Ce changement de sources de croissance a DJIBOUTI d’importants effets de stabilisation Évolution récente macroéconomique. Du côté extérieur, le déficit courant s’est régulièrement resserré, passant de La petite économie de Djibouti reprend de la 22,9 % du PIB en 2015 à 15,4 % du PIB en 2018 ; vitesse. Après une croissance de 4,1 % en 2017 il devrait s’établir à 11,1 % en 2019. Cette évolu- et 6 % en 2018, la production devrait progress- tion est due au fait que les importations liées er de 7 % en 2019, sur fond de normalisation aux grands projets d’infrastructures diminuent, des échanges internationaux en Éthiopie, pays tandis que les exportations de services de qui sort d’une période de transition politique logistique ont commencé à augmenter. Ac- réussie assortie d’une dévaluation du birr de tuellement, le déficit courant est composé de 15 % en octobre 2017. La croissance sera tirée projets liés à des IED (non générateurs de par les exportations de services de transport et dette), principalement dans le secteur du tou- de logistique appuyées par les infrastructures risme (hôtels) et de l’immobilier, ainsi que dans commerciales nouvellement mises en service. la nouvelle zone franche internationale Dans le secteur industriel, la croissance restera (DIFTZ). Les réserves internationales détenues robuste également, grâce au développement par la Banque centrale devraient se stabiliser à progressif d’un secteur manufacturier de sub- 3,2 mois d’importations, ce qui suffit à couvrir stitution aux importations (transformation les exigences relatives à la base monétaire et à alimentaire et matériaux de construction essen- la caisse d’émission, tandis que les avoirs exté- tiellement). rieurs nets des banques commerciales représen- Les moteurs de la croissance évoluent aussi, teront environ 50 % du PIB. L’inflation est passant de la demande intérieure et de l’effort restée inférieure à 1 % ces deux dernières an- Après un bref ralentissement en 2017, corre- fourni en matière d’investissement public à la nées, mais devrait remonter à 2 % en 2019. demande extérieure et l’effet d’attraction des Le déficit budgétaire se resserre rapidement spondant à l’achèvement de certains grands exportations de services. Entre 2014 et 2016, la aussi : de 23,7 % du PIB en 2015, il est tombé à projets d’infrastructures, la croissance a repris mise en œuvre rapide de grands projets publics 4,3 % en 2018. Malgré une plus faible mobilisa- en 2018, mais reste inférieure au potentiel. Le d’infrastructures a gonflé la croissance réelle de tion des recettes non fiscales, les finances pays, qui ambitionne une position de pôle nu- 3 à 5 points de pourcentage, poussant l’écono- publiques devraient encore s’améliorer en 2019, mérique régional, a entrepris de refaire des mie à tourner au-dessus de son potentiel et alors que les dépenses globales continuent de exportations de services de transport et de mettant en lumière certains problèmes de sou- diminuer. Les dépenses d’investissement logistique le moteur principal de sa croissance tenabilité. Ces investissements publics étaient, tendent à se normaliser autour de leur niveau après une période transitoire de domination toutefois, essentiels à la réalisation de l’ambi- de 2013 et les dépenses courantes devraient des investissements publics à forte intensité tion des autorités nationales qui veulent faire elles aussi décroître en 2019 du fait d’un en- de Djibouti un pôle commercial, logistique et cadrement des dépenses en biens et services et d’importation financés principalement par numérique en Afrique de l’Est, et ont con- des transferts. En conséquence, la dette exté- l’accumulation de la dette. La politique d’as- sidérablement accru le potentiel de croissance rieure contractée ou garantie par l’État a atteint sainissement des finances publiques et le dé- du pays. Plusieurs secteurs restent en surcapa- un sommet en 2018 et devrait décroître en 2019. sendettement des entreprises publiques ont un cité, notamment le transport et la logistique, qui De 43 % du PIB en 2014, elle est montée, selon effet de compression sur les déficits budgétaire sont tournés vers l’exportation. les estimations, à 83,4 % du PIB en 2018. Cette FIGURE 1 Djibouti/Soldes budgétaire et courant FIGURE 2 Djibouti/Taux de pauvreté réel et projeté et PIB réel par habitant Sources : Gouvernement djiboutien et projections des services de la Banque Sources : Banque mondiale. Note : voir le tableau 2. mondiale. MPO 1 Apr 19 hausse est principalement imputable à trois à 8,0 % sur la période 2020-2023. La croissance en 2019. Le pays est confronté au difficile pro- prêts non concessionnels contractés ou garantis sera soutenue par les exportations de services blème de la rareté des emplois qui entraîne un par l’État pour la construction d’une conduite de transport, de logistique et de télécommuni- très faible taux d’activité et un niveau élevé de d’eau, d’un port polyvalent et d’une nouvelle cation au fur et à mesure que le pays récolte les chômage. De nouvelles réductions de la liaison ferroviaire avec l’Éthiopie. fruits de son ambitieux programme d’inves- pauvreté pourraient être possibles si la crois- Malgré l’accélération de la croissance tissement. À moyen terme, l’émergence pro- sance économique stimule l’activité privée. économique, la pauvreté reste élevée. Selon la gressive d’exportations non traditionnelles, dernière enquête auprès des ménages réalisée en 2017, 21,1 % de la population vivaient avec liées principalement aux industries légères des zones franches d’exportation, accroîtra la valeur Risques et défis moins de 2,17 dollars par jour en PPA de 2011 ajoutée. Tandis que les flux d’échange et d’in- (correspondant au seuil national de pauvreté), vestissement vers l’Éthiopie continuent de pro- Les incertitudes baissières sont liées aux tandis que la part de la population vivant avec gresser, le besoin d’une plus grande connectivi- facteurs suivants : i) la forte dépendance vis-à- moins de 1,90 dollar par jour était estimée à té attirera des capitaux à moyen terme et favo- vis de l’Éthiopie qui traverse une période de 17,1 %. Le taux d’extrême pauvreté atteignait risera l’utilisation des installations logistiques transition ; ii) la forte vulnérabilité aux chocs plus du double du taux national dans les ré- en place, y compris celles qui viennent d’être exogènes (hausse des prix des produits alimen- gions (45,0 %), tandis qu’il était nettement infé- ajoutées. Avec le démarrage de la production taires et des carburants importés en grande rieur à Djibouti-ville (13,6 %). En revanche, il de gaz naturel en Éthiopie, l’existence d’un quantité, cyclones, inondations) ; et est très élevé en milieu rural, où il atteint terminal d’exportation à Djibouti stimulera iii) l’incapacité à mener des réformes. Si des 62,6 %. En 2017, le taux de chômage officiel était encore davantage l’activité. réformes d’envergure ne sont pas entreprises, de 47 %, avec des différences importantes entre S’agissant de l’action politique, le gouverne- Djibouti pourrait n’avoir qu’une moderne en- hommes et femmes. Les jeunes sont également ment va poursuivre la mise en œuvre de sa clave portuaire, tandis que dans le reste du confrontés à des taux de chômage plus élevés Vision 2035. Les infrastructures essentielles pays, les équipements énergétiques, les infra- que les personnes plus âgées. étant en place, il va maintenir le cap sur les structures technologiques et le système éducatif réformes visant à moderniser l’administration, resteraient à la traîne, avec un fort taux de Perspectives y compris la gestion des entreprises publiques, développer le capital humain et le secteur pauvreté à la périphérie. C’est là le principal défi politique : rendre la croissance inclusive et privé, et ouvrir certains secteurs protégés à la faire en sorte qu’elle profite aux pauvres de la À moyen terme, les perspectives économiques concurrence. Les récentes performances du périphérie. Contrairement aux pays dotés sont positives, eu égard à la stratégie déployée pays au classement Doing Business et sur l’in- d’atouts naturels bien répartis et largement par les pouvoirs publics pour faire du pays un dice de performance logistique ont aiguisé son accessibles, Djibouti a des caractéristiques na- pôle régional pour le commerce, la logistique et appétit pour les réformes. turelles et une situation géographique qui le numérique. La croissance du PIB devrait Le taux d’extrême pauvreté à 1,90 dollar par obligent à la mise en commun des ressources et atteindre 7,0 % en 2019, puis accélérer et passer jour devrait baisser à 16,3 % en 2018 et à 15,4 % des capacités pour les rendre productives et en redistribuer les fruits au bénéfice de tous. TABLEAU 2 Djibouti/Indicateurs Macro Poverty Outlook (variation annuelle en pourcentage, sauf indication contraire) MPO 2 Apr 19