À toute allure : Les innovations en finance numérique À toute allure : Les innovations en finance numérique Marcia Parada ET Greta Bull À toute allure : Les innovations en finance numérique Sommaire Introduction ...................................................................................................................... 2 1. La distribution : Le maillon manquant ................................................................................ 5 Tendance : Les applications et les outils permettant de numériser et d’accélérer le processus d’ouverture de compte Tendance : La reconnaissance biométrique d’empreintes digitales et vocales pour authentifier le client Tendance : L’optimisation de la distribution : les outils de gestion des équipes de terrain pour suivre le personnel, les agents et/ou les commerçants sur le terrain Tendance : L’émergence d’agrégateurs extérieurs proposant des services d’agent quel que soit le fournisseur 2. Les innovations du back-office : Faire le lien........................................................................ 8 Tendance : Les développeurs d’application soutenant les institutions financières par l’intégration de l’argent mobile Tendance : Les entreprises technologiques permettant l’acceptation par le commerçant des paiements numériques en magasin Infographie: L’avenir à portée de main : L’innovation dans les services financiers numériques Tendance : Les agrégateurs de paiement permettant les paiements en ligne et le commerce électronique Tendance : Exploiter les sources de données alternatives pour les décisions de crédit Tendance : Exploiter les sources de données alternatives pour la veille économique 3. L’innovation de produit : Exploiter les avantages d’une infrastructure solide ...................... 15 L’innovation de produit pour les consommateurs Tendance : Le paiement à l’usage (pay-as-you-go) pour les biens et services essentiels en s’appuyant sur l’infrastructure de paiement mobiles et la connectivité de machine à machine Tendance : Le microcrédit à vue mobile est très demandé Tendance : La micro-assurance mobile se fraie un chemin vers les foyers africains pauvres Tendance : Les produits formels s’appuient sur ou exploitent les comportements informels observés et les capacités collectives Tendance : La multiplication des produits financiers proposés par les fournisseurs d’argent non mobile tirant parti du succès de la plateforme de l’argent mobile Tendance : L’éducation financière du consommateur : les innovations en capacités financières et en stratégies fondées sur les récompenses L’innovation de produit pour les entreprises : Le cas de l’agroalimentaire Tendance : Encourager les paiements mobiles entre acheteurs et exploitants agricoles pour l’achat de leur production Tendance : L’assurance indicielle domine la sphère de la micro-assurance agricole Tendance : Les achats et les ventes groupés dans l’agriculture rendus possibles grâce aux applications mobiles Conclusion....................................................................................................................... 22 1 Introduction L’Afrique subsaharienne (AfSS) pose de nombreux défis à moyens de fournir des services financiers aux pauvres. Une étude l’inclusion financière : les infrastructures de base sont relativement de FinScope réalisée en Tanzanie en 2013 a indiqué qu’entre 2009 peu développées, les populations sont encore très rurales et donc et 2013, la proportion des adultes tanzaniens totalement exclus du très dispersées, et une grande partie de la population (48,5 %) vit système financier avait diminué, passant de 55 % à 27 %, tandis au-dessous du seuil de pauvreté international fixé à 1,25 dollar que la proportion des adultes utilisant des produits financiers par jour1. En conséquence, on estime que seulement 17,5 % formels non bancaires avait augmenté, passant de 7 % à 44 %. des adultes sur le continent ont accès à un compte auprès d’un Cette tendance a eu des répercussions sur l’accès aux comptes établissement financier formel2. Pourtant, les familles pauvres bancaires, la proportion de personnes utilisant des produits perçoivent des salaires, gèrent des entreprises et achètent des bancaires formels ayant augmenté, passant de 9 % à 14 % sur biens et des services et ont donc besoin de services financiers de la même période4. Les données relatives au Kenya montrent des base facilitant la gestion des décisions économiques et des risques. tendances similaires, la proportion d’adultes utilisant un compte Exclus de la finance formelle, les personnes non bancarisées ont bancaire ayant augmenté de 13 % à 29 % entre 2006 et 20135. recours à des mécanismes informels tels que les groupes d’épargne, Manifestement, les services financiers mobiles ont un impact sur les usuriers ou les réseaux de soutien social à la place des produits l’accès aux services financiers formels; en fait, sur neuf marchés bancaires et de gestion des risques. Ces mécanismes informels émergents (tous situés en AfSS), le nombre de comptes d’argent sont imparfaits et peuvent constituer des substituts coûteux et mobile est maintenant supérieur à celui des comptes bancaires6. risqués. Le principal obstacle à l’offre de produits financiers La région de l’AfSS compte 98 millions7 d’utilisateurs de l’argent formels destinés aux clients à faible revenu a généralement été le mobile enregistrés, ce qui représente 48 % de la base des coût de la prestation, étant donné les volumes relativement faibles utilisateurs au niveau mondial. des transactions concernées. Bien que les produits financiers destinés aux pauvres existent depuis des décennies sous la forme Depuis trois à quatre ans, des opérations réussies liées à de la microfinance, l’incapacité à fournir ces produits de façon l’argent mobile émergent dans des pays comme la Tanzanie, le rentable a compliqué la tâche des institutions de microfinance