Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal Babacar Ba ANALYSE ET PERSPECTIVES : 15 ANNÉES D’EXPÉRIENCE DANS LE DÉVELOPPEMENT DE LA POLITIQUE DE NUTRITION AU SÉNÉGAL Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal Décembre 2018 Babacar Ba Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal © 2018 Banque internationale pour la reconstruction et le développement / Banque mondiale 1818 H Street NW Washington DC 20433 Téléphone : 202–473–1000 Internet : www.worldbank.org Mention de la source : Le rapport doit être cité comme suit : Ba, Babacar. 2017. « Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal ». Analyses et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal. Banque mondiale, Washington DC ; CLM Dakar, Sénégal. License : Creative Commons Attribution CC BY 3.0 IGO Ce rapport est produit par le personnel de la Banque mondiale avec des contributions externes. Les constats, interprétations et conclusions exprimées dans ce rapport ne reflètent pas nécessai- rement les vues de la Banque mondiale, de son Conseil d’administration ou des gouvernements qu’ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données figurant dans ce rapport. Les frontières, couleurs, dénominations et autres informations reprises dans les cartes géographiques qui l’illustrent n’impliquent aucun jugement de la part de la Banque mon- diale quant au statut légal d’un quelconque territoire, ni l’aval ou l’acceptation de ces frontières. Droits et autorisations Le contenu de ce rapport est soumis au droit d’auteur. Parce que la Banque mondiale encourage la diffusion de son travail, tout ou partie de ce rapport peut être reproduit à des fins non commerciales, à condition que l’attribution complète à ce travail soit donnée aux auteurs. Toute question relative aux droits et licences, y compris les droits subsidiaires, doit être adressée à Publications de la Banque mondiale, Groupe de la Banque mondiale, 1818 H Street NW, Was- hington, DC 20433, États-Unis; fax: 202–522–2625; e-mail: pubrights@worldbank.org. Photo de couverture : Adama Cissé/CLM Design de couverture: The Word Express Inc. Remerciements C ette évaluation a été conduite grâce au soutien technique de la Banque mondiale, du REACH et de l’UNICEF dans le cadre de l’accompagnement du gouvernement séné- galais et de la Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM). L’équipe des consultants tient à remercier particulièrement le Comité de Pilotage de l’évaluation constitué de la CLM, de la Banque mondiale, de l’UNICEF et de REACH qui a accompagné l’équipe tout au long de son travail. Nos remerciements chaleureux vont également à l’endroit de toutes les institutions et personnes aussi bien du niveau central, régional que communautaire qui ont généreusement contribué à la réalisation de ce travail de diagnostic à travers leur disponibilité et leur collabora- tion. Nous exprimons notre gratitude à toute l’équipe du Bureau exécutif national pour la nutrition (BEN), des Bureaux exécutifs régionaux pour la nutrition (BER) et aux membres de la CLM pour leur appui incommensurable dans l’organisation de la collecte des données, et aux unités d’ana- lyse sectorielles pour leur ouverture et contribution indéniable. Relecteurs. Nous exprimons nos remerciements à l’ensemble des relecteurs des rapports des séries : Elodie Becquey (IFPRI), Patrick Eozenou (Banque mondiale), Dominic Haazen (Banque mondiale), Derek Headey (IFPRI), Abdoulaye Ka (CLM), Jakub Kakietek (Banque mondiale), Ashi Kohli Kathuria (Banque mondiale), Christine Lao Pena (Banque mondiale), Biram Ndiaye (UNICEF), Jumana Qamruddin (Banque mondiale), Claudia Rokx (Banque mondiale). En consa- crant du temps et de l’énergie, chacun d’eux a fourni une précieuse contribution, qui a joué un rôle important dans l’évolution des séries. Associés. Nous souhaitons également remercier les membres du groupe de travail des orga- nisations de développement partenaires, qui ont fourni des conseils sur la conceptualisation, la mise en œuvre et la finalisation des séries : Sophie Cowpplibony (REACH), Aissatou Dioum (UNICEF), George Fom Ameh (UNICEF), Julie Desloges (Gouvernement du Canada), Aida Gadiaga (PAM), Laylee Moshiri (UNICEF), Aminata Ndiaye (Gouvernement du Canada), Marie Solange N’Dione (consultante indépendante) et Victoria Wise (REACH). Client. Enfin, nous témoignons une reconnaissance sans bornes à l’équipe de la CLM, dont le travail est décrit dans les séries, ainsi qu’aux milliers de membres du personnel de santé et de bénévoles qui fournissent quotidiennement des services de nutrition vitaux aux populations vul- nérables du Sénégal. Ce travail a été réalisé sous la direction de Menno Mulder-Sibanda (Chef d’équipe et Spécialiste en Nutrition, BM). La série es été préparées par une équipe dirigée par Andrea L. Spray (Consul- tante), Janice Meerman (Consultante), et Aline Deffry (Consultante). Aaron Buchsbaum (BM) a soutenu la publication et la diffusion, avec Laura Figazzolo (Consultante). Les informations concernant le support financier pour la série sont fournies à la fin du rapport. A propos de la série L e gouvernement du Sénégal, à travers la Cellule de Lutte contre la Malnutrition (CLM) pla- cée sous la tutelle du cabinet du Premier Ministre, se lance dans le développement d’un nouveau Plan Stratégique Multisectoriel de Nutrition (PSMN) qui mettra l’accent sur deux grands domaines : 1) étendre et améliorer les services de nutrition et 2) un train de réformes pour ce secteur. Les réformes concerneront une réorientation de la politique, la gouvernance et le financement du PSMN. Le PSMN traitera du cadre et de l’échéancier pour le développement d’une stratégie financière pour la nutrition, qui nécessitera une analyse spécifique des dépenses du secteur et de la base financière, pour les relier à la couverture et à la qualité des services de nutrition. Le Sénégal est réputé pour avoir l’un des systèmes de prestation de services de nutrition les plus efficaces et les plus ambitieux en Afrique. La malnutrition chronique a chuté à moins de 20%, un des taux les plus bas en Afrique continentale Sub-Saharienne. L’engagement du Gouvernement au programme de nutrition a augmenté de 0,3 million de dollars américain en 2002 à 5,7 million de dollars américain en 2015, ce qui s’est traduit par une augmentation dans la part du budget national de 0,02% à 0,12%. Cependant, ces améliorations n’ont pas entraîné une plus grande vi- sibilité des interventions affectant la nutrition dans les secteurs importants que sont l’agriculture, l’éducation, l’assainissement, la protection sociale et la santé. L’absence de telles interventions dans ces secteurs combinée à une récente série de perturbations extérieures, a favorisé la frag- mentation continue des approches, discours et interventions qui touchent la nutrition. De plus, il n’existe pas de cadre général permettant une prise de décision sur les investissements en ma- tière de nutrition, ce qui hypothèque les résultats atteint jusqu’à maintenant. Pendant ce temps, les indicateurs sur la nutrition stagnent et d’autres problèmes ayant des implications sérieuses (faible poids à la naissance, déficience en fer, anémie, dénutrition maternelle et malnutrition ai- guë) ont reçu peu ou pas d’attention. Une analyse de l’efficacité des politiques en matière de nutrition peut contribuer à révéler l’im- portance de ces problèmes, y compris la résilience des ménages et des communautés face aux chocs liés à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et à orienter les priorités dans ce domaine. Cette série d’analyses et de recommandations, conjointement intitulées Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal (« la série »), vise à permettre au gouvernement du Sénégal d’assurer un leadership stratégique dans le domaine de la nutrition. Par ailleurs, cette série justifie la pertinence de réaliser des inves- tissements en matière de nutrition (Le Bienfondé d’Investir dans la Nutrition au Sénégal) en se fondant sur : 1) la rationalisation de l’usage de ressources pour les interventions rentables ; 2) la mobilisation des acteurs et des ressources ; 3) le renforcement de la visibilité des interventions de nutrition dans divers secteurs ; 4) la synergie des interventions et des investissements. Cette série a été réalisée sous la supervision d’un groupe de travail constitué de partenaires du développement coordonnés par la Banque mondiale (BM), en étroite collaboration avec la CLM. Le groupe de travail est composé de représentants des organisations suivantes : Gouvernement du Canada, REACH, UNICEF et la Banque mondiale. Documents de la série : Rapport Description État de la nutrition au Sénégal Une analyse de la situation nutritionnelle des groupes Marc Nene démographiques clés au Sénégal, et notamment les inégalités géographiques et sociodémographiques des chiffres de la nutrition et leurs déterminants. Évolution de la Politique de Une analyse chronologique du paysage politique de nutrition au Nutrition au Sénégal Sénégal, y compris l’évolution des politiques de nutrition et des Andrea L. Spray institutions concernées, ainsi que leurs implications respectives pour la planification et la priorisation des interventions. Économie Politique de la Une analyse de la politique et des leviers politiques qui Politique de la Nutrition au peuvent être actionnés au Sénégal pour favoriser le leadership Sénégal du gouvernement et galvaniser la nécessaire coordination Ashley M. Fox intersectorielle pour que la nutrition soit intégrée aux politiques et programmes gouvernementaux, et pour garantir de façon durable des interventions efficaces et efficientes sur le plan de la nutrition. Financement de la Nutrition au Une analyse des ressources alloués aux interventions de nutrition Sénégal au Sénégal entre 2016 et 2019, une estimation des budgets Marie-Jeanne Offosse N. mobilisables par le gouvernement pour financer la nutrition, et une évaluation des coûts d’interventions sélectionnées à fort impact. Étude sur les Capacités dans Une analyse des capacités organisationnelles et institutionnelles le Secteur de la Nutrition au pour la résolution des questions de nutrition au Sénégal, Sénégal comprenant la CLM, les ministères clés et les autres acteurs qui Gabriel Deussom N., Victoria concourent à l’amélioration des performances nutritionnelles au Wise, Marie Solange Ndione, niveaux central, régional et local. Aida Gadiaga Coût et Bénéfices de la Mise à Analyse comparative des coûts et de l’efficacité de scenarios l’Échelle des Interventions de alternatifs pour la mise à l’échelle des interventions de nutrition au Nutrition au Sénégal Sénégal sur les cinq ans du PSMN. Christian Yao Les Risques Associés à la Mise Analyse des risques potentiels liés au renforcement de la nutrition à l’Échelle des Performances au Sénégal, probabilité de survenance, impact potentiel et Nutritionnelles au Sénégal atténuation potentielle des mesures. Babacar Ba Une Décennie de Soutien Le rapport d’évaluation de la performance du Groupe d’évaluation de la Banque Mondiale au indépendante de la Banque mondiale évalue dans quelle mesure Programme de Nutrition du les opérations de la Banque mondiale soutenant la nutrition au Sénégal Sénégal de 2002 à 2014 ont atteint les résultats escomptés et en Denise Vaillancourt tire des enseignements pour orienter les investissements futurs. Acronyms Acronyme Français Acronym English ADEPME Agence de Développement et ADEPME Agency for the Development d’Encadrement des Petites et and Guidance of Small and Moyennes Entreprises Medium-Sized Enterprises ANIDA Agence Nationale d’Insertion et ANIDA National Agency for de Développement Agricole Integration and Agricultural Development ANPECTP Agence Nationale de la Petite ANPECTP National Agency of Early Enfance et de la Case des Childhood Development and Tout-Petits Reception Center APD Aide publique au développement ODA Official Development Assistance APIX Agence nationale chargée de la APIX National Agency for Promotion des Investissements Investment Promotion and et des Grands Travaux Major Projects BACDI Bureau d’appui à section BACDI Program Support Unit to the coopération de l’Ambassade du Development Program of Canada au Sénégal the Embassy of Canada to Senegal BEN Bureau Exécutif National BEN National Executive Bureau CLM Cellule de Lutte contre la CLM Nutrition Coordination Unit Malnutrition CNSA Conseil National de la Sécurité CNSA National Food Security Alimentaire Council CL Collectivités locales CL Local government collectives DPPD Document de Programmation DPPD Multiannual Expenditure Pluriannuelle des Dépenses Planning Document FAO Organisation des Nations FAO United Nations Food and Unies pour l’Alimentation et Agriculture Organization l’Agriculture ISO Organisation internationale de ISO International Organization for normalisation Standardization MAER Ministère de l’Agriculture et de MAER Ministry of Agriculture and l’Équipement Rural Rural Equipment MEFP Ministère de l’Économie, des MEFP Ministry of Finance, the Finances et du Plan Economy and Planning MEPA Ministère de l’Élevage et des MEPA Ministry of Livestock and Productions Animales Animal Husbandry Acronyme Français Acronym English MFFE Ministère De La Femme, de La MFFE Ministry of Women’s Famille et de L’Enfance Empowerment, Family, and Child Development MSAS Ministère de la Santé et de MSAS Ministry of Health and Social l’Action Sociale Affairs OCDE Organisation de Coopération OECD Organization for Economic et de Développement Cooperation and Économiques Development ODD Objectifs de Développement SDG Sustainable Development Durable Goals OMD Objectifs du Millénaire pour le MDG Millennium Development Développement Goals OMS Organisation Mondiale de la WHO World Health Organization Santé PAM Programme Alimentaire Mondial WFP World Food Programme PAS Plan d’Actions Sectoriel SAP Sectoral Action Plan PNDN Politique Nationale de PNDN National Policy for the Developpement de la Nutrition Development of Nutrition PRN Programme de Renforcement PRN Nutrition Enhancement de la Nutrition Program PSE Plan Sénégal Émergent PSE Emerging Senegal Plan PSMN Plan Stratégique Multisectoriel PSMN Multisectoral Strategic de la Nutrition Nutrition Plan PTF Partenaire Technique et TFP Technical and Financial Financier Partner REACH Efforts renouvelés contre la faim REACH Renewed Efforts Against et la sous-alimentation Child Hunger and undernutrition SIGIF Système Intégré de Gestion de IFIS Integrated Financial l’Information Financière Information System SUN Mouvement pour le SUN Scaling Up Nutrition Renforcement de la Nutrition Movement SYSCOA Système Comptable SYSCOA West African Accounting Ouest-Africain System UEMOA Union Économique et Monétaire UEMOA West African Economic and Ouest-Africaine Monetary Union UNICEF Fonds des Nations Unies pour UNICEF United Nations Children’s l’Enfance Fund USAID Agence des États-Unis pour le USAID United States Agency for Développement International International Development Sauf indication contraire, les indicateurs de nutrition de l’enfant mentionnés dans le présent rapport proviennent des estimations conjointes de la malnutrition infantile UNICEF-OMS-Banque mondiale1. Table des matières Remerciements iii Résumé exécutif 1 Introduction 7 Contexte de la mise en œuvre du PSMN 11 Cartographie des risques et principes d’évaluation 15 Evaluation des risques 19 Synthèse et classification des risques 39 Le dispositif de gestion des risques 41 Conclusions 43 Annexe A : Synthèse des recommandations pour la mitigation des risques 45 Annexe B : Liste des personnes rencontrées 55 Notes de fin de rapport 57 Références 59 List of Encartes Encarte 1 : Les objectifs du PSMN 13 List of Figures Figure 1 : Cartographie des risques 16 List of Tableaus Tableau 1 :  Budget de la nutrition par secteur pour la période 2017–2021 (en millions de dollars US) 13 Tableau 2 : Echelle de criticité des risques 17 Tableau 3 : Échelle de faisabilité en matière d’atténuation des risques 17 Tableau 4 : Synthèse des évaluations des risques 40 Tableau A.1 : Les risques d’ordre institutionnels 46 Tableau A.2 : Les risques liés à la mobilisation des ressources financières 47 Tableau A.3 : Les risques liés à la mobilisation des ressources humaines 48 Tableau A.4 : Les risques liés à la mobilisation des autres ressources 49 Tableau A.5 : Les risques organisationnels et opérationnels 50 Tableau A.6 : Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au contrôle 52 Tableau A.7 : Les risques liés à la communication et à la gestion du changement 53 Tableau A.8 : Les risques stratégique qui accompagnera l’exécution du PSMN 54 Photo: Adama Cissé/CLM Résumé exécutif L e Gouvernement du Sénégal, à travers la Cellule réalisation et les impacts qu’ils peuvent avoir sur la de Lutte contre la Malnutrition (CLM) (l’unité de capacité du Sénégal à atteindre les objectifs straté- coordination des politiques de nutrition au sein giques de nutrition, d’autre part, de définir des mesures de la Primature) se lance dans le Politique National d’atténuation des conséquences de ces risques sur la de Développement de la Nutrition (PNDN)2 en 2015 et réalisation des ambitions de la nouvelle stratégie. entame la mise en place d’un Plan Stratégique Mul- tisectoriel de la Nutrition (PSMN). Dans ce contexte, l’analyse des risques est importante pour assurer L’approche méthodologique l’exécution de la nouvelle stratégie de la nutrition dans le respect des principes d’efficacité et d’efficience mis L’analyse des risques s’est appuyée sur les rapports en avant. Cette démarche est également utile pour as- de la série, Analyse et Perspective : 15 Années d›Ex- surer une communication transparente et précise avec périence dans le Développement de la Politique de les acteurs, définir les responsabilités, promouvoir Nutrition au Sénégal, sur le PSMN et sur une documen- une attitude proactive dans la gestion des priorités, et tation importante relative à la planification stratégique faciliter les arbitrages sur les ressources. La Banque du Sénégal, l’évolution des procédures des finances mondiale appuie le gouvernement du Sénégal dans publiques, les organisations institutionnelles et les l’analyse des risques de la mise en œuvre du PSMN réformes administratives. Les expériences des organi- pour favoriser cette démarche d’anticipation et amélio- sations internationales dans le domaine des politiques rer les conditions de réussite du PSMN. de nutrition ainsi que celles d’autres pays ayant adop- té des stratégies de nutrition multisectorielles ont également été exploitées. L’objectif La méthodologie mise en œuvre pour l’analyse et Les objectifs de cette évaluation sont, d’une part, d’iden- la gestion des risques est inspirée de la norme ISO tifier les risques potentiels dans le cadre de l’exécution 31000 :2009 de l’Organisation internationale de nor- du PSMN selon leurs catégories, leurs probabilités de malisation (ISO) (ISO 2009a). Le risque pour une Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 1 organisation y est défini comme «  l’effet de l’incerti- sur la confiance et les engagements des respon- tude sur l’atteinte des objectifs ». sables politiques, des acteurs et des partenaires. La nouvelle phase de planification avec la mise en En plus des analyses et recommandations issues des œuvre du PSMN doit relever le défi d’une consoli- rapports de la série Analyse et Perspective : 15 Années dation des acquis et d’un retour vers l’amélioration d›Expérience dans le Développement de la Politique de sensible de l’état nutritionnel des populations. Nutrition au Sénégal, les trois sources suivantes ont été ®® Une approche multisectorielle intégrée de la nu- utilisées pour la collecte d’informations dans le cadre de trition engendre des défis de gouvernance : La l’évaluation des risques : (1) Les entretiens directs, (2) le mise en œuvre effective du PSMN pose un grand questionnaire d’enquête pour les ministères sectoriels, défi de la réussite de l’intégration dans tous les et (3) le benchmarking à partir de plusieurs sources. secteurs concernés de la politique de nutrition et de l’accroissement de la couverture territoriale. Elle implique un renforcement de l’organisation et des Le contexte de la mise en œuvre du PSMN ressources des ministères et une consolidation du cadre institutionnel de coordination avec une au- Les facteurs suivants sont des aspects essentiels du torité suffisante pour coordonner les actions aux contexte de mise en œuvre du PSMN. niveaux sectoriel et territorial. ®® Des besoins de ressources pour la nutrition en ®® Un engagement international renforcé en faveur forte croissance : les besoins budgétaires pour de la nutrition : Le contexte international est très la mise en œuvre du PSMN augmenteront consi- favorable aux politiques de nutrition. Plusieurs initia- dérablement entre 2017 et 2021, reflétant non tives lancées témoignent d’une sensibilité forte des seulement une intégration accrue de la nutrition acteurs au niveau international sur les problèmes dans les secteurs concernés, mais aussi une mise de nutrition et d’opportunités de partenariats pour à l’échelle nationale pour atteindre l’objectif de cou- accompagner la mise en œuvre du PSMN. verture de 80% de la population. Parallèlement aux ®® Une politique globale d’aide au développement besoins financiers, la mise en œuvre effective du qui stagne : Même si les politiques de nutrition bé- PSMN exigera une meilleure disponibilité de res- néficient d’une grande attention et d’un appui au sources humaines spécialisées dans les métiers de niveau international, la contrainte de financement la nutrition. Les capacités et moyens de formation devrait rester forte. Les tendances sur les montants devront s’adapter pour fournir le personnel néces- de l’aide publique au développement (APD) sou- saire à l’ensemble des activités de nutrition, des lignent une croissance régulière à un taux moyen qualifications supérieures les plus spécialisées aux de 4,2% depuis 1997 mais une stabilisation de personnels d’appui en passant par les techniciens. l’aide en proportion des revenus bruts nationaux. ®® Des réformes publiques qui impactent la gouver- Dans le cadre d’une progression modérée de l’aide nance : Le Sénégal a été le premier pays de l’Union globale, l’arbitrage en faveur de la nutrition dans Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) les priorités de développement reste un enjeu im- à transposer les directives de 2009 relatives au portant pour la réussite de la mise à l’échelle. nouveau cadre harmonisé des finances publiques. ®® Un leadership du Sénégal sur la nutrition qui L’objectif de ces réformes est l’amélioration de l’effi- reste à consolider : Le Sénégal bénéficie d’acquis cacité de la dépense publique. À leur terme, la CLM importants en matière de politique de nutrition mais, et les ministères disposeront d’un cadre de pro- en dépit des avancées, plusieurs problématiques de grammation pluriannuelle de leurs dépenses, d’une malnutrition se posent encore avec acuité. La per- meilleure visibilité sur les actions budgétisées et sistance d’une telle situation remettrait en question d’un système d’information facilitant leur coordina- l’efficacité du modèle sénégalais et risque de peser tion, le contrôle et le suivi comptable des activités. 