à haut débit afin de réduire les plus élevés en Afrique, atteignant plus de 0,30 coûts et améliorer la connectivité, y compris USD/kWh en 2017, ce qui est de 230 pour cent en milieu rural, devrait se poursuivre. Les prix supérieur à la moyenne pondérée régionale. élevés du haut débit contribuent largement Ces coûts élevés sont dûs principalement à de à la faiblesse des taux de pénétration et mauvaises décisions en matière de passation d’accès à Madagascar, ce qui représente un de marché et une transition plus lente que coût d’opportunité important pour l’économie. prévue vers les énergies renouvelables. Malgré Pour atteindre les objectifs dans ce domaine, quelques améliorations, l’approvisionnement il faut promouvoir des pratiques plus en électricité reste peu fiable, contribuant concurrentielles : (i) l’organisme de régulation à une perte de ventes estimée à 13 pour devrait identifier les acteurs ayant une cent, ce qui est nettement supérieur à ce position dominante sur le marché ; (ii) assurer qui est observé dans les pays pairs. Des l’accès des tiers à des installations ayant un projets d’hydroélectricité et d’énergie solaire effet de goulot d’étranglement ; (iii) lever sont en préparation et devraient accroître l’interdiction d’investir dans les infrastructures considérablement l’approvisionnement en dorsales dans les zones susceptibles de faire énergies renouvelables. Cependant, il faut concurrence à l’opérateur déjà en place ; (iv) veiller à ce que ces projets soient sélectionnés réduire les coûts des licences ; (v) attribuer selon une approche au moindre coût, en l’allocation du spectre par voie de mise en fonction de la demande et de la capacité concurrence ; (vi) veiller à ce que le Fonds de paiement, et soient étayés par des d’accès et de services universels soit utilisé études de faisabilité financière, sociale et de manière objective pour réaliser les environnementale. La poursuite des efforts investissements nécessaires en milieu rural ; pour le redressement financier de la JIRAMA, (vii) envisager une éventuelle réglementation notamment par une plus grande transparence asymétrique des tarifs d’interconnexion ; et (viii) du processus d’apurement des arriérés vis-à- améliorer la fonctionnalité et l’indépendance vis des fournisseurs, améliorerait également de l’organisme de régulation. Ces réformes la crédibilité de la société en tant que preneur pourraient entrainer une baisse des prix du d’investissements du secteur privé. haut débit et une pénétration plus importante, ce qui pourrait contribuer à la croissance et (ii) Inverser le déclin du capital humain pour soutenir des secteurs tels que les IT-BPO et que la main-d’œuvre soit prête à répondre le secteur financier. aux besoins d’un secteur privé en évolution. 12. Compte tenu du faible taux d’électrification 13. Le capital humain à Madagascar est en et de la mauvaise santé financière de déclin. Un Malgache né aujourd’hui n’aura à la compagnie d’électricité qui est une l’âge adulte qu’une productivité équivalente entreprise publique, d’importantes réformes à 37 pour cent de ce qu’elle aurait pu être s’il sont en cours et nécessitent un élan soutenu. avait accès complet aux services de santé et à Le coût, la qualité et l’accès à l’électricité l’éducation. Au cours des 20 dernières années, constituent un obstacle majeur à la croissance la contribution du travail à la croissance a à Madagascar. Trois ménages sur quatre n’ont été constante, tous les gains apportés par pas accès à l’électricité, ce qui représente l’un un meilleur niveau d’éducation de la main- des taux les plus bas au monde. L’électricité d’œuvre ayant été supplantés par un taux est fournie par la compagnie d’État, JIRAMA, de croissance élevé de la population. En xiv Résumé exécutif outre, bien que les taux de participation de la les dépenses publiques pour l’éducation et la population active soient élevés, le caractère santé à Madagascar sont parmi les plus faibles informel généralisé et le sous-emploi signifient au monde, ce qui augmente de manière que la population occupe des emplois de faible importante les dépenses à supporter par les qualité, faiblement productifs et offrant des taux ménages. Une amélioration de la capacité de rémunération parmi les plus bas au monde. d’absorption et le renforcement des systèmes de gestion financière pourraient permettre de 14. À mesure que le secteur formel se plaider avec force pour une augmentation développe, il faut donner la priorité à des dépenses dans ces secteurs critiques du l’investissement dans le capital humain développement humain. si l’on veut que la main-d’œuvre puisse accéder à des emplois de qualité. Le secteur 15. L’investissement dans le capital humain privé est disposé à investir dans la formation et le leadership féminin pourraient renforcer professionnelle, mais pour que celle-ci davantage la possibilité pour Madagascar de ait un sens, il faut qu’il y ait de meilleurs réaliser un « dividende démographique ».¹⁰ La résultats en termes d’éducation de base. Les démographie de Madagascar est potentiellement enseignants doivent être recrutés de manière favorable à la croissance et au développement sélective en fonction de leurs compétences, puisque le pays est jeune (41,6 pour cent de la ce qui nécessite d’accélérer les efforts pour population a moins de 15 ans) et que les taux développer une approche holistique de la de fécondité sont en baisse et inférieurs à la formation des enseignants et de la gestion moyenne de l’Afrique subsaharienne. Diverses de carrière dans le secteur public. Bien que approches pourraient être envisagées pour l’élimination des frais de scolarité dans les réduire davantage les taux de fécondité. Il est écoles publiques au début des années 2000 ait important que la procréation soit choisie et permis de doubler le taux d’achèvement des planifiée, mais il convient également d’accorder études, les résultats d’apprentissage restent la priorité à une plus grande participation des mauvais, les enseignants n’étant pas bien femmes au marché du travail et leur accès équipés. Il convient de noter que seul 0,1 pour à des emplois de qualité. S’appuyant sur le cent des enseignants évalués dans le cadre succès confirmé des femmes à des postes de l’enquête sur les Indicateurs de prestation de direction (les entreprises, dans ces cas, de services (IPS)⁸ possède le minimum de ayant des niveaux de productivité du travail et connaissances requis pour enseigner, contre de croissance de l’emploi plus élevés), le fait 14,6 pour cent en moyenne dans les pays de d’encourager davantage les femmes à occuper comparaison.⁹ Améliorer les services de santé des postes de direction peut avoir un effet pourrait également contribuer à réduire le de modèle pour la prochaine génération. Ce retard de croissance dont le taux est élevé à plus grand engagement et cette plus grande Madagascar, tout en améliorant parallèlement autonomisation des femmes peuvent à leur l’accès aux services d’approvisionnement en tour constituer des incitations à la réduction eau et d’assainissement et en promouvant du taux de fécondité, une possibilité qui peut des pratiques parentales positives telles que être exploitée à mesure que le secteur formel l’amélioration de la nutrition. À l’heure actuelle, se développe. ⁸ Education Service Delivery in Madagascar, World Bank, 2016. ⁹ Les pays de comparaison sont la Tanzanie, le Kenya, le Mozambique, le Nigéria, le Togo et l’Ouganda. ¹⁰ Fait référence à la croissance économique résultant d’une modification de la structure par âge de la population. xv Résumé exécutif (iii) L’uniformisation des règles du jeu ainsi qu’une approche prédatrice adoptée et l’amélioration du cadre institutionnel par les entreprises en place qui cherchent sont importantes pour encourager à conserver leur position dominante. En l’investissement privé. conséquence, les barrières à l’entrée sont élevées, qu’elles soient d’ordre réglementaire 16. Madagascar a un environnement des ou non réglementaire. Une telle situation peut affaires difficile, caractérisé par l’absence également compromettre la durabilité de la de règles du jeu équitables. Madagascar se croissance. Ainsi, les acteurs économiques situe au 161ème rang sur 190 dans l’indice Doing qui n’ont pas accès aux élites politiques pour Business, derrière la plupart des pays pairs. La entrer sur les marchés peuvent opérer soit perception de l’intensité de la concurrence parce qu’ils sont engagés dans un secteur est faible et les marchés porteurs largement nouveau qui ne menace pas les opérateurs dominés par une poignée d’entreprises. Ces en place (tel que le secteur IT-BPO), soit en indices de perception reflètent une dynamique payant un prix élevé, soit encore en recourant sociétale plus large, dans laquelle les élites à l’intimidation. économiques et politiques sont étroitement liées, à l’instar de ce que l’on trouve dans 18. Les comportements anticoncurrentiels de nombreux autres pays de la région. La varient selon les secteurs, les risques pouvant période qui a suivi l’indépendance a été suivie être atténués par un cadre réglementaire d’une vague de nationalisation, à laquelle a efficace. Dans certaines entreprises succédé la privatisation, l’État étant devenu agroalimentaires à haute valeur telles que le moins impliqué dans les affaires. Néanmoins, litchi, l’association des exportateurs domine un groupe d’élites a toujours maintenu la la dynamique du marché et fixe les prix. domination de secteurs clés de l’économie. Ce En revanche, pour les autres exportations tableau a été remis en question récemment telles que les légumes et le bétail, les avec l’arrivée de nouveaux entrepreneurs marchés donnent lieu à relativement plus qui ont été capables de développer leurs de concurrence que dans d’autres pays. activités dans un cadre des affaires peu Dans les cas où les chaînes de valeur se sont propice. Cependant, les marchés les plus développées de manière plus inclusive, les rentables restent concentrés entre les mains associations privées d’intérêt public ont joué de quelques opérateurs. un rôle important, ce qui indiquerait que cette approche pourrait être renforcée par un cadre 17. Le contexte de l’économie politique a réglementaire global. En outre, la loi sur la compromis la dynamique de productivité concurrence pourrait être renforcée davantage ainsi que la croissance inclusive et de manière à interdire explicitement les cartels durable. Compte tenu de la faiblesse de et la fixation des prix. La bonne application des l’environnement institutionnel, les entreprises lois à l’échelle de l’économie et à l’échelle de trouvent d’autres moyens de faire des affaires, secteurs spécifiques nécessite de disposer notamment en manipulant les règles et les d’un conseil de la concurrence et d’organismes réglementations, plutôt que de réussir par de réglementation efficaces, capables de une plus grande compétitivité. Cette stratégie coordonner des actions, avec suffisamment peut être considérée comme un mécanisme d’indépendance vis-à-vis des ministères du d’adaptation pour les entreprises cherchant Gouvernement central et de l’influence des à s’ajuster à l’environnement des affaires, opérateurs privés. xvi Résumé exécutif 19. Les améliorations apportées au climat des également dans les politiques agricoles du affaires et à la justice devraient également Gouvernement, qui se concentrent également favoriser la baisse des taux d’intérêt, ce qui sur la filière riz. pourrait faciliter l’accès au financement. Les entreprises ayant des niveaux de productivité 21. L’adoption de meilleures pratiques visant du travail plus élevés sont caractérisées, à améliorer les rendements rizicoles a été entre autres, par leurs accès au crédit. Cette faible, reflétant des contraintes financières, situation ne concerne que 14,5 pour cent un accès au marché limité et un manque des entreprises. Cependant, la majorité des d’information. Diverses mesures ont été entreprises (soit 81,1 pour cent) s’autofinancent encouragées pour améliorer le rendement des ou ne sont pas incitées à solliciter un prêt, l’une cultures, notamment l’utilisation d’intrants tels des principales raisons étant le coût élevé que les engrais et les semences, une meilleure du financement. La réduction des risques utilisation de l’irrigation, le renforcement de devrait contribuer à réduire les taux d’intérêt. la sécurité foncière, l’accès au crédit et les Les principales mesures consisteraient à services de vulgarisation. L’utilisation de ces faire fonctionner efficacement le nouveau technologies et pratiques améliorées peut Bureau d’information du crédit, adopter une donner aux agriculteurs des taux de rendement loi sur les sûretés mobilières pour permettre net plus élevés, le rendement étant estimé à 48 les prêts fondés sur des actifs et améliorer pour cent pour la riziculture intensive irriguée l’infrastructure juridique et l’efficacité du contre 19 pour cent pour la riziculture pluviale. système judiciaire, notamment en rapport à Compte tenu de ces avantages, le système de des questions telles que les procédures de riziculture intensive irriguée (SRI) est répandu crédit et de faillite. dans de nombreux pays producteurs de riz. Cependant, à Madagascar, le SRI couvre à (iv) Encourager l’adoption de nouvelles peine 0,2 pour cent des terres irriguées. Même technologies pour permettre à différents si le SRI est appliqué au stade de la production secteurs, et notamment l’agriculture, de agricole, le taux de rendement est le plus faible réaliser leur potentiel économique (43 pour cent) à ce stade par rapport à tous les autres stades, tels que la collecte (48 pour 20. Bien que Madagascar soit un pays cent), le décorticage et la vente en gros (73 pour producteur et consommateur de riz, le cent) et la vente au détail (280 pour cent). En pays n’a pas été en mesure de produire comparaison, dans les autres pays rizicoles, le suffisamment pour satisfaire ses besoins de taux de rendement au stade de la production consommation et dépend des importations. agricole est beaucoup plus élevé. Compte tenu Le riz est un aliment de base consommé de ces faibles taux de rendement, dans les à chaque repas à Madagascar. Bien que conditions actuelles du marché, le recours à une les conditions climatiques et d’irrigation stratégie de subsistance à faible coût peut avoir semblent favorables, le pays n’a pas été en sa logique économique pour les agriculteurs. mesure de produire suffisamment de riz pour la consommation domestique. Selon les 22. Les problèmes de connectivité ont contribué estimations, environ 20 pour cent seulement à allonger les chaînes de commercialisation du riz cultivé à Madagascar est commercialisé, et à créer des inefficiences sur le marché le reste étant destiné à la consommation intérieur. De nombreux acteurs interviennent directe des agriculteurs. Cette prédominance tout au long de la chaîne de valeur du riz,des du riz dans les habitudes alimentaires se reflète agriculteurs aux détaillants, en passant par xvii Résumé exécutif les collecteurs et les grossistes. Le mauvais compétitifs. Les décideurs politiques manquent état des routes rurales alourdit les coûts également d’informations sur la dynamique du de transport et exacerbe l’éloignement des marché au niveau des districts, l’Observatoire du agriculteurs, qui en conséquence n’ont qu’un riz n’en faisant pas le suivi. Des investissements faible pouvoir de négociation. De plus, les coûts dans des systèmes d’information même de transport augmentent davantage à cause de très simples pour le riz et d’autres cultures l’absence de rizeries régionales. Sachant que constitueraient un bon moyen d’améliorer le rendement du riz usiné à partir du paddy est l’efficacité des marchés, par exemple au moyen de 67 pour cent, même sans investissements de bulletins radio, une activité déjà mise en dans les routes, la création de rizeries régionales œuvre par le passé mais qui a pris fin avec pourrait permettre de réaliser une économie le financement des bailleurs. Pour aller plus de 33 pour cent sur les coûts par tonne lorsque loin, les investissements dans les systèmes le riz est transporté sur de grandes distances. de télédétection permettant de mesurer les Comparé aux principaux corridors agricoles rendements des cultures dans différentes de certains pays pairs, Madagascar présente régions du pays permettraient aux négociants les coûts de transport les plus élevés pour les de savoir où il y a des excédents et aideraient trajets de longue distance. Les efforts visant les décideurs politiques en ce qui concerne les à améliorer la connectivité physique (par investissements dans les infrastructures. exemple, en investissant dans des routes de desserte rurales) pourraient être complétés par 24. Une amélioration de l’efficacité des marchés un rapprochement des agriculteurs du marché intérieurs pourrait renforcer la compétitivité par le biais du système de récépissé d’entrepôt. par rapport au riz importé. Madagascar accorde Un tel système permettrait aux agriculteurs de l’exonération de droits de douanes et de TVA aux produire et de vendre lorsque les prix du marché importations de riz. De même, le riz produit dans sont élevés et aux négociants de positionner le pays n’est pas soumis à la TVA. Bien que le riz leurs stocks dans tout le pays jusqu’à ce qu’ils importé fasse l’objet de fausses déclarations à soient physiquement nécessaires. L’expérience la douane, cette politique de dépenses fiscales des différents pays montre que les systèmes fait partie d’une stratégie plus large d’assistance de récépissé d’entrepôt sont efficaces alimentaire, dans la mesure où tous les groupes lorsqu’ils sont soutenus par une amélioration de revenus achètent du riz importé. Les de l’organisation des agriculteurs, à travers par producteurs nationaux jouissent d’un avantage exemple des coopératives, ce qui n’est pas le comparatif par rapport au riz importé au niveau cas actuellement à Madagascar. de l’exploitation agricole. Cependant, au moment où le riz national passe par le système 23. Un meilleur accès à l’information peut de collecte pour atteindre le grossiste en milieu contribuer à remédier à certaines inefficiences urbain, cet avantage comparatif s’est largement du marché. Même dans les zones proches des amenuisé et les importations peuvent alors principales routes nationales, les agriculteurs et facilement concurrencer l’offre nationale en les sous-collecteurs ont peu de connaissances termes de prix. sur les prix des produits, les préférences des acheteurs ou les opportunités de marché en 25. Un meilleur fonctionnement du dehors de leur zone d’opération immédiate marché national pourrait permettre à et n’ont donc pratiquement aucun moyen Madagascar de devenir un exportateur de de prendre des décisions de production en riz, à condition d’être accompagné d’une plus connaissance de cause et de négocier des prix grande certitude en matière de politique xviii Résumé exécutif commerciale. En augmentant les capacités de cultures spécifiques et de zones de de production et de rendement, Madagascar production localisées qui intéressent le plus pourrait devenir un pays exportateur de les opérateurs contractuels. Madagascar riz, avec un potentiel important sur les a connu bon nombre de réussites dans marchés régionaux de l’océan Indien. Il l’exportation de produits de grande valeur existe actuellement des variétés rizicoles de et il est encore possible de les développer. niche, telles que le riz Dista, qui est destiné Avec un accès aux marchés plus sûr et aux marchés américains et fait actuellement plus rémunérateur, la production des petits l’objet d’une interdiction d’exportation,¹¹ exploitants devrait augmenter pour le riz et à moins d’exceptions accordées à des pour d’autres cultures telles que le maïs, le opérateurs privés spécifiques. L’annulation soja, le manioc, qui sont importantes pour la de cette politique d’interdiction d’exportation sécurité alimentaire. De même, la production pourrait encourager le développement de animale et la transformation agro-alimentaire cette variété rizicole de niche et offrir une plus devraient également se développer. grande prévisibilité dans l’environnement opérationnel. Pour que le riz blanc malgache D. Conclusion et priorités de réforme ordinaire soit compétitif sur les marchés régionaux (Océan Indien, SADC et COMESA), 27. Pour libérer le potentiel économique les préférences tarifaires ne suffisent pas de Madagascar, des pratiques plus : il est également nécessaire d’apporter concurrentielles devraient être encouragées les mêmes améliorations sous-jacentes dans un grand nombre de secteurs. Le qui affectent la compétitivité des marchés renforcement de la concurrence pourrait intérieurs du riz. contribuer à réduire les coûts, améliorer la productivité et promouvoir la qualité. 26. Avec un meilleur accès aux marchés, on La promotion d’opportunités pour faire pourrait s’attendre à ce que les agriculteurs concurrence sur le marché grâce à une main- aient une plus grande demande pour des d’œuvre mieux préparée et au rapprochement semences améliorées et des engrais et qu’ils des agriculteurs aux marchés contribuera soient davantage disposés à payer pour également à une croissance plus inclusive. l’entretien des infrastructures d’irrigation. Un résumé des principales contraintes et Jusqu’ici, l’agriculture contractuelle a été des réformes proposées dans ce rapport le principal moyen de relier les agriculteurs est présenté ci-dessous, selon les thèmes aux marchés et d’améliorer l’accès aux suivants : (i) connectivité ; (ii) investissement intrants. Il est important de continuer de dans le capital humain ; (iii) uniformisation soutenir l’agriculture contractuelle, mais il des règles de jeu ; et (iv) amélioration de la est également nécessaire de rechercher productivité agricole. Les réformes déjà en des solutions plus larges allant au-delà cours sont également indiquées. ¹¹ L'interdiction d'exporter a été introduite à la suite de la hausse du prix des produits alimentaires en 2008 dans le cadre des efforts déployés par Madagascar pour atteindre l'autosuffisance alimentaire. Cependant, elle n'a pas été annulée une fois les prix normalisés. xix Résumé exécutif Tableau 1: Résumé des principales problématiques et des réformes proposées Principales problématiques Réformes proposées Renforcement Il existe un ensemble de projets portant sur • Renforcer la capacité d’exécution de de la connectivité les routes nationales (financées en grande projets d’investissement à financement partie par des fonds extérieurs), mais la mise externe (en cours) en œuvre n’a pas suivi le rythme prévu. • Envisager de nouvelles sources de financement pour l’exploitation et la maintenance (comme le stationnement, l’enregistrement des véhicules et les frais d’inspection) (nouveau) • Améliorer le système de transport en commun pour faciliter l’accès aux emplois (en cours) Le transport aérien est important pour le • Revoir la politique de ciel ouvert partiel transport de fret et de passagers, mais les tarifs (après 2020) pour accroître les dessertes sont élevés et les itinéraires sont restreints. vers Madagascar (partiellement en cours) • Ouvrir le marché du kérosène à la concurrence afin de réduire les coûts des tarifs passagers et du fret (nouveau) La vitesse de l’internet haut débit est rapide, • Réduire les obstacles réglementaires et mais les coûts sont élevés et la connectivité non réglementaires aux investissements rurale est faible. (il y a un élan en faveur de la réforme du secteur, mais les réformes sont nouvelles) • L’organisme de régulation doit identifier les acteurs ayant une position de marché dominante ; • Assurer l’accès des tiers aux installations ayant un effet de goulot d’étranglement ; • Mettre fin à l’interdiction d’investir dans les infrastructures dorsales dans les zones susceptibles de faire concurrence à l’opérateur déjà en place ; • Réexaminer les coûts des licences ; • Promouvoir l’attribution du spectre par voie de mise en concurrence ; • Veiller à ce que tous les opérateurs puissent être pris en compte de manière juste et objective au titre du Fonds d’accès et de service universel ; • Envisager une éventuelle réglementation asymétrique des tarifs d’interconnexion pour donner une meilleure chance aux xx Résumé exécutif Principales problématiques Réformes proposées petits opérateurs ; et • Améliorer la fonctionnalité et l’indépendance de l’organisme de régulation, notamment en renforçant sa collaboration avec le Conseil de la concurrence Les taux d’électrification sont bas et • Sélectionner des projets hydroélectriques l’approvisionnement en énergie n’est pas fiable. sur la base du moindre coût, étayés par des études de faisabilité financières, sociales et environnementales (en cours) • Poursuivre les améliorations apportées à la JIRAMA pour avancer vers son redressement financier (en cours) • Améliorer le recouvrement des recettes • Réduire les pertes non techniques • Promouvoir une plus grande transparence dans la renégociation des arriérés • Appliquer une politique tarifaire bien définie (en préparation) Investir dans le Les programmes de formation professionnelle • Le secteur public doit promouvoir une capital humain ne répondent pas aux besoins du secteur privé. bonne coordination des programmes de formation professionnelle afin d’éviter les initiatives occasionnelles et fragmentées. (nouveau) Le fait que les femmes occupent des postes • Promouvoir les femmes dans des de direction est corrélé à une plus grande rôles de responsabilité croissante productivité du travail et une plus forte et encourager les modèles de rôles croissance de l’emploi dans les entreprises. féminins (nouveau) Les enseignants manquent des compétences • Développer une approche holistique de et des qualifications nécessaires pour la formation des enseignants et de la améliorer les résultats d’apprentissage de la gestion de carrière (en cours) prochaine génération. Renforcer la qualité de la prestation des • Améliorer la formation des agents de services de santé. santé et de nutrition communautaires (en cours dans certaines zones) • Accroitre l’adoption des soins prénatals au cours des trois premiers mois de grossesse (en cours dans certaines zones) xxi Résumé exécutif Principales problématiques Réformes proposées • Améliorer le suivi et la gestion du système de santé (certaines interventions en cours dans des certaines zones, notamment le suivi de la disponibilité en stock de médicaments traceurs dans les centres de santé de base) Réduire le retard de croissance afin que les • Améliorer l’accès aux services d’eau et citoyens soient en bonne santé et productifs. d’assainissement (en cours) • Promouvoir des pratiques parentales positives (telles que l’allaitement maternel), y compris en rapport à la nutrition (en cours) Uniformiser les Les règles et les réglementations sont • Renforcer la justice commerciale, règles du jeu manipulées pour accéder aux marchés et notamment en recourant au Centre conserver cet accès, ce qui entraîne des d’arbitrage et de médiation (processus pratiques déloyales. en cours mais perte de l’élan) • Continuer à renforcer les contrôles douaniers (en cours) • Éviter les pratiques fiscales discrétionnaires en limitant l’utilisation des dépenses fiscales, notamment en publiant les critères d’attribution (réformes engagées mais dépenses fiscales en augmentation) • Soutenir les processus de passation des marchés par voie électronique et les normes de passation de marché ouvertes (élan pour la réforme mais relativement nouveau) • P r o m o u vo i r une plus grande transparence dans le recrutement des membres du conseil d’administration des agences de régulation et des entreprises publiques (mise en œuvre non uniforme) • Renforcer la loi sur la concurrence afin d’interdire les comportements cartelistiques et éliminer le contrôle des prix (nouveau) • Soutenir un cadre pour les associations privées d’intérêt public (en s’appuyant sur l’exemple du cacao) (nouveau) xxii Résumé exécutif Principales problématiques Propo Réformes proposées sed reforms L’accès au financement est important pour la • Améliorer l’infrastructure de crédit, y productivité du travail des entreprises mais compris la mise en œuvre d’un bureau les taux d’intérêt sont élevés d’information du crédit (en cours) • Autoriser les prêts reposant sur des actifs par l’adoption de la loi sur les sûretés mobilières (en cours) • Améliorer l’infrastructure juridique et l’efficacité du système judiciaire afin de réduire les risques répercutés aux consommateurs sous forme de taux d’intérêt élevés (en cours mais mise en œuvre non uniforme) Les investisseurs sont confrontés à des • Appliquer l’Accord sur la facilitation procédures compliquées et à des obstacles des échanges et les mesures non tarifaires coûteux. d’appui, notamment une plus grande transparence sur les obstacles non tarifaires, des procédures simplifiées pour les investisseurs et un examen approfondi des incitations fiscales et réglementaires existantes (en cours mais mise en œuvre non uniforme) • Identifier et éliminer les exigences discriminatoires et rationaliser les procédures pour les investisseurs, y compris les visas et les permis de travail pour expatriés, et développer des programmes de suivi des investisseurs (mise en œuvre en cours mais inégale) Améliorer la Les petits exploitants sont déconnectés des • Développer les routes de desserte (y productivité infrastructures critiques telles que les routes compris par le biais de mécanismes de agricole de desserte et les mécanismes de transport. financement décentralisés) (nouveau) • Développer des rizeries régionales qui réduiront les coûts de transport et rapprocheront les agriculteurs des marchés (ralentissement de l’élan) • Réformer le système de récépissé d’entrepôt afin de donner plus de flexibilité en termes de période de retrait et de commercialisation (nouveau) Les agriculteurs et les décideurs n’ont pas • Pour permettre aux agriculteurs de accès aux informations qui favoriseraient de participer davantage à la négociation xxiii Résumé exécutif Principales problématiques Propo Réformes proposées sed reforms meilleures décisions. des prix, favoriser un meilleur accès à l’information sur les prix du riz et d’autres cultures (nouveau) • Investir dans des systèmes de télédétection pour aider à évaluer les rendements des cultures à travers le pays (nouveau) Le manque d’uniformité dans l’application • Annuler l’interdiction d’exporter du riz de l’interdiction d’exportation crée une Dista, un riz de niche haut de gamme incertitude pour les exportateurs et (nouveau) décourage le développement de riz de niche haut de gamme. xxiv Acronymes et abréviations ACRONYMES ET ABRÉVIATIONS ARL Alternatif de règlement des litiges AGOA Loi sur les croissances et les opportunités en Afrique (African Growth and Opportunities Act) ARTEC Autorité de Régulation des Technologies de Communication Regulatory ASS Afrique Sub Saharienne BIANCO Bureau Indépendant Anti-Corruption CECAM Caisse d'Epargne et de Crédit Agricole Mutuels CNaPS Caisse Nationale de Prévoyance Sociale COMESA Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Common Market for Eastern and Southern Africa) CPIA Evaluation des politiques et institutions nationales (Country Policy and Institutional Assessment) CVM Chaînes de valeur mondiale IDE EAC Communauté de l'Afrique de l'Est (East Africa Community) EDBM Agence de promotion des investissements à Madagascar (Economic Development Board of Madagascar) GEL Groupement de Exportateurs de Litchi GPM Groupement Pétrolier de Madagascar ICCO Organisation Internationale du Cacao (International Cocoa Organization) ICH Indice de Capital Humain IDE Investissement Direct Etranger IMF Institutios de micro finances INSTAT Institut National des Statistiques IPS Indices de Prestations de Service IRRI Institutit International de Recherche sur le riz (International Rice Research Institute) IT-BPO Technologies de l'information et sous-traitance dans le secteur informatique (Information Technology-Business Process Outsourcing) JIRAMA Société nationale d'eau et d'électricité (Jiro sy rano Malagasy) MEM Mémorandum économique de Madagascar MRSI Mécanisme de réponse systémique des investisseurs OdR Observatoire du Riz OMH Office Malgache des Hydrocarbures PIB Produit intérieur brut PMS Puissance de marché significative PPP Partenariat Public-Privé PTF Productivité Totale des Facteurs SADC Communauté de Développement de l'Afrique Australe (Southern African Development Community) SAMIFIN Service de renseignement Financier Madagascar SRI Système de riziculture intensive TIC Technologie de l'Information et de la Communication TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée WDI Indicateur de Développement dans le Monde (World Development Indicator) xxv Introduction – Définition du contexte 1 Introduction - Définition du contexte La reprise soutenue de la croissance économique au cours des six dernières années, conjuguée au transfert constitutionnel du pouvoir suite aux élections présidentielles de 2018/19, offre une base solide pour inverser le déclin économique que Madagascar a connu par le passé, comme en témoigne la baisse tendancielle du PIB par habitant et la stagnation du niveau de pauvreté, deux traits qui distinguent le pays de ses pairs. A. Contexte : baisse des revenus La population a quasiment été multipliée et vulnérabilité aux chocs par cinq alors que l’activité économique a économiques et politiques uniquement triplé (Figure 1). De ce fait, le PIB réel par habitant a progressivement diminué 1. Madagascar est une grande île de l’océan depuis l’indépendance, le Malgache moyen Indien, dont la population et la richesse d’aujourd’hui étant 41 pour cent plus pauvre naturelle sont reconnues comme uniques. Le qu’en 1961. L’absence d’une croissance pays compte environ 26 millions d’habitants, robuste durable a limité les progrès en matière dont plus des deux tiers ont moins de 25 ans. de réduction de la pauvreté : le taux de Il est doté d’une abondante richesse naturelle pauvreté national était estimé à 77,6 pour cent : une biodiversité sans égale, un littoral intact, en 2012, soit un taux pratiquement identique des minéraux précieux, des métaux et des à celui de 2001. En 2019, le pourcentage de la espèces rares et des atouts inexploités. population vivant avec moins de 1,90 USD par L’histoire et les traditions de Madagascar jour en parité de pouvoir d’achat était estimé sont uniques et le pays présente une grande à environ 75 pour cent. diversité ethnique et culturelle. Cependant, de multiples problématiques, notamment 3. La baisse du revenu par habitant distingue le déclin du capital humain,¹² la faiblesse Madagascar des tendances observées dans des infrastructures, les niveaux élevés la région et dans le monde. Madagascar est d’agriculture de subsistance, les défaillances l’un des sept pays, sur les 138 pour lesquels de la gouvernance et l’insularité résultant des données sont disponibles, dont le revenu de l’isolement géographique du pays ont réel par habitant est inférieur à ce qu’il était compromis ses perspectives de croissance autour de 1960, et l’un des seuls pays à avoir productive, inclusive et durable. connu une baisse de revenu en l’absence de conflit (Figure 2, Figure 3).¹³ Comparé au 2. Depuis l’indépendance en 1960, l’économie reste de l’Afrique subsaharienne, le revenu de Madagascar a connu une croissance, mais à par habitant de Madagascar est en baisse un rythme inférieur à celle de la démographie. (Figure 4). Ainsi, non seulement les niveaux ¹² L'indice du capital humain à Madagascar est passé de 0,39 à 0,37 entre 2012 et 2017. Les indicateurs où le pays est le plus à la traîne sont les résultats d’apprentissage et le retard de croissance (les dernières données - s'arrêtant en 2012 - indiquent que le retard de croissance est en baisse mais les données plus récentes ne sont pas disponibles). ¹³ La plupart des autres sont touchés par un conflit : Burundi, RDC, Libéria et Niger. Deux sont de petits États riches en pétrole (Brunei Darussalam et les Émirats arabes unis). Et deux sont des petits États insulaires : Kiribati et les Comores. 2 Introduction - Définition du contexte de pauvreté ont stagné, mais en référence au Madagascar figure parmi les pays les plus seuil de pauvreté international de 1,90 USD, pauvres au monde.¹⁴ Figure 1: La croissance de l’économie n’arrive Figure 2: Le PIB par habitant suit une pas à suivre la croissance démographique tendance globale à la baisse (en USD depuis 1960… constants de 2011) PIB par habitant, PPA (USD constant 2011 international) 200% 1700 160% 120% 1600 80% 40% 1500 0% -40% 1400 -80% 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1985 1989 1993 1997 2001 2005 2009 2013 2017 1300 Crise politique Crise politique Ecart de croissance économique cumulée 1200 Croissance démographique cumulée 1990 1995 2000 2005 2010 2015 Croissance réelle cumulée du PIB Année Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI Figure 3: Madagascar est l’un des rares Figure 4: Par rapport à la moyenne de l’ASS, pays au monde dont le PIB par habitant le PIB par habitant est en baisse (en USD est inférieur à ce qu’il était en 1960 constants de 2010) 100.000 80% 70% PIB par habitant (2017 ou plus récent) Ratio du PIB par habitant de MDG par rapport à la moyenne d'ASS 60% 10.000 50% 40% 30% 1.000 20% 10% MDG 0% 100 100 1.000 10.000 100.000 1960 1964 1968 1972 1978 1980 1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012 2016 PIB par habitant (1960 ou plus antérieur) Remarques : Échantillon de tous les pays avec des données WDI ; PIB Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI par habitant en USD constants de 2010, échelles calées sur la base 10 (le PIB augmente 10 fois avec chaque intervalle d’égale distance). Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI ¹⁴ En utilisant un seuil international de pauvreté de 1,90 USD par habitant et par jour (en PPA 2011), la pauvreté est estimée à 77,6 pour cent en 2012. 3 Introduction - Définition du contexte 4. La croissance a été volatile à Madagascar, 6. La performance économique a également le pays prospérant pendant les périodes de été vulnérable aux chocs exogènes, stabilité politique. Depuis l’indépendance, notamment les catastrophes naturelles il y a eu plusieurs périodes de croissance et la suspension d’accords commerciaux économique, chacune offrant l’espoir d’une spéciaux suite à l’instabilité politique. amélioration des moyens de subsistance et Les épisodes précédents de changement d’une réduction de la pauvreté. En période de anticonstitutionnel de régime ont mis en stabilité politique, le secteur privé, relativement évidence les coûts résultant de l’isolement diversifié et dynamique, parvient à réaliser de économique, notamment le retrait des dons bons résultats et certains secteurs s’en sont et des financements concessionnels ainsi que bien sortis, malgré un environnement des la suppression des privilèges liés aux accords affaires difficile. Cependant, les périodes de commerciaux spéciaux tels que l’AGOA qui croissance ont été interrompues par des crises donne un accès hors taxes au marché américain. politiques. Ces renversements de situation La vulnérabilité climatique de Madagascar ont été si profonds que les accélérations peut également exposer l’économie à des ultérieures ont été insuffisantes pour rattraper chocs. Selon les estimations, les catastrophes les gains perdus avant que le pays ne plonge naturelles coûtent à l’économie 1 pour cent à nouveau. du PIB chaque année en moyenne et sont particulièrement dévastatrices pour les 5. La nature intermittente de la croissance activités rurales et agricoles. souligne la vulnérabilité de l’économie aux crises politiques. Le principal choc 7. La dernière crise politique, de 2009 à 2013, interne tient à la fragilité politique : les a mis en lumière les effets dévastateurs des changements de régime inconstitutionnels chocs résultant de l’instabilité politique. et les risques de futures crises alimentent Le changement inconstitutionnel de régime l’ i n ce r t i t u d e c h ez l e s i nve s t i s s e u r s intervenu en 2009 s’est accompagné d’une et l’adoption d’une approche à court contraction du PIB de 4 pour cent et d’une terme dans l’élaboration de politiques lenteur de reprise de la croissance. Si, au lieu économiques. La période qui a suivi de cela, l’économie avait continué à croître à l’indépendance a été marquée par quatre un taux moyen de 5,6 pour cent au cours des crises politiques, notamment en 1972, en cinq années précédant la crise politique de 1991, en 2001-2002 et en 2009-13. Dans 2009, elle serait, en 2017, de 37 pour cent plus chaque cas, la période de forte croissance étendue que l’économie dans son état actuel économique a été écourtée par une crise (Figure 6). Cela représente une perte d’environ politique, soulignant l’importance de la 4 milliards USD de 2010, soit 160 USD par an dynamique de l’économie politique pour pour chaque Malgache (à comparer à un revenu la trajectoire de croissance de Madagascar. annuel moyen en dollars de 2010 de 421 USD). 4 Introduction - Définition du contexte Figure 5: Les périodes de forte croissance Figure 6: … dont la dernière (crise politique économique ont été ponctuées de de 2009) qui a généré d’importantes pertes profonds ralentissements… de production. 15 20 PIB hypothétique en 2003-taux 10 de croissance moyenne de 7 15 5 10 Pourcent PIB (USD de 2010) 0 PIB effectif réel 5 -5 -10 0 -15 -5 Perte de production cumulée 1961 1965 1969 1973 1977 1981 1989 1993 1997 2001 2005 2009 2013 2017 -10 Croissance réelle du PIB 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Moyenne mobile sur 5 ans Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI Sources : Calculs du personnel basés sur les données WDI B. Un rebond économique mais 9. Toutefois, cette croissance n’a bénéficié une transformation structurelle qu’à une partie restreinte de la population qui n’est que naissante et l’économie informelle reste importante. Les secteurs d’appui à l’exportation de 8. Le retour à l’ordre constitutionnel en biens et de services malgaches, telles que 2014 a été marqué par un rebond de la l’agroalimentaire, les industries extractives, les croissance économique, montrant une fois télécommunications et les activités dans les de plus que l’économie peut prospérer en zones franches d’exportation, ont grandement période de stabilité politique. L’économie a contribué à la performance de Madagascar en progressivement repris son élan, la croissance matière de croissance (Figure 7). L’expansion de passant de 2,3 pour cent en 2013 à environ ces activités liées à l’exportation a favorisé le 5,1 pour cent en 2018, une tendance qui développement du secteur des services, et une devrait se poursuivre à moyen terme. Si cette croissance a été observée en ce qui concerne les accélération est en partie dûe à un rebond services fournis aux entreprises et les services associé à la normalisation de la situation de transport de marchandises. Contrairement politique, la tendance observée récemment aux industries agro-alimentaires de niche qui est encourageante. L’économie croît à son affichent une bonne performance, le secteur rythme le plus rapide depuis plus de dix agricole est généralement caractérisé par ans, et ce en l’absence de mégaprojets l’agriculture de subsistance. Les revenus non d’investissement. Depuis 2000, la seule autre agricoles sont en grande partie générés par des période où l’économie présentait des taux de entreprises non formelles où la rémunération croissance comparables a coïncidé avec le se fait en nature ou sous forme de travail développement de deux grands projets miniers indépendant.¹⁵ Selon les données disponibles, le qui en sont maintenant à la phase d’extraction. pourcentage de la population engagée dans ¹⁵ Madagascar Employment and Poverty Analysis, World Bank, 2016. 5 Introduction - Définition du contexte le secteur informel est passé de 72 pour cent ayant été suspendu pendant la période en 2001 à environ 93 pour cent en 2012, en de transition politique.¹⁶ La majorité des raison notamment d’une baisse de l’emploi établissements informels fonctionnent à un dans le secteur manufacturier, l’accès niveau de subsistance.¹⁷ aux accords commerciaux préférentiels Figure 7: Les secteurs et services à vocation exportatrice contribuent de manière importante à la croissance 0,6% Les bâtons hachurés signalent les secteurs 0,5% fortement orientés vers les exportations 0,4% 0,3% 0,2% 0,1% 0,0% -0,1% -0,2% is n ce ns e es s gie s es t s re or lic tre ve ch tio fin tu ris i tio an str er sp ub cti pê Au rta ul rp ts fin ica En an du tra xp ric te ui & po un Tr la in en od Ag ex u il 'ex - va ta sà m ro pr ux es Bé sd ra om Ag ié sa i de str tt sl he éc ice te e du ice nc l nt Té rv en In rv fra ve Se tim Se Re es Bâ n Zo Source : INSTAT et calculs du personnel de la BM 10. L’absence d’une croissance à base large est de 6 pour cent, conformément à un taux national reflète plusieurs problèmes structurels faible à 13 pour cent, l’un des plus bas au monde. Et dans l’économie : la majorité des Malgaches bien que l’accès aux services financiers se soit amélioré vivent en milieu rural et n’ont pas accès aux grâce à l’introduction des services bancaires mobiles, infrastructures ou aux services de base, ce qui on estime que 41 pour cent de la population n’a pas aggrave leur enclavement. La détérioration accès à une institution financière, ce qui montre bien des infrastructures physiques a affecté les niveaux élevés d’informalité. l’intégration des marchés et les rendements et les dotations des ménages pauvres, tout 11. Dans un horizon à plus long terme, les données en contribuant à une augmentation des coûts disponibles pour la période 1992-2015 montrent qu’il de transport. Par exemple, en moyenne, sur existe de grands écarts de productivité entre les la période 2005-2010, le coût du transport différents secteurs. Dans le secteur de l’agriculture, des marchandises vers le centre urbain le la production par travailleur a diminué de 33 pour plus proche a augmenté de 36 à 80 pour cent, ce qui est particulièrement préoccupant dans cent pendant la saison des pluies.¹⁸ Selon les la mesure où le secteur emploie environ 75 pour cent estimations, la moitié des routes secondaires de la population active. Dans le même temps, bien et les deux tiers des routes tertiaires sont en que le secteur manufacturier ne concerne qu’une mauvais état. Le taux d’électrification rurale ¹⁶ Madagascar Employment and Poverty Analysis, World Bank, 2016. ¹⁷ Enquête nationale sur l'emploi et le secteur informel, INSTAT, novembre 2013. ¹⁸ Madagascar Employment and Poverty Analysis, World Bank, 2016. 6 Introduction - Définition du contexte proportion beaucoup plus modeste de la garde en ce qui concerne la comparaison population à 2,5 pour cent, la proportion de des niveaux de productivité entre secteurs la main-d’œuvre engagée dans le secteur (en rapport au calcul des heures de travail, manufacturier a augmenté de près de 400 aux différences d’intensité de capital, aux pour cent. Non seulement la production par compétences et aux préférences) pour travailleur dans le secteur manufacturier a l’ensemble des secteurs non agricoles, augmenté de 24 pour cent, mais le ratio de la production moyenne par travailleur productivité est 13,5 fois supérieur à celui du est plusieurs fois supérieure à celle de travailleur moyen dans le secteur agricole. l’agriculture. Cet écart demeure élevé Bien qu’il faille émettre quelques mises en depuis le début des années 1990. Tableau 2: Madagascar passe par une transformation structurelle naissante, la part de travailleurs hors du secteur agricole étant en augmentation Production annuelle, Travailleurs, millions Production par Production par en milliards USD (part du total) travailleur, USD travailleur en proportion constants de 2010 constants de 2010 de celle de l’agriculture (part du total) % % % ∆ devo- devo- devo- Propor- 1992 2015 lution 1992 2015 lution 1992 2015 lution 1992 2015 tion Agriculture 1,99 2,79 40% 4,28 8,95 109% 465 312 -33% -- -- -- (31%) (25%) (78%) (75%) Industrie 0,71 1,36 92% 0,25 0,79 216% 2 845 1 724 -39% 6,1 5,5 -0,6 (hors Fabrication) (11%) (12%) (5%) (7%) Fabrication 0,21 1,28 517% 0,06 0,3 398% 3 410 4 223 24% 7,3 13,5 6,2 (3%) (11%) (1%) (3%) Services 1,75 3,00 71% 0,42 1,17 175% 4 125 2 565 -38% 8,9 8,2 -0,7 marchands (27%) (27%) (8%) (10%) Services non 1,80 2,79 56% 0,45 0,8 76% 3 955 3 488 -12% 8,5 11,2 2,7 marchands (28%) (25%) (8%) (7%) ECONOMIE DANS 6,45 11,23 74% 5,47 12,02 120% 1 180 936 -21% 8,1 8,8 0,7 SA TOTALITE (100%) (100%) (100%) (100%) Sources : Calculs du personnel de la Banque mondiale sur la base de données Africa’s Pulse, Bureau de l’Economiste en chef pour la région Afrique, Banque mondiale, octobre 2018. 