Zimbabwe, l’Ouganda, le Ghana et la Côte d’Ivoire, démontrant (IMF) lorsqu’elles ont essayé d’atteindre une échelle significative, que l’expérience M-PESA au Kenya n’avait pas vocation à être particulièrement en AfSS où les densités de population restent unique et que l’argent mobile est là pour durer. Bien que les relativement faibles. opérateurs continuent à rencontrer des difficultés pour relever les défis associés à la distribution, à la gestion des liquidités, au Depuis quelques années cependant, certaines régions de l’Afrique développement de produit, à la gestion des risques et à la fraude, connaissent des avancées remarquables en termes d’inclusion les fondations de base du secteur ont désormais prouvé leur financière grâce à l’utilisation de services financiers numériques3, efficacité sur de nombreux marchés, en s’appuyant sur les deux qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la piliers indissociables que sont la technologie et la distribution. Le communication et sur des réseaux d’agents comme canal de secteur sera-t-il exactement identique dans dix ans ? Probablement distribution rentable. Ces innovations ont eu un impact important pas. Mais on commence à bien comprendre ses composantes et sur l’inclusion financière au sein des marchés sur lesquels elles aujourd’hui, un modèle économique élémentaire prend forme. se sont implantées, et semblent court-circuiter les infrastructures On cerne, en revanche, moins bien les possibilités d’innovation, traditionnelles des services bancaires et de microfinance comme une fois la base des services financiers mobiles en place. 1 Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, 2010. 2 Banque mondiale, Little Data Book on Financial Development, 2013. 3 Les significations des expressions « services financiers numériques » et « services financiers mobiles » sont quelque peu différentes : Les « services financiers numériques » sont plus généraux, englobant les paiements électroniques, notamment les paiements au détail par carte ou téléphone portable. Les « services financiers mobiles » se limitent aux paiements par téléphone, et sont parfois désignés par l›expression « argent mobile ». Les paiements mobiles sont un vaste sous-ensemble des services financiers numériques dans le contexte africain, où les paiements par carte sont relativement rares. C›est pourquoi, par souci de simplicité (et étant donné la convergence toujours croissante entre les deux types de services décrits dans ce document), les deux expressions sont utilisées de manière interchangeable dans ce document. 4 FinScope Tanzania, 2013 report summary. FinMark Trust and Financial Sector Deepening Trust Tanzania. 5 Présentation de l’Alliance for Financial Inclusion, “Where are Mobile Financial Services in Africa?”, John Owens, 5 février 2014. 6 Pénicaud, C. & Katakam, A. Le point sur le secteur 2013 : Les services financiers mobiles destinés aux personnes non bancarisées en 2013, GSMA MMU, 2014. Les neuf pays sont le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Kenya, Madagascar, la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie et le Zimbabwe. 7 Ibid. 2 À toute allure : Les innovations en finance numérique Pourquoi l’innovation compte-t-elle tant dans le secteur des La distribution services financiers numériques ? Bien que la contribution de ces derniers à l’inclusion financière soit de plus en Le maintien et le développement de réseaux d›agents omniprésents, plus documentée, il s’agit ici d’un secteur encore à l’état liquides et bien formés constituent un défi formidable. Même dans embryonnaire. Il a clairement eu un effet perturbateur sur les des pays comme le Kenya, seule une petite partie des transactions secteurs des services financiers et des paiements en Afrique est réalisée par des moyens numériques. Les espèces règnent encore et la convergence entre le monde des opérateurs de réseaux en maître : les questions de confiance du client, d’intégration de la mobiles (ORM), les banques, les IMF et les prestataires de plateforme et d’interopérabilité entravent le remplacement de la services de paiement, s’accentue toujours davantage. Ces monnaie papier par la monnaie virtuelle. entités disparates sont de plus en plus étroitement liées au sein d’un écosystème qui non seulement permet, pour la Les systèmes liés aux activités de back-office première fois, la participation des personnes à faible revenu au L’intégration entre les systèmes d’argent mobile est imparfaite et secteur financier formel, mais fournit aussi des opportunités entravée autant par les accords commerciaux que par les limites commerciales aux acteurs internationaux comme aux sociétés technologiques. Au-delà de l’interconnexion de base, il existe africaines, allant des agents basés dans le Kenya rural aux toujours des défis associés à la gestion des données depuis les clients start-ups technologiques à Nairobi ou dans la Silicon Valley. jusqu’aux prestataires et à la connexion des points de données Bon nombre des innovations présentées dans ce document favorable aux utilisateurs finaux. Bon nombre des innovations que pourraient servir de «  lien  » permettant d’unir ce nouvel nous avons étudiées s’attachent à remédier à ces inefficacités et écosystème et de le faire fonctionner efficacement et à un contribueront à améliorer l’expérience du client ainsi qu’à favoriser coût suffisamment bas pour couvrir le marché de masse. une gamme plus vaste de produits et de services mise à la disposition Pour qu’un système financier intégré et inclusif émerge, il des consommateurs. sera indispensable d’opérer de nombreux changements en matière de règlementation, de technologie, d’interopérabilité, de produit et de processus. Il faudra aussi repenser de Les produits façon stratégique les modèles économiques traditionnels, en Au milieu de l’année 2013, 92,6 % des opérations d’argent mobile particulier dans le secteur