2 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal Cartographie des risques et principes d’échec du PSMN ; leur prise en charge est es- d’évaluation sentielle avec des mesures d’atténuation suffisante pour assurer un contrôle raisonnable ; La classification des risques et les analyses détaillées ®® Les risques élevés pouvant influer sensiblement sont présentées en distinguant les sources suivantes : sur les résultats du PSMN ; ils requièrent un suivi et des mesures d’atténuation fortes pour améliorer les ®® Les risques d’ordre institutionnels (tableau A.1), conditions de mise en œuvre du plan et les pers- ®® Les risques liés à la mobilisation des ressources pectives de réalisation des objectifs ; financières (tableau A.2), ®® Les risques modérés qui supposent un suivi et ®® Les risques liés à la mobilisation des ressources des mesures d’amélioration à la marge des condi- humaines (tableau A.3), tions de réalisation du PSMN ; ®® Les risques liés à la mobilisation des autres res- ®® Les risques faibles dont les impacts plus limités sources (tableau A.4), sur les conditions de mise en œuvre du PSMN ®® Les risques organisationnels et opérationnels (ta- peuvent être tolérés. bleau A.5), ®® Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au contrôle (tableau A.6), La gestion des risques ®® Les risques liés à la communication globale et à la gestion du changement (tableau A.7) Les actions pour la mitigation des risques comprennent : ®® Les risques exceptionnels (tableau A.8). ®® Les éviter en éliminant les activités à la source du L’évaluation d’un risque particulier est faite selon son risque identifié (cette option est d’emblée écartée, niveau de criticité (Cri) qui est une combinaison de deux la mise en œuvre du PSMN étant considérée dans facteurs (évalués sur une échelle de 1 à 3 chacun) : son intégralité) ; ®® Les réduire par des mesures d’atténuation de la ®® Le degré d’exposition du PSMN à ce risque (Exp) : probabilité et/ou de l’impact du risque ; quelle est la probabilité d’occurrence de ce risque ®® Les partager en les transférant en partie ou en to- dans la phase de mise en œuvre du PSMN ? talité à des tiers (cogestion, assurance) ®® L’impact de ce risque (Imp) : quel serait le niveau ®® Les conserver, notamment lorsque les impacts de gravité des impacts lorsque le risque apparaît ? sont limités ou que le coût de gestion est important par rapport aux gains attendus. Le niveau de criticité est évalué sur une échelle de 1 à 9 par la formule : Le choix final des mesures de mitigation des risques dépendra de plusieurs facteurs dont le niveau initial Cri = Exp × Imp de criticité du risque, et la faisabilité et l’efficacité de la mesure de mitigation recommandées. La faisabilité est évaluée sur une échelle de trois niveaux en fonc- Synthèse et classification des risques tion de leur complexité et des contraintes politiques, légales, financières, administratives qu’elles peuvent L’analyse des différentes sources de risques aboutit à rencontrer dans leur mise en œuvre, le niveau 1 étant un classement en quatre catégories selon leur niveau le plus difficile à mettre en œuvre et le niveau 3, le de criticité : plus facile. ®® Les risques très élevés dont la probabilité et les Les Tableaux A.1 à A.8 présentent les risques identi- impacts attendus en font des causes potentielles fiés par catégorie et leur risque d’exposition et d’impact Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 3 évalué, la criticité initiale, les mesures d’atténuation Les risques liés à la mobilisation des recommandées et leur faisabilité estimée ainsi que le ressources financières (tableau A.2) : risque d’exposition et d’impact qui en résulte (si des mesures d’atténuation recommandées sont prises) et ®® Renforcer les lignes budgétaires pour la nutrition la criticité résiduelle. au niveau de la CLM et des ministères ; ®® Etudier la faisabilité de la mise en place d’un fonds de financement de la nutrition basé sur des taxes Le dispositif de gestion des risques sur des produits néfastes pour la santé ®® Organiser une Table Ronde des Bailleurs pour fa- La gestion des risques requiert une organisation et un voriser une mobilisation maximale et optimale des système de gouvernance permettant un suivi régulier et financements pour la nutrition ; rigoureux dans le temps pour assurer que les facteurs ®® Introduire des conditionnalités relatives à la nutri- de risques sont contrôlés et que le dispositif de suivi ré- tion dans les appuis budgétaires ; pond de manière satisfaisante aux objectifs de maitrise ®® Promouvoir une participation plus active des popu- des risques. Les actions suivantes sont recommandées : lations locales, des associations et de la diaspora dans la définition des actions prioritaires, leur finan- ®® Désigner au niveau de la CLM un responsable de cement et leur mise en œuvre ; la fonction « Risk Management » ; ®® Faire un plaidoyer en direction des industriels et ®® Favoriser le développement d’une culture Risque structures de transformation agroalimentaires et au sein des acteurs du PSMN ; des producteurs pour le renforcement de la dis- ®® Mettre en place un dispositif de gouvernance des ponibilité des aliments sains et à haute valeur risques. nutritive ; ®® Faire un plaidoyer pour le développement d’actions de Responsabilité Sociale des Entreprises en fa- Conclusion veur des projets de nutrition ; ®® Promouvoir en partenariat avec les structures L’analyse des risques aboutit à plusieurs mesures de d’appui au secteur privé (Agence nationale char- mitigation recommandées dont les suivantes sont à gée de la Promotion des Investissements et des titre prioritaire : Grands Travaux (APIX), Agence de Développe- ment et d’Encadrement des Petites et Moyennes Les risques d’ordre institutionnels Entreprises (ADEPME), Agence Nationale d’In- (tableau A.1) : sertion et de Développement Agricole (ANIDA)...) les opportunités d’investissements dans les fi- ®® Faire un plaidoyer pour assurer un engagement po- lières de production d’aliments sains et à haute litique fort en faveur du PSMN et impliquer au plus valeur nutritive et les projets de Partenariat haut niveau les autorités dans la mise en œuvre Public-Privé ; du plan ; ®® Renforcer l’organisation et le leadership de la CLM Les risques liés à la mobilisation des afin qu’elle puisse accomplir sa mission de façon ressources humaines (tableau A.3) : optimale ; ®® Mettre sur pied un cadre commun de résultats et ®® Faire des investissements stratégiques dans la for- un système de gestion de l’information et de la mation et la recherche ; connaissance ; 4 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal Les risques organisationnels et Les risques liés à la communication et à la opérationnels (tableau A.5) : gestion du changement (tableau A.7) : ®® Renforcer la coordination multisectorielle aux ni- ®® Elaborer et mettre en œuvre un plan de commu- veaux régional et local ; nication et de plaidoyer du secteur de la nutrition ; Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au Les risques stratégique qui accompagnera contrôle (tableau A.6) : l’exécution du PSMN (tableau A.8) : ®® Elaborer et déployer un plan global de ®® Coordonner la gestion des risques exceptionnels suivi-évaluation ; avec les organismes de sécurité alimentaire. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 5 1 Introduction Le contexte faible poids à la naissance, carence en fer, sous-nu- trition maternelle et malnutrition aiguë) ont très peu Le Gouvernement du Sénégal, à travers la CLM a lan- sinon pas attiré l’attention des autorités. Un examen cé le PNDN en 2015 et entreprend l’élaboration d’un de l’efficacité des politiques devrait faire ressortir l’im- nouveau PSMN. Le Sénégal est réputé pour avoir l’un portance de ces questions, notamment la résilience des systèmes de prestations de services nutritionnels des ménages et des communautés aux chocs liés à les plus efficaces et les plus étendus d’Afrique. La mal- l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, en tant que nutrition chronique a chuté de 34.4% en 1991–92 à nouvelle priorité dans l’élaboration des politiques nu- moins de 20% en 2012–13  ; ce niveau est parmi les tritionnelles. Cette série de travaux analytiques et de plus bas en Afrique subsaharienne continentale.  Pour- conseil, intitulés Analyse et Perspective : 15 Années tant, ces progrès n’ont pas permis de mieux cerner les d’Expérience dans le Développement de la Politique interventions sensibles à la nutrition dans les secteurs de Nutrition au Sénégal (la série) a été lancée afin pertinents comme l’agriculture, l’éducation, l’eau et d’appuyer le gouvernement du Sénégal pour éta- l’assainissement, la protection sociale et la santé. De blir des politiques et un leadership stratégique plus, l’absence d’interventions sensibles à la nutrition dans le domaine de la nutrition. En outre, cette dans les secteurs concernés, conjuguée à la récente série démontrera le bienfondé d’investir dans la nu- série de chocs externes (crises économiques, prix des trition au Sénégal (Ruel-Bergeron 2018)] qui vise à : denrées alimentaires, pluviométrie irrégulière…), a (1) rationaliser l’utilisation des ressources pour des in- favorisé la fragmentation continue des approches nu- terventions efficientes; (2) mobiliser les acteurs et plus tritionnelles, dans les discours et les interventions. En de moyens; (3) renforcer la visibilité des interventions conséquence, la nutrition manque d’un cadre global nutritionnelles dans différents secteurs et (4) favoriser pour la prise de décisions en matière d’investissement. la synergie des interventions et des investissements.  De plus, les indicateurs nutritionnels stagnent sur Dans ce contexte, l’analyse des risques est importante la période récente, tandis que plusieurs autres pro- pour assurer l’exécution du PSMN dans le respect des blèmes ayant des implications majeures (par exemple, principes d’efficacité et d’efficience mis en avant. Cette Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 7 démarche est également utile pour assurer une com- le domaine des politiques de nutrition ainsi que celles munication transparente et précise avec les acteurs, d’autres pays ayant adopté des stratégies de nutrition définir les responsabilités, promouvoir une attitude multisectorielles ont également été exploitées. proactive dans la gestion des priorités, et faciliter les arbitrages sur les ressources. La Banque mondiale ap- La référence : puie le gouvernement du Sénégal dans l’analyse des risques de la mise en œuvre du PSMN pour favoriser La méthodologie mise en œuvre pour l’analyse et la cette démarche d’anticipation et améliorer les condi- gestion des risques est inspirée de la norme ISO tions de réussite de la stratégie de nutrition. 31000 :2009 de l’Organisation internationale de norma- lisation (ISO 2009). Le risque pour une organisation y est défini comme «  l’effet de l’incertitude sur l’atteinte L’objectif des objectifs ». Tel qu’énoncé, le risque est apprécié de manière symétrique en tenant compte des écarts Les objectifs de cette évaluation sont, d’une part, négatifs (retrait par rapport aux objectifs) ou positifs d’identifier les risques potentiels dans le cadre de (opportunité de dépasser les objectifs). Bien que l’es- l’exécution du PSMN selon leurs catégories, leurs pro- sentiel des analyses conduisent à une évaluation des babilités de réalisation et les impacts qu’ils peuvent risques sous la forme négative, les pertes d’opportuni- avoir sur la capacité du Sénégal à atteindre les ob- tés seront également prises en compte dans ce rapport. jectifs stratégiques de nutrition, d’autre part, de définir des mesures d’atténuation des conséquences de ces Comme décrit dans le processus de gestion des risques sur la réalisation des ambitions de la nouvelle risques recommandé par la norme ISO 3100 (ISO stratégie. 2009), la première étape consiste à analyser le contexte dans lequel le PSMN sera mis en œuvre Les objectifs spécifiques sont de :   pour identifier les facteurs les plus pertinents pouvant conditionner son succès. L’établissement du contexte ®® Procéder à l’identification et la cartographie des permettra de mieux apprécier les opportunités ou risques notamment institutionnels, organisation- menaces dans l’environnement des acteurs du plan nels, financiers, opérationnels … ; ainsi que leurs forces et contraintes à court et moyen ®® Analyser les potentiels impacts dans la mise en terme  ; ces données seront utiles pour identifier les œuvre du PSMN ; types de risques et fournir des éléments d’évaluation ®® Hiérarchiser les risques identifiés ; de leur importance. ®® Recommander des stratégies de mitigation, de re- vue et de suivi des risques. La seconde étape d’appréciation des risques com- porte les trois activités suivantes : L’approche méthodologique ®® Une identification des différentes catégories de risques en élaborant une cartographie la plus com- La revue documentaire : plète possible et une définition précise de chaque risque ; L’analyse des risques s’est appuyée sur la série ; sur le ®® Une analyse de chaque risque pour en apprécier PSMN ; et sur une documentation importante relative à sa probabilité ou vraisemblance et l’importance de la planification stratégique du Sénégal, l’évolution des ses impacts potentiels et procédures des finances publiques, les organisations ®® Une évaluation globale des risques permettant institutionnelles et les réformes administratives ; les de les hiérarchiser et définir les modalités de leur expériences des organisations internationales dans traitement. 8 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal La troisième étape concerne le traitement des risques (MEFP), Ministère de l’ Élevage et des Produc- par la définition des mesures permettant de mieux tions Animales (MEPA), Efforts renouvelés contre contrôler leurs effets. la faim et la sous-alimentation (REACH), Minis- tère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance Cette démarche suppose une communication et une (MFFE), Agence Nationale de la Petite Enfance et concertation continues avec les parties prenantes pour de la Case des Tout-Petits (ANPECTP), Agence recueillir les informations et avis nécessaires aux éva- des États-Unis pour le Développement Internatio- luations et les impliquer dans la gestion des risques. nal (USAID)-Yaajeende) ; Elle exige aussi une organisation pour une surveillance ®® Un questionnaire d’enquête pour les ministères régulière des risques et une meilleure réactivité face sectoriels impliqués dans l’élaboration du PSMN et aux évolutions du contexte et des sources de risques. ®® Le benchmarking à partir de plusieurs sources (Rapports … (SUN)  ; Plans nationaux de nutri- La collecte d’informations : tion Côte d’ivoire, Rwanda, Madagascar, …  ; Modèles institutionnels et organisationnels de pro- En plus des analyses et recommandations issues de grammes comparables au Sénégal  ; Modèles de la Série d’études, les trois sources suivantes ont été financement). utilisées pour la collecte d’informations : Les limites méthodologiques : ®® Les entretiens directs avec les représentants du CLM, Bureau Exécutif National (BEN), Bureau L’analyse des risques est un processus itératif qui mé- d’appui à la section coopération de l’Ambassade riterait une revue d’ensemble, en commun avec les du Canada au Sénégal (BACDI), Ministère de la différentes parties prenantes afin de partager la même Santé et de l’Action Sociale (MSAS), Ministère de compréhension des principes et évaluations. Le ca- l’Agriculture et de l’ Équipement Rural (MAER), ractère nouveau de la démarche dans la planification Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan stratégique en justifie aussi l’opportunité. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 9 2 Contexte de la mise en œuvre du PSMN S pray (2018), trace l’évolution à travers plusieurs ment le deuxième ODD : « éliminer la faim, assurer la générations et pour chacune, six facteurs de sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promou- réussite : liés à la promotion de la nutrition, voir une agriculture durable », consacrent, à la suite à son ancrage institutionnel, à la coordination, à la des Objectifs du Millénaire pour le Développement collaboration multisectorielle, à l’appropriation au ni- (OMD), une ferme volonté de lutter contre la malnu- veau communautaire, aux services et plateformes de trition. Les Nations Unies ont proclamé en avril 2016 prestation intégrés et à l’engagement des partenaires. la période 2016–2025 Décennie d’actions pour la Ces mêmes facteurs, dans leur majorité ou leur inté- nutrition. L’initiative REACH du système des Nations gralité, devraient continuer à influer sur les conditions Unies et le mouvement mondial SUN ont contribué à de mise en œuvre du PSMN. Leurs évolutions seront renforcer les capacités des parties prenantes de la nu- déterminantes dans l’analyse des risques autant pour trition et de promouvoir une démarche multisectorielle l’identification des principales sources de risques que en vue de porter à un niveau supérieur les politiques pour l’appréciation de leurs impacts. de nutrition. En Octobre 2016, la Banque mondiale et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) ont lancé l’initiative « Investing in the Early Years » Un engagement international renforcé en (« Investir dans la Petite Enfance ») mettant l’accent faveur de la nutrition sur une meilleure prise en charge de la nutrition des enfants de la conception à l’âge de deux ans, soit les Le contexte international est très favorable aux poli- mille (1000) premiers jours qui sont critiques pour une tiques de nutrition. Consciente des dommages sociaux vie en bonne santé. Plusieurs autres initiatives lan- et économiques considérables que la malnutrition en- cées témoignent d’une sensibilité forte des acteurs au gendre, la communauté internationale a érigé cette niveau international sur les problèmes de nutrition et question comme une priorité de développement. Les d’opportunités de partenariats pour accompagner la Objectifs de Développement Durable (ODD), notam- mise en œuvre du PSMN. Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 11 Une politique globale d’aide au trition soulignent également des risques de régression développement qui stagne sur les performances de la politique de nutrition dans plusieurs domaines. La persistance d’une telle situation Même si les politiques de nutrition bénéficient d’une remettrait en question l’efficacité du modèle sénégalais grande attention et d’un appui au niveau international, et risque de peser sur la confiance et les engagements la contrainte de financement devrait rester forte, en des responsables politiques, des acteurs et des parte- particulier dans une phase de mise à échelle et d’ac- naires. La nouvelle phase de planification avec la mise croissement des besoins financiers. Les tendances sur en œuvre du PSMN doit relever le défi d’une conso- les montants de APD soulignent une croissance régu- lidation des acquis et d’un retour vers l’amélioration lière3 à un taux moyen de 4,2% depuis 1997 mais une sensible de l’état nutritionnel des populations. stabilisation de l’aide en proportion des revenus bruts nationaux ; ce ratio qui a connu une baisse du début des années 60 à 2001 avec un minimum à 0,21% est resté Une approche multisectorielle et intégrée stable autour de 0,3% sur la décennie 2005–2015. Le de la nutrition qui se généralise avec des contexte marqué par les crises économiques et finan- implications fortes sur la gouvernance cières des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et l’atonie de la Les politiques de nutrition ont évolué dans le monde croissance justifie la faible marge de progression de passant d’une gestion centrée principalement sur la l’aide sur cette période mais, à moyen terme, peu de si- santé vers une démarche multisectorielle et intégrée, gnaux laissent anticiper une progression forte de APD. impliquant l’ensemble des secteurs et parties pre- Dans le cadre d’une progression modérée de l’aide nantes sensibles à la nutrition et prenant en compte globale, l’arbitrage en faveur de la nutrition dans les les causes locales de malnutrition (Spray 2018). L’ap- priorités de développement reste un enjeu important proche multisectorielle dans les politiques de nutrition pour la réussite de la mise à l’échelle et nécessitera un a été institutionnalisée avec la création de la CLM, engagement fort des autorités. chargée par décret d’application de « mettre en place un cadre de concertation entre les ministères et entités en charge des politiques de nutrition notamment les Un leadership du Sénégal sur la nutrition qui ONG et les organismes communautaires de base » et reste à consolider « développer une bonne synergie avec les autres pro- grammes de lutte contre la pauvreté en général ». Le Le Sénégal bénéficie d’acquis importants en matière PSMN qui s’inscrit dans le contexte d’opérationnalisa- de politique de nutrition avec des performances qui tion et de mise en œuvre de la PNDN a été élaborée sur le classent parmi les pays ayant les plus bas niveaux cette base multisectorielle avec l’engagement et l’impli- de prévalence de la malnutrition chronique en Afrique cation de toutes les parties prenantes comprenant les subsaharienne. Mais en dépit des avancées, plusieurs ministères sectoriels, la société civile, le secteur privé, problématiques de malnutrition se posent encore avec les collectivités locales (CL)4 et les partenaires tech- acuité. Des disparités importantes subsistent entre les niques et financiers (PTF). Des objectifs ambitieux de régions et malgré la baisse au cours des dix dernières résorption de la malnutrition ont été définis (encarte 1) années, la prévalence de l’anémie reste supérieure au et des plans d’actions sectoriels (PAS) ont été élaborés seuil critique défini par l’Organisation Mondiale de la dans cette perspective avec des budgets d’investisse- Santé (OMS) (Nene 2018). La fracture Nord-Sud en ce ment en forte évolution par rapport aux programmes qui concerne la prévalence du retard de croissance a réalisés jusqu’à présent dans la nutrition. persisté tout au long de la décennie écoulée et s’est même intensifiée au cours des dernières années (Nene La mise en œuvre effective du PSMN pose un grand 2018). Les données plus récentes sur l’état de la malnu- défi de la réussite de l’intégration dans tous les secteurs 12 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal ENCARTE 1 : Les objectifs du PSMN de coordination avec une autorité suffisante pour coor- donner les actions aux niveaux sectoriel et territorial. Les objectifs pris en compte sont les objectifs stratégiques de développement de la nutrition à Des besoins de ressources pour la nutrition en l’horizon 2025 tels que définis dans le PSMN : forte croissance • Réduire d’au moins 45% la prévalence du retard de croissance ; • Réduire de 30% la proportion d’enfants ayant Les dépenses totales pour la nutrition ont atteint un faible poids de naissance ; US$195 millions pendant la période 2012–2015, • Réduire à moins de 5% le taux de soit environ US$49 millions par an (Offosse 2018). malnutrition aigüe des enfants de 0 à 5 ans ; Plus de la moitié (58%) de ce financement provient • Porter à 50% au moins le taux de l’Allaitement Maternel Exclusif ; des secteurs sensibles nutrition (Offosse 2018). Afin • Réduire de 50% la prévalence de l’anémie de financer le PSMN de 2017 à 2021, les besoins chez les femmes en âge de procréer et les budgétaires en matière de nutrition accroitront consi- autres groupes vulnérables ; dérablement, reflétant l’élargissement de la portée des • Réduire d’au moins 40% la prévalence de la carence pour les autres micronutriments activités d’intégration de la nutrition dans les secteurs, (iode, zinc, vitamine A) ; ainsi que la mise à l’échelle nationale d’un ensemble • Réduire d’au moins 20% la prévalence de d’activités en matière de nutrition afin d’atteindre l’obésité chez les groupes vulnérables ; l’objectif de couverture de 80% de la population. Le • Promouvoir la formation, la recherche et tableau 1 représente les coûts estimés par chaque l’innovation en nutrition secteur lors des ateliers de planification pour leurs plans d’action respectifs pour la nutrition. Par ailleurs, parallèlement aux besoins financiers, la concernés de la politique de nutrition et de l’accrois- mise en œuvre effective du PSMN exigera une meil- sement de la couverture territoriale. Elle implique un leure disponibilité de ressources humaines spécialisées renforcement de l’organisation et des ressources des dans les métiers de la nutrition, dans les domaines ministères et une consolidation du cadre institutionnel spécifiques comme pour les activités pro-nutrition. Mal- TABLEAU 1 :  Budget de la nutrition par secteur pour la période 2017–2021 (en millions de dollars US) Secteur 2017 2018 2019 2020 2021 Coût par secteur Agriculture 1,4 2,3 4,5 5,3 4,2 17,6 Collectivités Locales 15,3 19,1 18,8 17,4 17,9 88,5 Commerce 0,1 0,1 0,09 0,09 0,09 0,5 Eau, Assainissement et Hygiène 23,0 8,4 5,8 0,7 0,8 38,7 Education 0,8 0,8 1,1 1,2 0,8 4,6 Elevage 1,4 4,1 1,8 1,8 1,9 11,0 Enseignement supérieur / Recherche 0,1 0,5 0,6 1,0 1,0 3,1 Environnement 0,5 0,5 0,6 0,6 0,6 2,8 Industrie 0,5 0,1 0,08 0,04 0,04 0,8 Pêche 0,1 0,3 0,2 0,2 0,01 0,8 Protection familiale et sociale 16,2 16,3 16,3 16,3 16,4 81,5 Santé 27,8 22,4 19,2 18,2 17,5 105,2 TOTAL 355,2 Source : Résultats des ateliers sectoriels, par CLM. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 13 gré l’existence de filières de formations supérieures, ®® L’introduction d’une approche pluriannuelle ma- il existe encore une pénurie de personnes qualifiées ; térialisée par les Documents de Programmation l’insuffisance des ressources humaines spécialisées Budgétaire et Économique Pluriannuel et les Do- en nutrition est un problème qui affecte l’ensemble des cuments de Programmation Pluriannuelle des secteurs aussi bien au niveau central que déconcentré. Dépenses (DPPD), Les capacités et moyens de formation devront s’adap- ®® Le renforcement du contrôle parlementaire, des ter pour fournir le personnel nécessaire à l’ensemble corps de contrôle et de la Cour des Comptes, des activités de nutrition, des qualifications supérieures ®® L’instauration de règles de gestion adaptées à la les plus spécialisées aux personnels d’appui en pas- méthode de gestion axée sur les résultats et sant par les techniciens (Deussom et al. 2018). ®® La délégation du pouvoir de régulation du ministre chargé des finances. Des réformes publiques qui impactent la Pour assurer la mise en œuvre réussie de ces gouvernance réformes, un Système Intégré de Gestion de l’Infor- mation Financière (SIGIF) sera mis en place. Le Sénégal a été le premier pays de l’UEMOA à trans- poser les directives de 2009 relatives au nouveau Au terme de la mise en œuvre effective des réformes cadre harmonisé des finances publiques. L’objectif de et du SIGIF, la CLM et les ministères disposeront ces réformes est l’amélioration de l’efficacité de la dé- d’un cadre de programmation pluriannuelle de leurs pense publique, notamment à travers : dépenses, d’une meilleure visibilité sur les actions budgétisées et d’un système d’information facilitant ®® L’élaboration d’un budget programme et la mesure leur coordination, le contrôle et le suivi comptable des de la performance de l’action publique ; activités. 14 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal 3 Cartographie des risques et principes d’évaluation La classification des risques (tableau A.7). Le processus exige aussi et surtout, un dispositif efficace de contrôle et de suivi-évaluation de La mise en œuvre du PSMN implique la gestion coor- l’exécution des activités, permettant de capitaliser sur donnée d’activités, de projets ou programmes dans les retours d’expérience (tableau A.6). Figure 1 retrace un cadre multisectoriel en vue d’atteindre les objectifs et éclaire le processus. stratégiques définis. La gestion des risques est une dimension importante à la réussite du processus de La classification des risques et les analyses détaillées la mise en œuvre. Elle s’y inscrit par une démarche sont présentées dans la figure 1 selon cette démarche proactive anticipant sur les contraintes d’exécution, en distinguant les parties suivantes : notamment par l’identification des situations et évè- nements de nature à affecter voire compromettre, la ®® Les risques d’ordre institutionnels (tableau A.1) réalisation des objectifs visés. ®® Les risques liés à la mobilisation des ressources financières (tableau A.2) Les sources de risque d’un tel PSMN s’insèrent sur ®® Les risques liés à la mobilisation des ressources l’ensemble d’un cycle commençant par les conditions humaines (tableau A.3) d’élaboration des stratégies de développement, la qua- ®® Les risques liés à la mobilisation des autres res- lité de la planification de leur mise en œuvre (tableau sources (tableau A.4) A.1), la mobilisation des ressources adéquates à leur ®® Les risques organisationnels et opérationnels (ta- mise en œuvre et les capacités associées à assurer bleau A.5) une bonne coordination des acteurs dans différents ®® Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au maillons de la chaine de valeur (tableaux A.2–A.5). Un contrôle (tableau A.6) tel processus, pour assurer les impacts attendus, se ®® Les risques liés à la communication et à la gestion doit également d’être accompagné en termes d’anima- du changement (tableau A.7) tion de la communication et de gestion du changement ®® Les risques exceptionnels (tableau A.8) Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 15 FIGURE 1 : Cartographie des risques • Cadre institutionnel • Organisation • Ressources • Environnement Planification Gestion de ressources Mise en œuvre & coordination Evaluation ex-post • Conception du plan • Budgétisation, • Mise en œuvre des PAS • Audit • Ancrage institutionnel Financement • Coordination inter-sectorielle • Retour d’expérience • Programmation • Mobilisation des • Coordination territoriale opérationelle des Ressources Humaines • Coordination avec le bailleurs projects et • Mobilisation des Autres programmes Ressources Suivi – Evaluation – Contrôle Communication et gestion du changement Source : Performances Group, 2017. Les principes d’évaluation des risques LE NIVEAU D’IMPACT LORSQUE LE RISQUE APPARAIT (IMP) : L’évaluation d’un risque particulier pour le PSMN est Evaluation faite selon son niveau de criticité (Cri) qui est une (note) Caractéristiques combinaison de deux facteurs : Fort (3) Entrainerait des délais ou problèmes significatifs dans l’atteinte d’une majorité des objectifs stratégiques du ®® Le degré d’exposition du PSMN à ce risque (Exp) : PSMN quelle est la probabilité d’occurrence de ce risque Moyen (2) Causerait des problèmes ou des délais modérés dans l’atteinte dans la phase de mise en œuvre du plan ? d’une part importante des objectifs ®® Les impacts de ce risque (Imp) : quel serait le ni- stratégiques du PSMN ou des problèmes plus significatifs dans un veau de gravité des impacts lorsque le risque nombre limité d’objectifs stratégiques apparaît ? du PSMN Faible (1) N’affecterait pas sensiblement l’atteinte des objectifs stratégiques du Le degré d’exposition du PSMN aux risques et les PSMN conséquences en cas d’occurrence sont évaluées se- lon les grilles d’analyse suivantes : Le choix d’une échelle à trois niveaux autant pour l’évaluation de l’exposition aux risques que de celle L’EXPOSITION AU RISQUE (EXP) : de l’impact des risques est justifié par l’absence de Evaluation (note) Caractéristiques bases de risques bien documentées pour des cas si- Forte (3) Forte probabilité milaires, le caractère très qualitatif des estimations et Moyenne (2) Probable le besoin de se focaliser sur les grandes classes de Faible (1) Peu probable risques. L’utilisation d’autres systèmes de classifica- 16 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal TABLEAU 2 : Echelle de criticité des risques Exposition Niveau de criticité Faible 1 Moyenne 2 Forte 3 Impact Fort 3 3 6 9 Moyen 2 2 4 6 Faible 1 1 2 3 tion à quatre ou cinq niveaux multiplierait les situations Les principes de gestion des risques de risques sans apporter plus de précision réelle dans les analyses et les conclusions qui en sont tirées. Les actions pour la mitigation des risques sont résu- mées par les quatre options suivantes : Le niveau de criticité est évalué sur une échelle de 1 à 9 par la formule suivante : ®® Les éviter en éliminant les activités à la source du risque identifié (cette option est d’emblée écartée, Cri = Exp x Imp la mise en œuvre du PSMN étant considérée dans son intégralité) ; L’analyse des différentes sources de risques aboutit à ®® Les réduire par des mesures d’atténuation de la un classement en quatre catégories selon leur niveau probabilité et/ou de l’impact du risque ; de criticité : ®® Les partager en les transférant en partie ou en to- talité à des tiers (cogestion, assurance) et ®® Les risques très élevés dont le niveau d’expo- ®® Les conserver, notamment lorsque les impacts sition et les impacts attendus en font des causes sont limités ou que le coût de gestion est important potentielles d’échec du PSMN (niveau de critici- par rapport aux gains attendus. té : 9, tableau 2 ; surligné en rouge) ; leur prise en charge est essentielle avec des mesures d’atténua- Le choix final des mesures de mitigation des tion suffisante pour assurer un contrôle raisonnable risques dépendra de plusieurs facteurs dont la fai- de la bonne gestion du plan ; sabilité de la mesure, le niveau initial de criticité ®® Les risques élevés pouvant influer sensiblement sur les résultats du PSMN (niveau de criticité : TABLEAU 3 :  Échelle de faisabilité en matière 4 ou 6, tableau 2 ; surligné en orange) ; ils re- d’atténuation des risques quièrent un suivi et des mesures d’atténuation fortes pour améliorer les conditions de mise en Faisabilité œuvre du PSMN et les perspectives de réalisation (note) Caractéristiques des objectifs ; Facilement Mesures pouvant être mises en faisable (3) œuvre sans impliquer de contraintes ®® Les risques modérés (niveau de criticité : 3, ta- financières, politiques, légales ou bleau 2 ; surligné en jaune) qui supposent un administratives sévères. suivi et des mesures d’amélioration à la marge des Moyennement Mesures impliquant des contraintes faisable (2) financières, politiques, légales ou conditions de réalisation du PSMN ; administratives les rendant moins ®® Les risques faibles (niveau de criticité : 1 ou 2, faciles à mettre en œuvre. tableau 2; surligné en vert) dont les conséquences Difficilement Mesures plus complexes et plus faisable (1) difficiles à mettre en œuvre à cause potentielles plus limitées sur les conditions de mise de contraintes financières, politiques, en œuvre du PSMN peuvent être tolérées. légales ou administratives fortes. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 17 du risque, l’efficacité de la mesure. La faisabilité Les Tableaux A.1 à A.8 présentent les risques identi- des mesures est évaluée sur une échelle de trois fiés par catégorie et leur risque d’exposition et d’impact niveaux en fonction de leur complexité et des évalué, la criticité initiale, les mesures d’atténuation contraintes politiques, légales, financières, admi - recommandées et leur faisabilité estimée ainsi que le nistratives qu’elles peuvent rencontrer dans leur risque d’exposition et d’impact qui en résulte (si des mise en œuvre, le niveau 1 étant le plus difficile à mesures d’atténuation recommandées sont prises) et mettre en œuvre (tableau 3). la criticité résiduelle. 18 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal 4 Evaluation des risques Les risques d’ordre institutionnels Par ailleurs, la réussite d’un programme implique au début de sa mise en œuvre, une déclinaison opéra- La démarche du PSMN s’insère dans un cadre plus tionnelle la plus optimale possible, prenant en compte global de planification économique et sociale au ni- l’impact des actions, les interdépendances et la dis- veau national et au niveau des secteurs et dans le ponibilité des ressources. Une préparation poussée respect d’engagements politiques du gouvernement. des actions permet une évaluation plus précise de la L’efficacité de sa mise en œuvre ne pourra être as- faisabilité et l’éclairage des dépendances et impacts surée si le processus d’élaboration de la stratégie ne attendus. Elle est essentielle à une programmation prend pas suffisamment en compte les orientations optimale des actions, facilitant l’ordonnancement de définies dans les plans nationaux ou sectoriels. Dans la mise en œuvre et délivrant les meilleures chances ce cadre, la démarche participative d’élaboration du d’atteinte des objectifs, avec un respect des délais PSMN et la précision des responsabilités des acteurs et budgets. A contrario, une programmation moins dans l’atteinte des objectifs stratégiques sont des fac- bien maitrisée est inéluctablement source de retards, teurs importants pour évaluer la cohérence globale du d’augmentation des risques et au final, d’inefficacité et plan et la convergence des acteurs dans la compré- d’inefficience dans la mise en œuvre des actions. hension des objectifs stratégiques. L’alignement avec les stratégies nationales et sectorielles est aussi une Au niveau de la planification stratégique et des risques composante essentielle dans la justification des pro- institutionnels les cinq (5) risques suivants ont été jets pour la mobilisation des ressources de l’Etat et identifiés (tableau A.1) : leur mise en œuvre et constitue à ce titre un facteur de risque majeur. Au-delà de l’engagement politique des Un engagement insuffisant des autorités autorités, la mise en œuvre efficace du PSMN exige politiques un cadre de gouvernance adapté, disposant de l’auto- rité, de l’organisation et du cadre légal et opérationnel ®® Description : permettant une gestion harmonieuse des activités Un manque d’engagement politique en faveur de la dans une démarche axée sur les résultats. nutrition limitant les possibilités d’inscrire le plan en Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 19 haut des priorités du gouvernement et de créer un des coalitions efficaces entre les principales parties cadre institutionnel avec un leadership fort pour as- prenantes pour promouvoir la cause de la nutri- surer la mobilisation de tous les acteurs et sa mise tion. Les mesures de mitigation recommandées en œuvre efficace. impliquent surtout les acteurs de la nutrition sans ®® Exposition du PSMN : Forte (3) contraintes financières ou politiques majeures  ; Le manque d’engagement politique a été identifié elles sont facilement faisables (3) et permettraient comme la principale raison de la faible priorité ac- de réduire la criticité d’un niveau très