FICHE DE CONNAISSANCES N°1 R E N F O R C E R L A C O L L A B O R AT I O N E T L’ I N T É G R AT I O N R É G I O N A L E FICHE DE CONNAISSANCES N°1 Renforcer la collaboration et l’intégration régionale L e littoral de l’Afrique de l’Ouest, essentiel pour la région, abrite un tiers de sa population et est le lieu de production de près de la moitié de son PIB. Composé en grande partie de mangroves et de for- mations sableuses, il est particulièrement vulnérable à l’érosion causée par les courants côtiers et les surcotes de tempête. Les effets de l’érosion sont visibles de la Mauritanie au Gabon et les taux d’érosion ne cessent d’augmenter. Aux abords du port de Lomé, par exemple, le littoral togolais recule de 12 à 15 mètres environ chaque année (UEMOA, 2010). L’importance de cette zone et sa vulnérabilité au chan- en œuvre d’interventions prioritaires. L’Étude de suivi du gement climatique inquiètent de plus en plus les gou- trait de côte et schéma directeur du littoral de l’Afrique vernements de la région. Les prévisions de croissance de l’Ouest, initiée par l’UEMOA en 2010, a permis de démographique dans les zones côtières, la migration en recueillir et d’actualiser les informations sur les caracté- provenance de l’intérieur et des zones rurales ainsi que le ristiques du littoral, identifier les problèmes et proposer changement climatique ont contraint les gouvernements des recommandations pour des mesures prioritaires et à réagir. définir un plan régional. Cette étude a concerné onze pays d’Afrique de l’Ouest, de la Mauritanie au Bénin. En Au cours des vingt dernières années, les bailleurs de 2011, à Dakar, les ministres de l’Environnement des onze fonds et les organisations régionales et internatio- pays concernés ont adopté officiellement les recomman- nales – dont la Banque africaine de développement (BAD), dations de l’étude. la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’agence allemande pour la coopération Plusieurs diagnostics et orientations stratégiques ont été internationale (Deutsche Gesellschaft für Internationale préparés. L’analyse diagnostique transfrontalière et le Zusammenarbeit – GIZ), le Fonds pour l’environnement programme d’action stratégique du « Grand écosystème mondial, la Commission océanographique intergouver- marin du courant de Guinée », par exemple, visent à ren- nementale de l’UNESCO, l’Union internationale pour forcer la gestion durable des pêcheries et à réduire les la conservation de la nature (UICN), le Nouveau parte- pollutions marines et terrestres dans seize pays. D’autres nariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), le exemples de coopération régionale incluent la Convention Programme des Nations Unies pour le développement d’Abidjan pour la coopération en matière de protection (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environ- et de développement du milieu marin et côtier de la nement (PNUE), l’Agence américaine pour le dévelop- région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et du Sud, soit pement international (USAID) et l’Union économique et 14 000 km de littoral de la Mauritanie à l’Afrique du Sud, monétaire ouest-africaine (UEMOA) – ont collaboré avec ainsi que la Mission d’observation du littoral ouest-africain les pays de la région pour soutenir une gestion durable (MOLOA), un mécanisme de coopération régionale pour du littoral, renforcer les connaissances et faciliter la mise le suivi du trait de côte et la réduction des risques côtiers. Les enjeux La Déclaration de Dakar et les mesures ultérieures sont interventions sont mises en œuvre, encore, de façon très encourageantes, mais elles restent insuffisantes face fragmentée et sans grande coordination entre les pays. aux dangers de l’érosion côtière et des inondations. Les FICHE DE CONNAISSANCES N°1 R E N F O R C E R L A C O L L A B O R AT I O N E T L’ I N T É G R AT I O N R É G I O N A L E Toutefois, les pays de la région sont de plus en plus • Le déficit sédimentaire dû à la régulation du débit des convaincus de la nécessité d’agir rapidement, conscients rivières, et ses répercussions en aval, y compris dans que les objectifs ne pourront être atteints que dans le les pays voisins. cadre d’une collaboration régionale, avec une prise de • Les inondations causées par la pollution marine qui décision reposant sur des informations actualisées. La dérive le long du littoral, et leurs effets sur les deltas collaboration régionale et la coordination des actions sont des fleuves et les canaux de drainage. impératives en raison du caractère transfrontalier de la plupart des problèmes affectant le littoral, par exemple : • La destruction des habitats naturels engendrée par une planification insuffisante et la pollution maritime, qui • L’érosion et les accumulations sédimentaires, causées a des impacts négatifs sur les populations régionales notamment par la construction d’infrastructures côtières de poissons et sur les communautés dont la pêche dans les pays voisins. est le principal moyen de subsistance. Les solutions L’approche régionale a prouvé son efficacité dans d’autres dialogue et l’échange d’expérience à l’échelle régionale. secteurs, comme celui des lacs-réservoirs ou de l’amé- Lorsqu’ils sont conscients des coûts, des avantages et des nagement des bassins fluviaux. Elle fournit un cadre responsabilités liés à la gestion durable du littoral, ils sont sur le long terme aux mesures nationales et permet le prêts à collaborer sur la conception, la mise en œuvre et déploiement stratégique des ressources en bénéficiant le financement de projets régionaux et nationaux, à ren- d’économies d’échelle. L’approche régionale s’inscrit en forcer la gouvernance régionale et nationale de la gestion complémentarité avec les processus nationaux intégrés durable du littoral et à améliorer la base de connaissances de gestion du littoral. sur l’érosion côtière, les inondations et autres risques liés au changement climatique sur le littoral ouest-africain. L’intégration régionale peut permettre d’améliorer la gestion durable des eaux côtières partagées, les services Deuxièmement, les pays peuvent soutenir la mise en de protection de l’environnement et les moyens de sub- place d’un observatoire régional et d’un référentiel de sistance liés aux écosystèmes côtiers. La coopération peut données. En lien avec la Mission d’observation du littoral également contribuer au développement de principes et ouest-africain, la surveillance du littoral au niveau national de directives à l’échelon régional en matière d’investis- peut procurer une meilleure visibilité sur les tendances sements d’infrastructure côtière. en matière d’érosion, de surveillance et de prévision. Les données recueillies peuvent remonter jusqu’à l’ob- Le principal atout de l’approche régionale réside dans servatoire régional, lequel transmettrait aux pays et aux les économies d’échelle obtenues. Les coûts d’une agences régionales des données en temps réel et des intervention efficace sont bien trop lourds à porter pour informations utiles à la gestion des risques d’érosion un seul pays. Il convient d’encourager les pays d’Afrique côtière et d’inondations. de l’Ouest à s’engager collectivement dans la gestion des ressources côtières partagées pour obtenir des effets positifs sur l’environnement à l’échelle mondiale BIBLIOGRAPHIE et accaparer des parts de marché dans les services envi- UEMOA (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine), ronnementaux mondiaux. 2010. Étude de suivi du trait de côte et schéma directeur du littoral de l’Afrique de l’Ouest : Étude de cas au Togo. Les pays peuvent promouvoir l’approche régionale de Caractérisation des états de plage dans deux cellules de deux manières. Tout d’abord, ils peuvent favoriser le dérive littorale : côtes à l’ouest et à l’est du port de Lomé. Le Programme de gestion du littoral ouest-africain (« WACA » en anglais) est une plateforme de mobilisation visant à assister les pays ouest-africains à gérer de façon durable leur littoral et à renforcer la résilience socio-économique aux effets du changement climatique. Ce programme vise également à faciliter l’accès des pays qui y participent à l’expertise technique et aux ressources financières. www.worldbank.org/waca 4/2016