bancaire. L’innovation est le moteur dans le monde consistaient en des achats de temps de communication de ces changements et l’évolution rapide de l’écosystème ou des transferts de personne à personnes (P2P)8. Cela montre que nous oriente vers les possibilités que laissent entrevoir les même lorsque des plateformes numériques solides sont en place, le services financiers numériques. Sur le continent, le Kenya secteur est toujours confronté aux défis que constitue la transition et la Tanzanie ouvrent la voie, mais d’autres marchés les de l’offre de services transactionnels vers l’offre d’autres produits, rattrapent et les innovations émanant d’autres régions du comme des produits d’épargne, de crédit ou d’assurance. Bon monde sont rapidement adoptées en Afrique. nombre des innovations étudiées dans ce document s’appuient sur la technologie pour proposer une gamme plus vaste de produits de Cependant, l’écosystème est toujours confronté à des défis, consommation. Il reste particulièrement difficile d’aller au-delà de la et nous avons constaté que bon nombre des innovations pénétration du segment de la clientèle individuelle pour numériser visaient en fait à renforcer l’efficacité du système. Nous les les chaines de valeur d’entreprise à entreprise (Business to Business, avons regroupées en trois grandes catégories étroitement B2B), même si ce passage commence à s’opérer. liées, présentées ici : 8 Pénicaud, C. & Katakam, A. Le point sur le secteur 2013 : Les services financiers mobiles destinés aux personnes non bancarisées en 2013, GSMA MMU, 2014. 3 Bien que nous n’excluions pas l’émergence d’un écosystème pas parfaites, car de nombreuses solutions répondent à des de services financiers numériques entièrement nouveau à besoins multiples. Nous n’exprimons pas non plus d’opinion moyen ou long terme, nous estimons que le processus sera quant à une quelconque innovation ou à ses chances de réussite. plus probablement un processus d’évolution s’appuyant sur les Notre objectif est simplement de fournir un instantané des systèmes existants. Petit à petit, les défis seront relevés et de changements aujourd’hui en cours dans le secteur des services nouvelles solutions destinées aux consommateurs émergeront. financiers numériques en Afrique et de proposer un aperçu de ce La distribution des rôles peut changer, mais de nombreuses que ces innovations peuvent signifier pour l’argent mobile sur le fonctions de base resteront inchangées, bien que peut-être continent dans les dix prochaines années. gérées de manière différente. Par exemple, les espèces étant de plus en plus conservées à l’intérieur du système, la nécessité de La structure du document est la suivante : La Section 1 résume les déployer des agents de dépôt/de retrait des espèces pourrait s’en principales tendances en matière d’innovation dans la distribution trouver réduite. Mais un système numérique aura toujours besoin des services financiers numériques, notamment les solutions pour de points d’acceptation des paiements, et les agents pourraient l’enregistrement et l’activation du client, et les améliorations de la devenir des marchands. De plus, quelqu’un devra toujours aller gestion du réseau d’agents. La Section 2 aborde les innovations recruter ces marchands, tout comme les fournisseurs d’argent du back-office permettant en premier lieu l’intégration des mobile recrutent aujourd’hui des agents. En bref, la tendance la systèmes d’argent mobile avec les marchands, ou les prestataires plus marquante observée dans bon nombre des innovations citées de services financiers (PSF) autres que les fournisseurs d’argent ici est une convergence croissante entre les systèmes d’argent mobile. Ensuite, les innovations du back-office sont identifiées mobile et les systèmes de paiement traditionnels, entraînant des dans le domaine de l’analyse des données : il s’agit ici de tirer répercussions significatives sur de nombreuses entreprises du parti des vastes ensembles de données relatives aux clients et aux secteur financier. transactions afin d’évaluer les emprunteurs éventuels, ou à des fins de veille économique. Enfin, la Section 3 traite essentiellement L’objectif de ce document est de décrire les tendances du des utilisateurs des services financiers de base et des innovations nombre croissant d’innovations dans la sphère de l’argent mobile de produit qui leur sont proposées. Les tendances en matière et des paiements numériques, et de comprendre comment ces d’innovation dans les produits financiers et les applications, pour systèmes simples évoluent pour proposer un portefeuille plus les consommateurs individuels comme pour les chaines de valeur efficace et plus varié de services financiers. Nous nous sommes agricoles, sont mises en avant, notamment la micro-assurance intentionnellement focalisés sur les innovations qui présentent mobile, les produits de retraite et les solutions de paiement à des applications concrètes pour l’inclusion financière en Afrique. l’usage pour les entreprises de services d’utilité publique. Des Nous ne prétendons pas avoir saisi toutes les innovations dans références à des prestataires de service spécifiques sont faites dans les services financiers numériques, et les catégorisations ne sont ce document. La dernière section résume et conclut le document. 