élevé (9) à un cordée par les gouvernements aux interventions niveau élevé (6) alimentaires et nutritionnelles. Le thème de la nutri- tion apparait peu dans le discours des dirigeants qui Un alignement insuffisant du PSMN sur les ne semblent pas voir les enjeux politiques visibles priorités économiques et sociales et concrets de la nutrition. Les participants à l’étude ont signalé très peu de références à la nutrition ®® Description : dans les principales communications du président Une visibilité limitée des politiques de nutrition ou du premier ministre. La pression politique est dans les documents cadres de la politique écono- moins forte de la part de la population qui ne sonne mique et sociale sénégalaise (tels que les PSE et l’alerte que dans des situations extrêmes de famine. les SDG) rendant difficile la promotion des projets ®® Impact : Fort (3) de nutrition parmi les priorités de développement et L’implication des politiques au plus haut niveau est leur financement par les bailleurs de fonds. déterminante pour la mobilisation des moyens ins- ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) titutionnels, humains et financiers pour la mise en L’engagement de l’Etat en faveur de la nutrition est œuvre diligente et efficace du PSMN, particulière- formalisé dans différents documents de politiques ment dans une phase de changement d’échelle au nationales et sectorielles et à travers la signature niveau sectoriel et dans la couverture territoriale. de conventions internationales. Le PSE qui est au- Un faible appui politique rendrait plus difficiles la jourd’hui le référentiel des politiques économiques réalisation des réformes institutionnelles néces- et sociales du Sénégal a inscrit dans son axe « Ca- saires, la mobilisation des moyens publics et des pital humain, Protection sociale et Développement PTF et la coordination entre les acteurs sectoriels durable » la « Santé et la Nutrition » comme levier et au niveau décentralisé. essentiel pour « disposer d’un capital humain de ®® Mesures de mitigation recommandées : qualité ». Cependant, la déclinaison des objectifs Le niveau initial de criticité élevé de ce risque de nutrition apparait circonscrite pour l’essentiel à impose une mobilisation importante des parties la problématique de « l’amélioration de la santé et prenantes avec une coordination de la CLM pour de l’état nutritionnel mère-enfant ». Il serait oppor- assurer un meilleur engagement des autorités. tun de mieux valoriser le PSMN, au-delà des effets Les principales mesures recommandées sont les sur la santé, par ses impacts plus larges sur le suivantes : (1) Faire un plaidoyer pour assurer un développement humain, le capital humain, la com- engagement politique fort en faveur du PSMN et pétitivité afin de l’ancrer comme un axe important impliquer au plus haut niveau les autorités dans la de développement économique et de satisfaction mise en œuvre du plan (Deussom et al. 2018) ; (2) des engagements du Sénégal dans les ODD. Mieux valoriser le PSMN dans le cadre de la mise ®® Impact : Fort (3) en œuvre du Plan Sénégal Émergent (PSE) et des Un arrimage insuffisant du PSMN aux stratégies engagements du Sénégal dans les ODD pour ses économiques et sociales pourrait avoir des consé- impacts sur les leviers de l’émergence (le capital quences négatives pour la mise en priorité de la humain, la compétitivité, la productivité) et globa- Nutrition dans la déclinaison des projets et actions lement sur la croissance économique ; et (3) Créer et leur prise en charge dans les financements. Elle 20 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal pourrait aussi rendre plus difficile la mobilisation de Cependant, la tendance sur les montants des nouveaux bailleurs de fonds de la Nutrition lesquels financements est déclinante et les taux de couver- ont porté jusqu’ici, la part majeure du financement ture des besoins selon les axes d’intervention sont des interventions Nutrition ayant permis d’engran- très variables et constituent des contraintes dans le ger des résultats classant le Sénégal, au premier cadre d’une amplification des besoins et d’un ren- rang des pays en Afrique subsaharienne, en termes forcement de la gestion multisectorielle. Le risque de recul de prévalence des formes majeures de se situe surtout dans la capacité à accompagner malnutrition. la montée en puissance et la diversification des ®® Mesures de mitigation recommandées : interventions. Il manque, dans ce cadre, une orga- Mettre la nutrition au centre des politiques pu- nisation plus formelle et effective de la coordination bliques suppose aussi de mieux valoriser le PSMN avec les partenaires internationaux assurant un dans le cadre de la mise en œuvre du PSE et des meilleur alignement des interventions aux priorités engagements du Sénégal dans les ODD pour ses de la politique de nutrition. impacts sur les leviers de l’émergence (le capital ®® Impact : Fort (3) humain, la compétitivité, la productivité) et globale- Même s’il est nécessaire de réduire à terme la dé- ment sur la croissance économique. Par exemple pendance vis-à-vis des bailleurs internationaux, le PSMN pourrait être associé au PSE comme son leurs contributions dans les premières phases de volet « Nutrition ». Cette mesure, facilement fai- mise en œuvre du PSMN vont rester déterminantes sable (3) réduirait la criticité d’un niveau élevé (6) à et une baisse de leurs engagements représente un un niveau modéré (3). risque majeur pour la réussite du PSMN. ®® Mesures de mitigation recommandées : Un alignement insuffisant des partenaires Mettre en place (1) Un cadre commun de résul- internationaux sur la politique de nutrition tat permettant notamment un alignement des investissements des partenaires sur le PNDN, et ®® Description : (2) Un cadre de concertation régulière avec les PTF Des politiques des Partenaires internationaux pri- pour la coordination des interventions et le suivi des vilégiant des axes d’intervention qui ne sont pas engagements et réalisations. Ces actions, inscrites entièrement en ligne avec les objectifs définis dans dans les engagements du Mouvement SUN, sont le PSMN et ne permettent pas une prise en charge faisables (3) et réduiraient la criticité d’un niveau des actions prioritaires ou une couverture des modéré (3) à un faible niveau (2). zones géographiques les plus importantes. ®® Exposition du PSMN : Faible (1) Un ancrage institutionnel de la nutrition Pour la planification des politiques de nutrition, inadéquat l’engagement des PTF a été, de longue date, très fort. La nutrition figure en bonne place dans les ®® Description : stratégies d’intervention des bailleurs bilatéraux, Un ancrage institutionnel de la nutrition ne donnant multilatéraux, des Agences des Nations-Unies pas à la CLM l’autorité et les moyens nécessaires (ONU) et d’ONG qui ont participé à plus d’une pour coordonner efficacement les actions des mi- soixantaine de projets au Sénégal sur la période nistères sectoriels et des autres parties prenantes, 2010-2016. Au-delà de l’appui financier, les PTF les activités au niveau régional et local et les rela- ont contribué fortement à l’apport d’expertise par tions avec les PTF. leur assistance technique. Leur contribution déci- ®® Exposition du PSMN : Moyenne (6) sive à l’élaboration du PSMN traduit le maintien La création de la CLM et son ancrage au niveau aujourd’hui d’un niveau élevé d’engagement des de la Primature constituent une avancée pour la PTF dans la Politique de Nutrition du Sénégal. mise en œuvre d’une approche multisectorielle. La Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 21 CLM a pour mission d’assister le Premier Ministre de (1) structures ayant une mission globale inter- dans la définition et la mise en œuvre de la poli- sectorielle dans la nutrition dans d’autres pays ou tique nationale en matière de nutrition, d’élaborer (2) dans d’autres domaines au Sénégal5. Dans un les stratégies appropriées pour l’exécution des pro- contexte de rationalisation et réduction des struc- grammes nationaux de nutrition et de s’assurer de tures administratives, cette réforme rencontrerait leur bonne exécution ainsi que de leur suivi et éva- plus de contraintes politiques, administratives et luation. Deussom et al. 2018 confirme son rôle de financières et serait plus difficilement faisable (2) ; locomotive dans le secteur de la nutrition au Sénégal elle est néanmoins nécessaire et réduirait le niveau reconnu par une large majorité (77%) des acteurs ; de criticité d’élevé (6) à modéré (3). elle souligne aussi la nécessité d’élargir les missions du BEN pour lui donner les moyens de mettre en Une insuffisante cohérence dans la œuvre une coordination effective aux niveaux secto- planification opérationnelle des actions riel, régional, départemental ou local. Par ailleurs, les rivalités avec et entre secteurs, et/ou les autres or- ®® Description : ganismes en charge de la coordination et de la mise Une déclinaison opérationnelle du plan ne tenant en œuvre des thématiques liés à la nutrition telle que pas suffisamment compte des ressources dispo- l’ANPECTP et le Conseil National de la Sécurité Ali- nibles, de la priorisation des actions en fonction de mentaire (CNSA), peuvent nuire à l’efficacité et à la leurs impacts, des interdépendances et des besoins crédibilité des actions locales qui couvrent parfois de coordination des actions, entrainant une mise les mêmes bénéficiaires. Dans un contexte où le en œuvre des activités plus difficile, des retards et rôle de coordination sectorielle de la CLM est amené risques d’arrêts dans la réalisation des activités, à prendre plus d’ampleur dans le cadre de la mise une utilisation des moyens moins efficiente, rendant en œuvre du PSMN, il serait opportun d’adapter le plus difficile la réalisation des objectifs stratégiques. cadre institutionnel de la CLM pour lui donner plus de ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) moyens de réussir ses missions (Présidence de la Le PSMN bénéficiera de l’acquis du BEN de la Cellule, représentation des ministères, Concertation CLM dans la gestion de programmes de nutri- interministérielles, missions et moyens du BEN). tion. L’approche participative dans l’élaboration ®® Impact : Fort (3) du PSMN est également un atout pour favoriser La coordination sectorielle étant un levier important une bonne compréhension commune des objectifs d’efficacité et d’efficience de la stratégie de nutri- stratégiques et des plans d’actions. L’envergure tion, une faible capacité institutionnelle de la CLM plus grande du PSMN et le renforcement de l’ap- pourrait nuire à son action et remettre en question proche multisectorielle apportent cependant une les résultats d’un nombre important de projets ou plus grande complexité dans la mise en œuvre du programmes. Dans le cadre d’une gestion axée sur PSMN. La transmission aux secteurs de la res- les résultats, les conséquences pourraient aussi ponsabilité de la mise en œuvre des PAS introduit être négatives sur les ressources dédiées à la mise aussi un risque dans la maitrise de la gestion des en œuvre du PSMN. projets. Par ailleurs, l’absence de résultats concrets ®® Mesures de mitigation recommandées : sur les mesures d’impact des politiques de nutri- Conjuguer les efforts déployés pour renforcer l’or- tion ne facilite pas une démarche optimisée dans la ganisation et le leadership de la CLM afin qu’elle programmation des actions. Cette situation justifie puisse accomplir sa mission de façon optimale toute la place donnée dans le PSMN à la recherche (Deussom et al. 2018), il est recommandé d’entre- sur la nutrition qui devra soutenir le développement prendre une étude institutionnelle complémentaire des connaissances sur l’efficacité des politiques et serait opportune pour préciser l’organisation ins- favoriser une évolution graduelle vers une gestion titutionnelle optimale en s’inspirant notamment optimisée des programmes de nutrition. 22 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal ®® Impact : Moyen (2) dominante, représentant un important facteur de Le manque de cohérence dans la planification opé- risque, au regard des lourdes conséquences qu’entrai- rationnelle peut affaiblir la pertinence des actions nerait le non-maintien du niveau de leur engagement. sélectionnées par rapport aux objectifs stratégiques Plusieurs facteurs peuvent influer sur le niveau de du PSMN. Elle peut également influer sur les dé- contribution des PTF, notamment la connaissance de lais de réalisation de ces actions, leur efficacité et leurs stratégies d’intervention, les capacités de pré- surtout leur efficience par rapport aux ressources paration et de promotion des projets et programmes, mobilisées. la maîtrise des procédures de ratification des conven- ®® Mesures de mitigation recommandées : tions et la diligence dans la réalisation des conditions Deussom et al. 2018 a dégagé plusieurs orien- d’entrée en vigueur, la connaissance des procédures tations résumées dans les recommandations d’acquisition des biens et services des partenaires et suivantes : (1) Assurer la coordination multisec- de l’Etat et la qualité du suivi et de l’évaluation des torielle du secteur de la nutrition ; (2) Assurer la projets et programmes. planification stratégique et opérationnelle multisec- torielle ; (3) Mettre sur pied un cadre commun de Par ailleurs, le financement d’un plan d’une telle am- résultat et un système de gestion de l’information pleur ne peut être conçu sans la contribution forte et de la connaissance ; et (4) Faire des inves- du secteur privé (entreprises, producteurs…) et des tissements stratégiques dans la formation et la institutions non étatiques (ONG, Associations, Fonda- recherche. Les contraintes d’organisation admi- tions…). Cette contribution peut être envisagée dans nistrative et d’investissement rendent ces mesures le cadre de projets publics à forte rentabilité écono- plus difficilement faisables (2) mais leur mise en mique permettant leur financement viable dans des œuvre réduirait sensiblement le niveau de criticité conditions de marché sous le format, par exemple, d’élevé (4) à faible (2). d’un partenariat public-privé. La mise en œuvre d’un projet peut également être promue auprès d’acteurs privés sous leur entière responsabilité technique et fi- Les risques liés à la mobilisation des nancière dès lors qu’il ne relève pas strictement d’une ressources financières mission de service public. Le rôle de l’Etat se limiterait alors à l’identification des opportunités, à leur promo- Le premier enjeu dans le financement du PSMN est tion auprès des investisseurs et à la facilitation de leur l’inscription des actions dans les DPPD et les projets mise en œuvre. annuels de performance (PAP) des ministères secto- riels. Dans un contexte d’une forte inertie des recettes L’implication du privé et des institutions non étatiques et des dépenses, ainsi que d’une compétition entre les peut aussi être envisagée à travers des modes de actions de nutrition et les autres priorités des minis- financement basés sur les résultats. De plus, la dé- tères, le passage à l’échelle du PSMN peut rencontrer marche de responsabilité sociale d’entreprise offre des des contraintes pouvant affecter fortement sa mise en opportunités de mobilisation de ressources privées en œuvre. Les risques de mobilisation des financements faveur du financement de projets de nutrition pour des de l’Etat seront liés à la disponibilité des ressources entreprises dont l’objet social est en ligne avec les fiscales, au niveau d’alignement des actions du PSMN projets envisagés dans le PSMN. L’importance éco- avec le PSE et les politiques sectorielles ainsi qu’à la nomique des secteurs liés à la nutrition souligne un maitrise des procédures de décaissement et de mise potentiel significatif dans ce domaine au Sénégal. en œuvre des actions Dans le cadre des projets publics financés ou gérés La contribution des PTF dans le financement des en partenariat avec le privé, la capacité de préparation politiques de nutrition est jusqu’à présent largement des projets, la connaissance approfondie des risques Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 23 projets, les capacités de promotion des investisse- ®® Mesures de mitigation recommandées : ments, de négociation des contrats et de suivi de leur Les recommandations sont les suivantes : (1) As- exécution, sont des facteurs importants de maitrise surer la coordination multisectorielle du secteur de des risques financiers. la nutrition (Deussom et al. 2018) ; (2) Coordon- ner la planification budgétaire avec les secteurs ; Au niveau de la mobilisation des ressources finan- (3) Renforcer les lignes budgétaires pour la nu- cières, les quatre (4) risques suivants ont été identifiés trition au niveau de la CLM et des ministères  ; (tableau A.2) : (4) Etudier la faisabilité de la mise en place d’un fonds de financement de la nutrition basé sur des Une mobilisation insuffisante des ressources taxes sur des produits néfastes pour la santé. La publiques faisabilité de la mise en œuvre des mesures de mi- tigation recommandées visant à mitiger le risque ®® Description : financier pour le PSMN est plus difficile (1) et le Une faible maitrise du processus budgétaire et niveau de criticité resterait élevé (9). La mobilisa- une coordination insuffisante dans cette phase en- tion des financements publics sera un des points trainante : (1) des risques d’arbitrage défavorable d’attention majeurs pour la réussite de la mise en aux actions du PSMN, (2) de choix de projets non œuvre du PSMN. conformes aux priorités du PSMN ou (3) de choix de projets peu cohérents entre les secteurs. Une mobilisation insuffisante des ®® Exposition du PSMN : Forte (3) financements des bailleurs La première étape dans la mobilisation des res- sources publiques est l’inscription budgétaire des ®® Description : activités du PSMN. La démarche participative dans Une capacité limitée d’absorption des financements l’élaboration du PSMN est un atout pour l’harmoni- des PTF induisant des retards dans la réalisation sation des actions entre secteurs et la répartition des actions du PSMN ou des contraintes dans la des responsabilités. Pour la plupart des secteurs, prise en charge de certaines actions. les projets et actions ont été pris en compte dans ®® Exposition du PSMN : Forte (3) la préparation des DPPD, ce qui permet une bonne Le financement de la nutrition a été assuré, jusqu’à articulation avec les lettres de politique sectorielle6 présent, essentiellement par les PTF qui lui ac- et le PSE. Les ministères gardent une influence cordent une place importante dans leurs stratégies forte dans l’inscription budgétaire annuelle de leurs d’intervention. Leurs engagements à l’horizon 2019 actions et le risque d’un arbitrage défavorable aux restent forts et le PSMN pourrait susciter un soutien activités pro-nutrition est sensible dans des pé- plus important. Cette dépendance forte vis-à-vis des riodes d’insuffisance des ressources budgétaires. bailleurs présente cependant des risques : (1) une La couverture des besoins de financement du part prépondérante de l’aide bilatérale qui connait PSMN par secteur est encore faible et justifie une une tendance décroissante, même si elle est en par- évaluation à un niveau fort de ce risque (3). tie compensée par l’aide multilatérale ; (2) une forte ®® Impact : Fort (3) contribution de la BACDI qui présente des atouts Une allocation budgétaire insuffisante pour les mais cette dépendance à un seul pays représente actions du PSMN aurait un impact direct sur les ca- aussi un risque face aux changements possibles pacités d’action des secteurs. Elle tendrait aussi à dans la politique de BACDI ; et (3) des conditionna- réduire les synergies anticipées dans la démarche lités des bailleurs qui ne sont pas toujours en phase multisectorielle si les ministères concernés n’ont avec les priorités des politiques de nutrition, notam- pas la flexibilité nécessaire pour coordonner leurs ment dans le choix des zones d’intervention. Les interventions. risques sont également liés à la connaissance des 24 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal stratégies des bailleurs et à la maitrise de leurs pro- national du PSMN serait une implication plus forte cédures de gestion des financements pour assurer des communautés locales dans la gestion et le fi- une utilisation entière des crédits. nancement des actions. Les moyens budgétaires ®® Impact : Fort (3) insuffisants au niveau local sont une contrainte La contribution des PTF au financement de la po- mais des leviers existent dans la mobilisation des litique de nutrition demeure importante. Même ressources humaines, des moyens financiers des si la priorité