86039 HARMONISER LES RÈGLES DU JEU AMÉLIORER LES PERSPECTIVES DES FEMMES AGRICULTRICES EN AFRIQUE LA BANQUE MONDIALE Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 1 Une femme gagne sa vie en cultivant des pois chiches à Tulu Bolo en Éthiopie. Une formation par une coopérative d’agriculteurs sur les semences améliorées et les techniques agricoles a augmenté sa production agricole et transformé sa vie et celle de sa famille. Photo : Mike Turner 2 RÉSULTATS CLÉS introduction agriculture africaine est capable de stimuler la croissance, réduire la pauvreté et transformer des millions de vies. Cependant, en raison d’un manque d’investissements et d’intérêt politique, ce secteur n’a pas réalisé ce potentiel. Une large inégalité entre les sexes dans la productivité agricole, causée par les nombreux désavantages économiques, culturels et institutionnels auxquels les femmes sont confrontés, entrave le développement agricole et la croissance globale de l’Afrique. Investir dans l’agriculture africaine gérée par les femmes et instituer des politiques qui éliminent ces disparités dans ce secteur pourrait offrir d’énormes bénéfices, et ceci, non seulement pour les femmes elles-mêmes, mais également pour leur famille, leur communauté et leur pays. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé que si les femmes du monde entier avaient le même accès que les hommes aux facteurs de production, elles pourraient augmenter leurs rendements de 20% à 30% et la production agricole totale de 2,5% à 4%, permettant à entre 100 et 150 millions de personnes de ne plus souffrir de la faim1. En outre, lorsqu’une femme acquière un plus grand contrôle sur son revenu, elle peut plus facilement prendre des décisions importantes affectant sa famille et ses enfants en particulier. Les familles où les femmes influencent les décisions économiques allouent plus de revenus à l’alimentation, la santé, l’éducation et la bonne nutrition des enfants, ce qui bénéficie à la génération suivante2. Alors que de nombreux décideurs politiques africains, gouvernements donateurs et partenaires du développement ont commencé à s’intéresser aux disparités entre les sexes dans l’agriculture africaine, leurs efforts pourraient être valorisés en comprenant mieux quels facteurs jouent un rôle important et de quelle manière ils le jouent en fonction des différents contextes, ainsi que les politiques qui peuvent être mises en place de manière efficace pour combler cet écart. Pendant trop longtemps, les décideurs politiques ont manqué de données cohérentes et de qualité sur l’agriculture, et encore plus de données ventilées par sexe3. Ce rapport, « Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique », offre des preuves et de nouvelles idées sur les facteurs expliquant les inégalités entre les sexes dans six pays d’Afrique : l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, le Nigéria, l’Ouganda et la Tanzanie. Se basant sur les données recueillies par les bureaux nationaux des statistiques avec l’aide du Programme d’étude sur la mesure des niveaux de vie : enquêtes intégrées sur l’agriculture (LSMS-ISA) et en appliquant de manière inédite une méthode statistique établie, le rapport est enrichi d’analyses très détaillées sur la dynamique homme-femme dans l’agriculture. En identifiant les facteurs précis responsables des disparités entre les sexes dans ces six pays, il propose des recommandations politiques spécifiques dont le but est de répondre aux principaux obstacles auxquels les agricultrices font face et de générer des bénéfices pour l’économie dans son ensemble. Ces conclusions et recommandations sont présentées ci-après. Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 3 RÉSULTATS CLÉS Les agricultrices produisent en moyenne moins par hectare que leurs homologues 1 masculinsi. Ce rapport décrit le profil de six pays représentant plus de 40% de la population de l’Afrique sub-saharienne et offre la plus claire preuve à ce jour de l’ampleur et de la gravité des disparités entre les sexes dans l’agriculture africaine. Une simple comparaison entre la productivité moyenne des hommes et des femmes montre que l’écart varie entre un minimum de 13% en Ouganda à un maximum de 25% au Malawiii. Cette information suggère qu’au Malawi par exemple, les parcelles agricoles gérées par des hommes produisent en moyenne 25% de plus par hectare que ceux gérés par des femmes. Une étude plus approfondie de ces écarts, en prenant en compte les différences de taille des parcelles et les facteurs géographiques, révèle un contraste encore plus saisissant : en comparant les femmes et les hommes avec des parcelles de taille similaire dans un contexte équivalent, les écarts varient de 23% en Tanzanie à 66% au Nigeriii. Illustration 1 : Différences entre les sexes dans la productivité agricole par pays DiffÉrence Simple ÉthiopiE 23% *** Malawi 25%*** Niger 19%*** Nord 4% NigÉria Sud 24%* TanzaniE 6% OUganda 13%*** 0 10 20 30 Différence en considérant la taille des parcelles et les régions ÉthiopiE 24% *** Malawi 25%*** Niger 66%*** Nord 46%*** NigÉria Sud 17% TanzaniE 23%*** OUganda 33%*** 0 10 20 30 40 50 60 70 Remarque : Les symboles */**/*** désignent une marge d’erreur de respectivement 10%, 5% et 1%. i Les termes agricultrices, exploitantes agricoles et femmes en général sont utilisés de manière interchangeable tout au long du rapport et indiquent les femmes prenant des décisions importantes de gestion sur une parcelle cultivable donnée. Veuillez consulter le rapport complet pour plus d’information. ii Les écarts en Tanzanie et au nord du Nigéria sont statistiquement insignifiants en comparaison simple. iii L’écart au sud du Nigéria est statistiquement insignifiant avec cette mesure plus affinée, probablement en raison de l’utilisation d’un échantillon de petite taille. 4 RÉSULTATS CLÉS Les disparités entre les sexes ne sont pas seulement le résultat d’une inégalité 2 d’accès aux intrants. Les femmes font également face à une inégalité de rendement des intrants auxquels elles ont accès. Les recherches antérieures mettant en avant les disparités entre hommes et femmes dans l’agriculture se sont concentrées exclusivement sur l’accès des femmes aux intrants clés, tels que les engrais, l’information et la main d’œuvre agricoles, concluant qu’avec un meilleur accès à ceux-ci, les femmes seraient plus productives. La méthodologie utilisée dans ce rapport comprend non seulement une étude de la quantité et des niveaux de ressources utilisées par les femmes, mais aussi des rendements qu’elles obtiennent avec ces ressources, ou comment ces ressources se traduisent en augmentation réelle de leur productivité agricoleiv. Ainsi, le rapport montre que, dans la plupart des pays, même si les femmes ont accès à la même quantité d’intrants que les hommes, l’égalité d’accès ne réussit pas à produire le même effet en termes de productivité agricole. Cette idée novatrice indique l’existence de normes plus larges, de défaillances du marché ou de contraintes institutionnelles qui affectent l’efficacité de ces ressources pour les femmes. Par exemple, les femmes en Éthiopie et en Ouganda profitent moins que les hommes, en termes d’augmentation de la productivité agricole, des conseils de vulgarisation que leurs foyers reçoivent. Ceci suggère que les programmes de vulgarisation agricole actuels sont peut-être mieux adaptés aux besoins des hommes agriculteurs. Ces nouvelles découvertes vont forcer les gouvernements et les institutions pour le développement à mieux adapter les politiques et les programmes aux questions et contraintes affectant le plus les moyens de subsistance des agricultrices dans leurs pays. Mettre l’accent sur les facteurs clés des disparités entre les sexes dans chaque pays 3 peut améliorer l’égalité des sexes et promouvoir la croissance économique. Les agricultrices font face à de nombreux désavantages, tels que des barrières dans l’accès au crédit et des niveaux d’éducation moins élevés. Cependant, toutes ces disparités ne contribuent pas de manière égale aux écarts entre les sexes, certaines n’ont même aucun effet. Ce rapport fournit des preuves sur les facteurs principaux responsables de ces écarts ainsi que sur leur importance relative. Par exemple, au Malawi, les femmes utilisent des niveaux moindres d’intrants agricoles par rapport aux hommes sur leurs terres, comme l’engrais et les services de vulgarisation, et cette différence est