4 À toute allure : Les innovations en finance numérique 1. La distribution : Le maillon manquant Le manque d’infrastructures est un défi clé en Afrique, et la Face à ces défaillances, les PSF ont expérimenté des innovations distribution est souvent le maillon manquant entre l’innovation et et des solutions de produit destinées à améliorer l’enregistrement l’impact. Même dans les pays disposant de réseaux d’agents quasi- et l’activation du client et à répondre aux défis que posent les omniprésents, comme le Kenya et la Tanzanie, la distribution réseaux d’agents. reste le principal obstacle au développement de l’argent mobile : 1. La liquidité de l’agent : Les agents dans les zones rurales (dans Tendance : Les applications et les outils permettant de lesquelles l’infrastructure financière est quasiment inexistante) numériser et d’accélérer le processus d’ouverture de compte rencontrent souvent des difficultés à rééquilibrer leurs fonds L’un des défis les plus urgents, en termes de distribution, auxquels de caisse (encours d’argent à la disposition d’un agent), laissant sont confrontés les prestataires dans l’acquisition d’une base de de nombreux clients mécontents et réduisant la confiance clientèle active est la lente procédure d’ouverture de compte dans le service. au point de vente (agents ou succursales). Bien qu’en hausse, 2. L’interopérabilité : Les solutions d’argent mobile ne sont les taux d’activité des utilisateurs restent bas : seulement 30 % généralement pas interopérables entre prestataires. Par des utilisateurs enregistrés ont, au niveau mondial, réalisé une exemple, un abonné de Vodacom ne peut pas envoyer ou plusieurs opérations au cours des 90 derniers jours, taux facilement de l’argent à un abonné de Tigo, tout comme un considéré par convention comme le seuil minimal pour pouvoir agent d’argent mobile fournissant des services pour le compte qualifier un utilisateur d’actif. Un facteur qui s’est révélé être de Vodacom et de Tigo ne peut effectuer des rééquilibrages déterminant dans l’activité d’un utilisateur est la possibilité entre ses deux porte-monnaie, bloquant ainsi des liquidités qui ou non pour les utilisateurs d’effectuer immédiatement une auraient pu être utilisées au service de clients supplémentaires. transaction après s’être enregistrés. Une étude récente a indiqué que 49 % des utilisateurs ayant effectué leur première opération 3. La fraude et les pannes du réseau : La croissance rapide du au moment de l’enregistrement restaient actifs contre 39 % des réseau d’agents a conduit à des cas de fraude et des pannes du utilisateurs qui n’avaient effectué aucune opération au moment de service sur certains marchés. Par exemple, selon un rapport l’enregistrement10. En conséquence, les procédures d’ouverture de MicroSave et de la Fondation Bill & Melinda Gates8, en de compte numérisées et automatisées devraient entraîner une moyenne dix transactions par jour et par agent sont refusées en augmentation de l’activité et de la fidélisation des clients, après raison de panne du service en Ouganda. Les agents ougandais le processus d’enregistrement. Les règlementations KYC, en pourraient augmenter leurs transactions quotidiennes de 33 % particulier, exigent de recueillir certaines pièces d’identité avant si ce problème était résolu. qu’un compte ne soit ouvert. Les fournisseurs d’argent mobile et les fournisseurs spécialisés ont maintenant développé des 4. La confiance : Toute panne du système, notamment celles applications et des outils mobiles permettant de numériser et de susmentionnées, entraîne une perte de confiance des clients, faciliter le processus d’intégration d’un client. généralement difficile à reconquérir. • Les établissements financiers, tels qu’Equity Bank, KCB 5. Des procédures lentes d’ouverture de compte : Dans certaines et CIC Insurance Group au Kenya, ont mis au point des juridictions, les règlementations sont chères et associées à outils en interne qui prennent en charge une première étape l’obligation de s’informer sur le client (appelées KYC pour dans la collecte électronique des documents des clients, qui Know-Your-Customer en anglais), elles retardent l’activation est ensuite envoyée de manière sécurisée à un serveur. Cela du compte, ce qui empêche les utilisateurs d’effectuer permet d’accélérer l’enregistrement du client dans le système immédiatement des transactions, ou dans le pire des cas, et de rapprocher des documents qui auraient pu se perdre lors décourage carrément les clients éventuels à s’enregistrer pour du transfert. bénéficier du service. 9 http://helix-institute.com/data-and-insights/agent-network-accelerator-survey-%E2%80%93-uganda-country-report-2013-010 Note: According to data from one mobile money operator. http://www.gsma.com/mobilefordevelopment/the-big-payoff-getting-customers-active-at- registration 10 Note : D’après les données d’un opérateur d’argent mobile. http://www.gsma.com/mobilefordevelopment/the-big-payoff-getting-customers- active-at-registration 5 • FINO, un prestataire de services bancaires sans agence basé les agents chargés d’authentifier les clients : AuthenTec et en Inde, propose une suite complète de produits biométriques, Remote Harbor aux États-Unis proposent des solutions à pour l’inscription, le stockage et la vérification de documents, faible coût d’identification des empreintes sur les ordinateurs avec toutes les composantes d’un système  back-end pour et les appareils mobiles dans le monde entier. compléter les applications clients. • Les derniers téléphones iPhone et Samsung disposent d’un L’imagerie mobile est aussi utilisée pour accélérer les lecteur biométrique d’empreintes utilisé pour débloquer enregistrements, authentifier les utilisateurs et les transactions, et l’appareil, et maintenant pour permettre des paiements. réduire la fraude. Samsung s’est récemment associé à Paypal pour proposer des paiements par empreintes12. • Jumio, Mitek Systems, Card.io et Abbyy, tous fournisseurs spécialisés dans la reconnaissance optique des caractères, la Ce nouvel élément risque de supprimer l’intermédiation de saisie de documents et le traitement, proposent des solutions l’ORM de l’espace sécurisé dédié, à condition que l’utilisateur ait d’imagerie mobile et de saisie des données dynamique au accès à un smart phone. niveau mondial. Jumio permet aux appareils photos des smartphones et aux webcams dont disposent les agents ou • Un exemple est celui de Tangaza Pesa, un système de les marchands de capturer l’image des pièces d’identité et transfert d’argent au Kenya qui a géré une entreprise prospère des cartes de crédit à des fins de vérification et de paiement. d’enregistrement et d’authentification des clients en utilisant Jumio a aussi récemment développé ses outils de vérification une solution de reconnaissance biométrique d’empreintes de l’identité en lançant «  Face Match  », une fonctionnalité digitales, rendant inutile la nécessité de présenter une pièce permettant de faire correspondre les photos des pièces d’identité. Faciliter l’enregistrement et l’authentification d’identité au visage de l’utilisateur final11. d’un utilisateur est devenu l’un des principaux atouts différenciateurs de Tangaza Pesa : la reconnaissance biométrique d’empreintes digitales se caractérise par une Tendance : La reconnaissance biométrique d’empreintes sécurité élevée et un faible coût, ne nécessitant aucun papier digitales et vocale pour authentifier le client et fournissant aux utilisateurs l’avantage supplémentaire de ne pas avoir à mémoriser de NIP. Cependant, l’interopérabilité L’analphabétisme constitue toujours un véritable obstacle des empreintes digitales étant encore assez faible en Afrique, empêchant les gens de s’engager dans des services financiers il est difficile pour les prestataires de proposer à leurs clients reposant sur les technologies. Par exemple, les transactions la possibilité d’effectuer une transaction ou de retirer de qui nécessitent une authentification au moyen d’un numéro l’argent auprès d’un réseau partenaire. De plus, les lecteurs d’identification personnel (NIP) sont difficiles pour les utilisateurs d’empreintes digitales requièrent des agents bien formés pour qui ne maîtrisent pas les chiffres. Bien que la combinaison guider les clients dans le processus d’enregistrement d’une d’authentification sécurisée à deux facteurs pour la population empreinte lisible. cible soit toujours difficile à trouver, les options à faible coût de reconnaissance biométrique d’empreintes digitales et vocale • Un autre exemple est celui de l’UBL Bank au Pakistan, qui a ouvrent le champ des solutions disponibles. récemment annoncé qu’elle allait s’associer avec VoiceTrust pour fournir des solutions de reconnaissance biométrique • Une gamme de fournisseurs spécialisés (Nuance, VoiceTrust, vocale à des fins d’authentification de sa clientèle individuelle. InAuth, et VoicePay) vendent mondialement aux institutions L’identification de la voix, comme celle des empreintes, réduit financières des solutions de reconnaissance biométrique la nécessité pour les clients de mémoriser des NIP, des mots vocale afin d’authentifier les transactions et de réduire la de passe et des questions de sécurité. La solution vocale fraude. fournira une authentification par réponse vocale interactive • D’autres sociétés proposent des solutions de reconnaissance (RVI) en ourdou et en anglais13. biométrique d’empreintes digitales pour le personnel ou 11 http://techcrunch.com/2013/09/18/jumio-adds-facial-detection-to-its-web-mobile-identify-verification-service-netverify/ 12 http://www.technologyreview.com/news/525996/pay-with-your-fingerprint/ 13 www.voicetrust.com/news/ubl-selects-voicetrust-for-voice-biometrics/ 6 À toute allure : Les innovations en finance numérique Tendance : L’optimisation de la distribution : les outils de Tendance : L’émergence d’agrégateurs extérieurs proposant des gestion des équipes de terrain pour suivre le personnel, les services d’agent quel que soit le fournisseur agents et/ou les commerçants sur le terrain Dans la course aux parts de marché, les ORM en Afrique ont Développer, motiver et gérer un réseau d’agents garants d’une développé des services d’argent mobile en circuit fermé dotés expérience positive et constante des clients sont des actions de réseaux d’agents exclusifs. Ces systèmes ne présagent rien de essentielles pour développer la confiance accordée au système. Cela bon pour la satisfaction des clients, car un client Orange ne peut consiste notamment à sélectionner des agents compétents devant pas retirer d’argent auprès d’un agent MTN, et un agent Tigo opérer dans des lieux stratégiques et pratiques et bénéficiant d’une et Airtel ne peut pas non plus puiser dans son porte-monnaie formation continue et d’un soutien commercial. À mesure que les Airtel pour servir un client Tigo. Afin d’améliorer l’expérience réseaux d’agents se sont développés en taille et en complexité, il du client et alléger les opérations des agents, des « agrégateurs » est devenu difficile de fournir un soutien commercial constant proposent des services d’agence et de paiement aux clients de aux agents. App Lab Uganda de la Fondation Grameen a ainsi tous les déploiements d’argent mobile. Ces agrégateurs résolvent identifié les lacunes suivantes dans la chaîne de valeur de la les problèmes de files d’attente trop longues et rapprochent les distribution : « Le siège social avait besoin de transparence dans services d’agent, des domiciles des utilisateurs. les activités des agents de vente, le représentant de la marque avait • Maxcom a agrégé les services d’agence et de paiement de besoin d’un outil de gestion des relations mobile, et l’agent avait nombreux PSF en Tanzanie et au Rwanda, notamment ceux besoin d’un soutien commercial  plus efficace »14. Des modèles d’Airtel, Tigo, Vodacom et Sasatel. Il fournit aussi directement permettant de soutenir sur le plan logistique les agents sur le des services de paiement au guichet (OTC pour over-the-counter terrain et l’infrastructure du réseau émergent maintenant : en anglais) pour le compte du gouvernement, d’entreprises de • App Lab Uganda de la Fondation Grameen en partenariat services d’utilité publique et de télévision payante17 Selcom en avec Salesforce, un développeur d’applications, a mis au point Tanzanie propose de la même façon des services de retrait et un outil de gestion des équipes de terrain (Taroworks), qui a de paiement de factures pour les fournisseurs d’argent mobile été déployé sur l’ensemble de la force de vente de l’opérateur et les banques par le biais d’un appareil unique remis aux mobile MTN en Ouganda, et a permis d’accélérer le agents de Selcom. processus d’enregistrements des clients de l’argent mobile . 