12. Un défi majeur pour Madagascar consiste est qu’à ses premiers pas. Depuis 1990, à rendre la croissance plus inclusive en l’agriculture est le secteur qui absorbe le permettant à sa population de travailler dans plus, et de loin, les nouveaux entrants sur des secteurs à plus grande productivité. La le marché du travail (Figure 8), alors que les tendance actuelle indique que le transfert autres secteurs ont beaucoup plus contribué à grande échelle des ressources en main- à l’augmentation de l’activité économique d’œuvre de l’agriculture de subsistance vers (Figure 9). En effet, la production annuelle des secteurs plus productifs (y compris les dans les secteurs non agricoles a augmenté activités agricoles plus productives) n’en de presque 4,5 fois plus que celle de 7 Introduction - Définition du contexte l’agriculture, pour un ajout de main-d’œuvre la production moyenne par travailleur dans représentant moins d’un tiers de l’ensemble l’agriculture est près de neuf fois inférieure à des nouveaux travailleurs disponibles à celle des travailleurs du secteur non agricole Madagascar depuis 1990. Cela indique que en 2015 (Tableau 2). Figure 8: L’agriculture a absorbé la grande Figure 9: … tandis que les autres secteurs ont majorité des nouveaux travailleurs… davantage contribué à la croissance de la production, tandis que la valeur ajoutée dans (Nombres cumulés nets de nouveaux travailleurs le secteur de l’agriculture a presque stagné depuis 1990, en millions) (Augmentation cumulée de la production réelle annuelle depuis 1990, en milliards d’USD constants Nombre de travailleurs par secteur, millions 6 de 2010) 5 USD constant de 2010, milliards 4,0 Valeur ajouté par secteur, 4 3,0 3 2,0 2 1,0 1 0,0 0 -1,0 -1 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 Services non marchands Services marchands Services non marchands Services marchands Fabrication Industrie (autre que Fabrication Industrie (autre que Agriculture la fabrication) Agriculture la fabrication) Sources : Calculs du personnel basés sur les données du WDI Sources : Calculs du personnel basés sur les données du WDI C. Mobiliser le commerce et encourager les exportations, telles que les l’investissement pour s’engager zones franches industrielles, et l’accès à des dans des secteurs à plus accords commerciaux préférentiels - tels que grande productivité l’AGOA et l’accord « Tout sauf les armes » de l’Union européenne - ont également contribué 13. Le commerce international a toujours à l’importance du commerce dans l’économie. joué un rôle important dans l’économie malgache. Madagascar est une grande 14. L’amélioration de la performance à nation insulaire, historiquement active l’exportation offrent des opportunités dans le commerce, située stratégiquement pour mobiliser la main-d’œuvre dans entre l’Afrique continentale et l’Asie. Ces les secteurs à plus grande productivité. relations commerciales reflètent en partie Depuis 2014, la performance à l’exportation l’histoire coloniale du pays et sont dominées de Madagascar s’est améliorée. Le ratio par quelques anciennes familles nobles exportations/PIB de Madagascar est en de Madagascar, ainsi qu’un petit nombre hausse et est passé de 27 pour cent en d’entreprises indiennes et chinoises. Les moyenne sur la période 2010-2013 à 33 pour politiques gouvernementales visant à cent entre 2014 et 2017, surpassant ainsi 8 Introduction - Définition du contexte la performance de l’ASS. En conséquence, déjà une bonne performance, pourrait la demande nette d’exportation est une présenter des opportunités pour créer des source importante de croissance de la emplois et promouvoir la productivité. Les demande agrégée (Figure 10). La poursuite importations ont augmenté depuis 2016 en de la croissance de ces secteurs axés grande partie pour soutenir l’augmentation vers les marchés extérieurs, qui affichent de l’investissement public. Figure 10: Depuis 2014, les exportations nettes et les investissements sont les principaux contributeurs à l’accélération progressive de la croissance de la demande agrégée 20,0 15,0 Contribution à la croissance points de pourcentage 10,0 5,0 0,0 -5,0 -10,0 -15,0 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 Investissements Consommation privée Consommation du gouvernement Exportations, crible général de corps de nombres Importations, crible général de corps de nombres Croissance du PIB Source : Calculs du personnel de l’INSTAT, du WDI et de la BM 15. L’investissement direct étranger (IDE) IDE à la recherche de ressources naturelles a également joué un rôle important dans sont axés vers le développement de l’économie nationale et dans le commerce. l’agroalimentaire dans les marchés de niche. Les entreprises à capitaux étrangers occupent Les IDE visant l’efficience revêtent également une place importante dans chacun des une importance croissante, en particulier dans secteurs à forte croissance de Madagascar, les secteurs des IT-BPO et du textile. Les ce qui favorise l’exposition aux nouvelles flux entrants d’IDE plus récents contribuent technologies et pratiques de gestion. Vers à la création d’emplois, étant donné que les le milieu des années 2000, le profil de l’IDE entreprises à capitaux étrangers enregistrent relevait en grande partie des investissements une plus forte croissance des ventes et de à la recherche de ressources naturelles ayant l’emploi.¹⁹ Il est essentiel d’améliorer la trait aux mégaprojets d’exploitation minière, communication sur les avantages comparatifs notamment l’extraction du nickel, du cobalt de Madagascar pour attirer et soutenir les IDE et d’autres minéraux. Plus récemment, les à la recherche d’efficience. ¹⁹ Analyse du personnel de la Banque mondiale à l'aide de l'Enquête auprès des entreprises, 2013. 9 Introduction - Définition du contexte D. Promouvoir la productivité du que dans d’autres pays, elle a été associée secteur agricole à une hausse des revenus des exploitants agricoles. Ces facteurs sont aggravés par les 16. Pour évoluer vers un modèle de faibles niveaux de capital humain, les niveaux croissance plus inclusif, il importe d’offrir des élevés d’exclusion financière, la mauvaise alternatives à l’agriculture de subsistance qualité du réseau routier (en particulier les et d’augmenter la productivité. Le secteur voies de desserte) qui restreignent l’accès aux agricole est dominé par l’agriculture de marchés et accroissent l’exposition aux effets subsistance alors que sa part de valeur climatiques. ajoutée dans la production nationale est en baisse et que les taux de croissance sont très volatiles. Toutefois, le secteur reste important 18. La filière riz est particulièrement pour la subsistance, étant donné qu’il est importante dans la mesure où, malgré les le plus grand pourvoyeur d’emploi pour la conditions agroclimatiques apparemment population rurale et pauvre. L’agriculture favorables, la demande du marché continue est également importante pour la sécurité de ne pas être satisfaite. La performance du alimentaire et la nutrition, deux éléments qui secteur agricole et celle de la production de affectent directement la productivité et la paddy sont étroitement liées. Le riz revêt une santé des travailleurs. grande importance culturelle et constitue un élément essentiel de l’alimentation, 17. La faible adoption de nouvelles Madagascar enregistrant l’un des taux de technologies et de meilleures pratiques consommation de riz par tête les plus élevés de gestion a contribué à la faiblesse des au monde. Toutefois, la productivité du riz rendements agricoles. Même si les pratiques est faible et les petits exploitants agricoles visant à améliorer les rendements sont bien continuent de fonctionner à des niveaux connues - telles que l’utilisation de semences de subsistance. D’après les estimations, améliorées et d’engrais, et l’augmentation les intermédiaires commerciaux absorbent du recours à l’irrigation qui est facilitée par environ la moitié du prix de détail final, surtout l’amélioration de la gestion de l’eau - leur parce que les coûts de transport sont élevés adoption a été faible. De plus, certaines du fait de la qualité des infrastructures activités d’agriculture commerciale ont bien routières.²⁰ Le faible prix obtenu par les réussi, mais l’agriculture contractuelle à petits exploitants agricoles ne les motive pas grande échelle n’a pas été mise en œuvre, alors à rehausser les niveaux de production. ²⁰ « Madagascar : Renforcer l'inclusion des petits exploitants dans les chaînes de valeur agroalimentaires ; Perspectives sur les secteurs du riz et des produits laitiers », 2018, Banque mondiale : Washington DC. 10 Introduction - Définition du contexte Figure 11: La part de contribution du secteur Figure 12: La production de paddy est agricole à la valeur ajoutée est en baisse et étroitement liée à la croissance agricole les taux de croissance sont volatiles Production de paddy en tonnes x 100 000 20,0 20,0 50 160 Indice de croissance de l'agriculture 45 140 15,0 15,0 (Année de référence=2000) 40 10,0 10,0 120 35 30 100 5,0 5,0 25 80 0,0 0,0 20 60 -5.0 -5,0 15 40 10 -10,0 -10,0 20 5 -15,0 -15,0 0 0 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018p 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 Part du PIB Croissance Production de paddy (côté gauche) Indice de valeur ajoutée de l'AG (coté droit) Source : Calculs du personnel de la BM basés sur les données de Source : Calculs du personnel de la BM basés sur les données de l’INSTAT et du WDI l’INSTAT et du WDI 19. Malgré la faiblesse des niveaux de E. Importance d’instaurer des productivité du riz et même si Madagascar conditions de concurrence est un importateur net de riz, la vision équitables pour soutenir la politique du gouvernement est de devenir croissance et promouvoir un exportateur de riz à moyen terme. Pendant la productivité la période de soudure, la quantité de riz produit à Madagascar est insuffisante pour 20. L’absence de conditions de concurrence répondre aux besoins des consommateurs. équitable dûe à des obstacles, d’ordre Le riz importé et la production nationale sont réglementaire et non réglementaire, freine exemptés de la TVA. Pour que le riz produit l’investissement et constitue un facteur de au pays puisse concurrencer le riz importé, croissance fragile. Madagascar a une économie il importe de remédier aux inefficiences des politique complexe dans laquelle certaines marchés nationaux qui allongent les chaînes entreprises ont pu obtenir des avantages en de commercialisation. La production de riz contournant les institutions formelles et en est limitée par plusieurs facteurs, y compris manipulant les obstacles réglementaires et les problèmes de connectivité qui exacerbent non réglementaires. Une telle dynamique peut l’éloignement des exploitants agricoles entraîner une faible contestabilité des marchés et les lacunes du marché. Il en découle alors que les opérateurs économiques que les agriculteurs disposent de très peu cherchent à conserver leur avantage, ce d’informations sur les prix et la production qui mine la croissance de la productivité et qui pourraient pourtant informer leur décision compromet une approche à long terme pour de participer au marché. Les efforts visant la formulation de politique économique et de à résoudre ces problèmes dans le secteur planification des investissements. du riz bénéficieraient également aux autres cultures, et apporteraient des avantages 21. L’absence de concurrence a des considérables pour les exploitants agricoles conséquences néfastes sur l’économie. Une en termes de revenus. 11 Introduction - Définition du contexte évaluation de certains marchés tels que les pourraient générer des rendements plus télécommunications et les produits pétroliers élevés. En conséquence, l’un des principaux qui desservent le marché intérieur et ainsi défis pour Madagascar serait de concevoir des que des secteurs d’exportation tels que le politiques pouvant encourager la transition litchi et la vanille, montrent que l’activité depuis des activités à faible valeur vers des de ces secteurs clés a eu lieu en l’absence activités à plus forte valeur. de réglementation efficace favorisant la concurrence. Dans le cas du litchi et de la 23. Alors que l’économie est en croissance, il vanille, l’absence de contestabilité du marché est fondamental de promouvoir un modèle peut contribuer à réduire la productivité et de croissance inclusive pour réaliser le double l’innovation, limiter les exportations et diminuer objectif de réduction de la pauvreté et de les revenus des exploitants agricoles. Dans le prospérité partagée. Les secteurs moteurs cas des télécommunications, la concentration de l’économie représentent d’importantes excessive du marché a rendu les prix opportunités d’emploi formel, concentrées relativement élevés pour les consommateurs, mais limitées. Parallèlement, le secteur augmenté les coûts pour les entreprises en agricole, où travaille la majorité des pauvres, aval, et mené à une faible connectivité, surtout n’a pas pu créer des emplois de qualité. en milieu rural. Concernant le marché de Etant donné qu’à Madagascar la pauvreté est produits pétroliers, la concentration élevée profondément enracinée, et qu’une personne du marché a contribué à l’établissement de moyenne consomme 32 pour cent de moins prix relativement élevés et à la restriction de qu’une personne vivant directement au seuil l’accès au marché pour les nouveaux venus. de pauvreté national, le risque de sombrer dans la pauvreté est élevé, en particulier si des F. Cadre du Mémorandum chocs tels que des catastrophes naturelles ou économique de Madagascar des troubles politiques se produisent. - Performance actuelle et perspectives futures 24. En s’appuyant sur une bonne combinaison de réformes structurelles et 22. Le modèle de croissance actuel de d’investissements, le modèle de croissance Madagascar est un paradoxe puisque que des actuel peut être orienté de manière à générer secteurs hautement performants coexistent une croissance productive, inclusive et avec une agriculture de subsistance à durable. Les interventions politiques peuvent très faible productivité. Madagascar est appuyer les mesures visant à promouvoir le relativement bien placée par rapport aux pays passage de la main-d’œuvre d’entreprises pairs en termes d’innovation, par exemple moins productives à d’autres plus productives, dans l’assimilation de l’innovation par les à condition que la demande pour ce type de entreprises et la créativité des produits. Ces produit augmente avec l’expansion continue de dernières années, les activités basées sur l’économie. Les tendances démographiques les TIC prennent une place de plus en plus indiquent que la croissance de la population importante dans la croissance économique entrainera l’arrivée de nouveaux venus sur et la création d’emplois. Parallèlement, la le marché du travail, mais pour permettre majorité de la population reste engagée dans à ces personnes de devenir des citoyens l’agriculture, qui est davantage dominée par productifs, il est essentiel d’investir dans des des méthodes d’exploitation traditionnelles services d’éducation et de santé de qualité. que par des technologies améliorées qui Si des infrastructures physiques sont mises 12 Introduction - Définition du contexte en place pour appuyer la connectivité en G. Organisation du Mémorandum améliorant l’accès aux marchés intérieurs économique de Madagascar (surtout par le transport routier et aérien) et méthodologie ainsi qu’aux ports, les coûts de transport peuvent être réduits, la résilience aux chocs 26. La teneur de ce MEM a été déterminée climatiques peut être augmentée, et les à travers une approche consultative. Sa mouvements des biens et des personnes préparation a débuté par une analyse des peuvent être facilités. Les avancées récentes données au cours de laquelle 20 questions des technologies numériques offrent des standard d’ordre macro et micro ont été opportunités supplémentaires de réaliser étudiées pour Madagascar. L’analyse des des gains de productivité, à travers divers données a permis de déterminer les points moyens, tels que l’amélioration potentielle forts et les points faibles de la croissance de de l’efficience de l’administration publique, Madagascar et a servi de base de discussion la promotion de la création d’emplois dans avec le Gouvernement et les autres le secteur de la sous-traitance informatique homologues sur les principales priorités liées et la promotion de l’utilisation des paiements à la recherche d’une trajectoire de croissance électroniques en tant que moyen d’améliorer plus productive, inclusive et durable. Toutes l’inclusion financière. les vice-présidences du Groupe de la Banque Mondiale (GBM) et de l’IFC ont contribué 25. Même si Madagascar est encore à ce MEM, notamment en participant aux confrontée à des défis considérables, les consultations initiales, aux missions et à la signaux sont positifs et encourageants. revue des versions préliminaires. Une croissance soutenue au cours des six dernières années, le transfert constitutionnel 27. La suite du MEM est structurée en de pouvoir suite aux élections présidentielles cinq chapitres. Le Chapitre 2 présente les de 2018-2019 et une robuste mise en déterminants à long terme de la croissance - œuvre de réformes (comme la hausse la main-d’œuvre, le capital et la productivité. progressive de la note d’Evaluation politique Le Chapitre 3 présente une analyse du et institutionnelle du pays le montre),²¹ commerce et de l’investissement à travers indiquent que d’importantes opportunités une analyse approfondie des secteurs leviers existent à l’horizon. L’objectif final du MEM de croissance. Le Chapitre 4 explique la est de parvenir à un ensemble de mesures manière dont le secteur agricole peut appuyer politiques visant à accroître la productivité, à la croissance inclusive. Le Chapitre 5 évalue promouvoir la diversification de la croissance la concurrence. Le Chapitre 6 récapitule les à travers des opportunités d’emplois formels recommandations et propose une priorisation et à promouvoir la croissance durable des réformes. Un rapport de référence a à travers la réduction des chocs qui ont également été préparé sur le cadre de contribué à des arrêts soudains de l’activité l’économie politique de Madagascar et celui- et à des reprises faibles. ci a éclairé la préparation de chaque chapitre. ²¹ La note d’EPIP est passée de 3,0 en 2013 à 3,3 en 2018. 13 Introduction - Définition du contexte 28. Ce MEM suit une approche d’analyse régionale. Au Chapitre 3, une enquête a été comparative consistant à confronter les menée auprès d’entreprises nationales et performances de Madagascar à ses pairs étrangères appartenant aux secteurs les plus aspirationnels, à ses pairs structurels et à performants afin d’obtenir des informations ses pairs les moins performants. Les pairs sur la manière dont elles ont pu se développer aspirationnels sont des pays que Madagascar mais aussi pour obtenir des données pourrait s’efforcer d’égaler en termes de factuelles sur les liens, les retombées, la performance au cours des cinq prochaines création de valeur ajoutée et la diversification. années, qui comprennent le Rwanda, le Les constats de cette collecte de données Sénégal et la Côte d’Ivoire, mais également ont été validés par les dirigeants d’entreprise d’autres pays africains ayant connu une à travers des discussions de groupe dirigées, période « d’émergence » semblable aux et les recommandations politiques ont ambitions du Gouvernement actuel. A plus été discutées avec le Gouvernement. Pour long terme, d’autres pays aspirationnels, tels étayer l’analyse présentée au Chapitre 4, que l’Indonésie, le Cambodge et Maurice, des données primaires sur les problèmes sont également étudiés en tant que pays au niveau du commerce intérieur ont été ayant subi une importante transformation collectées à travers le suivi des transactions structurelle. Les pairs structurels sont les et des entretiens avec des opérateurs situés le pays qui ont les mêmes caractéristiques que long des quatre principaux corridors rizicoles, Madagascar en termes de taille, de revenu en plus des missions sur le terrain et des et de performance de croissance antérieure, entretiens avec toutes les parties prenantes et incluent le Burkina Faso, le Zimbabwe, le de la chaîne de valeur du riz. Une évaluation Burundi, la Tanzanie, l’Ouganda et le Népal. Les officielle de la concurrence a été entreprise pays de comparaison les moins performants pour les secteurs de la télécommunication sont ceux qui appartiennent à la catégorie la et des chaînes de valeur du litchi et de la plus basse du groupe à faible revenu. Etant vanille au Chapitre 5. L’analyse du marché du donné que la stabilité politique est largement kérosène a exploité les nouvelles données préservée depuis 2014, ce rapport n’étudie recueillies par les enquêtes auprès des pas les problèmes de Madagascar dans aéroports et de la compagnie aérienne la perspective de la fragilité, mais plutôt nationale.²² De plus, le Chapitre 5 utilise la Base comme ceux d’un pays à faible revenu qui de données dynamique des exportateurs pour est en voie de réalisation de ses objectifs de déterminer les tendances de concentration développement et qui nécessite une réforme des principales exportations et les compare institutionnelle à long terme. avec celles des pays de référence disponibles. 29. Ce MEM utilise de nouvelles données 30. Toutefois, il existe des lacunes en primaires et secondaires. Au Chapitre 2, les matière de connaissances ainsi que des données sur l’emploi proviennent de la Caisse domaines pour lesquels l’analyse repose nationale de prévoyance sociale (CNaPS), et les principalement sur des données secondaires. données sur l’éclairage de nuit sont exploitées L’analyse des services et de la logistique pour estimer les tendances de croissance d’appui au commerce n’a pas été étudiée en ²² Le chapitre sur la concurrence comprend également l'analyse d'un rapport précédent préparé par Beicip-Franlab sur le secteur pétrolier en aval, dans le cadre des réformes de la subvention aux carburants, qui sont appuyées par le Programme d'aide à la gestion du secteur de l'énergie. 14 Introduction - Définition du contexte profondeur, le haut niveau de concentration potentiel de croissance important. Une étude dans l’industrie bancaire et éventuellement approfondie du secteur minier n’a pas été dans le secteur du camionnage pouvant être incluse étant donné que, même si ce secteur des domaines d’études supplémentaires. peut contribuer davantage à la croissance, Les facteurs sous-jacents du déclin du une telle éventualité est limitée par les capital humain n’ont pas été non plus étudiés mauvaises pratiques de gouvernance, qui de manière approfondie dans le cadre de ce ont été relevées dans une analyse séparée. travail, étant donné qu’une analyse a déjà été Le secteur du tourisme présente également effectuée pour appuyer le projet d’Approche un potentiel important mais jusqu’à présent programmatique multi-phase visant à n’a pas pu faire preuve de résilience face améliorer les résultats en nutrition, et a servi aux chocs internes. Les opportunités à étayer l’analyse dans ce rapport.²³ Enfin, de développement supplémentaire des l’analyse dans ce MEM est centrée sur les entreprises seront évaluées dans la secteurs qui contribuent à la croissance et à prochaine Etude diagnostique du secteur l’emploi, sont résilients aux chocs et ont un privé pour le pays. ²³ Le projet P160848 a été préparé au cours de l'AF2017 et a tiré profit d’une analyse approfondie portant notamment sur les causes sous-jacentes qui comprennent : (i) l’inadéquation de l’alimentation et des soins ; (ii) l'inadéquation des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d'hygiène; et (iii) l’inadéquation des services de santé. 15 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et INTRODUCTION productivité 16 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Le redressement économique de ces dernières années a eu un effet positif sur la création d’emplois, y compris dans les régions hors de la capitale. Pour pouvoir tirer pleinement parti de ces opportunités émergentes, il faut que la population active soit prête à répondre aux demandes d’un secteur privé en pleine évolution et à ce titre, il convient d’inverser le déclin du capital humain. Pour élargir davantage les opportunités d’emploi formel, il est nécessaire pour le pays d’investir dans les infrastructures et améliorer la qualité de ses institutions et de son cadre de gouvernance pour permettre au secteur privé de prospérer. A. Introduction Troisièmement, les indices de productivité des entreprises sont évalués ainsi que les 1. Alors que l’économie de Madagascar possibilités de promouvoir l’innovation continue de se développer, ce chapitre fait compte tenu des avancées récentes dans le point sur les moteurs de croissance à long les technologies numériques. Enfin, les terme et les tendances émergentes afin perspectives de croissance durable à travers d’évaluer les opportunités de transformation l’amélioration de la qualité des institutions économique. La croissance économique à long liées aux entreprises sont présentées. terme peut être décomposée pour estimer les contributions de la main-d’œuvre, du capital B. Moteurs de croissance à et de la productivité totale des facteurs long terme : la dépendance (PTF), un résidu qui reflète en particulier aux intrants (main-d’œuvre et l’accroissement de l’efficacité économique et capital) l’emporte sur les gains l’innovation. Une trajectoire de croissance plus de productivité inclusive est caractérisée par l’augmentation des emplois salariés hors de l’agriculture 3. La croissance à long terme dépend de subsistance ainsi que des opportunités davantage des intrants (main-d’œuvre dans les régions autres que la capitale. Pour et capital) que de l’amélioration de la qu’il y ait davantage d’opportunités d’emploi productivité. La main-d’œuvre a apporté dans le secteur formel, il faut une plus forte la contribution la plus conséquente à la croissance menée par le secteur privé, une croissance (Figure 13). La contribution de telle croissance dépendant de l’accès des l’accumulation de capital à la croissance entreprises à des infrastructures adaptées et a été positive mais assez faible, sauf pour la présence d’un environnement des affaires la période 2004-2008 qui a coïncidé avec favorable et prévisible. d’importants investissements miniers. D’autre part, la PTF a généralement 2. Ce chapitre examine quatre problèmes. été nulle ou négative. Cela signifie que En premier lieu, la contribution de la main- Madagascar n’a pas été en mesure d’œuvre à la croissance est évaluée, y compris d’améliorer, au niveau agrégé, l’efficience le potentiel lié une amélioration future du avec laquelle les intrants existants (capital capital humain. Deuxièmement, la situation et main-d’œuvre) ont été utilisés pour actuelle du capital physique est présentée générer la production nationale. Le reste en tenant compte des projets à l’étude. de cette section présentera une évaluation 17 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité des contributions de la main-d’œuvre, du en tenant compte de la dynamique des capital et de la productivité à la croissance, entreprises et des institutions. Figure 13: Depuis 2000, la croissance dépend davantage des intrants (main-d’œuvre et capital) que de l’amélioration de la productivité Croissance annuelle du PIB et contribution en points de pourcentage à la croissance du PIB 15 10 5 Pourcent 0 -5 -10 -15 -20 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 Productivité globale des facteurs (gA) Main-d'oeuvre ((1-R) * gL) Stock de capital (R * gK) PIB réel (gY) Source : WDI et calculs du personnel de la BM (i) Main-d’œuvre croissance reflète le caractère hautement informel de l’économie étant donné que 68 4. Madagascar présente l’un des taux d’emploi pour cent des emplois relèvent du secteur (formel et informel) les plus élevés au agricole et 75 pour cent des emplois non monde. Même si ce taux n’est pas aussi élevé agricoles sont informels. Les emplois non que celui de certains pairs aspirationnels tels agricoles sont principalement constitués de que le Rwanda ou la Malaisie, il est supérieur travaux indépendants en micro-entreprises. à celui des autres pairs à caractéristiques Le sous-emploi est également prévalent similaires en termes de niveau de revenu et : en 2012, 44,8 pour cent des travailleurs d’instruction (Figure 14). Globalement, 90 pour déclaraient être rémunérés à moins du salaire cent des hommes et 86 pour cent des femmes horaire minimal tandis que 39,5 pour cent participent activement au marché du travail. déclaraient travailler moins de 35 heures par semaine.²⁴ De plus, les gains de croissance 5. Toutefois, la contribution de la main- générés par la main-d’œuvre ne suivent pas d’œuvre à la croissance de Madagascar est le rythme de la croissance démographique : restée relativement constante au fil du temps, entre 2000 et 2016, la population a augmenté à cause de la faible qualité des emplois et de en moyenne de 2,9 pour cent, dépassant ainsi la croissance démographique. La « stabilité le taux de croissance économique qui a été » de la contribution de la main-d’œuvre à la de 2,6 pour cent en moyenne. ²⁴ INSTAT, enquête sur les OMD (2012). 18 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité L’élan donné par le nouveau gouvernement à la réforme de la connectivité à haut débit devrait se poursuivre, afin de réduire les coûts et améliorer l’accès en milieu rural. 6. Etant donné que la population active population active travaille dans l’agriculture travaille principalement dans des emplois de de subsistance. Les salaires à Madagascar faible qualité, la valeur ajoutée par travailleur sont également moins élevés que dans les ne tient pas la comparaison avec celle des pays pairs, ce qui dissuade ceux qui sont bien pays pairs. Le travailleur moyen en ASS apporte formés et instruits à rester à Madagascar, 3,8 pour cent de valeur ajoutée de plus qu’un mais encourage également les investisseurs travailleur à Madagascar (Figure 15). Ce constat à venir au pays (Figure 16, Figure 17) (voir le ne reflète pas des niveaux de productivité Chapitre 3 sur la proposition de valeur et la intrinsèquement bas à Madagascar mais fuite des cerveaux dans le secteur des IT-BPO plutôt le fait que la population est engagée de Madagascar). Les salaires à Madagascar dans activités économiques à faible valeur sont bas, même par rapport aux pays pairs qui ajoutée. En effet, près de 75 pour cent de la ont des niveaux de productivité similaires.²⁵ Figure 14: Madagascar a un taux d’activité relativement élevé Taux d’activité (pourcentage de la population âgée de 15 à 64 ans pour chaque sexe, moyenne sur la période 2000-2018) 100 80 60 40 20 0 ASS Malawi Indonésie Burundi Monde Ethiopie Cameroun Maurice Mali Ouganda Tanzanie Zambie Malaisie Népal Faible revenu Cambodge RDP lao Burkina Faso Côte d'Ivoire Sénégal Tchad Madagascar Niger Kenya Zimbabwe Comores Rwanda Femmes Hommes Source : WDI, statistiques du BIT et calculs du personnel de la BM ²⁵ La productivité est mesurée en tant que valeur ajoutée à Madagascar en rapport à la valeur ajoutée dans les pays pairs. 19 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 15: La prévalence généralisée du Figure 16: Madagascar a l’un des niveaux de travail informel et du sous-emploi fait que rémunération les plus bas par rapport à ses les pairs ont des niveaux de productivité pairs, ce qui attire les investisseurs mais en supérieurs à celui de Madagascar même temps dissuade les talents de rester Ratio de productivité à Madagascar par rapport à Rémunération mensuelle moyenne des salariés en la productivité des pairs (%) 2012 (sauf indication contraire), PPA 2011 constante²⁶ 14 1.400 12 1.200 10 1.000 8 800 6 600 4 400 2 200 - 0 Mauritius Malaisie Mozambique Burundi Malaisie Ethiopie (2013) Rwanda (2014) Ouganda Mali (2014) Indonésie Népal (2008) Sri Lanka (2013) Tanzanie RPD lao (2010) Niger (2011) Zimbabwe (2011) Ethiopie Indonésie Népal Malawi Mali Ghana Burkina Faso Faible revenu Rwanda Zimbabwe Tanzanie Kenya Sénégal Comores Zambie Maurice Côte d'Ivoire ASS Madagascar Cambodge Côte d'Ivoire Cambodge Source : WDI, statistiques du BIT et calculs du personnel de la BM WDI, statistiques du BIT et calculs du personnel de la BM Figure 17: Madagascar a l’un des niveaux de rémunération les plus bas même en tenant compte du niveau de productivité 14,0 12,0 10,0 8,0 6,0 4,0 2,0 0,0 e r a a ali e ire sie al ie e ie lao ice ca d nd dg bw pi p an is M an Ivo né r Né as io ala D bo au ga nz ba Rw h RP ag do d' Ou M M Et m Ta Zim ad In te Ca M Cô Ratio de revenus Ratio de valeur ajoutée Niveau de MDG Source : WDI, statistiques du BIT et calculs du personnel de la BM 7. Le redressement économique après le moyenne chaque année alors que 480 000 retour à l’ordre constitutionnel en 2014 ouvre jeunes entrent sur le marché du travail tous des perspectives d’emploi dans le secteur les ans.²⁷ Le secteur tertiaire est la première formel. Entre 2014 et 2018, il est estimé que source de création d’emplois (52 pour cent 38 200 emplois formels ont été créés en - principalement dans le commerce et ²⁶ Le niveau de rémunération est mesuré par les Rémunérations mensuelles moyennes des employés en PPA 2011 constante en 2012 - Dernières données disponibles pour l’Ethiopie (2013), le Rwanda et le Mali (2014), le Népal (2008), la RDP du Laos (2010) et le Zimbabwe (2011). ²⁷ Données utilisées par la caisse de sécurité sociale privée. 20 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité l’enseignement), suivi du secteur secondaire sont également ceux à rythme rapide de (35 pour cent - avec une forte proportion création d’emplois (Figure 19). Toutefois, dans le textile) et du secteur primaire (13 le défi se pose de continuer à développer pour cent) (Figure 18). Il est à noter que ces secteurs si l’on veut créer suffisamment les secteurs à forte croissance - tels que d’emplois en vue d’absorber les nouveaux l’agroalimentaire, les entreprises des zones venus sur le marché du travail, ainsi que la franches industrielles et les entreprises main-d’œuvre existante actuellement qui est du secteur des IT-BPO (voir Chapitre 3) - sous-employée. Figure 18: La création d’emplois formels Figure 19: Les secteurs qui contribuent à est menée par quelques secteurs la croissance ont également les taux de création d’emplois les plus élevés Nouveaux emplois formels par secteur Emplois par secteur, variation annuelle moyenne 40.000 en pourcentage, 2014-2018 30.000 25 20.000 20 15 10.000 10 0 5 2015 2016 2017 2018 0 Industrie alimentaire Transport de voyageurs Energie Industrie des métaux Industrie du tabac Services aux entreprises Télécommunications ZFE (y compris le textile) Commerce Agro-industrie Industries extractives Pêche et élevage Industrie alimentaire Télécommunications Bâtiment et travaux publics Services aux entreprises Agriculture Commerce Industrie du textile Administration Source : Données de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS) Source : Données de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNaPS) 8. De plus en plus d’emplois sont créés dans (port, exploitation minière et agroalimentaire), les villes hors de la capitale, Antananarivo. d’Antananarivo (activités commerciales), de Traditionnellement, les activités économiques Fianarantsoa (commerce, agroalimentaire) étaient concentrées dans les grandes villes. et de Toliara (agroalimentaire et tourisme) se Depuis 2012, des zones géographiques situées sont développées. Ces expansions créent des hors des trois plus grandes villes - Antananarivo, emplois au niveau régional (Figure 22). Dans l’est, Toamasina et Antsirabe - présentent une l’activité économique est très probablement augmentation de l’éclairage de nuit , ce qui sous-estimée si elle est évaluée sur la base des indique une expansion de la croissance (Figure données sur l’éclairage de nuit²⁸ étant donné 20, Figure 21). Les provinces d’Antsiranana que les activités agricoles peuvent ne pas être (activités touristiques), de Mahajanga prises en compte, tout comme les cultures (agroalimentaire et tourisme), de Toamasina commerciales dans la région de la SAVA, ce ²⁸ Pour pallier le manque de données économiques infranationales, l’éclairage de nuit (images satellites de l’espace) a été utilisé comme mesure indirecte pour estimer les activités économiques au niveau régional. L'électrification est également le plus puissant indicateur de prospérité par rapport à tout autre indicateur d'avantage territorial ou de densité économique (voir Shifting Fortunes and Enduring Poverty in Madagascar, Recent Findings, World Bank, 2016). 21 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité qui indique que la croissance régionale pourrait isolée, en particulier dans le sud-est (le Chapitre être supérieure à celle actuellement mesurée. 4 traite des défis rencontrés dans les zones en Une grande part de l’économie reste néanmoins retard de développement). Figure 20: Pollution lumineuse en 2012 Figure 21: Pollution lumineuse en 2018 Source: Cartes générées par l’équipe Geospatial Operational Source: Cartes générées par l’équipe Geospatial Operational Support du Groupe de la Banque mondiale, utilisant les données Support du Groupe de la Banque mondiale, utilisant les données d’éclairage nocturne du satellite VIIRS de la NOAA d’éclairage nocturne du satellite VIIRS de la NOAA Figure 22: Evolution majeure de l’éclairage de nuit à Madagascar entre 2012 et 2018 et création d’emplois formels²⁹ Province d’Antsiranana, régions : DIANA, SAVA (augmentation de 34 pour cent des emplois ; tourisme) Province de Mahajanga, régions : Sofia, Boeny, Melaky, Betsiboka et Atsimo Andrefana (pêche, riz, tourisme) Province de Toamasina, régions : Analanjirofo et Atsinanana (augmentation de 5 pour cent des emplois ; port, exploitation minière et commerce d’épices) Province d’Antananarivo, régions : Analamanga, Bongolava, Itasy et Vakinankaratra (augmentation de 14 pour cent des emplois ; capitale – toutes les activités) Province de Fianarantsoa, régions : Matsiatra Ambony et Ihorombe (augmentation de 22 pour cent des emplois ; commerce, agroalimentaire, vin) Province de Toliara, régions : Menabe, Atsimo Andrefana, Androy et Anosy (augmentation de 11 pour cent des emplois ; agroalimentaire et tourisme) Source: Cartes générées par l’équipe Geospatial Operational Support du Groupe de la Banque mondiale, utilisant les données d’éclairage nocturne du satellite VIIRS de la NOAA ²⁹ Les emplois ont été créés pendant la période de 2012 à 2016. Aucune donnée fiable n’est disponible pour Mahajanga. 22 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité 9. Pour pouvoir tirer parti de l’émergence l’épreuve d’évaluation, 625 représentant un d’opportunités d’emploi générée par une niveau avancé et 300 constituant le minimum).³¹ économie en expansion, il faut disposer d’une Les enfants en retard de croissance sont plus population active instruite et en bonne santé. susceptibles d’être peu performants à l’école Le capital humain est un facteur déterminant ; en effet, chaque augmentation de 10 pour de la productivité du travail et joue un rôle cent du taux national de retard de croissance essentiel dans la définition de la trajectoire réduit de 7,9 pour cent la proportion d’enfants de développement à long terme d’un pays. atteignant la dernière année du cycle primaire, De 2012 à 2017, l’Indice de capital humain ce qui entraîne une réduction des capacités (ICH) de Madagascar a baissé de 0,39 à 0,37.³⁰ cognitives et productives des citoyens. Ainsi, Les composantes de l’ICH pour lesquelles le non seulement les enfants qui naissent pays obtient les pires scores comprennent aujourd’hui n’atteindront à l’âge adulte que le retard de croissance (49 enfants sur 100 37 pour cent de la productivité qu’ils auraient présentent un retard de croissance) et les eue s’ils avaient bénéficié d’une éducation mauvais résultats d’apprentissage (les élèves complète et de la pleine santé, mais ce capital obtiennent en moyenne un score de 351 à humain continue de décliner. Figure 23: L’indice de capital humain de Figure 24: Compte tenu du niveau de revenu Madagascar est parmi les plus bas au monde de Madagascar, son taux de retard de croissance est l’un des plus élevés au monde 1 Indice de capital humain (meilleur=1) Fraction d'enfants de moins de 5 ans accusant 60 0,9 Madagascar un retard de croissance en pourcentage 0,8 Madagascar 50 0,7 0,6 40 0,5 30 0,4 0,3 20 0,2 10 0,1 0 0 500 5.000 50.000 500 5.000 50.000 Log du PIB par habitant, PPA Log du PIB par habitant, PPA international actuel USD (USD international constant de 2001) Source : WDI, ECM (UNICEF, Banque mondiale, OMS) Source : WDI, ECM (UNICEF, Banque mondiale, OMS) ³⁰ L'indice de capital humain comprend six composantes : la survie jusqu'à l’âge de cinq ans, le nombre d'années de scolarisation attendu, les scores aux épreuves harmonisées, les années de scolarisation ajustées en fonction de l'apprentissage, le taux de survie à l’âge adulte et le taux d’absence de retard de croissance. ³¹ Les dernières données disponibles montrent que même si le taux de retard de croissance est élevé, il a légèrement diminué entre 1997 et 2012. 23 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité 10. Outre le déclin du capital humain, les souligne la nécessité d’une meilleure allocation dépenses totales dans les secteurs de des ressources disponibles, assurant une l’éducation et de la santé sont parmi les plus formation des professionnels du secteur qui faibles au monde. Les dépenses financées par leur permette de fournir des services de qualité le secteur public et par des sources extérieures et une distribution des effective ressources sont faibles, ce qui alourdit les coûts à charge aux prestataires de service de première du ménage pour les services sociaux. Ce ligne. A mesure que l’efficacité des dépenses constat démontre que le capital humain est s’améliore, il s’agira d’augmenter les ressources relativement sous-financé à Madagascar, et affectées à ces secteurs sociaux essentiels. Figure 25: Les dépenses totales dans Figure 26: Les dépenses totales pour la santé sont parmi les plus faibles au l’éducation sont également parmi les plus monde faibles au monde 6.000 12 Dépenses de santé actuelles 5.000 l'éducation, total (% du PIB) 10 Dépenses publiques pour par habitant, USD PPA Moyenne 2010-2016 4.000 8 Madagascar 3.000 6 Madagascar 2.000 4 1.000 2 - - 500,0 50.000,0 500,0 5.000,0 50.000,0 Log du PIB par habitant, PPA Log du PIB par habitant (USD international de 2001) (USD international constant de 2011) Source : Organisation mondiale de la santé et WDI Source : Organisation mondiale de la santé et WDI 11. Pour inverser la tendance au déclin du seul 0,1 pour cent des enseignants évalués capital humain, le Gouvernement devra dans le cadre de l’enquête sur les Indicateurs centrer sans relâche son attention sur de prestation de services (IPS)³² possède les l’apprentissage, en commençant par la connaissances minimales pour enseigner, refonte du corps enseignant. Environ 30 pour contre 14,6 pour cent en moyenne dans les cent de la population active n’a reçu aucune autres pays où l’enquête IPS a été réalisée instruction. Suite à la suppression des frais de ces dernières années.³³ Depuis 2009, on scolarité dans les établissements publics au n’observe plus de progrès en termes de taux début des années 2000, le taux d’achèvement d’achèvement des études en raison des coûts des études a bondi de 36,7 pour cent en 2000 à élevés à charge des ménages, des problèmes 73,9 pour cent en 2009. Toutefois, les résultats d’accès aux établissements d’enseignement d’apprentissage restent mauvais étant donné résultant de l’insuffisance de la connectivité, que les enseignants sont mal équipés. En effet, et de l’absence de gestion de carrière pour les ³² Banque mondiale. 2016. Prestation de services éducatifs à Madagascar. ³³ Les pays de comparaison comprennent la Tanzanie, le Kenya, le Mozambique, le Nigéria, le Togo et l’Ouganda. 24 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité enseignants. Tous ces facteurs ont gagné en être adéquatement informés des résultats intensité pendant la période de transition attendus. Ces données sont essentielles politique lorsque le Gouvernement a cessé pour que les enseignants puissent identifier de payer les salaires.³⁴ Pour remédier au les difficultés d’apprentissage, une condition manque d’enseignants publics en milieu préalable pour inculquer les compétences de rural, les communautés, dans bien des cas, base dont Madagascar a besoin. paient en nature des enseignants qui n’ont reçu aucune formation formelle. Ainsi, la 13. L’obtention d’un diplôme universitaire qualité de l’enseignement est faible, et il est permet d’espérer de meilleurs revenus. impératif d’intensifier les efforts en cours Néanmoins, l’enseignement supérieur ne visant à améliorer le niveau de formation garantit pas l’acquisition des compétences des enseignants. requises par le marché du travail. Avoir suivi une formation universitaire augmente 12. Pour améliorer l’apprentissage, il est les chances d’obtenir de meilleurs revenus, nécessaire de le mesurer efficacement et de en particulier en milieu urbain³⁵ Toutefois, prendre des mesures fortes pour développer l’Indice de compétitivité mondiale place les compétences de base telles que la l’inadéquation de l’éducation de la population lecture, l’écriture et les mathématiques. active au septième rang des plus grandes Quand ils atteignent l’âge de 18 ans, les contraintes (Madagascar figure à la 123ème enfants malgaches ont passé environ 7,5 place sur 137 pays). Même si certaines activités ans à l’école, mais ce nombre est réduit à de formation professionnelle existent, celles- 4,2 ans après ajustement en fonction de la ci ne sont pas bien ciblées, ce qui oblige les qualité de l’apprentissage. Actuellement, ni entreprises à investir dans leurs propres les enseignants, ni les directeurs d’école, ni les activités de formation (voir le Chapitre 3). superviseurs au niveau des circonscriptions scolaires, ni les responsables du système 14. Quelques améliorations sont notées dans éducatif ne connaissent la situation de le secteur de la santé, mais d’importantes l’apprentissage dans les salles de classe disparités subsistent entre les milieux à Madagascar. Des évaluations régionales urbains et les milieux ruraux. L’accès à occasionnelles (PASEC), effectuées des services de qualité de prévention et périodiquement après quelques années par de promotion de la santé est critique pour échantillonnage, révèlent que le niveau est améliorer la productivité du travail. Depuis faible et en déclin. Cependant, ces évaluations 2000, l’espérance de vie à la naissance et la ne permettent pas d’établir un diagnostic qui réduction du taux de mortalité des enfants permettrait de déterminer quels sont les de moins de cinq ans ont connu des progrès élèves et les écoles qui ont particulièrement remarquables. Toutefois, des disparités besoin d’appui. Pour que le système éducatif importantes existent entre le milieu urbain et fonctionne correctement, l’apprentissage le milieu rural. En 2012, les taux de mortalité doit être monitoré de manière régulière néonatale et infanto-juvénile atteignaient et soutenue et les enseignants comme 39 pour 1 000 naissances vivantes en milieu les directeurs d’établissement doivent urbain contre 64 en milieu rural, tandis que ³⁴ Evaluation de la pauvreté par la Banque mondiale, 2016. ³⁵ Evaluation de la pauvreté par la Banque mondiale, 2016. 25 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité la couverture vaccinale atteignait 77,6 pour dans certaines zones. La faible couverture des cent en milieu urbain contre 46,6 pour cent programmes de transfert monétaire reflète la en milieu rural.³⁶ La couverture des services faiblesse du financement national. Les efforts de santé est également inférieure en milieu visant à mettre à l’échelle les programmes rural étant donné que seuls 48,6 pour cent du de transfert monétaire pourraient encore personnel de santé total et 36,5 pour cent des être complétés par des démarches visant à médecins travaillent en milieu rural où vivent accroître la diversification des aliments liée à 68 pour cent de la population. Le financement l’amélioration des pratiques agricoles. public du secteur de la santé est également faible : par exemple, le secteur public ne 16.En investissant dans le capital humain, finance que 1 pour cent des produits de il serait possible de tirer avantage de planification familiale tandis que le reste est dividendes démographiques liés à une assuré par les bailleurs.³⁷ Enfin, les flambées population jeune et un taux de dépendance d’épidémies telles que la rougeole (en 2019) infantile en baisse. La population de et la peste (en 2018) soulignent la faiblesse Madagascar est estimée à 25,5 millions de du système de santé en général. personnes et est remarquablement jeune : 41,6 pour cent de cette population ont moins 15. Une approche multisectorielle est de 15 ans (Figure 27). Depuis les années 1980, nécessaire pour lutter contre le retard de le ratio de dépendance de Madagascar est en croissance. Pour réduire le niveau élevé baisse, ce qui signifie que la population en âge de retard de croissance à Madagascar, de travailler est en augmentation par rapport il est nécessaire d’améliorer l’accès aux à celle qui n’est pas en âge de travailler (au- services de santé de base (pour la mère et dessous et au-dessus de la tranche d’âge l’enfant), d’eau et d’assainissement ainsi que des personnes en âge de travailler). Cette promouvoir les pratiques parentales positives, diminution devrait se poursuivre, du moins y compris en nutrition. La mise à l’échelle au cours des trois prochaines décennies pour des programmes de transfert monétaire atteindre 58,2 pour cent en 2055 (Figure 28).³⁹ assorti de conditions visant à accroître la Ainsi, le pays est bien placé pour récolter un fréquentation scolaire et à promouvoir les dividende démographique, étant donné que pratiques parentales positives, pourrait le nombre de personnes qui génèrent des également avoir des retombées positives sur produits et des revenus augmente par rapport la nutrition.