la cause de plus de 80% des disparités de productivité dans ce pays. Le rapport montre également que tous les facteurs responsables des disparités ne jouent pas nécessairement un rôle dans chaque pays. En attirant l’attention de la politique et en rassemblant les ressources nécessaires pour s’attaquer aux questions spécifiques à chaque pays (voir Tableau 1), les décideurs politiques, praticiens et partenaires du développement peuvent commencer à s’attaquer au problème de l’égalité entre hommes et femmes et contribuer à une plus grande productivité et croissance. Les éléments suivants sont considérés dans ce rapport comme les facteurs clés des disparités des sexes dans les six pays étudiés. Le manque de main d’œuvre constitue un obstacle primordial pour atteindre une égalité de la productivité à travers les pays évalués. Pour faire face à cette inégalité, les gouvernements africains et les donateurs doivent faire des efforts pour développer des politiques et des programmes efficaces dans le but d’aider les agricultrices à dépasser cet obstacle. L’agriculture en Afrique dépend énormément de la main d’œuvre fournie par les foyers des exploitants agricoles, leur famille et leur communauté. Cependant, les femmes trouvent beaucoup de difficultés à mobiliser de l’aide pour travailler sur leur exploitation agricole et ce problème commence dans leur foyer. En moyenne, les agricultrices ont tendance à vivre dans des foyers plus petits avec moins d’hommes, probablement dû au veuvage, à l’émigration ou au divorce. Par conséquent, les agricultrices en Éthiopie, au Malawi, au nord du Nigéria, en Tanzanie et en Ouganda ont moins de membres de leur famille disponibles pour fournir de la main d’œuvre pour des travaux agricoles ou domestiques. Même en prenant en compte la taille du foyer, les exploitantes agricoles au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Tanzanie déploient moins de travailleurs de leur foyer sur leurs terres. D’autre part, dans tous ces pays, sauf au Nigéria, ces travailleurs génèrent moins de rendements pour les agricultrices que ceux travaillant pour des agriculteurs. Les agricultrices ont également des difficultés à embaucher de la main d’œuvre extérieure performante. Ces découvertes suggèrent que les femmes ne peuvent peut-être pas se permettre autant que les hommes une main d’œuvre de qualité ; iv Les déclarations expliquant les découvertes sur les rendements faites dans cette section et dans le reste du rapport supposent que toutes les autres variables demeurent constantes. Veuillez consulter le rapport complet pour plus d’information. Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 5 que les normes culturelles font que ces travailleurs travaillent plus durs pour un responsable masculin ; et/ou que les contraintes de temps des femmes (à cause de leur rôle dans le ménage) affectent peut-être leur capacité à encadrer leurs travailleurs. En effet, les femmes assument typiquement un rôle plus large que les hommes dans les responsabilités ménagères et la garde des enfants, ce qui restreint probablement leur aptitude à travailler dans leur propre exploitation et à gérer leur main d’œuvre. Les hommes, pendant ce temps, ont tendance à avoir plus de contrôle sur l’allocation de la main d’œuvre familiale, y compris celle des plus jeunes membres du foyer. Pour ces raisons, le fait d’avoir une plus grande proportion d’enfants dans le foyer (par rapport au nombre d’adultes) réduit la productivité des femmes plus que celles des hommes au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda. Bien que les exploitantes agricoles dans chacun des six pays étudiés fassent face au même type de problème de main d’œuvre, les politiques visant à aider les femmes à dépasser ces obstacles sont rares. C’est pour cette raison que les gouvernements africains et les donateurs doivent rendre cette question prioritaire et développer des programmes efficaces qui aideraient les agricultrices à embaucher de la main d’œuvre extérieure, à utiliser des outils et des équipements réduisant la quantité de main d’œuvre requise à la ferme, et à accéder à des services de garderie communautaire. Les différences dans l’utilisation et dans les rendements des