est de diversifier les sources de fi- ménages, des participations bénévoles et des nancement, la capacité à mobiliser les PTF sera contributions d’une diaspora active dans le soutien déterminante pour une mise en œuvre réussie du aux familles et aux collectivités d’origine. PSMN dans ses premières étapes. ®® Impact : Fort (3) ®® Mesures de mitigation recommandées : Une implication insuffisante des communautés lo- Les mesures de mitigation recommandées sont cales serait une perte d’opportunité considérable les suivantes : (1) Elaborer des stratégies de mise notamment pour le développement des activités gé- en place d’un système de financement de la nu- nératrices de revenus et des filières économiques trition et de recherche de ressources financières pro-nutrition et pour un meilleur impact des actions (Deussom et al. 2018) ; (2) Organiser une Table de la diaspora. Elle serait un frein à la promotion Ronde des Bailleurs pour favoriser une mobilisa- d’une démarche plus décentralisée de la politique tion maximale et optimale des financements pour la de nutrition reposant davantage sur une gestion nutrition ; (3) Mettre en place un cadre de concer- plus autonome, centrée sur les besoins réels des tation régulière avec les PTF pour la coordination populations locales et à impact plus fort et durable. des interventions et le suivi des engagements et ®® Mesures de mitigation recommandées : réalisations ; (4) Introduire des conditionnalités re- Il est recommandé de : (1) Renforcer les lignes bud- latives à la nutrition dans les appuis budgétaires. gétaires en faveur des actions nutrition auprès des Les conditions de faisabilité (2) sont moins contrai- CL ; (2) Promouvoir une participation plus active gnantes que la levée des financements publics et des populations locales, des associations et de la permettraient de réduire le niveau de criticité de diaspora dans la définition des actions prioritaires, très élevé (9) à élevé (6). leur financement et leur mise en œuvre. La faisabi- lité de la mobilisation des financements pour les CL Une mobilisation insuffisante des ressources est plus difficile à assurer (1) et un effort particulier des communautés locales devra être déployé pour impliquer plus les popula- tions locales et la diaspora dans la réalisation des ®® Description : actions. Le niveau de criticité reste élevé (9). Une insuffisante prise en compte du potentiel des CL et des ménages dans le financement des actions de Une implication insuffisante du secteur privé nutrition ou leur prise en charge limitant les initiatives et l’ampleur et l’efficacité des actions de terrain. ®® Description : ®® Exposition du PSMN : Forte (3) Une faible appropriation par le secteur privé des L’action des communautés locales englobe les enjeux du PSMN dans le développement des activi- interventions des CL et les contributions des po- tés économiques pro-nutrition entrainant un retard pulations ciblées. Les CL sont un maillon important dans l’offre des filières agricoles, de la pêche, de la dans la gestion des actions contre la malnutrition. transformation agroindustrielle destinée à l’amélio- Les ménages participent aussi à l’organisation des ration de l’état nutritionnel. actions au niveau communautaire et à la prise en ®® Exposition du PSMN : Forte (3) charge des dépenses de santé liées à la nutrition. Le secteur privé apparait très peu comme contri- Un enjeu majeur dans le déploiement à l’échelle buteur dans le financement de la nutrition. Il peut Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 25 intervenir davantage dans le financement des pro- facilement faisables (3) et réduiront le niveau de grammes dans le cadre des actions de responsabilité criticité de très élevé (9) à élevé (6). sociale des entreprises. Il est surtout critique pour le développement des activités spécifiques ou pro-nu- trition à travers plusieurs leviers dont le renforcement Les risques liés à la mobilisation des de la disponibilité des aliments sains et à haute va- ressources humaines leur nutritive et le financement d’infrastructures dans le cadre de partenariats public-privé. Le seul plai- La qualité des ressources humaines est déterminante doyer en faveur d’une implication du secteur privé dans la performance de toute organisation. Les risques ne suffira pas et les possibilités qu’offrent les acteurs concernant la mobilisation des ressources humaines de la promotion de l’investissement et de l’appui au seront liés à la capacité d’accompagnement de l’Etat développement des entreprises (APIX, ADEPME…) et des partenaires pour la couverture des besoins de pour valoriser le potentiel économique lié à la mise renforcement des compétences ou de recrutement, la en œuvre du PSMN est insuffisamment exploité. mise à disposition des moyens pour une rémunération ®® Impact : Fort (3) compétitive permettant de retenir ou renouveler les Une meilleure implication du secteur privé dans la ressources humaines, la disponibilité des profils sou- politique de nutrition pourrait avoir des impacts mul- haités sur le marché. tiples et significatifs. A l’instar d’autres pays africains comme le Kenya, les interventions dans le cadre de Au niveau de la mobilisation des Ressources Hu- la Responsabilité Sociale des Entreprises seraient maines, les trois (3) risques suivants ont été identifiés une source de financement des programmes et (tableau A.3) : projets ; à travers les Partenariats Publics Privés, le secteur privé pourrait contribuer à la mobilisation Une faible capacité à couvrir les besoins en de financements importants pour les projets à forte ressources humaines pour la coordination du rentabilité économique ; le secteur privé est surtout PSMN responsable du développement des activités agri- coles, d’élevage, de pêche, de transformation. À ®® Description : contrario, la faible participation du secteur privé à Un personnel insuffisant en effectifs et ne disposant la mise en œuvre du PSMN serait un handicap pour pas des qualifications nécessaires pour assurer les atteindre les objectifs de ce dernier. tâches de coordination au niveau du BEN de la CLM ®® Mesures de mitigation recommandées : entrainant des inefficiences dans la gestion du PSMN. Les mesures de mitigation recommandées sont les ®® Exposition du PSMN : Moyen (2) suivantes : (1) Faire un plaidoyer en direction des Le BEN dispose d’un personnel pluridisciplinaire industriels et structures de transformation agroali- avec des expertises diversifiées. Les postes sont mentaires et des producteurs pour le renforcement pourvus de manière adéquate sur la base d’appels de la disponibilité des aliments sains et à haute à candidatures transparents et de procédures ri- valeur nutritive ; (2) Faire un plaidoyer pour le déve- goureuses. En revanche, le personnel spécialisé en loppement d’actions de Responsabilité Sociale des nutrition est insuffisant et les effectifs des bureaux Entreprises en faveur des projets de nutrition ; et régionaux sont incomplets. Le statut de prestataires (3) Promouvoir en partenariat avec les institutions du personnel limite les perspectives de carrières et d’appui au secteur privé (APIX, ADEPME, ANIDA...) la capacité à attirer et fidéliser les talents. Cet en- les opportunités d’investissements dans les filières jeu devra être pris en compte dans la définition d’un de production d’aliments sains et à haute valeur cadre institutionnel optimal pour la mise en œuvre du nutritive et les projets de Partenariat Public-Privé7. PSMN. Le BEN de la CLM (ou la structure qui pren- Ces mesures de mitigation recommandées sont dra le relai) devrait avoir une vocation de centre de 26 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal compétences mutualisées au service de l’ensemble risque certainement inégalement réparti à l’échelle des secteurs et parties prenantes et aura besoin de des ministères, rend nécessaire un audit préalable ressources humaines de qualité et stables. de l’organisation, des moyens affectés à chaque ®® Impact : Fort (3) ministère, par rapport au poids des interventions Une faible disponibilité de ressources humaines prévues dans le PSMN. L’appui des PTF devra donc pour le BEN de la CLM aurait un impact fort sur la de plus en plus, au-delà des moyens financiers, être qualité de la coordination sectorielle, sur les perfor- orienté à la mise au niveau et au renforcement des mances de la gestion et sur les ressources pour la capacités des ressources humaines, relevant ainsi mise en œuvre du PSMN. un challenge critique à la mise en œuvre du PSMN. ®® Mesures de mitigation recommandées : ®® Impact : Fort (3) Comme mentionné par Deussom et al. 2018, les Une insuffisance du personnel limiterait les ca- mesures recommandées sont les suivantes : (1) Ren- pacités d’exécution des projets et programmes et forcer l’organisation et le leadership de la CLM afin augmenterait les risques d’une « prise en charge » qu’elle puisse accomplir sa mission de façon opti- à plusieurs vitesses des PAS par les ministères ou male ; (2) Renforcer les ressources humaines et les d’un nivellement « par le bas », qui affecterait voire mesures d’incitations ; et (3) Améliorer les conditions décrédibiliserait le processus multisectoriel global de rémunération des professionnels de la nutrition. de mise en œuvre du PSMN. Les mesures de recrutement ou de rémunération sont ®® Mesures de mitigation recommandées : généralement difficiles à mettre en œuvre. La faisabi- Comme mentionné par Deussom et al. 2018, les lité est estimée à un niveau moyen (2). Le niveau de mesures d’atténuation recommandées sont les sui- criticité resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). vantes : (1) Renforcer les ressources humaines et les mesures d’incitations ; (2) Améliorer les condi- Une faible capacité à couvrir les besoins en tions de rémunération des professionnels de la ressources humaines pour la mise en œuvre nutrition ; (3) Elaborer une stratégie nationale des des PAS ressources humaines en nutrition ; et (4) Faire des investissements stratégiques dans la formation et ®® Description : la recherche. La faisabilité des mesures de recru- Des contraintes de recrutement du personnel des mi- tements ou d’amélioration des rémunérations dans nistères en charge de la mise en œuvre des PAS qui le cadre des administrations sectorielles est plus limiteraient leurs capacités de gestion des projets ou difficile (1). Le niveau de criticité reste élevé (6). programmes et de réalisation des objectifs sectoriels. ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) Une instabilité du personnel critique Les recrutements dans les ministères sont gérés par le Ministère en charge de la Fonction publique avec ®® Description : des procédures relativement rigides ainsi que des Un maintien du personnel spécialisé et expérimenté systèmes de rémunération peu incitatifs. Les quo- dans des statuts précaires sans perspective de car- tas par secteur dans les recrutements ne permettent rière les exposant au risque de départ vers d’autres pas de pourvoir tous les postes et un grand nombre projets ou d’autres pays offrant une meilleure visi- restent vacants. S’y ajoute une grande instabilité du bilité ou des perspectives plus attrayantes. personnel avec des rotations fréquentes ne favori- ®® Exposition du PSMN : Forte (3) sant pas une coordination de qualité dans la durée. La crédibilité de l’approche multisectorielle exige un Le risque réside aussi dans la difficulté d’ap- niveau adéquat de qualification et de stabilité des res- préciation des capacités des différents ministères sources accompagnant ou affectées aux ministères (effectifs, charge de travail, expérience, aptitudes) à pour la prise en charge des PAS et pour la coordi- prendre en charge de façon adéquate, leurs PAS. Ce nation de la mise en œuvre du PSMN. L’instabilité Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 27 de ce personnel critique au fonctionnement du dis- Une faible mise à disposition de ressources positif est un risque important à mitiger, car pouvant logistiques et matérielles par l’Etat affecter très significativement la qualité de la mise en œuvre des PAS des ministères. La grande instabili- ®® Description : té du personnel a été relevée dans plusieurs études Une insuffisante disponibilité de moyens logistiques et dans les entretiens menés pour cette étude. Le et matériels de l’État pour la réalisation des mis- caractère précaire des contrats de travail au niveau sions de la CLM et des administrations sectorielles. du BEN ainsi que le système de rémunération moins ®® Exposition du PSMN : Moyen (2) attractif dans les administrations publiques ne sont L’Etat peut soutenir les acteurs du PSMN dans leurs pas de nature à réduire ce risque d’instabilité. missions à travers la mise à disposition de bureaux, ®® Impact : Fort (3) de matériels, de systèmes d’information, de forma- Le secteur de la nutrition au Sénégal est déjà af- tions, de dispositifs de sécurité… Les moyens mis à fecté par une pénurie de personnel qualifié. Une la disposition des services sont généralement limi- perte d’une part de ces spécialistes entrainerait des tés aux locaux et à la logistique. Ils sont considérés conséquences très défavorables sur la qualité de la comme insuffisants et parfois en état de vétusté gestion des projets et programmes, sur le partage avancée (Deussom et al. 2018). L’insuffisance de et le développement des connaissances, sur l’effi- moyens logistiques rend difficile la gestion d’activi- cacité et l’efficience de la mise en œuvre du PSMN. tés de terrain, notamment pour le suivi des projets. ®® Mesures de mitigation recommandées : ®® Impact : Faible (1) Comme mentionné par Deussom et al. (2018), les L’appui non financier de l’État peut influer sur les mesures d’atténuation recommandées sont de : conditions de travail des équipes et dans une (1) Renforcer l’organisation et le leadership de la certaine mesure sur l’efficacité de la gestion du CLM afin qu’elle puisse mutualiser et assurer les PSMN mais ne remet pas en cause les missions besoins essentiels de ressources humaines spécia- essentielles. lisées ; (2) Améliorer les conditions de rémunération ®® Mesures de mitigation recommandées : des professionnels de la nutrition ; (3) Faire des Un plaidoyer des acteurs de la nutrition auprès investissements stratégiques dans la formation et des autorités est recommandé afin d’améliorer la recherche. La faisabilité des mesures de mitiga- les moyens technologiques et logistiques et les tion recommandées est moyenne (2), et la mise en infrastructures des services en charge de la nu- œuvre des mesures réduirait le niveau de criticité trition (Deussom et al. 2018), notamment par une de très élevé (9) à élevé (6). mise à disposition des locaux nécessaires, des moyens informatiques, des dons matériels et offres d’assistance technique des PTF. La faisabilité de Les risques liés à la mobilisation des autres ces mesures de mitigation recommandées est ressources faible (1) du fait des contraintes de disponibilité des bâtiments et équipements publics ; le niveau de cri- Au-delà de moyens financiers ou humains suffisants, ticité resterait faible (2). l’appui à la mise en œuvre du PSMN par l’État et par PTF peut se faire sous la forme de contributions di- Une faible mobilisation des PTF dans verses mettant à disposition du programme des l’assistance, la formation et la communication installations, équipements, technologies, biens et ser- vices pour la réalisation des missions. ®® Description : Une utilisation insuffisante des capacités des PTF Les trois (3) risques suivants, liés à la mobilisation dans l’assistance technique, la formation et la d’autres ressources ont été identifiés (tableau A.4) : communication représentant un manque à gagner 28 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal important pour la gestion de certaines activités à contribution significative aux actions de terrain. fort impact. La mise à disposition de personnel bénévole, de ®® Exposition du PSMN : Faible (1) moyens logistiques par les CL, de produits pour L’analyse du contexte de la mise en œuvre du PSMN les démonstrations sont des axes importants de a souligné le fort engagement des bailleurs en faveur facilitation de la mise en œuvre du PSMN. Les com- de la nutrition (Spray 2018) mais aussi les contraintes munautés doivent pouvoir s’approprier le PSMN et liées à la faible progression de APD (Offosse 2018). porter les projets qui leurs sont propres. Ce poten- Les mouvements, initiatives et institutions nouvelles tiel n’est pas encore exploité à sa juste valeur. mis en place pour soutenir les politiques de lutte ®® Impact : Fort (3) contre la malnutrition ont développé des capacités Les impacts de la mobilisation des communautés lo- d’accompagnement des États par leur expertise, leur cales sont multiples et significatifs : facilitation de la capacité de recherche, de formation, de mobilisation gestion des projets, levier par les contributions béné- de partenaires, les possibilités d’échange de bonnes voles, appropriation des objectifs du PSMN et impacts pratiques… Le cadre d’élaboration du PSMN est un plus durables. À contrario, une moindre exploitation exemple. Le Sénégal peut capitaliser sur ses bonnes de ce potentiel dans le cadre de la mise en œuvre relations avec les PTF pour faciliter la formation du du PSMN rendrait plus difficile l’atteinte des résultats personnel et la prise en charge des actions de com- attendus et surtout leur persistance à long terme. munication et la gestion du changement. ®® Mesures de mitigation recommandées : ®® Impact : Moyen (2) Les mesures de mitigation recommandées sont La communication, l’assistance technique et la de : (1) Promouvoir une participation plus active formation des acteurs et de la population sont d’im- des populations locales dans la mise en œuvre des portants leviers pour la bonne mise en œuvre du actions de nutrition ; (2) Susciter l’émulation entre PSMN et la mobilisation des PTF peut jouer un rôle les communautés en partageant les expériences dans sa réussite. réussies ; et (3) Communiquer sur les impacts des ®® Mesures de mitigation recommandées : projets au niveau communautaire. Les contraintes Les acteurs de la nutrition auront intérêt à mieux de mobilisation des populations locales plus fortes valoriser les ressources en assistance PTF (Deus- devraient influer sur la faisabilité de ces mesures som et al. 2018), notamment pour les besoins de de mitigation évaluée à un niveau moyen (2) ; une formation, de communication et de recherche. La mise en œuvre réussie de ces mesures permettrait faisabilité est moyenne (2) du fait d’un niveau d’im- cependant de réduire sensiblement le niveau de plication des bailleurs déjà élevé et le niveau de criticité de très élevé (9) à élevé (6). criticité resterait faible (2). Une faible capacité de mobilisation de Les risques organisationnels et opérationnels l’appui non financier des communautés et partenaires privés La mise en œuvre des PAS est sous la responsabilité des ministères. Plusieurs facteurs peuvent avoir une influence ®® Description : sur les capacités des secteurs à réaliser les missions qui Une faible implication des communautés locales leurs sont assignées dans leurs PAS. L’on peut notam- (populations, CL, producteurs…) limitant leur ment citer : (i) l’alignement des actions avec les priorités contribution volontaire dans la réalisation des ac- du secteur, (ii) la complexité des projets, (iii) la maturité tivités locales. de l’organisation dans la préparation des projets, la for- ®® Exposition du PSMN : Fort (3) malisation et la documentation des processus de gestion, L’appui non financier n’est pas régulièrement les dispositifs de suivi, d’évaluation, de contrôle et d’au- suivi et documenté mais peut représenter une dit, (iv) l’expérience des équipes et leur stabilité. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 29 Dans le cadre d’une approche multisectorielle et multi ont une tradition de fonctionnement en silo avec une acteurs, le partage des responsabilités dans la mise forte variabilité sur la gestion des projets en fonction en œuvre des PAS suppose une coordination forte des contraintes financières ou politiques, le risque entre les différentes parties prenantes pour assurer de non-alignement de l’ensemble des secteurs est une convergence vers les objectifs stratégiques du significatif en dehors d’un cadre d’appui et de coor- PSMN. Une coordination insuffisante est un facteur de dination suffisamment coercitif. risque pouvant intervenir à plusieurs niveaux : ®® Impact : Fort (3) Dans le cadre d’une gestion du PSMN multisec- ®® La coordination intra-sectorielle entre les respon- torielle, les départements ministériels auront une sables du plan au niveau du ministère et les autres responsabilité forte dans la mise en œuvre de leurs entités du ministère, PAS. La réussite du PSMN sera donc fortement tri- ®® La coordination intersectorielle entre les différents butaire de la priorité accordée par les secteurs aux départements ministériels impliqués dans la mise projets et actions de nutrition. en œuvre du PSMN, ®® Mesures de mitigation recommandées : ®® La coordination au niveau territorial entre les struc- Les mesures de mitigation recommandées sont tures centrales et les entités déconcentrées ou les suivantes : (1) Assurer la coordination multi- décentralisées, sectorielle du secteur de la nutrition (Deussom et ®® La coordination avec les différents PTF. al. 2018) ; (2) Assurer la planification stratégique et opérationnelle multisectorielle (Deussom et Au niveau organisationnel et opérationnel, les huit (8) al. 2018) ; (3) Inclure dans les objectifs de per- risques suivants ont été identifiés (tableau A.5) : formance du PAS des objectifs cohérents avec ceux du PSMN. La faisabilité de ces mesures Un faible alignement des PAS avec les n’impliquant pas des engagements financiers très priorités des secteurs importants est moyenne (2). Le niveau de criticité resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). ®® Description : Un faible arrimage du PSMN aux politiques secto- Des capacités insuffisantes des équipes rielles se traduisant par un moindre engagement sectorielles dans la préparation et la gestion des secteurs à la réalisation des projets et le risque de projets de complexités comparables d’arbitrage défavorable à la nutrition en cas de limi- tation des ressources. ®® Description : ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) Une capacité de gestion de projets insuffisante Il est essentiel que les actions du PSMN soient au niveau des secteurs induisant des retards, des alignées et en cohérence avec les objectifs straté- inefficiences dans la gestion des PAS et dans la giques des secteurs porteurs d’actions spécifiques coordination multisectorielle. ou sensibles à la nutrition. La démarche d’élabora- ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) tion du PSMN a été participative avec une implication Les administrations sont à des niveaux différents de forte de l’ensemble des secteurs, une contribution maitrise des processus de gestion des projets mais de chacun dans l’élaboration des plans d’actions, le besoin de renforcement des capacités de gestion leur validation technique des PAS et la détermination de projets en général et des programmes de nu- des budgets associés. La mise à l’échelle d’un tel trition en particulier est évoqué par la majorité des plan multisectoriel constitue cependant un challenge acteurs rencontrés. Les approches de gestion ba- majeur avec des exigences fortes de convergence, sées sur les résultats et sur les projets sont encore cohérence et coordination pour l’atteinte d’objectifs nouvelles au Sénégal. De plus, les ressources hu- stratégiques communs. Pour des administrations qui maines pertinentes ne sont pas toujours adéquates 30 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal ou stables. En conséquence, le développement et un satisfecit sur une gestion financière des projets et la conservation des connaissances en nutrition sont programmes étudiés jugée exemplaire (Vaillancourt souvent difficiles. La mise à l’échelle de la politique 2018). Les entités sectorielles sont assujetties aux de nutrition posera un défi pour plusieurs secteurs procédures de passation de marché et de gestion qui doivent intégrer de nouvelles compétences et financière publique mais ne disposent pas d’une s’adapter à un fonctionnement collaboratif dans un autonomie par rapport à leur tutelle. Dans le cadre cadre multisectoriel. Ce risque soulève la question de l’application du nouveau cadre harmonisé des fi- de l’évolution du rôle de la CLM et du BEN qui de- nances publiques de l’UEMOA, les entités devraient vraient intégrer dans leurs missions un appui aux disposer non seulement d’une meilleure visibilité sur secteurs dans la gestion de projets ou programmes. les actions budgétisées sur un calendrier plurian- ®® Impact : Fort (3) nuel, mais aussi d’un système d’information facilitant La réussite du PSMN est tributaire d’une réalisation leur gestion et leur coordination. Cependant, dans efficace et coordonnée des PAS ; une faible capaci- les premières années de mise en œuvre du PSMN, té de prise en charge des actions sectorielles aurait il serait opportun de renforcer l’appui du MEFP par ainsi un impact très large sur les résultats du PSMN. des conseillers en charge du suivi des procédures ®® Mesures de mitigation recommandées : budgétaires pour l’ensemble des secteurs. Les mesures de mitigation recommandées sont ®® Impact : Moyen (2) les suivantes : (1) Renforcer les capacités sur les Les ressources publiques affectées à la politique procédures de finances publiques (Deussom et al. de nutrition sont limitées et, comme tous les crédits 2018) ; (2) Renforcer l’appui du BEN de la CLM publics, sont exposées à des contraintes de tré- dans la gestion des projets (Deussom et al. 2018) ; sorerie et risques d’annulation en cours d’années. et (3) Donner au BEN de la CLM un rôle de mai- Une insuffisante maitrise des procédures publiques trise d’œuvre de certains projets critiques dans une accentuerait cette contrainte et rendrait également première phase de la mise en œuvre du PSMN. plus difficile la mise en œuvre coordonnée des ac- La faisabilité de ces mesures de mitigation recom- tions par les différents secteurs. mandées est moyenne (2). Le niveau de criticité ®® Mesures de mitigation recommandées : resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). Les mesures d’atténuation recommandées sont en ligne avec celles liées au risque de préparation des Une insuffisante maitrise des procédures projets : (1) Renforcer les capacités sur les procé- de commande publique et d’exécution des dures de finances publiques (Deussom et al. 2018) ; dépenses (2) Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la ges- tion des projets (Deussom et al. 2018) ; et (3) Donner ®® Description : au BEN de la CLM un rôle de maitrise d’œuvre de Une application imparfaite des procédures de certains projets critiques dans une première phase gestion publique entrainant des retards dans la de la mise en œuvre du PSMN. La faisabilité de ces réalisation des actions du PSMN par secteur et ré- mesures de mitigation recommandées est moyenne duisant la qualité de la coordination dans un cadre (2). Le niveau de criticité resterait élevé (4). multisectoriel. ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) Une insuffisante maitrise des procédures des Le BEN dispose de procédures établies en conformi- PTF té avec le code des marchés publics, les directives de la Banque mondiale et les procédures des bail- ®® Description : leurs de fonds. L’évaluation des performances du Mauvaise application des procédures des PTF entrai- programme de nutrition faite par le groupe d’évalua- nant des retards ou blocages dans la mise en place tion indépendant de la Banque mondiale conclut à des financements ou dans l’utilisation des crédits. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 31 ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) permettant pas d’assurer une gestion coordonnée Ce risque parait faible dans le cas du BEN qui béné- des actions pro-nutrition. ficie d’une expérience reconnue dans la mobilisation ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) des financements et la gestion fiduciaire des projets Le niveau de maitrise de la gestion des actions et programmes. Il est plus sensible pour les entités du PSMN par les ministères est variable to mais sectorielles dans un contexte de montée en puis- comme le souligne Deussom et al. 2018, de façon sance et de transmission aux secteurs de la gestion générale, la collaboration intra-sectorielle se pose opérationnelle des actions. Le renforcement des ca- avec acuité rendant difficile la fluidité des interac- pacités dans la maitrise des procédures des bailleurs tions horizontales et verticales à l’intérieur des de fonds serait opportun de même qu’un changement secteurs. Ce risque sera plus important aux débuts d’échelle du BEN de la CLM qui, dans le cadre mul- de la mise en œuvre du PSMN et exige l’appui tisectoriel, est appelé à renforcer son organisation d’une CLM aux capacités renforcées. Il peut aussi pour s’imposer comme la pierre angulaire de la mise justifier un phasage de la mise en œuvre du PSMN en œuvre du PSMN, délivrant conseils et expertises permettant de maintenir dans une première étape afin de couvrir toute la « chaine de valeur » de la la maitrise d’œuvre de certaines actions critiques mise en œuvre du PSMN. Ce rôle serait plus proche au niveau du BEN de la CLM. d’une Agence que d’une cellule, avec cependant le ®® Impact : Fort (3) même niveau élevé d’ancrage qu’aujourd’hui. L’impact de ce risque est potentiellement fort, au ®® Impact : Fort (3) moins au début de la mise en œuvre du PSMN, en L’importance de la contribution des PTF au finan- raison de la responsabilité importante qui repose cement de la politique de nutrition rend critique la sur les secteurs pour la bonne gestion des PAS. maitrise de leurs procédures afin d’éviter les risques ®® Mesures de mitigation recommandées : de retards ou d’arrêt dans la mise à disposition Les mesures de mitigation recommandées sont des crédits. Au-delà des contraintes financières les suivantes : (1) Mettre en place des Comités in- immédiates, l’impact pourrait aussi porter sur la tra-sectoriels sur la nutrition pour la coordination des crédibilité du PSMN et en conséquence sur les ap- actions avec les autres services8 ; et (2) Encourager puis ultérieurs. la collaboration intra-sectorielle sur la nutrition avec ®® Mesures de mitigation recommandées : les points focaux de la CLM comme instigateurs Les mesures de mitigation recommandées sont (Deussom et al. 2018). Ces mesures de mitigation re- les suivantes : (1) Renforcer les capacités sur les commandées sont facilement faisables (3). Le niveau procédures des bailleurs (Deussom et al. 2018) ; de criticité resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). (2) Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la gestion des projets (Deussom et al. 2018) ; et Une insuffisante coordination intersectorielle (3) Donner au BEN de la CLM un rôle de maitrise d’œuvre de certains projets critiques dans une ®® Description : première phase de la mise en œuvre du PSMN. Une faible articulation des activités sectorielles La faisabilité de ces mesures de mitigation recom- rendant difficile une réponse coordonnée aux pro- mandées est moyenne (2). Le niveau de criticité blèmes de nutrition. resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). ®® Exposition du PSMN : Forte (3) L’ancrage institutionnel de la CLM à la Primature Une insuffisante coordination intra-sectorielle présente des atouts dont une autorité administra- tive et la désignation de points focaux qui devraient ®® Description : en principe faciliter la coordination avec les sec- Une organisation interne des ministères et orga- teurs. Cependant, la CLM est plus perçue comme nismes en charge de la mise en œuvre des PAS ne une entité opérationnelle, à travers la gestion 32 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal du Programme de Renforcement de la Nutrition dépendant de la disponibilité des ressources hu- (PRN), qu’une structure coordinatrice des actions maines, logistiques et matérielles. D’une manière des secteurs. Les passerelles existent avec les générale, les charges ne sont pas en adéquation secteurs mais sur le plan opérationnel, il manque avec les moyens. La coordination est assurée par au niveau des secteurs de représentants pouvant les autorités administratives (CL, Départements, parler avec autorité de la nutrition. La variabilité Régions) dans un cadre formel qui ne favorise pas des représentants n’est également pas favorable à une collaboration étroite entre secteurs. Pour le l’efficacité de la coordination. De plus, la coordina- BEN, la gestion des interventions au niveau local tion est entravée par les rivalités avec le secteur de est déléguée à plusieurs partenaires (différents la Santé et le CNSA qui, chacun, revendique une secteurs, Agences d’Exécution Communautaire, primauté sur la question de la nutrition. Le cadre de secteur privé…). La coordination est assurée de préparation du PSMN a cependant impulsé une dy- manière satisfaisante au niveau régional mais se namique de convergence entre secteurs qui mérite heurte à l’insuffisance des ressources humaines, d’être consolidée en mettant en place une instance de la maitrise des questions de nutrition et de la de coordination plus forte au niveau de la CLM. représentation des services déconcentrés à des ni- ®® Impact : Fort (3) veaux plus bas. L’approche multisectorielle est un des leviers les Les contraintes dans la gestion des activités plus importants de l’efficacité du PSMN. Une insuf- au niveau local sont également liées à une insuf- fisance de la coordination aurait un impact fort sur fisante appropriation des plans par les acteurs et les résultats du plan en termes d’efficacité et d’effi- élus locaux et à une insuffisante articulation entre cience et sur sa crédibilité. la politique nationale de nutrition et les priorités ®® Mesures de mitigation recommandées : locales. Le besoin se fait sentir d’une meilleure Comme mentionné par Deussom et al. 2018, les information des acteurs locaux sur la stratégie de mesures de mitigation recommandées sont les nutrition, d’une consultation plus régulière sur les suivantes : (1) Renforcer la coordination multisec- priorités locales et d’une meilleure intégration de torielle et multi-acteur au niveau central (CLM) ; ces priorités dans les PAS. (2) Renforcer l’organisation et le leadership de la ®® Impact : Fort (3) CLM afin qu’elle puisse accomplir sa mission de La coordination locale est un maillon décisif pour façon optimale. La faisabilité de ces mesures de assurer l’efficacité des actions auprès des bé- mitigation recommandées sans contraintes finan- néficiaires finaux. Le cadre local est également cières très fortes est moyenne (2). Leur mise en caractéristique de la qualité de la coordination sec- œuvre réduirait le niveau de criticité de très élevé torielle. L’impact d’une organisation insuffisante au (9) à élevé (6). niveau local sur les conditions de mise en œuvre du PSMN pourrait être très significatif. Une insuffisante coordination aux niveaux ®® Mesures de mitigation recommandées : régional et local La principale mesure de mitigation recomman- dée par Deussom et al. 2018 est de renforcer la ®® Description : coordination multisectorielle aux niveaux régional Une coordination insuffisante entre les acteurs au et local avec un leadership du Bureau Exécutif niveau local et avec la population réduisant les bé- Régional et une concertation avec les autorités néfices tirés des interventions de nutrition et leurs administratives, les services déconcentrés exis- impacts. tants et les CL. La faisabilité de cette mesure de ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) mitigation recommandées est moyenne (2). Le ni- Les interventions sectorielles sont assurées par veau de criticité resterait élevé, bien que réduit de les services déconcentrés avec une efficacité (6) à (4). Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 33 Une insuffisante coordination avec les PTF ®® Mesures de mitigation recommandées : Comme mentionné par Deussom et al. 2018, les ®® Description : mesures de mitigation recommandées sont la Un manque de coordination entre l’État sénégalais mise en place d’un cadre de concertation régulière et l’ensemble des PTF sur le financement de la po- avec les PTF pour la coordination des interven- litique de nutrition entrainant une canalisation des tions et le suivi des engagements et réalisations. interventions dans des activités ou des zones géo- Cette mesure d’atténuation est facilement faisable graphiques non conformes aux priorités du plan. (3) compte tenu des engagements actuels des prin- ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) cipaux PTF. Le niveau de criticité resterait élevé, Il existe plusieurs cadres de concertation avec bien que réduit de (6) à (4). les PTF dont notamment la plateforme nationale multi-acteurs et multi-secteurs mis en place par le mouvement SUN ; et le Gouvernement du Ca- Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au nada appuie le Sénégal dans plusieurs domaines contrôle à travers les institutions multilatérales Telles que l’UNICEF, l’Organisation des Nations Unies pour Le dispositif de suivi, revue, évaluation, audit repré- l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’OMS Ce- sente dans son ensemble une composante essentielle pendant, la concertation avec les PTF est loin d’une d’une gestion axée sur les résultats. Réalisé de ma- situation optimale pour les mobiliser pleinement en nière fiable et en temps opportun, il contribue à faveur du financement de la politique de nutrition. l’amélioration de la gestion du programme, au par- Le secteur de la nutrition n’a pas encore une vi- tage des connaissances, au respect des règles et sibilité suffisante pour mobiliser les responsables engagements des parties prenantes, à une démarche politiques dans une démarche de coordination forte d’amélioration continue des organisations, à la promo- avec les PTF ; les partenaires ne sont pas tous tion des résultats et la reconnaissance des mérites. dans un même niveau de sensibilisation et de mai- trise des enjeux de la nutrition ; ils peuvent avoir Un dispositif de contrôle inadéquat peut engendrer des orientations différentes dans leur politique de à court terme des risques d’inefficacité dans la réa- coopération sur la nutrition (préférences pour les lisation des activités, des risques d’inefficience dans questions de genre, orientation géographique des l’utilisation des moyens et de retard dans les résultats interventions…). Il manque un cadre de concerta- par rapport aux objectifs stratégiques. Une insuffisante tion globale sur la nutrition avec les PTF réellement conformité aux règlements et engagements vis-à-vis opérationnel et la mise en œuvre du PSMN pourrait des parties prenantes peut conduire à la suspension être l’occasion de le mettre en place en formalisant ou à l’arrêt des financements et des activités. A plus un cadre commun de résultats associant toutes les long terme, un manque de visibilité sur les résultats du parties prenantes. L’organisation d’une table ronde PSMN limite les possibilités de retours d’expérience et des bailleurs serait également utile pour optimiser ne favorise pas le maintien des engagements de l’Etat la coordination des partenaires. et des PTF pour le développement du PSMN. ®® Impact : Fort (3) L’impact d’une insuffisante organisation des parte- L’évaluation des résultats du PSMN, de ses impacts et nariats avec les PTF est potentiellement significatif, la capitalisation des retours d’expériences sont des ac- compte tenu du niveau élevé de leur contribution tivités importantes de renforcement des capacités de au financement de la nutrition au Sénégal. Dans gestion des phases suivantes ou des plans ultérieurs. un cadre multisectoriel, l’impact serait aussi négatif sur les possibilités d’aligner les interventions avec Au niveau du suivi, de l’évaluation et du contrôle les les réelles priorités du Sénégal. deux (2) risques suivants ont été identifiés (tableau A.6) : 34 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal Un dispositif inadapté de suivi et d’évaluation suivantes : (1) Mettre sur pied un cadre commun des actions sectorielles et du PSMN dans son de résultat et un système de gestion de l’informa- ensemble tion et de la connaissance ; (2) Elaborer et déployer un plan global de suivi-évaluation ; et (3) Renforcer ®® Description : les capacités des acteurs en suivi-évaluation. La Un système de collecte des informations sur les ac- faisabilité de ces mesures de mitigation recomman- tivités et de suivi des résultats et d’évaluation des dées sans contraintes financières très fortes est impacts incomplet ou imprécis ne donnant pas une moyenne (2). Le niveau de criticité resterait élevé, bonne visibilité sur les progrès du PSMN, les écarts bien que réduit de (6) à (4). par rapport aux objectifs et ne permettant pas un pilotage efficace et efficient des actions et une attri- Un dispositif de suivi financier, de contrôle et bution précise des responsabilités. d’audit inadapté ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) L’existence d’un manuel