89891 Document de synthèse portant n° 1417 Les Filets Sociaux au Bénin Outil de Réduction de la Pauvreté Andrea Borgarello et Damien Mededji Série sur l’évaluation des filets sociaux et programmes de protection sociale en Afrique Mai 2011 BENIN Les Filets Sociaux au Bénin Outil de Réduction de la Pauvreté Andrea Borgarello et Damien Mededji Mai 2011 Série sur l’évaluation des filets sociaux et programmes de protection sociale en Afrique Jusqu’à récemment, la majorité des pays en Afrique mettaient en œuvre des programmes de filets sociaux et de protection sociale de manière fragmentée. Néanmoins, après la crise économique mondiale, et la flambée des prix des denrées alimentaires et de pétrole de 2008, les décideurs politiques des pays Africains ont commencé à percevoir les filets sociaux comme des outils essentiels pour réduire la pauvreté, réduire les inégalités, et aider les ménages pauvres et vulnérables à gérer les risques de manière plus efficace. Pendant les exercices fiscaux de 2009-2013, la Banque mondiale a mené des études visant à évaluer les filets sociaux ou d’autres programmes de protection sociale dans un nombre de pays d’Afrique Sub-Saharienne. A ce jour en 2014, ces études ont été finalisées ou sont en cours de réalisation dans 25 pays d’Afrique sub-saharienne. Elles analysent le statut des programmes de protection sociale et de filets sociaux, leurs points forts et leurs faiblesses, et identifient des points d’amélioration a vec pour objectif d’aider les gouvernements et les bailleurs à renforcer les systèmes de protection sociale et de filets sociaux afin de mieux protéger les personnes pauvres et vulnérables. Ces études ont toutes été menées avec pour objectif explicit d’aider les gouvernements à élaborer leurs politiques et programmes de protection sociale. Les résultats d’études analytiques telles que ces évaluations ainsi que d’autres types d’assistance permettent la protection sociale en Afrique de changer rapidement. Pou r les études régionales permettant une revue dans plusieurs pays, il est possible de consulter : « Réduire la pauvreté et investir dans le capital humain : le nouveau rôle des Filets Sociaux en Afrique », qui documentent les résultats et leçons recueillies à l’issue d’études récentes de programmes de filets sociaux en Afrique. Résumé Cette étude vise à renforcer la capacité du Gouvernement béninois à définir et mettre en œuvre des programmes de filets sociaux adaptés aux besoins de ses populations pauvres et/ou vulnérables. L’étude trouve qu’en moyenne entre 2005 et 2009, les Filets sociaux ne représentaient qu’environ 1,1% des dépenses générales du Budget de l'Etat, soit 0,3% du PIB. Les partenaires y contribuaient à hauteur de 70% (équivalant à 0,7% du Budget de l'Etat). Les recommandations de l’étude porte sur la clarification des objectifs du système de filets sociaux, l’identification d’un système de ciblage efficace, la réallocation de ressources actuellement utilisés pour des subventions généralisées vers des transferts monétaires ciblés aux ménages pauvres, et la réalisation d’une étude de faisabilité d’un programme de transferts monétaires. Classification JEL: I32, I38, J32, H53 Mots Clefs: Protection sociale, systèmes, filets sociaux, assistance sociale, action sociale, administration, politique publiques, reforme du secteur public, pays en voie de developpement ÉQUIVALENCE MONETAIRE Unité monétaire : Franc CFA (FCFA) (au 20 Janvier 2010) 1 dollar EU : 487,00 francs CFA POIDS ET MESURES: Système métrique SIGLES ET ABREVIATIONS Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de AGVSAN la Nutrition AGETUR Agence de Gestion des Travaux Urbains BAD Banque Africaine de Développement BM Banque Mondiale BIT Bureau International de Travail CARE Cooperative for Assistance and Relief Everywhere CRS Catholic Relief Services CPS Centre de Promotion Sociale DGB Direction Générale du Budget DEPOLIPO Déclaration de Politique de Population DDEMP Direction Départementale des Enseignements Maternel et Primaire ECVR Enquête sur les Conditions de Vie en Milieu Rural EPP Ecole Primaire Publique EMICoV Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages Fonds d'Appui à la Réadaptation et de l'Intégration des Personnes FARIPH Handicapées FASNAS Fonds d’Appui à la Solidarité Nationale et à l’Action Sociale FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine FNM Fonds National de Micro-finance FSS Filet de Sécurité Sociale IDH Indice de Développement Humain HIMO Haute Intensité de Main d’œuvre IMF Institution de Micro Finance INSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique LARES Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale MAEP Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage et de la Pêche MEMP Ministère des Enseignements Maternel et Primaire MFSN Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale CNLS Comité National de Lutte contre le SIDA i ONG Organisation Non Gouvernementale Mds Milliards MCPP Micro Crédit aux Plus Pauvres MJCD Mutuelle des Jeunes Chrétiens pour le Développement Ministère de la Prospective, du Développement, de l’Evaluation des MPDEPP-CAG Politiques Publiques et de la Coordination de l’Action Gouvernementale MISP Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique MTPT Ministère en charge des Travaux Publics et des Transports MS Ministère de Santé Ministère de l’Urbanisme de l’Habitat, de la Réforme Foncière et de MUHRFLEC la Lutte contre l’Erosion Côtière OEV Orphelins et Enfants Vulnérables OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement OMS Organisation Mondiale de la Santé ONASA Office Nationale de Sécurité Alimentaire ONG Organisation Non Gouvernementale ONU Organisation des Nations Unies OSD Orientations Stratégiques du Développement PAM Programme Alimentaire Mondial PASEB Programme d'Appui au Secteur de l'Education au Bénin PASR Programme d’Appui aux Secteurs Routiers PDDSE Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education PGUD Programme de Gestion Urbaine Décentralisée PIB Produit Intérieur Brut Projet National d’Appui au Développement Conduit par les PNDCC Communautés à la Base PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PPTE Pays Pauvre Très Endetté PTF Partenaires Techniques et Financiers Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des PDAVV Vallées PUASA Programme d’Urgence en Appui à la Sécurité Alimentaire SCRP Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté UE Union Européenne UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance VCT Vivres Contre Travail VPF Vivres au profit de la formation ii Remerciements Cette étude a été financée par la Banque Mondiale à travers le Projet National d’appui au Développement Conduit par les Communautés (PNDCC), qui dans son financement additionnel de juin 2010 a mis à la disposition du Gouvernement de l’ assistance technique pour le développement d’un système de filets de sécurité efficace. Dans le cadre de cette assistance technique, la présente étude vise à aider le Gouvernement du Benin dans le développement et la mise en œuvre d'un système de filets de sécurité avec une analyse détaillée des programmes existants au Benin. Le rapport a été préparé par une équipe composée de : Andrea Borgarello (Economiste - Consultant indépendant), Damien Mededji (Statisticien Economiste - Consultant), Anani Victor Eclou (Planificateur, Consultant), et Gaspard Madji (Macro-économiste, Consultant), sous la direction d’un comité de suivi dirigé par la Direction Générale des Politiques de Développement (DGPD) du Ministère de la Prospective, du Développement, de l’Evaluation des Politiques Publiques et de la Coordination de l’Action Gouvernementale. Les auteurs remercient sincèrement les fonctionnaires des ministères, les Organisations Non Gouvernementales, le Secrétariat Exécutif du PNDCC, les Partenaires Techniques et Financiers, en spécifique, le PAM, l'UNICEF, DANIDA et la BM (en particulier John Van Dyck, le chargé du projet, et Setareh Razmara, spécialiste principale en protection sociale) qui nous ont accordé des entretiens et fournit des données utilisées pour la rédaction de ce rapport. iii TABLE DES MATIÈRES RESUME EXECUTIF .................................................................................................... VII I INTRODUCTION ..................................................................................................... 1 1.1 CONTEXTE .................................................................................................................................. 1 1.2 OBJECTIFS ................................................................................................................................... 3 1.3 MÉTHODOLOGIE .......................................................................................................................... 3 1.4 STRUCTURE DU RAPPORT ............................................................................................................... 5 II PROFIL DE LA PAUVRETE ........................................................................................ 7 2.1 DÉTERMINANTS DE LA PAUVRETÉ.................................................................................................. 12 2.2 PROFIL DE LA VULNÉRABILITÉ ....................................................................................................... 13 2.3 STRATÉGIES DE GESTION DES RISQUES ............................................................................................ 17 2.4 CONCLUSION PARTIELLE .............................................................................................................. 18 III VUE D’ENSEMBLE DES PROGRAMMES DES FILETS SOCIAUX EXISTANTS ................ 20 3.1 DÉFINITION DES FILETS SOCIAUX ................................................................................................... 20 3.2 PERFORMANCE BUDGÉTAIRE DANS LE SECTEUR SOCIAL .................................................................... 25 3.3 PRINCIPAUX ACTEURS ET ACTIONS DANS LES FILETS SOCIAUX ............................................................. 30 3.4 ANALYSE DES RESSOURCES FINANCIÈRES ALLOUÉES AUX FILETS SOCIAUX ............................................. 35 3.5 EVALUATION DES PRINCIPAUX VOLETS D’INTERVENTION DANS LES FILETS SOCIAUX ............................... 45 3.6 EVALUATION DE LA PERFORMANCE DES PROJETS/PROGRAMMES DE FILETS SOCIAUX .............................. 82 3.7 STRATÉGIE D’INTERVENTION ET MÉTHODES DE CIBLAGES DES BÉNÉFICIAIRES......................................... 86 3.8 CONCLUSION PARTIELLE .............................................................................................................. 90 IV CADRE POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL DE MISE EN ŒUVRE DES PROGRAMMES DE FILETS SOCIAUX AU BENIN ........................................................................................ 93 4.1 RÔLE STRATÉGIQUE DE FILETS DE SÉCURITÉ SOCIALE DANS LES POLITIQUES PLUS LARGES DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL .............................................................................................................................................. 93 4.2 ARRANGEMENTS INSTITUTIONNELS DU SYSTÈME DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ......................................... 102 4.3 SYSTÈMES DE SUIVI ET EVALUATIONS........................................................................................... 110 4.4 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 113 V COUVERTURE ET SIMULATIONS DES DEPENSES DES FSS ..................................... 115 5.1 LA DISTRIBUTION DES BÉNÉFICIAIRES ET LEUR COUVERTURE ............................................................ 115 5.2 SIMULATION DES EXTENSIONS DES PROGRAMMES DES FSS ............................................................. 121 5.3 CONCLUSION PARTIELLE ............................................................................................................ 126 VI CONCLUSIONS ................................................................................................... 129 6.1 PRINCIPAUX RÉSULTATS ET CONCLUSIONS .................................................................................... 129 6.2 RECOMMANDATIONS................................................................................................................ 136 VII BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................. 143 iv Liste des Annexes Annexe 1. Filet de Sécurité Sociale: Budget 2006 – 2010 en FCFA................................. 146 Annexe 2. Quelques Exemples de Pays Appliquant de Bonnes Pratiques pour la Mise en Oeuvre de Programmes de Filets Sociaux en Afrique. .................................................... 148 Liste des Figures Figure 1. Pourcentage de la population locale en insécurité alimentaire, 2008 .............. 16 Figure 2. Positionnement des Filets Sécurité Sociale dans la politique sociale................ 22 Figure 3. Tendances des dépenses entre 2005 et 2009 ................................................... 29 Figure 4. Évolution des dépenses dans les secteurs sociaux et dans les filets sociaux en % du Budget de l’Etat, avec et sans subvention sur les prix. ................................................ 38 Figure 5. Distribution des principaux volets de FSS sans subventions ............................. 39 Figure 6. Série historique cantines Scolaires comparé au Budget des FSS ....................... 62 Liste des Tableaux Tableau 1. Incidence de la pauvreté au Bénin en 2007 et en 2010 .................................... 8 Tableau 2. Profil de la pauvreté selon les classes d’âge, le sexe et les zones de résidence au Bénin (2007) .................................................................................................................. 10 Tableau 3. Transition des ménages du 2007 à 2010 entre les quintiles de la distribution de la consommation de la population ............................................................................... 11 Tableau 4. Transition entre les ménages pauvres et non pauvres du 2007 à 2010 ......... 12 Tableau 5. Proportion d’individus en insécurité alimentaire selon les classes d’âge, le sexe et les zones de résidence au Bénin, 2008 .................................................................. 16 Tableau 6. Stratégies de réponse aux chocs, 2008 ........................................................... 17 Tableau 7. Allocation budgétaire par secteur social et le taux d'exécution sur la période 2005-2009 .......................................................................................................................... 27 Tableau 8. FSS au Benin: programmes et acteurs principaux, 2005-2010 ....................... 31 Tableau 9. Dépenses dans les FSS, avec et sans les subventions sur les prix ................... 36 Tableau 10. Investissements des PTF et du GoB dans les FSS en % du BdE et PIB ........... 39 Tableau 11. Répartition des dépenses dans les volets de FSS par bailleur, moyenne 2005-2009 .......................................................................................................................... 41 Tableau 12. Budget et Bénéficiaires des programmes d'interventions sur les urgences alimentaires ....................................................................................................................... 50 Tableau 13. Coût par bénéficiaire des programmes de récupération alimentaire .......... 54 Tableau 14. Coût par bénéficiaires (non standardisé) en moyenne 2005-09 .................. 59 Tableau 15. Programme HIMO, Budget, Bénéficiaires et coût unitaire ........................... 65 Tableau 16. Importance relative des différentes catégories socio-économiques ayant travaillé sur les chantiers HIMO. ........................................................................................ 67 Tableau 17. Subventions dans le secteur énergétique (en FCFA) .................................... 71 Tableau 18. Pertes de recettes en 2008, Port Autonome de Cotonou ............................ 75 v Tableau 19. Analyse de la performance des programmes de FSS au Bénin ..................... 83 Tableau 20. Couverture des principaux programmes de FSS, 2008 ............................... 117 Tableau 21. Couverture géographique des principaux programmes de FSS .................. 120 Tableau 22. Montant Dépensé Actuellement au Bénin pour Bénéficiaire dans le cas d'une Distribution Uniforme. ........................................................................................... 121 Tableau 23. Montant à dépenser dans différents scenarios de couverture des population pauvre............................................................................................................ 122 Tableau 24. Coût administratif dans certains programmes sociaux .............................. 124 Tableau 25. Montant à dépenser dans différents scenarios, par région ....................... 125 Liste des Encadrés Encadré 1. Mais en fait quels sont les déterminants d’un bon filet social ? .................... 24 Encadré 2. Programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres (MCPP) .................................. 34 Encadré 3. Le Programme d’Urgence en Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) ......... 44 Encadré 4. Le Programme de diversification agricole pour la valorisation des vallées.... 45 Encadré 5. Une bonne pratique des Filets sociaux: le cas de l'Ethiopie ........................... 48 Encadré 6. Transferts monétaires et en nature: Alternatives ou compléments ? ........... 53 Encadré 7. Programmes de Travaux Publics ..................................................................... 69 Encadré 8. L'impact des subventions sur les prix sur les pauvres: le cas du Cameroun. . 76 Encadré 9. Le débat sur le paiement par l’usager ............................................................ 79 vi Résumé Exécutif Contenu et objectifs des Filets Sociaux (FS) L'étude sur les Filets sociaux, financée par la Banque Mondiale dans le contexte du Projet National d’appui au Développement Conduit par les Communautés (PNDCC), trouve sa raison d'être dans la conviction que chaque pays a besoin de bons filets sociaux pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité de ses citoyens. Les filets sociaux et les transferts ont des répercussions immédiates sur les inégalités et la pauvreté extrême. Ils permettent aux ménages de faire des investissements de meilleure qualité pour leur avenir et les gouvernements à entreprendre des réformes bénéfiques. Les filets sociaux visent les individus vivant dans la pauvreté et incapables de satisfaire leurs propres besoins fondamentaux, ou risquant de tomber dans la pauvreté à cause de chocs exogènes ou de circonstances socioéconomiques. Les filets sociaux peuvent s’adresser à un, ou à une combinaison, des1 pauvres chroniques, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas les atouts nécessaires pour gagner des revenus suffisants, même les bonnes années; des pauvres transitoires, c’est-à-dire les personnes qui gagnent suffisamment pendant les bonnes années, mais tombent dans la pauvreté à la suite de chocs idiosyncratiques ou covariants allant d’une maladie au sein du ménage ou de la perte d’un emploi jusqu’à la sécheresse ou à une crise macroéconomique et des groupes vulnérables, c’est-à-dire, de manière non limitative, les personnes qui peuvent tomber dans la pauvreté. Avec un revenu par tête estimé à 700 USD en 20092, le Bénin fait partie des pays pauvres du monde avec un niveau de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire relativement préoccupante. Selon les données de l’enquête EMICoV, 35,2% de la population béninoise vit en dessous de pauvreté en 2010 contre 33,2% en 2007. Cette situation sociale préoccupante est corroborée par le niveau de l’Indice de Développement 1 Grosh et al. (2008). 2 INSAE (2010). vii Humain (IDH). D’après le classement du PNUD (2010), le Bénin a occupé le 134ème rang sur 177 pays. De l’analyse sur la pauvreté et la vulnérabilité présentée au chapitre 2, il ressort que les catégories les plus vulnérables sont les enfants de 0 et 5 ans ainsi que les personnes confrontées au sous-emploi sur le marché de travail (71% des travailleurs). En outre, la pauvreté touche davantage les personnes vivantes en milieu rural, notamment les femmes. Au niveau géographique, on s’aperçoit que les départements les plus pauvres sont les Collines, le Couffo, le Mono, le Zou et l’Alibori. La profondeur de la pauvreté est significative: au niveau national, la moyenne des revenus des ménages pauvres se situent à 70,5% du seuil de pauvreté. Face aux chocs économiques, les ménages recourent prioritairement à la dépense de leurs économies. Les stratégies développées par les ménages concernent à plus de 45% la dépense des économies, et à environ 18% le recours à des emprunts. A environ 8%, ils comptent sur les aides d’amis ou de parents. La pauvreté au Benin constitue un phénomène aussi bien transitoire que chronique. A défaut de mener une analyse longitudinale conséquente3, la nature de la pauvreté a été approchée dans cette étude à travers l’analyse de la mobilité dans les différents états de bien-être selon l'approche utilisé par Hodonou et al (2010).Ça se traduit en les mouvements des ménages dans les différents quintiles de la distribution de la consommation, entre 2007 et 2009. Les résultats indiquent comme l’objectif visé doit être la pauvreté chronique: seulement entre 35% - 40% des ménages pauvres4 en 2007 ont échappé à la pauvreté en 2009, tandis qu'une proportion plus grande a suivi le parcours inverse. Vue d’ensemble des Filets Sociaux au Benin Les Filets Sociaux sont des transferts non contributifs ciblés sur les populations pauvres ou vulnérables, comme les transferts monétaires, conditionnels ou non; la distribution 3 Les données complètes de l’enquete EMICoV n’etant pas encore disponibles. 4 Qui sont dans les deux premières quintiles de la distribution di consommation. viii d’aliments ou d'autres biens, en nature; les emplois dans le cadre de programmes publics de travaux à haute intensité de main d’œuvre; les subventions générales des prix des aliments ou de carburant et les exemptions de droits pour les services essentiels comme la santé ou l'éducation ciblées sur des catégories vulnérables. Les FSS, tels que définis dans le présent rapport, visent à accroître et à stabiliser la consommation. Les activités génératrices de revenus et autres programmes de subsistance se trouvent donc exclus du champ de la présente étude. Ces programmes sont d’importants instruments de réduction de la pauvreté, mais peuvent ne pas assurer une augmentation directe de la consommation, et ne sont donc pas classés comme programmes de filets sociaux. Au Benin, les Filets sociaux sont presque inexistants et représentent une fraction minime du Budget de l'Etat. Si on exclue les subventions généralisées (sur les produits alimentaires y compris aliments importés, pétroliers, l'électricité), les Filets sociaux font, en moyenne dans les 5 dernières années, environ 1,1% des dépenses générales du Budget de l'Etat, soit le 0,3% du PIB. Les partenaires y contribuent à hauteur de 70% (équivalant à 0,7% du Budget de l'Etat). Ainsi, la contribution du Gouvernement est estimée au tiers des dépenses totales. Pourtant, en considérant les subventions généralisées, elle passe à plus du 2% du Budget de l'Etat. Les projets ou programmes identifiés par cette étude sont des transferts soit en espèces soit en nature et sont regroupés en cinq volets principaux: (1) les transferts directs en espèce aux pauvres ou vulnérables qui avoisinent 1% des dépenses total sur les FSS et les transferts directs en nature qui représentent le 4%; (2) les programmes alimentaires ou de distributions d’aliments subdivisés en trois catégories: (i) les transferts directs en espèce ou nature dans des situations exceptionnelles ou d’urgence qui avoisinent 8% des dépenses sur les FSS5; (ii) les programmes d’appui nutritionnel axés sur la distribution de vivres ou compléments alimentaires aux personnes malades, malnutris 5 En excluant Les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques du montant total. Voir chapitre 3 pour les détails du calcul. ix ou affectées par les maladies avec le 3% des dépenses sur les FSS et (iii) les cantines scolaires estimée à 56% du total des FSS; (3) les HIMO avec un taux estimé à 16% des dépenses sur les FSS (4) les subventions sur les prix (qui sont considérées séparément du budget total des dépenses de FSS, puisque ne sont pas ciblées) et (5) les exemptions des frais: les exemptions des frais de santé pour les indigents représentent le 12% des dépenses de FSS, tandis que les subventions pour la gratuité des frais scolaires ne sont pas ciblées et on les a considérées séparément. Les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques représentent une grande partie du Budget de l'Etat: en 2008, elles étaient au environ 3% du Budget (soit 26,5 milliards de FCFA). Les exemptions des frais sur les services de base avoisinent 12%, en ce qui concerne les subventions sur les exemptions des frais des hôpitaux pour les indigents tandis que (ii) les subventions des écoles en ce qui concerne la gratuité des étudiants coût à l'État près de 4 milliards par an. Les subventions des écoles ont été traitées isolement des FSS étant donné qu’elles ne sont pas ciblées. La Diaspora également s'organise pour fournir un soutien d'urgence ou d’appui aux personnes dans leur pays d'origine. Telles qu'on les retrouve dans la Balance des Payements, elles représentent respectivement le 3,3% et le 1% du Budget et du PIB. L'analyse budgétaire nous permet de tirer trois conclusions majeures: (i) face à une situation de vulnérabilité et de pauvreté qui touche plus d'un tiers de la population, il est indiqué d’opter pour un accroissement des investissements dans les FSS, susceptibles d’augmenter la couverture nationale par rapport aux programmes de FSS; (ii) il existe une forte corrélation entre les dépenses du secteur sociale en générale (éducation, santé et protection sociale) et les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques, ce qui nous amène à évaluer la possibilité d'une réallocation des fonds entre les volets de FSS; (iii) la tendance, des dépenses dans les FSS, à privilégier les urgences (comme la hausse des prix) plutôt que les investissements de longue période, nous force à proposer de mettre en place une stratégie durable de Filets sociaux orienté sur un horizon de long terme. x Les ménages pourront ainsi développer des stratégies familiales d'investissement et de prévention des risques. Couverture et Simulations des Dépenses dans les FSS La couverture des programmes de façon générale (en excluant les subventions généralisées) tourne autour de 4 à 5% de la population pauvre, (soit 150 à 180 mille sur 2,8 millions de pauvres). Les programmes des cantines scolaires couvrent presque la moitié de la population des enfants pauvre à l'école. Ce résultat aussi illustratif qu’il puisse paraître, lève un coin de voile sur l’inefficience des programmes de cantines scolaires. En effet, si tous les enfants ciblés étaient pauvres, alors le même budget aurait été suffisant pour couvrir tous ces enfants du pays. Les HIMO ont une couverture très limitée par rapport à la catégorie des sous employés, surtout au niveau rural. En outre, les résultats obtenus laissent présager que les interventions sur les urgences alimentaires ne sont qu'un palliatif par rapport à la situation nationale, en ne couvrant que 6 à 10% du total de la population rurale pauvre ou vulnérable. La couverture dans le cas des programmes non ciblés (subventions généralisées sur les prix) n’a pas pu être calculée par manque de données. En se référant aux résultats empiriques, il est à noter que la couverture est satisfaisante seulement dans le cas de biens inferieurs (consommés par les plus pauvres) comme certains aliments (p.ex. le riz) ou le pétrole lampant. Les exemptions des frais de scolarité pour les étudiants ont une couverture totale, mais avec un coût énorme, tandis que les subventions pour les indigents dans les hôpitaux couvrent seulement une petite frange des bénéficiaires potentiels. La couverture totale des pauvres ou des vulnérables, demande des ressources importantes, mais pas si différentes de la dépense actuelle dans les FSS (en incluant les subventions généralisées et non ciblées). Les effets de la distribution (théorique) uniforme des dépenses annuelles dans les FSS montrent que le montant dépensé jusqu'à présent pourrait être suffisant pour une couverture presque totale de l'écart xi entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté (soit environ 33000 FCFA). Une simple simulation nous indique aussi qu’une distribution de 1.000 FCFA par personne/mois sur toute la population pauvre coût 35 milliards de FCFA (1,2% du PIB de 2010). Cette valeur est supérieure à la moyenne actuelle des dépenses dans le FSS. Mais elle est inférieure au montant dépensé en 2008 quand nous incluons les subventions généralisées sur les prix. Recommandations L'étude recommande d'actualiser le profil de la pauvreté fourni au niveau de l'INSAE, qui, au présent, se réfère aux années 2006-07 (sauf pour certaines macros données). Les données de la dernière inquiète de l'INSAE (qui est à caractère longitudinale et donc avec la possibilité de suivre le même individu dans le 2007 et le 2009) devrait être disponible dans la deuxième moitié de l'année 2011, avec un énorme potentiel d'analyse. Cette base de données doit être le point de départ des prochaines analyses et propositions d'investissement dans le FSS. Il faudrait clarifier les objectifs du système de Filets Sociaux. Dans le cadre d’une stratégie de protection sociale élargie, la composante des filets sociaux aura les objectifs suivants (i) soutenir directement la consommation des populations chroniquement pauvres et vulnérables; (ii) garantir l’accès des personnes pauvres et vulnérables aux services sociaux de base afin de promouvoir l’investissement humain; (iii) apporter un soutien temporaire aux populations pauvres et vulnérables affectées par les chocs; (iv) garantir que les populations dans un état de pauvreté extrême chronique et vulnérables bénéficient d’un soutien régulier et prévisible, en leur permettant de rompre le cycle intergénérationnel de transmission de la pauvreté. Développer une discussion dans le Gouvernement pour la définition d'une stratégie de Protection Sociale qui comprend la partie non contributif aussi que la partie contributif. Les deux systèmes de protection sociale, contributif et non contributif, doivent avoir un approche diffèrent. Ils peuvent avancer conjointement, mais avec des temps de mise en xii œuvre différents. Si un système contributif est souhaitable en tant que mécanisme de protection des droits des citoyens, il faut tout de même démontrer comment le rendre durable dans un pays où les gens travaillent presque tous dans l'informel. Lorsque nous parlons d'un système non contributif, les mécanismes de protection sociale en question sont mises en place pour couvrir une situation transitoire et pour éviter qu'il devienne permanente. Identifier le système de ciblage qui puisse réduire les erreurs d'exclusion ou d'inclusion. Après l'identification des zones d'interventions, à travers les enquêtes nationales, chaque programme a besoin d'un mécanisme de ciblage le plus approprié possible. Principalement, ils appliquent trois modalités: (i) enquête sur les ressources ( means test) ou une estimation (proxy means test) des ressources de l'individu (par la consommation, les besoins de base, les niveaux d'éducation, etc.); (ii) l'identification du groupe vulnérable, géographiquement ou démographiquement; (iii) et par la auto sélection, avec la consommation de produits inférieurs ou grâce au salaire minimum. Parmi ces modalités, l'erreur d'inclusion est maximisée avec le mécanisme d’auto sélection et réduit au minimum avec l'enquête sur les ressources de l'individu. En même temps, la précision de l'approche choisie est directement proportionnelle à l'information disponible, qui dépend des ressources financières et du capital humain employé. Souvent ces approches théoriques, se mélangent à une démarche de ciblage communautaire: un comité local s’occupe de l'enquête sur les ressources et fournit les informations sur la pauvreté et la consommation des habitants de la communauté. Réallouer les fonds actuels entre les volets des Filets Sociaux, aussi qu'augmenter les investissements quand nécessaire. Les fonds pourraient (partialement) passer des subventions des prix et du volet des urgences, aux transferts réguliers aux ménagés, encadrés dans une stratégie permanente de support à la consommation. La réallocation passe à travers une coordination des PTF avec le Gouvernement, par une gestion plus soignée des ressources et une limitation à l'utilisation des subventions généralisées. Les nouveaux investissements passent à travers des engagements de la communauté internationale, aussi que grâce à la définition d'une stratégie précise du gouvernement. xiii La coordination d'un système de FSS doit être prise en charge un Ministère multisectoriel. La durabilité et pérennisation d'un tel system passe à travers un processus de responsabilisation du Gouvernement dans le cadre des FSS. Un Ministère avec un approche multisectoriel permettra au Gouvernement de mieux gérer et coordonner les conditions d'application d'un nouveau programme et d'avoir une vision moins orienté au niveau sectoriel. Promouvoir des évaluations robustes et indépendantes des processus et de l’impact des programmes. Les objectifs spécifiques d’un système de Suivi & Evaluation sont de: (i) fournir de l’information sur la mise en œuvre des programmes, les bénéficiaires et les coûts des programmes, et mettre en lumière les ajustements nécessaires en temps opportun ; (ii) démontrer les résultats et l’impact du programme aux responsables politiques, aux partenaires au développement et au grand public ; et (iii) tirer les enseignements de l’expérience pour permettre d’améliorer la relevance des programmes ainsi que de s’assurer que les programmes répondent à leurs objectifs. Comme mentionné tout au long de ce rapport, très peu d’informations ont été récoltées sur les caractéristiques détaillées des bénéficiaires, les coûts et l’impact des programmes de filets sociaux existants. Ce manque de données entrave la mobilisation d’un plus fort appui politique et financier pour ces programmes. Suivre systématiquement l’ensemble des programmes de filets sociaux, pour pouvoir juger si les ressources sont bien utilisées. Il s’agit d’une condition préalable pour le pilotage ou l’extension à l’échelle de tous les programmes de filets sociaux. En particulier, nous suggérons que les institutions qui opèrent dans ce secteur transmettent systématiquement les rapports d’évaluation des programmes aux ministères sectoriels responsables de la protection sociale, des filets sociaux et du maintien d’une base des données sur les programmes. Ceci permettra aux responsables politiques de prendre des décisions plus informées et éclairées. Finalement, nous proposons de réaliser une étude de faisabilité sur un programme de transferts qui puisse inclure trois components principales: (i) des transferts en espèce xiv (ou en nature) ciblés sur les couches de la population en pauvreté chronique, pour permettre aux ménages de définir des stratégies de gestion des risques, ex ante et ex post; (ii) des interventions HIMO ciblées sur les chefs de ménages en dessous du seuil de pauvreté, qui puisse compenser le sous emploie agricole prédominant dans le Pays et (iii) un fond structuré pour les urgences qui puisse assister les pauvres ou non pauvre vulnérables aux chocs externes. xv I Introduction 1.1 Contexte Cette étude constitue la première phase de l’assistance technique conclue entre le gouvernement et la Banque Mondiale pour le développement d’un système de filets de sécurité efficace au Bénin à travers la composante 5 du Projet National d’appui au Développement Conduit par les Communautés (PNDCC). En effet, dans le contexte des activités du PNDCC de la Banque Mondiale courant juin 2010, le Gouvernement du Benin et les Représentants de cette Institution se sont accordés pour retenir les filets sociaux comme axe d’intervention pour renforcer la politique de protection sociale du gouvernement béninois. Ainsi, ce programme au titre de la composante 5 (appuyé par le financement additionnel accordé par la Banque au Gouvernement béninois pour les activités du PNDCC) vient en complément de celles soutenant déjà les activités du projet. Cette décision fait suite à celle du Gouvernement qui, dans la mise à jour de sa Stratégie de Réduction de Pauvreté (SRP) a considéré parmi ses axes prioritaires le renforcement de sa politique de protection sociale. C’est dans cette optique en effet que l’UNICEF, pour aider les autorités du Benin a financé une étude sur « l’état des lieux et les perspectives de protection sociale au Benin6 ». Avec un revenu par tête estimé à 700 USD en 20097, le Bénin fait partie des pays pauvres du monde avec un niveau de vulnérabilité à l’insécurité alimentaire relativement préoccupante. Selon les données de l’enquête EMICoV, 35,2% de la population béninoise vit en dessous de pauvreté en 2010 contre 33,2% en 2007. Ce qui montre le caractère persistant de la pauvreté au Bénin. L’écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté est estimé à 29,7%, ce qui signifie que le revenu moyen des pauvres se situe à 70,3% du seuil de pauvreté. Cet écart diffère cependant selon les 6 Le rapport provisoire de cette étude a été présenté le 22 juillet 2010. 7 INSAE (2010). 1 caractéristiques socio-économiques des ménages pauvres. L’importance de l’écart de la pauvreté montre le degré de vulnérabilité des ménages à faire face aux chocs exogènes. Cette situation sociale préoccupante est également corroborée par le niveau de l’Indice de Développement Humain (IDH). D’après le classement du PNUD(2010), le Bénin a occupé le 134ème rang sur 177 pays avec un indice égal à 0,43. En 2008, le pays occupait le163ème rang sur 177 pays avec un indice égal à 0,45. Malgré cette légère amélioration, le pays se retrouve dans la catégorie des pays à plus faible IDH, une position qu’il occupe depuis plus de 40 ans. Au niveau international, face à la persistance généralisée de la vulnérabilité des populations à la pauvreté notamment dans les pays Africains au sud du Sahara, le Système des Nations Unies a proposé en avril 2009, un « socle de protection sociale » comme une alternative face à la récente crise alimentaire et a demandé à chaque pays de définir son propre socle pour sauvegarder les revenus des couches les plus vulnérables et pour assurer l’accès des populations aux services essentiels, tels que l’eau, l’assainissement, la santé et l’enseignement (ONU, 2009). C’est dans le même ordre d’idée que le sommet du G24, tenu à Londres le même mois, a insisté sur l’importance du renforcement de la protection sociale pour atténuer les impacts négatifs de la crise sur la pauvreté et pour sauvegarder les progrès accomplis vers l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En outre, le Comité Exécutif des Chefs d’État des pays membres de l’Union Africaine réuni à Addis -Ababa en janvier 2009, a ratifié le « Cadre de Politique Sociale Africaine » (UA, 2008) adopté lors de la conférence des Ministres en charge du développement social, tenue à Windhoek, Namibie, en Octobre 2008. Au regard de tout ce qui précède, la mise en œuvre d’une politique de la protection sociale constitue une obligation pour l’Etat béninois. 2 1.2 Objectifs L’objectif principal de cette étude est de renforcer la capacité du Gouvernement béninois dans la définition des programmes de filets sociaux adaptés aux besoins de ses populations pauvres et/ou vulnérables. Il s’agit de faire une revue ayant une base analytique adéquate des besoins et des filets sociaux au Bénin permettant d’une part, d’assister le Gouvernement dans l’amélioration de la performance du système de Filets Sociaux national existant et d’autre part, de développer un mécanisme de Filets Sociaux efficace pour les populations pauvres et vulnérables au Bénin. De façon spécifique, il s’agit de : i) Examiner les caractéristiques et besoins des populations pauvres et vulnérables ii) Fournir une vue d’ensemble compréhensive du système actuel des filets sociaux au Benin iii) Fournir les outils pour développer un plan d’action concret de mise en œuvre qui permettra le développement d’un système de filets sociaux efficace durant la période 2011-2015. 1.3 Méthodologie La démarche méthodologie utilisée dans cette étude est organisée autour de quatre étapes principales : (i) la compréhension et l’harmonisation des points de vue de la mission avec le commanditaire, (ii) la revue et l’analyse des projets et programmes de FS en cours ou non sur les cinq dernières années, (iii) le recensement et l’analyse des nouveaux besoins non encore pris en compte à travers des projets ou programmes et (iv) enfin l’évaluation de l’efficacité et l’efficience de l’ensemble des axes de FSS afin d’en déduire les plus pertinents pouvant faire l’objet d’une étude de faisabilité. 3 En ce qui concerne la première étape, la compréhension et l’harmonisation des points de vue ont permis de mieux cerner les orientations et le plan de travail de la présente étude afin de s’assurer que toutes les préoccupations et résultats à atteindre soient couverts. La seconde étape a consisté à passer en revue les projets et programmes dans le domaine des filets sociaux. A cet effet, des entretiens structurés ont été organisés avec les structures gouvernementales, les PTFs et les ONGs. Il s’agit notamment, du côté du gouvernement, des représentants du Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale, du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, du Ministère de l’Economie et des Finances, du Ministère de l'Education et du Ministère de la Santé Publique. Au titre de la société civile, en particulier des ONG, les structures rencontrées sont: PLAN BENIN, Care International, CARITAS, CRS. S’agissant des Partenaires Techniques et Financiers, nous avons rencontré le PAM, l’UNICEF, la DANIDA, la Coopération Suisse et la Banque Mondiale. Ces différentes rencontres nous ont permis de faire le point quasi exhaustif des programmes externes au budget national, mais aussi de comprendre leur fonctionnement et les résultats réalisés sans oublier les obstacles et les difficultés qui entravent éventuellement l’atteinte de leurs objectifs. Cette phase a intégré l’analyse des différents budgets de l’Etat à travers l’analyse des lois de finance de 2005 à 2009. Le Budget de l’Etat inclût les ressources du trésor, les finan cements liés à la restitution de la dette extérieure (programme PTTE) et les financements externes qui sont gérés par le Gouvernement du Bénin. La troisième étape a consisté à un recensement et à l’analyse des nouveaux besoins non encore pris en compte à travers des projets ou programmes. A cet effet, deux activités ont été menées. La première activité a consisté à constituer une base de données sur les projets/programmes principaux à travers les fiches de collecte confectionnées et validées. Les informations collectées ont porté sur les objectifs, la nature des bénéficiaires, le champ d’intervention, les coûts et financements des programmes, la mise œuvre, le suivi évaluation et les leçons apprises. Avec ces informations, nous avons procédé au croissement du profil de pauvreté et de la vulnérabilité au Bénin aux 4 caractéristiques des projets/programmes recensés. Il convient cependant de mentionner que les informations disponibles sur les programmes spécifiques ne sont pas toujours complètes. En outre, sauf dans quelques rares cas, peu d’informations sont disponibles sur les résultats et le suivi des projets, aussi que sur leurs évaluations de l’impact. La seconde activité a été la visite de terrain qui a permis d’une part de discuter avec les responsables des projets du fonctionnement de leurs projets/programmes et d’autre part, d’organiser des séances de focus groupe avec les populations des zones pauvres et vulnérables. Ces séances ont été élargies aux responsables des CPS, aux élus locaux, aux leaders d’opinions, aux ONG et autres acteurs de développement. Elles ont permis de mettre en évidence les besoins des populations, de mettre également en exergue les difficultés actuelles des CPS et des élus locaux par rapport à la nature8 et la satisfaction des attentes de ces populations. Enfin, on a évalué les différents projets/programmes et les nouveaux besoins recensés afin d’en dégager des propositions de programmes susceptibles d’être mis en œuvre pour réduire l’ampleur de la pauvreté et la vulnérabilité au Bénin. 1.4 Structure du rapport Le présent rapport comporte six chapitres. Le chapitre 2 présente le profil de pauvreté et de vulnérabilité au Bénin. Il est focalisé sur la pauvreté monétaire pour la dimension pauvreté et sur la vulnérabilité économique et alimentaire. Ce chapitre présente également les principaux risques auxquels font face les populations ainsi que les stratégies adoptées par ces dernières pour limiter les effets néfastes engendrés par ces chocs. Les informations dans ce chapitre sont basées sur les analyses précédentes qui ont été préparés par le Gouvernement et autres partenaires. Le chapitre 3 présente une vue d’ensemble des Programmes des Filets Sociaux existants au Bénin. Dans un premier temps, une description est faite des principaux filets sociaux au Benin avec une vue sur les différents acteurs (le gouvernement, les partenaires 8 Anciens ou nouveaux. 5 techniques et financiers et des principaux acteurs de la société civile) et les principaux programmes. Ensuite, elle présente une analyse des ressources financières allouées aux Filets sociaux et enfin, il expose les caractéristiques des différents projets et programmes en cours depuis les cinq dernières années au Bénin dans les filets sociaux et fait une analyse de leur pertinence de leur efficacité et de leur efficience afin d’en dégager les bonnes pratiques pouvant être reconduites. Le chapitre 4 présente le cadre politique et institutionnel de mise en œuvre des programmes de filet sociaux au Benin qui porte d’une part, sur le rôle stratégique de filets sociaux dans les politiques plus large de développement social et d’autre part, sur les rôles institutionnels dans le système de la sécurité sociale. Le chapitre 5 présente une analyse de la couverture et fait des simulations sur les dépenses des filets sociaux au Bénin. Son but est de fournir en partant des couvertures des projets actuels, des outils pour la croissance et l'amélioration des dépenses dans le secteur social et en particulier dans les filets de sécurité sociale. Enfin, le chapitre 6 présente les recommandations pour un système de filets sociaux plus efficace au Bénin. 6 II Profil de la Pauvreté Au niveau national, selon l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des Ménages (EMICOV) de 2010, le 35,2% de la population béninoise est monétairement pauvres, c'est-à-dire ils dépensent moins que le minimum nécessaire pour acquérir un panier de biens alimentaires et non alimentaires essentiels à la survie (INSAE, 2011). Ce taux est estimé à 33,2% en 2007, ce qui montre le caractère persistant de la pauvreté au Bénin. La pauvreté au Bénin est caractérisée par d’importantes disparités géographiques. En effet, en 2009, l’incidence de la pauvreté atteint 38,4% en milieu rural, par rapport à 29,8% en milieu urbain. Cette situation confirme ainsi le caractère rural de la pauvreté au Bénin. Comme le montre le tableau ci-dessous, de fortes disparités sont également confirmées entre départements, avec le taux d’incidence de la pauvreté monétaire allant jusqu’à 46,5% dans le Couffo et le Mono contre 23,9% dans le Littoral. Les différences importantes observées entre 2007 et 2010 pour les départements du Mono, du Couffo et des collines s’expliquent en partie par les inondations récurrentes dues aux pluies diluviennes ou aux crues des fleuves qu’ils ont connu à partir de 2009. Elles ont notamment occasionné des destructions de champs, de maisons, des pertes de cultures, de bétails et de nombreux biens ménagers. 7 Tableau 1. Incidence de la pauvreté au Bénin en 2007 et en 2010 2007 2010 P0 P1/P0 P0 P1/P0 Milieu de résidence Urbain 28,3 0,299 29,8 0,285 Rural 36,1 0,279 38,4 0,302 Départements de résidence Alibori 43,3 0,315 35,7 0,311 Atacora 33,2 0,202 36,0 0,298 Atlantique 36,4 0,156 36,9 0,300 Borgou 39,2 0,158 28,9 0,330 Collines 31,2 0,204 44,2 0,322 Couffo 35,4 0,189 46,5 0,294 Donga 33,6 0,253 31,3 0,283 Littoral 26,2 0,242 23,9 0,248 Mono 27,6 0,262 46,5 0,308 Ouémé 25,3 0,193 24,3 0,236 Plateau 35,2 0,229 32,7 0,269 Zou 32,7 0,171 41,2 0,311 Niveau d'instruction du chef de ménage Aucun niveau 35,9 0,262 39,9 0,302 Primaire 30,1 0,310 31,5 0,280 Secondaire 32,5 0,339 20,6 0,274 Supérieur 4,6 0,156 6,8 0,245 Sexe du chef de ménage Masculin 34,7 0,285 36,2 0,299 Féminin 26,5 0,291 30,4 0,283 Age du chef de ménage Moins de 25 ans 16,4 0,231 17,8 0,217 25 - 34 ans 22,9 0,268 35,0 0,296 35 - 44 ans 34,6 0,285 38,1 0,304 45 - 59 ans 39 0,296 34,7 0,296 60 ans et + 36,2 0,284 32,4 0,283 Ensemble 33,2 0,283 35,2 0,297 Note: P0 : incidence de pauvreté ; P1/P0 : Intensité de la pauvreté. Source : INSAE, 2009, 2010. Lorsqu’on considère le sexe du chef de ménage, les ménages dirigés par les femmes apparaissent moins pauvres en termes d’incidence que ceux conduits par les hommes. Aussi, les résultats des enquêtes stipulent que les ménages dont le chef à un niveau d’instruction « supérieur », c'est-à-dire universitaire, sont beaucoup moins pauvres. Ainsi, comme le soulignent Grooteart, et al (1995), le capital humain notamment l’éducation constitue un facteur qui explique mieux le changement du niveau de v ie dans le temps. 8 Par ailleurs, les jeunes sont moins touchés par la pauvreté monétaire que les adultes car au fur et à mesure que l’âge avance, l’incidence augmente chez l’individu. Chez les personnes âgés de 60 ans et plus, on note cependant un certain ralentissement de la paupérisation. En considérant le cycle de vie des membres du ménage, il ressort globalement que ce sont les enfants de moins de 15 ans qui sont les plus pauvres. Cependant, la situation des enfants de 5-10 ans semble plus critique avec un taux de pauvreté estimé à environ 37% contre 31% pour ceux âgés de 0 à 4ans. Pour ces différentes tranches d’âge, les disparités en termes de pauvreté sont moindres selon le sexe et le milieu de résidence sauf pour les enfants de 11 à 14 ans où l’ampleur de la pauvreté monétaire est élevée au niveau des garçons en comparaison aux filles. La pauvreté monétaire touche également 22% des personnes âgées de 60ans et plus. Cette catégorie représente 5% de la population contre 50% pour les enfants de moins de 15ans (EMICoV, 2007). Ceci signifie que 55% de la population béninoise ont besoin d’être soutenus pour faire face aux chocs exogènes susceptibles d’influencer négativement leurs conditions de vie. Dans le même ordre d’idées, les résultats montrent que l’ampleur de la pauvreté monétaire est élevée chez les jeunes de 5 à 14 ans scolarisés. Elle est cependant plus accentuée chez les enfants scolarisés de 11 à 14 ans de sexe masculin et vivant en milieu rural. La pauvreté monétaire touche également les personnes de 25 à 59 ans qui sont confrontées au sous-emploi9 sur le marché de travail. Elle caractérise davantage les personnes de sexe féminin et celles résidant en milieu rural. Sur le plan national, environ 33% des femmes de 25 à 59ans sont touchées par la pauvreté monétaire contre 25% pour les hommes. En milieu rural, la proportion de femmes touchées par la pauvreté monétaire est de 36% contre 28% pour les hommes. 9 On parle de sous-emploi lorsque la durée de travail d'une personne employée est insuffisante par rapport à une autre situation d’emploi possible que cette personne est disposée à occuper et disponible pour le faire. 9 Cette situation se justifie dans la mesure où, dans les pays en développement et en particulier au Bénin, où les activités économiques fournissent la quasi-totalité des revenus aux actifs et où le système de protection sociale est encore embryonnaire, plus que le chômage10, le sous-emploi constitue le principal problème du marché du travail. Ce phénomène qui se traduit par une activité économique insuffisante (sous-emploi visible) ou bien encore à très faible productivité (sous-emploi invisible) touche au Bénin 29% de la population active en 2007 contre 53,2% en 2006 (INSAE, 2009) alors que le taux de chômage est estimé à 0,74% au niveau national11 en 2007. Mais de façon spécifique, le taux de sous-emploi invisible est relativement élevé (70,53%) et touche en général, les femmes. Il paraît plus accentué en milieu rural qu’en milieu urbain. Quant a u taux de sous-emploi visible, il est relativement faible (9,3%) mais également plus accentué en milieu rural (INSAE, 2009). L’ampleur du sous-emploi invisible suggère qu’au Bénin que les ménages défavorisés doivent être renforcés dans l’acquisition des bi ens productifs, afin d’améliorer leur productivité. Ceci passe entre autres, par la mise en place des politiques et programmes de protection sociale intégrés dans des stratégies à long terme pour lutter contre la pauvreté chronique, stimuler la croissance économique et assurer l’atteinte des OMD. Tableau 2. Profil de la pauvreté selon les classes d’âge, le sexe et les zones de résidence au Bénin (2007) Urbain Rural National Total Catégories d'âge M F M F M F 0-4 23,8 23,46 34,07 35,07 30,92 31,81 31,36 5-10 31,6 29,94 39,1 39,41 36,93 36,63 36,79 11-14 31,82 27,12 40,79 38,83 36,45 34,75 36,45 15-24 23,73 19,82 36,38 28,02 31,55 24,96 28,13 25-59 15,89 21,88 26,08 31,88 22,41 28,49 25,76 18-59 17,23 20,44 27,3 29,98 23,56 26,7 25,31 60 et plus 20,6 16,07 25,79 21,45 24,41 19,65 22,22 5-10 scolarisé 30,29 27,44 37,12 37,51 34,94 34,21 34,6 11-14 scolarisé 30,53 25,40 39,73 36,51 36,6 32,39 34,81 15-24 scolarisé 22,27 19,18 35,22 29,06 29,48 24,05 27,18 25-59 sous-emploi 19,74 26,05 27,98 35,67 25,22 32,89 30,53 18-59 sous-emploi 20,73 26,05 28,2 33,02 25,74 30,63 29,19 Ensemble 23,68 23,37 33,63 33,66 30,34 30,31 30,34 Source : Calculés à partir des données EMICoV (2007). 10 Le chômage ne montre qu’un infirme aspect de l’insatisfaction de l’offre de travail sur le marché . 11 10 ans et plus. 10 Par ailleurs, en vue d’apprécier l’adéquation des filets sociaux par rapport des pauvres, il est aussi important de mettre en évidence les différentes composantes ou formes de pauvreté qui prédominent au Bénin. A défaut de mener une analyse longitudinale conséquente12, la nature de la pauvreté a été approchée dans cette étude à travers l’analyse de la mobilité dans les différents états de bien-être selon l’approche utilisée par Hodonou et al (2010). A cet effet, cinq états de bien-être ont été distingués. Il s’agit des ménages très pauvres c’est-à-dire appartenant au premier quintile de la distribution des dépenses de consommation, les ménages13 pauvres, les ménages moyens, les ménages moins riches et les ménages riches. La mobilité traduit ici les mouvements des ménages dans les différents états de bien-être entre 2007 et 2010. Tableau 3. Transition des ménages du 2007 à 2010 entre les quintiles de la distribution de la consommation de la population 2010 1 2 3 4 5 1 Ménages très pauvres 0,371 0,264 0,183 0,118 0,065 2 Ménages pauvres 0,279 0,251 0,219 0,154 0,097 2007 3 Ménages moyens 0,208 0,231 0,240 0,197 0,124 4 Ménages riches 0,142 0,184 0,226 0,245 0,203 5 Ménages très riches 0,088 0,112 0,154 0,245 0,400 Source : INSAE, 2010. L’analyse de cette mobilité suggère que la proportion de pauvres chroniques, qui appartiennent aux premières 2 quintiles14 en 2007 et restent dans les premières deux quintiles en 2010, peut être approximée à 58,2% ({0,634+0,530}/2). Par contre, celle des ménages vulnérables, c'est à dire des non pauvres, qui appartiennent aux dernières trois quintiles, en 2007 et tombent dans les premières deux en 2010, est de 32,2%. A ce but, dans le tableau ci-dessous, nous avons donc regroupé les chiffres du Tableau 3 pour mieux comprendre les transitions entre la pauvreté et la non pauvreté. 12 Les données complètes de l’enquête EMICoV n’étant pas encore disponibles. 13 Les ménages des autres états appartiennent respectivement au deuxième, troisième, quatrième et cinquième quintile de la distribution des dépenses de consommation. 14 Considérer les premiers deux quintiles (40% de la population) pauvres est une bonne estimation, du moment que l'INSAE calcule la pauvreté à 35%. 11 Tableau 4. Transition entre les ménages pauvres et non pauvres du 2007 à 2010 2010 Pauvre (1+2) Non pauvre (3+4+5) 1 Ménages très pauvres 0,634 0,366 2 Ménages pauvres 0,530 0,470 2007 3 Ménages moyens 0,530 0,562 4 Ménages riches 0,326 0,674 5 Ménages très riches 0,200 0,780 Source : INSAE, 2009, 2010. 2.1 Déterminants de la Pauvreté Au Bénin, les facteurs qui favorisent la pauvreté sont essentiellement les caractéristiques socio-économiques des ménages et l’accès aux services sociaux et financiers. En milieu urbain ou en milieu rural, les déterminants qui reviennent systématiquement sont principalement la taille des ménages, l’âge du chef du ménage, le niveau d’instruction, le sexe du chef du ménage, le statut migratoire, l’accès aux infrastructures économiques (logement, santé, eau et l’électricité, télécommunication) et l’accès aux services financiers (INSAE, 2009). A ces déterminants spécifiques de la pauvreté, s’ajoutent ceux relatifs à la mobilité dans la pauvreté (Hodonou et al {2010}). Des variables de politiques économiques et sociales, le taux d’accès au crédit, le niveau d’accessibilité à la santé, le niveau d’accessibilité à l’enseignement, le niveau d’accessibilité économique à la communication, la distance moyenne à la source de l’eau de boisson semblent favoriser les transitions dans les états de bien-être supérieur. Ainsi, le taux initial d’accès au crédit tout comme l’accessibilité économique aux biens sociaux contribue de façon significative à la promotion sociale. De la même manière, les variables de choc telles que la variation de la taille du ménage, la variation du taux d’accès au crédit, la variation l’accessibilité à la santé, la variation de l’accessibilité à l’enseignement, la variation de l’accessibilité au logement orientent également le sens de mobilité des ménages dans la pauvreté. 12 Ces résultats suggèrent que pour atténuer de façon durable l’ampleur de la pauvreté au Bénin, la réduction de ces privations doit être privilégiée dans les stratégies élaborées. 2.2 Profil de la Vulnérabilité Cette analyse nécessite à priori l’identification des différentes dimen sions de la vulnérabilité auxquelles sont confrontées les populations et les risques y afférents. En effet, le degré de vulnérabilité d’un individu ou d’un ménage15 est étroitement lié aux risques qu’il encoure et de sa capacité à faire face aux effets engendrés par ceux-ci. Comme le mentionne Rousseau (2003), « un individu ou un ménage aura un niveau de vulnérabilité plus faible si, face aux mêmes risques, son stock de capacités lui permet de mieux résister au choc. En revanche, son niveau de vulnérabilité sera plus élevé si son stock de capacités est trop faible pour lui permettre de réaliser les ajustements nécessaires pour protéger son bien-être ». Principaux Risques au Bénin Les principaux risques auxquels les ménages font face au Bénin sont déclinés en chocs économiques, sociaux, biophysiques et se manifestent à trois niveaux : micro (individu/ménage), méso (communauté) et macro (pays) (UNICEF, 2010 et AGVSAN, 2009). Les chocs sociaux ont trait aux maladies ou accidents d’un membre de ménage, au décès d’un membre actif ou d’un autre membre du ménage. En ce qui concerne les chocs économiques, ils sont inhérents à l’augmentation du prix d’achat des produits alimentaires, à la baisse du revenu d’un membre du ménage ou à la perte ou au manque d’emploi d’un membre du ménage. Quant aux chocs biophysiques, ils ont trait aux pluies diluviennes/ inondations, aux pluies tardives/sécheresses (AGVSAN, 2009). 15 Elle peut être aussi mesurée à l’échelle communautaire ou nationale. 13 Selon le rapport AGVSAN(2009), les risques associés aux chocs sociaux représentent plus de la moitié (54%) des risques auxquels font face les ménages béninois. Ils sont essentiellement constitués de maladies sérieuses ou d’accidents des membres du ménage et/ou de pertes en vies humaines. Ces types de risques sont suivis par ceux liés aux chocs économiques. Ces derniers concernent 23% des ménages et se manifestent entre autres par la hausse du niveau des prix, surtout des produits alimentaires ou des intrants agricoles, le chômage ou la perte d’emploi, ou encore la baisse du revenu d’un membre du ménage. Enfin, il y a les risques relatifs aux chocs biophysiques. Ces derniers constitués essentiellement des pluies diluviennes ou inondations, les pluies tardives ( avec la sécheresse qui provoque assez souvent les maladies inhabituelles du bétail), de la prolifération de maladies endémiques et épidémiques ; de l’écroulement et/ou la dégradation avancée des habitations ; des pertes de cultures et de bétail ; de la fermeture des écoles et centres de santé touchés ; de la destruction des infrastructures et/ou des difficultés de circulation et de déroulement normal des activités économiques. Pour l’ensemble de la population, les chocs idiosyncratiques16 sont plus prédominants (62,5%) que les chocs collectifs (28,9%). Au regard de ce qui précède et de la problématique traitée, trois dimensions 17 de la vulnérabilité ont été traitées dans le cadre de cette étude. Il s’agit de la vulnérabilité économique qui se traduit par la faiblesse de revenus ou d’actifs et qui constitue un frein majeur à la survie des ménages. La deuxième dimension est liée à l’insécurité alimentaire. Elle dépend aussi bien des chocs économiques que biophysiques. La troisième dimension porte sur les maladies chroniques. 16 Les risques idiosyncratiques, sont relatifs aux chocs qui touchent un seul ménage ou individu, indépendamment des autres (par exemple une maladie ou la perte d’un emploi) tandis que les risques covariants portent sur les chocs économiques, climatiques ou politiques qui affectent l’ensemble d’une communauté, d’une région ou d’un pays. 17 Aussi, les travaux antérieurs sur le profil de la vulnérabilité ont porté sur : (i) la vulnérabilité en termes économiques» (iii) la vulnérabilité liée aux handicaps et aux maladies chroniques, comme le VIH/SIDA (UNICEF, 2010) et (iv) la vulnérabilité liée à l’insécurité alimentaire (AGVSAN, 2009). 14 Vulnérabilité économique Le profil de pauvreté ci-dessus présenté met en évidence la vulnérabilité économique à travers la proportion de la population qui dépense moins que le minimum nécessaire pour acquérir un panier de biens alimentaires et non alimentaires essentiels à la survie. En 2010, selon les résultats de l’enquête EMICoV, 35,2% de la population vit en dess ous du seuil pauvreté. L’analyse faite selon le cycle de vie a permis en outre de cerner les couches les plus vulnérables de la population. Le degré de la vulnérabilité économique a été également apprécié par l’écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté. Il est estimé à 29,5% en 2009, en légère progression par rapport à 2007, ce qui signifie que le revenu des pauvres se situe en moyenne à 70,5% du seuil de pauvreté (cf. tableau 1). Cet écart qui diffère cependant selon les caractéristiques socio-économiques des ménages pauvres, donne une idée des ressources financières qu’il faudrait transférer aux différentes couches de p auvres ruraux pour les extraire de leur situation de pauvreté. Vulnérabilité à l’insécurité alimentaire Selon le rapport AGVSAN (2009), la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire a touché, 12% des ménages qui sont prioritairement dirigés par les femmes, par les personnes âgées (60 ans et plus), de faible niveau d’instruction, les ménages dont la proportion des aliments consommés sont issus de leur propre production ou des aides/dons plus importants. Elle a aussi touché les enfants les plus jeunes (6 à 59 mois) et sur le plan spatial, ce sont les départements du Mono, de l’Atacora, du Couffo et de la Donga qui totalisent près de 60% des ménages en insécurité alimentaire au niveau national. Cette situation de vulnérabilité des ménages et son degré restent liés davantage au milieu de résidence (rural ou urbain), le niveau de revenu ou de richesse, la dépendance aux aides/dons et aux transferts d’argents et crédits, à l’absence d’activités spécifiés, et à la dépendance du ménage à l’agriculture vivrière (AGVSAN, 2009). Elle est aussi bien déterminée par les risques économiques que biophysiques. 15 Figure 1. Pourcentage de la population locale en insécurité alimentaire, 2008 Source : AGVSAN (2009). Lorsqu’on considère le « cycle de vie » des individus, les résultats révèlent qu’en plus des personnes âgées, les enfants de moins de 10 ans sont globalement touchés. En général, cette situation caractérise davantage les personnes vivant en milieu rural, notamment les femmes. Par rapport à la fréquentation scolaire, ce sont les jeunes garçons de 11 à 14 ans vivants en milieu rural qui sont plus touchés. Tableau 5. Proportion d’individus en insécurité alimentaire selon les classes d’âge, le sexe et les zones de résidence au Bénin, 2008 Urbain Rural National Total Catégories d'âge M F M F M F 0-4 7,56 7,96 13,62 14,83 11,69 12,62 12,14 5-10 7,76 6,93 15,6 14,59 13,36 12,09 12,74 11-14 7,94 7,49 14,01 13,22 11,94 11,1 11,54 15-24 5,97 7,75 11,56 13,77 9,16 11,19 10,14 25-59 7,07 7,49 12,76 14,05 10,54 11,67 11,18 18-59 6,42 7,35 12,62 14,15 10,05 11,6 10,91 60 et plus 5,58 5,71 16,78 22,09 13,47 17,01 15,07 5-10 scolarisé 7,09 6,75 16,19 13,06 13,33 10,69 12,07 11-14 scolarisé 7,45 7,64 15,41 13,1 12,43 10,88 11,72 Source : Calculés à partir des données AGVSAN(2009). La vulnérabilité en termes de maladies chroniques Pour 37% des ménages, le choc le plus fréquent est une maladie grave ou un accident d’un membre de personne. Ainsi les personnes affectées par les maladies chroniques, 16 telles que le SIDA, les accidents graves se trouvent souvent dans un état de vulnérabilité et dépendance extrêmes. En dehors des exigences financières inhérentes à ces maladies, le suivi sanitaire de ces personnes reste souvent limité par l’offre insuffisante d’infrastructures adéquates. En effet, les soins médicaux dont elles ont besoin son t souvent très onéreux pour les familles pauvres. 2.3 Stratégies de gestion des risques Pour faire face aux différents risques et chocs identifiés, les ménages développent plusieurs types de stratégies (AGVSAN, 2009). Ces dernières varient selon la nature du risque et la vulnérabilité du ménage. Dans leur grande majorité, les ménages choisissent de dépenser leurs économies pour faire face aux chocs. Ils sont environ 46% à choisir cette option face aux chocs sociaux, contre 19% et 17% pour les chocs économiques et biophysiques. D’autres stratégies de réponse aux chocs telles que la déscolarisat ion des enfants et leur placement sur le marché du travail, la vente des actifs (terre) sont également adoptées. Tableau 6. Stratégies de réponse aux chocs, 2008 Types de chocs Stratégies de réponse aux chocs Chocs économiques - dépenser les économies. - consommer des aliments moins coûteux ou moins chers. - réduire de la quantité de nourriture lors des repas. - acheter des aliments à crédit. - réduire du nombre de repas par jour. - emprunter des aliments ou compter sur l’aide d’amis. Chocs sociaux - dépenser des économies. - Emprunts auprès des amis ou des structures de tontines. - recourir aux aides d’amis ou de parents. Chocs biophysiques - dépenser des économies. - emprunter des aliments pour faire face aux besoins urgents. - travailler occasionnellement. Source : AGVSAN (2009). Par ailleurs, il convient de mentionner qu’une proportion importante des ménages n’a pas pris de mesures particulières face à ces différents chocs. En effet, 37% des ménages sont restés inertes face aux chocs biophysiques, contre 30% pour les chocs économiques et 10% pour les chocs sociaux. 17 Aussi, pour 96% des ménages ayant subi un choc, celui a diminué la capacité du ménage à produire ou à acheter des vivres. 28% des ménages disent ne pas avoir pu se relever du choc subi, alors que 59% s’en sont remis partiellement et 13% entièrement. Cette situation suggère que des programmes de filets sociaux adéquats soient mis en œuvre afin d’aider les pauvres à faire face aux différents chocs auxquels ils font face. Ceci permettra de limiter les effets néfastes des chocs économiques exogènes qui risquent non seulement de faire plonger davantage de ménages dans la pauvreté mais aussi de renforcer les trappes de pauvreté chronique. 2.4 Conclusion partielle Environ 35% de la population béninoise disposent moins du minimum nécessaire pour acquérir un panier de biens alimentaires et non alimentaires essentiels à la survie. Ce qui montre une légère augmentation de la pauvreté entre 2007 et 2010. En considérant le cycle de vie des membres du ménage, il ressort globalement que ce sont les enfants de moins de 15 ans qui sont les plus pauvres. Il en de jeunes de 5 à 14 ans scolarisés et des personnes âgées de 60 ans et plus. Cependant, pour avoir une vue assez large des couches les plus pauvres et la nature de la pauvreté auxquelles ils sont confrontés, il urge d’approfondir l’analyse de la pauvreté et de la vulnérabilité sur la base de la nouvelle base de données de 2010. En outre, la pauvreté touche davantage les personnes vivantes en milieu rural, notamment les personnes confrontées au sous-emploi sur le marché de travail (71% des travailleurs). Au niveau géographique, on s’aperçoit que les départements les plus pauvres sont les Collines, le Couffo, le Mono, le Zou et l’Alibori. La profondeur de la pauvreté est significative: au niveau national, la moyenne des revenus des ménages pauvres se situent à 70,5% du seuil de pauvreté. La pauvreté au Benin constitue un phénomène surtout chronique. La nature de la pauvreté a été approchée dans cette étude à travers l’analyse de la mobilité dans les 18 différents états de bien-être selon l'approche utilisé par Hodonou et al (2010). Les résultats indiquent que le 35%-40% des ménages pauvres en 2007 ont échappé à la pauvreté en 2009, tandis qu'une proportion même plus grande a suivi le parcours inverse. En gros, trois principaux chocs affectent les ménages au Bénin. Il s’agit des chocs économiques, sociaux, biophysiques. En raison de leur situation de pauvreté très préoccupante, une frange importante des ménages se trouvent sans moyens suffisants 18 pour gérer les conséquences du choc et se voir obligé de recourir à des stratégies d’adaptation qui lui sont néfastes à long terme, telles la dépense de leurs économies déjà très maigres, ce qui limite les investissements futurs dans leurs activités productives. Face aux chocs économiques, les ménages recourent prioritairement à la dépense de leurs économies. Les stratégies développées par les ménages concernent à plus de 45% la dépense des économies, et à environ 18% le recours à des emprunts. A environ 8%, ils comptent sur les aides d’amis ou de parents. La survie de ces ménages pauvres face à ces chocs semble très préoccupante dans la mesure environ 28% des ménages disent ne pas avoir pu se relever du choc subi, alors que 59% s’en sont remis partiellement et 13% entièrement. 18 Épargne, assurance, accès au crédit. 19 III Vue d’Ensemble des Programmes des Filets Sociaux Existants 3.1 Définition des Filets Sociaux Les Filets sociaux (FSS), aussi connus sous le nom d´assistance sociale ou du bien- être social, sont des transferts non contributifs ciblés sur les populations pauvres ou vulnérables, comme les transferts monétaires, conditionnels ou non; la distribution d’aliments ou d'autres biens, en nature; les emplois dans le cadre de programmes publics de travaux à haute intensité de main d’œuvre; les subventions générales des prix, par exemple, des aliments ou de carburant; les exemptions de droits pour les services essentiels comme la santé ou l'éducation ciblées sur des catégories vulnérables (BM 2008). Les filets sociaux, tels que définis dans le présent rapport, visent à accroître et à stabiliser la consommation. Les activités génératrices de revenus et autres programmes de subsistance se trouvent donc exclus du champ de la présente étude. Ces programmes sont d’importants instruments de réduction de la pauvreté, mais peuvent ne pas assurer une augmentation directe de la consommation, et ne sont donc pas classés comme programmes de filets sociaux. Les filets sociaux visent d’une manière ou d’une autre les pauvres et les personnes vulnérables, c’est-à-dire les individus vivant dans la pauvreté et incapables de satisfaire leurs propres besoins fondamentaux, ou risquant de tomber dans la pauvreté à cause de chocs exogènes ou de circonstances socioéconomiques. Les filets sociaux peuvent s’adresser à un ou à une combinaison des groupes suivants [Grosh et al. 2008]:  Les pauvres chroniques, c’est-à-dire les personnes qui n’ont pas les atouts nécessaires pour gagner des revenus suffisants, même les bonnes années ; 20  Les pauvres transitoires, c’est-à-dire les personnes qui gagnent suffisamment pendant les bonnes années, mais tombent dans la pauvreté, du moins temporairement, à la suite de chocs idiosyncratiques ou covariants allant d’une maladie au sein du ménage ou de la perte d’un emploi jusqu’à la sécheresse ou à une crise macroéconomique;  Les groupes vulnérables, c’est-à-dire, de manière non limitative, les personnes qui peuvent tomber dans la pauvreté. Les FSS sont des programmes essentiels pour la réduction de la pauvreté extrême et pour aider un pays à sortir d'une spirale à la baisse. Ce qui peut se générer dans le niveau de vie de la population en raison de chocs défavorables et d’une transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Ils trouvent leur raison d’être dans un contexte socio-économique critique où il n'y a pas des opportunités pour générer un revenu ou de réponse à des chocs externes; une insécurité alimentaire chronique avec une pauvreté et un chômage diffus dans la majorité de la population et un système de protection sociale presque absent. Dans la politique sociale d’un pays, les filets sociaux occupent une position stratégique au sein de la protection sociale, mais ils ne sont pas contributifs comme les autres programmes. Les Filets sociaux rentrent dedans les politiques de protection sociale en coupant les domaines de l’éducation et de la santé, mais ils ne sont pas contributifs comme les autres programmes. La Protection Social par ailleurs inclût les programmes sociaux contributifs tels que les pensions, l’assurance chômage et d’autre politique du marché du travail. 21 Figure 2. Positionnement des Filets Sécurité Sociale dans la politique sociale EDUCATION SANTE FILETS SOCIAUX PROTECTION SOCIALE (ex. EMPLOI) Note: la figure est purement indicative et ne reflète pas les réelles proportions entre les trois secteurs. Chaque pays a besoin de bons filets sociaux pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité de ses citoyens. Les filets sociaux et les transferts ont des répercussions immédiates sur les inégalités et la pauvreté extrême. En outre, ils permettent aux ménages de faire des investissements de meilleure qualité pour leur avenir. Les FSS aident aussi les ménages à mieux gérer les risques ex-post (éviter les pertes difficiles à récupérer) et ex-ante (favoriser des stratégies à plus haut risque/rendement). Enfin, les FSS aident les gouvernements à entreprendre des réformes bénéfiques. Tous les FSS doivent être bien ciblés, durables et comprendre une stratégie de sortie afin de ne pas créer de distorsion ou des effets de dépendance. Plusieurs mécanismes peuvent être utilisés afin de cibler les groupes pauvres et vulnérables: (i) enquête des ressources qui considèrent la pauvreté ou la vulnérabilité par rapport au revenu ou à la consommation des individus ou des ménages; (ii) ciblage géographique qui identifie la pauvreté ou la vulnérabilité par rapport aux zones de résidence; (iii) l'auto-sélection, qui 22 fonctionne à travers un salaire minimum ou la consommation de produits de qualité inférieure. Parmi ces modalités, l'erreur d'inclusion est maximisée avec l'auto-sélection et réduit au minimum par les enquêtes. Dans le même temps, la précision de l'approche choisie est directement proportionnelle à l'information disponible et aux ressources destinées à la mise à jour des donnés. Les programmes ou projets inclus dans cette étude se référent exclusivement à la consommation. Les interventions du Gouvernement ou des Bailleurs de fonds qui développent la production (ou sont pour améliorer la productivité agricole) sont des projets qui, bien que très importants en terme de mécanismes génératrice de revenue, ne rentrent pas dans ce type de politiques sociales puisqu’ils ont une optique de développement et donc une approche différente. Pour que un FSS soit considéré efficace, il doit respecter certaines caractéristiques essentielles tels que être approprié, adéquat, équitable, efficient, incitatif, durable et dynamique. Le prochain encadré va approfondir ces concepts. 23 Encadré 1. Mais en fait quels sont les déterminants d’un bon filet social ? Les systèmes de filet social de sécurité sont généralement constitués de plusieurs programmes tissés les uns avec les autres et qui, idéalement, se complètent mutuellement tout en complétant d’autres politiques publiques ou sociales. Un bon dispositif est cependant plus qu’une addition de programmes bien conçus et bien mis en œuvre, il est également : Approprié. L’éventail des programmes utilisés et l’équilibre entre eux ainsi qu’avec d’autres éléments des politiques doivent répondre aux besoins particuliers du pays. Chaque programme doit être adapté aux circonstances spécifiques. Adéquat. Le filet social de sécurité dans son ensemble couvre les différents groupes ayant besoin d’aide – les pauvres chroniques, les pauvres temporaires, ceux qui sont touchés par des réformas, ainsi que tous les sous-ensembles / groupes qui les constituent. Chaque programme doit fournir une couverture complète et des avantages significatifs à chacun des sous-ensembles de la population qu’il est censé assister. Equitable. Le filet social de sécurité doit traiter les bénéficiaires de façon juste et équitable. En particulier, il doit procurer les mêmes avantages aux individus ou aux ménages considérés comme égaux par rapport à tous les aspects importants (équité horizontale) et peut procurer des avantages plus importants aux bénéficiaires les plus défavorisés (équité verticale). Efficient. Un programme efficient canalise l’essentiel de ses ressources vers le groupe ciblé. Il économise également les ressources administratives nécessaires à sa mise en œuvre, de deux manières. Tout d’abord, il évite la fragmentation du système de filet social de sécurité, et la nécessité qu’elle entraîne de mettre en place des systèmes administratifs sans pouvoir réaliser des économies d’échelle. Ensuite, le programme fonctionne de manière efficiente avec le minimum de ressources nécessaires pour avoir l’impact désiré, mais avec suffisamment de ressources pour bien réaliser ses fonctions. Incitatif. Un filet de protection peut changer le comportement des ménages en mieux comme en pire. Pour veiller à ce que le résultat soit positif, le filet doit être maintenu au niveau minimal tout en restant adéquat. Il inclut souvent des programmes qui aident explicitement les individus ou communautés visés à acquérir des actifs ou des revenus, en liant les transferts à des éléments de programme obligatoires ou volontaires. Les programmes de travaux publics peuvent apporter des actifs matériels et de l’infrastructure aux communautés. Les programmes de transfert conditionnel en espèces renforcent le capital humain des ménages. Le lien avec des services financiers, de recherche d’emploi, de formation ou d’aide sociale peut aider les ménages à augmenter leurs revenus. Durable. Un système de filet social de sécurité prudent est financièrement durable, c’est -à-dire qu’il est mis en place d’une manière équilibrée par rapport aux autres aspects de la dépense publique. Chaque programme pris individuellement doit être durable à la fois financièrement et politiquement, afin d’éviter les cycles d’arrêts / reprises, qui nuisent terriblement à l’efficience de l’administration et à la réalisation des aspects promoteurs du programme. Dans les pays à faible revenu, les programmes lancés avec l’aide des bailleurs de fonds sont graduellement incorporés au secteur public. Dynamique. Un bon filet social de sécurité évolue avec le temps. L’équilibre entre les différents programmes est appelé à se modifier en fonction de la croissance économique, du développement d’autres éléments de politique ou de l’avènement de crises. La gestion d’un programme donné doit également évoluer au fur et à mesure que les problèmes sont résolus et que de nouvelles normes sont définies. (Source: Grosh et al., 2008). 24 3.2 Performance Budgétaire dans le Secteur Social Le renforcement du capital humain est la préoccupation majeure de l’État béninois. L’analyse des taux d’exécution des budgets dans les secteurs de l’éducation et de la santé en liaison avec les indicateurs desdits secteurs ne permet pas d’établir une relation automatique sur l’évolution des deux variables. Toutefois, elle laiss e présager qu’un taux d’exécution élevé favorise la progression des indicateurs. Dans le secteur de l’éducation, sur la période de mise en œuvre de la SCRP 2, le taux d’exécution des dépenses est passé de 70,1% en 2007 à 67,3% en 2009 correspondant respectivement à 15,1% et 16,2% du Budget de l’Etat, soit 4,2% et 5,4% du PIB. Les actions menées dans ce secteur ont permis une amélioration du niveau de préscolarisation conformément aux objectifs du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education (PDDSE). En effet, de 4,5% en 2007, le taux brut de préscolarisation est passé à 8,0% en 2009. Cette performance a pu être obtenue grâce à des dispositions institutionnelles et pratiques mises en place et en cours pour redonner vie à ce sous-secteur, notamment la prise en compte de l’enseignement maternel par les mesures de gratuité et leurs accompagnements. Du côté de l’enseignement primaire, les cibles en termes d’accès et de couverture ont été atteintes, le taux brut de scolarisation passant de 98,0% en 2007 à 109% en 2009. Cette amélioration résulte, entre autres, des efforts conjugués déployés par l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) et les ONG ou autres acteurs du système dans le cadre de la promotion de la scolarisation primaire, en particulier les différentes mesures d’accompagnement de la décision de gratuité en cours de mise en œuvre telles que : (i) le renforcement des subventions aux écoles ; (ii) la poursuite de la construction et de l’équipement des salles de classe ; et (iii) le renforcement des plaidoyers et des sensibilisations des communautés, etc. 25 S’agissant de l’enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle, les taux de transition CM2-Sixième et Troisième-Seconde se sont établis respectivement à 78,8% et 43,0%, en progression par rapport à leurs cibles (75,0% et 40,0%) en 2009. Pour l’enseignement supérieur, les universités au Benin connaissent depuis quelques années une pression d'effectifs par rapport à l'offre disponible. Entre 2007 et 2009, l’effectif des étudiants du public est passé de 49.178 à 60.642. Cette progression s’explique, entre autres, par la gratuité des inscriptions dans les facultés et la révision à la baisse des coûts de la formation supérieure et l'ouverture progressive des filières professionnelles. Au niveau du secteur de la santé, le taux d’exécution du budget est passé de 72,7% en 2007 à 39,2% en 2009, représentant respectivement 7,1% et 5,7% du Budget de l’Etat, soit 2,0% et 1,9% du PIB. Plusieurs mesures de politique sanitaire ont été mises en œuvre en vue d’assurer l’amélioration de la qualité des soins au profit des populations. Au nombre de ces mesures, on note : (i) la promotion de la santé maternelle et infantile à travers l’acquisition et la distribution de kits d’urgence obstétricale au profit des hôpitaux de référence, la gratuité de la césarienne, l’organisation des campagnes de vaccination contre la POLIO et les maladies du PEV, et la distribution gratuite de la vitamine A et de l’albendazole aux enfants de 0 à 5 ans chaque année ; (ii) la sécurisation des produits pharmaceutiques et des consommables médicaux par la construction des dépôts répartiteurs de la CAME ; (iii) la prévention du VIH/SIDA et la prise en charge des PVVIH par la distribution gratuite des Anti Retro Viro ; (iv) la lutte contre le paludisme et les maladies endémiques à travers la distribution gratuite et massive des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action aux femmes enceintes et aux enfants de 0 à 5 ans ; (v) le renforcement de la sécurité transfusionnelle et la création du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) ; (vi) le développement d’une offre de santé de référence à vocation régionale, (vii) le développement et l’équipement des infrastructures sanitaires, et (viii) l’amélioration de la nutrition. La mise en œuvre de ces mesures bénéficie d’un important soutien des partenaires techniques et financiers. 26 En termes de performance, le taux de fréquentation des services de santé est passé de 45,1% en 2008 à 46,3% en 2009; le nombre de zones sanitaires fonctionnelles est demeuré inchangé à 26 en 2009 ; le taux de prévalence au VIH/SIDA pour les femmes enceintes, est ressorti stable à 1,8% en 2009 ; le pourcentage d’enfants de moins de 5 ans dormant sous moustiquaires imprégnées est passé de 56% en 2008 à 56,3% en 2009; etc. Par contre, le taux d’accouchements assistés par un personnel médical ou paramédical s’est inscrit en recul à 77,7% en 2009 contre 82,0% en 2008. Toutefois, les nouvelles actions entreprises par le Gouvernement, notamment la gratuité de la césarienne en 2009, devraient améliorer les résultats au niveau de la santé maternelle et néonatale. Tableau 7. Allocation budgétaire par secteur social et le taux d'exécution sur la période 2005-2009 Moyenne (En milliards de FCFA) 2005 2006 2007 2008 2009 2005-2009 Education Prévisions 110,4 132,7 136,8 182,5 184,4 149,4 Réalisation 95,6 104,7 95,9 123,0 124,0 108,7 Taux de réalisation 86,6% 78,9% 70,1% 67,4% 67,3% 74,1% Réalisation /BGE (%) 18,8% 21,7% 15,1% 15,7% 16,2% 17,5% Réalisation /PIB (%) 4,2% 4,6% 4,2% 5,4% 5,4% 4,7% Santé Prévisions 42,6 50,4 62,2 76,4 111,4 68,6 Exécution 21,5 36,4 45,2 44,8 43,7 38,3 Taux de réalisation 50,4% 72,2% 72,7% 58,7% 39,2% 58,6% Réalisation /BGE (%) 4,2% 7,6% 7,1% 5,7% 5,7% 6,1% Réalisation /PIB (%) 0,9% 1,6% 2,0% 2,0% 1,9% 1,7% Affaire Sociale Prévisions 4,3 4,9 4,1 3,9 4,7 4,4 Exécution 3,5 3,3 2,2 2,7 3,0 2,9 Taux de réalisation 82,4% 66,2% 53,4% 69,7% 62,6% 66,9% Réalisation /BGE (%) 0,7% 0,7% 0,3% 0,3% 0,4% 0,5% Réalisation /PIB (%) 0,2% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% Source : MEF, décembre 2010. 27 En ce qui concerne le renforcement de la Action du Ministère de Action Sociale, le niveau d’exécution des dépenses dans ce secteur social est passé de 53,4% en 2007 à 62,6% en 2009, correspondant respectivement à 0,3% et à 0,4% du Budget de l’Etat, soit 0,1% du PIB en moyenne par an sur la période. La mise en œuvre de la SCRP met l’accent sur le renforcement de la protection sociale à travers la promotion de la famille, la promotion du genre, la protection et le développement de l’enfant et de l’adolescent, la dynamisation de la protection sociale et de la solidarité nationale. Ainsi, pour inverser par exemple la précarité de la vie socioéconomique des acteurs de l’économie informelle, un dispositif est mis en place pour garantir une couverture sanitaire aux acteurs du secteur informel en matière de sécurité sociale et contribuer ainsi à la réduction de la pauvreté. A cet effet, cinq (05) sections locales de mutuelles de sécurité sociale ont été installées. Ces mutuelles ont enregistré, au 31 décembre 2009, 3.980 adhérents pour 14.514 bénéficiaires. 28 Figure 3. Tendances des dépenses entre 2005 et 2009 Source : MEF, décembre 2010. Globalement, les dépenses dans les 3 secteurs sociaux sont passées de 6,2% en 2007 à 7,4% du PIB en 2009, soit une augmentation de 1,2%. Cette augmentation reflète la volonté du Gouvernement d'augmenter le financement pour les secteurs sociaux. Néanmoins, si on observe les secteurs séparément, on peut observer que cette progression est due surtout au secteur de l'éducation, qui par contre est toujours inférieur (au niveau des investissements) par rapport aux niveaux de 2005 et 2006. En effet, quand on observe les dépenses dans les trois secteurs, on note que pendant les années de crise (2008-2009) les dépenses ont diminué dans les trois secteurs en % des dépenses générales du Budget. Il en de même dans le cas des dépenses dans les affaires sociale. Dans la suite cette étude, nous allons vérifier si cette diminution est compensée par l'augmentation des dépenses dans les subventions généralisées sur les prix. 29 3.3 Principaux acteurs et actions dans les Filets sociaux Cette section présente une description des principaux Filets sociaux au Bénin avec une vue sur les différents acteurs (le gouvernement, les partenaires techniques et financiers et la société civile) et les programmes principaux y afférents. Les sections qui suivent feront l’objet d’une analyse générale du financement, des dépenses, des catégories de bénéficiaires et une première évaluation des forces et faiblesses de ces programmes. L'objectif global est de caractériser la disponibilité et la qualité des services et de déterminer quelles améliorations devraient être apportées aux programmes des Filets sociaux. La principale attente ici est de faire le point de la situation des projets et programmes (achevés, ou non) mis en œuvre au Bénin au cours de ces cinq dernières années. Les projets ou programmes du secteur des filets de sécurité sociale identifiés couvrent aussi bien les transferts en espèce ou en nature que les subventions à des catégories de populations (personnes en situation difficile, pauvres ou vulnérables). Dans le but de simplifier la discussion et l'analyse, ces programmes ont été regroupés en 5 volets principaux: 1. les transferts en espèce aux couches identifiées comme pauvres ou vulnérables ; 2. les programmes alimentaires ou de distributions des aliments qui peuvent se subdiviser en trois catégories: a. les interventions de transferts directs en espèce et en nature dans des situations exceptionnelles ou d’urgence ; b. les programmes d’appui nutritionnel axés sur la distribution de vivres ou compléments alimentaires aux personnes malades, malnutries ou affectées par les affres des maladies ; 30 c. les cantines scolaires, programmes de nutrition dans les écoles des départements ciblés ; 3. les initiatives de travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) avec le double objectif de construire ou réhabiliter des infrastructures et de générer des revenus temporaires. Ces initiatives peuvent être de la nourriture ou de l’argent contre travail ; 4. les subventions généralisées sur les prix des aliments importés ainsi que sur les produits pétroliers et énergétiques ; 5. les exemptions des frais sur les services de base, en principe, ciblées sur les catégories les plus vulnérables ou pauvres : a. gratuité des frais hospitaliers pour les indigents ; b. subventions aux établissements scolaires et universitaires. Divers acteurs interviennent ou accompagnent ces actions. On y note la présence de l’Etat à travers ces structures décentralisées, les partenaires techniques et financiers, les ONG nationales et internationales et parfois des privés aussi bien nationaux que de la diaspora en direct ou à travers des partenariats publics-privés. Tableau 8. FSS au Benin: programmes et acteurs principaux, 2005-2010 Programmes Sociaux Principaux Acteurs 1. Transfert en Espèces MFSN, SUISSE 2. Programmes Alimentaires 2.a Interventions d'urgences PAM, MINADER CRS, 2.b Récupération Nutritionnelle MFSN, UNICEF, PAM, CRS 2.c Cantine Scolaires MEMP, PAM, DANIDA, UNICEF, CRS 3. HIMO DANIDA, IDA (BM et al.), GdB (MTP et MU) 4. Subvention généralisée sur les prix MEF 5. Exemption des frais 5.a. Gratuité hôpital MSP 5.b. Gratuité écoles MEMP Source: voir aussi annexe 1. 31 Les interventions de l’Etat béninois passent prioritairement par des Ministères clés tels le Ministère de la famille et de la Solidarité Nationale, le Ministère des Enseignements Maternel et Primaire, le Ministère de l’Urbanisme, le Ministère des travaux publ ics, le Ministère de la Santé et celui de l’Economie et des Finances. Les PTFs quant à eux sont dans la double approche d’accompagnement de l’Etat à travers le financement de certains projets initiés et mise en œuvre par le Gouvernement et à travers des interventions directes au profit des bénéficiaires avec l’appui parfois des ONGs locales. Comme partenaires présents dans le secteur des FSS, on retrouve : l’UNICEF, les Coopérations DANOISE et SUISSE, le PAM, la Banque Mondiale. Il est à noter également que plusieurs ONGs nationales ou internationales sont également présentes dans le domaine soit en tant que relais de l’Etat ou des PTFs soit en tant acteurs principaux à travers des fonds propres ou mobilisés auprès des bailleurs autres que l’Etat et les PTFs habituels. Il s’agit principalement ici de CARITAS BENIN, de CRS, de PLAN BENIN. Programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres (MCPP) du Gouvernement Le but de cette étude est d’analyser les programmes non contributifs de la protection sociale. Toutefois comme la limite entre les non contributifs et les contributifs est très subtil et surtout en voyant l'importance des initiatives de micro -crédit ciblées à une population très vulnérables, nous avons ici décrit les principales initiatives dans le secteur, même si elles ne sont pas des FSS « traditionnelles. » Dans la perspective de faire du secteur privé un pôle de création de richesse et d’emplois, d’importants efforts ont été déployés en vue de la facilitation de l’intermédiation financière en appui au secteur privé. L’une des finalités de cette réforme est d’accroître la contribution du secteur de la micro finance au financement des PME, des agriculteurs et des activités génératrices de revenus. Dans le cadre de 32 l’opérationnalisation du programme «développement du secteur de la micro Finance », 3 séries d’actions ont été engagées. Au nombre de ces actions, on peut citer : le Programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres ; le refinancement des institutions de micro finance en vue d’accroître leurs capacités à financer l’économie ; le financement des activités agricoles en milieu rural qui vise à mettre en place un mécanisme efficace de financement de l’agriculture et la professionnalisation des IMF qui vise à les rendre viables et aptes à servir durablement les populations. Toutes ces actions sont coordonnées par le Fonds National de la Micro finance qui est une structure sous tutelle du Ministère de la Micro finance et de L’Emploi des Jeunes et des Femmes et qui a pour mission entre autres de renforcer les capacités financières et opérationnelles des IMF afin de rendre accessible aux populations, les services financiers nécessaires au développement d’activités porteuses de croissance. 33 Encadré 2. Programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres (MCPP) Le programme MCPP dédié aux couches les plus défavorisées ne constitue pas de transferts non contributifs sur les populations pauvres ou vulnérables. Cependant, il convient de signaler que l’objectif global du programme est de rendre économiquement actives les populations pauvres par la mise à leur disposition de microcrédits et d’autres services d’accompagnement. De façon spécifique, il s’agit : (i) d’organiser en groupements de 03 à 15 personnes les potentiels bénéficiaires ; (ii) de sensibiliser et de former ceux-ci sur des notions essentielles de solidarité-développement des AGR et gestion du crédit ; (ii) de mettre en place les microcrédits ;(iii) d’encadrer et de suivre l’exécution des activités des groupements en vue d’un bon remboursement ; (iv) de constituer en faveur du bénéficiaire, une petite épargne sur chaque remboursement. Toutes les communes du Bénin ont déjà été impactées par le programme qui touche essentiellement les populations ayant un besoin financier initial d’au plus 30 000 F CFA pour démarrer une activité g énératrice de revenus. Les produits offerts sont variés et visent l’amélioration des conditions de vie et de travail des plus pauvres. Le MCCP est un système de crédits successifs à taux Progressif dont l’exécution se fait en trois phases. Une première phase supposée d’apprentissage pour les bénéficiaires. A cette phase, le montant maximal de crédit est de 30 000 FCFA renouvelable une fois et le taux d’intérêt est de 5% avec une épargne stratégique de 3% à ristourner au bénéficiaire. En clair, le bénéficiaire ne paie qu’un intérêt net de 2% ; Une deuxième phase à laquelle le bénéficiaire pris à l’étape zéro à la première phase est supposé avoir amorcé un processus progressif de renforcement de ses aptitudes à développer une activité économique et à gérer un montant supérieur de crédit. A cette phase le montant de crédit est de 50 000 F CFA et le taux d’intérêt est de 8%, avec une épargne stratégique de 5%, soit donc 3% d’intérêt net payé ; La troisième phase consacre le reversement des bénéficiaires dans le portefeuille des IMF. A cette étape, le bénéficiaire est supposé avoir acquis les aptitudes requises et le niveau de ses activités peut lui permettre de faire face aux conditions du marché. Les épargnes stratégiques instaurées au profit des bénéficiaires lors des deux premières phases visent non seulement à leur inculquer la nécessité d’épargner pour accumuler, mais aussi à constituer une provision devant leur permettre de faire face aux conditions financières préalables aux crédits, une fois reversés dans le portefeuille classique des IMF. Pour permettre aux IMF d’assurer efficacement cette phase, des crédits relais à taux modérés leur sont octroyés. Les deux premières phases, faites chacune de deux cycles de six mois, ont beaucoup évolué. Par ailleurs, ce programme a marqué le début en 2007 des activités du Fonds National de la Microfinance. Si le premier objectif du Fonds National de la Microfinance (FNM) est de mettre en place un cadre approprié de gestion des programmes du gouvernement dédiés aux couches les plus défavorisées, son rôle dans la pratique s’est élargi à plusieurs secteurs, faisant aujourd’hui des institutions de microfinance des relais stratégiques pour la lutte contre la pauvreté. Source : FNM, décembre 2010. Sur le plan d’exécution, au 31 décembre 2009, un nombre total cumulé de 635 311 pauvres ont été touchés par le programme de Micro Crédit aux Plus Pauvres (MCPP) pour un montant total cumulé de 31 446 719 000 FCFA contre 395 901 bénéficiaires en 2008 pour un montant total cumulé de crédits placés de 16 492 579 004 FCFA. Il en résulte qu’un total de 235 410 nouveaux bénéficiaires ont été impactés en 2009 pour un 34 montant total de crédits placés de 14 954 139 996 FCFA. De ces bénéficiaires, 55% ont bénéficié de leur premier crédit et 45% de crédits de renouvellement. On observe ainsi un accroissement de 17, 37% du nombre de bénéficiaires par rapport à 2008. Ceci qui signifie que le programme a mis en place plus de crédit en 2009 pour le développement d’AGR qu’en 2008. Egalement avec un coefficient de rotation de la ligne de crédit de 1,068 rien que pour la seule année de 2009 après deux exercices, cela dénote de l’engouement des populations pour le micro crédit. Ces ressources sont orientées prioritairement vers le petit commerce (89%), la transformation (7%) et l’agriculture (2%). Par rapport au projet MCPP/AGR financé par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) démarré le 28 mai 2009, 316.800.000 FCFA ont été mis en place à huit IMF pour financer des Activités Génératrices de Revenus sur un accord de prêt d’un montant de 1 250 000 000 FCFA. Dans le même contexte, la Banque Mondiale avec l'Etat Béninois, finance aussi des Activité Génératrice de Revenu au niveau de la component 3 du Programme du PNDCC. Au 31 octobre 2010, avec un décaissement de 943.804.250 FCFA, les programmes avaient financé 1167 microprojets. Ces initiatives ont le but d'une "Amélioration de l’Accès des pauvres aux Services Financiers" Les formations seront données et des équipements mis à disposition pour un démarrage des activités. 3.4 Analyse des Ressources Financières Allouées aux Filets sociaux L’analyse générale des dépenses dans le secteur social au Benin a mis en exergue certaines caractéristiques importantes. Toutefois, le système de collecte des informations au Bénin reste relativement faible, de sorte que les données présentées doivent être considérées avec une certaine prudence. Cela est dû à plusieurs facteurs. Premièrement, les initiatives du secteur privé (national ou international) sont difficiles à surveiller, car ils sont extrêmement fragmentés et difficiles à retrouver dans les documents. Deuxièmement, au sein des nombreuses organisations, l'information est manquante. De la même manière, les coûts liés au déplacement sur le terrain sont 35 souvent des contraintes pour les établissements de financement pour recueillir des informations sur l'exécution du projet. Néanmoins, les chiffres affichés sont une approximation fiable de la réalité. Finalement, cette analyse n’inclut pas les formes de protection sociale traditionnelle ou informelle, tandis que les transferts monétaires internationaux sont pris en compte, mais de façon agrégée. Ces phénomènes sont considérablement importants, mais nécessitent des estimations crédibles. Les dépenses dans les filets sociaux sont faibles. Dans le tableau suivant, nous montrons les dépenses en % des dépenses totales dans le secteur social (voir chapitre 0), en % des dépenses total dans le budget de l'Etat et en % du PIB du Benin. En outre, nous avons reproduit l'analyse sans et avec les Subvention généralisées sur les prix (des produits alimentaires y compris aliments importés, pétroliers, l'électricité, voir le chapitre 0 pour les détails) et les exemptions des frais scolaires puisqu’ ils ne sont pas ciblés sur les pauvres, mais plutôt généralisées. Cet exercice nous permet d'avoir un cadre du financement des filets sociaux ainsi que des programmes plus généralisés qui se réfèrent à toute la population. En moyenne entre 2005 et 2009, les FSS atteignent, sans les subventions sur les prix des aliments et produits alimentaires 4% des dépenses dans le secteur social du pays, ce qui représente 1,09% du Budget de l’Etat et seulement 0,33% du PIB national. Avec les subventions sur les prix, les % des dépenses passent au double (2,74% du Budget), soit 0,86% du PIB béninois et 10,35% du secteur social (voir Tableau 9). Les subventions sur les prix sont donc importantes et représentent environ 1,6% du Budget de l'Etat. Tableau 9. Dépenses dans les FSS, avec et sans les subventions sur les prix Moyenne (2005-09) Diaspora Avec Subventions Sans Subventions FSS/Sec Social (%) 12,4% 10,35% 4,04% FSS/Budget Etat (%) 3,3% 2,74% 1,09% FSS/PIB (%) 1,0% 0,86% 0,33% Source: MFSN, DGB, INSAE / Décembre 2010. Note: les subventions incluent les subventions généralisées sur les prix des produits alimentaires y compris aliments importés, pétroliers, l'électricité et les exemptions des frais sur la gratuité des écoles (pas ciblées). 36 Dans le même tableau, nous avons aussi mis en évidence les contributions de la Diaspora, telles qu'on les retrouve dans la Balance des Payements, étant donné qu’ils peuvent être aussi considérés comme des transferts (et représentent le 3,3% du Budget soit 1% et du PIB). En effet, en dehors des programmes des filets sociaux, les migrants également s'organisent pour fournir un soutien d'urgence ou de répondre aux demandes spécifiques des personnes dans leur pays d'origine. En premier lieu, avec des transferts directs aux membres de la famille, mais aussi avec des organisations structurées qui peuvent être professionnelles ou confessionnelles. Elles peuvent financer des établissements scolaires, payer pour les livres ou les fournitures scolaires. Plusieurs associations de la diaspora apportent des soutiens dans le domaine de la santé. Ces ressources débloquées répondent à des besoins spécifiques et viennent ainsi renforcer les systèmes de services sociaux. Cependant, selon les informations recueillies dans des autres Pays, une partie importante de cette contribution ne touche pas les pauvres. De ce fait, ces informations sont traitées à part. Au delà de cette moyenne qui nous donne une idée fiable du budget dépensé dans les Filets sociaux, il est aussi intéressant d’examiner la tendance des investissements dans les dernières années. La Figure 5 nous présente les séries historiques des montants dépensés dans les programmes de FSS, y compris les subventions sur les prix, ainsi que les dépenses de la diaspora d'une part; et les dépenses des FSS qui sont partagées entre les PTF et le Gouvernement, d’autre part. Chaque montant est vu en pourcentage du Budget de l'Etat. Les deux graphiques de la figure 5 ci-dessous sont juxtaposés afin pouvoir souligner les différences dans les tendances. 37 Figure 4. Évolution des dépenses dans les secteurs sociaux et dans les filets sociaux en % du Budget de l’Etat, avec et sans subvention sur les prix. Source: Calculs des auteurs. Voir annexe 1 et MEF, Budget de l'Etat. Le point le plus intéressant de cette comparaison est le contraste entre les montants dépensés au niveau des subventions (section A de la Figure 3) qui ont un pic en 2008 et la tendance décroissante des investissements du Gouvernement (section B de la Figure 1) dans les autres secteurs des Filets. Par contre, les Partenaires montrent une croissance plutôt régulière dans la période. Enfin il est évident que les transferts qui se réfèrent à la Diaspora ont baissé en indiquant que la crise mondiale a probablement affecté ces montants. Dans les années de crise (2008 et 2009), à une hausse des dépenses dans les subventions sur les prix correspond une réduction des dépenses dans le secteur social, spécialement dans la Santé et l'Education. Cette tendance hautement spéculaire parmi les dépenses du Gouvernement et FSS avec les Subventions dénotent une tendance à privilégier les urgences (comme la hausse des prix) plutôt que les investissements de longue période. En moyenne la différence entre les investissements des partenaires techniques et financiers et le Gouvernement est mise en évidence dans le tableau suivant. 38 Tableau 10. Investissements des PTF et du GoB dans les FSS en % du BdE et PIB Moyenne (2005-09) % du FSS (sans sub.) % du Budget Etat % du PIB PTF 64,94% 0,69% 0,21% GoBe (avec subventions) - 2,05% 0,65% GoBe (sans Subventions) 35,06% 0,4% 0,1% Source: Calculs des auteurs. Voir annexe 1. En général, si on exclut les subventions sur les prix, les partenaires jouent le rôle principal avec une proportion de dépenses sur le total de 70%, soit 0,7% du Budget de l'Etat. La contribution du Gouvernement est estimée à moins d'un tiers des dépenses totales. Avec les subventions, elle passe à 2% du Budget de l'Etat. L'étape suivante consiste à désagréger les dépenses totales du secteur FSS par type de programme pour montrer la répartition générale des ressources. La Figure 5 montre les résultats de cet exercice en moyenne sur la période 2005-2009. Comme mentionné plus haut, cette analyse n’intègre pas les subventions sur les prix et les exemptions de frais sur la scolarité dans la mesure où elles ne ciblent pas uniquement les couches plus vulnérables de la population. Figure 5. Distribution des principaux volets de FSS sans subventions Source: Calculs des auteurs. Voir annexe 1. 39 Les Cantines Scolaires constituent le volet qui a connu plus d'investissement au Benin. Il représente environ 56% des investissements dans les FSS. Les deux principaux acteurs de ce programme, sont le PAM19 et la DANIDA. Ensuite, il y a les HIMO avec un taux de 16% du budget total. Ce type d'intervention est préféré par la DANIDA et l'AGETUR. Les programmes de stocks céréaliers et des distributions des aliments dans les régions du nord, c’est-à-dire, les interventions ponctuelles en période de crises ou en réponse aux chocs qui exposent les populations rurales au risque d’insécurité alimentaire (comme la sécheresse, les inondations) représentent environ 8%, tandis que les subventions sur les exemptions des frais des hôpitaux pour les indigents tournent autour de 12%. Le volet des cantines a connu une forte augmentation de ressources dans la période analysée en passant d'un investissement de 3 milliards à près de 10 milliards de FCFA. Par contre, les transferts en nature sont très liés aux périodes de crises avec un pic en 2008, en réponse à la crise alimentaire et financière. Par contre, les transferts en espèce sont pratiquement inexistants. Ils représentent environ 1% des dépenses totales en FSS et sont supportées par le Ministère en charge de la Famille et la Coopération Suisse. Dans cette analyse, les dépenses de la Diaspora qui sont souvent des transferts en espèces ne sont pas prises en compte. En somme, cette analyse nous conduit à une conclusion significative selon laquelle, il n'existe pas une stratégie adéquate pour lutter contre la pauvreté chronique (extrême) et l'insécurité alimentaire au Bénin. Les dépenses des programmes de FSS sont trop faibles et fragmentées, pour être considérées une stratégie orientée vers les couches les plus pauvres et ceci dans une logique de long terme doit être élaboré. Cette faiblesse en termes d’orientation peut générer des pertes d'efficiences à budget égal. En effet, en l’absence d’une politique soutenable, les urgences vont se répéter et restreindre l’allocation des ressources aux autres secteurs sociaux. Les Filets sociaux qui sont focalisés sur la pauvreté chronique, permettent aux ménages pauvres non seulement de sortir d'une situation critique, mais aussi de donner une perspective et une possibilité 19 Il est le principal bailleur. 40 d'investissement de long terme. Ceci fait aussi que les urgences deviennent moins fréquentes. Quand on examine les investissements du Gouvernement par rapport aux Partenaires Technique et Financières, il ressort que le Gouvernement a plus investi dans les subventions aux prix, en réaction aux crises internationales, en particulier sur les carburants ou dans les exemptions des frais généralisés. En ce qui concerne les Partenaires Techniques et Financiers, ils interviennent surtout au niveau des cantines scolaires et des HIMO, donc avec une vision plus organisée qui contribue à la croissance. Les 10% des dépenses des bailleurs sont destinés aux urgences avec une forte incidence observée en 2008. Tableau 11. Répartition des dépenses dans les volets de FSS par bailleur, moyenne 2005-2009 Programme GoBe PTF % Avec % Sans milliards FCFA milliards FCFA % Subvention Subvention Transferts en 7.000.000 0,02% 0,29% 45.136.000 0,63% espèce Transfert en 109.602.639 0,33% 4,56% 215.782.000 3,00% nature Distributions alimentaires 48.931.700 0,15% 2,04% 727.677.500 10,12% ciblés Programme de 25.000.000 0,08% 1,04% 287.738.400 4,00% Nutrition Cantines Scolaires 905.940.609 2,75% 37,68% 4.501.252.804 62,58% Himo 136.655.180 0,42% 5,68% 1.415.197.753 19,68% Subvention généralisées (y compris 30.520.040.468 92,70% exemptions non ciblées) Gratuité frais 1.171.200.000 3,56% 48,71% hospitaliers TOT (sans 2.404.330.128 7.192.784.457 subventions) TOT (avec 32.924.370.596 subventions) Source: Calculs des auteurs. Voir annexe 1. 41 Lorsqu’on exclut les subventions des dépenses totales engagées par le Gouvernement dans les FSS, ce sont plutôt les programmes de gratuité de frais hospitaliers pour les indigents et les cantines scolaires qui sont priorisés. Toutefois, le montant qui y est affecté est très bas (0,4% du Budget). Cette analyse budgétaire nous permet de tirer deux conclusions. Premièrement, face à une situation de vulnérabilité et de pauvreté qui touche plus du tiers de la population, il est souhaitable d’opter pour un accroissement des investissements dans les FSS, susceptibles d’augmenter la couverture nationale par rapport aux programmes de FSS, mais privilégiant une réallocation des fonds entre les différents volets ci-dessus mentionnés. Par exemple, en Éthiopie, 1,2% du PIB est consacré aux programmes de FSS et couvre 7 millions de personnes (cf. Annexe 2). Deuxièmement, selon les expériences internationales enregistrées ces dernières années, il est plus indiqué de mettre en place une stratégie durable de Filets sociaux orienté sur un horizon de long terme. Les ménages pourront ainsi développer des stratégies familiales d'investissement et de prévention des risques. Les allocations de fonds pourraient (partiellement) être orientées sur les transferts directs aux ménages au détriment des subventions des prix dans la perspective d’une stratégie permanente de soutien à la consommation comme première étape dans le processus d’atténuation ou d’éradication de la de pauvreté extrême et chronique dans le pays, et, en deuxième étape, pour déclencher un mécanisme conduisant à l’autosuffisance alimentaire des populations vulnérables et pauvres. Les programmes analysés dans cette étude se réfèrent exclusivement à la consommation. Cependant, les programmes de soutien à la production sont aussi développés pour combattre la pauvreté extrême. Ces deux niveaux peuvent être complémentaires. En Éthiopie, par exemple, il a été montré (voir par exemple CRS Éthiopie) comment les agriculteurs qui ont d'abord reçu des rations alimentaires d'urgence pour nourrir leur famille et après les aides à la production agricole sont devenus productifs et autonomes. Dans la même logique, le Gouvernement du Bénin a 42 décidé de mettre en œuvre un programme d’actions destinées à combattre résolument l’insécurité alimentaire. Ce programme vise à accroître et ceci à brève échéance, le volume des denrées alimentaires à travers l’installation d’unités de production capables de produire de façon intensive et durable. Ces unités concernent les différentes filières agricoles stratégiques à promouvoir. Dans ce cadre, le Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et le Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) ont été lancés au début de 2008 afin de faire face à la crise alimentaire (voir encadré ci-dessous). 43 Encadré 3. Le Programme d’Urgence en Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) Le PUASA comporte deux composantes : Composante 1 : Fourniture d’intrants agricoles pour l’accroissement de la production nationale de céréales à court terme. A travers cette composante le projet financera la distribution de 8.500 tonnes d’engrais à environ 50.000 producteurs de riz (1.250 tonnes) et de maïs (7.250 tonnes), en 2009. Composante 2 : Appui à l’Unité de Gestion du Projet et conception de mécanismes novateurs de marché, pour la distribution des intrants aux agriculteurs. Cette composante du projet vise à renforcer les capacités de gestion fiduciaire de l’Unité de Gestion du Programme d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire, établie par le Gouvernement. Elle vise également à aider le pays à concevoir les mécanismes institutionnels novateurs de marché, requis pour assurer la distribution des engrais, semences certifiées et autres fournitures et services aux producteurs de cultures vivrières. Le tableau ci-après présente le budget du programme pour la période 2008 à 2010, avec les contributions respectives du Gouvernement et de ses partenaires financiers. Campagne Budget Contribution du Contribution Contribution des autres agricole total Gouvernement de la Banque Partenaires Techniques et (Millions (Million FCFA) Mondiale Financiers (Million CFA) FCFA) (Millions FCFA) 2008-2009 6 120,5 6 120,5 2009-2010 5 965 1 690 3 591 6 000 L’examen de ce tableau montre que les contributions du Gouvernement ont baissé de FCFA 6,15 milliards en 2008, au plus fort de la crise alimentaire, à FCFA 1,65 milliards en 2009, pour tomber à FCFA 0,38 milliards en 2010. Cette baisse réduit les capacités de l’UGP à continuer les missions qui lui ont été assignées, à savoir la réalisation d’une production excédentaire de céréales susceptible de calmer la flambée des prix des produits alimentaires sur le marché. Elle intervient alors que la Banque Mondiale s’apprête à accorder un autre don 20 de 6,8 millions d’euros au Gouvernement du Benin, pour la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire assignés au PUASA. L’expérience du PUASA révèle la valeur ajoutée d’un mécanisme national dédié à la promotion des cultures vivrières. Source : PUASA/MAEP, Décembre 2010. S’agissant du PDAVV, la vision du Gouvernement est de créer les conditions d’exploitation optimale des potentialités des vallées, notamment dans leur partie basse et moyenne, en appuyant l’exploitation familiale selon l’approche « village par village » ainsi que la promotion d’entreprises agricoles gérées par des promoteurs privés nationaux ou étrangers pour le développement de cultures d’exportation dans l’optique d’améliorer les balances commerciales et de payement du pays. 20 Financement mis en place à partir d’un fonds fiduciaire de l’Union Européenne pour la crise alimentaire. *hors budget Programme PUASA, il a été commandé par le Gouvernement 24 000 tonnes d’engrais pour un montant de 11 641,5 millions de FCFA. 44 Encadré 4. Le Programme de diversification agricole pour la valorisation des vallées Le PDAVV a pour objectif de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire des populations et à la réduction de la pauvreté et du sous emploi par :  l’installation de 1500 jeunes promoteurs agricoles dans les vallées et l’émergence des micros et petites entreprises agricoles (MPE) économiquement viables et créatrices d’emploi, bénéficiant de l’accès aux services financiers adaptés ;  la professionnalisation des promoteurs agricoles installés dans les vallées ;  l’ amélioration de la productivité et la compétitivité des productions ciblées. En termes d’objectifs spécifiques, il s’agit de :  Appuyer l’installation des jeunes promoteurs agricoles dans les vallées et l’émergence des micros et petites entreprises agricoles;  Appuyer la professionnalisation des promoteurs agricoles installés dans les vallées;  Améliorer la productivité et la compétitivité des productions ciblées. D’un coût global de 3 milliards 610 millions de francs CFA, ce programme au cours de la première phase pilote d’une durée de trois ans vise à encourager l’entrepreneuriat agricole à travers le soutien aux jeunes porteurs de projets agricoles. Le programme comporte un volet crédit géré par le Fonds National de Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes FNPEEJ, pour un montant d’environ 6 milliards de francs CFA. Il convient de préciser qu’au démarrage du programme, une avance de 2 000 000 000 F CFA sous forme de subvention a été reçue par l’ONS dans un compte ouvert au trésor à cet effet. Au 31 décembre 2009 le montant des décaissements se chiffre à 657 977 378 F CFA et les engagements à 81 110 338 F CFA portant le total des dépenses base engagement à 739 087 716 F CFA soit un taux de réalisation de 36,95%. Source : PADVV/MAEP, octobre 2010. 3.5 Evaluation des Principaux Volets d’Intervention dans les Filets Sociaux La présente section expose les caractéristiques des différents projets et programmes en cours sur des cinq dernières années au Bénin dans les filets sociaux suivi de l’analyse de leur pertinence, efficacité et efficience afin d’en dégager les bonnes pratiqu es pouvant être répliquées. Il s’agit des projets ou programmes mis en œuvre par le gouvernement, les partenaires techniques et financiers, les ONGs nationales ou internationales au profit des pauvres ou personnes vulnérables au Bénin. Ces projets et programmes couvrent aussi bien des transferts en nature, en espèces, les travaux à haute intensité de main d’œuvre, les exemptions de frais de services publics, les interventions d’urgences que les 45 subventions relatives aux produits de grandes consommations o u d’usage courants tels que le pétrole, l’électricité et les aliments importés. Transferts en espèce Les transferts en espèce constituent une modalité qui n'est pratiquement pas expérimentée au Benin. Dans nos analyses précédentes, nous avons mentionné l’existence de quelques programmes de transferts directs aux indigents, mais avec en moyenne, un budget limité à 50 millions de FCFA par an. Un des programmes qui a expérimenté cette modalité est le Fonds d’Appui à la Solidarité Nationale et à l’Action Sociale (FASNAS) du MFSN. Le FASNAS a pour mission d’accompagner toutes les actions sociales et de solidarité du Ministère. Sa cible est composée (i) des ménages de triplés, quadruplés ou d’enfants nés avec des malformations sévères pour lesquels l’allocation est systématique sans distinction du rang social ou du niveau de pauvreté ou de la vulnérabilité de ce ménage du bénéficiaire; et (ii) des populations pauvres ou vulnérables en situation de manque ou pauvreté chronique ou transitoire, pour lesquels le bénéfice dépend des conditions de terrain relevées par les Comité de crise du Ministère. Ces actions sont conduites sous la supervision des cellules décentralisées du FASNAS qui ne sont rien d’autres que les Centres de Promotion Sociale (CPS). Ainsi, le FA SNAS a une couverture nationale. Elle est présente dans les 77 communes au plan national avec 84 CPS. Aucune évaluation n’a encore été menée pour apprécier l’impact réel de ce volet. Ce dernier pourrait être limité par le caractère ponctuel des allocations qui ne sont pas de nature à favoriser un effet durable sur les conditions de vie des populations pauvres chroniques. Les grandes faiblesses de ces actions sont l’insuffisance des moyens financiers nécessaires à des allocations proportionnelles aux besoins, les ressources humaines limitées et les risques d’implication politique à la base. 46 Un autre programme que nous avons mis en évidence est le programme Suisse d'appui à la promotion de l’éducation des filles qui contribue avec des transferts directs à la réduction de la pauvreté au moyen de la promotion de l’éducation des filles. Les allocations accordées peuvent être uniformes suivant les niveaux scolaires mais aussi les bénéficiaires en fin de cursus sont mis en stage et bénéficient des allocations de stage. Il s’agit le plus souvent des stages de pré-insertion qui finissent par des contrats d’embauche, d’où le caractère incitatif du programme. Il cible les filles en situation difficile des zones à taux de pauvreté élevé et se caractérise par un bon mécanisme d’identification des pauvres malgré les ressources limitées qui lui sont consacrées. Il est mis en œuvre dans cinq départements au Bénin : Atacora, Alibori, Donga, Colline et Borgou. Dans les Communes des quatre premiers départements, il concerne le niveau universitaire tandis que dans le dernier département, il est mis en œuvre dans les communes de N’dali, Nikki et Tchaourou et est orienté vers les élèves filles des niveaux secondaire, primaire et pré-scolaire. Ces actions couvrent 42 communautés rurales à faible taux de scolarisation des filles. Vue l’absence presque totale des transferts directs conditionnels ou non conditionnel au Bénin, nous montrons à titre illustratif un exemple de transferts en espèce. Des éléments probants montrent, au niveau international, que les transferts monétaires sociaux peuvent avoir un impact positif sur l’éducation, la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté en général [Grosh et coll. 2008]. Les transferts monétaires sont susceptibles de permettre aux pauvres de mieux gérer les risques sociaux, et de générer toute une série d’impacts positifs. Premièrement, en fournissant un revenu en espèces, ils réduisent directement à court terme la pauvreté tant du revenu que des dépenses. Deuxièmement, étant donné les schémas types de consommation, les ménages pauvres consacrent une part significative de leurs dépenses à la nourriture, améliorant ainsi les résultats nutritionnels. Suivant les décisions d’allocations prises eu sein des ménages, une grande partie de ces dépenses devraient profiter aux enfants. Dans la plupart des cas, les transferts sociaux contribueront également à l’accumulation du capital humain des enfants, en particulier sous la forme d’une amélioration de la fréquentation et des résultats scolaires ainsi que de l’accès aux 47 soins de santé de base. En outre, des signes en évolution indiquent que les transferts sociaux contribuent à une croissance économique pro-pauvre et inclusive. L’éventail des résultats contribue à la réduction de la pauvreté à long terme, en particulier en brisant la transmission intergénérationnelle du manque et de la privation. Encadré 5. Une bonne pratique des Filets sociaux: le cas de l'Ethiopie Le programme de transferts directs (PSNP) pour la sécurité alimentaire est géré directement par le Gouvernement afin de: (i) éliminer les cycles annuels d’aide d’urgence en place depuis plus de 20 ans ; (ii) assurer la disponibilité des ressources monétaires et alimentaires pour faire face aux problèmes prévisibles – pluriannuels (i.e., filets sociaux pour famine chronique : entre 5 à 14 millions de personnes) ; (iii) rendre les transferts plus prévisibles et plus productifs pour les ménages. Les Objectifs du PSNP sont: (i) assurer que la majorité des bénéficiaires aient une sécurité alimentaire et sortiront du système en combinant le PSNP avec d’autres programmes, (ii) réduire la fluctuation de la consommation, protéger les biens durables; (iii) créer des biens durables au niveau de la communauté. Les modalités de mise en œuvre sont: (i) Les personnes ‘capables de travailler’ participent aux travaux publics (ii) Les personnes ‘incapables de travailler’ reçoivent un soutien direct (iii) Financement supplémentaire pour achats de matériaux pour travaux publics. Aujourd’hui, les transferts sont près de 55% en espèce et 45% en nature, mais on va progressivement vers un système en espèce. Le PSNP est un Programme National et non un projet des bailleurs de fonds. Il est financé par 8 partenaires, mais délivré à travers les structures de sécurité alimentaire et financière du Gouvernement Les principaux résultats sont: (i) 7 millions de bénéficiaires avec une dépense de 1.2-1.5% du PIB; (ii) 3/5 des bénéficiaires ne vendent plus leurs biens; (iii) 1/3 en plus des bénéficiaires envoient leurs enfants à l'école; (iv) 50% en plus des bénéficiaires utilisent les services sanitaires. Programmes Alimentaires Dans cette section, nous allons considérer les transferts des aliments ciblés sur les régions pauvres touchées par des urgences, mais généralisés à toutes les populations affectées, les distributions conditionnelles à des problèmes de santé (en tant que récupération nutritionnelle) ou liées à l'éducation des enfants. Sur le plan budgétaire, ils représentent la majorité des programmes de Filet de Sécurité Sociale avec les Cantines scolaires qui viennent en première position. 48 Distributions alimentaires ciblées (interventions d’urgences: Transferts en Espèce ou en Aliment) Au Bénin, diverses interventions d’urgence ont eu lieu ces trois dernières années en réponse à des chocs ou à des situations spécifiques de crise. Que ce soit dans le domaine de l’agriculture, de l’emploi ou social, elles ont contribué à atténuer les effets néfastes des chocs sur les populations en situation de manque réel. A ce titre, nous avons recensé des interventions dans le domaine d’appui aux producteurs illustré dans les encadrés 2 et 3 ci-dessus. Toutefois, dans le cadre des Filets sociaux, l’analyse se limite à des distributions alimentaires ciblées sur les consommateurs et qui sont non contributives. A cet effet, il est mis en évidence deux acteurs principaux, le Gouvernement à travers l'Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) avec son programme d'intervention sur les urgences. Depuis la fin du troisième trimestre de l’année 2007, le Bénin, à l’instar de nombre ux autres pays d’Afrique de l’Ouest, a connu une flambée des prix des produits vivriers de grande consommation. Le Gouvernement a rapidement pris des mesures afin de gérer cette crise alimentaire. En novembre 2007, il a en premier lieu mis à la disposition de l’Office National d’Appui à la Sécurité Alimentaire (ONASA) des fonds afin de constituer un stock tampon de produits vivriers (maïs, sorgho, soja, riz en paddy), qui a ensuite été vendu à prix réduit par rapport à ceux du marché. Le gouvernement a par ailleurs pris des mesures d’allègement fiscal sur les produits alimentaires de grande consommation (blé, farine de blé, riz blanchi, lait, sucre, pâtes alimentaires, tomate); réfectionné les pistes afin d’améliorer l’évacuation des produits des zones excéd entaires; appuyé l’incorporation des farines locales pour la fabrication du pain; et renforcé le rôle de l’ONASA en matière de sécurité alimentaire. 49 Tableau 12. Budget et Bénéficiaires des programmes d'interventions sur les urgences alimentaires Dépense en Modalité Dépense dans l'année Bénéficiaires en FCFA moyenne annuelle d'intervention du pic (2008) (2008) (2005-09) PAM Distribution Cible 727.677.500 2.364.423.500 50.991 Vente à prix ONASA 48.931.700 50.000.000 nd modérées Total 776.609.200 2.414.423.500 50.991 Source: PAM et Ministère du Budget. Le Ministère en charge de l'Agriculture à travers l'ONASA a créé des stocks céréaliers pour les revendre à prix modérés aux populations des régions plus vulnérables du pays en situation de crise alimentaire. L’Office Céréalier a régulièrement pratiqué des ventes d’intervention à chaque période de soudure pour atténuer la hausse excessive des prix de céréales sur les marchés à travers des boutiques témoins installées dans toutes les communes. Lorsque les marchés sont bien approvisionnés et les prix, bon marché et stables, l’Office n’intervient pas pour éviter de perturber le fonctionnement normal du marché céréalier. La pratique s’appuie sur des ventes directes aux consommateurs finals, c’est-à-dire à la population bénéficiaire. En avril 2008, le Gouvernement a alloué une somme complémentaire à l’ONASA, pour la constitution d’un stock additionnel de maïs en vue de la période de soudure alimentaire de 2008. En mai 2008, une cellule de crise a été mise en place afin de suivre la mise en œuvre des mesures prises, et éventuellement d’en proposer de nouvelles. D’autre s mesures ont également été prises telles que le suivi rapproché des producteurs, l’accélération de travaux d’aménagement et de mise à disposition de semences, d’engrais et de crédits aux producteurs, etc. Cependant, les mesures de défiscalisation n’ont pas eu l’effet escompté sur les consommateurs, ni sur les petits commerçants, mais semblent en fait avoir avant tout bénéficié aux gros commerçants (importateurs et grossistes). En effet, la baisse d’impôts et de taxes au lieu d’être répercutée à l’avantage des consommateurs, a plutôt permis d’augmenter les marges bénéficiaires. 50 En 2010, le Gouvernement du Benin est intervenu pour faire face aux inondations dues au débordement des cours d'eau affluents du fleuve Niger que sont l'Alibori, la Sota et le Penjari. Cette situation a provoqué de graves inondations dans la partie septentrionale du Bénin, notamment dans le département de l'Alibori. A la mi-octobre, 55 communes sur 77 avaient été inondées et 150.000 personnes environ sont sans abri et 600 écoles inondées, avec pour corollaire environ 60.000 enfants qui n'ont pas encore pu effectuer la rentrée scolaire 2010-2011. Au titre des mesures de riposte à court terme le Gouvernement a mise en place un Comité de crise et d'assistance aux victimes des inondations et a débloqué immédiatement une somme de 450.000.000 de francs CFA pour faire face aux urgences et a adressé des requêtes d'aide aux partenaires internationaux qui ont permis la mobilisation de ressources financières, l'acquisition et la mise à disposition des vivres et d'autres produits de première nécessité. Dans le plus long terme, le Gouvernement représenté par le MISP, MDGLAAT, MFSN, MS avec le Haut commissaire à la solidarité nationale et le système des Nations Unies à travers le PNUD avec les Organisations non gouvernementales (ONG) représentées notamment par Caritas Bénin ont l'idée de mettre en place un dispositif qui puisse répondre aux urgences d'une façon coordonnée et efficace. Le Comité mis en place et son bras opérationnel qu'est la Cellule de crise dont la composition et le mode de fonctionnement ont été revus par le Conseil des ministres, reçoivent, centralisent et programment la distribution des divers dons en espèces et en nature qui continuent de parvenir au Bénin. Les interventions d’urgences conduites par le PAM dans le cadre des inondations ont principalement porté sur la distribution alimentaire dont le coût global est évalué 1.808.111 USD soit environ 880.550.057 FCFA. Les bénéficiaires de ces interventions sont les sinistrés des communes de Aguégué, Athiémé, Bonou, Grand-Popo, Karimama, Malanville, Hounhi, Zogbodomè, Zangnanado. 51 Les interventions monétaires associées aux interventions de marché peuvent avoir un impact positif sur le développement local (Encadré 6). Les transferts alimentaires peuvent nuire aux marchés locaux et entraver encore plus l’essor des négociants privés. Les vivres sont parfois fournis parce qu’il y a plus de chances que les femmes exercent un meilleur contrôle sur la nourriture qui leur est confiée et que cela devrait avoir un plus grand impact sur le bien-être de la famille. Que ces avantages soient réels ou liés aux coûts supplémentaires demeure discutable. Il est clair que les transferts alimentaires resteront probablement nécessaires dans les années de sécheresse si les marchés ne parviennent pas à réagir de manière efficace. Finalement, les programmes devraient envisager de passer aux coupons monétaires chaque fois que possible, en particulier pour répondre à l’insécurité alimentaire/pauvreté chronique. 52 Encadré 6. Transferts monétaires et en nature: Alternatives ou compléments ? Quand les programmes de transferts alimentaires sont-ils appropriés ? Quels sont les critères à considérer en décidant de la quantité à distribuer sous forme de rations et du montant en espèces ? Les concepteurs de programmes devraient penser aux quatre considérations clés suivantes en décidant si les programmes de transferts alimentaires sont appropriés ou nécessaires Le fonctionnement des marchés alimentaires, y compris l’accès, le transport et l’entreposage, et comment il se reflète sur les prix des denrées alimentaires. Si les marchés sont bien intégrés entre les régions, les transferts monétaires présentent un avantage du fait de la capacité supérieure du secteur privé à déplacer les produits alimentaires ou autres plus efficacement que le secteur public. En outre, certaines soutiennent que les transferts en espèces peuvent avoir un impact positif sur le petit commerce et d’autres activités économiques (Devereux, 2000). Par contre, lorsque les marchés sont étroits, pauvrement intégrés entre les régions ou monopolistiques, les transferts en espèces peuvent faire grimper les prix, ce qui réduit la valeur du transfert et risque de causer des difficultés supplémentaires aux ménages pauvres qui ne bénéficient d’aucun transfert (Devereux, Mvula, et Solomon 20 06). Un suivi étroit des prix, pas de la production, est requis pour évaluer la situation. Le niveau des coûts de transaction pour le programme et pour les bénéficiaires. La plupart des arguments relatifs aux coûts de transaction font référence au coût élevé de la distribution des vivres fournis par les bailleurs de fonds par rapport au coût relativement plus bas de la distribution d’espèces. L’organisation de la distribution de produits alimentaires prend du temps, les denrées doivent être entreposées et transportées et sont sujettes à des pertes et à des vols et le secteur public a tendance à être peu efficace lorsqu’il s’agit de garder les prix à un bas niveau. Néanmoins, dans certains endroits où les canaux de commercialisation et de transport ne sont pas développés, le secteur public est le seul qui puisse approvisionner les marchés locaux adéquatement. Les coûts de transaction pour le bénéficiaire doivent être également pris en considération. Ils incluent le temps et le coût du déplacement vers marchés locaux, qui risquent d’augmenter lorsque les localités sont éloignées ou peu sûres. L’impact de la forme et de la taille du transfert dans la détermination du niveau de consommation alimentaire. Les ménages pauvres sont plus susceptibles de pouvoir conso mmer de la nourriture et d’en manger une qui soit de bonne qualité s’ils reçoivent un petit transfert. Certains avancent que les hommes peuvent utiliser les transferts monétaires pour acheter des produits tels que des cigarettes ou de l’alcool, et la littérature indique que de petits transferts de vivres entrainent une consommation alimentaire plus élevée que des transferts monétaires (del Ninno et Dorosh 2003 Fraker 1990). En outre, Hoddinott et Islam (2007) ainsi que Jacoby (2002) montrent que, lorsqu’ils ont accès à de petits transferts de vivres de qualité, les ménages ont tendance à adhérer (en vertu de ce qu’on appelle le flypaper effect ou effet papier tue-mouches, qui veut que l’argent reste là où il « s’est posé ») à des schémas de consommation et de répartition au sein du ménage, qui ont un impact positif sur la nutrition des enfants. Les préférences des bénéficiaires. Les préférences des bénéficiaires peuvent varier selon les circonstances. Même s’ils peuvent préférer les transferts monétaires, pa rce que ceux-ci sont plus flexibles, ils veulent quand même maximiser le niveau du transfert et leur contrôle sur ce dernier. C’est pourquoi dans certaines circonstances, les femmes peuvent préférer les vivres à l’argent (voir Ahmed, Quisumbing et Hoddinott 2007 sur le Bangladesh et Sharma 2006 sur le Sri Lanka). Source : Grosh et al., 2008. 53 En dehors des programmes alimentaires, nous avons aussi identifié d’autres types d’interventions de transferts en nature. Par exemple le MFSN à fait des distributions de tricycle et autres dans les zones plus vulnérables pour une valeur moyenne de presque 100 millions de FCFA. Au niveau du support au secteur éducation, la Suisse et l'UNICEF sont intervenus pour une distribution des kits scolaires composés essentiellement de fournitures, cahiers, livres. Programme de Récupération Nutritionnel Les appuis nutritionnels inclus dans ce volet se réfèrent aux mesures prises en faveur des couches de la population qui à cause de leur maladie, associée aux conditions de pauvreté, peuvent être vulnérables aux traumatismes liés à la malnutrition. Il s’agit pour la plupart des programmes spécifiques de prise en charge des PVVIH/OEV mise en œuvre soit à travers l’intervention de l’Etat, des PTFs ou des ONGs nat ionales ou internationales. Les acteurs principaux dans ce volet sont le PAM, l'UNICEF et la BM. Il importe de rappeler ici que beaucoup d’ONGs nationales ou internationales et structures gouvernementales interviennent dans l’appui nutritionnel en s’appu yant sur le PMLS II de la BM soit sur le PAM. Ces structures constituent des relais aux principaux PTF (PAM, UNICEF et BM). C’est pourquoi, pour éviter le double emploi, elles n’ont pas été prises en compte dans le tableau récapitulatif ci-dessous. Il s’agit entre autre de CARITAS SEDEKON, CRS, Cœurs d’espoir du MFSN, PNLS du Ministère de la Santé, etc. Tableau 13. Coût par bénéficiaire des programmes de récupération alimentaire en FCFA Budget (moyenne 2007-09) Effectifs (moyenne 2007-09) Cout par bénéficiaire MSP/BM 5.000.000 5.000 1.000 PAM 352.479.540 22.179 15.893 UNICEF nd nd nd Total 357.479.540 27.179 16.893 Source: Auteurs à partir des données collectées auprès du MSP/PAM/BM (2010). 54 Le programme Multisectoriel de Lutte contre le SIDA a un volet important d'appui nutritionnel (PMLS) qui est une intervention de l’Etat avec l’appui financier de la Banque Mondiale et a cours depuis mai 2007. Il vise à appuyer l’Etat à mettre en œuvre son plan stratégique 2006-2010 dans l’optique d’accélérer la réponse nationale à l’épidémie du VIH/SIDA et s’appuie sur trois composantes: (i) la mobilisation sociale et services de prévention du VIH (ii) l'accès au traitement et à la prise en charge du VIH/SIDA à travers la facilitation de l’accès au traitement, la fourniture de travaux, équipements, formation et d’assistance technique; (iii) l’appui à la gestion, coordination et suivi et évaluation du projet. La composante 2 prend en compte la récupération nutritionnelle des PVVIH et des OEV à travers des ONG et des associations de prise en charges nutritionnelles et d’assistance aux couches vulnérables. C’est à ce titre que, le PMLS II, a décaissée entre 2007 et 2009 environ 15.000.000 FCFA pour 15000 PVVIH et OEV sur des transferts en aliment. Dans cette composante le bénéfice est donc très limité pour bénéficiaires (autour de 2 USD). Toutefois, au titre de 2010, 85.000.000 FCFA de vivres leur ont été transférés. Il faut rappeler qu’en dehors des vivres, les PVVIH bénéficient d’autres appuis en nature ou en service tels que les dotations en médicaments et les assistances psychosociales. Le programme d’appui nutritionnel aux ménages affectés par le VIH/SIDA du PAM mis en œuvre entre 2004 et 2009 répond à la priorité stratégique de l’organisation qui est de contribuer à l’amélioration de la nutrition et de l’état de santé des enfants, des mères et autres personnes vulnérables (ce qui conduit à l’atteinte de l’objectif de développement n°1 du millénaire). Il est orienté vers les personnes infectées ou affectées par le fléau du VIH/SIDA et consiste à distribuer au plan national : (i) des rations quotidiennes complètes aux malades hospitalisés ainsi qu’à une personne accompagnante; (ii) des rations familiales quotidiennes complémentaires pour les ménages affectés par la séropositivité d’un des membres. Il intervient à travers les ONGs et les confédérations religieuses spécialisées dans l’appui et l’assistance aux personnes vulnérables. Dans ce programme, le coût de distribution est de 15.000 FCFA (autour de 30 USD) par personne. 55 Les programmes d’appuis nutritionnels ne sont pas inscrits dans une approche remplissant les critères incitatifs, durable et dynamique de l’analyse d’un bon Filet Sociaux. C’est dire que la plupart de ces programmes ne permettent pas à leurs bénéficiaires de se libérer du poids de l’assistance. Bien qu’ils soient très importants pour l’équilibre social, ces programmes n’ont pas pu s’assurer jusqu’ici une pérennité en dehors des phases successives et des reconductions d’allocation. Cette situation suggère que des solutions idoines soient trouvées à ces aspects déterminants afin de renverser la tendance de ces programmes et les transformer en véritable filets sociaux. Cantines Scolaires Le taux de scolarisation combiné pour l’éducation primaire, secondaire et supérieur était de 50,7% en 2005. Pour l’ensemble du Bénin, d’importants progrès ont été réalisés en termes d’accès à l’école et de capacité d’accueil au cours des dix dernières années, bien que relativement stagnant durant quelques années. En effet, sur les périodes de 2003- 2004 et de 2007-2008, le taux brut de scolarisation dans l’enseignement primaire est passé de 96% (garçons: 108 %; filles: 84%) à 104% (garçons: 109%; filles 99%). Le taux d’achèvement des études dans le primaire en 2007-2008 était de 61% (garçons 68%; filles 52%). Il faut également noter que la scolarisation des nouvelles générations s’est considérablement améliorée (AGVSAN 2009). Les cantines scolaires sont la modalité principale utilisée dans le domaine des Filets sociaux liés à l'éducation. Ce type de programmes permet en même temps de pallier les carences alimentaires des enfants scolarisés dans les zones les plus démunies et d'augmenter le taux de fréquence des enfants à l'école. Le Gouvernement du Bénin, dans le cadre de la stratégie nationale d’amélioration de la scolarisation a toujours retenu l’alimentation scolaire à travers les cantines comme un facteur essentiel de promotion de l’accès et du maintien des écoliers dans le système scolaire. En fait, il s’agit d’un projet d’appui pour la scolarisation devenu prioritaire au niveau des institutions internationales et nationales. Le programme est financé par le PAM et le 56 MEMP qui sont les deux plus importants acteurs. Les autres partenaires sont : la coopération danoise, l'UNICEF et le CRS, selon les proportions indiquées dans le Tableau suivant. Le programme cantines scolaires gouvernementales suit des critères de sélection prédéfinis: (i) avoir un effectif inférieur ou égale à 240 écoliers, (ii) être une école située dans une zone déshéritée, difficile d’accès ou enclavée, où le taux de fréquentation surtout féminine est faible; (iii) être une école primaire publique localisée dans une zone lacustre, frontalière et où la déperdition scolaire est prononcée, toute école primaire publique appartenant à une région reconnue à haut risque d’insécurité alimentaire et peu fréquentée; (iv) l’école doit remplir aussi d’autres conditions comme la disposition d’un champ scolaire, d’un jardin scolaire relevant du domaine de l’école, d’un magasin et d’une cuisine dans l’enceinte de l’école. Les cantines gouvernementales, financées sur le budget national avec une moyenne annuelle autour de 1 milliard de francs CFA sont présentes sur toute l’étendue du territoire national, avec près de 1 098 écoles, pour 161.475 écoliers. Selon le rapport d'évaluation DANIDA 2010, les difficultés principales que rencontre ce programme sont liées aux transports et à l'absence de magasin au niveau local; mais aussi à la variation des effectifs au niveau de la même école qui ne facilite pas l’élaboration du planning de distribution qui permette un suivi régulier. A la suite de cette description du contexte des cantines scolaires, nous allons procéder à l’an alyse des interventions de quelques acteurs clés. Le PAM est la plus importante institution sur le plan de l’alimentation et intervienne au Bénin à travers le programme "Promotion de l’Education Formelle et non Formelle des Enfants et des Jeunes" (2010-13). Les principaux bénéficiaires sont les enfants des écoles primaires situées dans 35 communes identifiées comme des zones à fort taux d'insécurité alimentaire. En faisant la promotion des produits, locaux, le PAM a satisfait 67% des besoins sur le marché local contre 33% sur le marché extérieur sur la période de 2004 à 2008. En ligne, avec l'objectif du projet visant à réduire les disparités entre les 57 sexes dans les taux de scolarisation, il est prévu que les filles inscrites dans les trois dernières années du primaire reçoivent des rations à emporter de 5 litres d'huile végétale à la fin de chaque trimestre en tant que ressource transfert à leurs ménages. Dans le volet du projet de soutien des enfants dans des établissements informels, les bénéficiaires sont des enfants abandonnés dans internats d'enseignement primaire, les orphelins, les filles assistées dans des pensions, et les filles dans les centres de formation professionnelle dont les situations familiales précaires rendent les victimes potentielles de la traite des enfants ou le mariage précoce. Dans toutes les écoles assistées et les institutions, les enfants reçoivent deux repas par jour composés de maïs, de légumineuses, de poisson et d'huile. Mais il convient de faire remarquer que les cantines assistées par le PAM sont confrontées à certaines difficultés comme: (i) le faible engagement des communautés bénéficiaires (contribution des parents pour l’achat de condiments, construction de cuisine, etc.) ; (ii) l’insuffisance et la lenteur du décaissement de la contrepartie gouvernementale ; (iii) les difficultés logistiques qui allongent les délais de mise en place; (iv) la faible implication du gouvernement dans le suivi; (v) les cas de malversation / détournement de vivres ; (vi) la hausse de prix des denrées achetées sur les marchés locaux. Les difficultés liées à la mobilisation des ressources ont également conduit à une interruption des rations à emporter pour les filles, et à une réduction nombre de bénéficiaires dans les institutions d'éducation non formelle en 2009. A travers le Programme d’Appui au Secteur de l’Education au Bénin (PASEB), DANIDA est présente dans 53 écoles des communes du Zou couvrant un effectif de 12639 élèves à travers des cantines scolaires gérées selon une approche communautaire. La communauté ici assure le suivi et l’ONG locale MJCD, recrutée par DANIDA, assure le contrôle de la qualité, de la quantité, de l’hygiène, de la régularité des repas et de la tenue correcte des documents de gestion. DANIDA octroie à la cantine 125 francs CFA par jour et par enfant. Le reste à pourvoir est libéré en nature et quelques fois en espèce par la communauté. Mais, il est à souligner que la contribution des parents n’est pas assez consistante pour assurer une ration de qualité aux élèves. Dans cette situation, la 58 prise en charge complète des cantines par la communauté n’est pas envisageable à moyen terme (cf. DANIDA, 2010). Le programme UNICEF couvre actuellement 20 communes d’intervention, dont 18 communes rurales et 2 urbaines. Les cantines sont autogérées et fonctionnent surtout pendant la période de soudure. En termes d’interventions, l’UNICEF appuie financièrement les activités génératrices de revenus et l’acquisition de matériels (ustensiles de cuisine) et la communauté fournit les vivres. Ces cantines sont confrontées à des difficultés dues à : (i) la pauvreté des parents ; (ii) l’absence de magasin de stockage; (iii) l’impossibilité dans la majeure partie des cas de cou vrir toute l’année scolaire. Le dispositif de suivi prend en compte le niveau central (MEMP, UNICEF), le niveau communal et le niveau villageois. Cette expérience promeut le jardinage pour accompagner les efforts des parents. Quant aux CRS/Bénin, c’est depuis 2001 qu’il a obtenu son premier financement annuel du Département d’Etat américain, en vue de mettre en place des cantines scolaires dans 61 écoles des Départements de l’Atacora et de la Donga. La particularité de cette ONG est qu’elle distribue des rations sèches et veille à la participation communautaire ainsi qu’à la santé en milieu scolaire. L’ONG CRS vise l’amélioration de la fréquentation, surtout celle des filles, et l’accroissement du niveau d’implication des parents dans la gestion des écoles. Tableau 14. Coût par bénéficiaires (non standardisé21) en moyenne 2005-09 cout/bénéficiaire cout/bénéficière Moyenne 2005-09 Bénéficiaires (FCFA) (USD) MEMP 905.940.609 77.260 11.726 23,9 PAM 3.635.309.900 62.644 58.031 118,4 DANIDA 275.239.522 12.936 21.277 43,4 UNICEF 40.000.000 10.771 3.714 7,6 CRS 550.703.382 22.689 24.272 49,5 Source Auteurs à partir des données collectées auprès du MSP/PAM/BM MEMP/UNICEF/CRS (2010). 21 Les coûts ne sont pas standardisés par le nombre de repas ou des calories. Il est évident qu’une cantine qui fonctionne toute l’année servira beaucoup plus de repas qu’une autre ne fonctionnant qu’en période de soudure. 59 Une fois les programmes de CRS et du PAM arrivés à terme, respectivement 2008-2009 et 2009-2010, il était devenu nécessaire de prendre des mesures idoines pour assurer la continuité de l’assistance alimentaire dans ces écoles. Ainsi, le Gouvernement, après de nombreuses consultations avec les partenaires, a proposé que le dispositif du Programme Alimentaire Mondial (PAM) soit retenu pour poursuivre le programme des cantines scolaires compte tenu de son expertise. Mais la convention avec le PAM prend du temps à se concrétiser alors que le premier trimestre de 2011 tire vers sa fin. Pour éviter de subir les conséquences de non alimentation des enfants concernés par la rétention, le Ministère de l’enseignement primaire et maternel a décidé de mettre en place un dispositif transitoire qui s’appuie sur les stru ctures décentralisées. Pour garantir le succès dans la mise en œuvre de ce dispositif, il a été jugé nécessaire de recruter une ONG (MJCD) pour assister 501 écoles à cantines scolaires dans les Communes du Bénin. Ainsi, il a été autorisé, dans le cadre du programme Fast Track Initiative/ Fonds Commun Budgétaire (FTI/FCB), l’allocation de subventions pour le fonctionnement de 501 cantines scolaires au profit de 121.000 élèves de 501 écoles primaires publiques réparties dans les communes du Bénin sur une durée de 132 jours (janvier 2011 - juin 2011). Il est prévu un service d’un repas par jour à raison de 125 FCFA par écolier et par repas pendant toute l’année scolaire 2010-2011, excepté les jours fériés, les congés et les vacances. Les grandes difficultés auxquelles les acteurs sont confrontés sont entre autres, le retard dans la livraison des vivres pour raison de non disponibilité à temps des statistiques scolaires, la livraison à un lieu non prévu, la non- conformité des livraisons, et la défectuosité des produits à la livraison. De plus, le mauvais état des voies affecte le système d’approvisionnement des vivres. De nombreux facteurs justifient l’existence de cantines scolaires. Les cantines réduisent la malnutrition des enfants en augmentant la fréquentation scolaire, le développement cognitif des enfants et leur réussite scolaire, surtout si l’alimentation est co mplétée par un déparasitage et l’ajout de vitamines dans la nourriture. Cependant, il n’est pas toujours justifié d’attribuer l’augmentation des inscriptions à la seule présence d’une cantine. La qualité de l’éducation joue un rôle important. Par ailleurs, il existe des 60 différences réelles dans les coûts et avantages des modalités de mise en place et il y a des différences significatives dans la pertinence et la capacité d'adaptation aux contextes locaux. De plus, compte tenu d'un budget limité, le ciblage est essentiel afin de maximiser les avantages pour un programme considéré coûteux. Actuellement, les cantines sont ouvertes à tous les enfants d’une même école dans un souci d’équité, ce qui augmente sensiblement le coût du programme car elle procure un avantage à des enfants qui iraient à l’école. Dans les zones les plus pauvres où la scolarisation est faible, les cantines scolaires peuvent ne pas atteindre les plus pauvres. Premièrement, les pauvres sont moins susceptibles d’aller à l’école que les non-pauvres. Deuxièmement, il est très difficile de cibler les pauvres au sein d’une école. Il faudrait établir des meilleurs liens entre les programmes d’aide alimentaire et la production locale. Ainsi, de façon progressive, l’approvisionnement local sera mis en avant et de meilleurs liens entre les programmes d’aide alimentaire et les programmes d’appui aux petits exploitants agricoles seraient établis. A niveau mondial, l’approvisionnement local est activement évalué en tant que moyen de réaliser des programmes durables et, en même temps, d’utiliser le pouvoir d’achat des programmes comme une force multiplicatrice et un stimulant pour l’économie agricole locale (Bundy et al. 2009). Enfin, nous estimons que le défi important dans ce domaine est de savoir comment intégrer la durabilité dans les programmes dès leur démarrage. Les cantines devraient s’insérer dans une stratégie plus vaste du Gouvernement qui soit inclue dans le domaine plus exhaustif de l'éducation et donc aux stratégies élaborés pour ce secteur. Le Gouvernement doit être le point focal, mais en coordonnant les interventions des PTFs, de façon que l’Etat puisse faire face au coût non soutenable par la majorité des gouvernements africains. A ce titre, la figure ci-dessous fait ressortir que les investissements dans les cantines scolaires suivent une tendance croissante, en montrant une tentative d'extension du programme au niveau national. Surement, étant 61 donné le coût très élevé des cantines celles-ci ne devraient être implantées que dans des zones où la pauvreté est élevée et où la valeur de la nourriture sera suffisante pour attirer les enfants à l’école. Figure 6. Série historique cantines Scolaires comparé au Budget des FSS Source: Note: les 2 séries historiques se référent chacun à un axe. Les cantines/FSS se réfèrent à l'axe de gauche, tandis que les FSS/Budget se réfèrent à l'axe de droite. Si les bonnes pratiques enregistrées dans les pays ayant mis en œuvre ce type de programme ont permis de vulgariser ces expériences, il y a aujourd’hui un besoin d'évaluation des nouvelles pratiques prometteuses, en particulier l'échange au niveau local de la nourriture comme un multiplicateur de force, en faveur des enfants et de l'économie locale. Aussi il faudrait évaluer les mérites relatifs à long terme de l’alimentation à l’école par rapport aux rations à emporter ou à d’autres instruments de filets sociaux (transferts monétaires conditionnels). Travaux à Haute Intensité de Main d'œuvre (HIMO) Le marché du travail au Benin est l'un des principaux problèmes du pays. Ce qui est le plus préoccupant n’est pas tellement le taux de chômage comme mentionné plus haut, mais plutôt le secteur informel qui mobilise les 95% des actifs occupés dont les 30% pour les activités non agricoles. De cette considération dérive les taux de sous emploi, qui 62 explique assez mieux la situation du marché de l’emploi dans le pays. Le taux de sous - emploi invisible est considérablement élevé (INSAE, 2007): 69,2% dans le milieu urbain et 71,2% dans les zones rurales (en raison du caractère saisonnier de l’activité agricole). Ce taux constitue le problème réel du marché de l’emploi au Benin, avec des différences significatives entre les régions et les genres (les femmes étant défavorisées par rapport aux hommes). Les initiatives dénommées "argent ou vivres contre travail" sont des interventions à court terme qui fournissent des emplois temporaires dans des projets publics (tels que la construction ou réhabilitation des pistes rurales, activités environnementales (collecte des déchets, plantation des arbres), confection des banquettes, la fixation des dunes, la lutte contre les feux de brousse, etc.) aux couches les plus vulnérables de la population ou en zones touchées par des catastrophes naturelles. Les travaux HIMO sont des travaux à fort potentiel de main d’œuvre locale susceptible d’inverser les tendances du chômage avec un impact positif sur l’économie locale. Ils ont généralement cours dans les BTP et induisent une forte utilisation de la main d’œuvre locale et une faible exploitation des engins lourds. Les travaux HIMO sont rémunérés soit en nature ou en espèce. Au Bénin, le cas généralement observé est la rémunération en espèce. Les résultats de la revue confirment ce constat. Deux projets et programme ont été recensés et ont fait objet d’analyse sur l’approche HIMO. En ce qui concerne les programmes nourriture contre travail, le Bénin ne développe pas actuellement ce genre d’initiatives. Toutefois, il peut y avoir des cas dans le secteur informel qui ressemblent à cette modalité de filet de sécurité sociale et qui ne soient pas inclus dans cette étude. En outre, le PAM développe chaque année un programme limité de Nourriture contre Formation, qui en utilisant la même modalité des HIMO, vise 2000 bénéficiaires dans les programmes de training. 63 Argent contre travail Nous avons identifié deux institutions qui ont mis en place des programmes liés à cette modalité de Filet. Le premier se réfère aux initiatives de l'AGETUR, créée depuis les années 1990 suite à la crise de l’emploi, et le deuxième est un programme de la DANIDA. Le PGUD est le programme de l'AGETUR orienté vers les HIMO et appuyé par la Banque Mondiale et dont les principaux objectifs consistent à : (i) créer au moins à titre temporaire un nombre significatif d’emplois nouveaux principalement dans les zones urbaines, (ii) améliorer à travers l’exécution des travaux financés le savoir faire des artisans et des petites entreprises; (iii) entreprendre des travaux à haute intensité de main d’œuvre dont le résultat est économiquement et socialement utile. Dans ce programme, il y a aussi une contribution de l'Etat qui tourne autour de 15% du financement total. Le programme a démarré dans les villes de Cotonou, Porto Novo et Parakou, avant de s’étendre aux villes secondaires comme Lokossa, Abomey et Djougou. Le PGUD a été mis en œuvre suivant l’approche de la maîtrise d’ouvrage déléguée et entièrement gérée par différentes structures mise en place par la Banque Mondiale. De 2005 à 2010, un montant total de 5.350.509.443 FCFA a été distribué pour 1.469.410 H/J de salaire distribué. Les cibles privilégiées restent et demeurent les diplômés sans emploi sortis des lycées et collège, les artisans en fin de formation qui attendent de s’installer. Il faut noter que des milliers de jeunes en fin d’apprentissage ont pu obtenir leur attestation et ouvrir leur unité grâce aux ressources issues des travaux HIMO. La forme des HIMO utilisée dans le cadre du programme PGUD peut en tout cas être discutable. En général, les HIMO impliquent un travail à haute intensité de main d'œuvre pour une courte durée, par exemple 45 jours, avec une rotation entre les travailleurs, ce qui ne semble pas être toujours le cas dans ce contexte (les travailleurs travaillent 4 ou 5 mois 8h/j). En outre, la seule conditionnalité pour faire partie du programme est la résidence dans la zone ciblée. Donc, les travailleurs sont sélectionnés à travers un processus d'auto sélection déterminé par le salaire. Pour cette raison, la détermination 64 du salaire est cruciale pour l'accomplissement des buts du projet. Mercy Corps (2009) dans une étude démontre que le salaire devrait être environ entre 10% et 20% inférieur au taux du marché. Dans le cas de l’expérience ci-dessus présenté, le programme détermine un salaire unitaire qui est presque égal au double du salaire minimal (SMIG est de 32.500 FCFA par mois), ce qui peut amener à des effets de substitution entre les travailleurs. Tableau 15. Programme HIMO, Budget, Bénéficiaires et coût unitaire Montant Décaissé Bénéficiaires (H/J) Salaire unitaire (H/J) PGUD 5.350.509.443 1.469.410 3.642 PASR 1.225.989.377 675.788 1.814 Source: Auteurs. Le projet d’appui au secteur routier (PASR) est une initiative du Gouvernement financé par le Royaume du Danemark. Il vise prioritairement à améliorer les conditions socio- économiques en milieu rural en réduisant les coûts du transport et en améliorant l’accessibilité. Son objectif principal est de construire des pistes communales praticables toute l’année dans les zones d’intervention, en assurant la gestion locale de ce type de réseau. Les principes de base reposent sur une forte utilisation de la main d’œuvre locale et une faible utilisation des engins lourds. Il est mis en œuvre dans les départements de ZOU-Collines, Mono-Couffo, Ouémé-Plateau et se trouve aujourd’hui à sa deuxième phase. Ces principes fondamentaux d’utilisation de la main d’œuvre locale sont couplés avec l’approche participative communautaire. La main d’œuvre locale dans la mise en œuvre du projet est essentiellement constituée des travaux manuels non spécialisés, exécutés à la tâche avec une rémunération unitaire de 1600 FCFA par tâche. Le taux salarial journalier maximum est fixé à 2.000 FCFA, qui est supérieur au niveau de revenu moyen estimé dans la zone par l’ECVR (environ 1.200 FCFA). L’essentiel des tâches de ce registre sont: le dessouchage des troncs d’arbres, le décapage du sol, l’excavation des fossés latéraux et des divergents, le déblai et le remblai de la chaussée, la mise en forme du terrassement, la réalisation du bombement central et la mise en place de la couche de roulement, la corvée d’eau, le tri des ordures 65 et le nettoyage des surfaces de roulement, le gerbage des carrières et le chargement des camions. La mise en œuvre du PASR est caractérisée par la forte implication des bénéficiaires à toutes les étapes du processus de réhabilitation des pistes; la formation de base et les parcelles démonstratives des travaux HIMO (chantiers écoles) dont ont bénéficié les communautés; la période d’exécution des travaux, qui coïncide largement avec la période de faible activité agricole (septembre à février); le sentiment des populations de contribuer individuellement au désenclavement et au développement de leur localité. Pendant la première phase du programme, il a été construit environ 328 km de pistes rurales entièrement exécutées suivant la méthode HIMO avec un potentiel d'emplois créés estimé à plus de 500.000 personnes/jours sur quatre ans correspondant à une masse monétaire totale d'environ 940 millions FCFA. En termes de cumul de revenus distribués à ce jour par le PASR, on retient au total, 1.225.989.377 FCFA pour un effectif total de 675.788 H/J de travail. Les interventions HIMO sont une alternative certaine de revenu pour les communautés qui luttent contre l’insécurité alimentaire, le sous-emploi et le chômage. Aussi, ces revenus ont-ils permis dans certains cas, la création d’activités génératrices de revenus. Ces aspects combinés avec les projections d’amélioration de la production agricole, l’accès de mieux en mieux amélioré aux infrastructures socio communautaires de base (santé, éducation, eau etc.), l’incubation de PME locales font du PASR un outil approprié de lutte contre la pauvreté en milieu rural. Au niveau des localités parcourues, le constat est que plusieurs communautés à travers les revenus de ces travaux HIMO ont pu s’installer à leur propre compte en tant qu’artisan, conducteur de taxi moto voire chef d’entreprise ce qui justifie le caractère incitatif du programme. Ces communautés ayant bénéficié de la technicité, sont aujourd’hui aptes à réaliser des ouvrages sans attendre forcement l’aide des autorités. Un exemple a été enregistrée à Zakpota où les populations ont réalisé une route hors 66 projet ayant reçu déjà la maitrise de la technologie. Cet ensemble dénote le caractère durable du programme. Les allocations à la tâche évaluée à 1.600 H/J qui génère un salaire jour en moyenne de 1800 FCFA est largement supérieur à celui du SMIG, ce qui peut être identifié comme un point de faiblesse du programme. Par contre la période d’exécution des travaux est choisie pendant la période de faible activité agricole afin d’éviter la concurrence. A travers ces caractéristiques, ce programme apparait comme une bonne pratique de filet de sécurité sociale. Afin de mieux cerner l’impact des travaux HIMO sur la réduction de la pauvreté en milieu rural, une investigation approfondie a été opérée par la DANIDA sur un échantillon d’individus ayant travaillé sur les pistes et a permis d’évaluer l’importance relative de chaque couche socio-économique ayant participé aux travaux. Il est à préciser que la base de classement socio-économique suivant le niveau de prospérité adoptée est celle élaborée dans le cadre de l’étude de la DANIDA: pauvres, vulnérables et non pauvres. Sur un échantillon de 1.338 ouvriers ayant travaillé sur les pistes Sagon- Tévèdji et sur la piste Gossoé-Zogblagada (1 lot du tronçon). Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau ci-dessus sont obtenus. Tableau 16. Importance relative des différentes catégories socio-économiques ayant travaillé sur les chantiers HIMO. Niveau de prospérité Total Pauvres Vulnérables Non Pauvres Effectif 509 332 29 870 Hommes Proportion Hom/Fem 58,50% 38,20% 7,30% Proportion ensemble 38,04% 24,84% 2,15% 65,02% Effectif 220 170 78 468 Proportion Hom/Fem 47,10% 36,30% 26,60% Femmes Proportion ensemble 16,47% 12,70% 5,83% 34,98% Total 729 502 107 1338 Proportion 54,51% 37,54% 7,98% Source : DANIDA 2010. 67 Les éléments de ce tableau confirment le principal constat selon lequel les travaux HIMO ont impliqué beaucoup plus les ménages de la catégorie dite «pauvre». En effet, 54,51 % des personnes ayant travaillé sur les chantiers HIMO des pistes pilotes proviennent des ménages pauvres, ceux-là même qui vivent dans un dénuement total ou très avancé. Ce constat est renforcé par l’importance relative des personnes provenant des ménages «vulnérables» environ 38%. Il est cependant noté une faible participation des ménages «non pauvres». La réflexion essentielle que suggèrent ces constats est que les ménages pauvres et vulnérables disposent de très peu d’alternatives durant les périodes de «soudure agricole», ce qui accroît leur vulnérabilité aux effets pervers de la pauvreté. Ainsi, on peut donc déduire que les travaux HIMO ont été une importante alternative de revenus pour les ménages pauvres et vulnérables. Ceci se justifie en partie par leur forte participation. L’autre constat d’intérêt social et économique est que les femmes des ménages «non pauvres» ont plus participé aux travaux que les hommes de ces ménages. 68 Encadré 7. Programmes de Travaux Publics Dans un contexte où le ciblage de la pauvreté semble particulièrement difficile et où les capacités financières et administratives demeurent limitées, on peut être tenté de s’appuyer sur l’auto-ciblage. Cependant, ce n’est possible que si le salaire du marché est supérieur au salaire minimum. Si le salaire minimum est égal ou supérieur au salaire du marché et si les lois restrictives de l’emploi empêchent de le fixer en-dessous du niveau minimum, la possibilité d’utiliser l’auto-ciblage s’en trouve entravée et d’autres mécanismes de ciblage doivent être introduits. L’utilisation de l’auto -sélection pure pourrait aussi ne pas suffire pour atteindre les groupes vulnérables des zones pauvres. En outre, si le salaire du programme est trop bas, il risque d’exclure des ménages pauvres pour lesquels le coût d’opportunité de ce travail est trop élevé (lorsque le salaire du programme est inférieur au salaire d’acceptation) ou de rater les objectifs d u programme (par exemple, l’objectif de nutrition si le salaire du programme est nettement inférieur au coût du panier minimum). Il est essentiel de veiller à ce que le salaire du programme soit fixé en tenant compte des objectifs. La fourniture de biens publics de qualité est essentielle. Sur la base de l’expérience internationale, la promotion des travaux publics en tant qu’instrument de mise en place d’un filet social ne doit avoir lieu que si les biens publics produits ont un impact positif sur la communauté et que s’ils sont réalisés à un coût similaire à celui atteint en utilisant les procédures contractuelles d’embauche. Ils ne peuvent être introduits comme des stratégies de transferts sociaux aux pauvres « méritants ». Les projets de travaux publics peuvent inclure des projets d’infrastructure traditionnelle ou des projets publics d’amélioration de l’environnement (par exemple, les projets d’assainissement pour faire reculer le paludisme, les projets de réduction des risques de catastrophe naturelle), mais aussi des activités sociales (par exemple, les travailleurs donnant des soins à domicile et ceux chargés du développement de la petite enfance en Afrique du Sud), ou des activités économiques (par exemple, des petites entreprises et des coopératives). S’ils sont pertinents, bien exécutés et entretenus, les biens publics produits peuvent jouer un rôle important dans l’allègement des contraintes empêchant des rendements plus élevés pour les personnes pauvres, indépendamment du fait qu’elles participent ou non au programme. Dans les pays où le chômage et le sous emploi sont largement répandus, les programmes standards de travaux publics à court terme se sont révélés incapables de sortir les pauvres chroniques de la pauvreté. Le Brésil, l’Argentine, l’Inde et le Bangladesh représentent quelques exemples de bonnes pratiques où le programme a rempli les fonctions d’assurance, de lissage de la consommation et de réduction de la pauvreté. Pour assurer une couverture supplémentaire, on peut rationner le nombre de jours travaillés et appliquer un système de rotation. Par exemple, l’Inde garantit légalement 100 jours d’emploi par an à tout ménage rural disposé à effectuer des travaux publics au salaire minimum légal et l’Éthiopie assiste plus de 7 millions de personnes en état d’insécurité alimentaire chronique environ 10 % de la population à travers les mécanismes d’emploi de son Programme de filet social productif et des transferts alimentaires et monétaires. Ceci étant dit, les projets à haute intensité de main-d’œuvre peuvent également être utilisés efficacement dans la foulée des catastrophes naturelles, pour la réhabilitation et la reconstruction d’infrastructures abimées ou détruites. Source: Grosh et coll., 2008 del Ninno et coll., 2009. Subvention Généralisées (sur les produits alimentaires y compris aliments importés, pétroliers, l'électricité) Les effets de la crise mondiale (crise énergétique, flambée des prix des produits de première nécessité en 2007/2008 et crise économique et financière internationale en 69 2008/2009) ont ralenti, en 2009, la croissance économique, amorcée depuis 2006 (baisse des exportations et de la consommation). En effet, de 3,8% en 2006, le taux de croissance est passé à 4,6 % en 2007, puis à 5,0 % en 2008 et à 2,7 en 2009 (par rapport à une projection initiale de 6,1% pour le 2009). La décélération de la hausse des prix observée depuis 2006 a été aussi renversée en 2008, en raison de la flambée des prix internationaux des denrées alimentaires et de l’énergie. Cette hausse des prix a induit un taux d’inflation exceptionnel de 7,9% en 2008 contre 1,3% en 2007. En 2009, l’inflation a diminué grâce au recul des prix internationaux. Face à ces différents chocs, le Gouvernement dans sa politique de lutte contre la hausse de prix et l’amélioration des conditions de vie de la population a effectué des interventions publiques à travers des subventions dans les do maines de l’énergie électrique, des produits pétroliers, des produits alimentaires. Le gouvernement a également réduit les droits de douane sur certains produits. A fin juin 2008, le FMI a estimé le coût des mesures fiscales d’allègement des taxes à l’importation sur les produits alimentaires et énergétiques à l’équivalent de 1,5% du PIB. De façon générale, les mesures prises par le gouvernement pour contenir les prix intérieurs et pour amoindrir les effets néfastes de la crise énergétique sur la production ont fragilisé l’exécution du budget. En effet, les estimations faites par les services de l’administration situent à près de 65 milliards de francs CFA le coût des mesures susmentionnées au premier semestre de 2008 (équivalent à 2,2% du PIB), soit plus de 90 milliards de francs CFA depuis l’introduction des mesures dans le dernier trimestre de 2007. Ces mesures ont en particulier fragilisé la situation des finances publiques, dans un contexte (i) de baisse des recettes publiques (estimée à plus de 80 milliards de FCA) par rapport aux prévisions initiales du fait de la crise et (ii) d’investissements importants en infrastructures. Ces déséquilibres ont amené le Gouvernement à élaborer un plan de redressement afin de faire cadrer les dépenses avec les ressources disponibles. Les principales mesures retenues sont: (i) la rationalisation et la régulation des dépenses 70 publiques, (iii) la mobilisation des ressources additionnelles identifiées par le Gouvernement, (iv) la mobilisation effective des appuis budgétaires et autres ressources provenant des PTF, (v) le renforcement du suivi budgétaire par le Comité de trésorerie. (Sources : Rapport d’avancement de la SCRP 2007-2009, MEF, juin 2010). Subventions dans le Secteur Energétique En matière de politique de tarification de l'énergie électrique, elle a été caractérisée principalement par: (i) le gel des tarifs appliqués sur plusieurs années malgré l’accroissement des coûts de fourniture d’électricité; (ii) la non application de la politique d’indexation des tarifs adoptée par l’Etat depuis 2005 et (iii) la non adoption d’une tarification appropriée pour l’électrification en milieu rural. Cela suppose que le prix de l’électricité aux consommateurs est inférieur à celui du marché. Pour ce faire, le Gouvernement octroie des subventions à la SBEE. Ainsi, en 2007, dans le cadre du soutien financier de l’Etat à la SBEE pour alléger ses difficultés de trésorerie, le Gouvernement a mis un fonds d’un montant 9.353.462.750 FCFA au profit de la CEB. En 2008, la subvention du Gouvernement au coût de production thermique est évaluée à 4.950.399.999 FCFA. Tableau 17. Subventions dans le secteur énergétique (en FCFA) Millions de FCFA 2005 2006 2007 2008 2009 Cible Pop.urbaine et Subventions SBEE (électricité) 9.353 4.950 rurale Produit pétroliers (Essence, GPL, Pop. urbaine et 1.452 1.999 1.572 5.720 530 Gasoil) rurale Pétrole lampant 5.023 2.167 Pop. rurale Intervention spéciale produits 13.77 Pop. urbaine et pétroliers (2008) 9 rurale 21.66 TOTAL produits pétroliers 1.452 1.999. 6.595 530 6 % du PIB 0,06 0,08 0,25 0,73 0,02 Source: DGTCP, novembre 2010. 71 S’agissant des produits pétroliers, l’approvisionnement se caractérise globalement par : (i) une dépendance totale du pays vis-à-vis de l’extérieur, du fait de l’inexistence d’une raffinerie de pétrole au Bénin, (ii) l’existence d’un marché parallèle de produits pétroliers avec des acteurs opérant dans l’informel, (iii) le faible développement des réseaux de distribution des produits pétroliers des sociétés agréées du secteur qui ne couvrent pas, de façon satisfaisante, le territoire national. Pour accompagner les ménages dans la consommation de ces produits, les prix de vente au consommateur des produits pétroliers sur toute l’étendue du territoire national sont fixés par le Gouvernement à travers un arrêté. Ces prix sont des prix plafond au-dessous desquels toute vente des produits pétroliers est interdite. Les sociétés pétrolières opérant sur le territoire sont autorisées à vendre ou à négocier les produits en dessous des prix plafond. Ce plafond fixé par loi, génère la demande d'une subvention du Gouvernement aux sociétés pétrolières. Les subventions pétrolières de l’Etat ont été, en moyenne par an, environ de 3,6 milliards de FCFA sur la période 2005-2009, soit un montant total d’environ 18,5 milliards de FCFA (en excluant l'intervention part iculier de l'année 2008). Les subventions à la consommation du pétrole lampant sont les plus importantes, puisque elles ciblent la partie plus pauvre de la population. En 2007 elles étaient autour de 5 milliards et en 2008 plus de 2 milliards ont été dépensés dans le volet des urgences par rapport à la monté des prix au niveau mondial. En revanche, les dotations annuelles de 4 milliards sur la période de 2009 à 2010 n’ont pas été engagées. En effet, en termes de ciblage de la population pour ce qui concerne le pétrole lampant, les bénéficiaires sont essentiellement la population rurale ou vulnérable. Portant dans plusieurs pays les subventions de pétrole lampant sont caractérisées par des abus significatifs, le pétrole lampant étant utilisé pour adultérer le carburant diesel. Les bénéficiaires pauvres des autres produits pétroliers sont à moins 10% de l’ensemble à l’instar d’autre pays africains. En plus, lorsqu’on examine la distribution des subventions 72 selon le niveau de vie des ménages, on note que les riches en bénéficient plus que les pauvres. Quand on compare les subventions aux dépenses globales dans le secteur des filets sociaux, il ressort que les subventions sur les produits énergétiques (produits pétroliers plus fourniture électricité) représentent un pourcentage significatif du Budget de l'Etat et est plus élevé que celui des FSS dans les années de crises. Le pourcentage du budget du Gouvernement consacré aux subventions des prix en 2008 est estimé à environ 3% du Budget (soit 26,5 milliards de FCFA). Toutefois, il a connu une baisse en 2009 probablement à cause des effets de la crise sur le budget même du Pays, avant de remonter en 2010. Les subventions ainsi opérées ont permis de limiter les effets néfastes engendrées par les crises internationaux, et ce, au détriment des dépenses dans le secteur des filets sociaux comme cela a été démontré dans le chapitre 0. Mais, l’analyse montre que la moitié des subventions a porté sur les produits pétroliers, qui malheureusement ne ciblent qu’une frange très limitée des couches vulnérables. Or, les pauvres pourraient être mieux touchés par des formes plus ciblées de soutien. A cet effet, le Fonds Monétaire International a trouvé en particulier les subventions aux carburants mal ciblées dans cinq pays analysés (Bolivie, Ghana, Jordanie, Mali et Sri Lanka). L’institution en déduit que «De façon certaine, le moyen plus efficace et le plus efficient pour protéger les pauvres est d'allouer une partie des budgets qui peuvent dériver de l'élimination des subventions sur les carburants, aux filets sociaux bien ciblée et avec une couverture élevée de ménages pauvres avec peu de fuites à des ménages non pauvres» (FMI, 2006). Subventions à la Consommation des Produits Alimentaires Les subventions à la consommation constituent un transfert indirect afin de protéger le pouvoir d’achat des ménages, notamment dans les contextes de chocs inflationnistes. 73 Les actions les plus significatives du gouvernement dans ce sens ont porté sur la hausse des prix alimentaires et énergétiques en 2007-2008. Le tableau ci-dessous retrace les pertes de recettes enregistrées sur les produits alimentaires importés ainsi que les hydrocarbures en 2008, suite aux mesures prises par le Gouvernement. Ces pertes de recettes évaluées à 14,1 milliards de FCFA pour les produits alimentaires importés et environ à 16,0 milliards de FCFA pour les hydrocarbures, constituent également une forme de subventions au profit des ménages. Elles représentent spécifiquement les subventions que l'Etat a accordées aux importateurs en 2008 en vue de lutter contre la cherté de la vie et la montée vertigineuse du prix du baril de pétrole. Au regard des pressions exercées par cette disposition, le Gouvernement a fini par pratiquer la vérité des prix. 74 Tableau 18. Pertes de recettes en 2008, Port Autonome de Cotonou Aliment Montant (FCFA) Farine de blé 1 567 106 358 Ciment 15 221 698 Pâtes alimentaires 1 730 628 246 Clinker 3 047 108 553 Fer à béton 3 168 604 897 Grains de blé 302 200 370 Riz blanchi 1 118 954 495 Lait 1 223 622 083 Concentré de tomate 1 953 459 610 Total 14 126 906 310 Total (% du PIB) 0,48% Sources : DGDDI, novembre 2010. Ces mesures ont été étalées sur une courte période parce que la hausse des prix constatée était pour une large part un phénomène conjoncturel (MEF, 2008a). Au Benin il n’y a pas des études pour analyser i) l’impact de la variation des prix sur la consommation des différents quintiles et ii) l’impact des mesures universelles prises par le Gouvernement sur les différents quintiles. Selon les études conduits dans des autres pays (voir l'Encadré suivant) les ménages des deux quintiles les plus pauvres (et les plus frappés par les prix alimentaires élevés) ont très peu bénéficié de ces exonérations de taxes: selon des estimations on croit que seulement le 10 % des avantages ont atteint le quintile le plus pauvre. 75 Encadré 8. L'impact des subventions sur les prix sur les pauvres: le cas du Cameroun. Les dispositions prises par le Gouvernement du Cameroun notamment en termes d’exonérations fiscales sur les importations des produits de première nécessité et des subventions à l’énergie ont amené à une dépense égal à 1,4% du PIB en moyenne entre le 2008 et le 2010 (cf Borgarello et al 2010). Les programmes ici concernés ne sont pas ciblés, dans le sens où les pauvres ne sont pas plus concernés que les riches. En effet, les évaluations montrent que les subventions n’ont eu qu’un faible impact sur la pauvreté. Zamo 2010 estime que pour effet direct des subventions, l’indice pauvreté recule de 2,6 points entre 2006 et 2009. Ces résultats sont principalement dus au fait que de toutes les subventions octroyées, seules celles sur le Mais et le Pétrole Lampant ont le plus bénéficié aux couches les plus défavorisées; ces deux produits ayant la caractéristique des produits connus dans la littérature économique sous le nom de “ marchandises inférieures ”, c’est-à-dire, vers les marchandises qui sont consommées en plus grandes quantités par les pauvres que par d’autres franges de la population. Quant aux subventions sur les autres produits, elles se sont traduites par une augmentation des revenus des catégories sociales les plus riches proportionnellement plus importante que pour les catégories les plus pauvres puisque les plus riches consomment davantage ces produits. Selon les données recueillis et analysées par Zamo (2010), par exemple, seulement le 20% et le 30% respectivement des bénéficiaires de la subvention sur le poisson et le blé appartiennent au 40% plus pauvre de la population (les 2 quintiles plus pauvres). Par contre, sur les 137 millions de francs CFA transférés aux consommateurs de maïs en 2008, le quintile le plus pauvre a reçu un montant global de subvention évalué à 41,99 millions, contre seulement 13 millions pour le quintile le plus riche. Quant à la consommation du riz, 43 milliards ont été transférés aux consommateurs dudit produit soit 5,9 milliards pour le quintile le plus pauvre contre 9,6 milliards pour le quintile le plus riche. La figure suivante nous donne les proportions de la distribution des bénéfices entre les quintiles. Distribution des subventions entre les quintiles de la distribution de la consommation de la population du Cameroun, 2008. Source: Zamo 2010. Ces proportions (des bénéficiaires pauvres) descendent à moins du 10% si on considère les produits pétroliers. Et encore, quand on analyse quelle pourcentage du montant de la subvention parviens au 2 quintiles plus pauvres de la distribution de la consommation, on remarque que les riches bénéficient beaucoup plus. Il apparait que 3,14 milliards de francs CFA ont été transférés au groupe des plus pauvres pour la consommation du SUPER, 0,2 millions pour la consommation de GAZ et 19,52 milliards pour la consommation de Pétrole Lampant. Pour les mêmes produits, le quintile le plus riche a reçu 15,89 milliards de francs CFA pour la consommation du SUPER, 2,07 milliards pour la consommation de GAZ et 7,72 milliards pour la consommation de Pétrole Lampant. 76 En conclusion, il ressort que, bien que les subventions soient les plus coûteuses relativement aux autres programmes mis en évidence, les résultats obtenus en termes d’amélioration des conditions de vie des ménages pauvres et vulnérables n’ont pas été à la hauteur des moyens consentis. Donc, si d’un côté ce type d’interventions a un effet dans la courte période pour tenir sous contrôle les prix et réduire la pression sociale, au longue terme, les effets sont contenus surtout par rapport aux coûts. Exemption des Frais des Services Publics: Les exemptions des frais sur les services publics dans les secteurs de la santé ou de l'éducation peuvent être considérées comme des filets sociaux dans la mesure où elles atténuent la pauvreté et impactent le capital humain. Mais, en principe, elles doivent surtout viser les familles pauvres chroniques et vulnérables avec un faible niveau de capital humain et qui ne peuvent ni assurer les coûts de l'éducation ni de la santé. L'efficacité de ces mesures est souvent limitée par la difficulté à gérer directement l'exemption par les établissements de santé ou d'enseignement et le manque d'un bon système d'information pour la mise en œuvre des critères d'exonération des frais. Enfin, pour que ce type de politique soit durable, il faut aussi une disponibilité budgétaire suffisante du gouvernement pour couvrir la gratuité. Gratuité Frais Hospitaliers En 2000, face à l’incapacité des services sociaux de répondre aux besoins sanitaires des populations pauvres et vulnérables, il a été créé par le Gouvernement un fonds sanitaire pour les indigents avec un budget annuel d'environ 1.000.000.000 de FCFA pour rendre les services sanitaires gratuits aux personnes incapables de supporter les frais de soins. En 2004, une étude du MSP a montré que le fond était inefficace. Selon, les résultats de cette étude, le fonds a été en partie utilisé pour supporter les frais de quelques soins très coûteux, comme l’hémodialyse, et pour les évacuations sanitaires, en faveur d’un 77 petit nombre de bénéficiaires, notamment à Cotonou, au lieu de rendre les soins primaires de santé accessibles à un nombre plus large de personnes indigentes. En outre, aucun témoignage ne semble justifier de l’utilisation effective de l’utilisation de ce fonds à l’endroit des indigents (MSP, 2004). Au vue de ces résultats, il a été procédé à l’adoption d’un Arrêté interministériel en 2005 qui a défini les soins éligibles pour la prise en charge par le fonds, tout en excluant spécifiquement la prise en charge des personnes victimes d’affections graves, chroniques et onéreuses, y compris le VIH/SIDA, et des soins tel que l’hémodialyse, ainsi que les évacuations sanitaires à l’étranger. L’Arrêté a aussi défini le barème de tarif maximum pour les divers frais et a été accompagné d’un manuel de procédures pour l’utilisation du fonds. Le Ministère de la Santé a réussi à étendre le fonds à tout le territoire national à partir de 2007. Malgré ces améliorations, l’envergure du fonds reste assez limitée par rapport au niveau de pauvreté et aux barrières financières d’accès aux soins. En 2007, seulement 10.932 personnes ont bénéficié du fonds (8.276 en 2006), dont 3.276 enfants et 4.715 femmes (cf. UNICEF 2010). Le débat autour de l’abolition ou de l’expansion de l’exemption des frais implique de reconsidérer la stratégie et le financement du secteur de la santé ainsi que l’ensemble de ses mesures de protection sociale. Comment financer le système (en particulier s’il est supposé couvrir toute la population) et comment identifier les personnes qui auraient droit à une exemption de leur contribution sont des questions difficiles qui n’ont pas encore été étudiées. Ainsi, en revoyant le financement et les mesures de protection sociale du système de santé, les points critiques suivants doivent être considérés : (i) Quel modèle faudrait-il promouvoir et quel rôle accorder à chacune des différentes approches actuellement testées ou envisagées subvention des soins de santé assurance maladie exemption des frais pour les indigents exemptions des frais pour les groupes vulnérables (NGO), Transferts monétaires etc.? (ii) Comment financer le secteur de la santé paiement par l’usager, réallocation de la dépense nationale, nouvelles sources de 78 financement, financement international, etc. (iii) Quels mécanismes de mise en œuvre identification de l’indigent, indemnisation financière des centres de santé, etc. ? Encadré 9. Le débat sur le paiement par l’usager Partout dans le monde, le paiement par l’usager est de plus en plus remis en question. Des recherches menées au Mali, au Burkina Fao et ailleurs ont montré que le paiement par l’usager réduit l’accès des populations vulnérables aux soins de santé, conduisant à une réduction de l’utilisation des services, en particulier chez les femmes et dans les groupes les plus pauvres [James et coll. 2006 cité dans Ridde et Haddad 2009]. Dans son rapport annuel de 2008, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) presse les pays de « résister à la tentation de faire payer l’usager » [2009:26]. Le paiement par l’usager a été supprimé avec succès en Ouganda, au Ghana, en Afrique du Sud, à Madagascar et au Ni ger. En Ouganda, l’abolition du paiement par l’usager à fait doubler le nombre de personnes fréquentant les cliniques et plus que doubler les taux de vaccination des enfants. James et coll. [2005] estiment que plus que 230 000 vies d’enfants pourraient être sauvées chaque année si les frais étaient abolis dans 20 pays africains. Un nombre croissant de bailleurs de fonds appuient les États désireux d’abolir le paiement par l’usager pour les services de santé de base [DfID 2006, Ridde et Haddad 2009]. Maintenant, s’il est clair que le paiement par l’usager doit être supprimé, on ne sait pas vraiment comment y parvenir. Une étude récente sur l’effet de la suppression du paiement direct des soins de santé sur l’utilisation et les résultats de la santé chez les enfants ghanéens [Ansah et coll. 2009 cité dans Ridde et Haddad 2009] a montré que les systèmes de prépaiement ne sont pas pro-pauvres parce que les plus démunis y sont rarement inscrits. Ridde et Haddad [2009] ont souligné que les systèmes locaux d’assur ance maladie ont atteint leur limites en Afrique, où le taux de pénétration, après plus que 15 ans de promotion, demeure très bas (5 %). Ils ont aussi fait état de l’écart considérable « l’enthousiasme généré par les systèmes de prépaiement et l’évidence scientifique en faveur de leur utilisation ». Cependant, tant qu’il n’y aura pas de preuves que les systèmes d’assurance maladie sont inefficaces, ils plaident pour que la protection des familles contre des coûts de santé catastrophiques, et la suppression des obstacles financiers aux soins de santé soient une priorité du système de santé. Des études récentes et en cours sur l’abolition du paiement par l’usager pourraient éclairer le débat. En juin 2009, un programme de recherche de trois ans (financé par la DRDI et le FAD) a été lancé pour documenter les politiques d’abolition du paiement par l’usager au Mali, au Niger et au Burkina Faso, à travers une approche interdisciplinaire (anthropologie, sciences politiques, épidémiologie et santé publique). Source : BM (2010), Rapport N° 54491-BF. Il faut garder à l’esprit que l’abolition du paiement par l’usager ne lève pas tous les obstacles liés à la demande et que d’autres actions doivent être entreprises. Le véritable effet d’une telle réforme pourrait être lié à l’offre (si des mécanismes effi caces de paiement basés sur les résultats sont encouragés). Les incitations liées à l’offre méritent une attention sérieuse [Meessen, 2009], et les expériences menées au Rwanda, en Uganda, au Burundi et au Niger ont beaucoup à offrir. 79 Subventions des Ecoles par rapport à la Gratuité L’éducation des enfants est devenue un défi important que le Bénin tient à relever pour atteindre les OMD en matière d’éducation afin «qu’en 2015 tous les enfants aient accès à une éducation primaire gratuite, obligatoire et de qualité et terminent la classe du CM2» d’une part, et d’«éliminer les disparités entre les garçons et les filles dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici à 2005 et réaliser l’égalité entre les sexes en matière d’éducation d’ici à 2015» d’autre part. La gratuité des enseignements maternel et primaire constitue l’une des grandes mesures prises par le Gouvernement. Mais dans la réalité, le mouvement vers la suppression des frais de scolarité s dans les enseignements maternel et primaire a été amorcé à partir de 1993, quand le gouvernement a annoncé l’exonération pour les filles du paiement des frais de scolarité dans les communes rurales. Cette mesure a conduit à l’accroissement des inscriptions de filles dans les écoles rurales, mais, faute de mesures d’accompagnements suffisantes, elle a aussi entrainé l’amenuisement des ressources des écoles et, par voie de conséquence, la réticence de nombreux établissements scolaires à accepter des inscriptions additionnelles. (cf. UNICEF 2010). Pour faire face à ces effets secondaires non attendus, le gouvernement a décidé d’appliquer, à partir de la rentrée d’octobre 2000, une gratuité plus large accompagnée des transferts de fonds aux écoles. Ainsi furent supprimés les frais de scolarité obligatoires pour tous les enfants de l’enseignement primaire. Les écoles furent compensées par l’octroi de subventions, à hauteur de 3.000 francs CFA par élève en milieu urbain et 2.000 francs CFA par élève en milieu rural. Mais l’insuffisance des subventions a conduit les écoles à imposer de nouvelles cotisations aux familles, dont le non-paiement entraînait le renvoi automatique des élèves. Face à la persistance du défi de l’équité éducative, en 2006 le gouvernement a annoncé la suppression de toutes sortes de frais scolaires obligatoires au niveau de l’enseignement maternel et primaire et des mesures d’accompagnement plus 80 importantes que précédemment ont été prises. En effet, six mesures ont été mises en œuvre, avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Il s’agit : la prise en charge des salaires de plus de 10.000 enseignants communautaires précédemment payés par les communautés; l’octroi de subventions directes aux écoles en fonction du nombre de groupes pédagogiques (à hauteur de 160.000 francs CFA par groupe) pour la prise en charge des dépenses de fonctionnement des écoles; le financement de la construction et la réhabilitation de nombreuses écoles ainsi que l’acquisition d’équipements et meubles scolaires; la fourniture gratuite de manuels scolaires de mathématiques et de français; la création de cantines scolaires (avec l’appui du Programme Alimentaire Mondial); et le renforcement de la formation des enseignants à travers l’ouverture de six nouvelles écoles normales pour la formation initiale et la prestation d’une formation qualifiante aux enseignants communautaires déjà en poste dans les écoles (cf. UNICEF 2010). Dans le cadre de la présente étude, nous avons considéré les subventions de l'Etat pour la prise en charge des frais de fonctionnement des EPP et Maternelles. Ces subventions sont passées de 2,7 milliards de FCFA en 2005 à 5,1 milliards de FCFA en 2009, soit une augmentation de 88,9%. Par contre, sont exclues la contribution aux budgets des Lycées et Collèges d'enseignement ainsi que les subventions pour le paiement des enseignants communautaires. Ces dépenses sont considérées comme faisant partie du fonctionnement normal du secteur de l'éducation. Ces mesures ont permis d’inscrire 150.000 enfants supplémentaires dans les cours d’initiation pendant les deux premières années de mise en œuvre. Le taux brut d’admission (dans l’enseignement primaire) a évolué de 109% en 2005/2006 et 143% en 2007/2008 et le taux brut de scolarisation primaire a augmenté de 93% à 104%. Les difficultés relevées dans la mise en œuvre des actions du Gouvernement dans le domaine de l'éducation sont les suivantes : (i) retard dans la mise en place des subventions ; (ii) insuffisance du nombre de salles de classe et des équipements ; (iii) insuffisance d’enseignants qualifiés ; (iv) lenteur et lourdeur des procédures de 81 passation des marchés publics ; (v) abandon des chantiers de constructions par les entrepreneurs indélicats; (vi) faible engouement des responsables gouvernementaux à s’adapter aux exigences des institutions partenaires du système éducatif et à s’approprier leurs règles et procédures ; (v) faible implication des communautés dans la gestion des écoles. Ce type de exemption (et subvention) est certainement important pour la croissance et le développement du capital humain du pays et il est en ligne avec les Objectifs du Millénaire, comme dit dans plusieurs documents. Toutefois, on ne peut pas éviter de noter qu'il y a des pertes d'efficience, du point du vue de la définition des FSS, dû au fait qu'il n'y a aucun ciblage sur les enfants ou ménages pauvres. Cet aspect nous fait conclure qu’en tant que Filets Sociaux, il provoque la dispersion d'une partie des ressources que pourraient être destinées aux couches les plus vulnérables. Pour cette raison, on les a considérées et analysées comme une dépense séparée du budget total des FSS. 3.6 Evaluation de la performance des projets/programmes de filets sociaux Les systèmes de filets sociaux sont généralement constitués de plusieurs programmes tissés les uns avec les autres et qui, idéalement, se complètent mutuellement avec les politiques publiques ou sociales. Un bon dispositif est cependant plus qu’une addition de programmes bien conçus et bien mis en œuvre, mais il doit être vu en fonction des critères mis en évidence dans l'Encadré 1. La plupart des programmes de filets sociaux identifiés présente des avantages certains pour les communautés vulnérables. Toutefois, certains paraissent mieux réussis avec des impacts visibles et une organisation mieux structurée. Ils ont faits objet d’une attention particulière dans la revue de terrain afin de cerner les conditions de leur mise en œuvre pour une analyse judicieuse de leur performance, sur la base des critères d’analyse ci-dessus énumérés. Au total, quatre programmes ont été passés en revue dont les résultats figurent dans le tableau ci- dessous 82 Tableau 19. Analyse de la performance des programmes de FSS au Bénin Program Transfert en Transfert mixte Transfert en HIMO mes nature (nature et espèce) espèce N Programme d’Appui Programme de Suisse à la PASR/COWI- ° Programme de secours cantine scolaire 22 Promotion et à DGTP/MTP/DANID aux indigents du MFSN PASEB/DANIDA l’Education des Filles A Critères (ASPEF) Programme lié aux difficultés de nutrition des Programme lié à la enfants pauvres réduction de la en milieu Programme lié aux pauvreté en milieu Programme lié au scolaire des difficultés de survie et de rural en levant gap d’équité dans zones rural. Il bien être des personnes l'obstacle au l’accès au système répond en état d’extrême développement éducatif béninois également aux pauvreté, dépourvue de socio-économique pour les filles et leur Approprié besoins ressources vitales, en dû à l'absence de 1 implication comme d’amélioration difficultés au plan social pistes communales moyen de promotion du taux d’accès et/ou économique et praticables toute du développement et de présence, ayant besoin de l’aide de l'année dans les local et de réduction d’achèvement l’Etat, des collectivités zones tout en de la pauvreté. et de réussite à locales et de la société. promouvant la l’école des gestion locale de ce enfants pauvres réseau. en milieu scolaire. Défaillance en termes de couverture : aussi bien les pauvres Défaillance en temporaires, termes de chroniques et couverture non pauvres Faible couverture des géographique et de Bonne couverture sont pris en bénéficiaire du fait des la demande existante des bénéficiaires compte. laissés pour compte avec Adéquat Toutefois, il y a une axée sur le 2 Intervention en parfois des allocations meilleure volontarisme. zones rurales insuffisantes dues à un identification des alors qu’on défaut de ressource. cibles avec des enregistre dans avantages répondant des zones aux besoins. urbaines des cas enfants en situation de pauvreté chroniques. Equité Equité parfois aussi Sélection sur appel à Equité horizontale horizontale mais horizontale que verticale. candidature par une mais non verticale. Equitable 3 non verticale car Le hic est l’indisponibilité commission Les traitements se aucune priorité des ressources. composée de font par rapport à 22 Indigents = enfants en situation difficile et personne affectée au plan social et/ou économique. 83 et avantages Les allocations sont pour l’ensemble des l’effort fourni et particuliers ne la plupart uniformisées acteurs. Traitement non par rapport aux sont accordés avec un plafond fixé à uniforme et non au besoins aux enfants plus 30 000 fcfa en termes de cas par cas. socioéconomiques pauvres. secours immédiat qui ne individuels des couvre pas toujours les intervenants. attentes. Taux de repas La gestion du par enfant et programme par jour est de absorbe ici une part Les frais 125 fcfa. importante de administratifs Incluant les frais Les frais de ressources qui absorbent ici une de restauration fonctionnement sont peuvent être part importante des et de prestation faibles mais peuvent être réalloué aux ressources qui de l’ONG en revus de plus à la baisse. travaux pour Efficient peuvent être 4 charge. La plupart des ressources améliorer le revenu réalloué à d’autres Sous réserve de vont vers les bénéficiaires des bénéficiaires ou bénéficiaires dans un la qualité et de mais elles se trouvent entreprendre système plus la quantité du parfois insuffisantes. d’autres axes de allégé.et plus repas servi, on rue dans un efficient. peut juger le système plus programme allégé.et plus efficient. efficient. Expérimentation Le programme dans d’une approche sa finalité prépare les Programme axé d’autonomisatio Le changement de filles à leur insertion incitatif n des cantines comportement dépend en dans la vie active et puisqu’ayant scolaires à fait de la nature des pour leur premier permis à des travers besoins satisfaits. Pour emploi. Elles sont bénéficiaires de se l’exploitation des cas de besoins socio- pour la plupart doter de ressources des champs économiques, les aides ne Incitatif employée dans les ou de capital 5 scolaires permettent pas de se collectivités locales à nécessaires pour destinée à prendre en charge. Donc des postes de s’orienter dans des soutenir pas toujours incitatifs responsabilité avec activités progressivemen surtout. Les allocations des revenus socioprofessionnell t le financement sont généralement de mensuels pour es durable sortir du extérieur afin de subsistance. subvenir à leurs cercle de pauvreté. le substituer au besoins. terme Relais du Expérimentation de l’Etat Très bonne programme par Aucune approche de donc une certitude de implication l’Etat dans durabilité financière pérennisation toutefois, il politique. Attente d’autres régions ni politique mise en va falloir mettre des de duplication de Durable sur budget place. Le programme 6 ressources suffisantes et l’approche par national. Une cessera certainement de façon équilibrée avec l’Etat pour en bonne approche avec le retrait du les autres dépenses assurer la de partenaire. sectorielles. pérennisation. pérennisation. Un programme qui Fonctionnement Fonctionnement s’adapte aux éventements Fonctionnement sur sur budget sur budget 7 Dynamique tels le cas des dernières budget programme programme du programme du inondations et de la crise du partenaire. partenaire. partenaire. alimentaire. 84 Une bonne Une expérience de approche de FSS FSS qui a produit des dupliquée par le résultats avec déjà Une très bonne gouvernement Une très bonne des filles de niveau expérience de FFS à mais qui doit expérience de FSS de DEA et des chefs forte valeur être améliorée l’Etat qui attend d’être Commentaires services au niveau ajoutée du point de vue renforcé financièrement des collectivités socioéconomique adéquation et pour opérationnaliser le locales. Doit être et de croissance équitabilité. Les caractère incitatif. améliorée : locale. essais incitatifs durabilité et doit être mise adéquation. en œuvre. 85 3.7 Stratégie d’intervention et méthodes de ciblages des bénéficiaires Le programme de cantines scolaire de la DANIDA Les cantines scolaires communautaires fonctionnent suivant un mécanisme d’alimentation des élèves assuré par un service requis par les parents d’élèves. A ce titre, les Association de Parents d’Elèves (APE) ont la responsabilité de recruter les personnes appelées à servir les repas aux élèves sur la base d’une entente préalable incluant un menu. Ces personnes sont astreintes à des visites médicales annuelles. Le relevé du bilan sanitaire doit être déposé aux bureaux de l’école et de l’APE. Elles sont placées sous l’autorité et la supervision du Ministère des Enseignements Maternelle et Primaire et sont administrées par le bureau de l’APE. L’accès à l’alimentation n’est pas conditionnel. Il est ouvert à tous les élèves sa ns distinction de sexes et de statut socioéconomique. Le programme d’appuis aux indigents du MFSN Au niveau du MFSN, la demarche de mise en œuvre du programme se résume essentiellement en trois étapes dont:  La réception de la sollicitation par les structures déconcentrées du MFSN c’est-à- dire les Centre de Promotion Sociale (CPS).  La réalisation de l’enquête sociale par le CPS de la localité sur le présumé indigent.  L’étude du dossier par la commission de concertation de la commune qui statut sur les cas d’indigence et les homologues suivant des critères préalablement définis et applicable sur toute l’étendue du territoire national.  La délivrance du certificat d’indigence de la part de la Mairie de la localité qui tient lieu de pièce constitutive du dossier de l’indigent. 86 En effet, le présumé indigent doit se rendre au Centre de Promotion Social pour en exprimé son besoin et remplir la fiche de sollicitation de l’aide. Le responsable CPS sur la base des informations doit mener une enquête sociale pour s’assurer de la véracité et en établi les preuves. Il fournit un rapport sur le cas chaque cas d’espèce et constitue le dossier du bénéficiaire qu’il transmet au comité de concertation locale. Le comité statuera sur la base de l’enquête sociale et des critères retenus pour avoir accès à l’aide. En cas d’approbation du dossier, la mairie membre du comité de concertation délivre le certificat d’indigence qui est joint au dossier de l’intéressé pour être transmis au service compétent pour l’exécution par le CPS. Toutefois, il existe au niveau de chaque CPS, un fonds de secours immédiat pour des urgences. Ce fonds est géré par le CPS pour des cas nécessité une action rapide. Ce fonds est annuel et varie entre 30000 et 100000 fcfa suivant les zones. Notons que pour la majorité des 84 CPS, répartis dans les 77 communes, les fonds de secours immédiat est de la tranche de 30000 à 50000 fcfa et reste généralement sans effet parce que insuffisant. Le programme d’Appui Suisse à la Promotion de l’Education des Filles La démarche d’intervention du programme est axée en l’occurrence sur une approche d’appui aux acteurs impliqués dans la mise en œuvre. On retient :  Renforcement des capacités institutionnelles des acteurs et partenaires (Communautés à la base, communes, structures déconcentrées de l’Etat) du système éducatif.  Appui aux acteurs locaux pour l’encadrement et le suivi des élèves et étudiantes.  Communication pour un changement de comportement.  Appui pour la professionnalisation et l’insertion à l’emploi des allocataires.  Synergie avec les autres programmes/projets de développement et avec les structures déconcentrées de l’Etat dans le Borgou. 87  Ceci donne lieu à des négociations avec les acteurs du programme et du système éducatif devant accueilli les filles bénéficiaires. Il s’agit essentiellement :  Des accords de partenariat avec les communes et directions déconcentrées de l’éducation de la zone d’intervention.  Des instruments de planification à savoir :  Des plans stratégiques de l’éducation favorable à la promotion de l’éducation des filles au niveau communal.  Des plans stratégiques de promotion de l’éducation des filles au niveau des structures déconcentrées d’éducation de l’Etat.  Des plans d’action annuels de promotion de l’éducation des filles au niveau des communautés à la base à faible taux de scolarisation des filles.  Trois niveaux de sélections sanctionnent la mise en œuvre du programme. Il s’agit de l’identification :  Des écolières, élèves filles et étudiantes issues de familles rurales pauvres de la zone d’intervention du programme.  Des universités nationales du Bénin (UAC et UP) et les structures déconcentrées de l’éducation des départements du Borgou et de l’Alibori.  Des communes de la zone d’intervention et les communautés des localités à faible taux de scolarisation des filles. Le Programme d’Appui à la Sécurité Routière La démarche d’intervention du PASR/CPR est basée sur l’approche par la demande avec une logique de responsabilisation des bénéficiaires. Les communautés bénéficiaires ont été des partenaires du programme, ce qui a permis leur participation responsabilisante à toutes les étapes du processus de programmation-réhabilitation-appropriation. Au plan opérationnel, le partenariat communautés bénéficiaires – PASR/CPR a été porté au niveau des communautés par les Associations d’Usagers des Pistes d’Arrondissement (AUPA), à travers lesquelles toutes les communautés prétendant à des réhabilitations de pistes, souscrivent leur engagement aux respects des clauses du partenariat. Les 88 Comités Exécutifs (CE) constituent les organes exécutifs de ces AUPA, et représentent les interlocuteurs des communautés auprès du Programme, jouant ainsi un rôle d’interface entre les communautés et le programme. La lecture de la composition de ces CE, montre une représentation équitable de l’ensemble des villages administratifs concernés par les pistes choisies dans les arrondissements. Cette composition est le résultat d’un long processus d’animation/sensibilisation mené par les intermédiaires à charge de la mobilisation sociale sur le terrain, les ONGs locales. Cette approche de constitution des CE/AUPA a favorisé l’implication de toutes les couches socio-professionnelles et la prise en compte de la participation genre à la gestion de l’interface sociale communautaire. Car, même si cela paraît mécanique, les femmes ont bénéficié d’une discrimination positive imposée par le programme ce qui a permis d’avoir des effectifs de 3 à 5 femmes sur 9 à 11 membres dans des milieux traditionnels hostiles à l’émergence Genre. Par ailleurs, de la perception de l’ensemble des personnes enquêtées, la mise en place de ces organisations locales pour servir de relais locaux aux intervenants dans le processus de réhabilitation a été d’un grand intérêt stratégique pour la réalisa tion des objectifs du programme. Les missions assignées aux CE/AUPA principaux acteurs de la mise en œuvre s’articulent autour de :  l’appui à la mobilisation de la contrepartie partie communautaire (travail, nature et espèce) auprès des populations ;  l’identification, mobilisation et la mise à disposition des ouvriers locaux pour les travaux HIMO ;  la facilitation du dialogue social sur les chantiers. L’approche de sélection des ouvriers est le volontariat. Mais en cas de pénurie de la main d’œuvre comme dans certaines localités, les CE/AUPA avec l’aide des ONGs 89 d’appui entrent en sensibilisation et négociation avec des personnes identifiées valides et capables pour les amener à la tâche. Dans le cas de pléthore, il est mis en place un système de rotation pour une répartition judicieuse des tâches et des revenus. 3.8 Conclusion partielle L'analyse faite dans ce chapitre nous a permis d'identifier les programmes existants dans le pays et de les regrouper dans 5 volets principaux. En général, si on exclue les subventions sur les prix, les Filets sociaux représentent environ 1.09% des dépenses générales du Budget de l'Etat, soit 0,33% du PIB (en moyenne). Les partenaires y contribuent à hauteur de 70%, soit 0,7% du Budget de l'Etat. Ainsi, la contribution du Gouvernement est estimée au tiers des dépenses totales. Mais avec les subventions, elle passe à 2% du Budget de l'Etat. Lorsqu’on considère l’ensemble des volets de FSS, les transferts en espèce aux couches identifiées comme pauvres ou vulnérables avoisinent 1% du budget total, donc pratiquement insignifiant. En ce qui concerne les programmes alimentaires ou de distributions d’aliments, ils sont subdivisés en trois catégories: (i) les transferts directs en espèce23 ou en nature dans des situations exceptionnelles ou d’urgence qui avoisinent 8% du budget total (avec de stocks céréaliers et des distributions des aliments dans les régions du nord); (ii) les programmes d’appui nutritionnel axés sur la distribution de vivres ou compléments alimentaires aux personnes malades, malnutries ou affectées par les maladies avec 3% du budget et (iii) les cantines scolaires, programmes de nutrition dans les écoles des départements ciblés avec la majorité des investissements estimés à 56%. Le volet des cantines a connu une forte augmentation des ressources dans la période analysée passant d'un investissement de 3 milliards à près de 10 milliards de FCFA. Ensuite, il y a les HIMO avec un taux estimé à 16% du budget total. Il convient de préciser que ce type d'intervention est mis en œuvre par le DANIDA et l'AGETUR. 23 Pour achat des aliments. 90 Outre, les programmes ci-dessus mentionnés, on retrouve les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques qui représentent la grande partie des subventions. Quand on compare ces subventions aux dépenses totales dans le secteur des FSS, il ressort que celles relatives aux produits énergétiques (produits pétroliers plus fourniture électricité) représentent un pourcentage significatif du Budget de l'Etat et sont plus élevés que celles des FSS dans les années de crises. En 2008, elles ont représenté environ 3% du Budget (soit 26,5 milliards de FCFA) et sont suivies d’une baisse en 2009 puis d’une hausse en 2010. Enfin, on peut citer les exemptions des frais sur les services de base en principe orientées vers les catégories plus vulnérables ou pauvres. Selon les informations recueillies, les subventions sur les exemptions des frais des hôpitaux pour les indigents avoisinent 12%, tandis que (ii) les subventions des écoles en ce qui concerne la gratuité des étudiants coûte à l'Etat près de 4 milliards par an. Les subventions des écoles ont été traitées isolement des FSS étant donné qu’elles ne sont pas exclusives. Cette analyse budgétaire nous permet de tirer une conclusion majeure. Face à une situation de vulnérabilité et de pauvreté qui touche plus du tiers de la population, il est plus indiqué d’opter pour un accroissement des investissements dans les FSS, susceptibles d’augmenter la couverture nationale par rapport aux programmes de FSS, mais privilégiant une réallocation des fonds entre les différents volets ci-dessus mentionnés. Selon les expériences internationales enregistrées ces dernières années, il est plus indiqué de mettre en place une stratégie durable de Filets sociaux orienté vers un horizon de long terme. Les ménages pourront ainsi développer des stratégies familiales d'investissement et de prévention des risques. Les allocations de fonds pourraient (partiellement) être orientées sur les transferts directs aux ménages au détriment des subventions des prix dans la perspective d’une stratégie permanente de soutien à la consommation comme première étape dans le processus d’atténuation ou d’éradication de la de pauvreté extrême et chronique dans le pays, et une seconde étape, pour déclencher un mécanisme conduisant à l’autosuffisance alimentaire des populations vulnérables et pauvres. 91 Des analyses effectuées, il ressort que l’expérience des cantines scolaires mise en oeuvre par DANIDA s’est avérée positive, mais elle doit être améliorée du point de vue de l’adéquation et de l’équitabilité. Il en est de même de son caractère incitatif. En ce qui concerne l’expérience des transferts mixtes, l’analyse a porté sur le programme de secours aux indigents du MFSN. Dans l’ensemble, sa mise en oeuvre s’est avéré e également positive. Cependant, il a besoin d’être renforcé financièrement et son caractère incitatif opérationnalisé. Le programme HIMO de DANIDA orienté sur le monde rural s’est avéré comme une très bonne expérience de FFS à forte valeur ajoutée socio-économique telle que la création de nouvelles entreprises locales, la réduction du taux de chômage, la promotion de l’auto-emploi, le développement économique local. 92 IV Cadre politique et institutionnel de mise en œuvre des programmes de filets sociaux au Benin 4.1 Rôle stratégique de filets de sécurité sociale dans les politiques plus larges de développement social Les populations béninoises, toutes catégories confondues, aspirent au bien-être individuel et collectif soutenu par un ensemble de variables économiques, sociales, culturelles, technologiques et environnementales selon les résultats des études nationales de prospectives à long terme, Bénin 2025. Cette vision proclame que « le Bénin est, en 2025, un pays-phare, un pays bien gouverné, uni et de paix, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social » (République du Bénin, 2000). En adoptant les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en septembre 2000, le Bénin s’est engagé à élaborer et à mettre en œuvre des politiques publiques nécessaires pour améliorer de façon convenable, les conditions de vie des populations à l’horizon 2015. Ainsi, les OMD ont été intégrés aux politiques nationales et stratégies sectorielles qui constituent les repères de l’action publique en vue du développement économique et social du pays. En 2006, la Déclaration de Politique de Population (DEPOLIPO) adoptée en 1996 par le Bénin a été révisée. Le but de cette déclaration est d’assurer l’amélioration du niveau et de la qualité de vie des populations et à long terme d’assurer une adéquation entre la croissance économique et la croissance démographique. Elle couvre une période de 20 ans (1996- 2016) et comporte des objectifs globaux dont quatre sont directement pertinents à la sécurité sociale : (i) garantir à chacun en tout temps et en tout lieu une alimentation suffisante, saine et capable d’assurer un bien -être nutritionnel ; (ii) promouvoir l’habitat sain, la protection et le respect de l’environnement ; (iii) assurer une sécurité sociale aux personnes âgées ; et (iv) intégrer les personnes handicapées dans le processus de développement. 93 Au plan opérationnel, le Gouvernement Béninois a adopté le Plan National pour le Vieillissement Actif 2007-2016, qui a établit comme objectifs la promotion de la santé et du bien-être des personnes âgées, la réduction de la pauvreté des personnes âgées, le renforcement de l’implication des personnes âgées dans le processus de développement, l’inclusion sociale des personnes âgées et l’amélioration des connaissances socio-économiques et démographiques sur les personnes âgées ainsi que sur leurs besoins. Ainsi, à travers le Décret N°2006-228 du 18 mai 2006 portant réglementation des Secours gérés par le Ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant (MFFE24), les allocations en espèces et/ou en nature non remboursable sont consenties à des personnes indigents ou à leurs structures d’encadrement dans l es conditions fixées par le décret. Il s’agit des secours immédiats, ponctuels et temporaires à toute personne se trouvant dans un état d’extrême pauvreté, dépourvue de ressources vitales, en difficulté au plan social et /ou économique et ayant besoin de l’aide de l’Etat, des collectivités locales et de la société pour sa survie. Peuvent être considérés comme personnes affectées au plan social et/ou économique : (i) les veufs (ves) ou conjoints abandonnés, séparés et/ou divorcés, démunis, sans soutien ayant des enfants mineurs scolarisés ou en apprentissage à charge ; (ii) les personnes handicapées diminues, notamment les handicapés moteurs, sensoriels et déficients mentaux ; (iii) les familles ou individus victimes d’un sinistre ; (iv) les personnes du 3ème âge démunies et sans soutien. A part les secours aux personnes indigentes, d’autres petits programmes de transferts sociaux sont gérés par deux fonds sous tutelle du MFSN, à savoir le Fonds d'Appui à la Réadaptation et de l'Intégration des Personnes Handicapées (FARIPH) et le Fonds d'Appui à la Solidarité Nationale et à l'Action Sociale (FASNAS). Sous financement extérieur, les CPS fournissent aussi des « secours aux enfants malheureux », notamment la prise en charge sanitaire et scolaire des orphelins et enfants vulnérables (OEV) (achat de kits scolaires à l'école primaire, paiement des frais scolaires à l'école secondaire ou allocation de tuteurs pour assurer l'éducation des OEV). 24 Actuellement il s’agit du Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale (MFSN) . 94 Quelques partenaires au développement ont appuyé des transferts en nature, surtout sous forme d’appui alimentaire. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM), par exemple, a lancé un projet d’appui nutritionnel aux ménages affectés par le VIH/SIDA afin de réduire l’impact de cette maladie sur le bien-être des ménages et d’améliorer la nutrition et l’état de santé des enfants et des mères, ainsi que des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Dans le cadre de la sécurité alimentaire, le Bénin à l’instar des autres pays de la sous - région a été touché par la flambée des prix des denrées alimentaires suite aux inondations qui ont eu lieu en 2007 et qui ont dévasté toutes les cultures d’une part et la crise économique d’autre part. Pour faire face à la crise alimentaire qui s’en est suivie sur le plan national et pour atténuer l’impact négatif sur les couches les plus vulnérables, le Gouvernement du Bénin a initié le PUASA au début de l’année 2008, en lui assignant le mandat de contribuer à l’accroissement de la production domestique de céréales (maïs et riz), en vue de réduire l’impact à court terme de la flambée des prix sur les ménages et de renforcer l’accès des producteurs de cultures vivrières aux intrants agricoles dans le moyen et le long terme. Ce Programme initié comme réponse urgente à l’impact de la crise de la crise alimentaire en 2008 a contribué à assurer en amont la proximité, la disponibilité et l’accès des intrants pour la production des vivriers de base à travers une politique de gratuité au profit des couches pauvres ou vulnérables. L’objectif du programme est de réduire les effets pervers de la crise alimentaire qui s’annonce par la mise sur le marché de consommation, ceci en quantité et en qualité suffisantes, des denrées alimentaires issues des exploitations agricoles de spéculations à cycles courts. En aval, l’Etat bé ninois a assuré une meilleure disponibilité et accessibilité des produits vivriers de base aux ménages pauvres ou vulnérables au travers de « boutiques témoins » implantées dans l’ensemble du territoire suivant des critères bien définis. Il convient de rappeler que dans la logique de la recherche d’une bonne synergie entre deux programmes qui visent les mêmes filières, l’Unité de Gestion du Programme 95 d’Urgence d’Appui à la Sécurité Alimentaire (PUASA) et du Programme de Diversification Agricole par la Valorisation des Vallées (PDAVV) a été créé par arrêté N°458/MAEP/DCAB/SGM/DPP/DRH/SA du 7 novembre 2008. Les programmes d’appui à la sécurité alimentaire des populations ont essentiellement contribué à réduire quelque peu la rigueur de la soudure au profit des couches vulnérables de la population rurale. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a initié et mis en œuvre au Bénin des programmes dont les objectifs essentiels sont la lutte contre l’insécurité alimentaire et l’amélioration des conditions de vie des populations. L’accord de base entre le Gouvernement de la République du Bénin et le PAM a été signé en 1967. Depuis cette date, le PAM a continuellement apporté son appui aux activités des populations et du Gouvernement dans les domaines de l’éducation, du développement rural, de santé, de la nutrition et de l’assistance humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles ainsi qu’aux réfugiés des pays voisins. Leurs interventions consistent essentiellement en la distribution de vivres dans le cadre de l’appui alimentaire. Ainsi, le projet de développement-Bénin 10308.0 « Promotion de l’Education Formelle et non Formelle des Enfants et des Jeunes » du PAM contribue, dans son ensemble, au développement des politiques nationales visant à réduire la pauvreté, l’insécurité alimentaire, et la disparité de scolarisation entre filles et garçons en assurant un accès équitable à l’éducation de base, à la protection sociale. Dans les communes où le taux de scolarisation est faible et l’écart entre filles et garçons important, les objectifs immédiats seront les suivants : (i) Accroître le nombre d’inscriptions scolaires ; (ii) Encourager la rétention scolaire ; (iii) Améliorer l’assiduité et les résultats ; (iv) renforcer dans le secteur social, les structures d’accueil des enfants et des jeunes en danger ou en difficulté pour garantir une éducation non formelle ou une formation professionnelle ; et (v) Promouvoir la participation effective des collectivités locales et des parents à la gestion des activités liées à la scolarisation des enfants. Afin de capitaliser les acquis du projet « promotion de l’Education formelle et non formelle des Enfants et des Jeunes » et d’accompagner le gouvernement dans sa 96 politique d’accès universel à l’éducation d’ici 2015, le PAM a mis en place, à partir de juillet 2010, un nouveau projet DEV 200045, « Promotion de l’alimentation scolaire durable ». Les objectifs principaux de ce projet sont : (i) Contribuer à l’augmentation de l’accès à l’éducation et au développement du capital humain ; (ii) Renforcer les capacités nationales en vue de développer un programme durable de cantines scolaires ; (iii) Stimuler l’agriculture et l’économie local en créant des liens entre les cantines scolaires et les producteurs locaux. Au niveau du secteur éducatif, la loi n°2003-17 du 11 novembre 2003 portant orientation de l’éducation nationale et la lettre de politique éducative adoptée par le gouvernement le 23 février 2005 ont tenu grand compte du profil souhaité à l’élève en fin de cycle primaire, défini par la réforme du système éducatif en cours, pour étendre l’éducation de base au premier cycle de l’enseignement secondaire général. Ledit profil vise, entre autres, l’éveil de l’esprit de l’enfant, sa formation physique, intellectuelle, civique et morale, l’éveil de son esprit d’initiative et de son sens critique, le développement de ses capacités entrepreneuriales et d’auto-prise en charge. De ce fait, la mesure de gratuité prise par le gouvernement devrait non seulement toucher les enfants du primaire, mais également les élèves du premier cycle de l’enseignement secondaire général. Elle participe à la réalisation de l’Objectif 5 de la Déclaration Mondiale sur l’Education Pour Tous (Dakar 26 au 28 avril 2000) qui se propose d’« Eliminer les disparités de sexe dans l’enseignement primaire et secondaire et instaurer l´égalité dans ce domaine en 2015 en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite ». Cette mesure de gratuité contribue de même à l’atteinte du point 3 des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Le gouvernement béninois, conscient des enjeux de cette réforme et de ses effets sensibles à terme, s’est fixé comme objectif stratégique de poursuivre la création des conditions nécessaires à l’amélioration de l’équilibre entre l’offre et la demande en matière d’éducation, afin de permettre à tous les enfants béninois en âge scolaire, de bénéficier de ces conditions. L’éducation des enfants est devenue un défi important que le Bénin tient à relever face 97 aux OMD. Les actions au plan national, traduites aujourd’hui dans les docum ents du Plan d’Action National Education Pour Tous (PAN/EPT), du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education au Bénin (PDDSE 2006-2015), de la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP), de la Politique Nationale de l’Education et de la Formation des Filles au Bénin adoptée par le gouvernement en avril 2007 se fondent donc sur ces engagements internationaux. De même, dans le cadre de la stratégie nationale d’amélioration de la scolarisation, les Gouvernements successifs de la République du Bénin ont toujours retenu l’alimentation scolaire à travers les cantines comme facteur essentiel de promotion de l’accès et du maintien des écoliers dans le système scolaire. Outre le Gouvernement, il y a également cinq (05) partenaires au Développement qui interviennent dans ce domaine. Il s’agit du Programme Alimentaire Mondial (PAM), Catholic Relief Services (CRS), DANIDA et l’UNICEF. En dehors de ces organismes qui interviennent dans les zones les plus défavorisées, il y a également le Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES) avec le concours de la Coopération Suisse et certaines Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui appuis les filles démunies pour leur inscription et leur maintien à l’école. Au niveau des cantines, la Cellule des Cantines Scolaires Gouvernementales (CCSG) créée par arrêté n°2000/-161/MENRS/CAB/DC/SP du 22 novembre 2000 fait suite à la volonté du Gouvernement de s’engager dans une politique de réforme de l’éducation national avec pour priorité, le renforcement de l’éducation à la base. Ce programme poursuit des objectifs immédiats tels que : (i) accroître les inscriptions et favoriser la fréquentation scolaire dans les écoles primaires situées en milieu pauvre, (ii) permettre l’accès et le maintien des élèves dans le système scolaire, (iii) réduire les taux d’abandon qui représentent près de 25%, (iv) augmenter les capacités d’assimilation des élèves en leur fournissant un complément nutritionnel, (v) renforcer l’action du programme alimentaire mondial. L’objectif général à long terme du Gouvernement est de contribuer à la valorisation des ressources humaines, à la réduction des disparités régionales et d’obtenir au moins la parité fille/garçon dans le secteur éducatif. 98 L’accord de financement entre le Royaume de Danemark (DANIDA) et la République du Bénin pour ce programme a été conclu le 15 décembre 2005. Les deux composantes à savoir PASEB 1 des cantines scolaires communautaires et le volet « Intégration Scolaire des Enfants Handicapés (ISEH) » sont développées. Ce programme a pour objectifs de : (i) Promouvoir une éducation de base de qualité pour tous, notamment des filles ; (ii) Contribuer au développement des formations professionnelles en faveur des groupes sociaux vulnérables et défavorisés dans l’accès de l’éducation formelle ; (iii) Faciliter l’éducation intégrée des enfants et des jeunes handicapés. Pour ce qui concerne le volet cantine communautaire, l’arrêté 2007 N°0052/MEPS/CAB/DC/SGM/SP portant modalités de gestion des cantines communautaires du PASEB a été signé le 19 mars 2007. Dans le contexte de l’éducation de base et dans le souci d’appuyer la mesure d’exonération inscrite dans la politique éducative, le Royaume du Danemark et la République du Bénin ont, à travers le Programme d’Appui au Secteur de l’Education au Bénin (PASEB), dans sa composante "Appui à l’éducation de base", convenu d’entreprendre des actions visant à impulser la dynamique de la promotion de la scolarisation des filles au niveau secondaire en mettant en place, en 2005, un dispositif expérimental de mise en œuvre de la politique d’exonération des droits d’inscriptions au profit des jeunes élèves filles du 1er cycle de l’enseignement secondaire général public du département du Zou. L’objectif général assigné à la composante « Appui à l’éducation de base » est de : « contribuer à l’augmentation des taux d’accès et d’achèvement dans l’éducation de base tout en réduisant les écarts liés à la pauvreté et au genre ». Un des objectifs immédiats est de « contribuer à l’amélioration de l’accès à l’éducation de base dans des conditions d’équité ». Ce qui constitue le fondement de la mesure de prise en charge des droits d’inscription des filles scolarisées au niveau du 1er cycle de l’enseignement secondaire général. En effet, des opinions ainsi que des études ont révélé qu’un nombre élevé de filles est généralement exclu du système d’enseignement secondaire général, non pas pour insuffisance de travail, mais pour insuffisance de soutien logistique 99 attendu des parents. Le paiement de la contribution constitue souvent un lourd fardeau pour les parents, surtout qu’ils sont contraints de la verser pour plusieurs enfants (garçons et filles). En ce qui concerne le Programme « Appui Suisse à la promotion de l’éducation des filles » (ASPEF), il est sous tendu par un double objectif ; (i) promouvoir l’éducation des filles au Bénin en général et dans le département du Borgou en particulier et, (ii) doter à terme les collectivités locales et les autres acteurs du développement à la base, de cadres féminins compétents. La finalité du programme est de contribuer à la réduction de la pauvreté au moyen de la promotion de l’éducation des filles. L’objectif du programme est de contribuer à l’amélioration de l’accès, du maintien et du succès des jeunes filles élèves et étudiantes dans le système éducatif pour un développement local participatif et équilibré. Par ailleurs, le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique a manifesté son soutien à la réforme du système éducatif du Bénin, à travers plusieurs initiatives dont celle exécutée par Catholic Relief Services Bénin (CRS Bénin). Ainsi, le Programme « Food For Education » sous financement du Département Américain de l’Agriculture (USDA) et exécuté par CRS, vise essentiellement à « améliorer la fréquentation scolaire des enfants des zones rurales du Nord-Ouest Bénin, en particulier celle des filles et accroître le niveau d’implication des parents d’élèves dans la gestion de l’école ». Dans le domaine de l’emploi, la stratégie HIMO initiée par le gouvernement sous tutelle du ministère de l’urbanisme et de l’habitat avec l’appui de la Banque Mondiale et mise en œuvre par les agences d’exécution telles que AGETUR, AGETIP et SERHAU SA depuis 1990 à travers le Programme de Gestion Urbaine Décentralisée (PGUD) a été renforcée depuis 2005 par un programme spécial danois orienté en zone rural. En effet, afin de relayer et l’approche HIMO comme solution au problème d’emploi et pauvreté en milieu rural contrairement au PGUD qui intervient en milieu urbain, le ROYAUME DU DANEMARK, a initié en accord avec le gouvernement à travers le 100 Ministère des travaux publiques, le Programme d’Appui à la Sécurité Routière (PASR) qui en est à sa deuxième phase essentiellement axé sur l’entretien et l’ouverture des pist es de desserte rurales et mise en œuvre par les communautés elles-mêmes. Une approche inédite en cours dans six département du sud Est, Sud-Ouest et du Zou qui a permis une frange importante de la population rurale toutes catégories confondues dont notamment les femmes de sortir de la précarité. En somme, les programmes de filets sociaux sont institués par arrêtés, décrets, accords de partenariat, arrangements de financement commun ou des programmes de coopération entre le Gouvernement et les PTF. Il s’agit notamment de : i) Décret n°2006-228 du 18 mai 2006 du 18 mai 2006 portant réglementation des secours gérés par le Ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfant ; ii) Arrêté 2007 n°0052 /MEPS/CAB/DC/SGM/SP portant modalités de gestion des cantines Communautaires du Programme d’Appui au Secteur de l’Education au Bénin (PASEB) ; iii) Arrêté n°271/MEMP/DC/SGM/DRFM/DPS/SP portant allocations de subventions pour le fonctionnement des cantines communautaires du Programme d’Appui au secteur de l’Education au Bénin en date du 25-10 2010 ; iv) Arrêté n°266/MESFP/MEMP/DC/SGM/DES/SA du 16 juillet 2010 portant allocations de subventions des frais de contributions scolaires des élèves des classes du premier cycle des établissements publics d’enseignement secondaire général du Bénin ; v) Arrêté n°314/MEMP/DC/SGM/DRFM/DPS/SP du 27-12-2010 portant allocation de subvention pour le fonctionnement des 501 cantines scolaires du Programme Fast Track Initiative/Fonds Commun Budgétaire ; vi) Arrangement de financement commun signé le 18 avril 2008 pour l’organisati on du Fonds Commun Budgétaire entre le Gouvernement et les PTF (DANIDA, AFD, KFW, Pays-Bas, Banque Mondiale) ; vii) Programmes de Coopération Bénin-UNICEF 2004-2008 et 2009-2013 ; 101 viii) Accord de financement conclu entre le Royaume du Danemark et la République Bénin pour le PASEB 1 du 15 décembre 2005 ; ix) Accord de base entre le Gouvernement de la République du Bénin et le PAM signé en 1967. 4.2 Arrangements Institutionnels du Système de la Sécurité Sociale Gestion des crises et catastrophes naturelles au Bénin Le Bénin dispose des structures en charge de la gestion des crises et catastrophes qui sont : la Direction de la Prévention et de la Protection Civile (DPPC), le Comité National pour la Protection Civile (CNPC) et ses démembrements au niveau décentralisé sur toute l’étendue du territoire, l’Office National pour la Sécurité Alimentaire (ONASA) en charge de la sécurité alimentaire, l’ACNA, en charge de la gestion des réfugiés, le Groupement National des Sapeurs-Pompiers, la Police, la Gendarmerie Nationale, le Ministère en charge des Affaires Sociales, le Ministère en charge de l’aménagement du Territoire, le Ministère en charge de l’urbanisme etc. Toutes ces structures ont d’une façon directe ou transversale chacun, en ce qui les concerne, la mission de concevoir et/ou de mettre en œuvre la politique de la gestion des urgences. Elles bénéficient aussi de l’appui des ONG(s) humanitaires comme Caritas-Bénin, Care, Plan-Bénin ; de la Croix Rouge béninoise et du Système des Nations Unies en général dans l’opérationnalisa tion de la politique avant, pendant et après. Sur le plan national, les principaux instruments de gestion des urgences sont les décrets, régissant le Comité National Pour la Protection Civile (CNPC), le Plan d’Organisation des Secours (ORSEC) datant des années 80 et d’autres textes normatifs. Sur le plan international, le Bénin a signé plusieurs accords et conventions relatifs à la prévention et à la protection civile, à la réduction des risques de catastrophes, aux droits humains. Au niveau sous régional, le Bénin pays membre de la CEDEAO, est signataire du 102 document de politique de gestion des crises et des catastrophes et a des sièges au sein de l’Equipe « Emergency, Response Team (ERT) » de la CEDEAO. Malgré ces dispositions institutionnelles, le dispositif mis en place par l’Etat est confronté à de nombreux problèmes. C’est ce qui justifie le partenariat du PNUD-Bénin et le gouvernement dans le domaine de la gestion des urgences. D’une manière générale, et au regard du passé, la gestion de toutes ces crises, et catastrophes qu’a connue le Bénin tant dans le passé que dans le présent en l’occurrence les inondations méritent d’être appuyée. Les causes de ces faiblesses sont d’ordre institutionnel, matériel et la nature des aménagements du paysage urbain et rural. Ministère de la Famille et de la Solidarité Nationale De 1960 à 1996, le Service National des Affaires Sociales (SNAS) a connu au sein des gouvernements successifs, soit une autonomie relative, soit une inclusion dans certains portefeuilles ministériels tels que la Santé, le Travail et la Justice. En 1998, il a été un ministère chargé de la Protection Sociale en vue de promouvoir des mécanismes de gestion des risques sociaux, de la promotion de la solidarité et de la lutte pour la réduction de la pauvreté, à travers divers programmes impulsés par l’Etat, le secteur privé et la société civile, souvent avec l’appui des partenaires au développement. Ce ministère a pour mission d’élaboration et de concevoir les modalités de mise œuvre de la politique du Gouvernement en matière de promotion de la famille, de la protection sociale et du développement de la solidarité nationale. L’assistance sociale, c'est-à-dire la branche non contributive de la protection sociale, reste peu développée au Bénin. Les programmes existants incluent les secours fournis 103 aux indigents par le MFSN, ainsi que des programmes alimentaires en faveur de groupes spécifiques comme les enfants d’âge scolaire en zones défavorisées (à travers des cantines scolaires) et les personnes affectées par le VIH/SIDA. Les secours aux indigents, gérés par la Direction de la Solidarité Nationale et de la Protection Sociale du MFSN, sont régis par le décret no. 2006-228 du 18 mai 2006, qui définit ces secours comme des «allocations en espèces et/ou en nature non remboursables consenties à des personnes indigentes ou à leurs structures d’encadrement » (Présidence, 2006). L’attribution des secours immédiats relève de la compétence du MFSN qui en délègue le pouvoir aux CPS et aux Services Sociaux Spécialisés (SSS). S’agissant de l’attribution des secours ponctuels et temporaires, elle relève des organes définis par le décret portant création, composition, attributions et fonctionnement des organes chargés de la gestion des secours. Ces secours sont attribués dans chaque commune par la Commission Communale de Gestion des Secours (CCGS) à la suite de l’examen de dossiers soumis par le Centre de Promotion Sociale (CPS). Les structures (CPS et SSS) ayant reçu délégation de pouvoir pour l’attribution des secours immédiats, détiennent, chacun à son niveau, un registre comptable coté et paraphé par son Directeur Départemental et le Receveur Percepteur de la localité. Un arrêté du MFSN précise la liste des pièces à fournir pour chaque forme et chaque type de secours. En somme, la législation béninoise ne prévoit pas encore d’appuis à plus long terme dans l’optique de renforcer les capacités des personnes ou ménages afin qu’ils puissent se prendre en charge sur une base durable et sortir effectivement de leur situation de haute vulnérabilité. Le Bénin n’a pas encore considéré non plus l’option d’établir un système de pensions de vieillesse non-contributives. Le cadre institutionnel mise en place ne permet pas d’atteindre de façon significative un nombre important de personnes du fait notamment, de : (i) la lourdeur administrative face aux différentes étapes à suivre pour bénéficier de la subvention, (ii) des procédures 104 de décaissement, (iii) l’insuffisance de moyens financier et humain à tous les niveaux d’intervention pour faire face aux demandes des populations vulnérables. Ministères en charge des travaux publics et des transports Conscient du rôle des infrastructures de base dans la relance et l’accélération de la croissance, le Gouvernement a entrepris dans ce cadre depuis 2001 d’importants travaux routiers, d’intérêt local, national ou régional, avec le soutien des partenaires au développement. Le Ministère des Travaux Publics et des Transports (MTPT) en assure la Maîtrise d’ouvrage en l’occurrence du réseau routier classé. Selon l’Arrête n°034 du 4 mai 2004, la Direction Générale des Travaux Publics (DGTP) a pris la charge de l’élaboration et la mise en œuvre de la politique du MTPT dans les domaines routiers et d’ouvrages spécifiques de Génie Civil conformément à la stratégie du secteur. Elle exerce le rôle de Maître d’œuvre et assure la réalisation des infrastructures de travaux publics à la charge du Ministère ainsi que leur contrôle. La DGTP comprend, parmi ses différentes directions, une Direction des Pistes Rurales (DPR), qui a pour missions la mise en œuvre de la stratégie de transport en milieu rurale et la politique de gestion du réseau des pistes rurales ainsi que l’assistance technique aux Communes dans la Mise en œuvre de leur plans de développement. Parmi ces différents services, le Service Etudes Générales et d’Assistance aux Communes coordonne les activités des STAC (Service des Travaux et d’Assistance aux Collectivités) situés au niveau des Directions Régionales des Travaux Publics (DRTP). Ces services sont nouvellement créées pour fournir des prestations de service aux Communes et assure la promotion l’utilisation des techniques de Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO) dans les travaux d’entretien des routes en milieu rural et pour la voirie secondaire à travers le PASR sous financement danois. 105 Ministère en charge des enseignements maternelles et primaires En ce qui concerne le secteur de l’éducation, la priorité et l'attention particulière accordées à l'enseignement primaire aux plans national et international ont été fortement reprises par la politique éducative qui se propose de résoudre définitivement les questions d’accès, de participation et d’efficacité interne. Ainsi, les Ministères en charge de l’éducation et plus particulièrement le Ministère des Enseignements Maternel et Primaire participe à la mise en œuvre de la politique de l’éducation pour tous à travers le projet “cantine scolaire“ qui permet de réduire le taux de déperdition scolaire aux populations défavorisées et par ailleurs vulnérables. L’ouverture de cantines scolaires dans les zones rurales défavorisées est une des stratégies adoptées par le gouvernement pour généraliser l’enseignement de base. Au niveau des cantines gouvernementales, la Cellule des Cantines Scolaires Gouvernementales créée par arrêté n°2000/-161/MENRS/CAB/DC/SP du 22 novembre 2000 est sous la supervision du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP). Elle a pour mission d’exécuter la politique d’assistance du gouvernement aux écoliers en milieux ruraux pauvres par la dotation, des écoles primaires publiques en vivres, denrées, ustensiles de cuisine et par la construction des magasins de stockage. Cette Cellule dispose d’un guide de gestion des cantines scolaires gouvernementales. Le cadre pratique de la gestion engage les responsables impliqués dans la mise en œuvre du Programme depuis la Cellule national de coordination jusqu’aux cuisinières. Les principaux gestionnaires sont essentiellement : la Cellule nationale, les Cellules départementales, les Chefs de la Circonscription Scolaire, les Directeurs d’Ecoles Publiques à Cantine Scolaire Gouvernementale et du Collège des Enseignants ainsi que les membres de l’Association des Parents d’Elèves. 106 S’agissant des cantines appuyées par le PAM dans le cadre du plan d’opérationnalisations conclu entre le Gouvernement du Bénin25 et le PAM, en vue d’une gestion efficace, les responsabilités des structures d’exécution sont répart ies en fonction des compétences et des attributions respectives des ministères concernés. Ainsi, Ministère d’État chargé du Plan, de la Prospective et du Développement (MCPPD) est responsable de la gestion logistique des produits alimentaires, en étroite coordination avec le bureau du PAM au Bénin est responsable de la liaison entre le gouvernement et le PAM pour les questions de fond relatives au projet. Le Ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire (MEPS), le Ministère de la Famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité (MFPSS) sont responsables de l’exécution technique du projet et de sa supervision. Les ministères techniques, avec l’appui de leurs structures départementales, sont responsables de la programmation annuelle, de la collecte et du traitement des données relatives à leurs activités, sur la base des indicateurs définis dans le cadre logique. Ils assurent également la coordination de tous les intervenants dans leurs domaines respectifs afin d'éviter les doubles emplois et promouvoir la complémentarité entre le projet et ceux des autres agences de développement. La Direction Nationale des projets du PAM (DN/PAM), qui relève du MCPPD, et ses antennes départementales ont le double rôle de coordination et de gestion logistique des denrées en étroite collaboration avec le bureau du PAM et les volontaires des Nations Unies (VNU) affectés sur le terrain. La DN/PAM soumet aux ministères techniques et au PAM les rapports sur les mouvements des denrées. Par rapport à la coordination national, un comité interministériel de pilotage composé de représentants du MCPPD, du MEPS, du MFPSS, de la DN/PAM, de la Fédération des APE et du bureau du PAM, est établi et opérationnel au démarrage du projet. Ce Comité, qui se réunit deux fois par an, a pour rôle de faciliter la diffusion de l’information auprès des parties prenantes, d’examiner les progrès du projet et de recommander les réorientations 25 Représenté par le Ministre des Affaires Etrangères et de l’Intégration Africaine par rapport au projet Ben 10308.0 « Promotion de l’Education formelle et non formelle des enfants et des jeunes et le nouveau projet DEV 200045, « Promotion de l’alimentation scolaire durable ». 107 nécessaires. Le Comité étudie également les activités proposées par les ministères techniques, en tenant compte des résultats obtenus au cours de l’année et des ressources disponibles. Au niveau des écoles, les comités de gestion sont responsables de la réception des vivres, et de la gestion quotidienne et du suivi des cantines. Les APE et autres comités de gestion locaux sont responsables de la recherche et de la mise en œuvre de mécanismes durables de fonctionnement des cantines selon les directives de la politique gouvernementale. En ce qui concerne les cantines appuyées par la DANIDA, placées sous l’autor ité et la supervision du Ministre des Enseignements Maternel et Primaire (MEMP), ces cantines scolaires sont administrées par les Associations des Parents d’Elèves par le biais d’un Comité de gestion qui est institué dans chaque école concernée. A travers l’arrêté année 2007 n°0052/MEPS/CAB/DC/SGM/SP du 19 mars 2007, la Direction de la Promotion de la Scolarisation du MEMP assure le suivi de la gestion des cantines et fait de concert avec DANIDA de contrôles inopinés. La gestion des cantines est assujettie à un audit et à des vérifications assurée par un cabinet accrédité par l’Ambassade Royale du Danemark. Dans le cadre du Programme Fonds Catalytique de l’Initiative Fast Track et du Fonds Commun Budgétaire (FTI-FCB), l’allocation de subventions pour le fonctionnement de cinq cent un (501) cantines scolaires qui sont placées sous l’autorité du MEMP et administrées par les APE par le biais d’un Comité de gestion. Par Année 2010 - n°314/MEMP/DC/SGM/DRFM/DPS/SP du 27 décembre 2010 le dispositif ci-après a été retenu : (i) au niveau de l’école : un Comité de Gestion, (ii) au niveau communal : un Comité communal de suivi, (iii) au niveau départemental, la DDEMP à travers la C/SPS assurera la coordination de l’ensemble du dispositif. Il s’agit ici d’une sorte de supervision générale, sanctionnée par des rapports ; (iv) au niveau national, la Cellule des Cantines Scolaires Gouvernementales assure la Coordination nationale. Elle associe de manière spécifique la DRFM, la DPP, la DCF et l’Unité de Gestion du Programme Fonds Commun Budgétaire (UGP-FCB). Le dispositif qui a été retenu emprunte à tous les modèles de cantines existants, mais surtout a assis son encrage sur les structures décentralisées que déconcentrées, ainsi que les organes statutaires de l’Ecole. Les 108 organes mise en place sont assistés et accompagnés par des ONG recrutées à cet effet pour une meilleure appropriation des outils de gestion des cantines, et pour la pérennisation du dispositif. C’est dans ce cadre que la Mutuelle de Jeunes Chrétiens pour le D éveloppement (MJCD26-ONG) a été recrutée pour un appui technique à la Direction de la Promotion de la Scolarisation du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire pour la planification, la mise en œuvre, la gestion et le suivi de 501 cantines scolaires sur financement du Programme FTI-FCB. En somme, de l’analyse de tout ce qui précède, il ressort que beaucoup de structures administratives interviennent dans le dissipatif de mise en œuvre et de suivi -évaluation des Cantines Scolaires Gouvernementales, appuyés par le PAM et celles sous financement FTI-FCN. Dans ces conditions, les problèmes suivants seront notés : (i) la lourdeur des procédures de passation des marchés publics qui ne permet pas l’acquisition à bonne date des vivres en ce sens que le processus sera long et la structure responsable accusera un grand retard pour faire parvenir aux écoliers les vivres et denrées ; (ii) l’insuffisance de moyens roulants pour le suivi régulier dans toutes les écoles à cantine ; (iii) l’insuffisance du crédit alloué à la cellule des cantines pour satisfaire les demandes sans cesse grandissantes ; (iv) moyen limité de la contrepartie gouvernementale qui indura une faible implication des structures nationales dans le suivi. Par contre au niveau des cantines scolaires appuyées par la DANIDA, le dispositif est simplifié et l’intervention des structures nationales est limitée. Ce dispositif est préférable en ce sens qu’il est facile de mettre en œuvre la Gestion Axée sur les Résultats (GAR). Une bonne gestion axée sur les résultats est un processus toujours en marche. Cela signifie qu’il y a un retour d’informations, un apprentissage et une amélioration permanents. Les plans en cours sont régulièrement modifiés grâce aux enseignements tirés de l’évaluation et du suivi, et les plans à venir sont élaborés à partir 26 Cette ONG disposait déjà d’un contrat de prestation de services de consultants avec la DANIDA. 109 de ces enseignements. C’est dans ce cadre que par rapport à l’efficacité de ses interventions, l’ONG Mutuelle de Jeunes Chrétiens pour le Développement (MJCD) qui travaillait pour le compte de l’Ambassade de Danemark dans le cadre de l’appui et le suivi de la gestion des cantines scolaires communautaires dans 53 écoles du département du Zou a été retenue pour assister 501 écoles à cantines scolaires dans les Communes du Département du Bénin. Ministère en charge de la santé publique Le MS parraine le fonds d’assistance aux indigents en collaboration avec les MFSN et MEF à travers les 84 centres de promotion sociale, les hôpitaux de zones et les recettes de perceptions de l’Etat. Membre du secrétariat permanant de lutte contre le VIH SIDA (PMLS II) pour la mise en œuvre de la riposte contre le fléau du siècle et la supervision du Programme Multisectoriel de Lutte contre le VIH SIDA financé par la Banque Mondiale. Le PMLS II met en œuvre l’appui nutritionnel aux PVVIH et OEV qui est un transfert de en nature aux personnes vulnérables que représentent les PVVIH et OEV. 4.3 Systèmes de Suivi et Evaluations Le Suivi-Evaluation (S&E) est essentiel pour opérationnaliser l’approche basée sur les résultats de la gestion des Programmes. Il est une composante essentielle de la conception du Programme et est intégré à toutes les facettes du cycle du programme, du début jusqu’à la fin du Programme. Du constat général, il ressort que le système de suivi & évaluation des filets sociaux au Bénin varie suivant les programmes en l’occurrence suivant la nature de l’intervention, l’organisation qui la soutend et les acteurs impliqués. 110 Au Bénin, dans le cadre des FSS, l’analyse des expériences du système de suivi et évaluation dans secteur éducatif porte sur les programmes de cantine scolaire appuyés par CRS, PAM, DANIDA et le programme ASPEF de la Coopération Suisse. Par rapport à l’expérience des cantines appuyées par Catholic Relief Services (CRS), cette ONG travaille en étroite collaboration avec les structures décentralisées et gouvernementales en charge de l’éducation. Mais, l’évaluation externe du projet faite en fin de projet, en juin 2009, montre l’inexistence d’un système de suivi et d’évaluation des capacités de gestion des communautés. Les seuls indicateurs qui ont été suivis au cours du projet concernent les contributions en nature et en vivres. Le programme devrait définir les indices de performance en matière de capacités de gestion qui servirait à apprécier la performance des communautés et les progrès qu’ils font dans le temps. Cela servirait aussi de base pour définir l’appui nécessaire. Il y a également une implication limitée des structures centrales dans l’appropriation du programme et l’analphabétisme des intervenants de la Communauté. Les parents d’élèves ne connaissent pas le français alors que la réglementation en matière de gestion des vivres est consignée en français dans le contrat de partenariat ; par conséquent, les contrôleurs sont obligés de travailler avec les enseignants, ce qui freine la pérennisation; dans ces conditions, ce service de contrôle sert plus le bailleur que la communauté. S’agissant de l’expérience des cantines assistées par le Programme Alimentaire Mondial, le suivi-évaluation est basé sur les indicateurs définis dans le cadre logique. La Gestion des produits est suivie sur une base mensuelle par les structures départementales du MEPS et du MFPSS, en collaboration avec la DN/PAM, pour les rations distribuées. L’évaluation de l’efficacité des différents types de cantines scolaires au Bénin faite en septembre 2010 montre que ce système du PAM souffre de quelques faiblesses que sont : (i) le faible engagement des communautés bénéficiaires ; (ii) l’insuffisance et la lenteur du décaissement de la contrepartie gouvernementale ; (iii) la faible implication du gouvernement dans le suivi. 111 En ce qui concerne le Programme des cantines scolaires sous financement Danois, dans le cadre de ce projet, l’ONG-MJCD a été recruté pour apporter un appui technique à la Direction de la Promotion de la Scolarisation du Ministère des Enseignements Maternel et Primaire dans la planification, la mise en œuvre, la gestion et le suivi du programme des cantines scolaires communautaires. Le système de suivi-évaluation est composé du Comité de Gestion installé au niveau de chaque Ecole à cantine scolaire et un Comité Communal de suivi. Au niveau du Programme « Appui Suisse à la Promotion de l’Education des Filles » (ASPEF) financé par la Coopération Suisse et mis en œuvre par le Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES), depuis 2000, les activités s’appuient sur une approche systémique qui place les acteurs locaux au centre de l’action et de la décision. Le dispositif institutionnel de suivi-évaluation implique fortement les acteurs du système éducatif. Il comprend :  les Comités Villageois de l’Education (CVE), chargés d’identifier et de mettre en œuvre des actions en faveur de la promotion de l’éducation des filles au sein des communautés à faible taux de scolarisation des filles.  les Comités d’Arrondissement de l’Education (CAE) qui assurent la coordination et la synergie entre les CVE de l’arrondissement.  les Comités Communaux de l’Education (CCE), chargés au niveau communal d’assurer le suivi des activités à la base et le dialogue politique entre la communauté à la base et le conseil communal.  le développement de partenariat avec trois ONG (CAREB, CP, CILCOM) actives dans le système éducatif pour l’accompagnement des communautés à faible taux de scolarisation des filles.  la cellule technique de gestion et de coordination du programme installée au LARES. 112 4.4 Conclusion Partielle En somme, la mise en place et l’opérationnalisation d’un système de suivi-évaluation axé sur les résultats est nécessaire et indispensable. Il est utile que les Ministères sectoriels en charge d’un programme de filets sociaux soient assujettis à une lettre de mission qui les oblige à se doter d’un système de suivi et de reddition de compte fonctionnel et efficace dans la perspective d’une planification basée sur les résultats. Cette lettre de mission, prenant la stratégie sectorielle comme point d’ancrage, doit être de nature à engager les autorités ministérielles à un haut niveau (Ministre, Directeur de Cabinet, Secrétaire Général). Les expériences jugées pertinentes au niveau du secteur de l’éducation dans le cadre du dispositif de mise en œuvre et du système de suivi-évaluation mis en place sont les programmes de cantine scolaire sous financement DANIDA et ASPEF de la Coopération. A chaque niveau, le Plan de Travail Annuel (PTA) est régulièrement élaboré et mise en œuvre conformément aux cahiers de charges et des contrats de prestati on de service signé à chaque niveau. Suivant ces contrats, les évaluations suivantes sont réalisées : (i) évaluation annuelle de progrès à travers l’analyse en profondeur des écarts entre les intrants, les activités et les produits envisagés par le programme ; (ii) évaluation à mi- parcours et finale qui permet de mesurer l’efficience de la mise en œuvre du programme, incluant l’accès aux services ; (iii) évaluation d’impact qui vise à démontrer le lien entre un programme et l’évolution de grands indicateurs. Il convient de préciser que l’évaluation ne se termine pas avec la présentation du rapport d’évaluation et l’acceptation de ses conclusions. Les résultats, constatations, recommandations et enseignements contenus dans le rapport doivent être assimilés et donner lieu à des mesures concrètes. La dernière étape d’une évaluation consiste donc à s’assurer de la suite donnée au rapport et de l’engagement dans la voie du changement. C’est pourquoi l’expérience DANIDA montre qu’il est indispensable d’allier la qualité de la prestation et l’incitation. Son système d’intervention repose sur la Gestion Axée sur les Résultats (GAR). Il en est de même pour le programme ASPEF. 113 Le contrat de prestation n’est renouvelable que si la qualité des prestations a été jugée acceptable. Les prestataires potentiels sont en compétition avec le prestataire actuel qui bénéficie de points supplémentaires au moment du renouvellement du contrat si la prestation a été jugée bonne. Enfin, dans le cadre de la pérennisation des acquis des deux programmes retenus, il manqué une vision claire de la stratégie durable de désengagement des programmes qui conduira les Communautés assistées à se prendre en charge. 114 V Couverture et Simulations des Dépenses des FSS Le but de cette dernière section est de fournir des outils pour l’augmentation et l’amélioration des dépenses dans le secteur social et en particulier dans les filets sociaux. En partant des cibles couvertes par les projets actuels, nous avons simulé des nouveaux scénarii. Les exercices de simulation dans cette section doivent nécessairement être considérés avec prudence, puisqu’ils sont le produit d'une série d’hypothèses. Cependant, ils sont importants, parce qu'ils nous fournissent des orientations et des pistes de réflexion. 5.1 La Distribution des Bénéficiaires et leur Couverture L’analyse de la distribution des bénéficiaires et leur couverture repose sur le profil de la pauvreté présenté dans le chapitre 2. Ce chapitre analyse les caractéristiques principales de la pauvreté et de la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire. Par ailleurs, la prise en compte de la vulnérabilité dans l’analyse de la pauvreté conduit à examiner aussi la situation des groupes non pauvres par rapport à leur probabilité de devenir pauvre. De l’analyse sur la pauvreté et la vulnérabilité présentée au chapitre 2, il ressort globalement que : environ 35% de la population béninoise vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire. Lorsqu’on considère la vulnérabilité par rapport à l'insécurité alimentaire, elle touche 30,3 % de la population. Les catégories les plus vulnérables sont les enfants de 0 et 5 ans ainsi que les personnes confrontées au sous-emploi sur le marché de travail. Au niveau géographique, on s’aperçoit que les départements les plus pauvres sont les Collines, le Couffo, le Mono, le Zou et l’Alibori. Parmi les plus vulnérables, on compte les départements du Mono et du Couffo et de l’Atacora. Un autre indicateur du niveau de vulnérabilité mis en évidence dans le chapitre 2 est la profondeur de la pauvreté. Au niveau national, les revenus des ménages pauvres se situent en moyenne à 70,5% du seuil de pauvreté 115 Après avoir identifié ces catégories d'intérêt, nous examinons les taux de couverture des bénéficiaires des différents programmes de FSS précédemment mis en évidence. Le tableau ci-dessous utilise les chiffres et les estimations des bénéficiaires de 2008 décrites dans les précédents chapitres pour calculer les taux de couverture des programmes. A cet effet, en raison de non disponibilité de certaines informations, des hypothèses ont été effectuées en vue d’identifier des bénéficiaires ciblés des programmes, ceux qui sont effectivement pauvres ou vulnérables. Ainsi pour chaque catégorie de bénéficiaires, l’effectif des pauvres ou vulnérables a été identifié. Dans le tableau ci-dessous, la colonne (bénéficiaires vulnérables) indique si le programme est bien ciblé ou pas. La dernière colonne donne le taux de couverture obtenu en rapportant les bénéficiaires vulnérables aux bénéficiaires potentiels. Ces résultats indiquent la portée ou l’incidence des programmes en place. 116 Tableau 20. Couverture des principaux programmes de FSS, 2008 Programme FSS Bénéficiaires ciblés Bénéficiaires vulnérable Couverture Groupe Effectif Effectif règle de calcul Bénéficiaires Potentiels % de couverture référence Transferts en MSFS/SUISSE 100 Indigent 100 nd nd 1.522.991 pauvre 0,0 espèce Programmes Alimentaires Interventions PAM 50.991 urgences 50.991 791.252 vulnérables rural (insécurité 6,4 100% ensemble d'urgence ONASA nd alimentaires nd 791.252 alimentaire) 2% adultes avec VIH et Récupération MSP/BM 5.000 PVVIH 5.000 10.211 49,0 100% ensemble pauvres Nutritionnelle PAM 21.495 PVVIH et OEV 21.495 nd n. OEV pas estimés nd MEMP 78.784 29.552 196.211 15,1 PAM 73.384 27.526 % d'étudiants 196.211 14,0 Cantine étudiants DANIDA 13.481 5.057 37% primaires 196.211 étudiants primaires rural pauvre 2,6 Scolaires primaires rural UNICEF 19.212 7.206 rural pauvre 196.211 3,7 CRS 23.539 8.829 196.211 4,5 AGETUR 5.046 4.541 90%* % de pauvres 120.759 Urbain et sous employé 3,8 HIMO Sous employés ou DANIDA 1.910 1.719 90%* vulnérables 285.947 Rural et sous employé 0,6 Pétrole 341854 Subvention Populat rural nd nd 1.150.179 pauvres rural nd Lampant 9 généralisée 1.658.0 sur prix Gaz: GPL populat urbain nd nd 390.043 pauvre urbain nd 87 Exemption des frais Gratuité 10.932 indigents 10.932 100% nd nd hôpital Gratuité Enfant 264.19 primaire 777.050 34% 264.197 étudiants primaire pauvres 100 écoles primaire rural 7 pauvres Source: Calcul de l'Auteur. Note: * estimations DANIDA. 117 Le premier constat qui émerge de ce tableau est que les bénéficiaires ciblés ne sont pas tous vulnérables, et pour certains programmes, ils représentent une fraction très faible. En particulier, dans les programmes d'éducation, où tous les enfants à l'école sont ciblés, selon les statistiques les enfants pauvres sont seulement le tiers de l’effectif total. En ce qui concerne les subventions généralisées sur les prix, les proportions (ou estimes) n’étan t pas disponibles, nous utilisons les estimations issues de la littérature empirique. Ainsi, les subventions généralisées sur les prix couvrent entre 10% et 40% des populations vulnérables ou pauvres selon le produit subventionné. Par rapport aux subventions sur les prix des produits alimentaires, elles couvrent en moyenne 30%. Selon, les résultats d'une étude de la coopération danoise, le taux de couverture des HIMO tourne autour de autour du 90%, ce qui indique par conséquent un bon ciblage. Pour la gratuité des frais hospitaliers, nous n’avons pas de données complètes. Du côté des urgences, nous avons supposé qu’elles ciblent l’ensemble des zones touchées par les chocs, et par conséquent la population effectivement vulnérable. Des résultats des calculs effectués, il ressort que la couverture des programmes est très différente selon le type de programme. Les programmes des cantines scolaires couvrent presque la moitié de la population des enfants rural pauvre à l'école. Ce résultat aussi illustratif qu’il puisse paraître lève un coin de voile sur l’efficience des programmes de cantines scolaires. En effet, si le ciblage était parfait, c’est-à-dire que si tous les enfants ciblés étaient pauvres, alors le même budget aurait été suffisant pour couvrir tous ces enfants. Encore qu’il convient de rappeler que les enfants qui ne vont pas à l'école sont les plus vulnérables et ne bénéficient souvent que de petits programmes, comme les transferts en espèce dotés par ailleurs de budgets très réduits. Les HIMO ont une couverture très limitée par rapport à la catégorie des sous employés, surtout au niveau rural. Au regard des résultats obtenus par le bais de ce type de programme, l’idée des partenaires est d’augmenter les investissements dans ce volet. 118 La couverture dans le cas des programmes non ciblés (subventions sur les prix) n’a pas pu être calculée par manque d'informations. Mais en se référant aux résultats empiriques, on peut conclure que la couverture est satisfaisante seulement dans le cas de biens inferieurs (consommés par les plus pauvres) comme certaines aliments (p.ex. le riz) ou le pétrole lampant, mais avec des inefficiences importantes lorsqu’on considère le rapport coût/bénéfice. Les exemptions des frais pour les étudiants ont une couverture totale, mais avec un coût énorme, tandis que les subventions pour les indigents dans les hôpitaux couvrent seulement une petite frange des bénéficiaires potentiels27. De façon générale, lorsqu’on considère tous les programmes dans leur ensemble, il s’en suit que les bénéficiaires couverts (en excluant les subventions généralisées) tournent autour de 5% à 6% de la population pauvre (soit 150 à 180 mille sur une population de 2,8 millions de pauvres 28). En outre, les résultats obtenus laissent présager que les interventions sur les urgences alimentaires ne sont qu'un palliatif par rapport à la situation nationale, en ne couvrant que 6 à 7% du total de la population rurale pauvre ou vulnérable avec le programme du PAM. Et même en considérant les bénéficiaires des stocks céréaliers de l'ONASA (pour lesquels des estimations n’ont pas été faites), le taux de couverture n’excéderait pas 10%. Au niveau géographique, on peut noter une distribution des programmes dans tout le pays mais avec une concentration dans le centre (Zou). Le tableau ci-dessous donne une liste exhaustive des interventions. 27 On n'a pas des estimations précises. 28 Sans considérer des possibles chevauchements. 119 Tableau 21. Couverture géographique des principaux programmes de FSS Programmes Département Communes Boukounbé, Cobly, Matéri, Kérou, Péhounco, Atacora, Alibori, Ouaké, Djougou, Copargo, Sô-Ava, Kalalé, N'dali, Cantine scolaire Atlantique,Borgou, Donga, Nikki, Pèrèrè,Banikoara,Kandi, Gogounou, Sinendé, ETAT Ouémé, Plateau, Zou Karimama, Malanville, Ségbana, Adjohoun, Aguégués, Dangbo, Ouinhi, Za-kpota, Zogbodomè Cantine scolaire Agbangnizoun, Abomey, Djidja, Bohicon, Cové, Za Zou DANIDA PASEB kpota,Ouinhi, Zagnanado, Zogbodomey, Ouémé-Plateau, Zou- Adja-Ouèrè, Adjohoun, Bembéréké, Dangbo, Djidja, Cantine scolaire Collines, Borgou-Alibori, Djougou, Kalalé, Kandi, Karimama, Kétou, UNICEF Mono-Couffo, Atlantique- Klouékanmè, Malanville, Pobè, Sinendé, Sô-Ava, littorale, Atacora-Donga Za-Kpota, Zè, Zogbodomey Cantine scolaire Plan national 35 communes PAM Cantine scolaire Atacora, Donga, Borgou, Boukounbé, Cobly, Matéri, Kérou, Péhounco, CRS Alibori Ouaké, Djougou, Copargo, Natitingou Transferts en Plan national 77 communes nourriture MFSN Transferts en Plan national 77 communes nourriture PAM Récupération Nutritionnel Programme Plan national 77 communes Multisectoriel de Lutte contre le SIDA II (MS) Appui nutritionnel Plan national 23 communes aux ménages (PAM) Transfert en espèce Plan national 77 communes (MFSN) Transfert en espèce Atacora, Alibori, Borgou, familles rurales N'dali, Nikki, Tchaourou, Péréré, Donga et Collines pauvres (SUISSE) Mono, Littoral, Borgou, HIMO (AGETUR) Cotonou, Porto-Novo, Lokossa, Parakou, Djougou Donga, Ouémé Mono-Couffo, Zou-Colline, Covè, Ouinhi, Agbangnizoun, Zogbodomey, Za- HIMO (DANIDA) Ouémé-Plateau kpota, Kétou, Sakété, Adjra, Adja-Ouèrè Exemptions frais de Plan national 77 communes scolarité Frais hospitaliers Plan national 77 communes Subventions à la Plan national 77 communes Consommation 120 5.2 Simulation des Extensions des Programmes des FSS Dans la deuxième partie de ce chapitre, des scenarii ont été proposés pour les Filets sociaux. Le premier scénario consiste à une distribution uniforme des dépenses actuelles dans les FSS au Benin sur la population en dessous du seuil de pauvreté. Dans cette perspective, en faisant l’hypothèse d’un ciblage des pauvres (sans coûts administratifs), les résultats obtenus sont consignés dans le tableau ci-après: Tableau 22. Montant Dépensé Actuellement au Bénin pour Bénéficiaire dans le cas d'une Distribution Uniforme. Montant annuel pour Bénéficiaire (FCFA) Dépenses FSS Pauvre monétaire (35,2%) Vulnérable (30,3%) Population (effectif) 2.895.074 2.492.067 Moyenne 2005-09* 3.095 3.596 Année Maximum (2008) 3.646 4.236 Diaspora (2008) 8.868 10.302 Subvention prix (2008)** 15.800 18.355 Total 2008 28.314 32.893 Source: Calculs de l'auteur pour le budget, données INSAE et EMICOV. Les effets de la distribution (théorique) uniforme des dépenses annuelles dans les FSS, a été faite suivant deux catégories de la population: les personnes pauvres sur le plan monétaire et les personnes vulnérables à l'insécurité alimentaire. Les deux catégories ont des proportions similaires, mais ils ne sont pas nécessairement homogènes. Les résultats de cet exercice purement théorique sont intéressants parce qu'ils nous montrent que le montant dépensé jusqu'à présent pourrait être suffisant pour une couverture presque totale et en adéquation avec les besoins de la population(en 2008 le total est autour de 28.314 par personne). En effet la profondeur de la pauvreté (ou l'écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté) est estimé à 28,5% en 2007, soit environ 33000 FCFA et donc proche au montant effectivement dépensé. 121 Malheureusement ce calcul n'est que théorique, puisque il y a des coûts de gestion qui ne peuvent pas être exclus. A cette étape, il n’est qu’indicatif, surtout si la majorité du budget considéré est utilisée pour les subventions des prix et donc moins efficace pour la pauvreté. En plus, il est noté que l'hypothèse d'une distribution uniforme sur les couches les plus vulnérables n’est réaliste puisque les bénéfices touchent aussi bien les couches vulnérables, que les couches non pauvres de la population. Dans l'hypothèse de mettre en place un programme de transferts monétaires réguliers, peut être mensuels avec l'ambition de couvrir toutes les couches vulnérables de la population, nous avons estimé le budget nécessaire avec une simple simulation des 3 scenarii. Le premier scénario prévoit une distribution mensuelle de 1.000 FCFA par personne/mois, le deuxième, de 2.000 FCFA et le troisième de 3.000 FCFA. Le troisième scenario pourrait couvrir presque entièrement le gap des pauvres par rapport au seuil défini. Tableau 23. Montant à dépenser dans différents scenarios de couverture des population pauvre Budget annuel (,000 FCFA) Bénéficiaires (montant nécessaire pour une couverture totale) Sous-Employées Monétaire Vulnérabilité 0-5 ans (18-59) 2.895.074 2.492.067 466.586 856.185 Scenario 1 12 par an 34.740.888 29.904.798 5.599.031 10.274.223 (en USD) 70.900 61.030 11.427 20.968 % du PIB* 1,2% 1,0% 0,2% 0,3% Scenario 2 24 par an 69.481.776 59.809.597 11.198.062 20.548.446 (en USD) 141.800 122.060 22.853 41.936 % du PIB 2,3% 2,0% 0,4% 0,7% Scenario 3 36 par an 104.222.663 89.714.394.936 16.797.092.925 30.822.668.359 (en USD) 212.699 183.090.602 34.279.781 62.903.405 % du PIB 3,5% 3,1% 0,6% 1% Source: Calculs de l'auteur pour le budget, données INSAE et EMICOV. Note: dépenses de fonctionnement exclues. PIB du 2010. Le tableau ci-dessus indique que la couverture totale des pauvres ou des vulnérables, demande des ressources considérables. Dans le cas de l’hypothèse d’une distribution de 122 1.000 FCFA par personne/mois, la population pauvre pourrait être couverte avec environ 35 milliards de FCFA. Si on se concentre seulement sur la population vulnérable, le budget requis est de 30 milliards de FCFA, tandis que si on veut couvrir seulement les deux catégories vulnérables choisies, les enfants de 0-5 ans et les sous employées, le budget requis est respectivement de 6 et 10 milliards. Le même exercice peut être fait en augmentant le transfert monétaire à distribuer. Cet exercice nous indique aussi que le montant total à dépenser dans l'hypothèse d'une distribution de 1.000 FCFA par personne dans la pauvreté chronique est équivalent à 1,2% du PIB de 2010. Cette valeur est supérieure à la moyenne actuelle des dépenses dans le FSS. Mais elle est inférieure au montant dépensé en 2008 les subventions sur les prix sont incluses. En conséquence, la prise en compte des coûts de fonctionnement ne devrait pas engendrer un accroissement important du budget des FSS29, mais le défi est qu’il soit géré plus efficacement. Les simulations sont davantage édifiantes, pour couvrir uniquement les couches les plus vulnérables : les enfants ou les sous employées issues de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté monétaire. En effet, pour une allocation d'un montant équivalent à la profondeur de la pauvreté (qui donc élève les bénéficiaires au-dessus du seuil avec une contribution de 2000 FCFA par mois) à toutes ces personnes, la dépense s’élève à environ 1,1% du PIB (0,4% + 0,7%). Ainsi, une possibilité pour avoir une gestion plus efficace des FSS est celle d'organiser une partie des ressources, destinées au FSS, au niveau central avec des transferts monétaires distribués uniformément sur toutes les personnes vulnérables à l'insécurité alimentaire comme décrit dans cette section. Une intervention ainsi coordonnée pourrait éviter des 29 Il faut quand même considérer que certains programmes comme ceux sur la récupération nutritionnelle ont des caractéristiques spécifiques. 123 dispersions d'énergies et de fonds, et également des duplications et stimuler une vision stratégique de long terme. Une autre possibilité d'intervention consisterait à mettre en œuvre un programme de transferts monétaires pendant toute l'année, avec une composante des HIMO pour les personnes actives. Ainsi, certaines personnes pauvres et vulnérables active dans le marché du travail peuvent participer aux programmes orientés sur les travaux publics (HIMO) contre la nourriture ou l'argent. Par contre, les personnes pauvres et vulnérables qui ne peuvent pas travailler (généralement pas plus de 20% de la population pauvre ou vulnérable) reçoivent des «transferts gratuits» (cf. Annex 2). Toutefois, il convient de mentionner encore une fois, que les estimations effectuées ne tiennent pas compte des coûts de fonctionnement qui en principe sont entre 10 et 20% du total du budget total dans le cas des programmes de transferts directs. A ce propos nous avons ci-dessous résume certaines des coûts des programmes internationales et nationales pour avoir une référence, mais pour une application concrète il faudrait la voir selon les caractéristiques du programme et dans le contexte du Benin. Tableau 24. Coût administratif dans certains programmes sociaux Coûts administratifs Autres coûts (% du budget) (% du budget) CT en AFRIQUE CT Éthiopie 17,2% HIMO Éthiopie 17,2% (capital) 15% CT Malawi 15% 15% CT Kenya (OEV) pilot 40% CT Kenya (OEV) extension 25% BENIN PAM (VIH) 25% (transport) 18% PAM (cantines) 12% (transport) 15% CRS (cantines) 30% SUISSE (scolarisation filles) 8% DANIDA (HIMO) 13% (capital) 35% Source: voir Annexe 2 pour les programmes internationale. 124 Une application conséquente de cette option suppose de façon indéniable, la prise en compte des différences régionales en termes de prévalence de la pauvreté et de vulnérabilité. Selon les résultats de l'analyse de la pauvreté et de la vulnérabilité nous avons identifié les départements de l’Atacora, des Collines, du Couffo, de la Donga du Mono et du Zou comme étant les plus pauvres ou plus vulnérables à l'insécurité alimentaire au Bénin Tableau 25. Montant à dépenser dans différents scenarios, par région Budget annuel ( ,000 Bénéficiaires (montant nécessaire pour une couverture totale) FCFA) Atacora Collines Couffo Donga Mono Zou Total Pauvres effectifs 239.627 290.072 303.301 131.379 196.576 291.071 1.452.026 Scenario 1 12 par an 2.875.522 3.480.869 3.639.612 1.576.554 2.358.910 3.492.847 17.424.315 (en USD) 5.868 7.104 7.428 3.217 4.814 7.128 35.560 % du PIB* 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,1% 0,6% Scenario 2 24 par an 5.751.044 6.961.738 7.279.224 3.153.108 4.717.821 6.985.695 34.848.630 (en USD) 11.737 14.208 14.856 6.435 9.628 14.257 71.120 % du PIB 0,2% 0,2% 0,2% 0,1% 0,2% 0,2% 1,2% Scenario 3 36 par an 8.626.565 10.442.607 10.918.837 4.729.662 7.076.731 10.478.542 52.272.944 (en USD) 17.605 21.311 22.283 9.652 14.442 21.385 106.679 % du PIB 0,3% 0,4% 0,4% 0,2% 0,2% 0,4% 1,8% Source: Calculs des auteurs pour le budget, données INSAE et EMICOV. Note: dépenses de fonctionnement exclues. PIB du 2010. Ces départements couvrent la moitié de la population pauvre du pays, soit 1,4 million. Pour couvrir toute la population, nous aurions besoin d'un budget de 17,34 à 52 milliards selon le montant du transfert. Cet exercice peut être fait pour chaque région et s'adapter aux ressources disponibles dans le pays. Il convient aussi de rappeler qu’avec des investissements réguliers dans certaines régions, il est possible de réduire significativement l’exposition des populations aux chocs naturels. Le ciblage aussi reste extrêmement difficile surtout s’il est basé sur l'évaluation de l'état de richesse individuelle. En effet, bien que l'approche soit la plus exacte en termes de ciblage, sa mise en œuvre conduit à des erreurs importantes dans l’identification des pauvres et non-pauvres. En outre, elle est aussi relativement lourde et coûteuse, 125 nécessitant une forte capacité administrative (surtout en ressources humaines) qui n’existe pas actuellement. Enfin, les collectivités, peuvent ne pas facilement adhérer au principe de discrimination au sein des pauvres. En effet, elles peuvent avoir du mal à accepter que les dix plus pauvres ménages reçoivent des transferts gratuits tandis que le onzième en soit écarté. Ceci est particulièrement problématique lorsque les taux de pauvreté sont élevés, comme dans les zones rurales, de sorte que la plupart des gens "devraient" recevoir objectivement une assistance, mais en raison des contraintes budgétaires seuls les «plus pauvres parmi les pauvres» sont privilégiés par les programmes de transferts. Souvent les approches se mélangent à une démarche de ciblage communautaire: un comité local s’occupe de l'enquête sur les ressources et fournit les informations sur la pauvreté et la consommation des habitants de la communauté. Ces méthodes ce sont relevées efficaces dans plusieurs expériences. 5.3 Conclusion Partielle Le ciblage des programmes analysés nous indique des erreurs d'exclusions et d'inclusions. Les bénéficiaires ciblés ne sont pas tous vulnérables, et pour certains programmes, ils représentent une fraction très faible. Par exemple, dans les programmes d'éducation, les enfants pauvres sont seulement le tiers de l’effectif total. En ce qui concerne les subventions généralisées sur les prix, les proportions (ou estimations) n’étant pas disponibles, les estimations issues de la littérature empirique ont été exploitées. Ainsi, les subventions généralisées sur les prix couvrent entre 10% et 40% des populations vulnérables ou pauvres selon le produit subventionné. Par rapport aux subventions sur les prix alimentaires, elles couvrent en moyenne 30%. Selon, les résultats d'une étude de la coopération danoise, le taux de couverture des HIMO tourne autour de autour du 90%, ce qui indique par conséquent un bon ciblage. Pour la gratuité des frais. Du côté des urgences, nous avons supposé qu’elles ciblent l’ensemble des zones touchées par les chocs, et par conséquent la population effectivement vulnérable. 126 La couverture des programmes de façon générale (en excluant les subventions généralisées) tourne autour de 4 à 5% de la population pauvre, soit 150 à 180 mille sur 2,8 millions de pauvres. Les programmes des cantines scolaires couvrent presque la moitié de la population des enfants à l'école. Ce résultat aussi illustratif qu’il puisse paraître, lève un coin de voile sur l’inefficience des programmes de cantines scolaires. En effet, si le ciblage était parfait, c’est-à-dire que si tous les enfants ciblés étaient pauvres, alors le même budget aurait été suffisant pour couvrir tous ces enfants. Les HIMO ont une couverture très limitée par rapport à la catégorie des sous employés, surtout au niveau rural. La couverture dans le cas des programmes non ciblés (subventions sur les prix) n’a pas pu être calculée par manque de données. En se référant aux résultats empiriques, il est à noter que la couverture est satisfaisante seulement dans le cas de biens inferieurs (consommés par les plus pauvres) comme certains aliments (par ex. le riz) ou le pétrole lampant. Les exemptions des frais de scolarité pour les étudiants ont une couverture totale, mais avec un coût énorme, tandis que les subventions pour les indigents dans les hôpitaux couvrent seulement une petite frange des bénéficiaires potentiels. En outre, les résultats obtenus laissent présager que les interventions sur les urgences alimentaires ne sont qu'un palliatif par rapport à la situation nationale, en ne couvrant que 6 à 10% du total de la population rurale pauvre ou vulnérable. Les effets de la distribution (théorique) uniforme des dépenses annuelles dans les FSS, exercice purement théorique, montrent que le montant dépensé jusqu'à présent pourrait être suffisant pour une couverture presque totale de l'écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté (soit environ 33000 FCFA). Les résultats d'une simple simulation indiquent que la couverture totale des pauvres ou des vulnérables demandent des ressources considérables. Dans l’hypothèse d’une distribution de 1.000 FCFA par personne/mois, la population pauvre pourrait être couverte avec environ 35 milliards de FCFA (1,2% du PIB de 2010). Cette valeur est supérieure à la moyenne actuelle des dépenses dans le FSS. Mais elle est inférieure au montant dépensé en 2008 si les subventions sur les prix sont incluses. En revanche, pour couvrir seulement les enfants de 0 à 5 ans et les sous employés, le budget requis est 127 respectivement de 6 et 10 milliards. En intervenant que dans les départements de l’Atacora, des Collines, du Couffo, de la Donga du Mono et du Zou (étant les plus pauvres ou plus vulnérables à l'insécurité alimentaire au Bénin), il faudra un budget de 17,34 à52 milliards selon le montant du transfert. 128 VI Conclusions 6.1 Principaux Résultats et Conclusions Le Benin, comme chaque pays a besoin de bons filets sociaux pour réduire la pauvreté et la vulnérabilité de ses citoyens. Les filets sociaux et les transferts ont des répercussions immédiates sur les inégalités et la pauvreté extrême. De même, ils permettent aux ménages de faire des investissements pour leur avenir et de mieux gérer les risques ex-post (éviter les pertes difficiles à récupérer) et ex-ante (favoriser des stratégies à plus haut risque/rendement). Enfin, les FSS aident les gouvernements à entreprendre des réformes bénéfiques. La Constitution de la République du Bénin, du 11 décembre 1990, a légitimé implicitement le droit à la protection sociale en reconnaissant que «tout être humain a droit au développement et au plein épanouissement de sa personne dans ses dimensions matérielle, temporelle, intellectuelle, spirituelle » (article 9) et en faisant obligation à l’Etat d’assurer à ses citoyens «un accès égal à la santé, à l’éducation, à la culture, à l’information, à la formation professionnelle et à l’emploi» (article 8). L'incidence de la pauvreté monétaire est de 35,2% en 2009 . Par rapport à 2007, il y a eu un accroissement de la population béninoise qui dispose de moins que le minimum nécessaire pour acquérir un panier de biens alimentaires et non alimentaires essentiels à la survie, en étant 33,2%. Lorsqu’on considère comme seuil de la pauvreté un dollar US par jour, la population pauvre représente le 51,6% en 2007. La pauvreté au Benin constitue un phénomène surtout chronique. A défaut de mener une analyse longitudinale complète, la nature de la pauvreté a été approchée dans cette étude à travers l’analyse de la mobilité selon l'approche utilisée par Hodonou et al (2010). Ça se traduit en les mouvements des ménages dans les différents quintiles de la distribution de la consommation entre 2007 et 2009. Les résultats indiquent que seulement le 35%-40% des ménages pauvres (dans les deux quintiles plus pauvres) en 2007 ont échappé à la pauvreté en 2009, tandis qu'une proportion même plus grande a 129 suivi le parcours inverse. La proportion relativement élevée des pauvres chroniques suggère que cette couche de la population constitue une cible privilégiée dans les stratégies de réduction de la pauvreté. La vulnérabilité à l'insécurité alimentaire, qui est la probabilité de tomber dans l’état de pauvreté à cause d'une manque alimentaire, touche le 30,3 % de la population. Le profil de la vulnérabilité nous indique que: (i) en termes économiques se traduit par la faiblesse de revenus et d’actifs pour faire face aux risques (ii) est liée à la dimension du « cycle de la vie »; (iii) est liée aux handicaps et aux maladies chroniques, comme le VIH/SIDA et (iv) est fortement liée à l’insécurité alimentaire (UNICEF, 2010 et AGVSAN, 2009). Enfin les personnes qui sont confrontés au sous-emploi sur le marché de travail, spécifiquement de sexe féminin et en milieu rural, sont déterminantes pour la vulnérabilité de leur ménage. Au niveau national, les revenus des ménages pauvres se situent en moyenne à 70,5% du seuil de pauvreté avec des disparités régionales importantes. Les départements du Mono, de l’Atacora, du Couffo et de la Donga totalisent près de 60% des ménages en insécurité alimentaire. En terme de pauvreté monétaire, les populations des départements de Colines, Couffo, Mono et Zou montrent des taux majeur du 40%. Face aux chocs économiques, les ménages recourent prioritairement à la dépense de leurs économies, et/ou à la réduction du nombre ou de la qualité de repas journaliers, ou encore à des emprunts d’argent. Quant aux risques sociaux, les stratégies développées par les ménages concernent à plus de 45% la dépense des économies, et à environ 18% le recours à des emprunts auprès des amis ou des structures de tontines. A environ 8%, ils comptent également sur les aides d’amis ou de parents. Pour la troisième catégorie de risques, ceux relatifs aux chocs biophysiques, les ménages dans leur grande majorité (37%) sont impuissants face à l’ampleur des dégâts. Toutefois, ils ont aussi recours (17%) à leurs économies qu’ils dépensent. Quelques soit le type de risque, les ménages procèdent aussi à 8% en moyenne aux emprunts alimentaires pour faire face aux besoins urgents. 130 Les Filet Sociaux sont presque inexistants au Benin et représentent une fraction minime du Budget de l'Etat. Si on exclue les subventions généralisées sur les prix, les Filets sociaux font environ 1,1% des dépenses générales du Budget de l'Etat, soit le 0,3% du PIB (en moyenne dans les 5 dernières années). Les partenaires y contribuent à hauteur de 70%. Ainsi, la contribution du Gouvernement est estimée au tiers des dépenses totales, mais avec les subventions généralisées, elle passe à 2% du Budget de l'Etat. Les projets ou programmes mis en œuvre et identifiés dans cette étude sont des transferts soit en espèces soit en nature, ciblés, en principe destinés à des couches spécifiques de la population, pauvres ou vulnérables. On les a regroupé en cinq volets principaux (1) les transferts directs en espèce ou en nature aux pauvres ou vulnérables qui avoisinent respectivement le 1% et 4% des dépenses total sur les FSS (2) les programmes alimentaires ou de distributions d’aliments qui sont subdivisés en trois catégories: (i) les transferts directs alimentaires dans des situations exceptionnelles ou d’urgence qui avoisinent 8% des dépenses sur les FSS30; (ii) les programmes d’appui nutritionnel axés sur la distribution de vivres ou compléments alimentaires aux personnes malades, malnutris ou affectées par les maladies avec le 3% des dépenses sur les FSS et (iii) les cantines scolaires estimées à 56% du total des FSS; (3) les HIMO avec un taux estimé à 16% des dépenses sur les FSS (4) les subventions généralisées sur les prix (qui sont considérées séparément du budget total des dépenses de FSS, puisque ne sont pas ciblées) et (5) les exemptions des frais sur les services de base: les exemptions des frais de santé pour les indigents représentent le 12% des dépenses de FSS, tandis que les subventions pour la gratuité des frais scolaires ne sont pas ciblées et on les a considérées séparément. Les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques, représentent la grande partie des subventions. Quand on compare ces subventions aux dépenses totales dans le secteur 30 En excluant Les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques du montant total. Voir chapitre 3 pour les détails du calcul. 131 des FSS, il ressort que celles relatives aux produits énergétiques (produits pétroliers plus fourniture électricité) représentent un pourcentage du Budget de l'Etat plus élevé que celui des dépenses totales des FSS, surtout dans les années des crises. En 2008, elles ont représenté environ 3% du Budget (soit 26,5 milliards de FCFA), suivie d’une baisse en 2009 puis d’une hausse en 2010. Les exemptions des frais sur les services de base concernent la gratuité de la santé et de l'éducation. (i) les subventions sur les exemptions des frais des hôpitaux pour les indigents avoisinent 12% des dépenses de FSS tandis que (ii) les subventions des écoles en ce qui concerne la gratuité des étudiants coût à l'État près de 4 milliards par an. Les subventions des écoles ont été traitées isolement des FSS étant donné qu’elles ne sont pas ciblées. La Diaspora également s'organise pour fournir un soutien d'urgence ou d’appui aux personnes dans leur pays d'origine. En premier lieu, avec des transferts directs aux membres de la famille, mais aussi à des organisations qui peuvent être professionnelles ou confessionnelles. Elles servent également à financer des établissements scolaires, ou payer les livres ou les fournitures scolaires. En outre, plusieurs associations de la diaspora apportent des soutiens dans le domaine de la santé. Cependant, une partie importante de cette contribution ne touche pas les pauvres. Ces informations sont trop partielles et sont donc traitées à part. Telles qu'on les retrouve dans la Balance des Payements, elles représentent respectivement le 3,3% du Budget et le 1% du PIB. Il existe une forte corrélation entre les dépenses sociales en générale (éducation, santé et Affaires sociale) et les subventions généralisées sur les prix. Dans les années de crise (2008-09), à une hausse des dépenses dans les subventions sur les prix correspond une réduction des dépenses dans le secteur social, spécialement dans la Santé et l'Education. Cette tendance clairement spéculaire parmi les dépenses du Gouvernement et FSS avec les Subventions dénotent une tendance à privilégier les urgences (comme la hausse des prix) plutôt que les investissements de longue période. 132 L'analyse budgétaire nous permet de tirer trois conclusions majeures : (i) face à une situation de vulnérabilité et de pauvreté qui touche plus d'un tiers de la population, il est indiqué d’opter pour un accroissement des investissements dans les FSS, susceptibles d’augmenter la couverture nationale par rapport aux programm es de FSS; (ii) il existe une forte corrélation entre les dépenses du secteur sociale en générale (éducation, santé et protection sociale) et les subventions généralisées sur les prix des aliments importés, ainsi que celles relatives aux produits pétroliers et énergétiques, ce qui nous amène à évaluer la possibilité d'une réallocation des fonds entre les volets de FSS; (iii) la tendance, des dépenses dans les FSS, à privilégier les urgences (comme la hausse des prix) plutôt que les investissements de longue période, nous force à proposer de mettre en place une stratégie durable de Filets sociaux orientée sur un horizon de long terme. On remarque une perte d’efficacité dans certaines ressources allouées, par rapport aux catégories vulnérables, dont les principales sont:  Les transferts en espèce constituent une modalité qui n'est pratiquement pas expérimentée au Benin. Des éléments probants montrent, au niveau international, que les transferts monétaires sociaux peuvent avoir un impact positif sur l’éducation, la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté en général [Grosh et coll. 2008]. Les transferts monétaires sont susceptibles de permettre aux pauvres de mieux gérer les risques sociaux, et de générer toute une série d’impacts positifs.  Les ressources destinées aux programmes d'urgences alimentaires sont importantes par rapport au reste des investissements des FSS. Cette réalité indique qu’il n’existe pas une politique soutenue. Les urgences vont se répéter, avec le résultat d’enlever des ressources aux autres secteurs sociaux. Deuxièmement, les transferts alimentaires peuvent nuire aux marchés locaux et entraver encore plus l’essor des négociants privés. Il est clair que les transferts alimentaires resteront probablement nécessaires dans les années de sécheresse 133 si les marchés ne parviennent pas à réagir de manière efficace. Finalement, les programmes devraient envisager de passer aux coupons monétaires chaque fois que possible, en particulier pour répondre à l’insécurit é alimentaire/pauvreté chronique.  Les programmes d’appuis nutritionnels ne sont inscrits dans une approche incitative, durable et dynamique. La plupart de ces programmes ne permettent pas à leurs bénéficiaires de se libérer du poids de l’assistance. Bien qu’ils soient très importants, cette situation suggère que des solutions idoines soient discutées afin de renverser la tendance de ces programmes.  Les cantines scolaires sont la modalité principale utilisée dans le domaine des Filets sociaux liés à l'éducation. Elles sont une ressource importante pour les enfants qui vont dans les écoles ciblées, toutefois, elles peuvent ne pas atteindre les plus pauvres et les plus vulnérables. En plus, Il faudrait établir de meilleurs liens entre les programmes d’aide alimentaire et la production locale.  L’auto-ciblage des programmes HIMO dépend directement du choix du salaire. Cependant, ceci n’est possible si le salaire du marché est supérieur au salaire minimum. En outre, si le salaire du programme est trop bas, il risque d’exclure des ménages pauvres. Donc, la possibilité d’utiliser l’auto-ciblage peut s’en trouver entravé et d’autres mécanismes de ciblage doivent être introduits.  les subventions sur les prix des produits alimentaires et énergétiques sont très couteux, tandis que les effets des subventions sur les populations vulnérables sont faibles puisqu'ils ne sont pas ciblés. Par contre, les FSS qui abordent la chronicité permettraient aux ménages de sortir d'une situation critique, mais aussi de donner une perspective et une possibilité d'investissement de longue période. Ce qui fait aussi que les urgences deviennent moins fréquentes. Enfin, les pauvres seraient mieux touchés par des formes plus ciblées de soutien. 134  L’expansion de l’exemption des frais implique de reconsidérer la stratégie et le financement du secteur de la santé ainsi que l’ensemble de ses mesures de protection sociale. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour répondre aux trois questions clés suivantes (i) si l’État veut abolir le pa iement pour l’usager, comment y parvenir (ii) comment les partenaires peuvent-ils appuyer l’État et (iii) comment l’abolition du paiement pour l’usager peut -elle être le point de départ d’une amélioration de la qualité des services .  Au niveau de la gratuité des écoles, il y a des pertes importantes d'efficience dû au fait qu'il n'y a aucun ciblage sur les enfants ou ménages pauvres. La dispersion d'une partie des ressources qui pourraient être reversées aux couches les plus vulnérables, est une inefficience du système. Le ciblage des programmes analysés nous indique des erreurs d'exclusions et d'inclusions. Les bénéficiaires ciblés ne sont pas tous vulnérables, et pour certains programmes, ils représentent une fraction très faible. En ce qui concerne les subventions généralisées sur les prix, les proportions (ou estimes) n’étant pas disponibles, nous utilisons les estimations issues de la littérature empirique. Ainsi, les subventions généralisées sur les prix couvrent entre 10% et 40% des populations vulnérables ou pauvres selon le produit subventionné. Par rapport aux subventions sur les prix alimentaires, elles couvrent en moyenne 30%. Selon, les résultats d'une étude de la coopération danoise, le taux de couverture des HIMO tourne autour de 90%, ce qui indique par conséquent un bon ciblage. La couverture des programmes de façon générale (en excluant les subventions généralisées) tourne autour de 5 à 6% de la population pauvre (soit 150 à 180 mille sur une population pauvre de 2,8 millions). Les programmes des cantines scolaires couvrent presque la moitié de la population des enfants à l'école, mais avec un budget suffisant pour couvrir tous ces enfants. Les HIMO ont une couverture très limitée par rapport à la catégorie des sous employés, surtout au niveau rural. La couverture dans le cas des programmes non ciblés (subventions généralisées sur les prix) n ’a pas pu être 135 calculée par manque d'informations. Mais la couverture est satisfaisante seulement dans le cas de biens inferieurs (consommés par les plus pauvres) comme certains aliments (p.ex. le riz) ou le pétrole lampant. Les exemptions des frais pour les étudiants ont une couverture totale, mais avec un coût énorme, tandis que les subventions pour les indigents dans les hôpitaux couvrent seulement une petite frange des bénéficiaires potentiels. En outre, les résultats obtenus laissent présager que les interventions sur les urgences alimentaires ne sont qu'un palliatif par rapport à la situation nationale, en ne couvrant que 6 à 10% du total de la population rurale pauvre ou vulnérable. La couverture totale des pauvres ou des vulnérables, demande des ressources considérables, mais pas très différentes de la dépense actuelle dans les FSS (en incluant les subventions non ciblées). Les effets de la distribution (théorique) uniforme des dépenses annuelles dans les FSS montrent que le montant dépensé jusqu'à présent pourrait être suffisant pour une couverture presque totale de l'écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté (soit environ 33000 FCFA). Une simple simulation nous indique qu’une distribution de 1.000 FCFA par personne/mois, sur toute la population pauvre coût 35 milliards de FCFA (1,2% du PIB de 2010). Cette valeur est supérieure à la moyenne actuelle des dépenses dans le FSS. Mais elle est inférieure au montant dépensé en 2008 quand nous incluons les subventions sur les prix. 6.2 Recommandations Clarifier les objectifs du système de Filets Sociaux. Dans le cadre d’une stratégie de protection sociale élargie, la composante des filets sociaux aura les objectifs suivants (i) soutenir directement la consommation des populations chroniquement pauvres et vulnérables; (ii) garantir l’accès des personnes pauvres et vulnérables aux services sociaux de base afin de promouvoir l’investissement humain; (iii) apporter un soutien temporaire aux populations pauvres et vulnérables affectées par les chocs; (iv) garantir que les populations dans un état de pauvreté extrême chronique et vulnérables bénéficient d’un soutien régulier et prévisible, en leur permettant de rompre le cycle intergénérationnel de transmission de la pauvreté. Selon les résultats de cette analyse 136 sur l'état de lieux, nous avons remarqué un intérêt limité à aborder la chronicité de la pauvreté et/ou de l'insécurité alimentaire. Plutôt, nous avons identifié une stratégie d'interventions sur les urgences alimentaires. Développer une politique de Protection Sociale qui tient compte des différentes approches de systèmes de protection sociale, contributif et non contributif. Si un système contributif est souhaitable en tant que mécanisme de protection des droits des citoyens, il faut tout de même démontrer comment le rendre durable dans un pays où les gens travaillent presque tous dans l'informel. Aussi, il faut discuter sur la période au cours de laquelle le «processus de formalisation du marché du travail va se dérouler, les règles du processus et la durée de cette période. Sans compter que l’économie informelle peut aider un pays à croître surtout quand le pays est caractérisé par un cadre institutionnel incertain. Lorsque nous parlons d'un système non contributif, les mécanismes de protection sociale en question sont mis en place pour couvrir une situation transitoire, mais qui risque de devenir permanente. Les deux approches, contributif et non contributif, peuvent avancer conjointement, mais avec des temps de mise en œuvre différents. Si d'un côté il faut considérer l'importance du système contributif de protection sociale, de l'autre il faut considérer les temps de création d'un tel système. Le Gouvernement, avec l'assistance des PTF, doit développer un système non contributif qui permet de mettre en œuvre des interventions immédiates plutôt que risquer d’attendre plusieurs années sans agir sur les couches plus vulnérables de la population ou imposer un système contributif tout court, qui peut générer des distorsions dans la croissance. Clarifier le rôle et les responsabilités des différentes institutions nationales impliquées dans les filets sociaux. Une fois que le Cadre stratégique pour la protection sociale aura été défini et que les actions prioritaires en matière de filets sociaux auront été clarifiées, les fonctions respectives des principales structures créées pour la prestation de l’assistance sociale devront être revues pour éviter les lacunes et les chevauchements et pour aboutir à une organisation plus efficiente. 137 Soutenir des efforts de sensibilisation et de formation nécessaires aussi bien au niveau national que local. D’autres initiatives pourraient s’avérer utiles pour que les filets sociaux, et la protection sociale en général, soient mieux compris, génèrent plus d’intérêt et voient leur capacités renforcées, par exemple, par le biais de formations « sur le tas » et de voyages d’études. Il faut aussi clarifier la contraposition avec les systèmes sociaux informels qui, tout étant très utiles, sont souvent moins efficients et plus inégaux. Favoriser une plus grande participation des pouvoirs locaux pour une mise en œuvre efficace des politiques nationales. Les autorités décentralisées doivent être impliquées dans le processus global d’élaboration des politiques. Leurs rôles et responsabilités dans la fourniture de l’assistance sociale devront être clarifiés et renforcés. Toute responsabilité nouvellement définie devra s’accompagner d’allocations budgétaires (exemples formation du personnel, création de ressources matérielles ou humaines, et renforcement du dispositif institutionnel) et être soutenue par de bons mécanismes de coordination entre les différents ministères sectoriels. Les capacités des autorités nationales et locales demeurent quelque peu limitées sur le terrain, en particulier dans les zones reculées qui ont le plus besoin d’assistance. Les ONG et le secteur privé pourraient être des partenaires utiles pour intervenir dans ces zones. Actualiser le profil de la pauvreté fourni au niveau de l'INSAE, qui, au présent, se réfère aux années 2006-07 (sauf pour certaines macro données). Les données de la dernière inquiète de l'INSAE (qui est à caractère longitudinale et donc avec la possibilité de suivre le même individu dans le 2007 et le 2009) devrait être disponible dans la deuxième moitié de l'année 2011, avec un énorme potentiel d'analyse. Cette base de données doit être le point de départ des prochaines analyses et propositions d'investissement dans le FSS. 138 Identifier le système de ciblage qui puisse réduire les erreurs d'exclusion ou d'inclusion. Après l'identification des zones d'interventions, à travers les enquêtes nationales, chaque programme a besoin d'un mécanisme de ciblage le plus approprié possible. Principalement, ils appliquent trois modalités: (i) enquête sur les ressources (means test) ou une estimation (proxy means test) des ressources de l'individu (par la consommation, les besoins de base, les niveaux d'éducation, etc.); (ii) l'identification du groupe vulnérable, géographiquement ou démographiquement; (iii) et par la auto sélection, avec la consommation de produits inférieurs ou grâce au salaire minimum. Parmi ces modalités, l'erreur d'inclusion est maximisée avec le mécanisme d’auto sélection et réduit au minimum avec l'enquête sur les ressources de l'individu. En même temps, la précision de l'approche choisie est directement proportionnelle à l'information disponible, qui dépend des ressources financières et du capital humain employé. Souvent ces approches théoriques se mélangent à une démarche de ciblage communautaire: un comité local s’occupe de l'enquête sur les ressources et fournit les informations sur la pauvreté et la consommation des habitants de la communauté. Réallouer les fonds actuels entre les volets des Filets Sociaux , aussi qu'augmenter les investissements quand nécessaire. Les fonds pourraient (partialement) passer des subventions des prix et du volet des urgences, aux transferts réguliers aux ménagés, encadrés dans une stratégie permanente de support à la consommation. La réallocation passe à travers une coordination des PTF avec le Gouvernement, par une gestion plus soignée des ressources et une limitation à l'utilisation des subventions généralisées. Les nouveaux investissements passent à travers des engagements de la communauté internationale, aussi que grâce à la définition d'une stratégie précise du Gouvernement. Par exemple, en Éthiopie pour un programme de FSS qui couvre 7 millions de personnes le Gouvernement et les PTF dépensent le 1,2% du PIB, tandis qu'au Cameroun avec les subventions sur les prix, on arrive à dépenser le 1,6% du PIB, mais avec des résultats, en terme de ratio bénéfice distribué et bénéficiaires rejoints, beaucoup moins satisfaisants. 139 Considérer sérieusement la possibilité d'intervenir avec des transferts monétaires plutôt qu’avec des transferts alimentaires. Des éléments probants montrent, au niveau international, que les transferts monétaires sociaux peuvent avoir un impact positif sur l’éducation, la santé, la nutrition, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté en général [Grosh et al. 2008]. Les transferts monétaires sont susceptibles de permettre aux pauvres de mieux gérer les risques sociaux, et de générer toute une série d’impacts positifs (i) en fournissant un revenu en espèces qui réduise directement à court terme la pauvreté (ii) étant donné les schémas types de consommation, les ménages pauvres consacrent une part significative de leurs dépenses à la nourriture, spécialement des enfants. (iii) avec l’accumulation du capital humain des enfants, en particulier sous la forme d’une amélioration de la fréquentation scolaire, ainsi que de l’accès aux soins de santé de base; (iv) en contribuant à une croissance économique pro pauvre et inclusive. Réviser le système de FSS actuel et prévoir un nouveau programme qui tienne compte des aspects chroniques de la pauvreté. Un programme avec trois components: (i) des transferts en espèce (ou en nature) ciblés sur les couches de la population en pauvreté chronique, pour permettre aux ménages de définir des stratégies de gestion des risques, ex ante et ex post; (ii) des interventions HIMO ciblées sur les chefs de ménages en dessous du seuil de pauvreté, qui puisse compenser le sous emploie agricole prédominant dans le Pays et (iii) un fond structuré pour les urgences qui puisse assister les pauvres ou non pauvre vulnérables aux chocs externes. La réalisation d'un tel objectif est, en tout cas, conditionnelle à une volonté de coordination de tous les acteurs qui opèrent dans le pays, mais avec le Gouvernement du Bénin, comme chef de file. La coordination d'un nouveau système de FSS doit être prise en charge par le Gouvernement, représenté par un Ministère multisectoriel . Dans le contexte de cette étude, nous avons travaillé avec le Ministère du Développement que nous croyons avoir les caractéristiques d'un Ministère qui puisse gérer un tel programme. Ceci ne prévoit pas nécessairement l’exclusion des Ministère sectoriels, mais ils les impliquent au niveau de leur compétence (le Ministère du Travail pour les HIMO, le Ministère de l'Education pour les Cantines, etc.). 140 Promouvoir des évaluations robustes et indépendantes des processus et de l’impact des programmes. Les objectifs spécifiques d’un système de Suivie & Evaluation sont (i) fournir de l’information à la mise en œuvre des programmes et mettre en lumière les ajustements nécessaires en temps opportun (ii) démontrer l’impact du programme aux responsables politiques, aux partenaires au développement et au grand public et (iii) tirer les enseignements de l’expérience. La fonction d’évaluation est particulièrement critique pour éclairer le développement de politiques basées sur des faits. Comme mentionné tout au long de ce rapport, très peu d’informations valables ont été récoltées sur les caractéristiques réelles des bénéficiaires, les coûts et l’impact des programm es de filets sociaux existants. Ce manque de données entrave la mobilisation d’un plus fort appui politique et financier pour ces programmes. Un suivi et évaluation robuste sera particulièrement crucial pour les projets pilotes envisagés (exemples transferts monétaires, travaux publics et exemption des frais). Suivre donc systématiquement l’ensemble des programmes de filets sociaux, pour pouvoir juger si les ressources sont bien utilisées. Il s’agit d’une condition préalable pour le pilotage ou l’extension à l’échelle de tous les programmes de filets sociaux. En particulier, nous suggérons que les institutions qui opèrent dans ce secteur transmettent systématiquement les rapports d’évaluation des programmes aux ministères sectoriels responsables de la protection sociale, des filets sociaux et du maintien d’une base de données sur les programmes. Ceci permettra aux responsables politiques de prendre des décisions plus éclairées. Promouvoir une étude de faisabilité qui devra (i) explorer un programme de transfert en espèce ou en nature (ou mixte) selon les spécificités du marché local, milieu et bénéficiaires potentiels; (ii) identifier la partie des transferts non conditionnel (personnes qui ne peuvent pas travailler) et conditionnel (personnes qui peuvent travailler) aussi que les conditions; (iii) identifier les zones (et communes) d’intervention selon les analyses des dernières données sur la pauvreté et les résultats des discussions sur le terrain avec les bénéficiaires potentiels; (iv) montrer avec des simulations appropriées (qui tiennent en compte les coûts administratifs aussi que les évolutions 141 socio-économique du pays) le coût d’un programme de transferts et les impacts sur les bénéficiaires; (v) identifier une stratégie de sortie a moyen longue terme; (vi) identifier les options budgétaires; (vii) définir la durabilité du programme, aussi que la coordination entre les institutions; (viii) identifier un mécanisme de collecte, suivi et évaluation (ix) identifier la structure institutionnel du programme en considérant l’importance de la centralité du Gouvernement. 142 VII Bibliographie 1. Arrêté N°314/MEMP/DC/SGM/DPS/SP portant allocation de subvention pour le fonctionnement des 501 cantines scolaires du Programme Fast Trak Initiative / Fonds Commun Budgétaire du 27 décembre 2010, MEMP, 2011. 2. Arrêté N°314/MEMP/DC/SGM/DPS/SP portant allocation de subvention pour le fonctionnement des 501 cantines scolaires du Programme Fast Track Initiative / Fonds Commun Budgétaire du 27 décembre 2010, MEMP, 2011. 3. Bilan et perspective du Programme d’Appui Suisse à la Promotion de l’Education des Filles, LARES, Avril 2009. 4. BM (2010), Rapport N° 54491-BF, Burkina Faso. Filets sociaux, 30 Novembre 2010. 5. Borgarello A. et al. (2010), Les Filets de Sécurité Sociale au Cameroun, Banque Mondiale, non publié. 6. BUNDY, D., C. Burbano, M. Grosh, A. Gelli, M. Jukes, and L. Drake. 2009. ‘Rethinking School Feeding: Social Safety Nets, Child Development, and the Education Sector’. June. World Food Program & World Bank: Washington, DC. 7. 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Zamo Akono Christian (2010), Efficacité des programmes de filets sociaux au Cameroun, Banque Mondiale. 145 Annexe 1. Filet de Sécurité Sociale: Budget 2006 – 2010 en FCFA Programmes 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Transferts en Espèces MSFN 1.000.000 13.000.000 15.000.000 SUISSE 54.485.000 39.965.000 46.335.000 39.335.000 45.560.000 DIASPORA (secours familiers) 9.257.554.525 10.706.527.458 11.168.586.169 7.596.030.000 10.111.050.000 DIASPORA (aides scolaires) 16.659.961.240 17.947.660.953 17.138.864.387 14.211.580.000 13.567.270.000 Programmes Alimentaires Cantines Scolaires MEMP 1.187.376.041 746.074.455 476.043.746 746.074.455 1.374.134.347 1.374.134.348 PAM 1.892.086.500 2.612.429.500 3.332.773.000 3.402.773.500 6.936.487.000 6.936.487.000 DANIDA 64.404.568 289.760.362 315.218.961 340.677.560 366.136.159 366.136.159 UNICEF 40.000.000 40.000.000 40.000.000 40.000.000 40.000.000 40.000.000 CRS 550.703.382 550.703.382 550.703.382 550.703.382 Transferts Urgences Ciblés MSFN 117.336.138 111.191.000 92.038.244 115.543.005 111.904.810 PAM 198.518.000 359.579.500 520.641.000 2.364.423.500 195.225.500 SUISSE 4.860.000 4.860.000 4.860.000 21.540.000 21.540.000 UNICEF 210.000.000 200.000.000 205.000.000 202.500.000 203.750.000 MAEP/ONASA 50.491.000 81.667.500 50.000.000 50.000.000 12.500.000 146 Récupération Nutritionnel MSP/BM 5.000.000 5.000.000 5.000.000 85.000.000 PAM 332.015.180 283.026.940 550.643.870 244.232.170 UNICEF HIMO AGETUR (IDA) 255.851.300 445.052.268 966.672.961 756.937.095 1.447.383.142 676.036.261 AGETUR (GdB) 45.150.229 78.538.635 170.589.346 133.577.134 255.420.555 119.300.517 DANIDA 235.000.000 235.000.000 235.000.000 235.000.000 341.636.800 152.138.623 Gratuité service de Base Frais de scolarité 2.711.737.000 3.061.027.720 3.094.529.200 4.998.600.000 5.122.880.000 0 Frais hospitalières 1.736.000.000 1.120.000.000 1.000.000.000 1.000.000.000 1.000.000.000 0 Subvention sur les prix Produit Pétroliers 1.451.735.500 1.999.476.917 6.594.295.073 21.664.888.586 529.597.669 0 Produit Aliment 14.126.906.310 Electricité 9.353.462.750 4.950.399.999 Total (FCFA) 36.172.547.041 40.410.826.448 55.643.640.159 78.104.133.396 42.495.411.534 10.314.936.290 Total (USD) 73.821.525 82.471.074 113.558.449 159.396.191 86.725.330 21.050.890 Total (sans Diaspora) 10.255.031.276 11.756.638.037 27.336.189.603 56.296.523.396 18.817.091.534 10.314.936.290 Programmes non ciblé 30.080.988.265 33.714.693.048 47.349.737.579 67.548.404.895 29.330.797.669 0 Total (sans subventions) 6.091.558.776 6.696.133.400 8.293.902.580 10.555.728.501 13.164.613.865 10.314.936.290 147 Annexe 2. Quelques Exemples de Pays Appliquant de Bonnes Pratiques pour la Mise en Oeuvre de Programmes de Filets Sociaux en Afrique. (Source: Rapport N° 54491-BF, Burkina Faso. Filets Sociaux, 30 Novembre 2010) Les récentes crises financières et la flambée des prix ont accru l’intérêt des décideurs pour la recherche de moyens de lutte contre les vulnérabilités persistantes et toujours plus profondes. Le succès des programmes de transferts monétaires dans plusieurs parties du monde a amené de nombreux dirigeants à se demander si ces programmes pouvaient réussir à relever les défis auxquels l’Afrique subsaharienne (ASS) est actuellement confrontée. Cette section examine comment les transferts monétaires ont été utilisés à travers la région et fait ressortir les enseignements qui ont déjà été tirés des programmes existants. En tenant compte du contexte du Cameroun, l’exemple des pays sélectionnés qui suivent fournissent de précieuses leçons sur la manière dont les programmes sont mis en œuvre dans d’autres pays africains. Le Productive Safety Net Program (PSNP – programme de filet social productif) de l’Éthiopie En Éthiopie, plus de 40 % de la population vit en-dessous du seuil national de pauvreté et plus de 20 % sont extrêmement pauvres (moins de 1 650 kilocalories par personne et par jour). Etant donné que la variabilité des précipitations est l’une des plus élevées au monde et que les fluctuations des pluies sont inversement liées aux revenus moyens, depuis plus que deux décennies, le Gouvernement d’Éthiopie a lancé chaque année un appel d’urgence international à l’aide alimentaire. Cette aide d’urgence annuelle avait pour but de satisfaire les besoins de consommation des ménages en situation chronique et transitoire d’insécurité alimentaire. Les évaluations ont montré qu’en dépit d’une aide humanitaire substantielle, l’aide d’urgence était non prévisible tant pour les planificateurs que pour les ménages, arrivant souvent en retard par rapport au besoin. À cause des retards et des incertitudes, 148 l’aide d’urgence ne pouvait pas être utilisée de manière efficace et a peu fait pour protéger les moyens d’existence, prévenir la dégradation environnementale, générer des avoirs communautaires ou préserver les biens des ménages (capital physique ou humain). Caractéristiques du programme Étant donné les lacunes du régime d’aide d’urgence, le Gouvernement éthiopien a lancé en 2005 la mise en œuvre d’un nouveau programme, le Productive Safety Net Program (PSNP – programme de filet social productif). Celui-ci a remplacé le système d’appel humanitaire d’urgence en tant que principal instrument de filet social du pays. Le programme est actuellement opérationnel dans 234 districts en situation d’insécurité alimentaire chronique (sur un total de 692 districts) et ciblaient environ 7 millions de personnes en 2006. Le PSNP fournit des ressources aux ménages en situation d’insécurité alimentaire chronique de deux manières : (i) à travers des paiements aux personnes valides pour leur participation à des activités de travaux publics à haute intensité de main-d’œuvre et (ii) à travers des subventions directes aux ménages composés de personnes âgées ou de personnes incapables de travailler pour d’autres raisons. Impact du PSNP Une enquête auprès des bénéficiaires effectuée en 2005 a révélé que le PSNP avait un impact positif important sur leur bien-être estimé par des indicateurs à la fois subjectifs et objectifs. L’enquête a trouvé que trois bénéficiaires sur cinq avaient pu éviter de vendre des biens pour s’acheter des vivres en 2005 et, selon 90 % des ménages, ceci était le résultat de leur participation au PSNP. En outre, près de la moitié des bénéficiaires interrogés ont déclaré avoir utilisé les services de santé plus fréquemment et 76 % ont attribué cet accès élargi à l’action du PSNP. Plus d’un tiers des ménages interrogés ont plus inscrit leurs enfants à l’école et 80 % ont attribué cette action à leur participation au PSNP. 149 Réformes en cours Un travail considérable est prévu pour renforcer la capacité de mise en œuvre et amener les systèmes à un niveau de fonctionnement précédemment impossible avec des programmes fragmentés et provisoires. Un mécanisme de subvention conditionnelle (transfert monétaire conditionnel) est actuellement à l’étude, il devrait fournir des ressources dans les mêmes districts pour aider les ménages en situation d’insécurité alimentaire transitoire pendant les périodes de sécheresse. Ce mécanisme utilisera un indice basé sur la pluviométrie et faisant appel à 30 ans de données pluviométriques pour déclencher le financement. Le PSNP est en outre complété par un plus vaste programme de sécurité alimentaire qui vise à aider les ménages à accroitre leurs revenus par le biais de subventions de réinstallation, de trains de mesures génératrices de revenus pour les ménages, et d’interventions de collecte de l’eau. Les ménages qui bénéficient du PSNP ont aussi droit à une aide dans le cadre d’autres composantes du programme de sécurité alimentaire. Les interventions de sécurité alimentaire financées par les bailleurs de fond en dehors du PSNP sont cependant rarement coordonnées au niveau local et leurs liens avec les services ruraux de base sont également faibles. Enseignements tirés Le PSNP illustre beaucoup des questions qui entourent les filets sociaux dans les pays à faible revenu, notamment :  Le programme s’oriente dans une direction clairement bénéfique grâce à une conception de base qui cherche non seulement à utiliser les ressources pour sauver des vies, mais aussi à apporter un soutien aux moyens d’existence. Les progrès réalisés à ce jour dans la mise en œuvre suggèrent que ceci est possible même dans un environnement à très faible revenu. 150  Le processus de conception et la planification de la mise en œuvre ont subi un tri age sévère. Même quand il sera complètement mis en œuvre, le programme de filet social ne couvrira qu’un tiers du pays. Les districts sélectionnés sont effectivement les plus pauvres, mais beaucoup de personnes pauvres vivent aussi dans les districts non desservis. La mise en œuvre du programme a, en outre, été découpée en phases. Le programme se concentre dans un premier temps sur la consolidation du PSNP de base. Il espère pouvoir l’enrichir dans un certain nombre de dimensions, mais les responsables du programme et les bailleurs de fonds ont réalisé que tout ne pouvait pas être fait dans l’immédiat. Ainsi, par exemple, le fonds d’urgence pour la sécheresse n’a été mis en place qu’au cours de la troisième année du PSNP.  Une bonne mise en œuvre requiert un effort diligent et soutenu. En 2007, le programme a eu de nombreux résultats positifs et les premières évaluations qualitatives de son ciblage et de ses effets sont positives, mis il y a encore beaucoup à faire pour consolider la mise en œuvre. Une bonne mise en œuvre nécessite également de la flexibilité et de l’innovation. Par exemple, le gouvernement avait initialement eu des problèmes au niveau du système de suivi du programme, mais il a depuis déployé des équipes dites d’intervention rapide qui visitent les districts afin d’identifier et résoudre les problèmes de mise en œuvre. Ceci a donné aux responsables une idée de ce qui allait bien et de ce qui n’allait pas, et leur a permis de déterminer si des ajustements étaient nécessaires au niveau des districts individuels ou à un niveau plus systémique. Entretemps, la conception du système de suivi a été simplifiée et un projet pilote d’informatisation est en cours.  Un aspect important de la réforme est le passage à un cadre multi-bailleurs, pluriannuel à la place d’un système annuel d’appel d’urgence où chaque bailleur de fonds prend en charge une initiative séparée. Ceci est complété par la décision d’exécuter le programme à travers les systèmes publics normaux au lieu des cellules spéciales de mise en œ uvre habituellement utilisées dans les programmes financés par des bailleurs de fond. Le 151 cadre pluriannuel et la réduction de la fragmentation devraient permettre la mise en place de systèmes administratifs beaucoup plus efficaces. Le cadre multi-bailleurs devrait également apporter plus de résilience, étant donné que le retrait ou la diminution de l’engagement d’un donateur aura un effet moins néfaste. Kenya Cash Transfer Program for Orphans and Vulnerable Children (CT-OVC – programme de transferts monétaires pour les orphelins et les enfants vulnérables du Kenya) Ce programme de transferts a commencé comme un pré-pilote en 2004. Il a depuis été transformé en un projet pilote de cinq ans et est passé d’un très petit budget à un budget prévisionnel de 26 millions de dollars EU pour l’exercice 2010 (Banque mondiale 2009c). Complètement documenté, ce programme permet de bénéficier d’une précieuse expérience dans les domaines de la défense des politiques, la conception et la mise en œuvre des transferts monétaires conditionnels en ASS. Ce programme est une composante clé de la stratégie de protection sociale d’ensemble du Kenya car il vise les risques encourus par les enfants des communautés où les capacités des systèmes informels de filets sociaux commencent à être dépassées par le grand nombre des OEV, encore accru par les décès d’adultes atteints du SIDA. En plus de susciter l’intérêt des bailleurs de fond, les initiatives CT-OVC ont reçu un fort soutien politique local, incluant des pressions pour une expansion rapide du programme. Objectifs du programme pré-pilote Le but du programme pré-pilote était de prouver la faisabilité du programme de transferts monétaires de soutien aux OEV du Kenya. La phase pré-pilote a commencé en décembre 2004, couvrant initialement 500 enfants. Sa portée a ensuite été élargie pour atteindre 5 000 enfants. Le pré-pilote a reçu l’appui de l’UNICEF et de l’Agence suédoise pour le développement international (SIDA), et était géré à partir du Département des services à l’enfance (Banque mondiale 2009c). Les premiers districts du projet – Nairobi, Kwaleet 152 Garissa – avaient été sélectionnés parce qu’ils étaient des zones où l’UNICEF et la SIDA avaient déjà une expérience et une connaissance du terrain. Le pré-pilote ciblait les ménages pauvres et ceux ayant des OEV, qui ne recevaient aucune autre forme de soutien officiel. Les bénéficiaires recevaient 500 shillings du Kenya (6,25 dollars EU) par mois et par enfant (SCIK et coll. 2005). Théoriquement, des conditions étaient attachées aux transferts du pré-pilote mais il n’y avait aucune conséquence si elles n’étaient pas respectées (Banque mondiale 2009c). Le fait que, pour satisfaire les exigences du programme, les enfants devaient être séparés de leur famille a conduit le pré-pilote à abandonner l’imposition de conditions (Banque mondiale 2005). Cependant, les communautés et certains bailleurs de fond ont exigé que les transferts soient conditionnels, en particulier lors de l’extension du programme aux régions de l’Ouest où l’incidence du VIH est très élevée. Transformation du CT-OVT en projet pilote à part entière S’inspirant de l’expérience du projet pré-pilote, le programme pilote officiel du CT-OVC a démarré en 2005 et a duré jusqu’au milieu de 2009. Le programme se focalise spécifiquement sur les ménages ayant des OEV, avec pour but de garder ces derniers dans leur famille et d’encourager un investissement dans leur capital humain. Les objectifs spécifiques du programme sont très semblables à ceux observés dans d’autres programmes de transferts monétaires conditionnels bien connus en Amérique latine, incluant l’amélioration de la santé, de la nutrition et de l’éducation ainsi que la sensibilisation à ces questions. La planification du programme pilote prévoyait de couvrir sept districts avec l’appui de l’État kenyan, du DfID, de l’UNICEF et de la SIDA (Banque mondiale 2009c). Les fonds octroyés au programme pilote par les partenaires au développement ont atteint 17 500 ménages qui bénéficient encore des prestations. Entre 1 000 et 4 600 ménages bénéficiaires sont couverts dans chacun des districts. À la fin de la Phase 2 (juin 2009), 70 000 ménages recevaient des prestations. 153 Le ciblage nécessite une approche complexe en cinq étapes qui inclut les comités communautaires Les méthodes de ciblage du pré-pilote ont été raffinées dans le programme pilote. Le ciblage exige cinq étapes (Banque mondiale 2009c). Le ciblage géographique sélectionne les districts du programme sur la base des niveaux de pauvreté et de prévalence du VIH/SIDA. Les districts sont classés sur la base du nombre de ménages OEV extrêmement pauvres qu’on y rencontre. Le nombre de ménages OEV est calculé pour chaque district. Les communautés comptant plus que 5 000 membres, dont au moins 60 % vivent en-dessous du seuil de pauvreté, sont sélectionnées pour participer au programme (Hussein 2006). Les comités communautaires (Location OVC Committee) ont été créés pour sélectionner les ménages éligibles. Les ménages doivent être incapables de satisfaire tous leurs besoins élémentaires et ils doivent avoir un membre OEV permanent de moins de 17 ans qui ne reçoit pas de prestations d’un autre programme de transferts monétaires (GdK 2006). Au sein de ce groupe de ménages éligibles, les comités communautaires désignent les ménages qui répondent à 3 critères d’une liste de plus de 10 points li és à la pauvreté (à savoir si le ménage a accès à une source d’eau saine, si ses membres sont en mauvaise santé ou s’ils ne mangent pas plus d’un repas par jour). Les ménages répondant à au moins trois des critères sont considérés comme pauvres (Banque mondiale 2009c). Les services postaux se chargent bien des transferts Le montant des transferts a été fixé à un niveau supposé couvrir suffisamment des besoins des OEV pour aider à les garder dans leur famille. La valeur des transferts variait selon le nombre d’OEV du ménage : 1 000 shillings du Kenya (14 dollars EU) pour un ou deux OEV, 2 000 shillings du Kenya (28 dollars EU) pour trois ou quatre OEV, et 3 000 shillings du Kenya (42 dollars EU) pour cinq OEV ou plus (Banque mondiale2009c). Avec une valeur de référence de 1 500 shillings du Kenya (20 dollars EU), le transfert est important par rapport à la moyenne de 1 800 shillings du Kenya par équivalent adulte pour la consommation. Il est 154 par conséquent plus ou moins égal à 20 % des dépenses des ménages kenyans pauvres (Banque mondiale 2009c). Le montant des transferts n’ayant pas été indexé, leur valeur s’est érodée alors que les prix alimentaires ont augmenté. Dans les districts pilotes, les transferts sont délivrés par l’intermédiaire de la Postal Cooperation of Kenya, qui semble avoir bien fonctionné. Les paiements sont effectués une fois tous les deux mois (OVC 2007). Les transferts sont délivrés avec un décompte indiquant si le ménage a reçu le montant complet et, si tel n’est pas le cas, pourquoi (GdK 2006). L’argent est, chaque fois que possible, remis à la mère ou à la femme qui dirige ou prend soin du ménage. Application souple des conditions Les bénéficiaires des programmes CT-OVC du Kenya ont des responsabilités vis-à-vis de la santé et de l’éducation des enfants, semblables aux conditions imposée par les programmes de transferts monétaires d’Amérique latine : les bénéficiaires de moins d’un an doivent visiter six fois une clinique locale au cours de leur première année pour être vaccinés, recevoir des suppléments de vitamine A et pour le contrôle de leur croissance ; les bénéficiaires âgés de un à trois ans doivent subir un contrôle de croissance et recevoir des suppléments de vitamine A deux fois par an ; les enfants de 5 à 17 ans doivent être inscrits à l’école et y être présents pendant 80 % des jours de classe ; les chefs de ménage doivent participer à des séminaires pédagogiques au moins une fois par an (Banque mondiale 2009c). Cependant, jusqu’à très récemment, ces conditions n’étaient pas appliquées par le programme, le transfert était essentiellement inconditionnel. Une partie prévue pour le programme était le test d’un transfert conditionnel par rapport à un transfert inconditionnel, mais cette composante n’a été testée que vers la fin 2008. Il y a eu jusqu’ici une confusion sur la façon de faire respecter les conditions qui s’appliquent à la santé, et seules celles qui s’appliquent à l’éducation sont observées. Dans les zones où les conditions sont appliquées, la réduction du nombre de transferts pour non-conformité est de 400 shillings du Kenya par enfant ou adulte qui ne respecte pas les coresponsabilités (Banque mondiale 2009c). 155 Les sorties du programme interviennent s’il n’y a plus d’OEV de moins de 18 ans dans le ménage ou si le ménage est réévalué et n’est plus considéré comme pauvre. Il en est de même des ménages qui quittent la zone du programme, se retirent volontairement ou sont reconnus coupables d’avoir falsifié les informations. (Banque mondiale 2009c). Finalement, les ménages qui ne remplissent pas les coresponsabilités pendant trois périodes consécutives sont supposés devoir sortir du programme. L’organisation et le système de gestion exigent une coordination intersectorielle La cellule centrale du programme pilote, incluant des cellules chargées des opérations, du suivi et évaluation, de l’administration/finances et des systèmes d’information, était originellement située au Département des services à l’enfance du ministère de l’Intérieur (GdK 2006). Le Vice-président a le contrôle ultime du programme (Hussein 2006). L’application des conditions nécessite une coordination étroite du programme avec les ministères techniques étant donné que les objectifs pédagogiques doivent être réalisés par le ministère de l’Education et ceux de la santé par le ministère de la Santé publique et de l’Assainissement. La coordination avec le ministère des Services médicaux et le ministère de l’Immigration et de l’Enregistrement des personnes est également soutenue (Banque mondiale 2009c). Analyse des résultats attendus de la conception de l’évaluation expérimentale Le programme pilote a pris d’importantes mesures, incluant l’utilisation d’un système d’information de gestion (SIG) complet, pour maintenir des contrôles adéquats. L’actuel SIG est centralisé au niveau national mais sera décentralisé plus tard vers les districts (Banque mondiale 2009c). Les enseignants et les travailleurs de la santé remplissent des formulaires rapportant la fréquentation scolaire et les visites aux centres de santé. Le SIG central suit l’information par district. Le respect des conditions est suivi tous les deux mois pour les enfants de zéro à un an, tous les six mois pour les enfants d’un à cinq ans, tous les trois mois 156 pour les conditions dans le domaine de l’éducation et une fois par an pour les sessions de formation des adultes. Le suivi de la conditionnalité est aussi supposé se faire à travers ce système. Le respect des conditions est censé être effectué par sondage, y compris à travers des visites aux ménages bénéficiaires afin de s’assurer du respect des exigences du programme. Des appels peuvent être introduits auprès du District Children Office qui accepte les plaintes concernant les montants payés et la qualité des services offerts. Évaluation d’impact du programme Le programme pilote portant sur les sept districts originaux est soumis à une évaluation d’impact réalisée par Oxford Policy Management, avec des composantes qualitatives et quantitatives. La conception de l’évaluation du programme est expérimentale (bien qu’il y ait eu des différences significatives entre les groupes de traitement et les groupes témoins), et deux locations de traitement et deux locations témoins ont été sélectionnées de manière aléatoire dans chacun des sept districts. L’aspect inconditionnel/conditionnel a également été assigné aléatoirement (Hurrell, Ward, et Merttens 2008). L’échantillon de référence inclut 2 759 ménages. L’analyse de son ciblage a révélé que la majorité des ménages sélectionnés avaient bien un OEV (98%) et que la plupart de ces ménages étaient très pauvres. Cependant, les personnes extrêmement pauvres étaient sous-représentées dans le programme (Hurrell, Ward, et Merttens 2008). Forte appropriation par les pouvoirs publics, et financement et expansion inclus dans le plan à moyen terme Le transfert conditionnel pour les OEV est inclus dans le Plan à moyen terme et dans la Vision 2030 du Kenya. L’État a financé le programme CT-OVC en 2005-2006, à hauteur de 675 000 dollars EU ou 48 000 000 shillings du Kenya (Hussein 2006). En raison de son expansion, on s’attend à ce que le coût du programme soit de 26 millions de dollars EU pour l’exercice financier 2010. Ce montant représente 0,08 % du PIB nominal et 0,13 % des 157 dépenses publiques. Quand le programme atteindra 100 000 ménages, on s’attend à ce qu’il coûte entre 32 et 35 millions de dollars EU, soit approximativement 0,07 % du PIB nominal et 0,28 % des dépenses publiques (Banque mondiale 2009c). Les coûts administratifs du programme devraient atteindre approximativement 25 % en 2012 et continuer à diminuer. Ce pourcentage est nettement inférieur aux 40 % de coûts administratifs du pré-pilote. Adaptations du CT-OVC en vue de la phase trois d’expansion Les pressions politiques en faveur d’une expansion plus rapide du pilote CT-OVC dans des districts supplémentaires ont eu pour résultat la création de deux programmes parallèles évoluant indépendamment l’un de l’autre. Une nouvelle (troisième) phase du programme tente maintenant d’harmoniser les programmes et de renforcer la capacité pour leur mise en œuvre efficace. L’objectif du gouvernement du Kenya est de couvrir 100 000 ménages pauvres ayant des OEV en 2012 (approximativement 2 000 ménages par district), de manière à couvrir approximativement la moitié des 600 000 OEV extrêmement pauvres du pays (Banque mondiale 2009c). Les mesures suivantes seront introduites durant la troisième phase :  Le mécanisme de ciblage sera ajusté à partir des résultats des évaluations, de l’Enquête intégrée sur le budget des ménages du Kenya, du SIG et des données de référence. Des améliorations seront apportées au programme standardisé sur base des enseignements tirés de la deuxième phase.  Des améliorations seront apportées au SIG pour qu’il soit à même de traiter les demandes considérablement accrues à la suite de la rapide expansion et un contrat sera passé avec une organisation pour qu’elle assure le suivi externe. Ce suivi externe effectuera des contrôles du programme par sondage, fera des recensements communautaires pour évaluer la qualité des comités communautaires, et fera remplir 158 des « carnet d’évaluation citoyen » qui permettront de déterminer l’opinion que les bénéficiaires et les non-bénéficiaires ont du programme ainsi que leur degré de satisfaction. Cette redevabilité améliorée est particulièrement importante compte tenu des préoccupations relatives à la gouvernance et à la corruption au Kenya (Banque mondiale 2009c).  Des efforts considérables seront faits pour améliorer la communication sur le programme avec les bénéficiaires et les non bénéficiaires. Tant la mise en œuvre que le suivi des coresponsabilités devraient s’améliorer.  Vers la moitie ou la fin de 2010, les tests sur l’utilisation d’amendes pour le non -respect des coresponsabilités devraient être achevés (Banque mondiale 2009).  Des évaluations de la capacité liée à l’offre seront également effectuées. Ce renforcement des capacités est crucial ; les fonctionnaires responsables du programmes ont fait des progrès notables au niveau de la mise en œuvre et du renforcement des capacités, mais il faut en faire davantage pour faire face aux défis de l’expansion continue (Banque mondiale 2009c). Programme de transferts monétaires du Malawi Le programme de transferts sociaux monétaires a commencé en 2006, en tant que programme pilote dans le district de Mchinji, avec le soutien de l’UNICEF, avec pour but de devenir éventuellement un programme national. Son objectif est de réduire la pauvreté, la faim et la famine chez les personnes extrêmement pauvres et celles qui dont aucun membre n’est capable de travailler. Cela inclut de nombreux ménages ayant des orphelins et enfants vulnérables (OEV). 159 Caractéristiques du programme L’objectif du programme pilote de transferts sociaux monétaires de Mchinji visait l’extrême pauvreté. Schubert et Huijbregts (2006) indiquent qu’environ 10 % des ménages malawiens (250 000) sont extrêmement pauvres et incapables de travailler (empêchés ou incapables de travailler). Il a été suggéré que si ces 10 % de ménages recevaient tous des transferts sociaux monétaires, le taux national d’extrême pauvreté baisserait de 22 % à 12 %, pour un coût de 41 millions de dollars EU par an. Cette analyse a contribué à la décision de cibler 10 % des ménages extrêmement pauvres dans la zone du projet pilote de Mchinji, soit approximativement 3 000 ménages ou 15 000 individus (Chipata et Mwamlima 2007). En plus de son objectif de réduction de la pauvreté, le programme vise à améliorer le taux d’inscription et de fréquentation scolaires des enfants bénéficiaires, à démontrer comment un programme de transferts monétaires pourrait s’intégrer dans l’agenda de protection sociale du Malawi (Chipata et Mwamlima 2007), et à vérifier si les assemblées de district pourraient mettre en place des programmes de transferts monétaires efficients et capables d’atteindre les groupes de ménages ciblés (Schubert et Huijbregts 2006). Mchinji a été choisi pour le pilote à cause de sa solide équipe de district, de ses niveaux de pauvreté moyens et de sa proximité relative de la capitale Lilongwe. Le ciblage du pilote de Mchinji inclut les comités villageois élus Les critères de ciblage définissent les personnes extrêmement pauvres comme celles qui font partie du quintile de dépenses inférieur et qui se situent en-dessous du seuil national de pauvreté extrême. D’après cette définition, les ménages bénéficiaires devraient être incapables de se procurer les produits non alimentaires dont ils ont besoin. Les ménages qui ne peuvent pas travailler sont ceux dont le taux de dépendance est supérieur à trois (Schubert et Huijbregts 2006). Pour les sélectionner, les comités locaux, les Community Social Protection Committees, établissent d’abord une liste de tous les ménages qui d’après eux peuvent satisfaire l’exigence du programme d’être « ultra pauvres » ou « empêchés de 160 travailler ». Les comités sont sélectionnés à travers des élections communautaires au cours de la réunion initiale du programme (Schubert 2007b). Les chefs de village ne sont pas autorisés à en faire partie. Les comités doivent ensuite rencontrer et interroger tous les ménages potentiellement bénéficiaires ; le chef du village doit vérifier cette information et les comités doivent classer les ménages identifiés d’après leur niveau d’indigence. Le classement est discuté et approuvé ou modifié au cours d’une réunion du comité. L’information est transmise au Secrétariat et à un sous-comité de la protection sociale (Social Protection Sub-Committee) qui doit approuver ou rejeter la liste. Les listes sont supposées reprendre les 10 % de ménages de la communauté jugés les plus nécessiteux. Conception et exécution des transferts Les transferts mensuels à Mchinji, tous inconditionnels, étaient proportionnels à la taille des ménages et au nombre d’enfants scolarisés. Les ménages d’une personne recevaient 600 kwachas (environ 4 dollars EU), les ménages de deux personnes 1 000 kwachas (6,67 dollars EU), les ménages de trois personnes 1 400 kwachas (9,33 dollars EU), et ceux de 4 personnes ou plus, 1 800 kwachas (12 dollars EU) (Schubert et Huijbregts 2006). Les ménages ayant des enfants à l’école primaire recevaient 200 kwachas (1,33 dollars EU) supplémentaires par enfant, et les ménages ayant des enfants à l’école secondaire recevaient 400 kwachas supplémentaires (2.67 dollars EU) par enfant. Cette prime n’était pas conditionnée à la fréquentation scolaire, elle était simplement donnée quand il y avait des enfants en âge d’école dans un ménage. La valeur moyenne d’un transfert était de 1 700 kwachas (11,33 dollars EU)31 par ménage et par mois, ce qui était jugé suffisant pour combler écart d’extrême pauvreté des ménages ciblés (Schubert et Huijbregts 2006). Il y avait 3 000 ménages bénéficiaires au début de 2008, et les dépenses étaient de 43 000 dollars EU par mois (Miller et coll. 2008). L’expansion du pilote a été retardée à cause de retards de financement. Il atteignait néanmoins sept districts à la fin 2008 (Horvath et coll. 31 Standardisant le taux de change par rapport à celui indiqué préalablement ; ceci est légèrement différent du rapport de 2006 de Schubert et Huijbregts. 161 2008). En avril 2009, le pilote couvrait 92 786 bénéficiaires dans 23 651 ménages de sept districts (UNICEF/GOM 2009). Mécanismes de mise en œuvre et financement Le Programme de transferts sociaux monétaires a été mis en œuvre localement. Le ministère du Développement de la femme et de l’enfant et le Département de la gestion de la pauvreté et des catastrophes en ont assuré la coordination avec le concours de l’UNICEF (Chipata et Mwamlima 2007). Le pilote de Mchinji a été mis en œuvre par l’Assemblée locale, dont le Comité exécutif de district avait un sous-comité de la protection sociale rassemblant des représentants du ministère technique. Ce sous-comité approuvait les demandes de participation au programme. La structure de district du Malawi inclut des fonctionnaires issus de divers départements et capables d’appuyer le programme. La capacité est limitée au niveau du district mais pas autant que dans d’autres pays qui mettent en œuvre des programmes similaires (la Zambie, par exemple) (Schubert et Huijbregts 2006). En dessous du sous-comité, on trouve le Secrétariat du système de transferts sociaux monétaires, avec le personnel chargé de la mise en œuvre du programme, du contrôle du budget et du suivi périodique. En dessous du secrétariat, le Comité villageois de développement supervise le comité communautaire de protection sociale, et ensemble, ils ciblent et suivent les bénéficiaires (Schubert et Huijbregts 2006). Les équipes du comité communautaire de protection sociale perçoivent une rémunération pour certaines des activités qu’elles effectuent. (Schubert 2007b). Pour le pilote, l’UNICEF a fourni l’assistance technique, soutenu l’organisation du programme, financé les transferts jusqu’en décembre 2006 et appuyé la défense des politiques et le renforcement des capacités au Malawi. Ceci comprenait le financement des visites de représentants des pouvoirs publics au Brésil et en Zambie, l’organisation d’ateliers et de visites sur le terrain à Mchinji. Le financement supplémentaire pour l’expansion du programme en 2008 et 2009 a été fourni par la Commission nationale de lutte contre le 162 SIDA à travers le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme. Les contributions octroyées à l’expansion par le Fonds mondial étaient d’environ 8,8 millions de dollars EU et les fonds de la Commission nationale de lutte contre le SIDA ont été utilisés puisqu’approximativement 70 % des ménages bénéficiaires étaient affectés par le VIH/SIDA (Schubert 2007a). L’Union européenne a prévu de financer le S&E externe. Le pays a marqué son intérêt pour l’obtention d’autres fonds des partenaires au dévelop pement, à travers un panier commun de financement, dès que le Transfert social monétaire aura été intégré dans la Stratégie nationale de protection sociale et aura reçu l’appui total du Cabinet (Schubert et Huijbergts 2006). Les autres bailleurs de fond du financement commun devaient être la Banque mondiale, le DfID, l’ACDI et la NORAD (Horvath et coll. 2008). Défis de la conception de l’évaluation Le suivi interne est effectué à travers la production de rapports mensuels sur les coûts, les activités, les résultats, et autres. L’UNICEF et l’USAID financent un programme conjoint d’évaluation externe conduit par l’Université de Boston et le Centre de recherche sociale du Malawi (Miller et coll. 2008). Les évaluations du ciblage ont été effectuées en mars et juin 2007 et une évaluation des systèmes en octobre 2007. L’enquête de référence auprès des ménages a été conduite dans les groupes villageois de traitement et témoins en mars 2007, avant que les ménages du groupe de traitement reçoivent une subvention. Des enquêtes de suivi ont été effectuées en août-septembre 2007 et mars 2008 et les données qualitatives ont été saisies en octobre-novembre 2007. Il semble, cependant, que les méthodes expérimentales aient été compromises au cours de l’évaluation. Le secrétariat du district de Mchinji a choisi les groupes villageois constituant les groupes de traitement et témoins, les ménages de traitement et témoins ont été sélectionnés en appliquant les méthodes de ciblage communautaires, et les ménages témoins n’ont pas compris que la recherche n’avait rien à voir avec la réception de la subvention. 163 Enseignements tirés L’évaluation du ciblage du programme de Mchinji a révélé un grand besoin d’amélioration.  Près d’un tiers des membres de la communauté des zones du programme ont trouvé que le ciblage n’était pas juste. L’évaluation a suggéré que des indicateurs moins subjectifs soient utilisés pour déterminer les bénéficiaires du programme : le ciblage devrait être plus objectif, normalisé et transparent (Miller et coll. 2008). Suivant leur définition de l’éligibilité, les erreurs d’exclusion commises dans les communautés variaient de 37 à 68 %.  La consommation alimentaire des bénéficiaires et leur diversité se sont améliorées par rapport au groupe témoin. De plus, la santé des enfants et des adultes s’est améliorée, et la fréquentation scolaire et la capacité d’apprentissage des enfants rapportées par eux - mêmes auraient augmenté. Le travail des enfants a considérablement baissé dans les groupes de traitement alors qu’il n’a pas changé dans les groupes témoins. L’évaluation a également conclu que la productivité des ménages avait augmenté depuis la réception des transferts.  Le coût prévu pour l’expansion du programme à 273 000 ménages à travers le pays (1,2 millions d’individus dont 60 % devraient être des OEV) est d’environ 55 millions de dollars EU par an ou 1,4 % du PIB (Schubert 2009). En juin 2007, la mise en œuvre des transferts a coûté moins que 2,2 % des coûts du programme et les couts administratifs atteignaient moins de 15 % des mêmes coûts (Horvath et coll. 2008).  Le programme a été confronté à des défis importants, notamment (i) le besoin d’un personnel de district plus nombreux et mieux formé ; (ii) les préoccupations permanentes liées à la dépendance des ménages et à la corruption au sein du programme (Chipeta et Mwamlima 2007) ; (iii) le taux de rotation élevé des 164 fonctionnaires ; (iv) le besoin de meilleurs mécanismes de financement pour le transfert de fonds à hauts niveaux, et un système SIG amélioré pour la consolidation des données aux niveaux du district et national ; (v) la nécessité de mettre en place une procédure de plaintes/appel (UNICEF/GOM 2009) ; et (vi) le fait que l’expansion du programme nécessitera un engagement accru des pouvoirs publics, particulièrement du ministère des Finances, et un renforcement supplémentaire des capacités à tous les niveaux des pouvoirs publics. 165 Résumé Cette étude vise à renforcer la capacité du Gouvernement béninois à définir et mettre en œuvre des programmes de filets sociaux adaptés aux besoins de ses populations pauvres et/ou vulnérables. L’étude trouve qu’en moyenne entre 2005 et 2009, les Filets sociaux ne représentaient qu’environ 1,1% des dépenses générales du Budget de l’Etat, soit 0,3% du PIB. Les partenaires y contribuaient à hauteur de 70% (équivalant à 0,7% du Budget de l’Etat). Les recommandations de l’étude porte sur la clarification des objectifs du système de filets sociaux, l’identification d’un système de ciblage efficace, la réallocation de ressources actuellement utilisés pour des subventions généralisées vers des transferts monétaires ciblés aux ménages pauvres, et la réalisation d’une étude de faisabilité d’un programme de transferts monétaires. À propos de cette série Les documents de synthèse portant sur la protection sociale et la promotion du travail sont publiés afin de communiquer dans les meilleurs délais les résultats des travaux de la Banque mondiale aux partenaires du développement communautaire. Le présent document n’a donc pas fait l’objet d’une édition en bonne et due forme. Les observations, interprétations et conclusions présentées ici n’engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement les vues de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale et des institutions qui lui sont affiliées, ni celles de ses Administrateurs ou des pays qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données contenues dans cette publication. Les frontières, les couleurs, les dénominations et toute autre information figurant sur les cartes du présent document n’impliquent de la part de la Banque mondiale aucun jugement quant au statut juridique d’un territoire quelconque et ne signifient nullement que l’institution reconnaît ou accepte ces frontières. 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