engrais et d’autres intrants non liés à la main d’œuvre jouent un rôle dans les disparités des sexes. Les femmes souffrent d’une inégalité d’accès à des intrants productifs variés4 et ce rapport démontre également l’importance de l’inégalité de rendement de ces intrants. En effet, les différences d’utilisation et de rendement d’intrants contribuent à la disparité des sexes dans tous les pays étudiés. Au Malawi, au Niger, au nord du Nigéria et en Ouganda, les femmes utilisent en général des quantités plus faibles d’engrais que les hommes, ce qui réduit leur productivité agricole relative. En Éthiopie et en Tanzanie, les différences de rendement lié à l’engrais entre les sexes suggèrent que les agricultrices dans ces pays utilisent des engrais de moins bonne qualité, l’appliquent mal ou au mauvais moment. Les gouvernements africains et les donateurs devraient soutenir les programmes qui encouragent les femmes à utiliser des quantités plus importantes d’engrais et d’autres intrants sur leurs terres et à se procurer des engrais de meilleure qualité. Même si une femme a accès à une terre agricole, d’autres défis associés peuvent limiter sa productivité. L’accès aux terres et leur contrôle est essentiel pour le bien-être des foyers ruraux. Cependant, les régimes fonciers légaux et coutumiers défavorisent souvent les femmes en milieu rural. Celles-ci ont moins de chances de contrôler des terres que les hommes et l’insécurité foncière des femmes réduit leur investissement dans leur terre, nuisant donc à leur productivité. L’étude dans ce rapport ne peut que partiellement éclaircir ces problèmes complexes liés à l’accès aux terres et à leur contrôle. Néanmoins, elle suggère qu’un nombre de facteurs liés à la terre (au-delà de l’accès en lui-même) peut aider à expliquer les disparités entre les sexes. L’un d’entre eux est la taille des terres. En Éthiopie et en Tanzanie, les femmes ont de moins bons rendements que les hommes par hectare supplémentaire de terre. Cela pourrait être dû à une moins bonne qualité des terres mais cela pourrait également être causé par la difficulté relative des femmes à gérer la main d’œuvre agricole ou l’application d’autres intrants sur des parcelles plus étendues. Les gouvernements africains doivent chercher à renforcer les droits fonciers des femmes afin de résoudre ces problèmes compromettant leur productivité. La vulgarisation et les informations agricoles n’améliorent pas autant la productivité des agricultrices que celle des agriculteurs. Les connaissances et la formation aux méthodes et techniques de production agricole sont essentielles à la fois pour les hommes et pour les femmes mais les agricultrices ont souvent moins accès à cette information, en particulier celle adaptée à leurs besoins. Les exploitantes agricoles ont tendance à n’avoir qu’un accès indirect à l’information à travers leurs maris ou amis si elles ne sont pas chefs de famille. En outre, elles ne participent peut-être pas aux activités de formation du fait de leurs responsabilités ménagères ou de contraintes de transport, et elles ne peuvent peut-être pas communiquer efficacement avec des agents de vulgarisation masculins pour des raisons culturelles5. Ce rapport montre que les femmes en Éthiopie et en Ouganda profitent moins que les hommes, en termes de productivité agricole accrue, de certaines formes de conseil en vulgarisation reçues par leur ménage, suggérant que les programmes actuels de vulgarisation sont probablement plus adaptés aux besoins des exploitants masculins. Les agricultrices au Malawi, elles, font partie de foyers recevant moins de conseils techniques sur la production agricole et la commercialisation, ce qui 6 RÉSULTATS CLÉS contribue à l’écart entre les sexes. Les décideurs politiques dans ces pays devraient penser à mieux adapter les services de vulgarisation aux besoins des femmes et à étendre les connaissances en agriculture en utilisant d’autres mécanismes, comme l’implication de réseaux sociaux de femmes par exemple. Les disparités entre les sexes dans l’accès à l’éducation, très répandue dans les décennies passées, continue d’affecter les agricultrices aujourd’hui. Bien que de nombreux pays africains aient récemment fait de gros progrès pour la parité dans l’enseignement, les inégalités entre les sexes des années précédentes continuent de jouer un rôle dans les écarts de productivité d’aujourd’hui entre les hommes et les femmes. Les différences de scolarité entre ces derniers se traduisent en différences de productivité agricole en Ouganda et, dans une moindre mesure, au Malawi. Les décideurs politiques dans ces pays devraient donc faire tout leur possible pour élever les niveaux de scolarité des agricultrices adultes afin de les aider à combler cet écart de productivité. L’amélioration de l’accès aux marchés pour les femmes et l’aide aux exploitantes agricoles pour passer à une agriculture commerciale à forte valeur ajoutée font leurs preuves. Au Malawi, les agricultrices sont moins susceptibles que leurs homologues masculins de cultiver des cultures d’exportation telles que le tabac. Cette distinction contribue considérablement aux disparités entre les sexes dans le pays car les cultures d’exportation se vendent à un prix plus élevé que les cultures vivrières. Cependant, au Malawi, au nord du Nigéria et en Ouganda, les exploitantes agricoles profitent de meilleurs rendements que les hommes en passant à une agriculture à forte valeur ajoutée. Les politiques qui exploitent cet avantage peuvent donc améliorer l’égalité des sexes et stimuler la croissance agricole. Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 7 Une agricultrice en Ouganda 8 Photo : USAID RÉSULTATS CLÉS TABLEAU 1 : facteurs qui augmentent les disparités de genre dans la productivité agricole Éthiopie Malawie Niger Nigéria du N. Nigéria du S. Tanzanie Ouganda Taille de l’exploitation TERRE Autres caractéristiques de l’exploitation* Taille du foyer Main d’œuvre masculine du foyer† Main d’œuvre féminine du foyer† MAIN D’ŒUVRE Main d’œuvre employée de l’exploitation† Temps consacré aux activités agricoles Nombre d’enfants par rapport aux adultes dans le foyer Semences améliorées/ achetées Utilisation d’herbicide/ de pesticides† Utilisation INTRANTS HORS d’engrais MAIN D’ŒUVRE (organique ou non)† Irrigation Équipement et outils de l’exploitation Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 9 Éthiopie Malawie Niger Nigéria du N. Nigéria du S. Tanzanie Ouganda Formation INFORMATION agricole Cultures commerciales d’exportation Crédit ou capital agricole ACCÈS AUX MARCHÉ Distance jusqu’à un marché ou une route Activité/ revenu non-agricole Âge ÂGE ET CAPITAL HUMAIN Niveau d’instruction RICHESSE Consommation Niveau du facteur observé comme augmentant Note : les inégalités hommes-femmes Seuls les facteurs importants statistiquement (seuil d’importance statistique de 10%) qui augmentent Rendement du facteur observé comme augmentant les inégalités hommes-femmes les inégalités homes-femmes ont été rapportés ici. *Nombre de parcelles cultivées et pente, altitude, qualité du sol, Niveau et rendement du facteur observés comme droits de propriété et certificats augmentant les inégalités hommes-femmes administratifs par parcelle. † Inclue à la fois l’utilisation Facteur inclus dans l’analyse du pays mais qui n’a pas été et l’intensité d’utilisation du facteur observé comme augmentant les inégalités hommes-femmes (quantité / mesure par hectare ou are). Facteur non inclus dans l’analyse du pays 10 RÉSULTATS CLÉS L’année 2014 offre une occasion historique pour les décideurs politiques africains, les gouvernements donateurs et les partenaires du développement de prendre les 4 choses en main et de s’engager à lancer une action politique concrète pour diminuer l’écart entre les sexes dans l’agriculture africaine. Dans de nombreux pays africains, la politique agricole ne fait pas la distinction entre les hommes et les femmes et leurs besoins respectifs. Les disparités incessantes entre les sexes, documentées dans ce rapport, soulignent le fait qu’un changement de pensée se fait attendre depuis bien longtemps. Les politiques agricoles actuelles doivent mieux s’adapter aux problèmes limitant la productivité des agricultrices, et les nouvelles politiques et programmes doivent être conçus et mis en place pour répondre à leurs besoins. Si les initiatives ne sont pas prises pour augmenter la productivité des femmes, l’occasion de croissance agricole restera inexploitée et les efforts plus larges en matière de développement en seront entravés. L’Union africaine a déclaré que 2014 serait l’Année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, attirant ainsi une attention plus que nécessaire sur la capacité du secteur à transformer le continent. Dans le cadre de cette année historique, les gouvernements africains devraient renouveler leur engagement à réduire l’écart entre les sexes dans l’agriculture et annoncer cet engagement au sommet de l’Union africaine en Guinée Équatoriale au mois de juin. Pour réduire cet écart, les dirigeants africains devraient prendre en considération les dix priorités et options détaillées dans ce rapport, pour répondre aux défis spécifiques à leur pays (voir Tableau 2). Ces priorités politiques s’inspirent de la nouvelle mise en évidence de facteurs clés dans les disparités entre les hommes et les femmes. Basées sur les meilleures recherches disponibles et sur une évaluation d’impact crédible, elles sont constituées à la fois d’interventions prometteuses, pour lesquelles les données actuelles indiquent un fort potentiel de succès, et d’interventions émergentes, qui pourraient bénéficier de recherches plus poussées. En parallèle, étant donné la connaissance limitée de l’efficacité des politiques actuelles, les donateurs et les institutions pour le développement peuvent jouer un rôle de catalyseur en aidant les gouvernements africains à réduire l’écart entre les sexes dans l’agriculture en prenant les mesures suivantes : • En créant un « fonds d’encouragement » pour soutenir le pilotage et le renforcement des politiques prouvées efficaces dans l’aide aux agricultrices et la réduction des disparités. • En soutenant les plans agricoles qui accordent une attention particulière aux différences de besoins entre hommes et femmes. • En examinant les découvertes de ce rapport relatives aux programmes de don et en continuant à faire des analyses comparatives entre les sexes dans la création de programmes et de collecter des données ventilées par sexe pour assurer le suivi et l’évaluation des impacts de ces programmes. Ces mesures marqueront un important tournant pour les exploitantes agricoles africaines afin d’obtenir l’égalité qu’elles méritent. Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 11 Tableau 2 : Dix priorités politiques pour réduire les disparités entre les sexes dans l’agriculture africaine Option politique prometteuse (fondée sur les données disponibles) Option politique émergente (fondée sur les données disponibles) Facteur principal politique publique prioritaire Politiques publiques optionelles Formaliser les droits à travers un enregistrement foncier afin d’accroître la sécurité foncière des femmes. Augmenter la création de titres fonciers individuels et Terre 1. Renforcer les droits fonciers des femmes partagés pour les femmes. Réformer la loi relative à la famille et à la succession pour protéger le droit des femmes. Accorder des financements aux femmes pour faciliter 2. Améliorer l’accès à l’embauche de main l’embauche de main d’œuvre agricole. d’œuvre pour les femmes Charger les agents de vulgarisation d’aider les exploitantes agricoles à trouver de la main d’œuvre. Main d’œuvre 3. Accroître l’utilisation par les femmes d’outils Accorder des financements ou des remises aux femmes et d’équipements qui réduisent la quantité de pour faciliter l’achat de machines. main d’œuvre agricole nécessaire. 4. Fournir des services de garderie Fournir des services de garderie communautaires. communautaires. 5. Encourager les agricultrices à utiliser plus Accorder des financements ou des remises alignés sur d’engrais et de meilleure qualité. leur cycle de revenus pour encourager les achats d’engrais. Certifier des petits sacs d’engrais pour l’utilisation par les Intrants non femmes. liés à la main d’œuvre Offrir des financements flexibles pour l’achat de 6. Augmenter l’utilisation de semences semences. « améliorées » par les femmes. Aider les femmes à mieux identifier et à obtenir des semences de qualité. Former les agents de vulgarisation à cibler les agricultrices et à mieux répondre à leurs besoins en informations agricoles. 7. Adapter les services de vulgarisation aux besoins des femmes et tirer parti des réseaux Mettre des formations et des conseils en agriculture à la Information sociaux pour y diffuser les connaissances disposition des femmes à travers des fermes-écoles et agricoles. des applications pour téléphonie mobile. Identifier des conseillères agricoles volontaires pour diffuser l’information dans les réseaux sociaux féminins. 8. Promouvoir l’utilisation par les femmes de Promouvoir l’utilisation par les femmes de cultures à haute cultures à haute valeur ajoutée/commerciales. valeur ajoutée/commerciales. accès aux Offrir des services marchands à travers l’utilisation de marchÉs 9. Faciliter l’accès des femmes aux marchés Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). ainsi que leur pleine participation. Rassembler les groupes existants pour accéder à des débouchés commerciaux. Capital 10. Élever le niveau de scolarité des exploitantes Élever le niveau de scolarité des exploitantes agricoles humain agricoles adultes. adultes. 12 RÉSULTATS CLÉS NOTES INTRODUCTION RÉSULTATS CLÉS 1 FAO. 2011. “The State of Food and Agriculture 2010–2011: Women in Agriculture: 4 Peterman, A.R. Quisumbing et J. Behrman. 2014. “A Review of Empirical Closing the Gender Gap for Development”. http://www.fao.org/docrep/013/ Evidence on Gender Differences in Nonland Agricultural Inputs, Technology, i2050e/i2050e00.htm and Services in Developing Countries”, dans A. Quisumbing, R. Meinzen-Dick, 2 Kennedy et P. Peters, 1992. “Household food security and child nutrition: the J. Behrman, T. Raney, A. Croppenstedt et A. Peterman (eds.). “Gender in interaction of income and gender of household head”. Développement mondial, Agriculture and Food Security: Closing the Knowledge Gap”. Éditions Springer 20(8): 1077-1085; E. Kennedy et L. Haddad. 1994. “Are preschoolers from (publication prévue fin mars) . Dordrecht, Pays-Bas. female-headed households less malnourished? A comparative analysis of results 5 Quisumbing et L. Pandolfelli. 2010. “Promising Approaches to Address the from Ghana and Kenya”. Journal d’études sur le développement, 30(3): 680-695; Needs of Poor Female Farmers: Resources, Constraints, and Interventions”. J. Hoddinottet L. Haddad. 1995. “Does female income share influence household Développement mondial 38, 581-592. expenditure patterns?”. Bulletin sur l’économie et les statistiques d’Oxford 57(1): 77-96; D. Thomas. 1997. “Incomes, expenditures and health outcomes: evidence on intrahousehold resource allocation”. Dans L. Haddad, J. Hoddinott et H. Alderman (eds.). “Intrahousehold Resource Allocation in Developing Countries”. Edition de presse John Hopkins, Baltimore, EU; L. Haddad. 1999. “The earned income by women: impacts on welfare outcomes”. Économie agricole, 20(2): 135-141; A. Quisumbing et J. Maluccio. 2000. “Intrahousehold Allocation and Gender Relations: New empirical evidence from four developing countries”. IFPRI. Washington, DC; L.C. Smith, U. Ramakrishnan, A. Ndiaye, L. Haddad et R. Martorell. 2003. “The Importance of Women’s Status for Child Nutrition in Developing Countries”. Rapport de recherche No. 131. IFPRI. Washington, DC; C.R. Doss. 2005. “The effects of intrahousehold property ownership on expenditure patterns in Ghana”. Journal sur les économies africaines, 15(1): 149-180. 3 Carletto, D. Jolliffe et R. Banerjee. “The Emperor Has No Data! Agricultural Statistics in Sub-Saharan Africa”. http://mortenjerven.com/wp-content/ uploads/2013/04/Panel-3-Carletto.pdf Harmoniser les règles du jeu : améliorer les perspectives des femmes agricultrices en Afrique 13 ONE Berlin Luisenstrasse 40 10117 Berlin, Allemagne Bruxelles 3e étage 9-15 rue d’Idalie 1050 Bruxelles, Belgique Johannesburg Silverstream Office Park Main Building, 1st Floor 10 Muswell Road Bryanston 2191 Johannesburg, Afrique du Sud Londres 151 Wardour Street Londres, Royaume-Uni W1F 8WE New York 49 W. 27th Street, Floor 3 New York, NY 10005 États-Unis Paris 47 rue du Montparnasse 75014 Paris, France Washington, DC LA BANQUE MONDIALE 1400 Eye Street NW, Suite 600 1818 H St NW Washington, DC 20005 Washington, DC 20433 États-Unis WORLDBANK.ORG/AFRICA ONE.ORG 14 RÉSULTATS CLÉS