³⁸ Toutes ces interventions sont au nombre de personnes qui dépendent des actuellement en cours de mise en œuvre revenus des travailleurs. ³⁶ Enquête de suivi des OMD 2012. ³⁷ Plan d'action national budgétisé pour la planification familiale à Madagascar 2016-2020. ³⁸ Le projet de Transferts monétaires pour le développement humain s’est avéré efficace, permettant d’augmenter la fréquentation scolaire ainsi que les activités parentales et de développement de la petite enfance. ³⁹ Dans les trois scénarios de la Division de la population des Nations Unies (variantes de fécondité élevée, moyenne et faible), le ratio de dépendance devrait baisser pendant les trois prochaines décennies et commencer à stagner en 2055 dans les scénarios à taux moyens et faibles. 26 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 27: La population de Madagascar Figure 28: Un taux de dépendance en est jeune baisse indique la possibilité de récolter un dividende démographique Distribution des âges par sexe Taux de dépendance infantile (%) 80+ 100 70-74 60-64 50-54 50 40-44 30-34 20-24 0 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 10-14 0-4 Monde Pays à revenu élevé 2.000 1.000 0 1.000 2.000 Pays à revenu Pays à revenu Femmes Hommes intermédiaire supérieur intermédiaire inférieur Pays à faible revenu Madagascar Source : Données démographiques des Nations Unies Source : Données démographiques des Nations Unies 17. L’ampleur du dividende démographique Ces mesures devraient être complétées par dépend essentiellement de la dynamique des efforts visant à accroître le nombre de du marché du travail, entre autres facteurs. femmes occupant des postes de direction, La quantité et la qualité des emplois que dont la proportion représente actuellement 28 l’économie peut créer pour la part croissante pour cent des emplois.⁴¹ Dans les entreprises de la population en âge de travailler, ainsi que dans lesquelles des femmes occupent les la rapidité avec laquelle le taux de fécondité postes de direction, les niveaux de productivité total diminue au fil du temps, auront un impact de la main d’œuvre sont plus élevés, et la sur la possibilité de réaliser un dividende croissance annuelle des emplois et de la démographique. Les politiques peuvent productivité du travail est plus importante. A également jouer un rôle dans la lutte contre la mesure que les femmes assument davantage procréation précoce à travers la sensibilisation de responsabilités, il sera possible d’influencer sur la parentalité éclairée, qui devrait positivement la prochaine génération à également s’améliorer avec l’augmentation travers des modèles féminins, le but étant des revenus suite à l’accroissement de la d’encourager la participation de la population création d’emplois dans le secteur formel.⁴⁰ active aux emplois de qualité. ⁴⁰ A Madagascar, le taux synthétique de fécondité est passé de 6,1 naissances vivantes par femme au début des années 1990 à 4,4 en 2015, ce qui signifie que la transition de la fécondité est amorcée, même si la conception précoce reste prévalente au sein du quintile le plus pauvre. ⁴¹ Enquête auprès des entreprises, 2013. 27 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 29: Les entreprises où des femmes Figure 30: La croissance annuelle de occupent des postes de direction ont une l’emploi et de la productivité du travail est productivité du travail plus élevée également supérieure quand des femmes occupent des postes de direction. (%) (Logs, USD ajustés) 2,5 2,0 8,6 1,5 8,5 1,0 8,4 0,5 8,3 0,0 -0,5 8,2 -1,0 8,1 Croissance annuelle Croissance annuelle de la de l'emploi (%) productivité de la main-d'oeuvre 8,0 Femme premier dirigeant Homme premier dirigeant Premier dirigeant femme Premier dirigeant homme Source : Enquête auprès des entreprises, 2013 Source : Enquête auprès des entreprises, 2013 (ii) Investissement minière s’est également accompagnée d’une augmentation des investissements publics, 18.La contribution du capital à la croissance soutenue par une amélioration de l’accès varie au fil du temps, en fonction des aux financements extérieurs. Toutefois, projets d’investissement majeurs en lorsque ces activités d’exploitation minière cours. De 2004 à 2008, la contribution du sont entrées dans leur phase d’exploitation capital à la croissance a augmenté. Ce en 2009 et 2012,⁴² et que le début de la crise mouvement reflète une augmentation des politique en 2009 a entraîné une réduction flux d’investissements de capitaux privés de l’aide de la communauté internationale, en appui à deux exploitations minières la contribution du capital à la croissance a opérant dans l’extraction de nickel, de également diminué. La mise en œuvre des cobalt, d’ilménite et d’autres minéraux. nouveaux investissements publics, ainsi que Cette période d’augmentation des flux de l’exploitation et la maintenance des projets capitaux dans le secteur de l’exploitation existants, sont en grande partie en suspens. ⁴² QIT Madagascar Minerals est une exploitation minière d’ilménite, de rutile et de zircon située à Taolagnaro, au sud-est de Madagascar, qui a démarré en 2009. Le projet Ambatovy produit du nickel, du cobalt et du sulfate d'ammoniac à partir d'une exploitation minière située près de Moramanga et d'une usine de transformation à Toamasina, à l'est de Madagascar. Le projet a démarré à la fin de 2012. 28 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 31: La volatilité du financement de Figure 32: Le financement de l’investissement l’investissement public est en fonction duvolume est en fonction du volume net de l’aide net de l’aide publique au développement publique au développement Investissement total exprimé en pourcentage du PIB Investissement public exprimé en pourcentage 50 du PIB et des flux d’APD (en millions) 40 10 1.000 Pourcentage du PIB 30 8 800 Millions USD 20 6 600 10 4 400 0 2 200 Malawi Burkina Faso Kenya Maurice Madagascar Côte d'Ivoire Comores Mali ASS Tchad Rwanda Sénégal Tanzanie Mozambique Togo 0 0 Moyenne Moyenne Moyenne 2003-2008 2009-2014 2015-2018 Investissement public (côté gauche) Aide au développement et aide officielles nettes resçues Moy 2003-08 Moy 2009-14 Moy 2015-18 (millions, USD constants 2015 - côté droit) Source : WDI Source : WDI 19. Les carences notables en infrastructures plus faibles au monde). Toutefois, l’aide constituent une contrainte pour extérieure est également caractérisée par une l’investissement et la croissance du secteur suite d’arrêts et de reprises au rythme des privé, reflétant en partie le faible niveau turbulences politiques.⁴³ Ce constat souligne d’investissement. Les constats de l’Enquête la nécessité pour le Gouvernement de menée auprès des entreprises en 2013, continuer à améliorer l’espace budgétaire en corroborés ensuite par des consultations mobilisant davantage les recettes intérieures avec le secteur privé, indiquent que les pour financer l’investissement et mobiliser le principaux éléments empêchant le capital secteur privé. physique de contribuer à la croissance et d’appuyer le développement du secteur Electricité - accès, coûts et fiabilité privé ont trait à l’électricité d’abord, et aux infrastructures de transport et portuaires 20. A Madagascar, trois ménages sur quatre ensuite. Le manque d’infrastructures reflète n’ont pas accès à l’électricité - l’un des taux les faibles niveaux de financement de d’électrification les plus bas au monde - ce l’investissement public. Par rapport aux pays qui les empêche de participer à l’économie pairs aspirationnels tels que la Côte d’Ivoire, moderne et de plus en plus numérique. le Sénégal et le Rwanda, le financement total D’après les estimations, 26 pour cent de la de l’investissement pour la période 2015-2018 population a accès à l’électricité (12,4 pour a été relativement faible. A Madagascar, les cent sur réseau et 13,6 pour cent hors réseau) périodes d’intensification de l’investissement à Madagascar. Pour parvenir à un accès public ont été largement financées par les universel à l’électricité, tel que prévu dans les partenaires au développement (les flux Objectifs de développement durable, il est d’APD pour Madagascar figurent parmi les estimé que 400 000 nouveaux branchements ⁴³ Sur la période 2003-2008, l’investissement public a culminé pour atteindre 8,4 pour cent du PIB en moyenne et a été largement financé par les flux d'APD. Au début de la période de transition politique de 2009 à 2014, l’investissement public a chuté à 3,2 pour cent du PIB, parallèlement à la réduction du financement extérieur. La période post-2014 est marquée par un réengagement de la communauté internationale et une augmentation de l'APD. 29 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité sont nécessaires chaque année. La nouvelle supérieur de 230 pour cent à la moyenne Politique énergétique de Madagascar, pondérée régionale, principalement à cause approuvée en 2015, a pour objectif d’augmenter des mauvaises décisions en matière de le taux d’électrification pour le faire passer passation de marchés et d’une transition plus de 26 pour cent à 70 pour cent d’ici 2030, ce lente que prévue vers l’adoption des énergies qui exige de brancher 260 000 foyers chaque renouvelables. Les coûts d’exploitation année. L’amélioration de l’accès à l’électricité ne sont pas répercutés en totalité sur les est importante pour améliorer l’accès aux consommateurs étant donné que le coût opportunités économiques de ceux qui ne de l’électricité est subventionné, ce qui sont actuellement pas branchés au réseau. contribue également à l’accroissement du déficit budgétaire de la JIRAMA, alors que les 21. Le coût et la qualité de l’alimentation dettes de l’entreprise envers ses fournisseurs électrique constituent un obstacle majeur à sont estimées à 3,1 pour cent du PIB en la croissance à Madagascar. L’électricité est 2018. Enfin, malgré quelques améliorations, fournie par la compagnie nationale, JIRAMA. l’alimentation électrique reste peu fiable, Les coûts d’exploitation pour la production contribuant ainsi à une perte de ventes d’électricité sont parmi les plus élevés en estimée à 13 pour cent, ce qui est nettement Afrique, atteignant plus de 0,30 USD/kWh supérieur à ce qui est enregistré dans les en 2017, ce qui, d’après les estimations, est pays pairs (Figure 33). Figure 33: Les entreprises à Madagascar enregistrent des pourcentages de pertes sur ventes parmi les plus élevés au monde à cause des coupures de courant (%) 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 Indonésie Maurice Mozambique Rwanda Burundi Libéria Mauritanie Zambia RDP lao Sénégal Cambodge Monde Ethiopie Mali Tchad Ouganda Ghana Togo Côte d'Ivoire Niger Burkina Faso Zimbabwe Kenya Malawi ASS Cameroun Madagascar Tanzanie Sierra Leone Népal Source : Enquête de la Banque mondiale auprès des entreprises et Doing Business 22. Madagascar est en voie d’amélioration projets d’investissement exige l’obtention pour l’approvisionnement en énergie d’investissements privés importants. Pour renouvelable. Contrairement aux autres pays obtenir de tels investissements à des insulaires, Madagascar est favorablement conditions compétitives, il est indipensable fournie en sources d’énergie renouvelables, de réduire les risques élevés liés la situation en particulier l’énergie hydroélectrique. financière précaire de la JIRAMA qui affectent Le développement de deux grands sa crédibilité en tant qu’emprunteur. Il importe projets hydroélectriques à Sahofika et à que tous les investissements soient acquis au Volobe est en cours. La réalisation de ces moindre coût et en accord avec la demande 30 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité et la capacité de paiement, et soient soutenus accéder aux marchés, ce qui accentue leur par des évaluations de faisabilité économique, enclavement. Une hétérogénéité significative sociale et environnementale. est notée entre les zones. Alors que l’accessibilité rurale est relativement élevée Infrastructures de transport et logistiques le long des RNP (par exemple à Toamasina, Antsiranana, Mahajanga, Sainte-Marie, Toliara 23. L’état des routes primaires reliant la - les villes qui ont présenté une augmentation capitale au reste du pays et la mobilité de l’éclairage de nuit et où il y a eu créations dans la capitale elle-même se détériorent. d’emplois), d’autres zones n’ont qu’une Madagascar comporte un réseau routier accessibilité minimale, par exemple dans le de 31 640 km. Alors que 70 pour cent des nord (régions de Sofia et d’Analanjirofo), à routes revêtues sont en bon état ou dans un l’ouest (Bongolava, Melaky), à l’est et au état passable (c’est-à-dire les RN2, 4, 6, 7, 34 sud (Androy, Anosy). Les zones du sud, et 35), environ 70 pour cent des routes non coupées du reste du pays, présentent revêtues sont en mauvais état. La priorité des niveaux de pauvreté supérieurs là où reste d’assurer l’entretien réseau routier l’accessibilité est également compromise. primaire, en particulier vers Antananarivo, le Les routes non revêtues mal entretenues premier marché de Madagascar. Toutefois, sont particulièrement vulnérables aux l’efficacité de la mobilité dans la capitale fortes précipitations. s’est détériorée en raison de la gestion fragmentée des terres et de la mauvaise 25. Des améliorations devraient être gestion des systèmes de transport, dominés apportées à certains réseaux routiers majeurs par des réseaux de véhicules informels peu et permettraient d’éliminer les contraintes réglementés. L’élaboration de systèmes de de connectivité. La RN44 qui relie Moramanga transport intégrés, combinée à une gestion (entre la capitale et le littoral est) à Vohidiala durable et résiliente des terres ainsi qu’au (113 km) sera réhabilitée entre fin 2019 et développement des entreprises locales, début 2023 pour améliorer l’accessibilité pourraient permettre de réduire certaines de à la région productrice de riz, améliorant ces pressions. ainsi la sécurité alimentaire. De plus, la réhabilitation d’une route reliant Taolagnaro, 24. Les faibles niveaux d’accessibilité rurale qui abrite également un port, est en cours.⁴⁴ limitent l’accès des exploitants agricoles Cette route est critique pour ouvrir l’accès aux marchés et constituent en général aux régions qui ne sont pas actuellement un frein à la connectivité. Les dernières reliées au reste du pays, ce qui permettrait données sur l’état des routes indiquent un de débloquer de nouveaux corridors de taux d’accessibilité de 11,4 pour cent (Figure croissance et de faciliter l’accès à un port situé 35). Ainsi, 17 millions de personnes en milieu hors de Toamasina.⁴⁵ Dans le nord du pays, rural (soit 68 pour cent de la population la RN6, reliant Ambanja à Antsiranana, sera totale) sont coupées du reste du pays et réhabilitée, ce qui est d’importance pour le doivent faire face à des coûts élevés pour tourisme, le commerce du riz et l’exportation ⁴⁴ L'UE et la BAD réhabilitent actuellement 50 km de routes. La Banque mondiale devrait commencer à contribuer en 2020 et terminer en 2022. ⁴⁵ La RN12A sera réhabilitée avec un cofinancement de la BAD et de l'UE. RN13 Ambovombe - Taolagnaro / 114 km / Banque européenne d'investissement et UE. RN12A Taolagnaro - Vangaindrano / 236 km / UE - BAD - Banque Mondiale. 31 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité de cultures commerciales telles que le cacao, pays, les principaux marchés entre Faratsiho les épices, les huiles essentielles et la noix et Sambaina seront reliés, ce qui permettra de cajou.⁴⁶ De plus, la route allant du nord- de libérer le potentiel de production et de est au nord-ouest (d’Ambilobe à Vohimarina) commercialisation des cultures vivrières sera réhabilitée, libérant ainsi le potentiel (riz, maïs) et des légumes.⁴⁹ Dans le sud de transport des cultures commercial et du pays, la route Analamisampy-Dabaraha du riz.⁴⁷ Dans l’est du pays, la RN5 reliant (des régions produisant principalement du Soanierana Ivongo sera réhabilitée, ce qui riz et des haricots secs) sera réhabilitée.⁵⁰ est d’importance pour le commerce des A Antananarivo, plusieurs routes seront clous de girofle et d’autres épices, ainsi que réhabilitées, ce qui pourrait améliorer pour l’accès au port principal.⁴⁸ Au centre du considérablement l’accès et la connectivité.⁵¹ Figure 34: 70 pour cent des routes Figure 35: L’Indice d’accès rural à Madagascar revêtues sont en bon état tandis que 70 montre que seulement 11,4 pour cent de la pour cent des routes non revêtues sont population a accès à un réseau routier en en mauvais état bon état Source : Analyse spatiale de la connectivité du transport et du Source : Analyse spatiale de la connectivité du transport et du potentiel de croissance à Madagascar, Banque mondiale potentiel de croissance à Madagascar, Banque mondiale ⁴⁶ Avec l’appui de la Banque européenne d'investissement et de l'UE. ⁴⁷ RN5A Ambilobe - Vohimarina / 151 km / Gouvernement de la Chine. ⁴⁸ Avec l’appui du Fonds saoudien de développement, du Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes, d’Abou Dhabi, de la BADEA et de l’OFID. ⁴⁹ RNS43 / 51 km / BADEA et Fonds saoudien de développement. ⁵⁰ Avec l’appui de la BAD. ⁵¹ RN à la sortie d'Antananarivo (RN1, RN2, RN3, RN4, RN7) / 47 km / BEI et Gouvernement de Madagascar ; rocade nord-est entre le marais Masay et le boulevard de Tokyo / 7,2 km / AFD - BEI - UE - Gouvernement de Madagascar ; route entre Ambohitrimanjaka et Ambohidratrimo / Gouvernement de la Chine. 32 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité 26. Les ports et les aéroports constituent d’ouvrir l’accès au port, ce qui permettrait d’importantes passerelles vers les marchés aux entreprises à vocation exportatrice de régionaux et mondiaux, mais leur exploitation tirer parti des nouvelles routes de navigation. actuelle est sous-optimale. Alors que Il existe actuellement 55 aéroports, dont ceux Madagascar compte 17 ports maritimes, d’Antananarivo et de Nosy Be (au nord, une les activités sont concentrées au port de destination touristique majeure) qui sont Toamasina, qui traite 65 pour cent de la les aéroports principaux. Le fret aérien est cargaison mixte et 85 pour cent de la cargaison l’un des moyens privilégiés de transport de en conteneur. La congestion actuelle du port marchandises. Toutefois, les coûts élevés du devrait être réduite par le projet d’extension fret aérien et des tarifs passagers, associés à qui devrait être partiellement achevé d’ici la faiblesse du nombre de lignes, et les coûts 2021 et entièrement achevé d’ici 2026. De plus, élevés du kérosène, sont des obstacles à la la construction prévue de la route menant compétitivité (voir de plus amples informations au port de Taolagnaro pourrait permettre à ces sujets aux Chapitres 3 et 5). Figure 36: Madagascar obtient l’une des scores les plus faibles pour les infrastructures de transport Global Competitiveness Index - Transport Infrastructure (best score = 7) 6,0 5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 Malaisie Indonésie Maurice Kenya Rwanda Ethiopie Sénégal Tanzanie Moyenne ASS Mozambique Mali Libéria Ouganda Burundi Côte d'Ivoire Cambodge RDP lao Zambie Zimbabwe Sierra Leone Guinée Madagascar Cameroun Burkina Faso Népal Malawi Tchad Source : Ensemble de données de 2007-2017 sur l’Indice de compétitivité mondiale, Forum économique mondial Combler le déficit d’investissement hauteur de 9,9 pour cent seulement, ce qui était insuffisant pour couvrir les dépenses 27. En réponse à la mauvaise qualité des courantes représentant 10,8 pour cent du infrastructures, le Gouvernement a pris PIB. La marge disponible pour améliorer la des mesures pour accroître les ressources qualité des dépenses publiques était encore fiscales domestiques. A la fin de la période importante, étant donné que près du tiers de transition politique en 2014, Madagascar des dépenses courantes était consacré à affichait l’un des ratios impôts/PIB les des secteurs régressifs, tels que les transferts plus faibles en Afrique subsaharienne, à à des entreprises publiques inefficaces. 33 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Soucieux de remédier à cette situation, le le ré-engagement de la communauté Gouvernement s’est lancé dans une série de internationale en 2014 a ouvert la voie à l’accès réformes successives au titre desquelles les du Gouvernement à un financement sous projections pour 2019 indiquent que le ratio conditions concessionnelles, le financement impôts/PIB devrait atteindre 12,2 pour cent du des infrastructures par emprunt a augmenté. PIB, que les transferts régressifs diminueront Le ratio de la dette publique et garantie par et que les dépenses d’investissement l’Etat/PIB est passé de 24,4 pour cent en 2014 augmenteront et passeront de 3,5 pour cent à 31,7 pour cent en 2019, dont près de 96 en 2015 à 6,6 pour cent du PIB. Ainsi, des pour cent à des conditions concessionnelles. progrès soutenus sont réalisés en termes Les partenaires bilatéraux ne fournissent d’augmentation des revenus et d’amélioration actuellement qu’un faible financement, qui de la composition des dépenses visant à peut être à la fois concessionnel et sous financer l’investissement. (Voir dans le Tableau forme de dons. Les PPP sont de plus en 3 une sélection d’indicateurs économiques et plus envisagés dans les secteurs tels que financiers pour la période 2008-2018). le transport (aéroport d’Antananarivo), les routes, l’énergie, l’administration en ligne 28. Ces sources de financement nationales et les finances. Toutefois, la capacité des sont complétées par un financement institutions à gérer les PPP est encore faible, par emprunt, largement sous conditions en conséquence cette option est à utiliser concessionnelles. Etant donné que avec prudence. 34 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Tableau 3: Quelques indicateurs économiques et financiers à Madagascar : 2008-2019 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 Effectif Est. Proj. Secteur réel PIB (milliards MGA) 16 081 16 726 18 245 20 034 21 774 23 397 25 775 28 585 31 634 35 729 40 032 44 241 PIB réel (variation 7,2 -4,7 0,3 1,5 3 2,3 3,3 3,1 4,2 4,3 5,1 4.7 annuelle en %) PIB par tête 472 417 424 467 455 473 463 412 409 459 467 477 (USD actuel) PIB réel par tête 4.4 -7,5 -2,5 -1,3 0,2 -0,5 0,5 0,4 1,4 1,5 2,3 2,0 (variation annuelle en %) Finance publique (% du PIB) Total des revenus 15,9 11,5 13,2 11,7 10,8 10,9 12,4 11,8 14,8 14,8 14,6 15.0 et des dons Dont : Recettes 11,8 9,4 9,8 9,5 9,1 9,3 9,9 10,1 11,0 11,5 11,8 12.2 fiscales Dépenses totales 17.9 14,1 14 14,1 13,4 14,9 14,7 15,1 16,1 17,2 17,1 17,5 (basées sur les engagements) Dont : Dépenses 7,7 4,9 5 4,2 2,7 3,1 3,9 3,5 5,2 5,5 6,1 6.6 d’investissement Solde global -2.2 -2,5 -1,1 -1,6 -1,4 -2 -2,4 -3,3 -1,3 -2,4 -2,5 -2,5 (basé sur les engagements) Dette publique totale 31,5 33,7 31,7 32,2 33 33,9 34,7 41,3 47,1 46,0 45,7 45.9 Dont : Extérieur 24,2 26 24,1 24 23,5 22,8 24,4 28,4 29,6 29,5 30.5 31.7 Secteur externe (% PIB) Exportations de 14 12,4 13,4 14,9 15,3 18,1 20,6 21 21,7 24,4 25,0 25.5 biens, FOB Importations de 40,1 37,4 28,9 29,4 31,2 30,7 30,2 28,7 28,7 31,5 28,9 29.6 biens CAF Solde du compte -18,9 -21,1 -10,2 -7 -7,6 -5,9 -0,3 -1,9 0,6 -0,5 0,8 -0.8 courant Investissement 6,9 8,1 3,9 7,8 7,8 5,2 2,9 4,5 4,5 3,1 4,1 3.2 direct étranger Réserves en 2.5 2,9 2,9 3,7 3,3 2,2 2,5 2,9 3,9 4 4,3 … devises (mois d’importations) Termes de -8.8 0,8 10 -0,4 -6,5 -0,3 -0,9 -0,9 0,1 22,3 -1,2 -0,8 l’échange (variation en pourcentage) Taux de change 1708.4 1 956,2 2 090,0 2 025,1 2 195,0 2 206,9 2 414,8 2 933,5 3 176,5 3 116,1 3 333,6 MGA/USD (moyenne) Source: Autorités malgaches et calculs de l’équipe de la Banque mondiale, Octobre 2019. Les chiffres et ratio utilisent les comptes nation- aux base 1984. 35 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité 29. Pour tirer parti des opportunités Conférence des bailleurs et des investisseurs d’accroissement du financement des en 2016, le secteur privé a confirmé infrastructures, le Gouvernement a l’investissement de 1,9 milliard USD dans les pris des mesures visant à améliorer secteurs tels que l’énergie, les infrastructures, le cadre institutionnel de gestion des l’agroalimentaire et le secteur financier. Pour investissements publics, mais sa capacité tirer davantage parti des investissements à reste faible. Par exemple, une nouvelle long terme du secteur privé, il est critique Stratégie d’investissement public a été d’améliorer l’environnement des affaires, ce élaborée, un nouveau cadre juridique pour qui permettrait de rehausser la prévisibilité les PPP est en place et la transparence des et de réduire les risques. Ces réformes à investissements publics et des sources de long terme de l’environnement des affaires financement a été améliorée à travers la permettraient d’encourager l’investissement publication des informations sur les prêts du secteur privé mais contribueraient avec des projections de la dette à long terme. également à renforcer la résilience de Toutefois, malgré ces efforts, la capacité l’économie afin d’avancer sur la voie d’une du Gouvernement à planifier, sélectionner, croissance plus durable. ordonner, exécuter et surveiller efficacement les investissements publics reste faible. En 31. L’environnement des affaires à Madagascar conséquence, il faudra continuer à accroitre est caractérisé par des faiblesses majeures les ressources publiques consacrées aux liées à la perception de l’efficacité de la investissements parallèlement aux efforts gouvernance et de l’état de droit. La qualité visant à améliorer la capacité de gestion des de la gouvernance mine la confiance des investissements publics. En outre, des efforts investisseurs dans l’administration publique sont nécessaires pour améliorer l’exécution et nuit au climat des affaires. Cette situation des projets d’investissement à financement reflète la mainmise d’une petite élite sur les externe, en éliminant les principaux goulots sphères économique et politique, certains d’étranglement du côté du Gouvernement d’entre eux usant de leur influence pour afin de garantir une exécution dans les délais. exclure les nouveaux acteurs et les opposants. Ce mode de fonctionnement est un héritage de 30. Dans le cadre de la stratégie à long la période pré et postindépendance, lorsque terme, il est essentiel de continuer à l’économie était sous le contrôle d’une poignée attirer l’investissement du secteur privé, de familles influentes qui avaient des relations ce qui nécessite un renforcement de bien placées. Actuellement, la composition du l’environnement des affaires. Certains secteur privé a évolué et l’économie est plus éléments du secteur privé, y compris des ouverte et plus accessible que dans les années investisseurs nationaux mais aussi étrangers, qui ont suivi l’indépendance, permettant ainsi ont déjà manifesté leur volonté d’investir la mise en œuvre de certaines mesures de à Madagascar. Par exemple, lors de la mobilité ascendante. 36 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 37: La perception de l’efficacité de la gouvernance à Madagascar est parmi les plus faibles par rapport aux pairs Rang de centile parmi tous les pays (varie de 0 [le plus bas] à 100 [le plus élevé]) 100 80 60 40 20 0 Burundi Tchad Libéria Comores Sierra Leone Mozambique Zimbabwe Madagascar Mali Népal Cameroun Mauritanie Ethiopie Côte d'Ivoire Niger Malawi Camboge Tanzanie Zambia Ouganda Burkina Faso RPD lao Sénégal Togo Source : Indicateurs de gouvernance dans le monde, 2017 32. Compte tenu des faiblesses des des conditions de concurrence (Chapitre institutions, les opérateurs privés ont 5) tout en encourageant et protégeant les eu recours aux relations politiques pour investisseurs (Chapitre 3). protéger leurs activités. La dépendance aux relations et aux alliances a entamé la 33. L’arrivée plus récente de nouveaux motivation à renforcer les mécanismes de opérateurs économiques, dans des gouvernance, de transparence, de redevabilité secteurs émergents tels que les IT-BPO et de surveillance. Pour éliminer le système par exemple, montre qu’avoir des relations de mainmise par l’élite, il est nécessaire de n’est pas toujours une condition préalable mettre en œuvre un programme robuste de à la conduite d’affaires à Madagascar. Les réforme du secteur public et de renforcer nouveaux venus dans l’économie - nationaux l’état de droit pour relever le niveau de ou étrangers - peuvent s’intégrer dans des confiance des investisseurs. Toutefois, les secteurs créneaux et émergents relativement mesures d’incitation au renforcement des ouverts et non protégés, ou dans des institutions devront s’attaquer aux éventuelles secteurs où les sociétés établies n’ont pas de résistances aux réformes. Les entreprises qui prétentions ou d’intérêts préalables. Même si ont pu se développer et surtout survivre aux ces exemples sont limités, ils montrent que turbulences résultant des crises politiques, les nouveaux arrivants peuvent effectivement ont gardé un accès privilégié aux facteurs mener des affaires à Madagascar et, de plus, de production, tels que la terre (acquisition dans des secteurs créateurs d’emplois. Ces interdite aux ressortissants étrangers) et la exemples indiquent en outre que, si les capacité de négocier un crédit à des conditions obstacles à la conduite des affaires étaient plus favorable (y compris l’accès au crédit réduits, les perspectives d’investissements fournisseur). Ces constats montrent qu’il est s u p p l é m e nt a i re s p o u r r a i e nt c ro î t re important de promouvoir davantage l’égalité exponentiellement (Chapitre 3). 37 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité (iii) Productivité et innovation d’inclusion financière. Par exemple, entre 2011 et 2017, le pourcentage de titulaires de 34. Les entreprises ayant des niveaux plus compte auprès d’une institution financière est élevés de productivité du travail présentent passé de 6 pour cent à 10 pour cent. Même les caractéristiques communes suivantes si cette augmentation indique un progrès : (i) elles sont en relation avec le système appréciable, ce taux reste loin derrière la financier ; et (ii) elles sont plus exposées au moyenne en Afrique subsaharienne (33 pour savoir-faire international.⁵² Les entreprises qui cent).⁵³ Les prêts au secteur privé sont à la sont en relation avec le système financier, par hausse mais les crédits sont essentiellement exemple, à travers l’accès à un prêt bancaire, de courte durée, ce qui limite les possibilités sont davantage susceptibles d’afficher des de s’engager dans des investissements à long niveaux plus élevés de productivité du travail terme. (mesurée par la croissance des ventes par travailleur) ; elles ne représentent que 20 36. Toutefois, il est nécessaire de progresser pour cent des entreprises étant donné qu’il davantage pour remédier à la faiblesse de est plus courant que les entreprises comptent l’intermédiation financière. Globalement, à sur leur autofinancement. Les entreprises qui Madagascar, le secteur bancaire est rentable ont accès à des ressources financières leur et le système est liquide. Toutefois, les coûts permettant de recruter des talents externes de crédit sont élevés à cause des risques ont également des niveaux de productivité de portefeuille associés aux faiblesses du travail supérieurs. Les entreprises de taille institutionnelles globales, qui sont répercutés moyenne sont celles qui affichent le taux de sur les consommateurs. Madagascar a croissance le plus élevé de productivité du également l’un des différentiels de taux travail alors que la croissance de l’emploi est d’intérêt les plus élevés de la région, atteignant supérieure au sein des grandes entreprises. 43 pour cent en 2018.⁵⁴ Des améliorations D’autre part, les petites entreprises (qui générales de l’environnement des affaires, à représentent 60 pour cent de l’emploi dans les travers l’amélioration de la justice commerciale secteurs non agricoles) sont caractérisées par ainsi que le renforcement de l’utilisation des une croissance de l’emploi négligeable et une certificats fonciers comme garantie pour faible croissance annuelle de la productivité accéder au crédit, pourraient aider à réduire du travail. les risques et, en conséquence, faire baisser les taux d’intérêt. De plus, la réglementation des 35. Les améliorations récentes en matière redevances à payer pour les services financiers d’inclusion financière sont encourageantes. est faible, ce qui représente un autre domaine Au niveau des ménages, certaines de réforme que l’organisme de réglementation améliorations ont été notées en matière devrait chercher à engager. ⁵² Constats de l'analyse de l'Enquête auprès des entreprises à Madagascar, Banque mondiale, 2013. ⁵³ Les améliorations en matière d'inclusion financière ont été appuyées par des améliorations législatives apportées au secteur financier, comprenant la formalisation des paiements en monnaie électronique et des centrales des risques privées, qui peuvent être utilisées pour améliorer l'évaluation des risques d'un créancier potentiel. ⁵⁴ Quatre principaux facteurs expliquent les différentiels de taux d'intérêt. 1) Coût des ressources : le taux d’intérêt payé sur les dépôts et la capacité des banques à être coté en bourse et les rendements attendus des investissements dans les participations à des capitaux. 2) Etablissement des taux d’intérêts proportionnellement aux risques ; 3) Coûts d'intermédiation en fonction de l'efficacité des banques ; 4) Marges bénéficiaires des banques en fonction de la concurrence dans le secteur financier. 38 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 38: Les grandes entreprises présentent Figure 39: Les entreprises en relation avec une plus grande croissance de l’emploi la finance présentent une croissance de l’emploi plus forte Taille de l’entreprise en référence au nombre d’emplois Croissance annuelle de l’emploi (%) 10,0 8,7 15 8,0 6,0 10 4,0 2,0 5 0,0 -2,0 0 -1,4 -4,0 -3,6 -6,0 -5 Toutes tailles Petite Moyenne Grande Entreprises Entreprises Entreprises confondues (5-19) (20-99) (100+) connectées déconnectées dissaudées (Ont fait demande (Capital suffisant, (Conditions Croissance annuelle de l'emploi (%) de prêt) pas besoin de prêt) défavorables) Croissance annuelle de la productivité de la main-d'oeuvre (%) Source : Enquête auprès des entreprises, 2013 Source : Enquête auprès des entreprises, 2013 37. Il est particulièrement important 38. Les avancées technologiques récentes d’améliorer l’accès au financement pour indiquent que d’autres possibilités encourager l’activité entrepreneuriale existeraient pour promouvoir l’innovation. qui est actuellement concentrée dans le Les investissements dans les technologies secteur informel. D’après les estimations, numériques ont permis à Madagascar de 22 pour cent de la population active exerce jouir de la vitesse de téléchargement la plus une activité entrepreneuriale, le pays se rapide en Afrique et de figurer parmi les 25 classant au 7ème rang sur 54, n’ayant que meilleurs au monde.⁵⁷ Le secteur privé tire le Vietnam devant lui dans le groupe des parti de ces avancées technologiques pour pays à faible revenu.⁵⁵ L’entrepreneuriat est poursuivre le développement des entreprises. perçu comme un bon choix de carrière, mais Par exemple, des activités de développement il est largement concentré dans le secteur de logiciels de pointe sont en cours, ce qui informel et est dominé par les petites pourrait stimuler l’innovation à long terme. Par entreprises. Pour développer davantage rapport aux autres pays, Madagascar présente l’activité entrepreneuriale formelle, il faut des niveaux d’innovation relativement faciliter l’accès au financement, par exemple élevés, supérieurs à ceux de certains pays à travers l’octroi de prêts à des conditions pairs aspirationnels tels que la Côte d’Ivoire, libérales et de crédits-baux, ainsi que par mais inférieurs à ceux d’autres pays tels la formation ; toutes ces initiatives ont été que le Rwanda et le Sénégal. Ces avancées lancées dans le cadre du programme du pourraient également permettre d’améliorer nouveau Gouvernement.⁵⁶ la productivité à moyen et à long terme. ⁵⁵ Global Entrepreneurship Monitor a réalisé une enquête auprès d’un échantillon de 24 000 personnes en 2017. ⁵⁶ Le gouvernement a mis en place un nouveau programme d’entrepreneuriat, Fihariana, pour apporter un appui technique et financier à l’entrepreneuriat. ⁵⁷ Vous trouverez davantage de détails dans « A la conquête de l’économie numérique : Madagascar, Banque mondiale, à paraître. 39 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Figure 40: Le classement de Madagascar à l’Indice mondial de l’innovation est supérieur à celui des pays pairs Score global à l’Indice mondial d’innovation – 2018 35 30 25 20 15 10 5 0 Mozambique Burkina Faso Niger Zambie Malawi Zimbabwe Mali Cameroun Népal Ouganda Rwanda Sénégal Tanzanie Kenya Maurice Togo Côte d'Ivoire Madagascar Source : OMPI, WDI C. Durabilité de la croissance nécessaires pour garantir aux opérateurs privés un procès libre et équitable, par 39. Pour encourager la poursuite de la exemple, en veillant à ce que les dossiers ne dynamique de croissance tout en réduisant soient pas attribués d’avance à certains juges les risques liés aux chocs, il est nécessaire et en évitant les retards injustifiés. Les mêmes de rétablir la confiance dans les institutions recommandations s’appliquent à la justice et le cadre des affaires. Les risques menaçant pénale, le but étant d’inverser la croissance la stabilité politique sont liés à la dynamique de la prévalence du crime et du vol qui a été de l’économie politique du pays dans observée au cours de la dernière décennie et laquelle la faiblesse des institutions a parfois nuit à l’environnement des affaires.⁵⁸ permis aux entreprises de contourner les mécanismes formels. Pour remédier à cette 40. Les mécanismes d’équilibrage des situation, des réformes à long terme seront pouvoirs liés à l’efficacité du Gouvernement nécessaires pour rétablir la confiance dans devraient également être renforcés. les mécanismes formels dans la conduite Par exemple, l’agence de lutte contre la des affaires à travers la mise en œuvre claire, corruption, le BIANCO, et l’institution de cohérente et prévisible d’une réglementation lutte contre le blanchiment d’argent, le pertinente. Il est nécessaire de réformer SAMIFIN, pourraient être renforcés pour la justice commerciale. A court terme, le inciter davantage à la prévention des actes recours aux centres d’arbitrage pourrait être répréhensibles. Concrètement, l’adoption encouragé. A long terme, des réformes sont de la loi relative à la récupération des ⁵⁸ Madagascar a obtenu le score de 4,06 (sur une échelle de 1 à 7) dans l’évaluation de la sécurité à l'Indice de compétitivité mondiale 2008-2009 et de 3,65 dans l'édition 2017-2018, ce qui place Madagascar au 118ème rang sur 137 pays. Le crime et le vol sont cités comme étant le sixième facteur le plus problématique pour conduire des affaires dans le RMC 2017-2018. 40 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité avoirs illicites devrait renforcer le cadre de D. Conclusion lutte contre la corruption et permettre à Madagascar de ne plus figurer sur la liste grise 42. Pour que Madagascar tire profit de du Groupe d’action financière, constituant un l’élargissement des opportunités de création signal fort aux nouveaux investisseurs que d’emplois, il est essentiel de poursuivre les l’environnement des affaires s’améliore. réformes visant à accélérer l’amélioration du capital humain. Dans le secteur de l’éducation, 41. Le changement climatique et les chocs cela suppose la mise en œuvre d’un processus liés aux catastrophes naturelles constituent de réforme globale de la formation des également un risque menaçant la durabilité enseignants, avec un leadership politique économique et affectent particulièrement fort au plus haut niveau. De sérieux efforts les plus pauvres. Les impacts non atténués du ont déjà été déployés pour réduire les taux changement climatique affectent la sécurité élevés de retard de croissance, y compris en des moyens de subsistance en milieu rural à augmentant le recours aux services de santé cause de la forte dépendance sur l’agriculture et en promouvant les pratiques parentales pluviale, de l’insécurité alimentaire chronique, positives. Dans le secteur de la santé, il est de l’isolement physique et du manque d’accès encore possible d’améliorer la qualité de aux filets de sécurité sociale. Pour réduire la prestation de services en élaborant des ces risques, il pourrait être nécessaire de outils de formation interne et en améliorant la renforcer les interventions précoces en cas formation initiale des agents de santé qualifiés de catastrophe, d’améliorer les mesures pour répondre aux besoins du système de d’atténuation et de réformer les filets de santé (certaines améliorations sont déjà en sécurité sociale afin de les élargir et de les cours), et de renforcer le suivi et la gestion du utiliser avec plus flexibilité en cas d’urgence, système de santé pour éviter les épidémies. par exemple, à travers des activités de type Même si des progrès ont été réalisés sur ces argent-contre-travail. Compte tenu de l’impact fronts, des résultats tangibles constitueraient des chocs climatiques sur les infrastructures un argument solide pour relever le niveau des physiques, les mesures d’atténuation ressources affectées aux secteurs sociaux. pourraient inclure un entretien régulier Le fait de bâtir un capital humain sur des des infrastructures. La perte de moyens de bases solides permettra à la main-d’œuvre subsistance dans les zones affectées par le de se préparer au marché et de réagir aux climat peut pousser à la migration vers des opportunités émergentes résultant d’une zones moins affectées qui peuvent ne pas croissance plus forte. avoir les infrastructures nécessaires en place. D’après les estimations, les catastrophes liées 43. Compte tenu des projets à l’étude, au climat occasionnent des coûts à hauteur de les infrastructures routières physiques 1 pour cent du PIB par an en moyenne, ce qui s’amélioreront au cours des prochaines représente un important passif conditionnel. années, mais pour être pleinement exploitées, La planification des coûts futurs devrait être elles doivent être accompagnées d’une facilitée par la mise en place d’un fonds de amélioration de l’accès aux ports et être contingence (réglementation déjà en place), complétées par d’autres modes de transport. ainsi que d’un crédit de contingence et d’une D’importants projets d’infrastructures sont assurance souveraine. à l’étude, ce qui permettra de débloquer 41 Les déterminants de la croissance à long terme à Madagascar : main-d’œuvre, capital et productivité Les améliorations d’infrastructures devraient prendre en compte l’accès aux ports et aux aéroports. la connectivité vers les zones stratégiques secteur privé, il est nécessaire d’améliorer présentant un potentiel économique. Il est l’accès au crédit et le climat des affaires. prioritaire d’assurer que ces projets soient Les indicateurs de productivité montrent mis en œuvre dans les délais indicatifs que les entreprises qui sont en relation avec et conformément aux plans - à travers le système financier et qui recherchent des le renforcement du système global de prêts plutôt que des services financiers gestion des investissements publics et enregistrent une croissance des ventes par plus particulièrement des procédures liées employé plus élevée. Toutefois, le niveau aux financements externes. La poursuite d’intermédiation financière est faible, les de ces améliorations d’infrastructures entreprises ont largement accès au crédit de devrait comprendre la fourniture d’un courte durée plutôt qu’aux sources de crédit à accès à l’électricité sur et hors réseau. Une long terme qui sont nécessaires pour investir. fois de plus, des projets à l’étude existent De plus, les taux d’intérêt élevés dissuadent : deux grands barrages hydroélectriques les entreprises de rechercher un financement sont actuellement envisagés. Pour que pour développer leurs activités. Pour relever ces aménagements génèrent des gains ces défis, il est nécessaire d’améliorer économiques positifs, les projets doivent l’environnement des affaires, et en particulier être soigneusement sélectionnés et acquis la justice commerciale, afin d’éviter que les au moindre coût, en fonction de la demande niveaux de risque élevés ne soient répercutés et de la capacité de paiement. L’amélioration par erreur sur les consommateurs. Les efforts de la gouvernance de la JIRAMA, qui est en visant à renforcer la concurrence et le climat cours de restructuration financière, permettra des affaires pourraient inciter les entreprises d’améliorer la crédibilité de la société en à innover et à accroître leur productivité tant que preneur viable des investissements plutôt que de se livrer à la pratique actuelle du secteur privé. Pour aller plus loin, les de manipuler la législation pour supplanter améliorations d’infrastructures devraient leurs rivaux. Le renforcement des mécanismes prendre en compte l’accès aux ports et aux d’équilibrage des pouvoirs pourrait être utile aéroports, comprenant leur réhabilitation à cet égard, de même que l’approbation de la si nécessaire, et peuvent également être loi sur le recouvrement des avoirs illicites, ce appuyées de manière stratégique par des PPP. qui enverrait le signal fort d’un engagement pris au plus haut niveau pour apporter 44. Pour améliorer la productivité des des améliorations de grande envergure à entreprises, l’innovation et la croissance du l’environnement financier et des affaires. 42 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants 26 43 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants La reprise du commerce et des investissements à Madagascar depuis le retour de l’ordre constitutionnel en 2014 a été motivée par des avantages comparatifs évidents, malgré un climat des affaires défavorable, des coûts commerciaux élevés et des déficiences infrastructurelles. La compétitivité de Madagascar tient principalement à une main d’œuvre abordable et de qualité, à ses ressources naturelles uniques, au positionnement haut de gamme de ses produits sur certains marchés de niche et à la rapidité de sa connexion Internet. Ainsi, on note le développement rapide de secteurs tels que l’agroalimentaire, le textile et la confection, et l’externalisation des processus métiers, entraînant la création d’emplois et des retombées positives sur le reste de l’économie. Le maintien de ces tendances pourrait favoriser la diversification des produits en des biens et des services à valeur ajoutée supérieure et l’expansion sur de nouveaux marchés, y compris ceux de la région. Ceci devrait contribuer à la génération de revenus qui stimuleront la demande intérieure et feront avancer Madagascar sur la voie d’un développement plus inclusif et durable. Pour pouvoir mettre à profit ces opportunités, il faudrait résoudre des contraintes transversales liées aux politiques de commerce et d’investissement, ainsi qu’au manque de connectivité, de compétences, d’énergie et de système de règlement des litiges efficace. Ces mesures sont à compléter par des initiatives sectorielles, y compris une meilleure structuration et une plus grande compétitivité des chaînes de valeur, des contrôles qualité améliorés, et des activités de R&D et de formation. A. Introduction le PIB qui a augmenté de 22 pour cent en 2009 à 35 pour cent en 2017, ce qui représente 1. Même si Madagascar est une grande une croissance supérieure à celle des pays nation insulaire dont le commerce souffre de pairs (Figure 41).⁵⁹ Le réengagement de la problèmes logistiques, son intégration dans communauté internationale en 2014 a favorisé l’économie mondiale a été déterminante pour un plus grand accès aux marchés (y compris sa relance économique au cours des dernières des accords commerciaux spéciaux tels que années. La performance commerciale de la Loi sur la croissance et les opportunités Madagascar est bonne, comme en témoigne en Afrique ou AGOA), un glissement vers des la part représentée par ses exportations dans exportations de biens et de services à plus ⁵⁹ Compte tenu des distorsions que la flambée des prix de la vanille amorcée en 2015 peut entraîner, la performance d'exportation de Madagascar par rapport à son indice de référence a également été évaluée en prix constants. Partant du PIB et des valeurs totales des exportations exprimés en dollars américains constants de 2010 aux taux du WDI, la part des exportations dans le PIB de Madagascar est passée de 24 pour cent en 2009 à 40 pour cent en 2016 (dernière année pour laquelle des données sont disponibles), ce qui est supérieur à ce qui est relevé à travers le monde (30 pour cent), en ASS, à l'exclusion des pays à revenu élevé (29 pour cent) et dans tous les pays pairs structurels et aspirationnels, à l’exception de la Malaisie (71 pour cent). Il est à noter qu'aucune donnée comparable n’est disponible pour le Burkina Faso et l’Éthiopie. Les exportations malgaches continuent également d'afficher un dynamisme élevé lorsqu'elles sont exprimées en prix constants, augmentant de 10 pour cent par an depuis 2009, ce qui est plus rapide que la croissance annuelle des exportations de l'ensemble du monde (5 pour cent) et de l'Afrique subsaharienne, à l'exclusion des pays à revenu élevé (3 pour cent), ainsi que la croissance de tous les pays pairs structurels et aspirationnels, à l'exception du Zimbabwe (dont la croissance annuelle au cours de la même période a été de 14 pour cent). 44 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants forte valeur ajoutée, ainsi qu’une augmentation totales de marchandises a fait un bond jusqu’à des investissements directs étrangers (IDE). 19 pour cent en 2013, contribuant ainsi de façon importante aux recettes d’exportation 2. Les flux commerciaux et d’investissements ces dernières années.⁶¹ Le taux de survie des directs étrangers sont générés par un certain exportations malgaches a été supérieur à nombre de secteurs très performants, qui celui de la plupart des pays pairs (Figure 42) et peuvent être mis à profit pour favoriser elles ont, ainsi, continué pendant la période de une croissance plus productive, durable transition politique (quoiqu’à un rythme plus et inclusive. Des facteurs de résilience aux lent), surpassant la performance de la plupart chocs économiques ont été relevés dans les des pays pairs, de l’Afrique subsaharienne et secteurs clés axés sur l’exportation, tels que la les moyennes mondiales. Cette performance confection et l’agroalimentaire (par exemple, dénote la forte proposition de valeur associée lors du ralentissement économique de 2009 à la main-d’œuvre abordable et au caractère à 2013) et ces secteurs se sont redressés unique de son agriculture et de ses ressources rapidement pendant les périodes de stabilité naturelles. L’émergence de nouveaux économique et politique.⁶⁰ Les exportations secteurs tels que les IT-BPO (technologies de métaux se sont fortement développées de l’information et sous-traitance dans le depuis l’entrée sur le marché du nickel, du secteur informatique) illustre également cobalt, du titane et du zirconium : la part le fruit des investissements passés dans qu’elles représentent dans les exportations l’Internet haut débit. Une forte croissance de l’activité et la création d’emploi figurent parmi les critères pour la sélection des secteurs porteurs. ⁶⁰ Même après déflation de la valeur des exportations de vanille en vue d’éliminer toute distorsion pouvant découler de l’escalade des prix depuis 2012, l'industrie agroalimentaire continue de détenir la plus grande part, ou la deuxième plus grande part des exportations totales de marchandises pendant toute la période d'analyse, en alternance avec le textile et la confection, à l'exception de 2015, où elle occupe le troisième rang avec une part de marché de 26 pour cent après les métaux (29 pour cent) et le textile & la confection (28 pour cent). L'agroalimentaire représente, en particulier, la plus grande part des exportations globales de marchandises vers le monde entre 2011 et 2014, ainsi qu'en 2017 et les exportations du secteur ont encore augmenté de 5,8 pour cent par an entre 2014 et 2017, soit plus rapidement que dans toute autre catégorie de produits, même en prenant la vanille aux prix constants de 2012 et malgré la baisse observée des volumes d'exportation de ces produits, ce qui indique que ce résultat n'est pas dû à la flambée des prix de la vanille, mais plutôt à la forte croissance des autres industries agroalimentaires. ⁶¹ Les exportations de métaux ont continué de croître en 2014 et 2015, représentant respectivement 24 et 26 pour cent de l'ensemble des exportations de marchandises (leurs parts atteignent 26 et 29 pour cent lorsque les exportations de vanille sont exprimées en prix constants de 2012). Les exportations de métaux ont été légèrement plus faibles au cours des deux dernières années d'analyse, ce qui a ramené leur part dans le total des exportations de marchandises à 15 pour cent en 2017 (21 pour cent lorsque les exportations de vanille sont exprimées en prix constants de 2012). 45 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Figure 41: Madagascar présente l’un Figure 42: Les exportations malgaches ont des taux de croissance des exportations de plus fortes chances de survie que celles les plus élevés et l’un des secteurs des pays pairs⁶² d’exportation les plus importants Exportations de biens et de services (pourcentage Probabilité de survie (0-1) dans le temps (années) du PIB) et croissance des exportations (USD) .4 45% 40% 35% 30% .3 25% 20% Probabilité 15% 10% .2 5% 0% Monde ASS (excl. revenu élevé) Indonésie Népal Haïti Ethiopie Ouganda Mali Mozambique Burundi Malaisie Inde Zimbabwe Niger Cameroun Madagascar Burkina Faso .1 0 0 10 20 30 Exportations de biens et de services 2017 (% du PIB) Temps d'analyse Croissance des exportations de biens et de services en USD AFG BFA CMR MDG MLI MOZ actuels (2009-2017) NPL NER RWA OUG ZWE Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les données Comtrade de l’ONU données Comtrade de l’ONU 3. Ce chapitre est axé sur les secteurs profondeur dans le cadre d’un volet d’analyse résilients à croissance rapide et sur leur distinct et dont la croissance future est liée potentiel à promouvoir une croissance plus à l’amélioration de la gouvernance, alors forte et plus inclusive. La résilience aux que les progrès réalisés dans ce sens sont chocs, la forte croissance des exportations jusqu’ici limités.⁶³ Le chapitre est organisé et la création d’emplois ont figuré parmi les en quatre sections. La première présente la critères clés de détermination des secteurs performance globale du pays en matière de hautement performants. Les secteurs commerce et d’investissement, y compris une déterminés ont été l’agroalimentaire, le textile description des principaux secteurs axés sur et la confection, et les IT-BPO. Deux autres l’exportation. La deuxième passe en revue les secteurs semblent prometteurs mais n’ont facteurs de réussite de ces secteurs, malgré pas été inclus dans cette analyse, à savoir :(i) l’environnement des affaires difficile du pays. le tourisme, qui s’est montré moins résilient La troisième traite des opportunités qu’il aux chocs et ne s’est pas complètement remis faudrait mettre à profit pour promouvoir une de la période de transition politique ; et (ii) plus grande croissance et la création d’emplois, l’exploitation minière, qui a déjà été étudiée en de liens et de valeur ajoutée. Cette analyse est ⁶² Chaque année voit la disparition de certains flux d’exportation, quoi que cela se passe à des taux différents dans les différents pays du groupe de comparaison. La plupart des flux d'exportation prennent fin peu de temps après leurs débuts et plus longtemps ils survivent, plus leurs chances de survie augmentent. À tout moment, les exportations malgaches ont une probabilité de survie supérieure à celles de presque tous ses pairs structurels. Le Rwanda et les Comores ont été exclus, faute de données comparables. ⁶³ La part moyenne du tourisme dans les exportations totales de biens et de services est d’environ 20 pour cent et celle des métaux et des minéraux (Chapitres 25 à 27 et 72 à 83 du SH) d’environ 10 pour cent sur la période 2005-2017. 46 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants basée sur une enquête approfondie menée de 75 pour cent en valeur nominale de la dans les secteurs considérés. La quatrième période de 2009-13 à celle de 2014-18. Cette présente des recommandations de politique performance est essentiellement attribuable transversales et spécifiques aux secteurs. à l’agroalimentaire, au textile et aux métaux, y compris le nickel et le cobalt. Il convient de B. Performance commerciale noter que la part moyenne des exportations de Madagascar - Domination de du secteur agroalimentaire (38 pour cent secteurs hautement performants en moyenne sur la période 2005-17) est considérablement plus élevée que celle de 4. La reprise économique de Madagascar la plupart des pairs structurels, le Zimbabwe a été associée à une augmentation des et le Rwanda étant les seuls à l’égaler, et exportations de marchandises aussi bien l’Ouganda à la dépasser.⁶⁴ Même si les voyages que de services, qui a été portée par et le transport représentent la plus grande quelques secteurs dynamiques, y compris part des exportations de services, les IT-BPO l’agroalimentaire, le textile, les métaux et les présentent la croissance des exportations de IT-BPO. Les exportations de marchandises ont services la plus rapide, à hauteur de 73 pour affiché une croissance rapide, augmentant cent sur la période de 2014-2017. Figure 43: Les exportations de marchandises Figure 44: Les exportations de services sont en essor, l’agroalimentaire et la liés aux télécommunications augmentent confection affichant une performance rapidement particulièrement bonne⁶⁵ Exportations malgaches de services commerciaux Exportations de marchandises malgaches à l’exclusion des voyages et transports et autres (millions USD) services aux entreprises (millions USD) 4.000 140 120 3.000 100 80 2.000 60 1.000 40 20 0 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Tous les autres produits Métaux Minéraux Services personnels, culturels et récréatifs Confection et textile Services de télécommunications, d'informatique et d'information Agroalimentaire (avec Vanille en USD actuels) Frais d'utilisation de propriété intellectuelle n.i.a. Agroalimentaire (avec Vanille en USD constants de 2012) Services financiers Services d'assurance et de pension de retraite Exportations totales de marchandises (avec Vanille en USD Bâtiment Services liés aux marchandieses cons. 2012) Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les données Comtrade de l’ONU sur WITS et la CNUCED données Comtrade de l’ONU sur WITS et la CNUCED ⁶⁴ Cameroun 22 pour cent, Népal 21 pour cent, Mozambique 17 pour cent, Burkina Faso 11 pour cent, Niger 10 pour cent, Mali 8 pour cent. ⁶⁵ Les produits agroalimentaires comprennent les Chapitres 01 à 24 du SH, et comprennent des produits d'origine animale et végétale et des denrées alimentaires. L'habillement et le textile comprennent les Chapitres 50 à 63 du SH. Les minéraux et les métaux comprennent les Chapitres 25 à 27 et 72 à 83 du SH. 47 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants 5. Le développement de ces secteurs à sur les produits alimentaires de niche à croissance rapide a été favorisé par les forte valeur ajoutée. L’industrie du textile investissements directs étrangers. Il est et les entreprises de IT-BPO ont attiré des important d’en comprendre les moteurs afin IDE à la recherche d’efficacité, mettant en de maintenir et d’encourager les futurs IDE exergue la compétitivité que Madagascar (voir Encadré 1). Les ressources naturelles tire de la disponibilité d’une main-d’œuvre de Madagascar, telles que le nickel, le cobalt relativement abordable, francophone et et d’autres minéraux, ainsi que la diversité réceptive à la formation en cours d’emploi. de produits agroalimentaires tels que la Ainsi, malgré les contraintes considérables vanille, le clou de girofle, les fruits de mer de l’environnement des affaires malgache, le et d’autres produits, ont attiré des IDE à la pays reste attractif pour les investissements recherche de ressources naturelles, dans étrangers, dont le niveau est relativement le but d’exporter des produits qui, dans élevé par rapport à celui des autres pays de nombreux cas, n’existent pas ailleurs. pairs n’ayant pas de ressources naturelles. Contrairement à l’expérience de la plupart Le premier investisseur dans le pays est la des pays en développement, les IDE axés sur France, suivie par d’autres pays tels que l’Inde les ressources à Madagascar se concentrent et l’ile Maurice.⁶⁶ Figure 45: Les entrées d’IDE sont relativement élevées et en hausse Investissement direct étranger, entrées nettes (% du PIB) 15,0 10,0 5,0 - Népal Burundi Comores Côte d'Ivoire Kenya Zimbabwe Sénégal Cameroun Indonésie ASS Mali Monde Ethiopie Rwanda Ouganda Malaisie Burkina Faso Tanzanie Faible revenu RDP lao Madagascar Niger Cambodge Seirra Leone Moyenne 2000-2009 Moyenne 2010-2017 Source : WDI Encadré 1: Il existe différents types d’IDE Les pays en développement ont tendance à attirer trois différents types d’IDE, s’ancrant respectivement dans des caractéristiques différentes du pays d’accueil qui sont des facteurs d’attraction pour les investisseurs. Chaque type d’IDE a des impacts socio- économiques et environnementaux distincts : ⁶⁶ Financial Times fDi Markets, données extraites en novembre 2018. 48 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants • Les IDE à la recherche de ressources sont attirés par la quantité et la qualité des ressources agricoles et naturelles du pays hôte. Ce type d’IDE génère des exportations de matières premières, telles que les produits miniers et les vivres. S’ils peuvent générer des recettes publiques considérables et, dans le cas de l’agriculture, des emplois contractuels et générateurs de revenus, les exportations qui en résultent sont généralement d’un degré de « sophistication » relativement faible. À Madagascar, les IDE à la recherche de ressources ont été associés à l’extraction de nickel et de minéraux, certains produits clés tels que la vanille et le litchi et de plus en plus de produits agroalimentaires de niche et de produits de la mer. • Les IDE à la recherche de marché intérieur sont attirés par la taille et le potentiel de croissance de la consommation intérieure du pays hôte. Ce type d’IDE ne génère pas d’exportations, étant donné que les investisseurs cherchent à desservir le marché intérieur, mais sont associés à une disponibilité plus grande et à meilleur prix de biens et de services consommés par la population ou utilisés comme intrants par d’autres entreprises. Compte tenu du faible pouvoir d’achat de la population malgache, les IDE à la recherche de marché intérieur ne sont pas légion et se concentrent dans certains secteurs de services tels que la banque, les télécommunications et la vente de gros. • Les IDE à la recherche d’efficacité sont attirés par la capacité des pays hôtes à favoriser la compétitivité d’entreprises étrangères sur les marchés internationaux. C’est le principal moyen pour les pays de rejoindre les chaînes de valeur mondiales (CVM) et de délocaliser certaines étapes de production vers le pays hôte. Ce sont des IDE entièrement nouveaux qui génèrent des exportations et sont des créateurs d’emplois nets. Ce type d’IDE est souvent considéré comme une opportunité de saut technologique pouvant conduire à la création d’emplois plus productifs et à des exportations plus sophistiquées. À Madagascar, les IDE à la recherche d’efficacité se sont orientés vers l’industrie textile et, plus récemment, vers les IT-BPO. Madagascar présente un bon éventail de types d’IDE, ce qui a contribué à la réussite et à la résilience de l’île au cours des dernières années. Les IDE dans l’industrie agroalimentaire mobilisent, en général, davantage les acteurs locaux que d’autres types d’IDE à la recherche de ressources, appuyant les producteurs, les intermédiaires, les prestataires de transport et de transformation tout au long de la chaîne de valeur. Dans le cas des IDE à la recherche d’efficacité, certains des produits d’exportation les plus performants se sont également engagés dans une stratégie de niche basée sur une main-d’œuvre de haute qualité (tels que les pulls en cachemire, les niches de haute qualité au sein des IT-BPO), car le pays présente à la fois un faible coût de main-d’œuvre et un accès préférentiel aux marchés. Partant de l’hypothèse que les coûts de main-d’œuvre augmentent sur le moyen terme, le maintien de la rentabilité, passera par une remise à niveau des compétences et par la création d’opportunités pour les IDE à la recherche de marché intérieur. 49 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants 6. Les secteurs retenus, moteurs de la avantage comparatif révélé représentent performance commerciale de Madagascar, ensemble en moyenne 73 pour cent du total connaissent des « pics d’exportations des exportations de marchandises du pays » soulignant la compétitivité du pays. sur la période de 2014-2017. De nouveaux « Les marchandises qui ont connu des champions émergents », c’est-à-dire des pics d’exportations (définis comme une produits pour lesquels Madagascar n’avait pas augmentation significative de la croissance d’avantage comparatif il y a dix ans de cela, des exportations de produits représentant une mais en a à présent, sont récemment apparus part relativement importante des exportations dans le textile (tissus tissés) et l’agroalimentaire totales du pays) sont la confection/le textile, (confitures et fruits cuits), ainsi que dans les les entreprises agroalimentaires (définies engrais (minéraux et organiques) et plusieurs au sens large comme les cultures de rente, métaux.⁶⁹ Même si les IT-BPO ne présentent les produits d’origine végétale et animale, pas encore d’avantage comparatif révélé, y compris les produits de la pêche et les elles n’en constituent pas moins un secteur préparations alimentaires), et les métaux/ à forte croissance et celui présentant la pierres précieuses (Figure 46).⁶⁷ Madagascar a croissance des exportations de services la plus un avantage comparatif avéré sur ces produits, rapide. Les IDE ont tendance à transformer la c’est-à-dire que le pays les exporte de manière structure des exportations des pays hôtes et plus intensive que le reste du monde (Figure sont susceptibles de redéfinir les avantages 47).⁶⁸ Les trois secteurs ayant le plus grand comparatifs des pays en développement.⁷⁰ ⁶⁷ D'après le travail de Freund et Pierola (2012) et celui de Cadot et al. (2015) les pics d'exportation se caractérisent par : (a) un produit dont la croissance moyenne des exportations a dépassé 6 pour cent par an entre 2014 et 2017 (« phase de décollage »), (b) un tel taux supérieur d'au moins 30 pour cent à la croissance moyenne des exportations entre 2010 et 2013 (accélération de la croissance), (c) une valeur des exportations en 2017, calculée en tant que moyenne pour la période de 2015-2017 se situant dans le décile supérieur (taille significative), (d) la valeur minimale des exportations sur la période de 2015-2017 au moins égale à la valeur maximale des exportations en 2011 -2013 (stabilité), et (e) la croissance moyenne entre 2014 et 2017, à l'exclusion de la plus forte année de croissance, supérieure à la croissance moyenne entre 2010 et 2013 (exclusion des bonds d'une année). L’application des critères (a)-(e) donne un total de 21 produits ayant connu un pic d'exportation (les produits sont regroupés en catégories plus grandes pour faciliter l’interprétation des résultats). Compte tenu de la hausse marquée des prix de la vanille à partir de 2012, passant de 18,4 USD par kg cette année-là à 425,9 USD par kg en 2017 (une augmentation par plus de 23), l'analyse du pic d'exportation utilise la valeur d'exportation de la vanille exprimée en USD constant de 2012 pour éviter de tenir compte d'une flambée purement liée aux prix. En suivant cette approche, la vanille ne figure pas parmi les produits malgaches faisant un pic d'exportation en 2017. Une mise en garde doit également être émise par rapport à la confection, dans la mesure où l'essor observé des exportations dans ce secteur était associé à un accès renouvelé aux marchés américains après le rétablissement de l'AGOA en décembre 2014. Cependant, la plupart des vêtements connaissant un pic ont enregistré une croissance moyenne positive lors de la suspension de l'AGOA de janvier 2010 à décembre 2014, et la moitié d'entre eux ont également connu une croissance positive entre 2010 et 2013 (avant la décision de rétablir l'AGOA), ce qui confirme les données factuelles issues d'interviews et d'enquêtes qui suggèrent que les entreprises ont commencé à cibler de nouveaux marchés d'exportation au cours de cette période et que ces exportations ont continué de croître rapidement après le rétablissement de l'accès préférentiel au marché américain. ⁶⁸ Les indices d’avantages comparatifs révélés (ACR) utilisent le schéma des échanges pour déterminer les secteurs où une économie possède un avantage comparatif, en comparant le profil commercial du pays d’intérêt à la moyenne mondiale. L'indice d'ACR est défini comme le ratio de deux parts. Le numérateur est la part représentée par les exportations totales du produit considéré d'un pays dans ses exportations totales. Le dénominateur est la part représentée par ses exportations mondiales du même produit dans les exportations mondiales totales. La valeur de l'indice d'ACR varie entre 0 et +∞, et un pays est réputé avoir un avantage comparatif révélé si la valeur dépasse l'unité. ⁶⁹ La détermination des produits présentant un avantage comparatif traditionnel et émergent est effectuée à partir de la méthodologie d'espace produit développée par Hidalgo et al. (2007). ⁷⁰ Freund et Moran, 2017, « Multinational Investors as Export Superstars: How Emerging-Market Governments Can Reshape Comparative Advantage, » Peterson Institute for International Economics (PIIE), Washington D.C. 50 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Figure 46: La confection et diverses Figure 47: Madagascar a un avantage industries agroalimentaires connaissent des comparatif révélé dans le textile & la pics d’exportations (2017) confection et l’agroalimentaire 14 140 14 35% Nombre de pics d'exportation Millions USD courants 12 120 12 30% Part en pourcentage 10 100 10 25% Indice ACR 8 80 8 20% 6 60 6 15% 4 40 4 10% 2 20 2 5% 0 0 0 0% Métaux/ Agroalimentaire Confection Denrées alimentaires Perles, peirres, précieuses, bijoux produits animaux Animaux vivants et Métaux Textile et confecition Légumes pierres précieuses (et produits dérivés) Secteurs malgaches competitifs Nombre de produits caractérisés par un pic d'exportation au sein d'une grande catégorie ICAR, moy. 2014-2017 Valeur totale d'exportation en 2017 de produits passant par % des exportations totales de marchandises malgaches, un pic d'exportation au sein d'une grande catégorie moy.2014-2017 Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les données miroir Comtrade de l’ONU sur WITS données miroir Comtrade de l’ONU sur WITS 7. Les exportations malgaches ont gagné des que l’Afrique du Sud, l’Inde et le Japon. Les parts de marché et se développent vers de exportations vers la Chine, autre destination nouvelles destinations, y compris les marchés non traditionnelle, affichent une croissance émergents. Avant 2009, les exportations continue depuis le début des années 2000, malgaches étaient en grande partie destinées dépassant les exportations mondiales vers la à la France et aux États-Unis, où elles étaient même destination. soutenues par la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA).⁷¹ Comme 8. Les secteurs performants retenus se l’accès à l’AGOA a été suspendu de 2010 caractérisent également par des liens à 2014 en raison de l’instabilité politique, importants entre les chaînes de valeur les entreprises, en particulier celles de et le reste de l’économie, en particulier l’industrie textile, se sont adaptées au nouvel l’agroalimentaire. Ce dernier secteur, qui environnement en élargissant leurs activités à englobe à la fois les activités de transformation de nouvelles destinations d’exportation telles primaire et celles de transformation ⁷¹ L'AGOA a été promulguée en 2000 dans le but d'élargir le commerce et les investissements des États-Unis en Afrique subsaharienne, en vue de stimuler la croissance économique. L'AGOA autorise plus de 1 800 produits à accéder au marché américain en franchise de droits, en plus des plus de 5 000 produits éligibles à un accès en franchise de droits dans le cadre du programme Système généralisé de préférences (SGP). Pour Madagascar, l'AGOA prévoit un accès au marché en franchise de droits pour les vêtements et les produits textiles qui ne sont pas inclus dans le programme SPG, à condition de respecter les règles d'origine. Dans le cas de Madagascar, les tissus peuvent provenir de n'importe quel endroit du monde et continuer de bénéficier de la franchise de droits aux États-Unis. L'AGOA a été renouvelée plusieurs fois depuis sa création et son échéance est actuellement fixée à 2025. 51 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants alimentaire, est celui qui contribue le relativement importante à la génération de plus à la production de valeur ajoutée valeur ajoutée par les exportations, mais elle dans les exportations.⁷² Les exportations est moins importante que celle du secteur agroalimentaires jouent également un rôle agroalimentaire.⁷⁴ Les exportations de important dans la création d’emplois, que ces secteurs représentent également une ce soit directement ou indirectement. En part relativement importante de la valeur effet, les exportations agricoles, sylvicoles ajoutée nationale générée par l’ensemble et halieutiques représentent la plus grande de l’économie.⁷⁵ C’est l’agroalimentaire qui part de la valeur ajoutée directement présente le plus de liens en aval avec la générée par la main-d’œuvre (24,1 pour cent), génération de valeur ajoutée intérieure dans tandis que la transformation alimentaire la production de l’ensemble de l’économie, représente la plus grande part de la valeur représentant plus de 50 pour cent des ajoutée indirectement générée par la main- activités primaires, de la transformation d’œuvre sur l’ensemble des exportations alimentaire, des boissons ainsi que du tabac.⁷⁶ (21,3 pour cent).⁷³ Le textile et la confection, Les TIC et autres services aux entreprises, ainsi que les TIC et les autres services aux ainsi que le textile et la confection apportent entreprises (qui comprennent les IT-BPO) respectivement une contribution inférieure à apportent également une contribution 5 pour cent.⁷⁷ ⁷² D'après les données de l'EVAD de la Banque mondiale pour 2011, l'agroalimentaire est la plus grande source de valeur ajoutée des exportations malgaches, représentant dans l'ensemble 30,5 pour cent de la valeur ajoutée nationale des exportations basées sur les liens en aval (16,7 pour cent de l’agriculture, 10,8 pour cent d’exploitations non agricoles et 3 pour cent de la transformation alimentaire). ⁷³ Sur la base des liaisons en amont en utilisant les données de 2011 de la base de données LACEX de la BM. La valeur ajoutée générée directement par la main-d’œuvre est calculée en tant que total des salaires versés directement pour produire les exportations d'un secteur, tandis que la valeur ajoutée générée indirectement est calculée en tant que salaires versés indirectement via la production d'intrants sur l'ensemble de l'économie pour les exportations du secteur. ⁷⁴ Le textile et la confection représentent ensemble 8,2 pour cent de la valeur ajoutée aux exportations, tandis que les TIC et les autres services aux entreprises représentent 5,5 pour cent. ⁷⁵ La confection et le textile représentent 15,1 pour cent de toute la valeur ajoutée intérieure aux exportations de Madagascar, et les autres services privés, y compris les IT-BPO, représentent 11,6 pour cent. ⁷⁶ Sur la base des données de l'EVAD de la Banque mondiale pour 2011, les activités de transformation primaire et agroalimentaire représentent 45,3 pour cent de la valeur ajoutée générée dans la production intérieure de l'ensemble de l'économie. Les boissons et le tabac représentent 6,4 points de pourcentage supplémentaires. ⁷⁷ Les TIC et les autres services aux entreprises contribuent 3,6 pour cent de la valeur ajoutée générée par la production intérieure de l’ensemble de l’économie. Le textile et la confection représentent ensemble 2,1 pour cent de la valeur ajoutée de la production nationale totale si l'on s'en tient aux liens en aval et à 3,3 pour cent si l'on se fie aux liens en amont, mais ces faibles pourcentages s'expliquent en grande partie par la valeur ajoutée intra-sectorielle, alors que les liens avec d'autres secteurs de l'économie nationale sont relativement faibles dans les deux sens. 52 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Figure 48: Avant 2009, les exportations Figure 49: Depuis 2009, d’autres marchés d’Asie malgaches étaient en grande partie gagnent en importance, même si l’UE et les destinées à l’UE et aux États-Unis États-Unis restent les principales destinations CHN MDG : TCAC d'exportation 2000-2008 (%) MDG : TCAC d'exportation 2009-2017 (%) 30 60 KOR IDN 20 40 USA NLD 10 JPN GBR DEU IND ITA ZAF CHN FRA ESP 20 USA 0 DEU SGP FRA SGP -10 0 5 10 15 20 25 2 4 6 8 MONDE : TCAC d'exportations 2000-2008 (%) MONDE : TCAC 2009-2017 (%) Croissance de Madagascar (2000-2008) Croissance de Madagascar (2009-2017) Croissance mondiale (2000-2008) Croissance mondiale (2009-2017) Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur les données miroir Comtrade de l’ONU sur WITS données miroir Comtrade de l’ONU sur WITS C. Secteurs performants : l’absence d’environnement institutionnel solide Expliquer la croissance et mettre constitue un obstacle majeur. Officiellement, à profit les opportunités aucun examen sélectif obligatoire n’est prévu à l’endroit des investissements 9. Madagascar présente un environnement étrangers, ni aucune discrimination à l’égard des affaires difficile, caractérisé par des des investisseurs étrangers par le biais de problèmes de gouvernance récurrents. Le traitement fiscal spécial, d’accès aux licences pays s’est classé 161ème sur 190 au classement ou d'autorisations. En revanche, les investisseurs Doing Business de la Banque mondiale de étrangers ne sont pas autorisés à posséder 2019, derrière la plupart des pays pairs de des terres, obstacle que des secteurs tels que la SADC et seulement devant les Comores l’agroalimentaire sont parvenus à surmonter (164ème), l’Angola (174ème) et la République par le recours à l’agriculture contractuelle et à démocratique du Congo (184ème) (Figure 50). des intermédiaires pouvant obtenir les produits La performance de Madagascar dans chaque agricoles pour le compte des entreprises indicateur Doing Business, à l’exception étrangères. Globalement, la faiblesse de de la création d’entreprise (81ème rang) et l’environnement juridique et judiciaire, ainsi que du commerce frontalier (138ème rang), est le manque de transparence, sujet à la corruption inférieure à la moyenne des pays d’Afrique politique, constituent des obstacles majeurs à subsaharienne. Le pays obtient des résultats l’investissement. En fait, Madagascar se classe particulièrement mauvais en ce qui concerne au bas de la liste en rapport aux indicateurs le raccordement à l’électricité (185ème rang) et de gouvernance de la Banque mondiale, y l’obtention des permis de construire (183ème compris en ce qui concerne la perception de rang ; Figure 50). corruption, l’efficacité du Gouvernement et l’état de droit. Les conditions défavorables à la 10. Si Madagascar est ouvert aux justice commerciale ont été particulièrement investissements étrangers, dans la pratique, problématiques en rapport à l’incitation de 53 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants nouveaux investissements, se manifestant par le Vietnam dans le secteur du textile et de la un faible niveau de confiance envers le système confection). Ces coûts commerciaux élevés actuel. La récente issue pacifique des élections réduisent l’accès aux intrants intermédiaires présidentielles constitue un signe positif pour importés à des prix compétitifs, augmentent les investisseurs, en particulier du fait que le les coûts de production des entreprises Président a activement promu Madagascar nationales et ont une incidence négative sur en tant que destination d’investissements, y la compétitivité des marchés d’exportation. compris en provenance de l’île Maurice voisine, L’amélioration de la facilitation des échanges et qui abrite de nombreux étrangers ayant investi la simplification des exigences administratives dans le pays. restent des priorités clés au renforcement de la compétitivité de Madagascar. Cependant, 11. Les coûts commerciaux élevés et la la faible connectivité intérieure semble être à dégradation de la performance logistique la base de l’essentiel des coûts du commerce nuisent à la compétitivité. Le niveau élevé des dans le pays,⁷⁸ avec une performance droits de douane moyens (12,2 pour cent en logistique en déclin pendant la dernière 2018) et la prévalence d’obstacles non tarifaires décennie.⁷⁹ Des politiques réduisant les élevés ont maintenu les coûts commerciaux à coûts commerciaux élevés « à l’intérieur des Madagascar à un niveau obstinément élevé, frontières » et améliorant la performance contrastant avec les baisses tendancielles logistique pourraient générer d’importantes observées chez les principaux concurrents opportunités d’accroître le commerce et (y compris le Cambodge, le Bangladesh et d’attirer de nouveaux investissements. Figure 50: Madagascar présente un Figure 51: Le raccordement à l’électricité et environnement des affaires difficile l’obtention des permis de construire sont particulièrement problématiques Classement Doing business, 2019 (meilleur score = 1) Classement Doing Business de Madagascar, 2019 180 (meilleur score = 1) 160 140 Création d'entreprise (81) 120 200 Obtention des permis Résolution de 100 de construire(183) l'insolvabilité(136) 150 80 100 Exécution des Raccordement à 60 50 l'électricité (85) contrats (150) 40 0 20 Commerce Transfert de 0 frontalier (138) propriété(162) Malaisie Maurice Rwanda Kenya Indonésie Népal Ouganda Mozambique Mali Cambodge Sénégal Niger Tanzanie Burkina Faso Zimbabwe Ethiopie Côte d'Ivoire Madagascar Burundi Comores Cameroun Tchad Paiement des taxes Obtention de prêt (124) et impôts (132) Protection des investisseurs (99) Madagascar Afrique subsaharienne Source: Doing Business 2019 Source: Doing Business 2019 ⁷⁸ Ali et Milner (2016). ⁷⁹ La plupart des composantes de l'Indice de performance logistique (IPL) se sont détériorées, plusieurs (performance douanière, infrastructure et envois internationaux) ayant perdu plus de dix (10) places au classement entre 2007 et 2018. Seuls deux des composantes principales, à savoir la compétence logistique et la capacité à suivre et à retracer les envois, se sont améliorées au cours de cette période. 54 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants 12. Malgré les contraintes entravant ajoutée.⁸¹ Les résultats de l’enquête ont été le commerce, certaines exportations validés lors de discussions de groupe dirigées, continuent de bien se porter, en partie grâce au cours desquelles des recommandations à des accords commerciaux préférentiels et de politique ont été discutées avec le secteur à d’autres politiques. Dans les années 2000, privé, aussi bien que le secteur public. le Gouvernement a activement cherché à promouvoir les exportations en créant (i) Secteur analysé : l’agroalimentaire des zones franches industrielles visant à attirer les investisseurs étrangers. Par 14. Le secteur agroalimentaire malgache ailleurs, Madagascar bénéficie d’un accès est diversifié et s’est développé autour préférentiel aux États-Unis en vertu de de marchés de niche clés. Quatre sous- l’AGOA et au marché de l’Union européenne secteurs ayant leur propre dynamique sont grâce à l’accord de Cotonou et à l’Accord de identifiés : (i) l’industrie agroalimentaire dite « partenariat économique en vigueur depuis traditionnelle » présentant une forte résilience 2007. Ces initiatives politiques ont encouragé et un potentiel important, mais aussi un degré l’implantation à Madagascar d’une première de concentration élevé et des risques de vague d’investisseurs qui, dans de nombreux cartellisation ; c’est le cas des secteurs de la cas, ont continué leurs activités malgré les vanille et du litchi ; (ii) les « nouvelles » niches difficultés liés à l’environnement des affaires agroalimentaires de grande valeur utilisant la et à la suspension de l’AGOA, du fait qu’ils provenance de Madagascar comme source ont des investissements à long terme dans de différenciation sur le marché, présentant le pays.⁸⁰ Cependant, l’importance des un fort potentiel d’inclusion territoriale et de mesures incitatives est minime comparée à développement de l’agriculture contractuelle ; d’autres aspects de la compétitivité du pays, c’est le cas du cacao, des miels spéciaux et des tels que la disponibilité d’une main-d’œuvre huiles essentielles ; (iii) d’autres exportations abordable, l’unicité des produits agricoles et de niche de produits de haute qualité tels la vitesse de l’Internet. que les crustacés et les fruits exotiques tropicaux, qui sont basées dans des régions 13. Pour décortiquer les possibilités de mise spécifiques et nécessitent une logistique à profit de la croissance des secteurs très spécialisée liée à la chaîne du froid ; et (iv) performants, la section suivante présente des entreprises agroalimentaires émergentes les résultats d’une analyse approfondie orientées vers le marché intérieur, telles que des trois secteurs retenus. Les résultats la volaille, la viande bovine et le riz local, qui sont basés sur une enquête menée auprès sont relativement plus faciles à contester et, d’entreprises nationales et étrangères visant de ce fait, ouvertes aux investisseurs. à comprendre les facteurs ayant motivé l’investissement, les types d’emplois en 15. Les principaux facteurs d’attraction des cours de création et les moyens de favoriser investisseurs dans le secteur agroalimentaire davantage la création d’emplois et de valeur sont l’unicité des ressources agricoles de ⁸⁰ Consultations avec des chefs d'entreprise menées pour le compte de CEM Madagascar en mai 2019. ⁸¹ Résultats basés sur une enquête menée auprès de 24 entreprises de IT-BPO (sur les 37 entreprises qui ont pu être jointes), 22 entreprises textiles (sur les 55 entreprises qui ont pu être jointes) et 22 entreprises agroalimentaires sur les 47 qui ont pu être jointes. L'enquête s'est appuyée sur une méthodologie utilisée par Farole et Winkler pour l'ouvrage « Making FDI Work for SSA », Banque mondiale. 55 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Madagascar, son image de marque de qualité marché difficiles, au manque d’infrastructures et la compétitivité de ses coûts. Les produits et à la mauvaise gouvernance. Les entreprises malgaches, en particulier ceux proposés dans ont exploité le potentiel de ces produits en le segment du marché haut de gamme, tels élaborant une stratégie marketing de haute que la vanille, le cacao et certains types de qualité, étayée par des labels tels que la miels exotiques, font partie de la proposition de certification « bio », la certification ISO, le valeur unique du pays et sont essentiels pour « commerce équitable » et un label de attirer les IDE à la recherche de ressources. qualité avec dénomination d’origine tel que La disponibilité d’intrants agricoles distincts la classification de cacao fin à 100 pour cent, et de coûts de main-d’œuvre compétitifs ont premier produit agricole d’Afrique à obtenir créé des marges suffisamment élevées sur la reconnaissance de sa dénomination ou ces marchés pour parer aux conditions de provenance depuis 2016 (voir Encadré 2). Figure 52: Les IDE ont été attirés par Figure 53: Mais la croissance future est la disponibilité d’intrants uniques à restreinte par le faible accès à l’électricité Madagascar et les contraintes de gouvernance Pourcentage d’entreprises citant le facteur Obstacles au développement des entreprises, comme motif d’implantation à Madagascar pourcentage des entreprises affectées Concurrence de l'informel secteur 27% Accès aux compétences locales 9% Faibles niv. de compétences 27% Coûts réduits de la main-d'oeuvre 14% Transport 32% Environnement de travail 14% Instabilité politique 32% Accès préférentiel aux marchés d'exportation 18% Insécurité physique 32% Accès aux incitations fiscales 18% Accès à la terre 27% Corruption 36% Accès aux intrants 73% Electricité 36% 0% 50% 100% 0% 10% 20% 30% 40% Source : Enquêtes approfondies Source : Enquêtes approfondies 16. L’expansion continue du secteur bénéficient pas, qu’elles soient permanentes agroalimentaire peut soutenir une croissance ou saisonnières. Toutefois, les revenus et les inclusive en grande partie par la création marges des petits exploitants agricoles sont d’emplois. Sur la période de 2014-18, la compressés par une faible productivité, une création d’emplois formels dans le secteur mauvaise logistique, un accès restreint au agroalimentaire a augmenté de 17 pour financement et aux engrais et les marges cent.⁸² Les entreprises bénéficiant d’IDE ont élevées prélevées par les intermédiaires des effectifs d’employés équivalant à plus (voir le Chapitre 5). Lorsque les investisseurs du double de ceux des entreprises qui n’en étrangers sont autorisés à entrer sur les ⁸² Taux de croissance annuel composé de la création d'emplois selon les données de la CNaPS, fonds de pension privé. 56 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants marchés, ils peuvent, dans certains cas, aider doivent recourir à des tiers pour la livraison à surmonter ces contraintes et contribuer à des intrants sophistiqués et la collecte de l’amélioration des pratiques, des normes de leurs produits. Il s’est avéré que la présence travail et des contrôles qualité.⁸³ d’entreprises agroalimentaires, en particulier celles qui fournissent des intrants, c’est-à- 17. L’agroalimentaire peut également appuyer dire les collecteurs, les transformateurs et les le développement des régions qui accusent exportateurs, stimule la production agricole un retard, en particulier à mesure que les de façon plus générale (Iimi et al. 2017). De infrastructures prévues se développent. plus, l’augmentation de la demande intérieure Le secteur agroalimentaire a le potentiel de favorise la création de liens en aval et la se développer dans un certain nombre de création indirecte d’emplois. Plus de deux régions, suivant leur capital spécifique et tiers des entreprises malgaches nationales leurs conditions climatiques et peut, de ce fait, vendent déjà à la fois sur le marché intérieur contribuer au renforcement de la cohésion et le marché d’exportation, en utilisant divers territoriale. Les améliorations planifiées des canaux de distribution tels que les détaillants, infrastructures, y compris à Taolagnaro qui les grossistes et les supermarchés. Avec abrite également un port dans le sud-est l’expansion de l’économie et l‘augmentation de du pays (voir chapitre 2), pourraient ouvrir la demande urbaine de produits de qualité, un de nouveaux corridors agroalimentaires, y nombre croissant de supermarchés nationaux compris pour la canne à sucre, les animaux et internationaux ont ouvert à Madagascar, d’élevage (qui a déjà commencé à se ce qui constitue un autre exemple d’IDE à développer dans le sud de Madagascar) et la recherche de marché. Les entreprises le poivre. La possibilité d’investir davantage bénéficiant actuellement d’IDE suivent une dans ces secteurs, où la contestabilité du stratégie axée sur l’exportation (cela concerne marché est élevée, pourrait aider les régions à peu près 75 pour cent des entreprises), mais accusant des retards de développement (y cette situation pourrait changer avec le temps. compris le sud-est) à faire une percée et offrir des opportunités d’emploi plus intéressantes 19. Les principaux obstacles à la poursuite du à la population rurale. développement du secteur agroalimentaire sont la capacité des producteurs locaux 18. Les entreprises agroalimentaires jouent et leur aptitude à respecter les normes de également un rôle important dans la création contrôle qualité. Le plus grand obstacle à de liens au sein de l’économie nationale. l’approvisionnement local est la capacité des Les entreprises agroalimentaires nationales producteurs locaux, auquel les entreprises et étrangères aident à créer des liens en du secteur agroalimentaire remédient en amont, par exemple à travers l’achat de leur fournissant une assistance financière et semences, d’engrais, de produits chimiques technique, des intrants et des équipements.⁸⁴ et d’autres intrants. Parce que les agriculteurs Le manque d’établissements de formation ruraux sont nombreux à ne pas disposer bien conçus pour les ouvriers agricoles de leurs propres moyens de transport, ils exacerbe le problème de faible capacité ⁸³ Près de 60 pour cent des entreprises agroalimentaires interrogées ont fait l’objet d’un audit technique de la part d’un client et plus de 40 pour cent ont par la suite été invitées à apporter des améliorations. ⁸⁴ Un constat similaire in Limi, Atsushi ; Vous, Liangzhi ; Wood-Sichra, Ulrike. 2018. Crop production, transport infrastructure, and agrobusiness nexus: evidence from Madagascar (English). Document de travail sur la recherche de politique ; n° WPS 8486. Washington, D.C.: Groupe de la Banque mondiale. 57 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants de production, et les activités de formation courantes liées aux infrastructures physiques en interne sont privilégiées. La difficulté de et sont disposées à utiliser le système de « satisfaire les normes sanitaires, sécuritaires, ristournes » pour soutenir le financement des environnementales ou sociales strictes pour infrastructures locales.⁸⁵ les exportations de niche vers les marchés haut de gamme constitue un autre défi. Pour 21. L’organisation d’une chaîne de valeur relever ce défi, les entreprises cherchent peut présenter à la fois des opportunités et à augmenter leur production propre ou à des contraintes, suivant le marché de niche s’approvisionner directement auprès de considéré. Dans certains cas, l’organisation producteurs locaux, au lieu de faire appel des entreprises opérant dans une chaîne à des intermédiaires, ce qui contribuerait d’approvisionnement particulière en tant éventuellement à augmenter les revenus et qu’associations privées d’intérêt public a facilité les marges des producteurs. la mise en place de relations coordonnées avec les fournisseurs aussi bien qu’avec les 20. Les problèmes courants rencontrés par les importateurs, tout en améliorant leur image entreprises agroalimentaires comprennent de marque. Ainsi, la création d’un consortium l’accès à la terre (en particulier pour les des parties prenantes dans la chaîne de valeur nouveaux arrivants) et au capital physique. du cacao et l’augmentation consécutive de la Etant donné que les étrangers n’ont pas part de production de cacao répondant aux accès à la propriété foncière, les investisseurs normes de qualité internationales ont entraîné dans le secteur agroalimentaire pratiquent une forte augmentation des exportations l’agriculture contractuelle. Cependant, le et des investissements étrangers dans le succès d’une telle agriculture dépend des secteur au cours de ces dernières années. procédures contractuelles à suivre en rapport Toutefois, il existe un risque d’exclusion au bail de terrains. En l’absence de procédures des entreprises agroalimentaires qualifiées de gouvernance appropriées, les nouveaux (voir le cas des litchis au Chapitre 5). Par investisseurs travaillent généralement avec conséquent, la création d’associations des intermédiaires locaux, ce qui peut accroître privées pour promouvoir un contrôle qualité, le coût de leurs activités. Les nouveaux la commercialisation, la R&D et l’assistance arrivants sur le marché sont également technique aux petits agriculteurs peut offrir confrontés à des défis liés à l’organisation de la de bonnes perspectives, à condition que ces chaîne d’approvisionnement. Les entreprises associations soient étroitement suivies afin agroalimentaires font état de difficultés d’éviter les risques de cartellisation. ⁸⁵ Les ristournes sont des taxes prélevées par les municipalités sur certains produits destinés au marché intérieur et à l'exportation, y compris sur les produits agricoles. 58 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Encadré 2 : Bonnes pratiques dans l’agroalimentaire : Groupement des acteurs du cacao de Madagascar Par le passé, la chaîne de valeur du cacao présentait plusieurs faiblesses, y compris le vieillissement des vergers, la faiblesse des rendements, la multiplication des variétés inefficaces et un manque de coordination des acteurs clés de la chaîne de valeur. Afin de mieux structurer le secteur, le Gouvernement, le secteur privé et les partenaires financiers et techniques ont commencé à se regrouper en 2015, dans le cadre d’un dialogue public- privé. Cela a abouti, en avril 2015, à la création du Groupement des acteurs du cacao de Madagascar (GACM) qui comprenait des producteurs, des chocolatiers et des opérateurs / exportateurs. Madagascar a également rejoint l’Organisation internationale du cacao (ICCO) en 2016. Peu de temps après, sa production a remporté le label 100 pour cent cacao fin. Depuis lors, avec l’appui du projet Pôles et corridors intégrés de croissance financé par la Banque mondiale, plusieurs activités ont été entreprises pour améliorer la qualité, la traçabilité et les normes de durabilité dans le secteur. Environ 5 000 producteurs et 200 préparateurs de cacao ont reçu une formation et un appui, une usine moderne a été aménagée à Ambanja, la capitale du cacao, afin de produire des plants certifiés, tandis que des activités de R&D ont été coordonnées entre les secteurs privé et public pour améliorer la qualité et la productivité. Entre 2015 et 2018, le volume des exportations a augmenté de près de 60 pour cent pour atteindre près de 12 000 tonnes, dont plus de 90 pour cent était aux normes internationales (contre 14 pour cent en 2014). Des normes nationales - plus strictes que les normes internationales - ont été établies et un centre indépendant d’analyse et de contrôle des produits d’exportation a également été mis en place à Ambanja. Le secteur attire de nouveaux investissements dans les unités de transformation du cacao et le pays préside actuellement l’ICCO. Le Plan national cacao, validé en 2018, guide désormais toutes les activités allant dans le sens de la durabilité de la chaîne de valeur. Pour plusieurs autres produits de grande valeur tels que la vanille, le litchi, les épices, le girofle ou les huiles essentielles, des initiatives similaires visant à structurer les chaînes de valeur de production et à mettre en place des contrôles qualité rigoureux pourraient également avoir des effets positifs en termes d’ouverture du marché, de volumes d’exportations et d’opportunités d’augmentation des revenus et de la rentabilité pour les petits exploitants. Cependant, contrairement à la production de cacao qui est concentrée dans une certaine zone géographique, pour bon nombre de ces autres chaînes de valeur d’exportation, les plantations sont disséminées à travers le pays, ce qui complique le dialogue entre les parties prenantes et la détermination de priorités communes. Par exemple, les producteurs de litchi ou d’épices de différentes régions peuvent faire face à des conditions agricoles, des défis logistiques et des opportunités de marché très différents. Une complication supplémentaire dans la chaîne de valeur du litchi réside dans le fait que les récoltes durent deux semaines au maximum pour les marchés d’exportation. Les producteurs aux faibles ressources et mal équipés n’ont d’autre choix que de vendre 59 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants leurs produits le plus rapidement possible pour éviter qu’ils ne pourrissent, ce qui réduit leur pouvoir de négociation et restreint leur rôle dans les chaînes de valeur. Des initiatives communes pourraient être lancées pour améliorer les processus de production, vaincre les limites d’exportation et accroître le pouvoir de négociation des petits producteurs. Le secteur public peut également contribuer à libérer le potentiel des marchés d’exportation de grande valeur dans le secteur agroalimentaire. Outre ses prérogatives dans la réglementation de l’industrie, le secteur public peut soutenir le secteur privé en investissant dans des biens publics et semi-publics qui répondent aux besoins en amont et en aval de ces marchés, y compris la R&D ou les statistiques agro-logistiques. Source : Personnel de la Banque mondiale 22. A l’avenir, des opportunités d’attirer des de croissance. Les autres exportations IDE à la recherche de ressources pourraient malgaches pouvant desservir les marchés se présenter pour le développement de mauriciens et seychellois comprennent les produits agroalimentaires de plus grande légumineuses telles que les pois d’Angole valeur à Madagascar et l’augmentation du et le haricot sec, ainsi que les fruits de mer commerce au sein de la région. Pour des de grande valeur tels que le homard et la produits tels que les huiles essentielles crevette, offrant d’autres moyens de renforcer et les jus de fruits, la première étape de l’intégration régionale.⁸⁶ transformation du produit est effectuée à Madagascar (par exemple, la transformation (ii) Secteur analysé : textile & confection du fruit en purée) et le produit qui en résulte est ensuite souvent exporté pour être transformé 23. Le secteur malgache du textile et de la hors de Madagascar. La transformation de ces confection comprend différentes niches. produits au niveau national permettrait au pays Madagascar a une niche dans l’exportation de retenir davantage de profits, mais exigerait de vêtements de grande valeur, tels que des modifications de la chaîne de valeur de le cachemire et les vêtements tricotés en distribution, ce qui est peu vraisemblable à laine. Des secteurs de niche plus petits se court terme. Dans les conditions actuelles du développent également dans le secteur marché, les entreprises qui approvisionnent de la mode éphémère (fast fashion) le marché intérieur en produits transformés attirant de nouveaux IDE à la recherche sont plus susceptibles de développer leurs d’efficacité provenant de Maurice. L’avantage activités et de s’étendre à d’autres produits. concurrentiel de ces IDE découle de la L’émergence de produits tels que les miels livraison "juste à temps” de vêtements de spéciaux, actuellement exportés vers l’île marque aux grossistes et aux détaillants qui Maurice à des fins de marketing et de promotion gèrent de petits stocks, ainsi que du faible de marque, puis vendus sur d’autres marchés coût de la main-d’œuvre. Ils sont intéressés haut de gamme offre également un potentiel par l’agglomération en parcs industriels où ⁸⁶ Mauritius: Strengthening Regional Agriculture Imports of Mauritius and Seychelles from APEI Countries, Rapport préliminaire, Banque mondiale, 2019. 60 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants il est possible d’assurer un fonctionnement presque entièrement de Chine, alors que prévisible de la chaîne de valeur. sa production de vêtements tricotés en cachemire satisfait environ 5 pour cent de la 24. Le secteur du textile et de la confection demande mondiale et jusqu’à 25 pour cent de de Madagascar est bien intégré dans les la demande allemande (son principal marché chaînes de valeur mondiales (CVM).⁸⁷ En de destination). Cette participation aux CVM effet, Madagascar présente l’un des taux est encourageante, étant donné qu’elle les plus élevés de participation aux CVM en contribue à la génération de revenus et aux ASS, comparable à ceux de l’Indonésie et de retombées connexes sur le marché intérieur, l’Inde.⁸⁸ Par exemple, Madagascar représente mais elle est encore nettement inférieure à près de 15 pour cent des importations celle des pairs aspirationnels d’Asie, tels que mondiales de laine de cachemire, provenant le Népal et la Malaisie.⁸⁹ Figure 54: Madagascar présente l’un des niveaux les plus élevés de participation aux exportations de chaînes de valeur mondiales d’Afrique subsaharienne, mais sa performance est inférieure à celle de ses pairs aspirationnels d’Asie.⁹⁰ 60% 12.000 50% 10.000 Exportations CVM PIB par habitant 40% 8.000 30% 6.000 20% 4.000 10% 2.000 0% 0 Mozambique Ouganda Cameroun Niger Zimbabwe Mali Rwanda Ethiopie Burundi Indonésie Inde Madagascar Népal Malaisie Comores Burkina Faso Exportations CVM en part d'export. totales (2017) PIB par habitant en USD courants (2017) Source : Calculs du personnel de la Banque mondiale basés sur la base de données MC-CVM sur WITS ⁸⁷ La participation à une CVM signifie qu'un pays, un secteur ou une entreprise produit (au moins) une étape de la chaîne de valeur mondiale. La participation de Madagascar va aussi bien vers l'amont (c'est-à-dire que l'île importe des intrants d'autres pays pour produire des biens et des services) que vers l'aval (par les exportations vers d'autres pays). ⁸⁸ Les exportations de CVM ne représentant que 5,3 pour cent des exportations totales de la région en 2017, l'Afrique subsaharienne est la région du monde présentant l'intégration la plus faible aux chaînes de valeur mondiales, même en excluant les pays à revenu élevé (l'Afrique du Sud représentait 78 pour cent du total des exportations totales de CVM de la même année). ⁸⁹ Rapport sur le développement dans le monde 2020, Global Value Chains: Trading for Development, Banque mondiale. ⁹⁰ L’ensemble de données source (BM MC-CVM) couvre quatre CVM « conventionnelles » ou « archétypales » caractérisées par une structure de réseau d'entreprises pilotes et ayant fait l'objet de nombreuses études : confection/ textile, chaussures, électronique et véhicules à moteur (Ferrantino et Schmidt, 2018). La source de données sous- jacente étant les statistiques Comtrade de l’ONU sur le commerce de marchandises, la couverture par pays est très bonne, en particulier parmi les pays en développement. Les similitudes et les différences d'organisation de ces quatre CVM distinctes sont un bon point d'entrée à la compréhension du commerce des CVM et ont servi à analyser la réaction des pays en développement participant aux CVM à la crise de 2008-2009 (Cattaneo, Gereffi et Staritz 2010). La part des exportations mondiales totales de marchandises représentée par ces quatre CVM a fluctué entre 14 pour cent et 36 pour cent environ depuis 1990, le poids du commerce conventionnel des CVM dans le commerce total de marchandises tendant à être plus important lorsque le prix du pétrole est bas, et vice versa. 61 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants 25. Le secteur du textile et de la confection d’investissement. Par exemple, les entreprises a attiré des IDE à la recherche d’efficacité, mauriciennes de textile et de confection reflétant les principaux avantages investissent de plus en plus dans la niche de concurrentiels du pays, tels que la la « mode éphémère » où la disponibilité de disponibilité d’une main-d’œuvre abordable main-d’œuvre à un prix abordable constitue et l’accès à des marchés préférentiels. Au fil du un puissant facteur incitatif. Les entreprises temps, les incitations fiscales offertes à travers de textile et de confection malgaches et les Zones franches d’exportation ont perdu de mauriciennes ont déjà une relation bien l’importance par rapport à d’autres facteurs tels établie où les intermédiaires regroupent de que la disponibilité de main-d’œuvre à un prix grosses commandes d’acheteurs mondiaux abordable et l’accès préférentiel aux marchés. pour les satisfaire en s’approvisionnant, entre La récente stabilité politique encourage autres, à Madagascar, mettant ainsi de petites les nouveaux investisseurs à considérer entreprises souvent nationales en relation Madagascar comme une destination avec les CVM. Figure 55: Les sources d’avantages comparatifs Figure 56: Cependant, la poursuite de du secteur du textile comprennent le coût la croissance est limitée par l’instabilité réduit de la main-d’œuvre et l’accès à des politique et le coût élevé de l’électricité marchés préférentiels Pourcentage d’entreprises citant chaque facteur Obstacles au développement des entreprises, d’avantage comparatif pourcentage des entreprises affectées Autres couts réduits 9% Infrastructures routières 23% Accès aux intrants 14% Règlement du travail 23% Accès à la terre 23% Commercial et douanes 23% Accès aux incitations fiscales 23% Insécurité physique 36% Environnement de travail 27% Corruption 36% Accès préférentiel aux marchés d'exportation 41% Coûts de l'électricité 45% Coûts de main-d'oeuvre réduits 64% Instabilité politique 45% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 0% 10% 20% 30% 40% 50% Source : Résultats de l’enquête approfondie Source : Résultats de l’enquête approfondie 26. Le secteur du textile et de la confection de l’inclusion, le secteur du textile et de joue un rôle important dans la création la confection est un important créateur d’emplois, en particulier pour les femmes. d’emplois féminins qui commence à offrir Selon les estimations, les recrues féminines de nouvelles opportunités dans d’autres constituent, en moyenne, 70 pour cent de régions du pays. Des projets sont en cours la main-d’œuvre. Ainsi, du point de vue pour le développement d’une deuxième 62 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants zone industrielle à Moramanga,⁹¹ ce qui aux entreprises malgaches par le biais d’appui pourrait favoriser la création d’emplois à technique visant à améliorer la qualité, ainsi l’extérieur des zones actuelles (capitale et que par le biais d’appui financier. En général, Antsirabe). Toutefois, certaines entreprises les entreprises étrangères entretiennent une en place affichent une certaine résistance à bonne collaboration avec les entreprises se regrouper dans des zones économiques malgaches et leurs motifs de collaboration spéciales pour des questions liées à la comprennent entre autres la réalisation disponibilité de services sociaux et à la conjointe d’activités de recherche et de possibilité de syndicalisation des employés. développement. Des liens en amont ont été D’autre part, d’autres investisseurs, par développés avec des entreprises spécialisées exemple, ceux actuellement basés à Maurice, dans le conditionnement des produits, seraient heureux de pouvoir investir dans mais sinon, les intrants obtenus auprès des une nouvelle zone économique spéciale, fournisseurs nationaux sont encore peu sous réserve que les préoccupations liées à utilisés. À l’avenir, la création du parc industriel l’instabilité politique soient résolues et que la du textile pourrait favoriser des liens en aval à logistique des transports soit améliorée, par travers le développement des services et des exemple, par des tarifs plus compétitifs pour le infrastructures publics. fret aérien - un moyen de transport considéré comme une solution de remplacement au 28. Dans l’ensemble, les entreprises du transport maritime. La résolution des lacunes secteur du textile et de la confection sont en matière d’infrastructures et l’amélioration optimistes concernant le développement de la protection des investissements et de du secteur, y compris le développement la gouvernance contribueraient à réduire la de produits à plus forte valeur ajoutée, nécessité d’incitations fiscales occasionnelles à condition que certaines contraintes pour attirer les investisseurs étrangers. majeures soient levées. Le plus gros facteur dissuasif aux investissements étrangers 27. L’intégration du secteur du textile et dans le secteur du textile et de la confection de la confection à Madagascar aux CVM est lié à la mauvaise gouvernance et aux a encouragé les fournisseurs à exiger des infrastructures. Les défis liés à la fourniture normes plus strictes, ce qui a des retombées de services d’électricité, y compris leur coût positives sur l’économie nationale. Plus élevé et leur faible fiabilité, constituent de la moitié des entreprises ont fait l’objet également des contraintes majeures. De d’audit de la part d’une entreprise cliente, nombreuses entreprises développent des recevant des demandes d’améliorations par solutions locales, y compris l’installation de rapport à la qualité des produits, aux normes systèmes de panneaux solaires autonomes de travail, au calendrier et au volume de présentant des possibilités de collaboration production. À leur tour, près d’un tiers des avec la société de services publics nationale, entreprises étrangères portent assistance JIRAMA, pour le développement de solutions ⁹¹ Le Gouvernement a récemment approuvé une loi sur les Zones économiques spéciales destinée à appuyer un nouveau projet de Ville textile, qui devrait être implanté le long de la future autoroute reliant Antananarivo au port de Toamasina. Le site devrait être construit sur une superficie de 100 à 600 hectares et devrait pouvoir accueillir plus de 100 usines de production dans une zone totalement intégrée qui offrira toutes les formalités administratives logistiques, des banques, un guichet unique pour les investisseurs, ainsi que des infrastructures résidentielles et commerciales. La connectivité électrique devrait être bonne, la source d’énergie se trouvant tout près de cette zone. 63 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants de stockage et la vente d’énergie excédentaire avec des développeurs de logiciels locaux au réseau conventionnel. Le développement qualifiés.⁹² Les activités du secteur des IT-BPO des compétences, en particulier pour les sont largement orientées vers l’exportation produits de valeur supérieure et pour les de la vente de services, la France étant la postes de direction, constitue un autre défi. principale destination, s’emparant de 75 pour Bien qu’il existe des centres de formation cent des ventes des entreprises, suivie des locaux, le contenu du programme et les États-Unis, de la Suisse et de la Belgique. demandes du secteur sont en décalage et L’organisation du secteur est en phase de la plupart des entreprises préfèrent former consolidation par la création d’une association leurs employés en interne. En outre, les sectorielle, dont les efforts de collaboration infrastructures de commerce et de transport incluent l’obtention de meilleurs prix pour ainsi que la logistique posent une contrainte les intrants et l’organisation de formations majeure, que çe soit au niveau du port, des conjointes pour les employés. aéroports, de la douane ou de la facilitation des échanges. Enfin, avec le développement 30. Le secteur des IT-BPO à Madagascar continu de destinations telles que la Chine et continue d’attirer des IDE à la recherche Maurice, Madagascar dispose d’une marge d’efficacité, reflétant la proposition de valeur de manœuvre considérable pour répondre unique du pays. Les investissements dans le aux demandes de l’industrie du textile et de secteur sont motivés par le faible coût de la confection, compte tenu de l’avantage la main-d’œuvre, associé à la disponibilité concurrentiel que sa main-d’œuvre abordable de l’Internet haut débit, à une population lui apporte. francophone perçue comme ayant un accent clair et à un fuseau horaire commode pour (iii) Secteur analysé : les IT-BPO l’opération de centres d’appels desservant le marché francophone en Europe.⁹³ Si 29. La dernière décennie a vu l’émergence Madagascar ne possède pas le plus grand d’un secteur des IT-BPO robuste. Alors que secteur des IT-BPO du continent, le pays les activités de IT-BPO sont dans une large affiche une proposition de valeur unique grâce mesure axées sur des services à faible valeur au coût relativement bas de sa main-d’œuvre ajoutée tels que les centres d’appels et et à la disponibilité de l’Internet haut débit, les activités administratives, ces dernières faisant non seulement croître rapidement années, une petite niche à forte valeur ajoutée, le secteur mais le rendant également plus axée sur les technologies de l’information, le compétitif par rapport à d’autres pays développement de logiciels et l’intelligence francophones, tels que le Maroc, la Tunisie artificielle, a commencé à se développer, et le Sénégal. ⁹² Digital Moonshot, Banque mondiale, à paraître, 2019. ⁹³ Selon l'EDBM, 200 entreprises de IT-BPO ont été créées à Madagascar pendant la période 2005-2017. Une croissance fulgurante est observée depuis 2010, coïncidant avec l’arrivée des câbles à fibre optique connectant l’île à l'Internet haut débit, à savoir le réseau de câble sous-marin de l'Afrique de l'Est (EASSy), qui est un câble à fibre optique sous- marin reliant le Soudan à l’Afrique du Sud ainsi que le Lower Indian Ocean Network (LION, réseau du Bas Océan indien). 64 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Figure 57: Les IDE ont été attirés par la Figure 58: Mais la poursuite de la croissance disponibilité de main-d’œuvre abordable est limitée par le niveau élevé des coûts et l’accès à l’Internet haut débit et la disponibilité d’une main-d’œuvre disposant de l’expertise nécessaire Motifs clés d’investissement à Madagascar, pourcentage des entreprises citant chaque Principales contraintes à la poursuite de la facteur d’attraction croissance, pourcentage d’entreprises affectées Suivre la concurrence 8% Facilité de faire des affaires 17% Autre coûts réduits 13% Temps moyen pour 21% se rendre au travail Accès aux incitations fiscales 21% Services et coûts des 29% télécommuncations Accès aux compétences 25% Accès au transport urbain 33% Accès à un bassin de m-d'oeuvre 38% Coûts de l'éctricité 38% Accès à l'internet haut débit 46% Disponibilité des compétences 58% Coûts de main-d'oeuvre réduits 54% Coûts de l'internet 75% 0% 20% 40% 60% 80% Source : Estimations de la Banque mondiale basées sur les résul- Source : Estimations de la Banque mondiale basées sur les résul- tats de l’enquête approfondie tats de l’enquête approfondie 31. L’expansion du secteur des IT-BPO à des zones autres qu’Antananarivo telles continue d’offrir des perspectives d’appui que Toamasina, Morandava et Antsiranana de la croissance inclusive par la création qui présentent des avantages tels que de d’emplois (y compris pour les femmes et les moindres frais généraux et une logistique jeunes) et son expansion à des zones autres améliorée pour les employés. En revanche, que la capitale. Sur la période 2014-2018, le la poursuite du développement des centres nombre d’emplois dans le secteur des IT- d’appels régionaux dépendra de la réussite BPO a augmenté de 11,4 pour cent.⁹⁴ Près de l’expansion de la connectivité Internet à de 50 pour cent des emplois de premier l’ensemble du pays. échelon et près de 40 pour cent des postes de direction sont tenus par des femmes. En 32. Si les activités du secteur des IT-BPO outre, le secteur se développe pour permettre sont orientées vers les marchés extérieurs, aux individus de travailler depuis chez eux, elles sont en lien évident avec les entreprises offrant une plus grande souplesse, ce qui nationales et leurs relations avec les clients encourage également les femmes à rentrer contribuent au renforcement et à la mise à dans le marché du travail.⁹⁵ Les leaders de niveau des capacités. Outre l’utilisation des l’industrie ont commencé à élargir leurs services Internet fournis par les entreprises activités, notamment les centres d’appels, malgaches, les deux tiers des entreprises ⁹⁴ Taux de croissance annuel composé calculé à partir de données obtenues auprès du fonds de retraite privé, CNAPS. ⁹⁵ Les entretiens avec les chefs d’entreprise de IT-BPO ont indiqué qu’ils considéraient le travail flexible à domicile comme un domaine de croissance supplémentaire. Les travailleurs seraient embauchés en qualité de consultants et une mémoire de données leur serait fournie pour effectuer le travail à domicile. 65 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants déclarent utiliser d’autres biens et services cerveaux » vers des pays tels que la France⁹⁶ acquis auprès de fournisseurs malgaches, et le Canada est grandissant. Les deux niches tels que le matériel et les machines, les ont des difficultés à pourvoir aux postes de services aux entreprises et les services direction, essentiellement à cause du manque techniques, entre autres choses. Ces liens de compétences. Des établissements de se sont développés grâce à la qualité des formation existent, mais seulement 20 pour produits et de leur proximité, permettant aux cent des entreprises y ont recours selon les entreprises d’améliorer leurs relations avec estimations, en grande partie parce que les leurs fournisseurs. La collaboration avec les programmes d’études ne répondent pas aux fournisseurs locaux à travers, par exemple, besoins du marché du travail, les amenant la fourniture d’assurance qualité ou la à privilégier la formation en interne. Au fur formation des travailleurs, a donné lieu à de et à mesure que le secteur des IT-BPO nouveaux transferts de connaissances et à renforce son assise, les activités de formation des effets d’entraînement. Par ailleurs, près conjointes se multiplient (actuellement, près de 60 pour cent des entreprises ont reçues de 40 pour cent des entreprises, un chiffre des demandes d’améliorations de la part de qui devrait encore augmenter). S’appuyant sur leur client notamment en ce qui concerne un vivier de talents émergent à Madagascar, des investissements dans de nouveaux les dirigeants du secteur ont déclaré qu’un équipements ou technologies, l’amélioration plus grand développement des compétences, de la qualité des produits et la formation des auquel ils sont disposés à contribuer, devrait employés, et près de 40 pour cent de ces appuyer la diversification du secteur à d’autres entreprises ont reçu une assistance pour cette niches, tels que l’intelligence artificielle et le mise à niveau. développement d’applications. 33. Bien que le secteur présente un fort 34. Les contraintes liées au capital physique, potentiel de croissance supplémentaire, y compris la connexion Internet rapide en particulier sur le marché à plus forte mais chère et le manque de fiabilité de valeur ajoutée, le manque de compétences l’électricité, ont également une incidence disponibles et appropriées pose une sur les perspectives de croissance. Si contrainte majeure. Dans le segment des Madagascar a une vitesse de téléchargement centres d’appels, la dégradation de la rapide, se classant dans les 25 meilleurs au capacité d’expression française des nouvelles niveau mondial, les coûts associés restent générations résultant de la faible capacité relativement élevés par rapport à des pédagogique des enseignants, associée à concurrents tels que le Maroc et Maurice. une approche inadaptée d’introduction de La mauvaise qualité de la fourniture de la langue française en classe, suscite des services d’électricité implique la nécessité inquiétudes. Les risques que l’automatisation de mettre en place des sources d’énergie remplace les activités principales du alternatives, telles que des générateurs. secteur des centres d’appel ont été estimés Pour pouvoir maintenir la qualité de leurs négligeables. Dans le segment à grande services, les entreprises s'abonnent auprès valeur ajoutée, le risque de « fuite des de plusieurs fournisseurs d’accès Internet et ⁹⁶ Par exemple, il existe un nouveau visa technologique français qui accélère le recrutement de talents numériques internationaux pour les entreprises françaises, qui organise régulièrement des initiatives de recrutement à Madagascar. 66 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants ont recours à plusieurs sources d’électricité, événements historiques et les liens culturels ce qui augmente les coûts (voir le Chapitre apparaissent également comme des facteurs 5 pour une discussion de la concurrence clés dans tous les secteurs performants. dans le secteur des télécommunications). La résolution de ces contraintes est critique pour 37. Les investisseurs étrangers exploitant l’expansion du secteur, en particulier dans les les « éléments positifs » ont apporté non villes autres que la capitale. seulement du capital, mais également du savoir-faire et un accès aux marchés. Les D. Enseignements tirés et facteurs communs des cas de réussite sont les recommandations politiques avantages apportés par les investissements directs étrangers, non seulement en termes 35. La proposition de valeur de Madagascar de capital physique et d’améliorations est suffisamment forte pour compenser les technologiques, mais aussi en termes de contraintes intérieures. Dans la plupart des savoir-faire (technique aussi bien que de cas de réussite, la stratégie de pénétration marketing) et de liens avec les marchés de du marché s’est appuyée sur des produits destination (présence établie et canaux d’exportation de très haute qualité et/ou de de distribution). Des politiques visant à niche, évitant ainsi la concurrence directe avec améliorer la cohérence et la fiabilité à travers les grands acteurs mondiaux. La résolution le développement des compétences, des ou l’atténuation des contraintes existantes infrastructures stratégiques telles que la améliorerait le seuil de rentabilité, ce qui chaîne du froid et des certifications de qualité, permettrait l’émergence d’un plus grand pourraient contribuer à attirer davantage d’IDE. nombre d’entreprises disposées à poursuivre une stratégie similaire, et entraînerait une 38. Des politiques susceptibles de libérer croissance plus forte pour élargir les niches de le potentiel inexploité de secteurs très réussite actuelles. Des mesures encourageant performants bénéficieraient également le développement d’un marché national pour au reste de l’économie. Les reformes certains de ces produits contribueraient p r i o r i t a i re s c o n c e r n e n t ava n t t o u t également à appuyer leur développement. l’amélioration des politiques de facilitation des échanges et des investissements, la 36. La capacité d’adaptation des entreprises mise en place de mesures visant à faciliter exportatrices et les relations historiques le règlement des litiges, la connectivité, avec les marchés de destination ont été l’accès aux compétences et l’énergie. des facteurs clés de la réussite. La capacité d’adaptation des entreprises dans les secteurs • L’application de mesures ambitieuses à forte croissance est mise en évidence par la de facilitation des échanges et des réponse du secteur textile à la suspension de investissements. Les solutions de l’AGOA en 2010-2014 et leur capacité à saisir facilitation des échanges doivent les opportunités de marché à mesure qu’elles être améliorées par une plus grande apparaissent (IT-BPO, mode éphémère et transparence des obstacles non tarifaires, certaines activités agroalimentaires telles que des procédures simplifiées pour les le cacao et le miel). Les relations de longue investisseurs et une revue complète date établies avec les investisseurs étrangers et détaillée des incitations fiscales et et les marchés à ancrage géographique, les réglementaires existantes. Dans un 67 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants premier temps, l’Accord sur la facilitation le Gouvernement sur les politiques de des échanges existant devrait être commerce et d’investissement. pleinement appliqué et le rôle du Comité national de facilitation des échanges devrait • Amélioration de l’environnement des être renforcé. Avec le temps, la coordination affaires et du règlement des litiges. des agences gouvernementales opérant La prévisibilité de l’environnement des à la frontière devrait être renforcée et les affaires pour les investisseurs privés redevances devraient être consolidées pourrait être améliorée en renforçant et réduites. L’agence de promotion des le système de justice commerciale (y investissements, EDBM, pourrait aider compris par la réduction des coûts liés à cerner et à éliminer les exigences aux frais judiciaires) et en veillant à ce discriminatoires et à rationaliser les qu’une exécution rapide des sentences procédures pour les investisseurs, y compris finales soit possible dans la pratique. La les visas et les permis de travail pour promotion des mécanismes d’arbitrage et expatriés. Cette agence peut également des moyens alternatifs de règlement des aider à élaborer des programmes de suivi et litiges pourrait constituer une première de création de liens afin de tirer pleinement étape importante (voir Encadré 3). La mise parti des externalités positives de l’IDE. Afin en place d’un Mécanisme systémique de de mieux tirer parti des accords de libre- réponse aux investissements (MSRI) en lien échange existants et des avantages tirés direct avec la Primature pourrait être une du prochain Accord sur la zone de libre- autre initiative importante. À long terme, échange continentale africaine, des experts le système judiciaire et son administration du secteur privé pourraient conseiller devraient être réformés et modernisés. Encadré 3: Encourager la confiance des investisseurs par des moyens alternatifs de règlement des litiges (ARL) Le renforcement du système judiciaire étant éventuellement une entreprise à long terme, compte tenu de l’importance de développer la confiance des investisseurs pour le développement, de nombreux pays ont choisi de promouvoir des mécanismes alternatifs de règlement des litiges (ARL) pouvant être déployés pour relever ce défi plus rapidement. Les pays ont promulgué une législation autorisant le recours aux techniques d’ARL pour résoudre les litiges se présentant non seulement entre personnes privées, mais également entre investisseurs privés et pouvoirs publics. Les techniques d’ARL comprennent, entre autres, l’arbitrage, la médiation, l’évaluation préliminaire par un tiers neutre et l’établissement des faits. Un point essentiel à relever est que, dans le cas de l’arbitrage, la décision arbitrale doit être finale et sans appel possible devant les tribunaux nationaux pour que l’ARL soit efficace. En outre, pour veiller au recours aux ARL, de nombreux pays ont mis en place des programmes de diffusion et de renforcement des capacités visant à familiariser les usagers des secteurs privé et public avec ces types de procédures souvent méconnues dans de nombreux pays. 68 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants Une autre solution pour renforcer la confiance accueillir des navires de marchandises des investisseurs, outre le recours à l’arbitrage de taille plus conséquente. Les réformes et aux autres moyens juridiques, consisterait à de la connectivité aérienne ont débuté établir des systèmes informels de gestion des avec la Politique de ciel ouvert, qui sera conflits qui permettent aux gouvernements réexaminée en 2020, et une réduction d’identifier, de suivre et de gérer les des frais de transport aérien pourrait être différends survenant entre les investisseurs envisagée.⁹⁷ Une refonte du segment et les organismes publics dans les meilleurs de marché aérien intérieur, par exemple, délais, bien avant que l’investisseur lésé par la rationalisation des procédures de n’envisage, voire ne présente, une action sécurité et de l’équipement des caravanes en justice. Un mécanisme d’alerte précoce aériennes, appuierait le transport de et de suivi permettant de cerner et de marchandises et aurait des retombées résoudre les plaintes et les problèmes positives sur l’industrie du tourisme. résultant de la conduite des pouvoirs Elle devrait s’accompagner d’une plus publics pourrait contribuer à combler cette grande concurrence sur le marché lacune, en prévenant à terme les litiges et en du kérosène (voir Chapitre 5). Enfin, il favorisant des relations harmonieuses entre serait également important d’adresser les investisseurs et les pouvoirs publics. Ce les contraintes liées au coût élevé de mécanisme, appelé Mécanisme de réponse l’Internet en encourageant la concurrence systémique des investisseurs (MRSI) et et en incitant les investissements dans la mis en place par le Groupe de la Banque connectivité, y compris en milieu rural (voir mondiale, permet aux pays de récolter des le Chapitre 5). données et aide à cerner les caractéristiques des plaintes déposées. En outre, le MRSI • Meilleure mise en correspondance quantifie les investissements retenus ou de l’offre et de la demande de étendus grâce au règlement des griefs, ainsi compétences. Le secteur privé considère que les investissements perdus à cause du que l’amélioration de l’enseignement de non-règlement de ceux-ci. Les MRSI ont déjà base et de la formation professionnelle été recommandés dans le cadre du Compact constitue l’une des plus grandes priorités avec l’Afrique du G20 et ont été pilotés avec pour le renforcement de la compétitivité succès dans de nombreux pays. externe, ainsi que les opportunités de croissance intérieure à Madagascar. En ce • Meilleure connectivité. Améliorer le qui concerne l’enseignement de base, il transport routier est essentiel pour est particulièrement important d’améliorer renforcer la connectivité entre les zones les critères de qualification, de sélection et rurales peuplées, les grandes zones de promotion des enseignants. En ce qui urbaines et les ports (voir le Chapitre concerne la formation professionnelle, les 2). Étant donné que la route menant à entreprises investissent à titre personnel, Taolagnaro sera bientôt construite, des mais la coordination au niveau sectoriel efforts pourraient déjà être entamés ou verticale le long des chaînes de valeur pour négocier l’accès à son port, qui se est faible. Il s’agit là d’une opportunité trouve plus proche des grandes voies de manquée d’accroître la disponibilité navigation que Toamasina, et qui pourrait des compétences ayant des retombées ⁹⁷ Cette réforme a été incluse dans l'Etude diagnostique sur l'intégration du commerce (EDIC) 2016. 69 Tirer parti du commerce et des investissements à Madagascar - Analyse approfondie de trois secteurs performants positives pour les autres acteurs du • Une meilleure organisation des chaînes secteur et l’ensemble de l’économie. Ceci de valeur. Des mesures réglementaires implique donc l’adoption de politiques pourraient être prises pour institutionnaliser publiques efficaces en faveur de la les associations privées d’intérêt public formation professionnelle. Pour satisfaire regroupant de petits producteurs afin de aux demandes du marché, les programmes promouvoir l’amélioration de la qualité, des centres de formation professionnelle la R&D, la formation et le positionnement devraient être élaborés par le secteur privé sur le marché mondial. Le Groupement ou en collaboration avec celui-ci. des acteurs du cacao de Madagascar récemment établi est un bon exemple • Accès amélioré à une énergie abordable de coordination réussie. Pour d’autres et fiable. Au-delà des projets de réforme activités agroalimentaires de grande du secteur de l’énergie et d’accroissement valeur, telles que le litchi et la vanille, une des capacités de production d’électricité dénomination d’origine pourrait contribuer (voir Chapitre 2), l’approbation d’un à accroître les débouchés commerciaux nouveau cadre réglementaire en appui à condition de gérer les labels et de les à la production et au stockage d’énergie mettre en vigueur de manière crédible. renouvelable hors réseau par le secteur En même temps, des mesures doivent privé pourrait avoir des effets rapides.⁹⁸ être prises pour parer aux risques de Cette mesure a le potentiel d’atténuer cartellisation, notamment en appliquant les contraintes d’approvisionnement des règles du marché pour promouvoir et d’inciter davantage le secteur privé la neutralité concurrentielle et en à investir dans des moyens alternatifs veillant à des relations équilibrées entre d’approvisionnement en énergie, y producteurs, collecteurs et exportateurs compris le solaire. (voir le Chapitre 5 pour l’exemple du litchi). ⁹⁸ Une telle mesure devra se conformer au cadre des PPP applicables aux Producteurs indépendants d’énergie, tel qu'indiqué dans l’EDIC. 70 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 71 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture Si certaines cultures de rente affichent une bonne performance sur les marchés d’exportation, la production de cultures de base destinées au marché intérieur, en particulier celle du riz, ne parvient pas à satisfaire la demande locale. La performance des chaînes de valeur du riz est compromise par l’éloignement des agriculteurs qui explique l’existence de nombreux intermédiaires, et les coûts élevés de transport des produits de la zone d’exploitation jusqu’à une route principale. L’amélioration de la compétitivité de la chaîne de valeur du riz passe par : i) l’investissement dans la connectivité rurale ; ii) l’élargissement de l’accès à l’information sur les prix et la demande de produits ; (iii) la promotion de la commercialisation du système de récépissés d’entrepôt ; (iv) l’incitation des agriculteurs à adopter des comportements collectifs ; (v) l’investissement dans des rizeries régionales ; et (vi) la levée de l’interdiction d’exportation de riz. A. Introduction le marché.¹⁰¹ A cause de cet état des choses, les importations de produits alimentaires 1. Le secteur agricole, dominé par les augmentent et l’autosuffisance alimentaire cultures de subsistance, constitue le moyen nationale est en déclin. d’existence d’environ 75 pour cent de la population. Alors même que Madagascar 2. Ce chapitre traite des contraintes à la est un grand exportateur de produits compétitivité dans la chaîne de valeur du agricoles haut de gamme,⁹⁹ la plupart des riz. Il s’intéresse essentiellement à la filière ménages ruraux pratiquent une agriculture riz étant donné que cette culture est au centre de subsistance à faible revenu et leur de la politique du Gouvernement¹⁰² et domine sécurité alimentaire reste une préoccupation la production et la consommation nationales. constante. La pauvreté est concentrée en La résolution des contraintes de la chaîne milieu rural, comme en témoigne le fait que de valeur du riz devrait également avoir des 85 pour cent de la population vivant en milieu retombées positives sur d’autres cultures de rural est pauvre contre 40 pour cent de celle base telles que le maïs, le soja et diverses vivant en milieu urbain.¹⁰⁰ Si le riz est l’aliment denrées en vrac commercialisées par le biais de base principal, sa production n’a pas suivi de réseaux de collecteurs similaires à ceux le rythme de la croissance démographique. de la filière riz qui jouent un rôle important À l’échelle nationale, environ 20 pour cent dans la croissance de la production animale seulement du riz cultivé à Madagascar est et de la transformation agroalimentaire. vendu pour de l’argent et même à Toamasina, L’analyse est structurée autour des différentes « grenier à riz » du pays, seulement 15 pour étapes de la chaîne de valeur : (i) production cent de la production rizicole est vendue sur agricole ; (ii) commercialisation et stockage de ⁹⁹ Par exemple, la vanille Bourbon, le girofle, le litchi, les épices, le miel gourmet, les légumes frais, les crevettes d’élevage, les haricots secs et les autres légumineuses à coque, qui sont développés au chapitre 3. Entre 2012 et 2017, les produits agroalimentaires ont représenté 38 pour cent des exportations de marchandises, soit une valeur moyenne annuelle de 982,3 millions USD. ¹⁰⁰ Estimations basées sur le seuil de pauvreté international, en utilisant le seuil de pauvreté de 2012. ¹⁰¹ INSTAT, 2013. ¹⁰² NDR, 2016 ; Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, 2017. 72 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture la récolte ; et (iii) transport et transformation. 4. Cependant, les agriculteurs sont Une discussion des politiques commerciales confrontés à l’incertitude du marché quant et du rôle des informations sur les marchés est à la possibilité de vendre le surplus de ensuite présentée. L’analyse présentée dans production rizicole à un prix suffisamment ce chapitre est basée à la fois sur la littérature avantageux pour justifier l’utilisation d’un disponible et sur le travail mené sur le terrain système à rendement supérieur. Malgré en mars 2019 dans les hautes terres centrales les efforts déployés de longue date pour environnant le Vakinankaratra et l’Itasy, promouvoir le système de riziculture intensive importantes zones de production rizicole.¹⁰³ (SRI) à Madagascar,¹⁰⁶ cette technique est pratiquée sur à peine 0,2 pour cent des terres B. Production agricole irriguées, alors qu’elle est utilisée de façon généralisée dans plus de 50 autres pays 3. Il existe de nombreuses opportunités producteurs de riz.¹⁰⁷ Les agriculteurs qui bien connues d’améliorer le rendement des avaient été initiés aux pratiques du SRI par les cultures. A titre d’exemple, le Centre national projets de développement sont revenus aux de recherche appliquée au développement techniques traditionnelles à la fin des projets rural (FOFIFA/CENRADERU) a montré que en raison des coûts élevés du système et des l’adoption de semences améliorées pouvait incertitudes des perspectives de marché pour augmenter le rendement du riz de deux à les surplus de production rizicole.¹⁰⁸ Comme quatre tonnes par hectare pour le riz irrigué le montre le Tableau 1, le SRI et les techniques et d’une (1) à trois (3) tonnes par hectare de riziculture irriguée sont les méthodes de pour le riz pluvial.¹⁰⁴ Une étude récente production rizicole les plus rentables, mais ils suggère que la croissance agricole peut impliquent également de faire des dépenses être renforcée à travers : (i) une plus grande monétaires nettement supérieures à celles utilisation d’intrants améliorés, y compris les du système de riziculture à faible rendement. engrais ; (ii) le renforcement de la sécurité du De plus, les estimations des besoins de régime foncier afin d’accroître les incitations consommation des ménages indiquent que à l’investissement agricole et à l’accès au les agriculteurs peuvent vivre du riz pluvial crédit ; et (iii) le renforcement des liens entre à faible intensité, qui est le système le moins la production agricole et la nutrition afin coûteux.¹⁰⁹ Par conséquent, les pratiques d’améliorer l’état de santé et la productivité du SRI n’attireront les agriculteurs que du travail agricole.¹⁰⁵ lorsqu’ils auront la garantie de vendre leur ¹⁰³ Des réunions ont eu lieu avec des institutions publiques, des partenaires techniques et financiers, des petits et grands collecteurs de denrées de base, des petits exploitants et des groupements de petits exploitants. En outre, les données primaires sur les coûts de transport ont été collectées dans le cadre d'une enquête auprès des opérateurs de véhicules le long de quatre principaux couloirs utilisés pour le riz et d'autres produits de base : Alaotra-Antananarivo, Alaotra-Toamasina, Itasy-Antananarivo et Mahajanga-Marovoay-Antananarivo. ¹⁰⁴ Razakamiaramanana et Rakotoson, 2014. ¹⁰⁵ Banque mondiale, 2016. ¹⁰⁶ Il y a près de 40 ans, la FOFIFA/CENRADERU (une plateforme d'innovation mise en place pour faciliter l'adoption de nouvelles technologies) a formulé une série de recommandations visant à introduire le SRI, une méthode de production rizicole nécessitant une faible quantité d’eau et une main-d'œuvre intensive pour améliorer les récoltes. ¹⁰⁷ Banque mondiale, 2016 ; Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, 2006. ¹⁰⁸ Entretiens avec des agriculteurs lors de la mission sur le terrain. ¹⁰⁹ Selon les estimations, une famille de 5 personnes a seulement besoin de produire environ 880 kilos de paddy par an, ce qui peut être réalisé en cultivant seulement 0,44 hectare de riz pluvial à faible intensité, qui est le système le moins coûteux. 73 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture surplus de production à un prix suffisamment d’investissement liés à une production d’un élevé pour couvrir les coûts et les risques tel niveau. Tableau 4: Coûts financiers et revenus du riz vendu immédiatement après la récolte Rende- Prix à Revenue Achats Main- Coûts Coûts au Coûts au Coûts Bénéfice net Taux net ment l’exploitant brut d’intrants d’oeuvre totaux comptant comptant totaux par (revenu brut – de rende- (paddy) (paddy) (coûts au familiale en % du par kg kg coûts totaux) ment comptant) et autres total coûts hors caisse (kg/ha) (MGA/kg) (MGA/ha) (MGA/ha) (MGA/ha) (MGA/ha) (MGA/kg) (MGA/kg) (MGA/ha) (USD/ha) Riz des hautes terres Faible 2000 550 1100000 390900 564400 955300 41% 195 478 144700 43,85 0,15 intensité Haute 3000 550 1650000 822100 564400 1386500 59% 274 462 563500 79,85 0,19 intensité Riz irrigué Faible 3000 550 1650000 619100 564400 1183500 52% 206 395 466500 141,36 0,39 intensité Haute 4500 550 2475000 1104100 564400 1668500 66% 245 371 806500 244,39 0,48 intensité Notes: 1mt paddy=670kg riz usiné. Hypothèse que 20% de la main-d’oeuvre est recrutée pour de l’argent. Taux de rendement net = profit net/coûts totaux Source: Calculs des auteurs basés sur les données de Gergely et Kanatiah, 2017. C. Commercialisation et stockage Parfois, le collecteur prend en charge le de la récolte transport depuis la zone d’exploitation et verse une commission au sous-collecteur pour les (i) Exploitation agricole - le début de récoltes qu’il a achetées. Dans d’autres cas, il longues chaînes de commercialisation non laisse au sous-collecteur le soin d’organiser concurrentielles le transport et de prendre la marge qu’il souhaite sur le prix qu’il aura négocié avec 5. La plupart des agriculteurs accèdent le producteur. Les exploitants aussi bien que au marché par l’intermédiaire d’un sous- les sous-collecteurs ont un faible pouvoir collecteur basé dans leur village. Ces sous- de négociation face aux prix fixés par les collecteurs vivent généralement dans la zone collecteurs urbains qui sont en grande partie agricole, entretenant des liens sociaux avec la basés sur les tendances historiques des prix. communauté et travaillant directement sous En outre, faute de système d’information les ordres d’un collecteur urbain plus important sur le marché, les producteurs et les sous- qui fixe le prix qu’il est prêt à payer pour les collecteurs sont peu au fait des prix pratiqués cultures livrées à son entrepôt ou à un autre dans les autres villages ou villes, même ceux point de groupage. Souvent, les collecteurs situés à 20 à 40 kilomètres de chez eux. urbains remettent des sommes en espèces aux sous-collecteurs pour acheter auprès des 6. Les débouchés les plus compétitifs se producteurs et ont sous leurs ordres plusieurs présentent lors des jours de marché, lorsque sous-collecteurs de différentes localités. les collecteurs urbains et/ou les sous- 74 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture collecteurs se rendent dans les villages également à stocker du riz mis en dépôt avoisinants. C’est le plus souvent le cas dans en échange d’un récépissé d’entrepôt les zones irriguées ou situées à proximité valable auprès des banques permettant de d’une route nationale où les collecteurs financer d’autres achats. Les collecteurs bien pensent trouver des volumes importants établis exploitent souvent une petite flotte de riz ou d’autres récoltes disponibles à la de camions pour les transports de longue vente. Dans ce cas, les collecteurs venant distance et les transports locaux. Il arrive qu’ils de l’extérieur se rendent éventuellement au aient de petites décortiqueries pour desservir marché avec une camionnette, un tracteur ou le marché local et/ou vendre du paddy à une charrette. D’après les agriculteurs, parce d’autres décortiqueries voisines. que les acheteurs ne résident pas au village et qu’ils veulent compléter leurs chargements, 8. Les collecteurs régionaux sont en meilleure il arrive que les prix augmentent de 20 pour position de négocier eu égard à leur accès cent ou plus jusqu’à la fin de journée. Il en aux grossistes qui les informent sur le ressort que le fait de trouver des moyens de marché, même si les processus de paiement rapprocher les producteurs des collecteurs et de transport sont inefficaces. Leur accès régionaux et de promouvoir de la sorte la à plusieurs grossistes d’envergure permet concurrence au niveau de l’exploitation, aux collecteurs régionaux d’obtenir des est un moyen potentiel direct d’encourager informations sur les prix et les opportunités l’adoption de technologies améliorées de vente. Les prix sont négociés entre le pour l’accroissement des récoltes. Même collecteur qui se rend au point de vente s’ils ne pourront pas entièrement passer du marché urbain avec le chargement, et outre les sous-collecteurs, les producteurs le grossiste, qui paie en espèces. En raison bénéficieraient d’une plus grande concurrence du mauvais état des routes, un camion au niveau de l’exploitation et d’un meilleur peut transporter seulement dix tonnes, ce accès aux informations sur le marché. qui l’oblige à faire le trajet plusieurs fois. Cela implique non seulement un surcoût (ii) Collecteurs – marché légèrement plus lié au transport, mais soulève également compétitif mais toujours non performant des préoccupations en matière de sécurité dès lors que le collecteur voyage avec 7. Les collecteurs des chefs-lieux de district d’importantes sommes d’argent,. Ce problème et des centres régionaux sont légèrement pourrait être résolu par la création de moyens plus compétitifs parce qu’ils ont accès aux de paiement électronique. En outre, l’absence capitaux, aux installations de stockage en de rizeries modernes de grande capacité entrepôt et au transport. La plupart des dans les principales zones rizicoles oblige le collecteurs ont accès au capital provenant collecteur à transporter du paddy et non du d’autres entreprises pour financer l’achat riz décortiqué. Sachant que le riz décortiqué de produits agricoles. Certains d’entre eux pèse environ 67 pour cent du poids total du riz possèdent des entrepôts pour stocker le paddy, le transport à travers le pays des poids riz et d’autres denrées non périssables et volumes supplémentaires de 33 pour cent jusqu’à la flambée des prix. Dans certains que représentent la balle et le son, alourdit cas, les entrepôts communautaires servent considérablement les coûts.¹¹⁰ Ainsi, le fait ¹¹⁰ La région du lac Alaotra ne compte qu’une seule rizerie moderne qui est opérationnelle depuis peu. Il n’y a pas de rizerie moderne dans l’Itasy. Plus précisément, environ 28 pour cent de balle et 5 pour cent de son. 75 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture d’investir dans des rizeries industrielles de à Antananarivo. Compte tenu de la variation bonne qualité dans les principales zones de de la répartition des responsabilités entre production rizicole pourrait considérablement sous-collecteurs et collecteurs, les coûts et améliorer la compétitivité du riz produit dans les bénéfices à ce stade de la chaîne ont été le pays par rapport au riz importé, et apporter fusionnés en un stade appelé « groupage des une valeur ajoutée qui sera distribuée en récoltes ». Cette approche présente l’avantage amont et en aval de la chaîne. supplémentaire de permettre une comparaison entre les coûts de la chaîne de valeur à 9. Il ressort de cette dynamique de la chaîne Madagascar et ceux d’autres pays ayant fait de valeur que l’agriculteur ne perçoit qu’une l’objet d’une analyse similaire de la composition petite part de la valeur totale de la chaîne du du prix du riz (voir ci-dessous). Dans le Graphique riz (Figure 59). montre la composition du prix 1, les pourcentages représentent une part du indicatif du riz SRI (puisqu’il s’agit du modèle prix au détail final. Lorsque l’on tient compte recommandé pour Madagascar) en fonction d’autres variétés de riz, telles que le riz pluvial du schéma répandu où l’agriculteur vend son à faible intensité et le riz irrigué à faible niveau produit peu après la récolte et le collecteur d’intrants, les bénéfices des agriculteurs, en tant le stocke pendant plusieurs mois. Toutes les qu’élément de la valeur commerciale finale, valeurs ont été converties en équivalent riz sont beaucoup plus modestes, à hauteur de 4 décortiqué, le stockage de la récolte étant aux pour cent et de 11 pour cent respectivement, frais du collecteur et la décortication réalisée selon les estimations. Figure 59: Composition illustrative du prix du riz produit en système de riziculture intensive, décortiqué et vendu à Antananarivo après cinq mois de stockage en zone rurale à la charge du collecteur Production de l'exploitation Groupage des récoltes Transport rural (incl. livraison entrepôt et Transport national point de groupage vers usine/grossiste à Coûts en espèces, 19% final), 9% TNR, 9% Bénéfices de la Entrepôt et collecte, 13% finances, 9% Usinage et vente de gros Vente au détail Coûts du détai- Coûts Bénéfices du llant, Bénéfices de Main-d'oeuvre famil- d'usi- détaillant, 3% 1% l'exploitant, 12% iale et autres coûts Bénéfices du Coûts du nage, grossiste, 5% grossiste, 4% Taxes sur le paddy et le imputés, 9% 3% riz usiné, 2% Remarques : Basée sur les prix de la saison 2018-2019 et le prix au détail final de 2.000 MGA/kg à Antananarivo, et six mois de stockage aux frais du collecteur. Les définitions standard des étapes de la chaîne de valeur ont été appliquées pour permettre la comparaison avec les données d’autres pays. Source : Calculs des auteurs basés sur les entretiens avec les personnes ressources clés dans les régions du Vakinankaratra et de l’Itasy, et également Gergely et Kanatiah 2017, Banque mondiale 2018a. 76 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 10. Une évaluation des coûts de la valeur plus important qu’à d’autres stades de la ajoutée (définis comme les coûts additionnels chaîne de valeur. L’évaluation actuelle des générés à chaque étape, à l’exclusion du coûts de la valeur ajoutée montre ainsi qu’une prix d’achat des cultures) montre que les stratégie de subsistance à faible utilisation agriculteurs ont le taux de rendement le d’intrants est justifiable économiquement. plus faible et que la collecte constitue une Les coûts de la valeur ajoutée au stade de la étape coûteuse. L’agriculteur est l’acteur qui collecte des récoltes incluent les coûts liés au supporte le coût total le plus élevé et obtient financement, au transport rural, au stockage le taux de rendement au kilo le plus faible et à l’acheminement jusqu’à Antananarivo. (Tableau 5). De plus, un agriculteur ne produit Par conséquent, la réduction de ces coûts généralement que quelques tonnes par an, qui serait obtenue en améliorant l’efficacité contrairement au collecteur qui traite plusieurs du marché jouera également grandement centaines de tonnes et au grossiste qui brasse en faveur de la compétitivité globale de plusieurs milliers de tonnes. Pour garantir un Madagascar en matière de production vivrière niveau de rémunération décent à ce stade, le et, plus généralement, d’agriculture à visée bénéfice par kilo joue donc un rôle beaucoup commerciale. Tableau 5: Valeurs indicatives des coûts de la valeur ajoutée, des bénéfices et des taux de rendement du riz décortiqué SRI vendu à Antananarivo après cinq mois de stockage en milieu rural aux frais du collecteur pendant le groupage (prix du kilo du riz décortiqué, en MGA) Stade de la chaîne de valeur Coûts de la valeur ajoutée Bénéfices Taux de rendement Production à l’exploitation 573 247 43% Regroupement des cultures 541 259 48% Usinage et vente de gros 145 105 73% Vente au detail 25 70 280% Source : Calcul des auteurs, sur la base des données de la Figure 59. 11. La comparaison avec les données relatives monte de 36 à 45 pour cent, sans pour autant à la chaîne de valeur d’autres pays montre tenir la comparaison avec les chiffres des que les agriculteurs à Madagascar perçoivent concurrents internationaux de Madagascar. une part total des bénéfices beaucoup plus Les données soulignent également faible, tandis que les collecteurs au stade qu’au stade du groupage, les collecteurs du groupage perçoivent une part beaucoup agricoles à Madagascar s’approprient entre plus importante (Tableau 6). La situation 31 et 38 pour cent du total des bénéfices est particulièrement flagrante lorsque l’on disponibles, contre seulement 5 à 18 pour compare les résultats de Madagascar à ceux cent dans les pays de comparaison. Ces de la Thaïlande, premier producteur mondial résultats soulignent davantage la nécessité de riz. Lorsque les producteurs malgaches d’améliorer les incitations financières pour stockent leurs récoltes avant de les vendre, les agriculteurs afin qu’ils participent plus la part total des bénéfices leur revenant activement au marché. 77 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture Tableau 6: Part des petits exploitants sur le total des bénéfices disponibles de la production agricole, récupérées à chaque étape de la chaîne de valeur à Madagascar et dans les pays de comparaison Production à Groupage Décorticage et Distribution et l’exploitation des récoltes vente de gros vente au détail Madagascar 36% 38% 15% 10% (vente immediate) Madagascar (exploitant met 45% 31% 13% 9% en stock pour 5 mois) Malawi 66% 8% 11% 15% Mozambique 47% 17% 16% 20% Nigéria 71% 18% 7% 5% Zambie 57% 11% 17% 15% Thaïlande 89% 5% 4% 2% Source : Calcul des auteurs basé sur les données fournies aux Tableaux Error! Reference source not found. etError! Reference source not found. pour Madagascar ; Tchale et Keyser, 2010 pour le Malawi ; et Banque mondiale 2007 pour le Mozambique, le Nigeria, la Zambie, et la Thaïlande. (iii) Accès au stockage – un moyen pour les 13. Cependant, les petits exploitants producteurs de s’approprier une plus grande subissent de multiples pressions pour vendre part de la valeur totale du riz qui nécessite, immédiatement après la récolte. L’accès toutefois, des réformes physique à un lieu d’entreposage sûr et sec, considérant les niveaux de production actuels, 12. Etant donné que la plupart des cultures ne représente qu’une partie du problème. Pour sont soumises à d’importants cycles de prix de nombreux ménages, la quantité de surplus saisonniers, la capacité de stockage est un de riz actuellement disponible pour vente au facteur déterminant des entités qui profitent comptant ne dépasse probablement pas les de la commercialisation des cultures. En 200 kilos, une quantité qui peut être facilement milieu rural, le prix du kilo du paddy dans une stockée à domicile. Le principal problème réside même localité varierait de 550 MGA (0,16 USD) plutôt dans le fait que les agriculteurs subissent immédiatement après la récolte, à 800 MGA de multiples pressions les conduisant à vendre (0,22 USD) ou plus, 5 ou 6 mois plus tard. Pour immédiatement après la récolte, pour les l’oignon, les agriculteurs ont déclaré que le besoins de la famille et pour se procurer l’argent prix du kilo peut passer de 500 MGA (0,14 USD) nécessaire au prochain cycle de production. à la récolte à 1 000 MGA (0,28 USD) lorsque le Ainsi, l’amélioration des revenus découlant de produit se fait rare. Pour le soja, le prix peut la participation au marché nécessite une série passer de 750 MGA/kg (0,21 USD) au moment de changements favorisant la concurrence et de la récolte à 3 000 MGA/kg (0,83 USD), voire offrant aux agriculteurs la flexibilité de monétiser plus, quatre mois plus tard. leurs récoltes lorsque les prix augmentent. 78 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 14. Pour aider les agriculteurs ayant la fin de la période minimum de stockage, des besoins urgents de trésorerie à tirer cinq mois d’intérêt restent payables. Le profit de la saisonnalité des prix, les déstockage doit avoir lieu à la fin du dixième greniers communautaires et autres lieux mois. Les récépissés d’entreposage ne sont de stockage ont permis l’utilisation des ni cessibles ni divisibles, ce qui signifie qu’un récoltes comme garantie, en échange de déposant doit être physiquement présent au financements saisonniers. Les institutions moment du déstockage et qu’il doit retirer de microfinance (IMF) telles que le réseau l’ensemble des produits stockés en une fois. la CECAM¹¹¹ (Caisse d’épargne et de crédit Lors du déstockage, le déposant est censé agricole), l’OTIV (Société coopérative récupérer les mêmes sacs de produits qu’il d’épargne et de crédit) et autres ont a entreposés, moins les pertes subies par les conjointement acquis les droits principaux produits en raison d’infestations parasitaires, sur les greniers villageois, aux côtés des de dégâts des eaux ou de toute autre cause. organisateurs communautaires. Dans le cadre de cet arrangement, les organisateurs 15. Le Tableau 7 montre les résultats d’une communautaires et un représentant de analyse d’une chaîne de valeur hypothétique l’IMF signent un récépissé d’entrepôt que dans laquelle l’agriculteur procède à la le déposant peut utiliser pour obtenir un vente six mois après la récolte, en utilisant crédit, dont le montant peut aller jusqu’à le système d’entreposage du réseau 75 pour cent de la valeur marchande de CECAM. Comme indiqué précedemment, sa récolte au moment du dépôt. En ce qui l’entreposage peut être d’une très grande concerne le réseau CECAM, les déposants utilité pour les agriculteurs comme pour doivent payer un intérêt mensuel de 3 pour les commerçants, leur permettant d’obtenir cent pendant au moins cinq mois. Le crédit des taux de rendement plus élevés et de doit être remboursé intégralement avant le réduire ainsi au minimum les risques liés à la déstockage. En cas de déstockage avant participation au marché. Tableau 7: Valeurs indicatives des coûts de la valeur ajoutée, des bénéfices et des taux de rendement du riz décortiqué SRI vendu à Antananarivo après cinq (5) mois d’entreposage en milieu rural aux frais des agriculteurs (par kilo de riz décortiqué, en MGA) Stade de la chaîne de valeur Coûts de valeur ajoutée Bénéfices Taux de rendement Production et stockage à l’exploitation 741 340 46% Groupage des récoltes 301 238 79% Décorticage et vente de gros 145 105 73% Vente au détail 25 70 280% Source : Calcul des auteurs, sur la base des données utilisées pour le Graphique 1, stockage aux frais de l’agriculteur. ¹¹¹ Le réseau CECAM est la principale institution de microfinance de Madagascar, avec 223 filiales et plus de 210,000 membres. Il s’agit d’une société privée qui détient 60 pour cent du marché du crédit rural (http://www.cecam.mg/). 79 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 16. A l’heure actuelle cependant, les d’intérêt élevés et le risque d’endettement à agriculteurs utilisent rarement les greniers long terme, elle ne répondrait pas au besoin communautaires en raison des taux d’intérêt de crédits saisonniers ou de blocage des élevés et des pénalités imposées en cas de produits de l’agriculteur, au cas où ce dernier déstockage anticipé. Ce sont les grands en aurait besoin en cas d’urgence. exploitants et les collecteurs qui sont les principaux utilisateurs du système de crédit 18. Des expériences pertinentes réalisées grenier. Ainsi que nous l’a expliqué un en Afrique de l’Est et en Asie du Sud-Est collecteur, sa stratégie d’exploitation consiste suggèrent que la réforme du système à acheter, stocker, obtenir un crédit et acheter de récépissé d’entrepôt sur des termes encore plus.¹¹² Les petits agriculteurs, de leur commerciaux bénéficierait à la fois aux côté, se heurtent à des obstacles considérables agriculteurs et aux collecteurs. À Madagascar, pour obtenir des crédits auprès des greniers les conditions de crédit sont défavorables aux communautaires, y compris les risques de petits agriculteurs et le système de récépissé perte durant le stockage, l’impossibilité de d’entrepôt manque de souplesse du fait qu’il récupérer une partie des produits stockés en ne peut servir qu’à titre de garantie et ne cas de besoin et le paiement d’intérêts sur une peut être cédé à un acheteur. En revanche, période d’au moins cinq (5) mois. Ayant peu de le système de récépissés d’entrepôt mis au réserve de liquidités et aucune information sur point en Afrique de l’Est par le Conseil des le marché, les petits agriculteurs ont indiqué céréales de l’Afrique de l’Est, en collaboration leur crainte, dans le cas où ils contracteraient avec les gouvernements et les négociants un crédit, de devoir recourir à un sous- régionaux, prévoit des récépissés entièrement collecteur pour obtenir un paiement anticipé échangeables en tant que garantie ou afin de rembourser le crédit et pouvoir ainsi cessibles auprès d’un acheteur. Si les travaux déstocker la production, ce qui les mettrait sur sont toujours en cours en vue de la mise en la voie d’un endettement à long terme. œuvre effective de ce système, l’objectif visé est de permettre aux commerçants de grouper 17. Pour éviter d’en arriver là, certains les produits virtuellement et de n’en prendre dirigeants de la communauté plaident pour livraison physique qu’au moment voulu. Il existe que les agriculteurs puissent stocker leur déjà des plateformes numériques en Afrique riz dans le grenier communautaire sans de l’Est qui fournissent aux commerçants et devoir contracter de crédit.¹¹³ Selon eux, la aux agriculteurs des informations en temps vente des produits stockés devrait se faire réel sur la quantité et le type de stocks qu’ils de manière groupée et être négociée par les détiennent dans les entrepôts de transfert. dirigeants de la communauté au moment où Pour garantir l’authenticité des récépissés et les prix montent. Les déposants individuels la conformité de la céréale aux attentes de ne seraient pas autorisés à récupérer les qualité de l’acheteur, les récépissés d’entrepôt produits stockés plus tôt ni à utiliser leur doivent être délivrés par des entrepôts récolte comme garantie. Si cette approche répondant aux critères minimums en termes permettrait d’éliminer le problème des taux de capacité de stockage et de classement ¹¹² Entretiens sur le terrain avec les agents de crédit du réseau CECAM et d’autres personnes dans les Régions Itasy et Vakinankaratra. ¹¹³ Ces préférences ont été exprimées par les dirigeants de la communauté membres des « plateformes villageoises du riz ». 80 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture qualitatif. De même, en Asie du Sud-Est, les l’approvisionnement des matières premières entrepôts moyens gérés par des associations dont elles ont besoin.¹¹⁴ de commerçants sont devenus une sorte de marché de gros à petite échelle où les 2 0 . L’a p p l i c a t i o n d e l’a g r i c u l t u re agriculteurs peuvent observer les tendances contractuelle aux cultures liées à la sécurité de la demande et des prix. La pratique des alimentaire, y compris le riz, connaît un récépissés d’entrepôt en Afrique de l’Est et succès émergent. Au cours des dernières en Asie du Sud-Est joue un rôle direct dans années, le Groupe SOCOTA (à l’origine une l’amélioration des liens avec le marché. société cotonnière qui s’est diversifiée vers plusieurs autres secteurs de l’agriculture (iv) L’agriculture contractuelle peut d’exportation) et STOI Trading (un autre davantage promouvoir la participation des exportateur de produits de base) ont conclu petits exploitants au marché et l’amélioration des accords avec des petits agriculteurs pour des cultures la production de haricots rouges et d’autres légumineuses destinées à l’exportation 19. L’agriculture contractuelle a permis à et à la vente locale. Grâce à l’agriculture Madagascar de promouvoir les cultures contractuelle, STOI a réussi à améliorer la commerciales non alimentaires. Les qualité et l’uniformité des haricots qu’elle détails des contrats varient, mais les petits commercialise, ce qui a rendu le produit exploitants participant à ces programmes plus compétitif sur les marchés nationaux reçoivent généralement des intrants tels et internationaux. STOI fournit également aux que des semences, des engrais, des produits agriculteurs des semences de riz uniformes agrochimiques ainsi que les conseils de pour améliorer les rendements rizicoles et vulgarisation nécessaires pour pratiquer réaliser un meilleur décorticage, tout en la culture, en échange de la promesse de réduisant la proportion de grains cassés. revendre la production à l’entreprise après Dans le cadre de ces accords d’agriculture la récolte. Les contrats peuvent préciser les contractuelle, le remboursement des prêts exigences minimales de qualité et la quantité de récolte est de 97 pour cent pour les maximale de produits que l’entreprise est haricots, principalement en raison de la disposée à acheter. Il existe de nombreuses supervision étroite des producteurs assurée petites et grandes entreprises impliquées par les agents de vulgarisation et de l’intérêt dans l’agriculture contractuelle dans des producteurs à poursuivre le programme. différentes parties de Madagascar, la plupart Bien que le programme rizicole n’ait été mis d’entre elles ciblant les cultures destinées en œuvre que depuis un an, STOI estime à la transformation agro-alimentaire et que les premiers résultats sont prometteurs à l’exportation. Plusieurs entreprises de et que les taux de remboursement sont transformation ciblant le marché international, excellents. Les prix d’achat correspondent tels que Lecofruit (légumes d’exportation), aux prix locaux au moment de la récolte, ce Bionexx (Artemisia) et Sopral (fruits, épices qui implique que le programme ne permet et huiles essentielles) ont été établies sous pas de tirer profit de la saisonnalité des prix, le régime de zone franche d’exportation mais garantit, au, moins l’accès au marché et et utilisent les contrats pour sécuriser un appui en intrants et en vulgarisation. ¹¹⁴ Banque mondiale, 2016. 81 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 21. L’appui à l’expansion de l’agriculture des coopératives agricoles dans les années contractuelle vers de nouvelles zones et 1970 et 1980, époque où les coopératives de nouvelles cultures pourrait contribuer ont été utilisées par les gouvernements largement à la croissance de l’agriculture successifs pour dominer, voire exploiter à Madagascar, mais ce modèle présente les ménages ruraux, ce qui a contribué à la également des limites inhérentes. Selon réticence de ces derniers à participer à ces Randrianarison et al. (2009) et la Banque entités.¹¹⁵ De ce fait, les coopératives opérant mondiale (2016), les ménages impliqués dans de nos jours dans le secteur du riz sont peu l’agriculture contractuelle sont généralement nombreuses. Dans les années 2000, les les mieux équipés en termes de facteurs de coopératives les plus actives ont opéré dans production. D’une part, en raison des exigences la niche des riz de spécialité en exportant de gestion, les contrats ont tendance à être une variété de riz rose spécifique. D’après très localisés et à se concentrer sur les zones la Stratégie nationale de développement situées à proximité d’une route praticable de la riziculture (SNDR) de 2017, l’évolution par n’importe quel temps. D’autre part, les des Associations et Fédérations des usagers exemples de réussite récents démontrent que de l’eau en Coopératives de riziculteurs sera l’agriculture contractuelle peut servir à créer déterminante pour l’avenir du secteur. En outre, des liens commerciaux pour les aliments de la Stratégie nationale de développement des base, et pas seulement pour les exportations coopératives (SNDCoop 2019-2028), adoptée de produits haut de gamme. Les efforts visant à récemment, fixe un cadre pour la relance forger de nouvelles alliances productives pour du modèle coopératif à Madagascar. C’est le riz, le haricot, le manioc, ainsi que pour le pourquoi, en dépit d’un leadership émergent maïs et le soja, en demande pour l’alimentation pour le passage à l’agriculture coopérative, du bétail, pourraient donc contribuer fortement de plus amples efforts seront nécessaires à la croissance du secteur. pour démontrer que la nouvelle vague d’agriculture coopérative est différente de la 22. Le modèle des coopératives basées précédente. Néanmoins, si l’on veut que les sur des groupements pourrait également efforts aboutissent, les expériences d’autres permettre une meilleure intégration des pays producteurs de riz, tels que le Sénégal producteurs sur les marchés intérieurs, et le Vietnam, suggèrent que l’amélioration de mais l’expérience n’a jusqu’ici pas été l’organisation des agriculteurs est un facteur concluante. À Madagascar, l’expérience des essentiel de l’amélioration des rendements, producteurs agricoles avec les coopératives de la sécurité alimentaire et de la croissance a été marquée par la vague de politisation agricole (voir encadré). ¹¹⁵ Banque mondiale, 2011. 82 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture Encadré 4: Tirer des enseignements des expériences d’autres pays : Comment le Sénégal et le Vietnam ont réussi sur les marchés intérieurs du riz Dans le cadre de son Plan d’émergence du Sénégal, adopté en 2012, le Gouvernement du Sénégal a fait le serment de moderniser son secteur agricole dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire et de stimuler la création d’emplois. Grâce aux investissements dans les routes rurales, l’irrigation et la promotion des coopératives d’agriculteurs, le secteur du riz a connu une transformation considérable, faisant quasiment doubler la production de riz depuis 2014 pour atteindre 1,2 million de tonnes en 2018. Avant les réformes, les principaux obstacles à la modernisation de l’agriculture au Sénégal étaient le manque de terres irriguées, une connectivité routière médiocre, des chaînes d’approvisionnement désorganisées, un accès limité au crédit et un système d’administration foncière archaïque. L’émergence de grandes coopératives servant les intérêts des petits exploitants agricoles par le biais de l’approvisionnement en intrants, le décorticage et l’entreposage, et le contrôle de la qualité, ont joué un rôle crucial dans l’amélioration de l’organisation des chaînes d’approvisionnement. Les initiatives pilotées par le secteur privé ont contribué au développement d’entreprises agroalimentaires prospères et à la création d’emplois tout au long de la chaîne de valeur. L’accès au crédit s’est amélioré grâce à de nouvelles facilités de financement et de prêts locaux aux petits exploitants. L’encours des prêts contractés par les producteurs de riz a presque doublé à partir de 2012, tandis que les taux de défaillance ont baissé grâce à de meilleures pratiques agricoles, une meilleure irrigation et un riz de meilleure qualité. Comme Madagascar, le Sénégal est un importateur net de riz. Le Vietnam offre un autre exemple de transformation réussie dans le secteur rizicole (un important exportateur net de riz) avec le regroupement de petits propriétaires terriens pour former de grandes unités de production sous la direction d’entreprises de commercialisation du riz. Dans ces systèmes, les agriculteurs participants rassemblent leurs terres pour former un champ consolidé (à grande échelle) en échange de services de mécanisation, d’assistance à la vulgarisation et d’un prix négocié au préalable avec l’entreprise de commercialisation. Grâce à des négociations préalables avec les acheteurs de riz, ces entreprises paient des prix plus élevés aux agriculteurs qui, à leur tour, réalisent de meilleures économies d’échelle et obtiennent un rendement par hectare plus élevé grâce à la livraison en temps utile des intrants et à l’appui en matière de vulgarisation offert par les entreprises. Ces systèmes sont importants pour promouvoir l’amélioration de la qualité et l’introduction de variétés aromatiques destinées à l’exportation. Dans les cas où les agriculteurs n’étaient pas liés à une entreprise sous-traitante, il s’est avéré très difficile de les persuader de s’organiser en groupes pour le seul bénéfice théorique de réaliser de meilleures économies d’échelle.. 83 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture D. Transport et transformation de mesures visant à améliorer la connectivité la récolte rurale peuvent également entraîner une concurrence accrue entre les collecteurs (i) Les coûts de transport font augmenter les urbains et les sous-collecteurs, tout en incitant frais généraux et réduisent la compétitivité les agriculteurs à produire un surplus pour la vente sur le marché. Même dans les zones 23. Au stade suivant de la chaîne de valeur, très enclavées, les investissements dans les coûts de transport représentent un bloc des systèmes d’information sur le marché important de la composition du prix du riz et utilisant les services de messages courts influent de façon significative sur les marges (SMS) ou la radio, ainsi que la mise en place bénéficiaires des producteurs. Dans l’Itasy et de registres des entrepôts accessibles au le Vakinankaratra, les coûts de transport entre public et, éventuellement, la mise en place de la zone de production et le point de collecte récépissés d’entrepôt négociables, pourraient situé en ville variaient de 1 260 à 2 280 MGA par améliorer considérablement le pouvoir de tonne par kilomètre (0,35 à 0,80 USD) en saison négociation des petits agriculteurs ainsi que sèche. Ainsi, sur une distance relativement la compétitivité globale du secteur du riz. courte d’à peine 40 km, le coût de transport rural peut s’élever à 50,40 MGA jusqu’à 115,40 25. Le coût du transport sur de longues MGA par kilogramme, soit entre 10 et 20 distances le long des couloirs nationaux pour cent du prix au départ de l’exploitation. est beaucoup plus élevé à Madagascar Dans les zones plus enclavées, les coûts que dans d’autres pays. Les conditions de de transport seront de toute évidence plus transport sont réputées être très compétitives élevés et les prix au départ de l’exploitation à Madagascar, avec la présence de nombreux plus faibles. En ce qui concerne les intrants, le opérateurs indépendants et de grandes coût du transport d’engrais et d’autres intrants entreprises de transport qui rivalisent pour volumineux vers la zone d’exploitation peut obtenir des contrats. Toutefois, la plupart facilement être du même ordre, voire plus des routes nationales sont relativement élevé, si le transport intervient après le début étroites et escarpées, et les véhicules utilisés de la saison des pluies. Pendant la saison des pour le transport de produits agricoles sont pluies, le coût du transport doublerait. généralement des petits camions avec une charge maximale de 10 à 15 tonnes. 24. Ainsi, les investissements dans la En raison de ces mauvaises conditions, les connectivité rurale pourraient avoir un impact transporteurs affirment qu’ils allouent jusqu’à majeur sur l’incitation des petits agriculteurs 10 pour cent du coût de leur voyage aux à produire un surplus de riz destiné à la vente réparations et aux « coups de mains » lorsque sur le marché. Davantage de produits sont les camions tombent en panne en cours de transportés sur les routes nationales que route. Un autre problème identifié concerne sur les petites routes de desserte rurales, l’insécurité sur les routes nationales, puisque alors que le transport initial de la zone de les camions font de plus en plus l’objet d’actes production jusqu’à la ville représente une de banditisme lorsqu’ils tombent en panne. part plus importante de la valeur finale par Étant donné que la plupart des ventes dans rapport au transport de longue distance les zones urbaines se font en espèces, les entre la ville et le marché de gros urbain. collecteurs expliquaient qu’ils se sentaient L’amélioration des routes de desserte rurales particulièrement vulnérables au retour de la est importante mais coûteuse, et d’autres ville. Les coûts de transport sur de longues 84 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture distances à Madagascar ont donc tendance à pays, notamment au Pakistan, qui est un grand être beaucoup plus élevés que dans d’autres exportateur de riz en Afrique de l’Est. Figure 60: Prix moyens de transport sur de longues distances à Madagascar et dans les pays de comparaison (centime d’USD par tonne par kilomètre) Centimes d'USD par tonne par km 16,0 14,0 14,0 12,0 11,0 10,0 8,0 8,0 7,0 6,0 6,0 5,0 5,0 3,5 4,0 4,0 2,0 2,0 0,0 Pakistan Etats-Unis Afrique : Durban-Lusaka Brésil Afrique : Mombasa-Kampala Madagascar: national routes Chine France Afrique : Douala-N'Djamena Afrique : Lomé-Ouagadougou Source : Calcul des auteurs, sur la base d’une enquête sur le transport à Madagascar;¹¹⁶ Teravaninthorn et Raballand, 2009 pour tous les autres pays. 26. Il serait possible de faire des économies Imerintsiatosika, située dans la périphérie supplémentaires sur les coûts de transport ouest d’Antananarivo, a été identifiée comme grâce à des investissements dans les un important centre de vente en gros et de rizeries régionales. Le riz paddy est composé décorticage du riz provenant de nombreuses d’environ 33 pour cent de balle. Cependant, régions de Madagascar. Ainsi, la mise en place mis à part quelques rizeries industrielles de rizeries régionales dans les principales implantées dans les centres régionaux tels zones de production pourrait permettre une que Amparafaravola, autour du lac Alaotra, économie immédiate de 33 pour cent sur les la plupart des activités de décorticage coûts par tonne de transport sur de longues sont effectuées dans des zones urbaines distances, ce qui rendrait le riz produit dans et périurbaines éloignées des principales le pays beaucoup plus compétitif par rapport zones de production de riz. Par exemple, aux riz d’importation. ¹¹⁶ Les données primaires sur les coûts de transport ont été récoltées le long de quatre grands couloirs importants pour le riz et d’autres produits de base : Alaotra-Antananarivo, Alaotra-Toamasina, Itasy-Antananarivo et Mahajanga- Maroavoay-Antananarivo. 85 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture E. Politiques commerciales urbain, cet avantage comparatif est largement amenuisé au point que les importations peuvent (i) Il est nécessaire d’améliorer l’efficacité souvent concurrencer les prix du marché pour que le riz produit dans le pays puisse intérieur. Dans l’analyse illustrative de la chaîne concurrencer le riz importé de valeur du riz SRI décortiqué, vendu à travers un système de collecteurs type (Figure 59 27. Le riz importé, tout comme le riz produit et Tableau 5), le total des coûts de la valeur dans le pays, n’est pas soumis aux droits ajoutée, à part les marges bénéficiaires par de douane ni à la taxe sur la valeur ajoutée. rapport au prix de gros à Antananarivo, s’élève Depuis la crise internationale des prix des à 1.259 MGA par kilo (0,35 USD), ce qui se produits alimentaires de 2008, le riz importé n’a compare avantageusement au prix de parité à pas été taxé dans le cadre des efforts visant à l’importation estimé pour le riz pakistanais livré renforcer la sécurité alimentaire. Auparavant, les à un grossiste à Antananarivo, qui est de 1 738 importations étaient taxées de 32 à 38 pour cent. MGA par kilo (0,48 USD).¹²⁰ Néanmoins, dès lors Les importations ont augmenté et représentent que l’on ajoute les bénéfices des agriculteurs maintenant environ 40 pour cent du total du riz et des collecteurs, le prix du riz produit dans commercialisé dans le pays.¹¹⁷ Dans l’ensemble, le pays au niveau des entrepôts monte à 1 870 Madagascar produit probablement environ 92 MGA par kilo (0,52 USD), ce qui incite les grands pour cent de ses besoins totaux, mais seulement grossistes à vendre du riz importé à certaines 15 à 20 pour cent de ce riz est commercialisé, périodes de l’année. ce qui crée un déficit important dans les villes et les zones urbaines.¹¹⁸ (ii) L’application inégale d’une interdiction d’exportation de riz est contre-productive 28. En principe, les importations détaxées devraient pousser le marché intérieur à 29. À peu près au moment précis où les droits et plus d’efficacité, mais il faudrait pour cela la TVA ont été supprimés pour les importations, remédier aux goulots d’étranglement liés à la le Gouvernement a également interdit les commercialisation au niveau de l’exploitation, exportations de riz, apparemment pour assurer à l’entreposage et à la connectivité rurale. Les la sécurité alimentaire. Jusqu’alors, Madagascar producteurs nationaux jouissent d’un avantage avait très bien réussi à exporter de faibles comparatif important par rapport au riz importé quantités d’une variété de riz spécialité rose, au niveau de l’exploitation.¹¹⁹ Cependant, appelée « riz Dista », vers les marchés des États- lorsque le riz produit dans le pays passe par le Unis et d’autres pays développés.¹²¹ Parfois, système de collecte pour parvenir à un grossiste les exportateurs sont parvenus à négocier des ¹¹⁷ Extrapolations des auteurs sur la base des estimations de la production quinquennale rapportées par le Ministère de l'agriculture et de l’élevage, tenant compte des pertes après récolte de 15 pour cent, des estimations de l'INSTAT sur la part de la production nationale commercialisée et des données sur les importations communiquées par le Ministère de l'Agriculture et de l'élevage et le Ministère du Commerce. ¹¹⁸ INSTAT, 2013. ¹¹⁹ Gergely et Kanatiah, 2017. ¹²⁰ Sur la base de 360 USD/tonne fob Karachi, plus 58 USD/tonne pour le frais de transport, l’assurance et les frais portuaires/de dédouanement à Toamasina, et 65 USD/tonne pour le transport routier jusqu’à Antananarivo. Les informations sur les frais de transport ont été obtenues sur le lien suivant : https://www.freightos.com/freight-tools/ freight-rate-calculator-free-tool/?utm_expid=.z9z58OKARtaw92XYtNF_KQ.1&utm_referrer= ¹²¹ Le riz Dista, du nom du fermier qui a découvert la variété, est cultivé principalement dans la province de Toamasina, près du lac Alaotra. Le riz a une couleur rose pâle et un parfum naturel de cannelle, de clou de girofle et de noix de muscade. 86 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture exceptions occasionnelles à l’interdiction au les premières cibles des exportations de riz.¹²³ motif que le riz Dista n’était pas le type de riz L’exportation de marchandises en vrac sur le nécessaire à la sécurité alimentaire intérieure. marché mondial est toutefois une activité très différente de la vente dans un créneau particulier 30. Mis à part ces exceptions, l’interdiction a créé d’aliments de spécialité haut de gamme que une grande incertitude parmi les exportateurs Madagascar exporte principalement à l’heure et a eu de nombreuses conséquences actuelle. Malgré l’interdiction des exportations de désastreuses pour le secteur du riz. De 2005 riz, la capacité de Madagascar à approvisionner à 2007, par exemple, Madagascar avait exporté les marchés mondiaux ou même régionaux à en moyenne 766 tonnes de riz Dista par an. En des prix compétitifs dépend de la résolution 2008, cependant, les exportations ont chuté, des mêmes défis qui minent actuellement avec seulement 51 tonnes exportées. Entre la compétitivité face aux importations sur les 2009 et 2015, les exportations se situatent à marchés intérieurs. 29 tonnes par an en moyenne, avec toutefois des niveaux très faibles d’à peine 4 tonnes pour 32. Les besoins des acheteurs dans les pays certaines années.¹²² A l’instar de nombreuses voisins de l’océan Indien sont très élevés. L’île denrées agroalimentaires d’exportation de Maurice importe environ 36 000 tonnes de riz Madagascar, le riz Dista est un produit de décortiqué par an contre environ 6 000 tonnes spécialité haut de gamme, sans importance pour les Seychelles, mais ces importations pour la sécurité alimentaire nationale. En plus concernent des variétés aromatiques haut de nuire aux exportations de produits de niche, de gamme à faible proportion de brisures qui les interdictions d’exportation ont un impact ne correspondent pas au type de riz en vrac négatif sur le fonctionnement des mécanismes produit à Madagascar. Selon les données du de marché nécessaires pour promouvoir la service des douanes de Maurice, le prix moyen sécurité alimentaire, notamment l’établissement au débarquement à Port-Louis est supérieur des systèmes de récépissés d’entrepôt et à 1 000 USD par tonne, ce qui indique que d’agriculture contractuelle. En définitive, la des investissements substantiels dans des sécurité alimentaire nécessite d’élargir le semences de haute qualité de variétés commerce, notamment à travers l’adoption sélectionnées ainsi que des infrastructures d’un régime commercial plus ouvert, d’éviter modernes de décorticage seront nécessaires les restrictions à l’exportation, de promouvoir pour répondre aux besoins des acheteurs. une intégration régionale plus effective et De même, bien que les prix soient très d’améliorer la logistique. attractifs à La Réunion, la chaîne de valeur de Madagascar n’est pas suffisamment (iii) La capacité à exporter du riz ordinaire développée en termes d’approvisionnement dépend de l’amélioration de l’efficacité en semences, de transformation ou de capacité de certification pour répondre à la 31. L’objectif à long terme du Gouvernement est demande des acheteurs.¹²⁴ de devenir un exportateur régional de riz. Selon la politique du Gouvernement, dès que le pays 33. Bien que Madagascar bénéficie de tarifs deviendra autosuffisant en riz, les pays voisins préférentiels pour les exportations en vrac de riz de l’océan Indien et de l’Afrique constitueront ordinaire vers les pays d’Afrique continentale, ¹²² Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, 2017. ¹²³ Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, 2017. ¹²⁴ FIDA ; et Gloanec, Cazal, et Prophyre, 2011. 87 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture les inefficacités qui minent la compétitivité sur régionaux pour des livraisons au Kenya et au les marchés intérieurs restent un problème. Mozambique, deux pays grands importateurs En tant que membre du COMESA (Marché de riz. Dans cette analyse, le prix FOB de 470 commun de l’Afrique orientale et australe) et USD par tonne pour le riz de Madagascar est de la SADC (Communauté de développement dérivé des données de la chaîne de valeur de l’Afrique australe), Madagascar bénéficie évoquées plus haut jusqu’au niveau de la de préférences tarifaires par rapport à d’autres vente en gros, qui, dans ce cas, est supposé se fournisseurs mondiaux sur les marchés africains. produire à Toamasina plutôt qu’à Antananarivo. Bien que les exigences de qualité ne soient L’analyse suppose en outre que les exportations probablement pas aussi élevées en Afrique se déroulent immédiatement après la récolte, continentale qu’à Maurice, aux Seychelles excluant ainsi les coûts d’entreposage.¹²⁵ Le ou à La Réunion, les prix sur les marchés Kenya fait partie de la CAE (Communauté de continentaux sont des facteurs cruciaux. Étant l’Afrique de l’Est), qui impose un tarif extérieur donné que Madagascar est à peine en mesure commun de 75 pour cent sur les importations de concurrencer les importations sur son propre de riz, mais a négocié un tarif préférentiel marché intérieur, les préférences tarifaires ne de 35 pour cent avec le Pakistan, principal suffiront probablement pas à lui assurer une fournisseur de riz de longue date au Kenya. place concurrentielle sur le continent africain En tant que membre du COMESA, Madagascar et il lui sera nécessaire d’améliorer l’efficacité pourrait approvisionner le Kenya en franchise de son marché intérieur. douanière. De même, le Mozambique impose une taxe de 7,5 pour cent sur le riz importé, 34. Pour illustrer ce point, le Tableau 8 mais en tant que membre de la SADC, le riz de résume une série de calculs de prix de parité Madagascar est exempté de taxe. Tableau 8: Calculs indicatifs de la parité régionale pour le riz ordinaire de Madagascar et du Pakistan sur les marchés d’exportation régionaux (USD par tonne) Approvisionnement Madagascar Approvisionnement Pakistan Importations du Kenya Riz décortiqué, fob 0% 470 35% 360 Fret et assurance 85 55 cif Mombasa 555 415 Taxe - 145 Prix total au débarquement 555 560 Importations du Mozambique 0% Riz décoriqué, fob 470 360 Fret et assurance 80 60 cif Maputo 550 420 Taxe - 32 Prix total au débarquement 550 452 Source : Calculs des auteurs à partir des données utilisées pour la Graphique 1 et le Tableau 4 ; coûts d’entreposage non inclus pour Madagascar. Les informations sur les prix au Pakistan proviennent de hasrice.com). International shipping costs from freightos.com ¹²⁵ Total des coûts de la valeur ajoutée et des bénéfices jusqu’à la vente en gros, hors entreposage, convertis en USD par tonne. Avec les coûts de stockage, le prix fob serait plus élevé. 88 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 35. Même en tenant compte des préférences de leur zone d’opération immédiate, ce qui tarifaires régionales, ces calculs montrent limite leur capacité à prendre des décisions que le prix du riz ordinaire de Madagascar informées sur la production et à négocier ne serait pas compétitif sur les marchés des prix compétitifs. Bien que les collecteurs régionaux. Même avec une protection s’emploient à surveiller la production et tarifaire considérable, Madagascar peinerait à les opportunités de marché à travers leurs débarquer du riz à Mombasa à un prix inférieur réseaux de sous-collecteurs et de grossistes, à celui du Pakistan. Au Mozambique, où la ils disposent de peu d’informations en dehors protection tarifaire est de 7,5 pour cent, le riz de leurs sphères d’influence. En dehors malgache coûterait environ 18 pour cent de de l’agriculture contractuelle, la plupart plus que le riz pakistanais. des transactions agricoles reposent donc entièrement sur les conditions existantes du 36. Ces résultats soulignent l’importance marché et font peu ou pas état des tendances d’améliorer l’efficacité des chaînes de sous-jacentes et des opportunités futures. valeur nationales. L’augmentation de la production au niveau des exploitations, 38. Les décideurs sont également confrontés au point de dégager un excédent, n’est au manque d’informations fiables sur probablement pas suffisante pour que lesquelles fonder les grandes décisions en Madagascar devienne un pays exportateur matière de politique et d’investissement. compétitif de riz. Pour s’assurer une place L’Observatoire du riz (OdR) assure le rôle de compétitive sur le marché mondial, il système d’information sur le marché du riz, serait plutôt nécessaire d’investir dans la mais sa couverture de la chaîne de valeur connectivité rurale, dans l’entreposage et est faible. Créé en 2005, l’OdR collecte des dans l’approvisionnement en semences, données sur les prix du riz paddy, du riz ainsi que dans les réformes du système de décortiqué et du riz importé, ainsi que du récépissé d’entrepôt et d’autres aspects de maïs, du manioc et de la patate douce dans la commercialisation des produits agricoles 110 districts, bien que la collecte de données qui rapprochent les agriculteurs du marché, ne soit pas toujours exhaustive. L’activité de à la fois au sens propre, grâce aux routes l’Observatoire du riz dépend fortement du améliorées, et au sens figuré, grâce aux financement des bailleurs, ce qui explique systèmes commerciaux améliorés. sa performance en dents de scie en termes de collecte, d’analyse et de diffusion de F. Informations sur le marché données. Par ailleurs, en se concentrant sur les marchés au niveau des districts, l’OdR 37. Pour améliorer l’efficacité du passe à côté d’informations importantes sur la fonctionnement de la chaîne de valeur et la dynamique du marché entre les producteurs qualité des décisions politiques, les parties et leurs acheteurs immédiats. Au niveau prenantes des secteurs public et privé ont national, l’OdR fournit aux décideurs un besoin d’une meilleure information sur les aperçu descriptif des informations sur les prix, marchés. Même dans les zones situées à mais le contenu analytique reste limité. Les proximité des principales routes nationales, activités de diffusion sont également limitées les agriculteurs et les sous-collecteurs ont et ne s’adressent pas à un large public. En une mauvaise connaissance des prix des outre, les données du recensement agricole cultures, des préférences des acheteurs de mai 2005 sont dépassées, entravant ainsi ou des opportunités de marché en dehors une prise de décision efficace. 89 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture 39. Des investissements dans des systèmes matière d’investissements en infrastructures d’information, même très simples, pour et de politiques commerciales destinées à le riz et d’autres cultures contribueraient améliorer l’efficacité du marché. substantiellement à l’amélioration de l’efficacité du marché. Les autorités dans une G. Priorités politiques et partie de l’Itasy ont déclaré que, dans le passé, d’investissement pour une la radio diffusait des bulletins hebdomadaires trajectoire de croissance contenant des informations sur les prix et agricole plus inclusive des conseils de vulgarisation. L’initiative a été bien accueillie par les agriculteurs et 41. Les inefficacités et l’imprévisibilité les collecteurs, toujours selon les autorités. des marchés agricoles intérieurs, qui sont Cependant, il s’agissait d’une activité financée importants pour la sécurité alimentaire, par des bailleurs, et elle a pris fin avec le projet. constituent un obstacle majeur à La réactivation, voire l’élargissement de tels l’amélioration de la production parce que systèmes, en partenariat avec l’OdR, pourrait les agriculteurs ne récoltent qu’une faible être un moyen très pratique d’améliorer les part des bénéfices. Avec une compétitivité conditions du marché. limitée au sortir de l’exploitation agricole, et de multiples intermédiaires entre l’agriculteur et 40. Les investissements dans les systèmes le marché final, les producteurs ne perçoivent de télédétection permettant de mesurer les qu’une faible part des bénéfices disponibles rendements des cultures dans différentes de l’agriculture commerciale et sont ainsi régions du pays pourraient également peu enclins à produire au-delà du niveau présenter des avantages considérables de subsistance. Ces facteurs pèsent sur les pour les décideurs et les investisseurs marchés nationaux du riz et d’autres cultures privés. L’Institut international de recherche importantes pour la sécurité alimentaire. sur le riz (IRRI), par exemple, a testé diverses technologies pour la surveillance à distance 42. Pour réformer la situation actuelle, il est de plus de 15 millions d’hectares de rizières nécessaire de rapprocher les agriculteurs en Thaïlande, en Inde, au Vietnam, au des marchés, à la fois physiquement et Cambodge, en Indonésie et aux Philippines. figurativement. Pour réduire la longueur Dans le cadre de son projet RIICE, l’IRRI et ses de la chaîne de commercialisation, il est partenaires ont montré que les données de capital de réaliser des investissements dans télédétection et les résultats de sondages la connectivité rurale. Sur le plan physique, réalisés à partir de smartphones peuvent les routes de desserte rurales se trouvent être utilisés pour cartographier les dates de dans un état pitoyable et n’ont pas fait l’objet plantation estimées, les superficies cultivées, d’investissements significatifs ces dernières les rendements en riz, et même l’impact années. La modernisation des routes rurales potentiel des catastrophes naturelles sur le est donc un domaine d’investissement évident rendement.¹²⁶ L’accès à ce type d’informations et crucial. Relier toutes les zones rizicoles à permettrait aux négociants de connaître des routes convenables représente toutefois où se trouvent les excédents et faciliterait une entreprise de grande envergure, dont la la prise de décision par les décideurs en réalisation et la maintenance nécessiteront ¹²⁶ Information et assurance des cultures par la télédétection dans les pays émergents (RIICE) : http://www.riice.org/ 90 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture du temps et des ressources financières fois que cela est nécessaire et de régler leur considérables. Par ailleurs, pour investir dans dette sans subir le fardeau des cinq mois les routes de desserte, les planificateurs d’intérêt minimum. Des investissements à devront faire des choix difficiles quant aux plus long terme pour aider Madagascar à zones à desservir en premier. évoluer vers un système dans lequel les récépissés d’entrepôt seront entièrement 43. L’analyse montre qu’il existe d’autres négociables, constitueraient également un moyens pour améliorer la connectivité rurale avantage stratégique majeur. Les efforts et fournir aux agriculteurs les incitations visant à formuler des normes pratiques pour dont ils ont besoin pour produire des surplus le classement des produits et la certification commercialisables de riz et d’autres cultures des entrepôts, par exemple, permettrait à de base, même dans les zones enclavées. Madagascar de disposer d’une feuille de route Un système d’information sur les marchés, pour la commercialisation du riz. La mise en qui diffuse les prix en cours dans différentes place d’un tel système, telle qu’entreprise par régions du pays serait relativement peu la CAE, prendra du temps, mais constituerait coûteux à mettre en place et à exploiter, un avantage non négligeable car elle alors qu’il permettra aux agriculteurs et aux permettra aux commerçants de positionner collecteurs des quatre coins du pays de des stocks sur tout le territoire et d’effectuer prendre des décisions mieux éclairées sur l’enlèvement physique seulement lorsque ce qu’il faut vendre et ce qu’il faut planter nécessaire. Cela réduirait considérablement la ou échanger. Les services de messages dépendance vis-à-vis des routes de desserte courts (SMS) sont largement utilisés dans rurales lors des périodes difficiles de l’année. les autres pays en développement et les bulletins radiophoniques, qui ont connu du 45. Pour remédier aux dysfonctionnements du succès à Madagascar par le passé, pourraient marché, il faudrait également encourager les également être réactivés. De même, la comportements coopératifs et les opportunités création d’un registre public des dépôts dans d’agriculture contractuelle. Compte tenu de les entrepôts communautaires serait un bon la taille réduite des parcelles de riz, il est moyen d’améliorer l’efficacité du marché nécessaire d’encourager le marketing de et de promouvoir la commercialisation en groupe et d’autres types de comportement groupe des excédents de production. Avec coopératif afin de soutenir le développement les smartphones et les autres technologies du système de récépissé d’entrepôt et, modernes, il serait relativement aisé de plus généralement, le développement des mettre en place un système permettant marchés commerciaux. Étant donné que aux exploitants d’entrepôts de créer un les comportements coopératifs ne sont enregistrement en temps réel des stocks pas actuellement la norme sociétale en existants, qui pourront ensuite être transmis dehors des cercles familiaux, en particulier à l’échelle nationale. pour les cultures vivrières, une option plus réalisable à court terme serait de tirer parti 44. Les efforts de réforme du système de des premiers succès du modèle d’agriculture récépissé d’entrepôt jouent également un contractuelle de STOI pour le riz et les autres rôle important. La première action immédiate cultures de base pour voir comment il peut consisterait à mettre en place des conditions être reproduit à plus grande échelle. De de crédit plus flexibles qui permettent aux plus, les investissements dans les rizeries agriculteurs de récupérer leur récolte chaque régionales pourraient réduire d’un tiers le coût 91 Saisir les opportunités de croissance inclusive de l’agriculture total du transport du riz, ce qui améliorerait d’envoyer un signal plus large sur la fiabilité considérablement la compétitivité des du marché. agriculteurs locaux sur les marchés intérieurs et les marchés d’exportation potentiels. 47. En définitive, un meilleur accès aux marchés entraînera une amélioration de la 46. L’amélioration de l’efficacité sur les demande en semences améliorées et en marchés nationaux pourrait contribuer engrais et de la demande de services de à donner au riz produit localement un vulgarisation de la part des agriculteurs, avantage concurrentiel sur le riz importé ainsi que le consentement à payer pour et, à terme, améliorer les perspectives l’entretien de l’irrigation. Madagascar a d’exportation vers les marchés voisins. connu de nombreux succès dans l’exportation La vision du pays est de devenir un pays de produits haut de gamme et il est encore exportateur de riz, une fois que les besoins possible de développer davantage ce secteur. nationaux en matière d’autosuffisance Avec un accès au marché plus sécurisé et plus alimentaire auront été satisfaits. Pour atteindre rémunérateur, la production par les petits cet objectif, il est nécessaire de remédier aux exploitants de riz et d’autres cultures telles dysfonctionnements des marchés nationaux que le maïs, le soja, le manioc, qui jouent un en raccourcissant la longue chaîne de rôle important pour la sécurité alimentaire, la commercialisation et en réduisant les coûts, en production animale et la transformation agro- particulier ceux liés au transport. L’application alimentaire pourrait également se développer inégale de l’interdiction d’exportation sur afin de suivre une trajectoire de croissance le riz de spécialité devrait être résolue afin plus durable. 92 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles 93 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles L’absence de concurrence sur le marché dans des secteurs clés de l’économie est un obstacle majeur à une croissance productive, inclusive et durable à Madagascar. Ce chapitre présente les principaux obstacles d’ordre réglementaire et non réglementaire à la concurrence ainsi que les moyens de les surmonter, en se concentrant sur quatre secteurs spécifiques. Les secteurs des télécommunications et des produits pétroliers, qui entretiennent de liens étroits avec le reste de l’économie, illustrent les effets généralisés de l’insuffisance de la concurrence sur les principaux marchés d’intrants. Le cas du litchi et de la vanille montre à quel point la faible concurrence sur les principaux marchés d’exportation peut concentrer les profits entre les mains de quelques acteurs et réduire les possibilités pour les petits exploitants. Dans ce chapitre sont présentées des recommandations aussi bien spécifiques à différents marchés que pour l’ensemble de l’économie visant à ouvrir les marchés, à améliorer les politiques de la concurrence et à renforcer leur application. A. Introduction situation est le reflet des réglementations et des politiques restrictives en matière d’accès 1. La concurrence sur le marché est aux marchés, du traitement préférentiel des un facteur clé de la productivité et de entreprises en place et de la non-application l’innovation.¹²⁷ Des preuves empiriques des politiques de concurrence. indiquent que la concurrence favorise la réaffectation des ressources d’entreprises 2. Ce chapitre évalue le paysage concurrentiel peu productives à celles plus productives,¹²⁸ à Madagascar en prenant en compte trois contribue à l’amélioration de la qualité,¹²⁹ problématiques essentielles. Dans la accroît la compétitivité à l’exportation et première section, un aperçu de la concurrence stimule l’innovation. Les avantages en à Madagascar est donné ainsi que certaines termes de bien-être pour les consommateurs des caractéristiques des conditions du marché peuvent être considérables dans la mesure qui ont entraîné des pratiques commerciales où ceux-ci bénéficient de prix plus bas et non concurrentielles. La deuxième section de possibilités d’emplois plus nombreux et est consacrée à quatre études de cas portant mieux rémunérés. Cependant, à Madagascar, respectivement sur les télécommunications, les marchés se caractérisent par un niveau le pétrole, le litchi et la vanille, où les défis élevé de concentration et de faibles niveaux de jure, de facto et d’application sont pris de concurrence dans des secteurs clés. Cette en compte. La troisième section concerne ¹²⁷ Arnold et al., 2011. ¹²⁸ À titre d'exemple de cette voie, Carlin et al. (2004) expliquent, en utilisant un ensemble de données d'environ 4 000 entreprises dans 24 pays en transition, que les entreprises confrontées à une fourchette comprise entre un et trois concurrents ont vu leurs ventes réelles augmenter de près de 11 pour cent en moyenne sur trois ans, tandis que les monopolistes ont subi une baisse de 1 pour cent de leurs ventes réelles. De même, Nickell (1996) a constaté qu'une augmentation de 10 pour cent des marges sur les prix entraînait en moyenne une perte de 1,3 à 1,6 pour cent de la croissance de la productivité totale des facteurs. ¹²⁹ Barone et Cingano (2011) rapportent que dans les pays de l'OCDE, les réformes favorables à la concurrence dans les secteurs des services de base (télécommunications, transports, énergie et services professionnels) augmentent la valeur ajoutée, la productivité et la croissance des exportations des secteurs à forte intensité de services en aval. 94 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles l’examen des solutions transversales relatives privées.¹³⁰ Toutefois, ces acteurs privés à l’amélioration des cadres politiques, étaient largement issus de l’élite politique et notamment les réglementations favorisant la de leurs familles, le pouvoir économique étant concurrence, les mesures visant à promouvoir largement concentré entre les mains d’un petit des conditions de concurrence équitables nombre. Au fil du temps, une nouvelle vague entre les opérateurs en place et les nouveaux d’entrepreneurs a pu se lancer dans les affaires venus, et une meilleure application des lois avec succès à Madagascar en surfant sur cette sur la concurrence. vague de privatisation et, dans certains cas, en exploitant la faiblesse de l’environnement B. Concentration du marché institutionnel. Une fois que les entreprises et pratiques commerciales ont réussi à pénétrer sur les marchés, en anticoncurrentielles particulier dans des secteurs très rentables, elles cherchent à conserver un avantage 3. Globalement, l’intensité de la concurrence concurrentiel en favorisant les comportements locale à Madagascar est perçue comme anticoncurrentiels. Les secteurs clés de faible comparée à ses pairs, les marchés l’économie, tels que les télécommunications, étant dominés par une poignée d’entreprises. les produits pétroliers, les banques, les mines, Une vague de réformes de privatisation a eu l’immobilier et l’agroalimentaire haut de gamme lieu dans les années 80 et 90, inversant ainsi sont concentrés entre les mains de quelques la tendance de nationalisation antérieure. oligopoles et les entreprises développent Pendant la période de privatisation, les souvent des structures intégrées verticalement monopoles et les oligopoles dirigés par ou des conglomérats qui peuvent renforcer l’État ont été remplacés par des sociétés davantage leur puissance de marché.¹³¹ Figure 61: Par rapport aux pairs Figure 62: … et les marchés malgaches sont aspirationnels, l’intensité de la concurrence perçus comme dominés par une poignée locale est perçue comme étant faible … d’entreprises 6,0 6,0 4,8 5,0 5,0 4,0 4,0 3,4 3,0 3,0 2,0 2,0 1,0 1,0 0,0 0,0 Malaisie Mozambique Burundi Malaisie Tchad Ethiopie Burundi Mozambqie Tanzanie Mali Zimbabwe Cambodge ASS Népal Madagascar Cameroun Rwanda Ouganda Maurice Indonésie Tchad Sénégal Kenya Népal Ouganda Rwanda Zimbabwe Madagascar ASS Tanzanie Ethiopie Cambodge Maurice Kenya Cameroun Sénégal Mali Indonésie Source : WEF GCR 2017/18. Remarque : Echelle de 1 (concurrence Source : WEF GCR 2017/18. Remarque : Echelle de 1 (marché pas intense du tout) à 7 (concurrence extrêmement intense) dominé par quelques groupes d’entreprises) à 7 (puissance de marché répartie entre de nombreuses entreprises) ¹³⁰ Jütersonke et Kartas 2010. ¹³¹ Voir, par exemple, Gerschenkron (1962) et Grossman et Hart (1986) pour les données factuelles au niveau mondial. Un document de référence sur l'économie politique de Madagascar en préparation du MEP de Madagascar, élaboré en février 2019, présente les données factuelles pour Madagascar. 95 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles 4. Plutôt que de promouvoir la croissance mettant ainsi en danger la durabilité de la des entreprises par l’amélioration de croissance. En outre, ces types d’obstacles non la productivité, la modernisation et la réglementaires compromettent l’inclusivité de diversification, les opérateurs économiques la croissance dans la mesure où les règles et cherchent à acquérir un avantage réglementations sont manipulées au moyen concurrentiel en manipulant les règles et de relations et d’alliances entre opérateurs les réglementations. Des exemples de telles économiques et politiques, domaine pratiques incluent le recours arbitraire à des inaccessible aux étrangers, à moins de poursuites commerciales, la suppression des recourir à des intermédiaires, ce qui augmente droits de douane, l’imposition de sanctions considérablement le coût des affaires. fiscales et des dépenses fiscales mal justifiées, les pratiques déloyales en matière 6. Néanmoins, il est important de noter que les de passation de marchés, le traitement niveaux de concentration du marché varient préférentiel dans l’attribution de licences, le selon les secteurs. En se fondant sur les contrôle des entreprises publiques (telle que données d’exportation comme approximation JIRAMA par le biais de nominations au conseil de la concentration et le caractère d’administration ou d’attribution de contrats concurrentiel du marché, on s’aperçoit que de fournisseurs conférant à ces entreprises un ce sont les secteurs d’exportation hautement moyen de pression important) et l’obtention spécialisés telle que l’industrie minière, de postes politiques garantissant l’immunité. caractérisés généralement par des niveaux En poussant plus loin, dans certains cas, les de concentration élevés, qui confirment cette entreprises ont agi de concert en créant tendance à Madagascar par rapport aux pays éventuellement des ententes caractérisées pairs. Toutefois, pour les marchés moins haut afin de préserver et de conserver leur de gamme tels que les produits de l’élevage, puissance de marché. agricoles et pharmaceutiques/médicaux, les niveaux de concentration des exportations 5. Ces comportements anticoncurrentiels sont relativement faibles. Il en découle qu’il a constituent d’importants obstacles non été plus faciles pour les étrangers de pénétrer réglementaires à l’accès aux marchés, sur certains secteurs tels que les légumes compromettant aussi bien l’inclusivité et le bétail, qui disposent d’un potentiel que la durabilité de la croissance.¹³² Les important de développement à Madagascar nouveaux arrivants peuvent pénétrer sur si l’on se fonde sur les calculs d’avantages les marchés s’ils n’empiètent pas sur les comparatifs relatifs. De nouvelles mesures pratiques commerciales des entreprises en pour améliorer le climat des affaires et place (comme dans le secteur de l’IT-BPO), l’uniformisation des règles du jeu, comme s’ils paient le prix fort dans les zones où des l’a déjà indiqué l’administration actuelle, opérateurs existent déjà ou ont recours à la peuvent considérablement contribuer à violence et à l’intimidation, ce qui par le passé, encourager de nouveaux investissements a contribué à instaurer une instabilité politique dans le pays. ¹³² Informations tirées d'une évaluation de l'économie politique effectuée dans le cadre de l’élaboration du document de base pour le Mémorandum économique de Madagascar, 2019. 96 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles C. Obstacles à la concurrence gamme peut contribuer à guider l’élaboration dans des secteurs clés - des politiques pour d’autres chaînes de valeur Analyse approfondie qui pourraient bénéficier de nouveaux projets d’infrastructures routières dans les prochaines 7. Cette section présente une analyse années. complète des obstacles à l’entrée sur le marché et à la concurrence dans quatre (i) Secteur analysé : les télécommunications grands secteurs de l’économie malgache.¹³³ Deux de ces secteurs, les télécommunications 8. Le secteur des télécommunications et les produits pétroliers, fournissent des joue un rôle essentiel dans le secteur intrants essentiels au reste de l’économie. des services. Les investissements dans L’intensification de la concurrence dans les câbles à fibres optiques sous-marins ces secteurs d’intrants étroitement intégrés LION¹³⁴ et EASSy en 2009 et 2010 ont mis pourrait générer des gains importants fin à la dépendance du pays à l’égard des en termes de bien-être en réduisant les satellites pour les connexions internationales coûts pour d’autres secteurs, en optimisant améliorant l’accès et réduisant le coût l’utilisation des infrastructures existantes et en de la bande passante internationale. Plus stimulant de nouveaux investissements dans récemment, Telma (Telecom Malagasy)¹³⁵ a l’économie. Au moment de la préparation de mis en place un backbone national en fibre cette étude, les plus hauts responsables du optique reliant les grandes villes, contribuant Gouvernement étaient en discussion pour ainsi à la disponibilité d’une connexion engager des réformes dans les secteurs Internet à haut débit dans les zones urbaines. des télécommunications et des produits Madagascar dispose maintenant de l’une pétroliers, notamment pour réduire au des vitesses de téléchargement les plus minimum les obstacles réglementaires et non rapides en Afrique subsaharienne. Cela a réglementaires à l’entrée sur ces marchés. Les favorisé l’émergence de nouveaux secteurs deux autres secteurs, la vanille et le litchi, sont très performants, notamment le secteur des des agro-industries à vocation exportatrice IT-BPO, ainsi que celui de la vente au détail, qui génèrent des recettes d’exportation des services bancaires et des services aux importantes et offrent un potentiel en entreprises. terme de gains de revenus pour les petits producteurs si les obstacles à la concurrence 9. Malgré des améliorations dans le secteur, peuvent être éliminés. En outre, une analyse les prix restent élevés et la pénétration des comportements anticoncurrentiels dans faible. Le coût des services Internet à haut ces industries agroalimentaires haut de débit fixe est plus élevé que dans les pays ¹³³ L'évaluation est basée sur la boîte à outils d'évaluation de la politique des marchés et de la concurrence (MCPAT). La méthodologie MCPAT permet d'identifier les caractéristiques du marché qui déterminent la dynamique et les interventions gouvernementales restreignant la concurrence en : i) limitant l'entrée sur le marché ; ii) facilitant la collusion ; ou iii) créant des conditions de jeu inégales, et en envisageant des solutions permettant d'atteindre les objectifs politiques et de remédier aux défaillances du marché tout en réduisant au minimum les distorsions du marché. ¹³⁴ Le système de câble sous-marin pour l’Afrique de l’Est (EASSy), un système de câble sous-marin à fibres optiques reliant les pays de l’Afrique de l’Est au reste du monde. Le réseau LION (Lower Indian Ocean Network) est un réseau de câbles de communication sous-marins qui relie Madagascar, la Réunion et Maurice. ¹³⁵ Telecom Malagasy (Telma) est une ancienne entreprise publique. Au cours de la phase de privatisation, le groupe Axian a racheté Telma, le Gouvernement conservant 19 pour cent des parts. 97 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles comparables (Figure 63).¹³⁶ Les taux de Si les abonnements au haut débit fixe pénétration sont également bien inférieurs à devaient atteindre des niveaux équivalents ceux des pays pairs (Figure 64), une proportion à ceux du Rwanda et du Cameroun (de 10 importante de la population n’étant toujours pour cent actuellement à 18 pour cent), la pas connectée au réseau mobile (65,9 pour croissance pourrait s’accroitre de plus de cent). Les prix élevés contribuent largement 1 point de pourcentage.¹³⁷ À terme, cela aux faibles taux de pénétration et d’accès pourrait également stimuler de nouveaux à Madagascar, ce qui représente un coût investissements et accélérer la numérisation d’opportunité important pour l’économie. de l’économie. Figure 63: Le prix de l’Internet haut débit Figure 64: … tandis que la pénétration et fixe est relativement élevé à Madagascar l’accès aux services cellulaires et internet sont relativement faibles Fixe - Prix haut débit ... 200 150 Mobile - prix haut débit, 1GB 100 50 Mobile - prix haut débit, 500MB 0 Indonésie Maurice Malaisie Népal Mali Libéria Côte d'Ivoire Cambodge Sénégal Burkina Faso Kenya Zimbabwe Cameroun Zambie Tanzanie Ouganea Comores Tchad Malawi Niger Ethiopie Madagascar Mobile - prix cellullaires... 0 100 200 300 Abonnements mobile-cellulaire pour 100 habitants Madagascar PMA Monde % de personnes utilisant l'Internet Source : UIT, accessible à l’adresse https ://www.itu.int/en/ITU-D/ Source : UIT, accessible à l’adresse https ://www.itu.int/en/ITU-D/ Statistics/Pages/publictions/mis2017.aspx Statistics/Pages/publictions/mis2017.aspx 10. Les investissements des nouveaux de la période de transition politique durant opérateurs et des opérateurs en place laquelle la plupart des autres opérateurs ont dans le secteur des télécommunications évité d’investir à long terme, bien que ces ont été limités par des obstacles aussi bien investissements aient été financés en partie réglementaires que non réglementaires. par le Fonds d’accès et de service universel. On compte quatre principaux opérateurs Actuellement, le Gouvernement détient sur le marché des télécommunications : 19,9 pour cent des actions de Telma. Des Telma, Orange, Airtel et Gulfsat (Blueline). discussions sont en cours pour permettre à Telma, la société déjà en place, a réalisé d’autres opérateurs d’investir dans des zones d’importants investissements dans les où Telma dispose déjà d’infrastructures, infrastructures de base, notamment au cours ce qui est actuellement interdit, mais qui, ¹³⁶ L’UIT définit la composition d’un panier cellulaire mobile comme étant 51 minutes d’appels vocaux mobiles et 100 SMS. ¹³⁷ Ce calcul repose sur l'hypothèse selon laquelle, dans les pays à faible revenu, une augmentation de 10 points de pourcentage des abonnements au haut débit peut entraîner une augmentation des taux de croissance allant jusqu'à 1,4 point de pourcentage, ce qui est la conclusion du rapport : World Development Report (2016), Exploring the relations between the broadband and economic growth, http:/ /pubdocs.worldbank.org/en/391452529895999/ WDR16-BP-Exploring-the-Relationship-between-Broadband-and-Economic-Growth-Minges.pdf 98 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles si l’interdiction est levée, permettra une étrangers dans les entreprises de plus grande concurrence par les prix.¹³⁸ télécommunication sont également limités Actuellement, le coût de l’accès à la bande aux deux tiers des actions d’une entreprise et passante internationale est plus de trois fois au moins un des administrateurs doit résider supérieur à celui des autres pays africains, ce à Madagascar,¹³⁹ ce qui limite les possibilités qui limite la pénétration. Les investissements de développement. Figure 65: Telma est présente dans tous les segments de la chaîne de valeur du haut débit à Madagascar Connectivité Réseau Maillon Réseau d’accès internationale de base intermédiaire Réseau dorsal Réseau de collecte Dernier maillon EASSy: Telma Fibre optique : Telma Services fixes : LION: Orange Ligne non terminée : Telma Fixe filaire (ADSL et fibre) : Telma Fixe sans fil (WiMAX, WiFI) : Telma, Gulfsat (Blueline) autres FSI Services mobiles : Part de marché en 2019 Part du 3G Part du 4G Airtel 16,9% 5,7% Orange 19,6% 5,4% Telma 63,5% 12,2% Gulfsat (Blueline) - 76,7% Source : Elaboré par les auteurs. Parts de marché uniquement disponibles pour les services mobiles, GSMA 2019 11. La réglementation en vigueur ne de la communication à Madagascar (ARTEC) favorise pas l’accès à des infrastructures d’apprécier si les opérateurs disposent ou non partagées et n’assure pas une gestion d’une Puissance Significative sur le Marché des redevances d’interconnexion de (PMS). La liste des opérateurs considérés manière à réduire progressivement les comme ayant une influence notable sur le tarifs.¹⁴⁰ La réglementation du secteur des marché n’est toujours pas publiée bien que télécommunications devrait viser à équilibrer cette exigence ait été stipulée dans loi de les mesures incitatives poussant les opérateurs base (loi n ° 2005-023) il y a près de 15 ans. historiques à poursuivre leurs investissements Contrairement aux autres pays, l’organisme tout en encourageant les nouveaux acteurs à de régulation n’a pas fixé les redevances investir, ce qui n’est actuellement pas le cas à d’interconnexion, tandis que dans des pays Madagascar. Les défaillances réglementaires tels que le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie, incluent l’absence de l’obligation exécutoire les régulateurs ont introduit des périodes pour l’Autorité de régulation des technologies de transition¹⁴¹ pour la réduction de ces ¹³⁸ Décret n ° 2014-1652. Discussions en cours en mai et juin 2019. ¹³⁹ Loi de 2007 sur l'investissement de Madagascar -036. ¹⁴⁰ Il n'y a pas de dispositions pour mettre en œuvre une doctrine des installations essentielles. L'OCDE définit la « doctrine des installations essentielles » lorsque le (s) propriétaire (s) d'une installation qualifiée d’« essentielle » ou de « goulot d'étranglement » doit fournir l'accès à cette installation à un prix raisonnable. htpp:/ /www.oecd. org/competition/abuse/1920021.pdf. ¹⁴¹ Une marge de manœuvre est une marge de prix prescrite dans le temps. Les sociétés reçoivent donc des signaux appropriés en vue de la maîtrise des coûts et des investissements futurs. 99 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles redevances, avec des effets positifs sur les 13. Par ailleurs, l’efficience d’attribution tarifs finaux.¹⁴² du spectre disponible est minée par les pratiques actuelles en la matière. Jusqu’à 12. Les investissements en milieu rural présent, l’attribution du spectre a été basée (infrastructures du dernier maillon) sont sur le principe du premier arrivé, premier également limités par des obstacles servi, plutôt que sur un processus de mise en réglementaires et non réglementaires. concurrence transparent. En outre, il s’avère Dans les zones dépourvues d’infrastructures que l’opérateur déjà en place s’est vu accorder dorsales, le coût d’une licence pour certains avantages dans l’attribution du spectre mettre en place de telles infrastructures en accédant à un bloc de fréquences contigu serait prohibitif, ce qui entraverait les alors que ses concurrents ont dû se contenter investissements dans les services du dernier de blocs dispersés, ce qui lui permet d’exploiter maillon et l’accès aux zones reculées.¹⁴³ son entreprise à moindre coût.¹⁴⁴ Pour remédier Un Fonds d’accès et service universel a à cette situation, il est nécessaire d’élaborer été créé pour financer ces extensions de une politique moderne d’allocation du spectre, réseau là où autrement les investissements comprenant des mécanismes d’attribution ne seraient pas viables, mais le mode de concurrentiels et transparents. gestion de ce fonds reste opaque. Pour garantir des conditions de concurrence 14. L’application des lois et des politiques équitables, le Fonds d’accès et de service sur la concurrence est également faible en universel devrait appliquer des critères de raison de problèmes de gouvernance. Les sélection clairs en référence auxquels les pratiques anticoncurrentielles des entreprises projets devraient être financés, ainsi que (tels que l’abus de position dominante et la des principes de neutralité concurrentielle cartellisation) peuvent être poursuivies ex garantissant que c’est à juste titre que les post en vertu de la réglementation du secteur opérateurs sont sélectionnés. En pratique, et du droit de la concurrence.¹⁴⁵ Cependant, il semble que l’opérateur sélectionné ait l’ARTEC n’a pas respecté ces dispositions et bénéficié du Fonds pour récupérer une le Conseil de la concurrence de Madagascar partie des coûts de déploiement du réseau a été peu actif jusqu’à présent. À mesure que dorsal national, mais le processus de les activités du Conseil de la concurrence se décaissement suivi par ARTEC et le Ministère développent, il sera également important de des Télécommunications est flou. gérer l’équilibre des pouvoirs entre l’ARTEC et ¹⁴² Banque mondiale. 2015. Libérer le potentiel de croissance au Kenya : lever les obstacles réglementaires à la concurrence (en anglais). Washington DC : Groupe de la Banque mondiale. htpp:/ /documents.worldbank.org/cured/ en/946191481707622675/Unlocking-growth-potential-in-Kenya-dismantling-regulatory-obstacles-to-competition p. 42. ¹⁴³ Les entretiens ont révélé que les opérateurs de téléphonie mobile autres que l'opérateur historique n'étaient pas en mesure de mettre en place leurs propres infrastructures de fibre en vertu de leurs accords de licence actuels. L'obtention d'une autorisation pour construire des infrastructures nécessite l'obtention d'une nouvelle licence, dont les coûts sont relativement élevés. ¹⁴⁴ Aide-mémoire : « Mission d'étude de l'environnement règlementaire et de la concurrence du secteur des TIC à Madagascar », 18-22 février 2019. ¹⁴⁵ La nouvelle Loi malgaches sur la concurrence n ° 2018 - 020 portant refonte de la loi sur la concurrence (abroge la loi sur la concurrence n ° 2005 - 020 du 17 octobre 2005) définit la structure, les fonctions et les dispositions institutionnelles du Conseil de la concurrence. Le Comité de la concurrence était effectivement constitué en 2015 mais n'a pas été très actif dans la réglementation de la concurrence puisqu’il n’a pas mené d’enquêtes sur les pratiques anticoncurrentielles ni les a sanctionnées. L’article 37 de la loi prévoit une collaboration entre le Ministère du commerce, qui est également chargé de la concurrence, et d’autres agences spécialisées. 100 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles le Conseil de la concurrence afin de maximiser (ii) Secteur analysé : les produits pétroliers les avantages de l’application ex post de la concurrence. Cela pourrait impliquer 16. Le secteur des produits pétroliers joue un l’intégration d’un cadre de collaboration entre rôle essentiel dans l’accès à l’électricité et les deux organes afin de faciliter la référence aux biens et services connexes, mais le faible des affaires, les enquêtes et les sanctions. pouvoir d’achat de la population signifie que Enfin, la structure de gouvernance de l’ARTEC, sa consommation est limitée aux plus nantis. notamment la sélection des membres du Le carburant est utilisé comme intrant pour Conseil d’Administration et la redevabilité, ne la production de toute une gamme de biens, lui assure ni une indépendance suffisante ni tels que les produits alimentaires transformés, la capacité de décision. Même si les membres et de services tels que l’électricité et les du Conseil d’administration ne doivent pas transports, une situation qui devrait se être salariés d’une entité agréée par l’ARTEC, maintenir à court terme puisque que la leur affiliation (politique ou fonctionnelle) transition vers l’approvisionnement en énergie peut parfois nuire à leur indépendance. En renouvelable a été entamée. Cependant, outre, l’ARTEC relève de la tutelle de deux le prix du carburant le rend actuellement ministres, le Ministre des Télécommunications inaccessible pour la majorité de la population. et des TIC et le Ministre de l’Économie et des Seuls les 20 pour cent les plus riches achètent Finances, et son indépendance peut être de l’essence et du diesel et représentent 85 compromise par le rôle exceptionnellement pour cent de la consommation d’électricité. important que ces ministres jouent dans la Les 40 pour cent les plus riches représentent stratégie et le plan de travail de l’ARTEC, qui près de 90 pour cent des usagers des doivent tous deux être approuvés par les deux transports en commun et les 60 pour cent ministres, contrairement aux bonnes pratiques les plus riches consomment plus de 80 pour observées dans d’autres pays.¹⁴⁶ cent des produits alimentaires transformés. Les faibles niveaux de consommation de la 15. Il existe un risque de comportement majorité de la population reflètent son faible d’exclusion de la part des acteurs dominants pouvoir d’achat. Dans le cas spécifique du des télécommunications dans les marchés kérosène, le prix est plus élevé à Madagascar adjacents. L’opérateur en place fait partie d’un que dans d’autres pays comparables et cela grand conglomérat actif dans des secteurs se répercute sur les consommateurs par utilisant les services de TIC, tels que les l’intermédiaire du coût des prix des billets services financiers. Une position dominante d’avion et du fret. sur le marché dans des segments tels que les services Internet fixes, qui constituent 17. Avant les récentes réformes, les éléments des intrants essentiels pour les entreprises de coûts fixes du prix final du carburant à des secteurs en aval, augmente le risque Madagascar étaient plus élevés que ceux de comportement d’exclusion par le refus d’autres pays. Les variations des cours de traiter avec les concurrents en aval de la mondiaux du pétrole, ainsi que les coûts liés société mère. Un tel comportement pourrait à l’importation, au stockage et au transport de être bridé en appliquant correctement les carburant ainsi que les taxes, déterminent le dispositions du droit de la concurrence prix de vente final du carburant. Ces différents relatives à l’abus de position dominante. éléments du prix du carburant doivent être ¹⁴⁶ Loi 2005 - 023 et décret 2006 -213, articles 13 et 30 101 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles calculés à l’aide d’une formule. Toutefois, dans suite de plusieurs séries de négociations, la pratique, les prix ont été modifiés au gré des les sociétés pétrolières ont convenu, en circonstances, le Gouvernement ayant hésité juin 2019, de réduire le prix du litre de à répercuter les cours mondiaux du pétrole carburant et du fret maritime.¹⁴⁸ En outre, sur les consommateurs. Une évaluation de la les sociétés ont accepté que ces mesures formule de calcul du prix final du carburant soient appliquées rétroactivement à a révélé que les marges maintenues par les compter du 1er janvier 2019, permettant ainsi sociétés pétrolières pour le stockage et la au Gouvernement d’utiliser les économies distribution étaient plus élevées à Madagascar réalisées au cours du premier semestre de que dans les pays de comparaison, contribuant l’année pour éponger les arriérés accumulés ainsi au prix final élevé.¹⁴⁷ envers les sociétés pétrolières. Cette issue montre que le Gouvernement a la capacité 18. Pour réduire le prix de détail final du de déterminer les politiques, même sur carburant, sans revenir à une subvention des marchés concentrés, et constitue une universelle du prix, le Gouvernement solution plus durable pour réduire le prix a entamé des négociations avec les du carburant sans recourir à une subvention sociétés pétrolières en janvier 2018. À la universelle dégressive. Figure 66: Le prix du Kérosène est plus Figure 67: Les coûts combinés de élevé à Madagascar et figure parmi les transport, de stockage, de distribution plus élevés d’Afrique et d’autres grandes ainsi que les marges étaient jusqu’à destinations récemment les plus élevés à Madagascar par rapport aux pays de référence 1,40 1,20 350% 1,00 300% 250% 0,80 200% 0,60 150% 0,40 100% 0,20 50% 0,00 0% Mali Madagascar Mauritanie Sénégal La Réunion Côte d'Ivoire Guinée Conakry Burkina Faso Togo Kenya Tanzanie Marseille (MRS) Paris (CDG) Saint Denis (RUN) Guangzhou (CAN) Johannesburg (JBN) Port Lous (MRU) Victoria (SEZ) Antananarivo (TNR) Moroni (HAH) Dzaoudzì (DZA) Transportation & storage Distribution et marges Source : Données sur les compagnies aériennes obtenues lors Source : Évaluation de l’industrie par Beicip-Franlab des enquêtes auprès des aéroports et des compagnies aériennes nationales (2018) ¹⁴⁷ Etude du prix de référence calculé effectuée entre novembre 2016 et mai 2017 par Beicip-Franlab et financée par le Programme d'aide à la gestion du secteur de l'énergie de la Banque mondiale. ¹⁴⁸ Le coût du carburant par litre a diminué de 100 MGA pour l’essence (2,4 pour cent), 150 MGA pour le diesel (4,2 pour cent) et 500 MGA (19 pour cent) pour le kérosène. Le coût du fret maritime a également baissé, passant de 65 USD/tonne à 40 USD/tonne. 102 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles 19. La structure organisationnelle des une puissance de marché significative. marchés du pétrole et du kérosène confère au secteur privé une puissance de marché 20. En outre, l’État conserve un double rôle significative. On compte quatre principaux en tant qu’actionnaire dans les sociétés acteurs dans l’importation et la distribution pétrolières et en tant qu’entité de régulation de produits pétroliers,¹⁴⁹deux sociétés du secteur, fonctions que l’on peut impliquées dans le stockage et le transport raisonnablement qualifier d’incompatibles. de produits pétroliers,¹⁵⁰ et une seule dans En tant qu’actionnaire, l’État a pour objectif le cas du marché du kérosène. De ce fait, le d’accroître la rentabilité du secteur pétrolier. marché des carburants se caractérise par un Même si l’État a vendu sa participation degré élevé de concentration,¹⁵¹ tandis que le majoritaire au cours de la vague de marché du kérosène demeure un monopole. privatisation des années 2000, les droits à En outre, les liens entre ces entreprises sont l’actionnariat sont maintenus, ce qui, selon le solides et elles semblent œuvrer de concert Gouvernement, est important pour accéder à sur des questions stratégiques telles que le des informations sur le secteur et bénéficier prix, par le biais de l’association sectorielle, de la représentation au niveau du conseil le Groupement Pétrolier de Madagascar d’administration. Cependant, dans la pratique, (GPM), qui exerce une grande influence sur le Gouvernement n’a pas été en mesure de tirer la réglementation du secteur.¹⁵² L’affrètement parti de cette opportunité et a un accès limité groupé afin de réduire au minimum les coûts aux informations. Parallèlement, l’autorité de transport maritime et de réaliser des de réglementation, l’Office Malgache des économies d’échelle compte tenu de la taille Hydrocarbures (OMH), est chargée de veiller relativement restreinte du marché est un autre à ce que les coûts fixés soient raisonnables, exemple de ce comportement coordonné. conformément aux normes du secteur, un Bien que cela puisse conduire à des gains rôle qu’il n’a pas été en mesure d’assumer d’efficacité, cela peut également faciliter la jusqu’à présent. L’OMH s’appuie également collusion. La structure du marché du secteur, sur des informations techniques et financières avec la propriété commune et l’intégration fournies par le groupement sectoriel (GPM), verticale des installations de stockage et de qui peuvent entraîner des risques de contrôle transport, confère aux sociétés pétrolières de marché ou de conflit d’intérêts. ¹⁴⁹ Jovena (une filiale du groupe Axian, également détenue majoritairement par Telma) détient la plus grande part de marché) ; Galana (appartenant au groupe Rubis) ; Vivo Energy ; Total Madagascar. ¹⁵⁰ Raffinerie Galana à Toamasina (GRT) propriété de Rubis ; Petroleum Logistics Company (LPSA), propriété de Total et Vivo (voir la figure 68 pour une illustration de la structure du marché). ¹⁵¹ La concentration du marché peut être mesurée à l'aide de l'indice de Herfindahl-Hirschman (HHI), qui prend en compte le nombre d'entreprises et la part de marché qu'elles représentent. Le secteur pétrolier de Madagascar a un IHH de 0,27. Un marché avec un HHI supérieur à 0,18 est généralement considéré comme concentré, tandis que moins de 0,1 pour cent est généralement considéré comme non concentré. Kojima, M., Matthews, W. et Sexsmith, F. (2010). « Marchés pétroliers en Afrique subsaharienne ». Washington DC : Banque mondiale. ¹⁵² Madagascar Economic Update (Printemps 2019) « Gestion du prix du carburant ». 103 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles Figure 68: Structure du marché pétrolier Galana Jovena Vivo Energy Total Groupement distribution Nouvel Import & Petrolier de arrivant GdM: 10% GdM: 6,4% GdM: 20% GdM: 20,6% Madagascar (GPM) Ownership Propiété Potentiel commune de refus de Stockage & transaction transport de la part des GRT LPSA entreprises existantes GdM: 10% GdM: 31% Source : Évaluation du secteur par Beicip-Franlab ; Note de conjoncture économique de Madagascar, printemps 2019 ; Remarque : les pourcentages en jaune indiquent la participation du Gouvernement dans chaque entreprise. 21. À l’heure actuelle, il n’existe pas de mais les compagnies aériennes nationales concurrence en matière de prix sur les n’ont pas cette possibilité, ce qui compromet produits pétroliers. Conformément à la leur compétitivité globale. loi, le prix des produits pétroliers doit être le même sur toute l’étendue du territoire. 22. La fixation des prix du pétrole dérive Cependant, les entreprises ne pratiquent d’une disposition de la loi sur la concurrence, pas la concurrence des prix, même si leurs mais ne s’est pas accompagnée d’une coûts d’exploitation varient. Avant la période collaboration entre l’OMH et le Conseil de de transition politique, une société pétrolière la concurrence pour évaluer le fondement avait baissé ses prix afin d’accroître sa part économique du prix fixé. La loi sur la de marché. Cependant, cette société n’a pas concurrence contient une disposition relative été en mesure de s’approvisionner par la suite à la fixation des prix dans certains secteurs compte tenu des ententes caractérisées en stratégiques contraire aux principes de la matière de transport et de stockage, qui concurrence. Cependant, la fixation des prix ont été l’un des facteurs ayant contribué n’a pas évolué et cela en concertation avec à son retrait du marché malgache. À ce le Conseil de la concurrence, dans le sens où jour, l’organisme de régulation n’a effectué ce dernier n’a pas procédé à une évaluation que peu de tentatives pour encourager la complète de la question pour déterminer si concurrence des prix entre les sociétés les conditions sont réunies afin de contrôler pétrolières. Permettre aux entreprises les prix tel que requis par la loi. d’accéder à des infrastructures communes, qu’elles soient ou non concurrentielles, 23. Des obstacles réglementaires et non devrait être encouragé par le biais de la loi réglementaires freinent l’accès de nouveaux sur la concurrence et favorisé par le Conseil acteurs au marché des produits pétroliers. de la concurrence ainsi que par l’organisme Alors que la Loi 2004-003 sur la libéralisation de régulation. Dans le cas du kérosène, du secteur pétrolier aval inclut comme le prix est déterminé unilatéralement par objectif d’encourager les nouvelles entrées le fournisseur qui détient le monopole du sur le marché, en pratique, la pénétration de marché. En raison des prix plus élevés du nouveaux acteurs a été faible. Au contraire, kérosène à Madagascar par rapport aux des dispositions légales imposant aux autres destinations, les compagnies aériennes nouvelles entreprises d’avoir une couverture internationales préfèrent se ravitailler ailleurs minimale dans les huit zones pétrolières, 104 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles notamment dans les zones géographiques (iii) Secteur analysé : Litchi où les marchés sont restreints et la rentabilité faible, impliquent des coûts d’investissement 24. Les litchis constituent une source importants et dissuadent les nouveaux importante de revenus d’exportation et de opérateurs.¹⁵³ Les coûts élevés liés à revenus pour les petits producteurs. Les litchis l’obtention et au respect des procédures de sont une source de revenus pour plus de 100 licences ont également limité l’entrée dans 000 agriculteurs et travailleurs saisonniers à différents segments de la chaîne de valeur du Madagascar, l’essentiel du potentiel du secteur pétrole, ce qui a entraîné une concentration provenant des marchés d’exportation.¹⁵⁴ La et une augmentation des coûts. S’il est production de litchis est principalement assurée peu probable que l’arrivée d’un nouveau par des petits exploitants, achetée directement concurrent sur le marché résolve tous les aux exploitations par des collecteurs et revendue problèmes du secteur, il est important aux exportateurs qui exploitent des installations d’encourager un environnement qui rend de traitement de soufre (les litchis malgaches possible l’entrée pour permettre une certaine sont généralement traités au soufre pour la concurrence sur le marché et empêcher un conservation pendant le transport) ou d’autres éventuel comportement de cartel. Dans installations de transformation (voir Figure le cas du marché du kérosène, une seule 69). Les exportateurs prennent également en entreprise est autorisée à approvisionner charge l’emballage, le stockage et le transport ce marché, ce qui a été justifié par le coût des litchis par avion ou par bateau. On estime élevé des investissements initiaux. Une telle que les recettes d’exportation représentent plus situation où les nouveaux acteurs ont peu de 80 pour cent de toutes les recettes provenant d’options pour entrer sur le marché contribue de la vente de litchis frais et transformés à à la domination du marché par un nombre Madagascar.¹⁵⁵ Environ 90 pour cent des litchis limité d’entreprises et annihile les mesures malgaches sont exportés vers l’Europe, bien incitatives visant à améliorer la qualité et à que la Russie, le Moyen-Orient et l’Asie de l’Est innover pour gagner des parts de marché. figurent également parmi les clients. ¹⁵³ Loi n ° 99-010 du 17 avril 1999, révisée par la loi n ° 2004-003 du 24 juin 2004 et le décret n ° 2004-669. ¹⁵⁴ Les litchis proviennent de 30 000 petits exploitants dans les régions de Toamasina, Mananjary, Manakara et Taolagnaro sur la côte est de Madagascar. En outre, 75 000 travailleurs saisonniers participent à la récolte, à la collecte, à la transformation et au conditionnement des litchis. Voir OIT (2017) Chaîne d'approvisionnement du litchi de Madagascar : Facteurs incitatifs et contraintes pour la sécurité et la santé au travail. ¹⁵⁵ En supposant un prix de détail sur le marché intérieur de 500 MGA par kilogramme, un prix à l'exportation de 2 000 MGA par kilogramme et un égal volume de vente sur les marchés national et international. 105 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles Figure 69: Représentation graphique de la chaîne de valeur pour l’exportation de litchi Exportation premiers litchis Avances de par voie aérienne trésorerie Production Collecte Exportation du litchis soufrés Production de de litchi et transport Traitement (par voie mari.) plantules Exportation de litchis Transformation transformés (par voie mari.) Fourniture Production Collecte Transformation Exportation Fonctions d'intrants & traitement - Collecteurs/ - 30 000 petits - Producteurs pour - Exportateurs équipés de - Exportateurs - 29 firmes Acteurs transformateurs exploitants premier emballage station de traitement - 25 000 travailleurs (financement) - Plantations industrielles - En. 280 collecteurs au souffre et saisonniers y compris - Exportateurs - 45 000 saisonniers dans la région d'emballage le traitement par les (financement) pour l'exportation Tamatave - Transformateurs- exportateurs - CTHT et pépinières - Industries de exportateurs (pulpe, (production de transformation purée, jus) plantules) - 4 000 travailleurs saisonniers Source : Elaboré par les auteurs. Au regard du rôle central des exportations, le présent diagramme et l’analyse présentés dans cette section portent sur la chaîne de valeur des exportations de litchis frais et transformés. 25. En dépit de la position privilégiée de 26. Les décisions quant aux quantités à Madagascar qui domine le marché européen commercialiser sont prises par l’association pendant l’hiver, moins de la moitié de la des exportateurs qui par ailleurs fixe les récolte est commercialisée, ce qui constitue quotas d’exportation en collaboration une occasion manquée pour augmenter les avec les importateurs et le Gouvernement. revenus des agriculteurs et créer des emplois. Le Groupement des exportateurs de litchi Madagascar domine le marché international (GEL) exporte plus de 90 pour cent des du litchi entre décembre et février en Europe, litchis de Madagascar (en volume) vers représentant environ 80 pour cent des produits deux importateurs européens, qui doivent écoulés pendant cette période.¹⁵⁶ Toutefois, être sélectionnés par le Gouvernement au cette position n’est pas optimisée : sur les terme d’une procédure d’adjudication tous 70 000 à 100 000 tonnes de litchis récoltés les deux ans. Toutefois, dans la pratique, à Madagascar, seulement 30 000 à 40 000 aucun nouvel appel à propositions auprès tonnes sont généralement commercialisées. des importateurs européens n’a été lancé Les acteurs du marché estiment qu’environ la depuis 2013, ce qui empêche la concurrence moitié des produits vendus parviennent aux entre importateurs et par conséquent, sape consommateurs internationaux et l’autre moitié les possibilités d’accroitre les opportunités aux consommateurs nationaux.¹⁵⁷ Une telle d’exportation. Le volume des exportations est situation constitue des occasions manquées de convenu entre le GEL et les deux importateurs créer de meilleurs emplois pour les agriculteurs (actuellement plafonnés à 17 500 tonnes) et et d’augmenter les revenus d’exportation. réparti entre les membres du GEL. L’une des ¹⁵⁶ Rapport de l’étude de référence d'Henri Michael Tsimisanda. La production de Madagascar est estimée à 70 000- 100 000 tonnes par an. Voir aussi Houbin, Chen, Xuming Hang (2012). Overview of litchi production in the world. 4ème Symposium International sur le Litchi, Longane et autres fruits Sapindaceae. White River, Afrique du Sud. Acta Horticulturae, International Society for Horticultural Science. ¹⁵⁷ Entretiens avec des exportateurs de litchis en mars 2019. 106 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles fonctions du GEL est de maintenir sa relation pouvoir de négociation face aux collecteurs d’exclusivité avec les deux importateurs qui disposent des moyens de transport pour européens, ce que l’application du quota se rendre directement dans les exploitations. d’exportation de litchis facilite. Les pratiques En outre, les petits exploitants ont un accès organisationnelles du GEL et ses relations limité aux informations sur les prix pratiqués avec les deux importateurs tiennent en partie dans d’autres lieux, ce qui les empêche de à la problématique du transport maritime qui décider où et quand vendre leurs litchis. Le est coûteux et nécessite un préfinancement faible pouvoir de négociation des agriculteurs de la part des importateurs. en raison d’une mauvaise connectivité est exacerbé par les faibles niveaux d’accès 27. Bien que de nouveaux investisseurs au crédit et les rendements limités par souhaitent éventuellement pénétrer le exploitation en raison de la petite taille marché du litchi et collaborer avec d’autres de leurs champs, un problème commun à importateurs, leur entrée est limitée par d’autres chaînes de valeur, tels que le riz (voir d’importantes barrières. Les obstacles chapitre 4). Ces facteurs combinés contribuent réglementaires incluent la nécessité pour à déconnecter les agriculteurs des marchés et les exportateurs de disposer d’une usine de exacerbent leur faible pouvoir de négociation. soufrage respectant des normes minimales. Toutefois, cette restriction empêche l’entrée 29. Plus en aval dans la chaîne de valeur, les des exportateurs qui n’ont pas besoin de collecteurs de litchis sont confrontés aux prix procéder au soufrage, d’autant plus que les fixes, ce qui restreint la concurrence sur les réglementations ne stipulent pas quelles marchés d’achat. En général, ils travaillent sont ces normes minimales, laissant ainsi une exclusivement pour un seul exportateur marge discrétionnaire importante pour l’octroi moyennant un prix fixé à l’avance. Tous les des licences. Les exportateurs non-membres exportateurs s’accordent sur le prix à payer aux du GEL ou les membres qui ont tenté de collecteurs de litchis. L’établissement collectif dépasser leurs quotas officiels se seraient vu des prix d’achat par les exportateurs peut interdire d’exporter leurs produits au port de restreindre la concurrence sur les marchés Toamasina. En outre, la non-application de la d’achat et donc de nuire aux revenus des loi sur la concurrence signifie que les risques agriculteurs. En outre, pour la petite partie de comportement potentiellement collusif des litchis exportés hors des marchés de l’UE, (sur le marché de l’achat et l’exportation des le GEL dispose de l’autonomie nécessaire litchis) ne font pas l’objet de suivi. pour fixer des prix de référence, limitant ainsi la concurrence par les prix, sans réelle 28. En plus du fait que le volume de litchi justification socioéconomique. à exporter est limité, les agriculteurs ne disposent que d’une faible marge de (iv) Secteur analysé : Vanille manœuvre pour négocier les prix. Les litchis sont très périssables, ce qui signifie 30. La vanille connaît une flambée des prix que les ventes dans les exploitations sont et Madagascar en est le premier exportateur. uniquement destinées aux marchés locaux. Le faible coût de la main-d’œuvre et un Dans de nombreuses régions productrices de climat bien adapté ont permis à Madagascar litchis, les agriculteurs n’ont pas la possibilité d’exercer une position dominante sur le d’évacuer leurs produits faute de routes marché international de la vanille, avec plus praticables et cette situation réduit leur de la moitié des exportations mondiales 107 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles depuis 2014.¹⁵⁸ Les exportations de vanille ne revient pas aux petits exploitants. Les représentaient 26 pour cent des recettes producteurs de vanille vendent généralement d’exportation de Madagascar en 2017 soit leurs gousses à des intermédiaires avant environ 6,8 pour cent du PIB national. Le toute transformation. La vanille verte ou non secteur occupe plus de 80 000 ménages de transformée ne peut pas être stockée sans producteurs et plus de 6 000 intermédiaires. détériorer sa qualité et doit donc être vendue Outre les emplois saisonniers, la vanille peu de temps après la récolte. Alors que la génère environ 200 000 emplois directs, plupart des ventes se font sur un marché au principalement dans la région de SAVA (côte comptant informel, principalement dans les nord-est), qui produit entre 85 et 90 pour cent exploitations ou dans la rue, les marchés de gros de la vanille malgache.¹⁵⁹ L’augmentation des contrôlés au niveau local servent également exportations de vanille, principalement par pour la vente. Dans le cas de la vanille verte, les l’amélioration de la qualité, a été un objectif collecteurs (souvent embauchés et financés principal du Gouvernement.¹⁶⁰ par des préparateurs ou des exportateurs) achètent la vanille auprès de différents 31. Cependant, la majeure partie du prix final producteurs ou de petits collecteurs. Figure 70: Chaîne de valeur de la vanille d’exportation Exportation de la vanille noire Avances de trésorerie Production Préparation et Exportation Collecte conditionnnement de la vanille rouge de vanille et transport Plants de vanilliers Transformation et Exportation Vente au niveau de l'exploitation conditionnnement d'extrait de vanille Approvisionnement Fonctions Production Collecte Traitement Exportation en intrant - Offre de prêt - Culture (plantation, - Collecte des gousses - Triage - Conditionnement Activités - Assistance technique taille, pollinisation) vertes dans les - Préparation traditionelle - Transport vers le port/ - Plants de vanilliers - Récolte exploitations (70% ou moins) aéroport - Plants de vanilliers et - Préparation (20% des - Transport aux centres - Préparation rapide - Stockage arbres-tuteurs producteurs prépare de traitement (20-30%) - Courtage la vanille) - Extraction verte (10%) - Traitement secondaire Acteurs - Exportateurs (assistance - Petits exploitants - Collecteurs - Paysans et - Exportateurs (123 agréés technique à plus 10 000 indépendants (80 000 +) (environ 3 000, 10% préparateurs en 2018, 15 principaux/ paysans et prêts - Coopératives/ formels) et mandataires (préparation manuelle de confiance) - Prêts d'institutions associations de des collecteurs traditionelle) - Symrise dispose d'une de microcrédit proucteurs associés à - Agents de commission - Agents de commission part de marche de 70% - Agents de commission/ des exportateurs - Préparateurs - Collecteurs pour l'extrait de vanille collecteurs (contrat - Plantations - Exportateurs - Exportateurs (ex. QCP) - Quatre sociétés sur fleurs) industrielles d'exportation - ONG (plants) représentent 50% des gousses (Somava, Authentic Products M/car, Origines/ Symrise, Planifolia) - Négociants et courtiers Source : Elaboré par les auteurs. ¹⁵⁸ FAOStat, 2018. ¹⁵⁹ Organisation internationale du travail, 2011. ¹⁶⁰ Observatoire de la complexité économique, 2017, htpps://atlas.media.mit.edu/en/profile/country/mdg/ 108 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles 32. La chaîne de valeur de la vanille est les producteurs (telle que l’agriculture fortement contrôlée et réglementée, contractuelle). Le Gouvernement a interdit protégeant les intérêts acquis et limitant le conditionnement sous vide en 2016 l’entrée et la croissance des collecteurs, (décision prise par le Ministère du Commerce des transformateurs et des exportateurs. Il en collaboration et en concertation avec existe des exigences portant sur le volume la Plateforme Nationale de la Vanille qui minimal et maximal des opérations de même regroupe les principaux exportateurs), afin que d’autres règles d’entrée restrictives. Par de se prémunir contre les risques d’atteinte à exemple, les préparateurs désireux d’acheter la réputation du produit – le conditionnement ou vendre de la vanille verte sur les marchés sous vide pose problème pour l’évaluation par contrôlés sont tenus de démontrer leur les acheteurs de la qualité du produit¹⁶¹ – mais capacité à préparer au moins cinq tonnes aussi afin de limiter les récoltes prématurées. de produits. Les collecteurs ne sont pas Toutefois, l’interdiction peut limiter les options autorisés à employer plus de cinq agents. de vente en incitant les acteurs à vendre Les exportateurs sont tenus de renouveler immédiatement leurs produits pour éviter leur licence tous les ans. Tous les acheteurs leur détérioration et peut empêcher les et vendeurs des marchés contrôlés de la volumes de réagir aux signaux de prix. Dans vanille verte doivent être enregistrés. Selon l’ensemble, la réglementation du marché a la réglementation, la Direction Régionale du réduit l’élasticité de l’offre par rapport au prix, Commerce émet un avis sur l’enregistrement ce qui peut exacerber la volatilité des prix. des collecteurs, des préparateurs et des exportateurs, tandis que la Direction 34. Faciliter l’entrée de nouveaux acteurs sur Régionale du Développement Rural décide le marché local de la vanille pourrait aider de l’enregistrement des producteurs. Dans le Madagascar à conserver sa position sur le même temps, le processus d’enregistrement marché mondial tout en faisant bénéficier est géré par un Conseil sectoriel composé, une plus grande partie de la population. Les entre autres, de représentants des opérateurs prix de la vanille étant élevés, un plus grand déjà en place (y compris les collecteurs, nombre de producteurs devraient pouvoir les préparateurs, les exportateurs et les opérer sur le marché malgache, de même que agriculteurs), ce qui pourrait générer un conflit les destinations concurrentes, ce qui devrait d’intérêts susceptible d’entraver l’entrée de contribuer à moyen terme à faire baisser les nouveaux opérateurs. prix. Madagascar détient actuellement 80 pour cent du marché mondial de la vanille. La vanille 33. Les interventions du Gouvernement dans est une denrée à forte intensité de main- le secteur ont également eu pour effet de d’œuvre, exigeant que les plants de vanille limiter les options offertes aux producteurs. soient pollinisés manuellement. Cependant, Le Gouvernement exige que la vente de vanille à un prix cinq fois supérieur à celui d’il y a trois verte se fasse sur les marchés contrôlés pour ans, l’avantage comparatif de Madagascar en maintenir le contrôle de la qualité, protéger raison des coûts de main-d’œuvre peu élevés les agriculteurs et décourager les vols - mais n’est plus évident étant donné d’autres pays aux ces marchés peuvent également entraver coûts de main-d’œuvre plus élevés, tels que d’autres options de commercialisation pour l’Ouganda, sont désormais en mesure d’investir ¹⁶¹ Potentiellement en raison du non-respect de la réglementation d’origine sur la teneur en vanilline et en humidité de la vanille conditionnée sous vide. 109 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles dans la production de vanille.¹⁶² De même, le fonctionnalité et l’indépendance de l’organisme prix actuel rend attrayants les investissements de régulation. dans de meilleures vanillines synthétiques.¹⁶³ En définitive, ces nouveaux acteurs feront 36. Sur le marché des produits pétroliers, la baisser les prix et entraîneront une perte de lutte contre les pratiques anticoncurrentielles la part de marché détenue par Madagascar. pourrait accroitre la concurrence par les prix Une stratégie qui favoriserait la concurrence et réduire les prix du kérosène. Les réformes intérieure entraînerait également une baisse clés comprennent les éléments suivants: des prix mais n’occasionnerait pas une perte de (i) faire respecter l’obligation pour l’OMH recettes d’exportation et favoriserait l’emploi à d’obtenir un meilleur accès aux informations Madagascar plutôt qu’à l’étranger. d’exploitation des entreprises, notamment les informations sur les coûts réels ; (ii) encourager D. Options politiques et la concurrence des prix de détail grâce au réformes visant à lutter suivi de la fixation des prix/de la division du contre les comportements marchés par le Conseil de la concurrence ; anticoncurrentiels (iii) réduire les barrières à l’entrée pour les nouvelles entreprises, y compris l’accès aux (i) Réformes sectorielles spécifiques infrastructures de transport et de stockage ; (iv) appliquer une réglementation asymétrique 35. Sur le marché des télécommunications, progressive sur l’exigence de couverture les réformes pourraient entrainer une baisse minimale ; (v) autoriser d’autres entreprises des prix du haut débit et une pénétration plus du marché du kérosène à obtenir des importante, ce qui contribuerait également à la licences ; et (vi) encourager les associations croissance et soutiendrait les secteurs tels que de consommateurs à procéder au suivi des les IT/BPO et le secteur financier. Les réformes prix et à participer à des activités de plaidoyer. clés comprennent les éléments suivants: (i) faire respecter l’obligation pour l’organisme 37. Sur le marché du litchi, les réformes de régulation d’identifier les acteurs avec visant à ouvrir le marché de l’exportation une puissance significative de marché ; (ii) pourraient entraîner une demande accrue assurer l’accès des tiers à des installations des produits agricoles, ce qui pourrait créer à effet de goulot d’étranglement ; (iii) lever des emplois et encourager les agriculteurs à l’interdiction d’investir dans les infrastructures accroitre leur production. Les réformes clés dorsales dans des zones susceptibles de faire comprennent éléments suivants (i) supprimer concurrence à l’opérateur en place ; (iv) réduire le quota d’exportation ; (ii) rationaliser les les coûts des licences ; (v) attribuer le spectre exigences en matière de licences, notamment par voie d’appel d’offres ; (vi) veiller à ce que en supprimant l’obligation de posséder une le Fonds d’accès et de service universel soit usine de soufrage et en clarifiant les normes utilisé de manière objective pour réaliser des minimales afin d’éviter toute libre interprétation investissements en milieu rural ; (vii) envisager ; (iii) revoir le rôle du GEL, dans un nouveau une possible réglementation asymétrique des cadre pour les associations privées d’intérêt tarifs d’interconnexion ; et (viii) améliorer la public ; et (iv) organiser des concertations entre ¹⁶² https://www.bloomberg.com/news/articles/2018-03-07/vanilla-production-in-uganda-surges-as-farmers- battle-thieves ¹⁶³ https://www.ft.com/content/f16d8766-ee13-11e6-930f-061b01e23655 110 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles organisations internationales, ONG, société anticoncurrentielles à l’échelle de l’économie, civile et gouvernements pour encourager en s’appuyant sur les politiques et mesures les acheteurs/importateurs à réaliser des efficaces existantes, ou en tirant parti des audits de la chaîne de valeur conformément expériences d’autres pays dans des situations aux exigences en matière de responsabilité similaires. En ce qui concerne la justice sociale des entreprises. commerciale, certaines affaires pourraient être réglées par d’autres alternatives de 38. Sur le marché de la vanille, la réduction médiation qui pourraient être basées sur des obstacles à l’entrée pour les nouveaux l’expérience acquise dans d’autres pays.¹⁶⁴ acteurs et l’adoption par le Gouvernement Pour éviter la manipulation de l’administration d’une réglementation y afférente pourrait fiscale, il convient de poursuivre les permettre à un plus grand nombre de mesures basées sur la performance et qui planteurs de participer à la chaîne de valeur. ont fait leurs preuves dans le domaine des Les réformes clés comprennent les éléments douanes.¹⁶⁵ Bien que Madagascar ait franchi suivants: (i) supprimer l’interdiction arbitraire une première étape avec la publication des du conditionnement sous vide au profit d’un états des dépenses fiscales, il est possible de meilleur étiquetage, d’une traçabilité et d’une progresser davantage en rendant transparents application plus strictes de cette mesure ; (ii) les critères utilisés pour justifier l’attribution lever les barrières réglementaires restrictives des marchés publics afin d’accroître le telles que la limitation du nombre d’agents contrôle du public.¹⁶⁶ De même, les principes pouvant travailler avec un fournisseur ; (iii) de l’appel d’offres ouvert pourraient être veiller à ce que le Conseil de la concurrence progressivement appliqués à la passation de fasse le suivi des exemples de fixation des marchés et à l’attribution de licences.¹⁶⁷ prix et d’autres comportements collusoires ; (iv) comme pour le secteur du litchi, permettre 40. Le fondement institutionnel de la aux entreprises internationales de réaliser des concurrence devrait être renforcé en audits de la chaîne de valeur ; et (v) limiter améliorant le contenu du droit de la les interférences du Gouvernement sur les concurrence. Des amendements récents marchés et autoriser l’agriculture contractuelle visant à renforcer la loi, notamment la ou d’autres formes d’organisation de la chaîne clarification des éléments à prendre en compte de valeur telles que les Associations publiques pour déterminer la position dominante, la ayant un statut juridique privé. modification de la disposition relative aux monopoles de manière à interdire tout abus (ii) Réformes à l’échelle de l’économie de pouvoir, notamment des sanctions pour la plupart des pratiques anticoncurrentielles 39. Les réformes institutionnelles devraient et le renforcement du cadre financier et contribuer à lutter contre les pratiques administratif du Conseil de la concurrence. ¹⁶⁴ htpp:/ /pubdocs.worldbank.org/en/952171510251453291/IPP-Tools-booklet.pdf. Les exemples comprennent : Bosnie-Herzégovine, République dominicaine et Géorgie, ainsi que des projets pilotes plus récents en Albanie, en Colombie, en République kirghize et en Mongolie ¹⁶⁵ htpp:/ /documents.worldbank.org/cured/fr/714611506078407127/Customs-reform-and-performance-contracts- early-results-fr- Madagascar ¹⁶⁶ htpp:/ /documents.worldbank.org/cured/en/970941498201633115/pdf/116658-PUB-Date-6-16-2017-PUBLIC.pdf ¹⁶⁷ htpps:/ /openprocurement.io/en/cases/prozorro. Voir par exemple : Système Ukrainien ProZorro - Normes d’appel d’offres ouvert généralement utilisées 111 S’attaquer aux pratiques anticoncurrentielles Cependant, il est encore possible d’améliorer et à fournir des preuves de l’existence de la loi en incluant l’interdiction en soi des cartels. Pour que le Conseil de la concurrence ententes injustifiables. En outre, la loi sur la soit efficace, il doit ériger des balises pour concurrence prévoit également un contrôle préserver son indépendance, en particulier des prix, qui peut s’appuyer sur les demandes dans les secteurs dominés par des opérateurs d’opérateurs privés pour les secteurs liés à la sphère politique. À l’avenir, le Conseil caractérisés par un monopole ou une « devrait disposer de ressources suffisantes pour difficulté d’approvisionnement », ne limitant lui permettre de diligenter des enquêtes et pas ainsi le recours au contrôle des prix aux des investigations indépendantes. En outre, le cas de défaillance manifeste du marché. La Conseil devrait collaborer avec les organismes réponse à ces lacunes de la loi peut justifier de réglementation sur les questions spécifiques l’adoption d’une législation dérivée. aux différents secteurs pour interpréter l’application de la loi sur la concurrence à des 41. Les faiblesses du Conseil de la concurrence pratiques spécifiques à un secteur. font partie des obstacles à la mise en œuvre effective du droit de la concurrence depuis 42. Pour que les organismes de réglementation 2005. Dans tous les secteurs examinés dans accroissent leur efficacité, il est important ce chapitre, le Conseil de la concurrence d’améliorer les procédures de nomination a une large possibilité d’intensifier son en vue de renforcer leur indépendance. suivi et de sanctionner les comportements Par exemple, dans le cas de l’organisme de anticoncurrentiels, d’estimer les impacts régulation des télécommunications, bien quantitatifs de l’absence de concurrence et que les personnes nommées au conseil de communiquer les résultats au public et ne puissent pas être des employés d’une aux décideurs. Cependant, ces actions ne entité agréée par l’ARTEC, leur affiliation sont pas entreprises de manière significative. politique ou organisationnelle peut parfois Pour renforcer l’effet dissuasif de la loi sur les nuire à leur indépendance. En se fondant sur comportements anticoncurrentiels, le Conseil les enseignements tirés d’autres pays, les doit envisager de mettre en place un dispositif membres du Conseil pourraient être nommés de dissuasion par des mesures coercitives à l’issue d’un processus de recrutement ouvert assorties de peines suffisantes. L’élaboration et concurrentiel et, dans certains cas, une d’un cadre pour les règlements contribuera expertise internationale pourrait également également à accroître l’efficacité de la mise être sollicitée, en particulier au début de la en application. En outre, dans d’autres pays, réforme de l’organisme de régulation afin de un programme d’indulgence¹⁶⁸ a été élaboré fournir des orientations pratiques pour une pour encourager les entreprises à se dénoncer réglementation efficace. ¹⁶⁸ L’indulgence peut être décrite comme un système d'immunité et de réduction des amendes et des sanctions qui seraient par ailleurs applicables à un participant à un cartel en échange de la déclaration d'activités anticoncurrentielles illégales et de la fourniture d'informations ou de preuves. Plus de 50 juridictions ont adopté un programme d’indulgence dont : l’Australie, le Brésil, la Chine, l’Allemagne, l’Inde, la Corée, la Malaisie, le Mexique, la Russie, Singapour, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les États-Unis ; et l'UE. 112 UNDERSTANDING COMOROS' Résumé des réformes LOW GROWTH PERFORMANCE 113 113 Résumé des réformes Ce chapitre résume les principales réformes proposées dans ce Mémorandum économique de Madagascar. Ces réformes portent sur les moyens d’améliorer la connectivité, la productivité du travail, le capital humain, le climat des affaires, et l’utilisation de technologies plus avancées dans le secteur agricole. A. Introduction reste inadéquate, en particulier pour les projets à financement externe, ce 1. Ce chapitre présente les réformes qui en compromet l’exécution. Une prioritaires définies dans les chapitres réponse à ces contraintes pourrait précédents et dont l’objectif est de faciliter aider à débloquer les investissements une croissance productive, inclusive et nécessaires au commerce le long des durable à Madagascar. Les recommandations principaux corridors agricoles du pays du MEM s’appuient sur les réussites des et pourrait favoriser l’intégration avec les secteurs qui ont tiré la croissance au cours principaux partenaires commerciaux. Les des six dernières années pour dégager des efforts visant à développer de nouvelles enseignements et atténuer les contraintes de infrastructures doivent être envisagés manière à contribuer à une croissance plus parallèlement à la planification de forte. Les réformes et plans d’investissement l’exploitation et à la maintenance du stock en cours sont distingués des réformes d’infrastructures existant. en phase d’élaboration ou de nouvelles suggestions avancées par ce rapport. • Étendre l’accord « ciel ouvert » et Les domaines prioritaires du programme réformer le segment du transport aérien du gouvernement ont également été intérieur. Bien que Madagascar se soit soigneusement pris en compte, notamment engagé dans le processus de libéralisation dans la promotion d’emplois décents pour de son accès aérien, il est possible tous, le développement du capital humain et d’aller beaucoup plus loin en ouvrant de l’amélioration des infrastructures matérielles. nouvelles dessertes et en permettant à de nouvelles compagnies aériennes B. Voies à suivre pour améliorer d’opérer dans l’espace aérien du pays. la croissance inclusive Le secteur du transport aérien intérieur pourrait également être renforcé, ce qui 2. Les réformes prioritaires sont regroupées nécessiterait à la fois des réformes des en quatre axes: renforcer la connectivité, politiques et de nouvelles infrastructures, développer le capital humain, uniformiser notamment une plus grande concurrence les règles du jeu et améliorer la productivité sur le marché du kérosène. agricole (Tableau 9). • Renforcer la compétitivité du secteur 3. Renforcer la connectivité des télécommunications. Grâce à des • Améliorer l’exécution des projets investissements substantiels dans d’infrastructures de transport routier en le secteur des télécommunications, préparation. Bien que plusieurs projets le haut débit à Madagascar est d’infrastructure à l’étude existent, la exceptionnellement rapide, mais les gestion des investissements publics coûts élevés par rapport aux revenus 114 Résumé des réformes impliquent que les taux de pénétration sociale et environnementale. Il est crucial restent faibles. La dynamique de pour l’effort visant à rendre l’énergie renforcement de la concurrence dans le renouvelable abordable de réformer secteur des télécommunications pourrait la compagnie publique d’électricité, être concrétisée par un renforcement du la JIRAMA, de manière à ce qu’elle rôle de l’organisme de régulation dans les devienne un preneur crédible de projets domaines suivants : (i) déterminer quels à financement privé. sont les acteurs ayant une puissance de marché significative ; (ii) fixer une 4. Capital humain et main-d’œuvre répartition objective du Fonds d’accès et • Renforcer les services publics de base de service universel ; (iii) veiller à ce que grâce à des interventions à multiples l’attribution du spectre se fasse par voie facettes. Les réformes ont déjà pris de de mise en concurrence ; et (iv) envisager l’élan, en particulier dans le secteur de une éventuelle régulation asymétrique l’éducation, mais les efforts doivent être des taux d’interconnexion. L’accès à accélérés si Madagascar veut améliorer des infrastructures critiques pourrait les résultats de l’apprentissage et également faciliter la concurrence, réduire les taux trop élevés de retard de par exemple en permettant l’accès croissance. Il est nécessaire d’adopter une de tiers à des installations à effet de approche holistique pour la formation des goulot d’étranglement et en mettant enseignants et la gestion des carrières, fin à l’interdiction d’investir dans des tout en veillant à ce que les enseignants infrastructures dorsales dans des zones soient recrutés de manière compétitive en susceptibles de faire concurrence à fonction de leurs compétences. Pour lutter l’opérateur en place. contre le retard de croissance, il faudrait renforcer le système de santé (investir • Améliorer l’accès à l’électricité dans les agents de santé, renforcer le produite à partir de sources d’énergie suivi et la gestion), améliorer l’accès aux renouvelables en mettant en œuvre le services d’approvisionnement en eau plan de développement au moindre coût et d’assainissement et promouvoir des et en réformant la JIRAMA. Des réformes pratiques parentales positives, y compris substantielles ont été engagées pour en matière de nutrition. remédier aux faibles taux d’électrification et à la mauvaise santé financière de la • Accroitre les ressources allouées aux compagnie publique d’électricité, ce dépenses en rapport au capital humain qui nécessite une impulsion continue. grâce à l’amélioration des systèmes et Les principales réformes consistent procédures de gestion financière. Les notamment à s’assurer que les projets dépenses consacrées à l’éducation et à d’énergies renouvelables en préparation la santé à Madagascar sont parmi les plus soient mis en œuvre conformément au faibles au monde. Cependant, pour pouvoir plan et que ces nouveaux investissements plaider en faveur d’une augmentation des soient sélectionnés selon une approche dépenses publiques, il faudrait continuer au moindre coût, en fonction de la à améliorer les pratiques de gestion demande et de la capacité à payer, étayés financière dans le cadre des réformes afin par des études de faisabilité financière, de réduire les risques de fuites. 115 Résumé des réformes • Encourager le leadership féminin d’autres moyens de faire des affaires, pour rehausser la productivité et la notamment en manipulant les règles et possibilité pour Madagascar de réaliser les réglementations. La réponse à ces un dividende démographique. Le taux problématiques exige une approche d’activité des femmes sur le marché à multiple facettes. Dans certaines du travail à Madagascar est élevé, industries agroalimentaires telles que le mais la qualité de l’emploi est faible, cacao, les associations privées d’intérêt compte tenu de la forte prévalence public ont joué un rôle important, assurant de l’informalité et de l’agriculture de que les avantages des exportations subsistance. Il a été démontré que les se fassent ressentir de manière plus entreprises qui emploient des femmes à inclusive, cette approche pouvant être des postes de direction ont des niveaux encouragée dans un cadre réglementaire plus élevés de croissance de l’emploi et global. La loi sur la concurrence pourrait de la productivité. Les taux de fécondité être renforcée davantage pour interdire à Madagascar sont en baisse et le pays se spécifiquement la cartélisation, un effort caractérise par une population jeune (41,6 qui pourrait être soutenu par l’efficacité du pour cent de la population a moins de 15 Conseil de la concurrence. Ces mesures ans). Le fait d’encourager les femmes à pourraient être rehaussées en s’attaquant occuper des postes de direction peut aux obstacles à l’entrée d’ordre non servir de modèle pour la prochaine réglementaire qui confèrent à certaines génération, ce qui pourrait à son tour entreprises des avantages, tels que les constituer une incitation supplémentaire pratiques discrétionnaires en matière de à la réduction des taux de fécondité, en passation de marché et de fiscalité. particulier à mesure que le secteur formel se développe. • Pour encourager les nouveaux investisseurs à Madagascar, il faudrait, 5. Uniformiser les règles du jeu entre autres, appliquer l’Accord sur la • Renforcer le cadre institutionnel facilitation des échanges. Ces mesures pour les pratiques de concurrence consisteraient à cerner et à éliminer les afin de promouvoir la productivité procédures discrétionnaires et à soutenir et la durabilité de la croissance. Les les programmes de suivi des investisseurs. faiblesses du climat d’investissement Pour aller plus loin, l’amélioration de la ont amené les entreprises à trouver justice commerciale et de l’arbitrage Une approche holistique pour la formation des enseignants et la gestion des carrières est nécessaire. 116 Résumé des réformes pourrait également contribuer à encourager d’entrepôt soit efficace, il faudrait que les les investissements en favorisant un accès organisations d’agriculteurs s’améliorent, plus équitable aux marchés. par exemple par le biais de coopératives. L’implantation de rizeries régionales • Le cadre des affaires pourrait être permettrait également de réduire les amélioré davantage par la réduction des coûts de transport du riz sur de longues taux d’intérêt, ce qui exigerait de réduire distances et d’améliorer la compétitivité les risques. Les recommandations visant des agriculteurs nationaux. à réduire les risques incluent la mise à disposition d’un Bureau d’information du • Promouvoir l’accès à l’information pour crédit, l’adoption d’une loi sur les sûretés aider à remédier aux inefficiences du mobilières pour permettre les prêts marché. Des investissements dans des fondés sur les actifs et l’amélioration de systèmes d’information, même très l’infrastructure juridique et de l’efficacité simples, pour le riz et d’autres cultures, du système judiciaire, notamment en ce constitueraient un bon moyen d’améliorer qui concerne les procédures de crédit et l’efficacité des marchés, par exemple au de faillite. moyen de bulletins radio, une activité déjà mise en œuvre par le passé mais qui a pris 6. Encourager l’adoption de technologies fin avec le financement des bailleurs. Ces améliorées, en particulier dans le secteur efforts pourraient être complétés par des de l’agriculture investissements dans des systèmes de • Rapprocher les agriculteurs des télédétection permettant de mesurer les marchés en améliorant la connectivité. rendements des cultures et de déterminer Les améliorations apportées aux routes les excédents existants dans le pays. rurales peuvent rapprocher physiquement les agriculteurs des marchés. Ces • L’annulation des interdictions arbitraires efforts peuvent être complétés par un d’exportation du riz et d’autres produits rapprochement figuratif des agriculteurs pourrait également contribuer à stimuler aux marchés, par exemple par un système les exportations de produits agricoles. Le de récépissé d’entrepôt qui permettrait riz de spécialité qui dessert des marchés aux agriculteurs de produire et de vendre de niche a été soumis à des interdictions lorsque les prix sont plus élevés et aux d’exportation qui ne sont pas appliquées opérateurs de positionner leurs stocks de manière uniforme. L’annulation de dans le pays jusqu’à ce qu’ils soient ces interdictions ponctuelles pourrait physiquement nécessaires. Cependant, contribuer à améliorer la prévisibilité de pour que le système de récépissé l’environnement des entreprises. 117 118 Tableau 9: Résumé des principales réformes et des impacts attendus Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement Renforcement Il existe un ensemble de projets portant sur les • Renforcer les systèmes pour soutenir • Inclusion (chapitre 2) : l’amélioration des de la connectivité routes nationales (financées en grande partie par l’exécution de projets d’investissement à réseaux routiers permettra de lever les Résumé des réformes des fonds extérieurs), mais la mise en œuvre n’a financement externe (en cours) contraintes de connectivité des principales pas suivi le rythme prévu. • Envisager de nouvelles sources de zones de production agricole. financement pour l’exploitation et la • Pilier 11 du programme gouvernemental sur maintenance (comme le stationnement, les infrastructures l’enregistrement des véhicules et les frais d’inspection) (nouveau) • Améliorer le système de transport en commun pour faciliter l’accès aux emplois (en cours) Le transport aérien est important pour le • Revoir la politique de ciel ouvert partiel • Inclusion et productivité (chapitres 2 et 3) transport de fret et de passagers, mais les tarifs (après 2020) pour accroitre les dessertes : la disponibilité du transport aérien à un sont élevés et les itinéraires sont restreints. vers Madagascar (partiellement en cours) coût raisonnable réduira les contraintes de • Ouvrir le marché du kérosène à la connectivité et les coûts de production. concurrence afin de réduire les coûts des • Pilier 8 du programme gouvernemental sur tarifs passagers et du fret (nouveau) le tourisme. La vitesse du haut débit est rapide, mais les coûts Réduire les obstacles réglementaires et non • Inclusion et productivité (Chapitres 3 et 5) sont élevés et la connectivité rurale est faible. réglementaires (il y a un élan en faveur de la réforme : le traitement égalitaire des opérateurs du secteur, mais les réformes sont nouvelles) contribue à la viabilité tandis que l’ouverture • L’organisme de régulation doit identifier les du marché à la compétition réduira les coûts acteurs ayant une puissance de marché d’exploitations ; l’accès amélioré libèrera le significative ; potentiel de création d’emplois formels. • Assurer l’accès des tiers aux installations • Même s’il n’existe pas de pilier sur le digital ayant un effet de goulot d’étranglement ; dans le programme du gouvernement, • Mettre fin à l’interdiction d’investir dans il s’agit d’une réforme prioritaire avec un les infrastructures dorsales dans les certain élan. zones susceptibles de faire concurrence à l’opérateur déjà en place ; Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement • Réexaminer les coûts des licences ; • Promouvoir l’attribution du spectre par voie de mise en concurrence ; • Veiller à ce que tous les opérateurs puissent être pris en compte de manière juste et objective au titre du Fonds d’accès et de service universel ; • Envisager une éventuelle réglementation asymétrique des tarifs d’interconnexion pour donner une meilleure chance aux petits opérateurs ; et • Améliorer la fonctionnalité et l’indépendance de l’organisme de régulation, notamment en renforçant sa collaboration avec le Conseil de la concurrence Les taux d’électrification sont bas et • Sélectionner des projets hydroélectriques • Productivité et durabilité (chapitres 2 et l’approvisionnement en énergie n’est pas fiable. au moindre coût, étayés par des études 3) : les réformes du secteur de l’énergie de faisabilité financières, sociales et élimineront l’un des obstacles les plus environnementales (en cours) contraignants pour les entreprises, à Poursuivre les améliorations apportées à la savoir la qualité et le coût de l’énergie, et JIRAMA pour avancer vers le redressement allégeront le fardeau des subventions sur financier (en cours) les finances publiques. • Améliorer le recouvrement des recettes • Programme du Gouvernement - pilier 2 sur • Réduire les pertes non techniques l’énergie. • Promouvoir une plus grande transparence dans la renégociation des arriérés • Appliquer une politique tarifaire bien définie (en préparation) Investir dans le Les programmes de formation professionnelle • Le secteur public doit promouvoir une • Inclusion et productivité (chapitres 2 et capital humain ne répondent pas aux besoins du secteur privé. bonne coordination des programmes de 3) : une formation professionnelle mieux formation professionnelle afin d’éviter les organisée fournira aux secteurs en 119 Résumé des réformes 120 Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement initiatives occasionnelles et fragmentées croissance la main-d’œuvre nécessaire à (nouveau) l’efficacité et à leur développement, tout en offrant aux travailleurs des possibilités d’accéder à des emplois. Résumé des réformes Le fait que les femmes occupent des postes • Promouvoir les femmes dans des rôles de • Inclusion et productivité (chapitres 2 et 3) : de direction est corrélé à une plus grande responsabilité croissante et encourager les l’accès des femmes à des postes de direction productivité du travail et une plus forte croissance modèles de rôles féminins (nouveau) augmentera la productivité des entreprises. de l’emploi dans les entreprises. Les enseignants manquent de compétences • Développer une approche holistique de la • Inclusion et productivité (chapitres 2 et 4) et de qualifications nécessaires pour améliorer formation des enseignants et de la gestion : l’acquisition des compétences de base les résultats d’apprentissage de la prochaine de carrière (en cours) renforcera la capacité à apprendre au génération. niveau de l’enseignement supérieur et à accéder à des emplois. • Programme du Gouvernement - pilier 4 Education pour tous. Renforcer la qualité de la prestation des • Améliorer la formation des agents de santé • Inclusion et productivité (chapitres 2 et 4) : services de santé et de nutrition communautaires (en cours l’amélioration de la prestation de services dans certaines zones) de santé en milieu rurale réduira l’écart • Accroître l’adoption des soins prénataux au entre milieux urbain et rural et stimulera la cours des trois premiers mois de grossesse productivité du travail. (en cours dans certaines zones) • Améliorer le suivi et la gestion du système de santé (certaines interventions en cours dans des certaines zones, notamment le suivi de la disponibilité en stock de médicaments traceurs dans les centres de santé de base) Réduire le retard de croissance afin que les • Améliorer l’accès aux services d’eau et • Inclusion et productivité (chapitre 2) : citoyens soient en bonne santé et productifs d’assainissement (en cours) la réduction du retard de croissance • Promouvoir des pratiques parentales améliorera les résultats d’apprentissage et positives (telles que l’allaitement maternel), la productivité Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement y compris en matière de nutrition (en cours) Uniformiser les Les règles et les réglementations sont • Renforcer la justice commerciale, • Inclusion et durabilité (chapitre 5) : règles du jeu manipulées pour accéder aux marchés et notamment en recourant au Centre l’uniformisation des règles du jeu facilite conserver cet accès, ce qui entraîne des d’arbitrage et de médiation (processus en l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché, pratiques d’affaires déloyales. cours mais perte d’élan) réduit les coûts indus pour les entreprises • Continuer à renforcer les contrôles et les consommateurs et atténue l’un des douaniers (en cours) facteurs d’instabilité politique. • Éviter les pratiques fiscales discrétionnaires • Programme du Gouvernement - pilier 3 sur au gré des circonstances en limitant la lutte contre la corruption. l’utilisation des dépenses fiscales, notamment en publiant les critères d’attribution (réformes engagées mais dépenses fiscales en augmentation) • Soutenir les processus de passation des marchés par voie électronique et les normes de passation de marché ouvertes (élan pour la réforme mais relativement nouveau) • Assurer une plus grande transparence dans le recrutement des membres du conseil d’administration des agences de régulation et des entreprises publiques (mise en œuvre non uniforme) • Renforcer la loi sur la concurrence afin d’interdire les comportements cartélistiques et éliminer le contrôle des prix (nouveau) • Soutenir un cadre pour les associations privées d’intérêt public (en s’appuyant sur l’exemple du cacao) (nouveau) L’accès au financement est important pour la • Améliorer l’infrastructure de crédit, y compris • Inclusion et productivité (chapitre 2) : productivité du travail des entreprises mais les la disponibilité d’un bureau d’information du les réformes visant à faciliter l’accès au taux d’intérêts sont élevés. crédit (en cours) financement amélioreront la productivité 121 Résumé des réformes 122 Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement • Autoriser les prêts reposant sur des actifs des entreprises. par l’adoption de la loi sur les sûretés mobilières (en cours) • Améliorer l’infrastructure juridique et Résumé des réformes l’efficacité du système judiciaire afin • Inclusion et productivité (chapitre 2) : de réduire les risques répercutés aux les réformes visant à faciliter l’accès au consommateurs sous forme de taux financement amélioreront la productivité d’intérêt plus élevés (en cours mais mise en des entreprises. œuvre non uniforme) Les investisseurs sont confrontés à des • Appliquer l’Accord sur la facilitation procédures compliquées et à des obstacles des échanges et les mesures d’appui, non tarifaires coûteux. notamment une plus grande transparence sur les obstacles non tarifaires, des • Inclusion et durabilité (chapitres 3 et 5) : procédures simplifiées pour les investisseurs des procédures claires et transparentes et un examen approfondi des incitations faciliteront l’entrée de nouveaux fiscales et réglementaires existantes (en investisseurs et permettront un traitement cours mais mise en œuvre non uniforme) égal de tous les opérateurs. • Cerner et éliminer les exigences discriminatoires et rationaliser les procédures pour les investisseurs, y compris les visas et les permis de travail pour expatriés, et développer des programmes de suivi des investisseurs (mise en œuvre en cours mais inégale) Améliorer la Les petits exploitants sont déconnectés des • Développer les routes de desserte (y productivité infrastructures critiques telles que les routes compris par le biais de mécanismes de • Inclusion et productivité (chapitres 2 et 4) : la agricole de desserte et les mécanismes de transport. financement décentralisés) (nouveau) résolution du problème des infrastructures • Développer des rizeries régionales rurales améliorera les revenus des qui réduiront les coûts de transport et agriculteurs ruraux et, partant, incitera rapprocheront les agriculteurs des marchés la production à dépasser le niveau de (ralentissement de l’élan) subsistance Principales problématiques Réformes proposées Lien entre le MEM et le programme du Gouvernement • Réformer le système de récépissé d’entrepôt afin de donner plus de flexibilité en termes de période de retrait et d’échange entre produits (nouveau) Les agriculteurs et les décideurs n’ont pas • Pour permettre aux agriculteurs de accès aux informations qui favoriseraient de participer davantage à la négociation • Inclusion et productivité (chapitre 4) : la meilleures décisions. des prix, favoriser un meilleur accès à disponibilité d’informations sur les marchés, l’information sur les prix du riz et d’autres combinée à la possibilité de décider du cultures (nouveau) moment de la vente, améliorera les revenus • Investir dans des systèmes de télédétection des agriculteurs ruraux et, partant, incitera pour aider à évaluer les rendements des la production à dépasser le niveau de cultures à travers le pays (nouveau) subsistance. Le manque d’uniformité dans l’application de • Annuler l’interdiction d’exporter du riz Dista, l’interdiction d’exportation crée une incertitude un riz de niche haut de gamme (nouveau) • Durabilité et productivité (chapitre 4) : pour les exportateurs et décourage le l’opportunité d’exporter le riz diversifiera développement de riz de niche haut de gamme. les sources de revenus des agriculteurs et stimulera la production 123 Résumé des réformes Bibliographie BIBLIOGRAPHIE Chapitre Deux Atsushi Iimi. Madagascar Spatial Analysis of Transport Connectivity and Growth Potential, World Bank Berthold Herrendorf, Richard Rogerson, Akos Valentinyi (2013). “Growth and Structural Transformation”. NBER Working Paper Series 18996 Chad Syverson (2011). “What determines productivity?”. Journal of Economic Literature 2011, 49:2, 326-365 Dino Merotto, Michael Weber, and Reyes Aterido. “Pathways to better jobs in IDA countries. Findings from job diagnostics”. The World Bank. 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