de procédures documen- ®® Description : tant un système de suivi dans le cadre du PRN est Une insuffisante visibilité sur la gestion financière une base utile mais les systèmes de suivi des projets des activités, leur conformité aux règlements et en- et programmes au niveau de la CLM et des secteurs gagements vis-à-vis des parties prenantes pouvant ne sont pas complets ni harmonisés. Les indicateurs conduire à des retards dans la mise à disposition collectés par le BEN sont plus des extrants que des des ressources, à la suspension ou à l’arrêt des résultats (Deussom et al. 2018) ; les données ne financements et des activités. sont pas organisées dans un système d’information ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) facilitant leur interprétation et ne sont pas diffusées Le BEN de la CLM dispose de procédures finan- largement. Mis à part la Division de l’Alimentation cières et de contrôle claires, documentées dans un et de la Nutrition qui dispose d’un outil de collecte manuel et systématiquement appliquées, de procé- (DHIS2) et d’un tableau de bord, les autres secteurs dures comptables permettant une production des sont plus à un niveau initial de conception et de états financiers consolidés sur une base mensuelle, construction d’un système de suivi-évaluation. Par et la préparation et le dépôt à temps des rapports ailleurs, les projets et programmes de nutrition ne financiers et des rapports d’audit dans les délais font pas l’objet d’une évaluation régulière de leurs exigés par la réglementation nationale et ceux fixés impacts. Le PSMN prévoit cependant un dispositif dans les accords avec les PTF. Les procédures de de suivi-évaluation qui s’appuiera sur un système passation de marché respectent le code national du harmonisé et efficient de collecte, de suivi, de trai- Sénégal, les directives de la Banque mondiale et tement et de partage des données avec l’ambition les procédures des bailleurs de fonds (Deussom et d’en faire un véritable système d’information intégré al. 2018). Les entités sectorielles ne disposent pas de la nutrition au Sénégal. toutes dans la pratique d’un système comptable et ®® Impact : Fort (3) de systèmes d’information permettant une produc- Le système de suivi et d’évaluation est un pilier tion régulière des états financiers par activité. Le d’une gestion axée sur les résultats. Il a des effets risque d’une insuffisante information sur les activités structurants sur la qualité de la gestion du PSMN sectorielles est particulièrement importante dans le et son inefficacité aurait des conséquences sur la cadre de projets multisectoriels où les entités qui capacité à réaliser l’ensemble des objectifs straté- n’ont pas la charge de la coordination reproduisent giques du PSMN. très peu les réalisations liées à la nutrition dans ®® Mesures de mitigation recommandées : leurs reportings. Dans le nouveau cadre harmonisé Comme mentionné par Deussom N. et al. (2017),] des finances publiques, des réformes comptables les mesures d’atténuation recommandées sont les inspirées du Système Comptable Ouest-Africain Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 35 (SYSCOA) sont engagées pour améliorer la quali- changement et de faciliter une appropriation de la té des comptes ; elles seront accompagnées de la nouvelle stratégie. mise en place du SIGIF du MEFP qui devrait aider à produire l’ensemble des rapports financiers pé- Au niveau de la communication et de la communica- riodiques. De plus, le système de suivi-évaluation tion et à la gestion du changement, les trois (3) risques devrait être organisé pour apporter une bonne visi- suivants ont été identifiés (tableau A.7) : bilité sur ces actions dans le cadre de programmes multisectoriels. Des moyens de communication pour le ®® Impact : Moyen (2) changement des comportements des Une faible qualité des comptes et de la gestion finan- populations cibles cière affecterait la qualité du suivi des activités, les performances du pilotage du PSMN, les conditions ®® Description : de reddition des comptes et de justification des per- Un investissement faible sur la communication formances. L’insuffisance du dispositif de contrôle conduisant à une appropriation insuffisante des en- et le risque de non-conformité aux procédures pu- jeux du PSMN, une mauvaise compréhension des bliques et aux engagements vis-à-vis des bailleurs évolutions nécessaires pour une bonne nutrition et entraineraient des retards dans la mise en œuvre une rigidité dans les comportements. des activités et une perte de confiance des parte- ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) naires pouvant retarder ou annuler les financements. La prévention contre les habitudes de vie et ali- ®® Mesures de mitigation recommandées : mentaires susceptibles de générer des problèmes Les mesures de mitigation recommandées sont les de malnutrition et des maladies non transmissibles suivantes : (1) Renforcer les capacités de gestion est un des défis majeurs du PSMN et suppose une financière et de contrôle (Deussom et al. 2018)  ; éducation nutritionnelle et une sensibilisation des (2) Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la communautés. Cet investissement dans la com- gestion et le contrôle des projets (Deussom et al. munication pour le changement de comportement 2018) ; Favoriser le déploiement rapide de SIGIF est pris en charge dans les lignes d’actions du plan dans les secteurs les plus impliqués dans la mise relatif à la communication et au plaidoyer du sec- en œuvre du PSMN. La faisabilité de ces mesures teur de la nutrition. Un plan de communication sera de mitigation recommandées est moyenne (2) et également élaboré pour assurer la mise en œuvre leur mise en œuvre réduirait le niveau de criticité de ces actions. d’élevé (4) à faible (2). ®® Impact : Fort (3) Si la contrainte relative aux moyens dédiés à la Les risques liés à la communication et à la communication et à la gestion du changement est gestion du changement confirmée, les conséquences seraient importantes et pourraient conduire à un faible niveau d’appro- La gestion de plans ou programmes impose souvent priation et d’implication des populations cibles et à des changements dans les comportements et parfois des impacts limités et peu durables des actions du des ruptures pour impliquer l’ensemble des acteurs. PSMN. Dans le cadre du PSMN, en plus des populations ci- ®® Mesures de mitigation recommandées : blées, il est important de s’intéresser aussi aux acteurs Comme mentionné par Deussom et al. 2018, il est en charge de la gestion des PAS. Ces acteurs perce- recommandé d’élaborer et mettre en œuvre un vront ou subiront des modifications parfois sensibles plan de communication et de plaidoyer du secteur de leurs positions et rôles qui exigeraient des actions de la nutrition. Cette mesure est facilement faisable de communication, de sensibilisation, de formation, (3). Le niveau de criticité resterait élevé, bien que d’assistance permettant de limiter les résistances au réduit de (6) à (4). 36 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal Une insuffisante prise en charge des besoins politique en sa faveur, une moindre confiance des de communication interne et de gestion des populations, des acteurs et des partenaires sur sa changements des acteurs du PSMN pertinence et une réduction des moyens pour la mise en œuvre des actions. ®® Description : ®® Exposition du PSMN : Moyenne (2) Une attention et un investissement insuffisants sur Les actions de communication de la CLM, du BEN les besoins d’adaptation des acteurs de la mise en et des entités sectorielles sont multiples (Rapports œuvre du PSMN conduisant à des résistances au annuels, compagnes de communication de masse changement et des difficultés de coordination et de sur les programmes, animation d’émissions de mobilisation des ressources humaines. radio et de télévision, partage d’informations lors ®® Exposition du PSMN : Forte (3) des réunions de suivi…). La sensibilisation du Le PSMN devrait induire des changements sen- public sur la nutrition et les interventions reste sibles dans les attitudes des acteurs dont les cependant faible. Le dispositif de suivi-évaluation missions et les modes de coordination sont ap- ainsi que le plan de communication prévus dans pelés à évoluer. Au-delà des populations ciblées, le cadre de la mise en œuvre du PSMN devrait les actions de gestion du changement devraient adresser ce volet. Une des conditions majeures également s’adresser à ces acteurs. La gestion du de réussite de PSMN sera la mise à disposition changement et de la communication interne mérite de moyens suffisants pour réaliser efficacement d’être renforcé dans le plan de communication et ces actions. de gestion du changement qui sera élaboré. Il sera ®® Impact : Moyen (2) essentiel pour faciliter une compréhension des Dans le cadre d’une gestion axée sur les résultats, rôles des différentes parties prenantes, leur res- la communication est importante pour crédibiliser le ponsabilisation et la coordination des actions pour plan et maintenir un engagement des populations, l’atteinte des objectifs du PSMN. des acteurs, des responsables politiques et des ®® Impact : Moyen (2) partenaires. Une communication insuffisante pour- Une moindre préparation des acteurs aux chan- rait influer à la fois sur la disponibilité des moyens gements pourrait se traduire par des difficultés et sur l’efficacité des actions pour la nutrition. accrues de coordination et une perte d’efficacité ®® Mesures de mitigation recommandées : dans la mise en œuvre du PSMN. Comme mentionné par Deussom et al. 2018, il est ®® Mesures de mitigation recommandées : recommandé d’élaborer et mettre en œuvre un plan Comme mentionné par Deussom et al. 2018, les de communication et de plaidoyer du secteur de la mesures de mitigation recommandées sont les sui- nutrition. Cette mesure est facilement faisable (3). vantes : (1) Renforcer la communication interne Le niveau de criticité resterait élevé (4). des organisations du secteur de la nutrition ; et (2) Élaborer et mettre en œuvre un plan de gestion du Les risques exceptionnels changement à destination des acteurs de la nutrition. Ces mesures sont facilement faisables (3). Le niveau Le contexte global dans lequel le PSMN sera mis de criticité resterait élevé, bien que réduit de (6) à (4). en œuvre peut avoir des impacts déterminants sur la capacité des acteurs à réaliser les objectifs du Une insuffisante communication sur les plan, même dans le cadre très favorable d’une dis- résultats du PSMN ponibilité des ressources financières et humaines. Nous analysons ci-après les effets d’une évolu- ®® Description : tion défavorable des conditions de mise en œuvre Une faible communication sur les résultats du du PSMN liées à ces facteurs environnementaux PSMN pouvant susciter un moindre engagement exceptionnels. Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 37 Au niveau des risques exceptionnels, le principal ®® Impact : Fort (3) risque identifié est le suivant (tableau A.8) : Les périodes de choc sont des phases à hauts risques de recul dans les performances en ma- Une dégradation des conditions politiques, tière de nutrition. La consommation alimentaire économiques, sociales ou climatiques étant une part importante du budget des ménages, les pressions sur les revenus ou les prix ont des ®® Description : conséquences directes sur le niveau et la qualité De violents chocs externes (crise économique, de la consommation. Dans une enquête sur les ef- forte hausse des prix alimentaires, sécheresse fets des chocs sur les prix des denrées alimentaires ou inondations provoquant une chute de la pro- en 2007 et 2008 (WFP et al. 2008), les résultats duction, crise politique ou sociale) entrainant une ont montré qu’au moins 10% des ménages ont ré- accentuation de la précarité des ménages les plus duit le nombre quotidien de repas ; 30 à 40% des vulnérables à la malnutrition et des moyens bud- ménages ont réduit leurs dépenses en achat de gétaires plus limités pour soutenir ces populations. légumes, fruits, viande et produits laitiers en 2008 ®® Exposition du PSMN : Forte (3) comparativement à 2007 à la même période. D’un point de vue statistique, ces chocs sont appa- ®® Mesures de mitigation recommandées : rus régulièrement et parfois sur de longues périodes Les mesures de mitigation recommandées sont les (sécheresse des années 70 et 80) ; au cours des suivantes : (1) Coordonner la gestion des risques douze dernières années, au moins trois périodes de exceptionnels avec les organismes de sécurité ali- chocs ont été enregistrées (inondations en 2005, mentaire ; (2) Promouvoir une assurance du risque forte hausse des prix des denrées alimentaires en climatique ; (3) Promouvoir le développement 2007 et 2008, mauvaise pluviométrie en 2011). A des cultures de contre saison ; et (4) Diversifier ces risques s’ajoutent des tendances défavorables la production, valoriser les produits locaux et la à long terme sur les conditions de production agri- transformation. La faisabilité de ces mesures d’at- cole (changement climatique, dégradation des ténuation est plus difficile (1) du fait de leurs plus sols, exode rurale). grande complexité et des contraintes financières. Le niveau de criticité resterait très élevé (9). 38 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal 5 Synthèse et classification des risques L e tableau 4 classe les sources de risques en tion du secteur privé, des populations et producteurs quatre catégories selon leur niveau de criticité. locaux et des bailleurs de fonds. L’appui non financier Les classifications révèlent contraintes majeures des communautés locales est également une source dans la mise en œuvre du PSMN qui devraient être le- de facilitation de la mise en œuvre des projets au ni- vées pour assurer les meilleures chances d’atteindre veau décentralisé. les objectifs stratégiques définis. Au niveau des ressources humaines, la formation et Sur le plan institutionnel, l’engagement des autorités la disponibilité du personnel spécialisé en nutrition et, politiques devra être mieux garanti et le cadre institu- surtout, leur stabilité aux postes critiques représentent tionnel de la nutrition renforcé ; cela suppose aussi un des enjeux majeurs pour une mise en œuvre efficace meilleur alignement du PSMN sur les priorités écono- du PSMN. Les risques sont particulièrement impor- miques et sociales du Sénégal. tants au niveau de la coordination du plan mais aussi au niveau des secteurs qui doivent renforcer leurs ca- Dans la mobilisation des ressources financières, les pacités pour une bonne intégration de la nutrition dans risques apparaissent au niveau de toutes les par- leurs politiques. ties prenantes. Le passage à l’échelle de la politique de nutrition implique en effet des besoins financiers Les risques opérationnels sont évalués à un niveau importants qui rencontrent des contraintes de dispo- d’impact fort mais l’expérience accumulée dans la nibilité des ressources dans le budget public, auprès gestion des projets et la coordination de la CLM per- des bailleurs malgré un contexte favorable à l’appui mettent d’en atténuer un peu les impacts, à l’exception des politiques de nutrition, auprès des communautés du risque lié à la coordination intersectoriel qui reste à locales et du secteur privé. L’analyse des mesures un niveau de criticité élevé. de mitigation montre cependant une marge d’amé- lioration des conditions de couverture des besoins Les mesures recommandées dans le but d’atténuer financiers du PSMN à travers une meilleure mobilisa- d’autres risques à la mise en œuvre du PSMN figurent Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 39 TABLEAU 4 : Synthèse des évaluations des risques Exposition Faible Moyenne Forte Impact Fort • Un alignement • Un alignement insuffisant du PSMN sur les • Un engagement insuffisant insuffisant des priorités économiques et sociales des autorités politiques partenaires • Un ancrage institutionnel de la nutrition • Une mobilisation internationaux inadéquat insuffisante des ressources sur la politique • Une faible capacité à couvrir les besoins en publiques de nutrition ressources humaines en pour la coordination du • Une mobilisation PSMN insuffisante des • Une faible capacité à couvrir les besoins en financements des bailleurs ressources humaines pour la mise en œuvre des • Une mobilisation PAS insuffisante des ressources • Un faible alignement des PAS avec les priorités des communautés locales des secteurs • Une implication insuffisante • Des capacités insuffisantes des équipes du secteur privé sectorielles dans la préparation et la gestion de • Une instabilité du projets de complexités comparables personnel critique • Une insuffisante maitrise des procédures des • Une faible capacité de PTF mobilisation de l’appui non • Une insuffisante coordination intra-sectorielle financier des communautés • Une insuffisante coordination au niveaux et partenaires privés régional et local • Une insuffisante • Une insuffisante coordination avec les PTF coordination inter- • Un dispositif inadapté de suivi et d’évaluation sectorielle des actions sectorielles et du PSMN dans son • Une dégradation des ensemble conditions politiques, • Des moyens de communication pour le économiques, sociales ou changement des comportements des populations climatiques cibles Moyen • Une faible • Une insuffisante cohérence dans la planification • Une insuffisante prise mobilisation opérationnelle des actions en charge des besoins des PTF dans • Une insuffisante maitrise des procédures de communication l’assistance, la de commande publique et d’exécution des interne et de gestion des formation et la dépenses changements des acteurs communication • Un dispositif de suivi financier, de contrôle et du PSMN d’audit inadapté • Une insuffisante communication sur les résultats du PSMN Faible • Une faible mise à disposition de ressources logistiques et matérielles par l’Etat la nécessité de mettre en place un dispositif adapté Enfin, les risques exceptionnels liés à une dégrada- de suivi et d’évaluation des actions sectorielles et du tion des conditions politiques, économiques, sociales plan dans son ensemble et une politique de communi- ou climatiques, sont évalués à un niveau de criticité cation disposant de moyens suffisant pour une bonne maximal du fait des très forts impacts et de l’exposition prise en charge des actions pour le changement des historiquement élevée au Sénégal. comportements des populations cibles sans négliger les besoins de communication interne et de gestion du changement pour les acteurs du PSMN. 40 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal 6 Le dispositif de gestion des risques L a gestion des risques requiert une organisation ®® Promouvoir le développement d’une culture de et un système de gouvernance permettant un prise de conscience des risques parmi les parties suivi régulier et rigoureux dans le temps pour prenantes du PSMN, en mettant l’accent sur la for- assurer que les facteurs de risques sont contrôlés mation en gestion des risques et le partage des et que le dispositif de suivi répond de manière satis- analyses et des expériences. mettre en place un faisante aux objectifs de maitrise des risques. Cette système de gouvernance des risques prenant en démarche est d’autant plus importante que l’environ- compte les indicateurs de risque dans le suivi du nement et les risques identifiés dans le cadre de la PSMN; qui organise des réunions de suivi trimes- mise en œuvre du PSMN sont évolutifs. Les actions trielles ou semestrielles; effectue une évaluation suivantes sont recommandées : annuelle par le biais d’un comité afin de contrôler le contexte et les risques, d’examiner et de mettre ®® Désigner un responsable de la gestion des risques à jour la cartographie, les analyses et le plan de au CLM gestion des risques. Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 41 Photo: Adama Cissé/CLM 7 Conclusions L a mise en œuvre du PSMN devrait bénéficier Les risques institutionnels : d’un contexte favorable sur plusieurs aspects. L’expérience réussie du Sénégal dans la ré- ®® Faire un plaidoyer pour assurer un engagement po- duction de la malnutrition ainsi que l’élan général litique fort en faveur du PSMN et impliquer au plus des PTF en faveur des politiques de nutrition en haut niveau les autorités dans la mise en œuvre seront des facteurs de facilitation. Les réformes pu- du plan ; bliques introduisant des méthodes de gestion axées ®® Renforcer l’organisation et le leadership de la CLM sur les résultats permettront aussi une planification afin qu’elle puisse accomplir sa mission de façon pluriannuelle des projets de nutrition, une meilleure optimale ; coordination entre les secteurs et un suivi financier ®® Mettre sur pied un cadre commun de résultats et plus adapté. En revanche, le passage à une échelle un système de gestion de l’information et de la multisectorielle et à une couverture territoriale plus connaissance ; large devrait induire des besoins de financement im- portants dont la couverture serait contrainte par la Les risques liés à la mobilisation des disponibilité plus limitée des ressources publiques et ressources financières : de l’aide au développement. ®® Renforcer les lignes budgétaires pour la nutrition Dans ce contexte, ce rapport met en exergue le besoin au niveau de la CLM et des ministères ; d’un suivi régulier dans plusieurs domaines afin d’an- ®® Etudier la faisabilité de la mise en place d’un fonds ticiper sur les contraintes de réalisation des actions de financement de la nutrition basé sur des taxes et d’assurer une mise en œuvre efficace et efficiente sur des produits néfastes pour la santé du PSMN. Cette analyse aboutit à plusieurs mesures ®® Organiser une Table Ronde des Bailleurs pour fa- de mitigation dont les suivantes sont recommandées voriser une mobilisation maximale et optimale des à titre prioritaire : financements pour la nutrition ; Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 43 ®® Introduire des conditionnalités relatives à la nutri- Les risques organisationnels et opérationnels : tion dans les appuis budgétaires ®® Promouvoir une participation plus active des popu- ®® Renforcer la coordination multisectorielle aux ni- lations locales, des associations et de la diaspora veaux régional et local ; dans la définition des actions prioritaires, leur finan- cement et leur mise en œuvre ; Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au ®® Faire un plaidoyer en direction des industriels et contrôle : structures de transformation agroalimentaires et des producteurs pour le renforcement de la disponi- ®® Elaborer et déployer un plan global de bilité des aliments sains et à haute valeur nutritive ; suivi-évaluation ; ®® Faire un plaidoyer pour le développement d’actions de Responsabilité Sociale des Entreprises en fa- Les risques liés à la communication et à la veur des projets de nutrition ; gestion du changement : ®® Promouvoir en partenariat avec les structures d’ap- pui au secteur privé (APIX, ADEPME, ANIDA...) les ®® Elaborer et mettre en œuvre un plan de commu- opportunités d’investissements dans les filières de nication et de plaidoyer du secteur de la nutrition ; production d’aliments sains et à haute valeur nutri- tive et les projets de Partenariat Public-Privé ; Les risques exceptionnels : Les risques liés à la mobilisation des ®® Coordonner la gestion des risques exceptionnels ressources humaines : avec les organismes de sécurité alimentaire. ®® Faire des investissements stratégiques dans la for- mation et la recherche ; 44 Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal ANNEXE A Synthèse des recommandations pour la mitigation des risques Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 45 46 TABLEAU A.1 : Les risques d’ordre institutionnels Criticité Mesures de mitigation Criticité Risques Exposition Impact initiale recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Un engagement 3 3 9 • Faire un plaidoyer pour assurer un 3 2 3 6 CLM-BEN, insuffisant engagement politique fort en faveur Ministères, PTF des autorités du PSMN et impliquer au plus haut politiques niveau les autorités dans la mise en œuvre du plan • Mieux valoriser le PSMN dans le cadre de la mise en œuvre du PSE et des engagements du Sénégal dans les ODD pour ses impacts sur les leviers de l’émergence (le capital humain, la compétitivité, la productivité) et globalement sur la croissance économique • Créer des coalitions efficaces entre les principales parties prenantes pour promouvoir la cause de la nutrition Un alignement 2 3 6 • Mieux valoriser le PSMN dans le 3 1 3 3 CLM-BEN, MEFP, insuffisant du cadre de la mise en œuvre du PSE Autres Ministères, PSMN sur et des engagements du Sénégal PTF les priorités dans les ODD pour ses impacts sur économiques et les leviers de l’émergence (le capital sociales humain, la compétitivité, la productivité) et globalement sur la croissance économique Un alignement 1 3 3 • Mettre en place un cadre commun de 3 1 2 2 CLM-BEN, MEFP, insuffisant des résultats Autres Ministères, partenaires • Mettre en place un cadre de concertation PTF internationaux régulière avec les PTF pour la sur la politique coordination des interventions et le suivi de nutrition des engagements et réalisations Un ancrage 2 3 6 • Renforcer l’organisation et le 2 1 3 3 Présidence, institutionnel leadership de la CLM afin qu’elle Primature de la nutrition puisse accomplir sa mission de façon inadéquat optimale Une insuffisante 2 2 4 • Assurer la coordination multisectorielle 2 1 2 2 CLM-BEN, MEFP, cohérence dans du secteur de la nutrition Autres Ministères, la planification • Assurer la planification stratégique et PTF opérationnelle opérationnelle multisectorielle des actions • Mettre sur pied un cadre commun de résultats et un système de gestion de l’information et de la connaissance • Faire des investissements stratégiques dans la formation et la recherche Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal TABLEAU A.2 : Les risques liés à la mobilisation des ressources financières Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Une 3 3 9 • Assurer la coordination multisectorielle du 1 3 3 9 CLM-BEN, MEFP, mobilisation secteur de la nutrition Autres Ministères insuffisante • Coordonner la planification budgétaire avec des ressources les secteurs publiques • Renforcer les lignes budgétaires pour la nutrition au niveau de la CLM et des ministères • Etudier la faisabilité de la mise en place d’un fonds de financement de la nutrition basé sur des taxes sur des produits néfastes pour la santé Une 3 3 9 • Elaborer des stratégies de mise en place d’un 2 2 3 6 CLM-BEN, MEFP, mobilisation système de financement de la nutrition et de Autres Ministères, insuffisante des recherche de ressources financières PTF financements • Organiser une Table Ronde des Bailleurs des bailleurs pour favoriser une mobilisation maximale et optimale des financements pour la nutrition • Mettre en place un cadre de concertation régulière avec les PTF pour la coordination des interventions et le suivi des engagements et réalisations • Introduire des conditionnalités relatives à la nutrition dans les appuis budgétaires Une 3 3 9 • Renforcer les lignes budgétaires en faveur 1 3 3 9 CLM-BEN, MEFP, mobilisation des actions nutrition auprès des CT Autres Ministères, insuffisante des • Promouvoir une participation plus active PTF ressources des des populations locales, des associations communautés et de la diaspora dans la définition des locales actions prioritaires, leur financement et leur mise en œuvre Une implication 3 3 9 • Faire un plaidoyer en direction des 3 2 3 6 CLM-BEN, MEFP, insuffisante du industriels et structures de transformation Autres Ministères, secteur privé agroalimentaires et des producteurs pour PTF le renforcement de la disponibilité des aliments sains et à haute valeur nutritive • Faire un plaidoyer pour le développement d’actions de Responsabilité Sociale des Entreprises en faveur des projets de nutrition • Promouvoir en partenariat avec les structures d’appui au secteur privé (APIX, ADEPME, ANIDA...) les opportunités Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal d’investissements dans les filières de production d’aliments sains et à haute valeur nutritive et les projets de 47 Partenariat Public-Privé 48 TABLEAU A.3 : Les risques liés à la mobilisation des ressources humaines Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Une faible 2 3 6 • Renforcer l’organisation et le leadership de la 2 2 2 4 CLM-BEN capacité à CLM afin qu’elle puisse accomplir sa mission couvrir les de façon optimale besoins en • Renforcer les ressources humaines et les ressources mesures d’incitations humaines pour • Améliorer les conditions de rémunération des la coordination professionnels de la nutrition du PSMN Une faible 2 3 6 • Renforcer les ressources humaines et les 1 2 3 6 CLM-BEN, MEFP, capacité à mesures d’incitations Autres Ministères, couvrir les • Améliorer les conditions de rémunération des PTF besoins en professionnels de la nutrition ressources • Elaborer une stratégie nationale des humaines ressources humaines en nutrition pour la mise • Faire des investissements stratégiques en œuvre des dans la formation et la recherche PAS Une instabilité 3 3 9 • Renforcer l’organisation et le leadership 2 2 3 6 CLM-BEN, MEFP, du personnel de la CLM afin qu’elle puisse mutualiser et Autres Ministères, critique assurer les besoins essentiels de ressources PTF humaines spécialisées • Améliorer les conditions de rémunération des professionnels de la nutrition • Faire des investissements stratégiques dans la formation et la recherche Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal TABLEAU A.4 : Les risques liés à la mobilisation des autres ressources Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Une faible mise 2 1 2 • Améliorer les moyens technologiques et 1 2 1 2 CLM-BEN, Autres à disposition logistiques et les infrastructures des services Ministères de ressources en charge de la nutrition logistiques et matérielles par l’Etat Une faible 1 2 2 • Mieux valoriser les ressources en assistance 2 1 2 2 CLM-BEN, Autres mobilisation PTF Ministères, PTF des PTF dans l’assistance, la formation et la communication Une faible 3 3 9 • Promouvoir une participation plus active des 2 2 3 6 CLM-BEN, Autres capacité de populations locales dans la mise en œuvre Ministères mobilisation des actions de nutrition de l’appui non • Susciter l’émulation entre les communautés financier des en partageant les expériences réussies communautés • Communiquer sur les impacts des projets au et partenaires niveau communautaire privés Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 49 50 TABLEAU A.5 : Les risques organisationnels et opérationnels Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Un faible 2 3 6 • Assurer la coordination multisectorielle du 2 2 2 4 CLM-BEN, MEFP, alignement des secteur de la nutrition Autres Ministères PAS avec les • Assurer la planification stratégique et priorités des opérationnelle multisectorielle secteurs • Inclure dans les objectifs de performance des objectifs cohérents avec ceux du PSMN Des capacités 2 3 6 • Renforcer les capacités de gestion de projets 2 2 2 4 CLM-BEN, Autres insuffisantes • Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans Ministères des équipes l’élaboration et la gestion des projets sectorielles • Donner au BEN de la CLM un rôle de dans la maitrise d’œuvre de certains projets critiques préparation dans une première phase de la mise en et la gestion œuvre du PSMN de projets de complexités comparables Une 2 2 4 • Renforcer les capacités sur les procédures 2 2 2 4 CLM-BEN, MEFP, insuffisante de finances publiques Autres Ministères maitrise des • Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la procédures gestion des projets de commande • Donner au BEN de la CLM un rôle de publique et maitrise d’œuvre de certains projets critiques d’exécution dans une première phase de la mise en des dépenses œuvre du PSMN Une 2 3 6 • Renforcer les capacités sur les procédures 2 2 2 4 CLM-BEN, MEFP, insuffisante des bailleurs Autres Ministères maitrise des • Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la procédures des gestion des projets PTF • Donner au BEN de la CLM un rôle de maitrise d’œuvre de certains projets critiques dans une première phase de la mise en œuvre du PSMN (continued on next page) Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal TABLEAU A.5 : Les risques organisationnels et opérationnels (continued) Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Une 2 3 6 • Mettre en place des Comités intra-sectoriels 3 2 2 4 Ministères insuffisante sur la nutrition pour la coordination des sectoriels coordination actions avec les autres services intra-sectorielle • Encourager la collaboration intra-sectorielle sur la nutrition avec les points focaux de la CLM comme instigateurs Une 3 3 9 • Renforcer la coordination multisectorielle et 2 2 3 6 CLM-BEN, Autres insuffisante multi-acteur au niveau central (CLM) Ministères coordination • Renforcer l’organisation et le leadership de la inter-sectorielle CLM afin qu’elle puisse accomplir sa mission de façon optimale Une 2 3 6 • Renforcer la coordination multisectorielle 2 2 2 4 CLM-BEN, Autres insuffisante aux niveaux régional et local Ministères coordination aux niveaux régional et local Une 2 3 6 • Mettre en place un cadre de concertation 3 2 2 4 CLM-BEN, MEFP, insuffisante régulière avec les PTF pour la coordination Autres Ministères, coordination des interventions et le suivi des engagements PTF avec les PTF et réalisations Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 51 52 TABLEAU A.6 : Les risques liés au suivi, à l’évaluation et au contrôle Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Un dispositif 2 3 6 • Mettre sur pied un cadre commun de 2 2 2 4 CLM-BEN, MEFP, inadapté résultats et un système de gestion de Autres Ministères, de suivi et l’information et de la connaissance PTF d’évaluation • Elaborer et déployer un plan global de des actions suivi-évaluation sectorielles et • Renforcer les capacités des acteurs en suivi- du PSMN dans évaluation son ensemble Un dispositif de 2 2 4 • Renforcer les capacités de gestion financière 2 1 2 2 CLM-BEN, MEFP, suivi financier, et de contrôle Autres Ministères de contrôle • Renforcer l’appui du BEN de la CLM dans la et d’audit gestion et le contrôle des projets inadapté • Favoriser le déploiement rapide de SIGIF dans les secteurs les plus impliqués dans la mise en œuvre du PSMN Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal TABLEAU A.7 : Les risques liés à la communication et à la gestion du changement Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Des moyens de 2 3 6 • Elaborer et mettre en œuvre un plan de 3 2 2 4 CLM-BEN, Autres communication communication et de plaidoyer du secteur Ministères pour le de la nutrition changement des comportements des populations cibles Une 3 2 6 • Renforcer la communication interne des 3 2 2 4 CLM-BEN, Autres insuffisante organisations du secteur de la nutrition Ministères prise en charge • Elaborer et mettre en œuvre un plan de des besoins de gestion du changement à destination des communication acteurs de la nutrition interne et de gestion des changements des acteurs du PSMN Une 2 2 4 • Elaborer et mettre en œuvre un plan de 3 2 2 4 CLM-BEN, Autres insuffisante communication et de plaidoyer du secteur Ministères communication de la nutrition sur les résultats du PSMN Étude sur les Capacités dans le Secteur de la Nutrition au Sénégal 53 54 TABLEAU A.8 : Les risques stratégique qui accompagnera l’exécution du PSMN Criticité Criticité Risques Exposition Impact initiale Mesures de mitigation recommandées Faisabilité Exposition Impact résiduelle Responsables Une 3 3 9 • Coordonner la gestion des risques 1 3 3 9 CLM-BEN, CNSA, dégradation exce`ptionnels avec les organismes de Autres Ministères des conditions sécurité alimentaire politiques, • Promouvoir une assurance du risque économiques, climatique sociales ou • Promouvoir le développement des cultures climatiques de contre saison • Diversifier la production, valoriser les produits locaux et la transformation Analyse et Perspective : 15 Années d’Expérience dans le Développement de la Politique de Nutrition au Sénégal ANNEXE B Liste des personnes rencontrées Sigle Prénoms & Nom Email CLM Dr Ndéye Khady TOURE nndiaye@clm.sn Malick FAYE mfaye@clm.sn Aminata NDOYE andoye@clm.sn Abdoulaye KA aka@clm.sn Momar THIAM mthiam@clm.sn Agence Nationale de la Petite Sophie SOW GUEYE sagessesow60@yahoo.com Enfance et de la Case des Tout-Petits Karo DIAGNE NDAW karodiagne@gmail.com (ANPECTP) Jean pape FAYE jeanpapestar@gmail.com Jules SAMBOU jules.sambou@gmail.com Cheikh NDOUR ndourcheikh@yahoo.com Alassane DIEDHIOU alassanediedhiou@yahoo.fr USAID Yaayjeende Karl ROSENBERG krosenberg@usaid-yaayjeende.org Papa Sène DIERY psene@usaid-yaayjeende.org Dr Nafissatou LO   REACH / WFP Sophie Cowppli-BONY sophie.cowpplibony@wfp.org Dr Aïda GADIAGA aida.gadiaga@wfp.org FAO Komlan KWAJODE komlan.kwadjode@fao.org Christohpe BREYNE christophe.breyne@fao.org BACDI Aminata Ndiaye COLY aminata74@yahoo.fr Ministère de l’Economie, des Finances Dr Louise HABIB SECK lshabib64@yahoo.fr et du Plan (MEFP) Ministère de la Santé et de l’Action Dr Maty DIAGNE CAMARA matydiagne@yahoo.com Sociale (MSAS) Ministère de l’Agriculture et de Seynabou MBOUP naboumoucheikh@gmail.com l’Equipement Rural (MAER) Fatou G. GUEYE fagueye20032003@yahoo.fr Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 55 Notes de fin de rapport 1. Joint Child Malnutrition Estimates, UNICEF (United 6. Au Sénégal, dans le cadre de la planification éco- Nations Children’s Fund), WHO (World Health nomique, les ministères élaborent des lettres de Organization) and World Bank (accessed 2017), politique sectorielle reflétant la stratégie de déve- http://datatopics.worldbank.org/child-malnutrition/. loppement de leur secteur et servant à orienter les 2. La PNDN est désigné dans les rapports antérieurs investissements, la mise en œuvre des projets et par « Document de Politique Nationale de Déve- programmes, ainsi que leur suivi et leur évaluation. loppement de la Nutrition (DPNDN) ». Lors des entretiens avec les ministères, y compris 3. Le montant total de APD des membres du Comité le ministère des Finances, nous avons constaté que d’Aide au Développement (CAD) de l’OCDE est l’alignement des politiques sectorielles globales sur passé de US$70 milliards en 1997 à US$147 mil- les objectifs de la politique nutritionnelle était moins liards en 2015, source OCDE. risqué, mais plus important dans le choix des prio- 4. Au moment de la rédaction du présent rapport, les rités effectives en cas de ressources budgétaires structures décentralisées s’appelaient des Collec- insuffisantes (come c’est souvent le cas). tivités locales. Elles sont désormais désignées par 7. Cette promotion pourrait être associée à des l’appelation Collectivités territoriales. mécanismes incitatifs pour accompagner les in- 5. Exemple de l’APIX et du Conseil Présidentiel de dustriels à enrichir les aliments. l’Investissement pour la mission d’amélioration du 8. Projet en cours au MSAS cadre des affaires. Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 57 Références Deussom G., V. Wise, M.-S. Ndione, and A. Gadiaga. Years of Experience in the Development of Nu- 2018. “Capacity and Gaps of the Nutrition Sector trition Policy in Senegal. Washington, DC: World in Senegal.” Analysis & Perspective: 15 Years of Bank; Dakar, Sénégal: CLM. Experience in the Development of Nutrition Policy in Senegal. Washington, DC: World Bank; Dakar, Spray, A.L. 2018. “Evolution of Nutrition Policy in Sénégal: CLM. Senegal.” Analysis & Perspective: 15 Years of Experience in the Development of Nutrition Policy ISO (International Organization for Standardization). in Senegal. Washington, DC: World Bank; Dakar, 2009. “Risk Management—Principles and Guide- Sénégal: CLM. lines.” Geneva, Switzerland: ISO. Vaillancourt, D. 2018. “A Decade of World Bank Sup- Nene, M. 2018. “Nutrition Situation in Senegal.” Ana- port to Senegal’s Nutrition Program.” Analysis & lysis & Perspective: 15 Years of Experience in the Perspective: 15 Years of Experience in the Deve- Development of Nutrition Policy in Senegal. Was- lopment of Nutrition Policy in Senegal. Washington, hington, DC: World Bank; Dakar, Sénégal: CLM. DC: World Bank; Dakar, Sénégal: CLM. Offosse N., M.J. 2018. “Nutrition Financing in Senegal.” WFP (World Food Programme), FAO (United Nations Analysis & Perspective: 15 Years of Experience Food and Agriculture Organization), UNICEF in the Development of Nutrition Policy in Senegal. (United Nations Children’s Fund), and Natio- Washington, DC: World Bank; Dakar, Sénégal: CLM. nal Statistics and Demography Agency (ANSD). 2008. Impact of the Price Hike on Food Security of Ruel-Bergeron, J. 2018. “The Case for Investment in the Populations in Urban Areas (Pikine, Kaolack, Nutrition in Senegal.” Analysis & Perspective: 15 Ziguinchor). Rome, Italy: WFP. Les Risques Associés à la Mise à l’Échelle des Performances Nutritionnelles au Sénégal 59 1818 H Street, NW Washington, DC 20433 Cette étude a été financée par la Banque mondiale et le Fonds fiduciaire japonais pour la nutrition. Le groupe de travail qui a supervisé la série était composé de membres des organisations suivantes: