FICHE DE CONNAISSANCES N°4 P R O T É G E R L E S R E S S O U R C E S N AT U R E L L E S D E L A R É G I O N FICHE DE CONNAISSANCES N°4 Protéger les ressources naturelles de la région L e littoral de l’Afrique de l’Ouest abrite des ressources naturelles et des habitats qui fournissent de nombreux services écosystémiques. Les ressources naturelles de la région sont essentielles pour le fonctionnement du littoral : elles font naturellement barrage à l’érosion, à la pollution, à l’élévation du niveau de la mer et aux épisodes climatiques extrêmes. Les écosystèmes marins et côtiers, notamment les récifs coralliens d’eau froide, les herbiers, les mangroves, les marécages et les lagons de bord de mer servent de zones de fraie et d’alevinage pour les poissons et fournissent donc des services écosystémiques cruciaux au secteur de la pêche. La région abrite des milliers d’espèces animales terrestres FIGURE 1  Les écosystèmes fournissent de et marines, notamment des oiseaux migratoires qui nombreux services essentiels dépendent du littoral pour leur nourriture. Plus de 1 000 espèces de poissons, plusieurs espèces de cétacés, et cinq espèces menacées de tortues marines vivent au large de l’Afrique de l’Ouest. Les enjeux De nombreux facteurs contribuent à la dégradation, voire la destruction, et la dégradation des ressources naturelles marines et côtières. Le défrichage des terres, les change- ments d’affectation des sols et l’exploitation des forêts côtières pour la production de biomasse et de bois de construction, et la préparation de médicaments – activités qui endommagent les ressources naturelles – progressent à un rythme alarmant. La fréquence croissante des catas- trophes naturelles – des épisodes météorologiques et climatiques sévères ou extrêmes – exerce également une forte pression sur les ressources côtières, entraînant souvent des pertes considérables à très brève échéance. L’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale ont perdu entre 20 et 30 % de leurs mangroves au cours des vingt- cinq  dernières années (Wetlands International, 2012). pour se reproduire. Les mangroves et les forêts côtières Selon certaines études, la superficie de la mangrove gui- jouent également un rôle important dans la protection du néenne – l’une des plus grandes de la région – a diminué littoral contre les tempêtes et autres épisodes climatiques de 37 % entre 1980 et 2012 (Giri et autresal, 2011 ; PNUE, extrêmes, et contribuent à ralentir l’érosion. 2007), une perte problématique, car de nombreuses espèces de poisson dépendent d’un habitat composé de Dans plusieurs pays, la dépendance du secteur du bâti- mangroves, de récifs coralliens d’eau froide et d’herbiers ment vis-à-vis de l’extraction de sable côtier entraîne des FICHE DE CONNAISSANCES N°4 P R O T É G E R L E S R E S S O U R C E S N AT U R E L L E S D E L A R É G I O N dommages importants le long du littoral, notamment La pollution – due au déversement de déchets solides, la perte de terres, la dégradation des écosystèmes, la au rejet d’effluents domestiques et industriels non traités, destruction de la végétation côtière et l’érosion. Les et à l’eutrophisation causée par les résidus agricoles – barrages destinés àla productiond’électricité hydraulique endommage les marécages, les mangroves et les récifs et à alimenter les systèmes d’irrigation retiennent les coralliens. La pollution marine, les pratiques de pêche sédiments en amont, et entravent leur dépôt sur la côte. commerciale et la prospection et l’exploitation pétrolière Les systèmes hydrographiques, tels que les bassins des en mer menacent les récifs coralliens d’eau froide dans fleuves Sénégal, Volta et Niger, jouent un rôle important l’archipel du Cap-Vert. L’exploitation minière et pétrolière dans les écosystèmes d’Afrique de l’Ouest, où nombre de contribue de manière significative à la dégradation des leurs affluents se jettent dans l’océan. La construction de environnements côtiers et marins. barrages, destinés à la production d’électricité hydraulique et à alimenter les systèmes d’irrigation, par exemple les La viabilité des activités économiques le long de la côte, barrages de Kindia et de Konkouré en Guinée, et celui la protection des établissements humains et la survie de d’Akosombo au Ghana, modifie le débit de l’eau et des nombreuses espèces animales et végétales dépendent sédiments, diminue le volume de sédiments se déversant directement de la protection de ces ressources essentielles sur le littoral et accentue ainsi l’érosion. contre les catastrophes naturelles et imputables à l’homme. Les solutions Différentes interventions ont permis de protéger les requis pour développer des solutions adaptées à tous les ressources naturelles côtières, notamment la création de acteurs. Pour identifier et mettre en œuvre des solutions zones protégées, l’octroi de droits d’usage territoriaux viables à long terme, les pays du littoral ouest-africain dans les pêcheries (DUTP), l’échange de crédits carbone doivent donc intensifier la coopération régionale et les « bleus », la planification de l’affectation des sols, les processus décisionnels intégrés. analyses environnementales régionales, et la réalisation d’études d’impact environnemental pour les grands BIBLIOGRAPHIE projets d’infrastructures. Giri, C., E. Ochieng, L. L. Tieszen, Z. Zhu, A. Singh, T. Loveland, J. La reconnaissance du rôle essentiel des ressources natu- Masek, et N. Duke. 2011. “Status and Distribution of Mangrove relles telles que les mangroves, les forêts côtières et les Forests of the World Using Earth Observation Satellite Data.” Global Ecology and Biogeography 20: 154–59. marécages dans la réduction des risques de catastrophes est croissante. La réhabilitation des forêts de mangroves PNUE (Programme des Nations unies pour l’environnement). 2007. et d’autres types d’infrastructures environnementales – Les mangroves de l’Afrique de l’Ouest et centrale. Rapport préparé par le PNUE-DEPI  dans le cadre des projets du comme solution unique ou couplée à des infrastructures PNUE liés à la biodiversité en Afrique http://www.unepwcmc. traditionnelles (dites « infrastructures grises ») – peut org/system/dataset_file_fields/files/000/000/207/original/ contribuer à réduire les risques de catastrophes et amé- biodiversity_series_26_FR.pdf?1399476732 liorer la gestion du littoral. Ces infrastructures « vertes » Wetlands International. 2012. Protection des mangroves et sont souvent bien moins coûteuses que les infrastructures des zones côtières. http://africa.wetlands.org/Whatwedo/ « grises » (WRI 2012). Mangrovescoasts/tabid/2943/language/fr-FR/Default.aspx WRI (World Resources Institute). 2012. Green vs. Gray Infrastructure: L’impact de la dégradation et de la destruction et de la When Nature Is Better than Concrete. http://www.wri.org/ dégradation des ressources naturelles côtières transcende blog/2012/06/green-vs-gray-infrastructure-when-nature- dépasse les frontières. Des efforts coordonnés sont donc better-concrete. Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (« WACA » en anglais) est une plateforme de mobilisation visant à assister les pays ouest-africains à gérer de façon durable leur littoral et à renforcer la résilience socio-économique aux effets du changement climatique. Ce programme vise également à faciliter l’accès des pays qui y participent à l’expertise technique et aux ressources financières. www.worldbank.org/waca 4/2016