15 • BeyondBranches au Nigeria a récemment commencé à Les capacités de l’outil sont notamment le suivi et l’évaluation, proposer des services d’agent aux clients des banques et des le suivi du portefeuille, des transactions et des résultats, et la ORM par le biais d’un modèle économique intéressant. La dispense d’une formation. start-up identifie et forme les détaillants pour qu’ils deviennent Les organismes soutenant les efforts de commercialisation sur des agents équipés d’un appareil mobile avec accès à Internet. le terrain, Afrikings et Top Image, ont introduit des outils de Une fois les tests de contrôle qualité réussis, les agents ont le gestion du terrain ; l’acquéreur de marchands leader au Kenya, droit de proposer des services de la marque BeyondBranches Kopo Kopo, a introduit des outils de gestion de marchand. Bien qui incluent des dépôts d’espèces sur les comptes bancaires qu’aucune organisation n’ait développé à elle seule une gamme et des opérations de paiement de facture OTC, notamment complète, d’outils, ceux qui sont disponibles sont souvent de temps de communication. Parallèlement, BeyondBranches liés à un portail, qui suit aussi la logistique des applications, de prévoit de proposer à ses agents une suite de services destinés la prestation et des résultats des agents. A titre d’exemple de aux petites entreprises, comme la gestion de l’inventaire, le l’efficacité potentielle de ces outils, en 2012, MTN Côte d’Ivoire suivi du crédit en magasin, l’évaluation du fournisseur de a sous-traité la gestion de son réseau de distribution à Top Image, crédit, l’achat de produits d’assurance, et la publicité sur entraînant une hausse de 400 % de la rentabilité des agents16. Top appareils mobiles18. Ces services à valeur ajoutée sont conçus Image a pu gérer les résultats des agents de plus près grâce à ces pour aider les agents à gérer les activités quotidiennes et à faire outils, élaborer des critères de recrutement des agents plus stricts, d’eux des utilisateurs mobiles plus avertis, augmentant ainsi la et leur a fourni de la liquidité supplémentaires. qualité des services des agents et le soutien dont bénéficient les clients. 14 http://www.microfinancegateway.org/p/site/m/template.rc/1.26.18774/ 15 Ibid. 16 Pénicaud, C. & Katakam, A. Le point sur le secteur 2013 : Les services financiers mobiles destinés aux personnes non bancarisées en 2013, GSMA MMU, 2014. Encadré 3 : L’argent mobile en Côte d’Ivoire : Le récit d’un nouveau départ. 17 http://www.humanipo.com/news/6814/tanzania-based-maxcom-africa-to-make-inroads-in-kenya-uganda/ 18 http://www.beyondbranches.com/index.php/news-room/agent-network-3-0 7 2. Les innovations du back-office : Faire le lien Parvenir à de meilleurs taux d’enregistrement et d’activité des mobile des ORM pour la simple raison que la plateforme de clients grâce à l’innovation, en vue de relever les défis de la paiement est à faible coût. Si le prêteur et le propriétaire de la distribution, n’est pas le seul aspect important pour gérer une plateforme de paiement sont des institutions distinctes, il devient entreprise d’argent mobile prospère. En parallèle, l’entreprise doit nécessaire d›intégrer leurs systèmes, par exemple en permettant mobiliser d’autres entreprises et PSF de sorte que les paiements aux clients de rembourser leurs microcrédits avec de l’argent électroniques soient acceptés dans autant de lieux que possible, mobile. Étant donnée l’absence d’API standard, l’intégration faisant ainsi augmenter les recettes du fournisseur d’argent mobile est une tâche intimidante pour les institutions financières, en tout en améliorant la satisfaction du client. Les défis empêchant particulier pour les petites IMF disposant d’une faible capacité l’argent mobile de devenir l’instrument privilégié sont les suivants institutionnelle. Des sociétés informatiques spécialisées et des : développeurs d’application ont cependant fait le lien et repéré une opportunité commerciale dans la fourniture de services 1. L’intégration : les petites institutions financières disposant d’intégration19. d’une faible capacité institutionnelle ne peuvent pas intégrer les systèmes d’argent mobile en l’absence d’interfaces de • Tangazoletu, une société de logiciels au Kenya, a développé programmation d’application (API) standards. une application appelée Spotcash qui permet aux clients des coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC) et des IMF 2. La proposition de valeur du marchand : l’argent mobile n’est d’effectuer des opérations de dépôt et de retrait d’espèces toujours utilisé que pour une minorité des paiements en AfSS, sur leur compte d’épargne en envoyant un SMS à l’institution essentiellement pour les paiements à distance et les transferts financière. L’argent est alors transféré vers ou depuis le P2P. Les détaillants et les entreprises n’ont pas encore les compte d’argent mobile M-PESA du client. incitations nécessaires pour proposer de l’argent mobile à leurs clients comme méthode de paiement en magasin et en • Cellulant et Coretec Systems au Kenya proposent aux petites ligne. institutions financières des services d’intégration similaires à ceux de M-PESA. 3. L’offre de produits limitée : les fournisseurs d’argent mobile proposent pour la plupart des services uniquement • Pour les institutions financières cherchant des solutions transactionnels à leurs clients. Dans de nombreux cas, ces indépendantes des ORM pour leurs services bancaires mobiles, données transactionnelles ne sont pas exploitées en vue de F-Road en Chine propose un service qui permet même aux mieux comprendre les segments de clientèle ou concevoir de téléphones les plus simples de bénéficier d›une sécurité et nouveaux produits. d›une fonctionnalité élevées. F-Road utilise une technologie de superposition SIM (un revêtement de l’épaisseur d’une Face à ces lacunes du marché, plusieurs développeurs d’application feuille de papier contenant une puce intégrée) qui se connecte et sociétés d’analyse de données proposent des services de back- avec la carte SIM mais ne nécessite pas la collaboration d’un office (comme l’intégration, l’agrégation et l’analyse des données) ORM. Les points de contact intégrés au revêtement filtrent les aux PSF comme aux entreprises qui ont émergé. informations entre les deux couches. Le matériel informatique fournit un moyen de stocker et d’exécuter le programme Tendance : Les développeurs d’application soutenant les indépendamment de la SIM, permettant aux banques partenaires de F-Road de proposer à leurs clients une solution institutions financières par l’intégration de l’argent mobile indépendante de la SIM, tout en réduisant au maximum les La valeur principale des services bancaires mobiles, par rapport aux coûts de communication à la charge des clients nécessaires au modèles de marché de masse traditionnels, porte sur les téléphones fonctionnement des services bancaires mobiles20. portables comme canal de distribution. En conséquence, les ORM, en partenariat avec des institutions financières, sont très Pour les sociétés cherchant à sous-traiter leurs opérations bien placés pour proposer des services bancaires mobiles. Dans bancaires sans agence, Tyme en Afrique du Sud propose des certains cas, cependant, les banques ou les IMF demeurent les services de bout en bout, sur mesure et hébergés pour l’ensemble seuls prêteurs, tout en utilisant les services de paiement d’argent de la chaine de valeur. Les services incluent la conception centrée 19 Pour plus d’informations sur ces intégrateurs, veuillez vous référer à « An Emerging Platform: From Money Transfer System to Mobile Money Ecosystem ». http:// www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2012/06/ssrnid1830704.pdf 20 http://www.cgap.org/blog/china-%E2%80%93-future-leader-branchless-banking-poor 8 À toute allure : Les innovations en finance numérique sur l’utilisateur (modèles économiques, processus et produits), %21 que la plupart des sociétés de cartes de crédit prélèvent sur les solutions hébergées (la technologie hébergée sur le cloud, les paiements, mais pas encore nécessairement convaincante l’intégration des différents produits de paiement et de fidélisation, pour les commerçants opérant dans des environnements les services bancaires fondamentaux, les interfaces marchands où les espèces sont la règle et qui y sont habitués (ou les et détaillants, et les solutions KYC), les opérations sans agence commerçants qui sont des agents d’argent mobile M-PESA et (la commercialisation sur le terrain, l’activation et le soutien, les reçoivent un paiement pour réaliser les opérations de retrait). fonctions de back-office, les communications et les données). Malgré le grand nombre d’agents d’argent mobile au Kenya, Tyme héberge et gère actuellement des services d’argent mobile Kopo Kopo comptait, en novembre 2013, environ 10 000 pour MTN en Afrique du Sud et fournit également des services commerçants sur sa plateforme et gagnait 1 500 nouveaux hébergés à EBank en Namibie, qui devraient voir le jour courant commerçants par mois22. 2014. • Vastech en Tanzanie propose une validation des transactions des commerçants, une notification par message au nom Tendance : Les entreprises technologiques permettant de la marque, et un règlement flexible des fonds sur un l’acceptation par le commerçant des paiements électroniques en portemonnaie mobile ou un compte bancaire facturé à 1 % magasin de la valeur de l’opération. Les avantages que proposent ces services (analyse ajoutée, efficacité, sécurité et fraude réduite) Malgré le taux de pénétration élevé des utilisateurs d’argent inciteront, espérons-le, les entreprises et les clients à utiliser mobile dans des pays comme le Kenya et la Tanzanie, l’argent des moyens de paiement électroniques en magasin. électronique n’est toujours utilisé que pour une petite minorité des paiements (contrairement aux transferts P2P et aux achats Les ORM ont également commencé depuis peu à affilier de crédit téléphonique). Pour les paiements de proximité (par directement des commerçants. Safaricom affilie ses propres opposition aux paiements à distance) les espèces sont toujours commerçants pour qu’ils acceptent l’argent mobile comme mode la règle. Des entrepreneurs ont fait le lien et proposent aux de paiement sous la marque Lipa na M-PESA. De même, Telesom commerçants ayant pignon sur rue une chance d’accepter l’argent au Somaliland et Econet au Zimbabwe ont cité le développement mobile pour les paiements en magasin, au nom de fournisseurs des paiements marchands comme facteur crucial de succès dans d’argent mobile. leurs stratégies commerciales23. Tigo en Tanzanie expérimente aussi un modèle de paiements marchands. • En 2010, Safaricom n’avait que 100 comptes commerçants formels abonnés au service M-PESA au Kenya. Elle a L’intérêt croissant que suscitent les paiements marchands permis à une start-up baptisée Kopo Kopo, ainsi qu’à deux d’argent mobile recoupe directement celui pour le commerce autres sociétés, d’affilier des commerçants sur le système de plus traditionnel des cartes, il est donc pertinent de souligner Safaricom. Les commerçants abonnés à Kopo Kopo reçoivent brièvement le nombre d’innovations se produisant dans la sphère une nouvelle carte SIM qui fonctionne sur n’importe quel des cartes. téléphone et leur permet de fonctionner comme appareil de point de vente (PDV). La société incorpore ensuite tous • Un certain nombre d’opérateurs ont développé des dispositifs les paiements M-PESA des clients sur un seul compte. Par de PDV à faible coût pour les smart phones (PDVm), basés sur ailleurs, les états de trésorerie sont affichés sur un tableau de des applications avec dongles bon marché, notamment Square bord sur les comptes en ligne des commerçants, récapitulant aux États-Unis et Clip au Mexique. D’autres prestataires ont les informations sur les clients et les ventes journalières dans mis au point des lecteurs de carte bon marché qui se fixent un format facilement accessible, éliminant ainsi pratiquement sur le jack du smart phone ou les téléphones haut de gamme. tout le travail de back-office pour le commerçant. Pour ses Des PDVm ont également développé des plateformes de services, Kopo Kopo facture le commerçant un pourcentage regroupement des détaillants (ou de facilitateur de paiements), fixe de 1 % de la valeur de chaque opération. Cette proposition leur permettant de pénétrer davantage le réseau des détaillants. est plus séduisante pour le commerçant que les frais de 3 % à 5 21 Cité sur le site internet de Kopo Kopo. http://www.kopokopo.co.ke/ 22 http://pando.com/2013/11/11/kopo-kopo-building-the-square-of-africa-amid-terrorism-monopolists-and-huge-opportunity/ 23 http://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2013/07/Telesom-Somaliland.pdf http://www.gsma.com/ mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2013/07/EcoCash-Zimbabwe.pdf 9 L’avenir à portée de main L’innovation dans les services financiers numériques $ PRÊTS ASSURANCE ÉPARGNE PAIEMENTS TÉLÉVISION A LA MACHINE PDV DEMANDE ÉNERGIE SOLAIRE PAYÉE A L’USAGE TÉLÉPHONE PORTABLE EAU PAYÉE A L’USAGE CLIENT PRODUITS Les innovations exploitent la technologie pour offrir une vaste gamme de produits de consommation, tels que la distribution d’eau payée à l’usage par exemple. 10 À toute allure : Les innovations en finance numérique 100 100101 00 10100 10110100 100100 001 Évaluation du prêt 1010100 10010100 11000 11 10010100 Développement du produit ANALYSE $ LOG DE DONNÉES $ IN go APPLICATION Commerce électronique POUR FINANCES PERSONNELLES Marketing OUTILS DE GESTION DE TERRAIN IMAGERIE MOBILE IDENTIFICATION BIOMÉTRIQUE AGENT PRESTATAIRE DE SERVICE DISTRIBUTION BACK OFFICE Les innovations et les produits visant à améliorer la Inclut les innovations exploitant les sources de données gestion de l’enregistrement, de l’activation du client et du alternatives, en ligne et générées par le biais du système d’argent réseau d’agents, telles que l’identification biométrique. mobile, à des fins de veille économique et de développement. Infographie: Bonny Jennings www.itldesign.co.za 11 • Les dispositifs par communication en champ proche (NFC, En l’absence de solutions de paiements à faible coût et pour Near Field Communication) facilitent l’acceptation d’un interopérables (par l’intermédiaire de cartes, de téléphones ou paiement par une simple présentation de la carte ou du les deux), la capacité de l’argent mobile ou des cartes à devenir téléphone doté d’une puce NFC ou d’une vignette NFC. Jib des instruments de paiement en magasin omniprésents en Technologies a mis au point une vignette NFC qui peut être Afrique restera limitée. Sur certains marchés, comme le Nigeria fixée au dos du téléphone à des fins de paiement. L’appareil et le Ghana, les organismes de contrôle s’efforcent d’intégrer d’acceptation du magasin doit disposer du même système l’interopérabilité aux systèmes d’argent mobile dès le début. Dans de radiocommunication locale, dans un terminal de PDV traditionnel, un smartphone ou une tablette. d’autres, par exemple en Tanzanie et en Indonésie, le secteur se réunit pour essayer de développer des règles en matière • Un certain nombre de dispositifs de PDV proposent d’autres d’interopérabilité. Dans d’autres cas, des solutions technologiques solutions commerciales et apportent une valeur ajoutée. Zoop permettant l’interconnexion entre les systèmes d’argent mobile (au Brésil et aux États-Unis) propose un dispositif PDVm sont développées. bluetooth de poche qui accepte les cartes et les téléphones à puces et à NIP, magnétiques, et par NFC/sans contact. De Tendance : Les agrégateurs de paiement permettant les plus, la société propose des services intégrés notamment le suivi des données de vente, la gestion des contacts, la gestion paiements en ligne et le commerce électronique de l’inventaire en temps réel, la saisie du temps de travail Les agrégateurs de paiement permettent aux entreprises d’accepter du personnel et un tableau de bord présentant des analyses. les paiements en ligne, en utilisant l’argent mobile ou les cartes sur iZettle (au Brésil et en Europe) propose une application de « multiples passerelles de paiement ». Sur ces sites de paiement, gratuite, un lecteur de cartes sécurisé, et des analyses qui les utilisateurs disposent d’un guichet unique pour effectuer les aident les commerçants à suivre leurs activités. Ezetap (Inde) paiements réguliers, comme les frais de scolarité, les factures de accepte les paiements par carte par l’intermédiaire d’un services d’utilité publique, et le temps de communication sur téléphone portable ou d’une tablette, d’un lecteur de cartes portable ou pour acheter des marchandises. Pour les entreprises, et d’une application Ezetap pour les opérations de moins les paiements reçus des clients utilisant différentes méthodes de 50 USD. Le service inclut aussi le règlement quotidien, le de paiement sont agrégés sur un seul compte. Faisant depuis rapprochement sans papier, et les dossiers en ligne. longtemps office de service courant pour l’agrégation des paiements par carte, ces services sont maintenant étendus afin Il convient également de noter que les acteurs traditionnels des d’inclure l’argent mobile comme moyen de paiement24. cartes, MasterCard et Visa, introduisent de nouveaux produits • Pesapal est l’une des passerelles de paiement les plus connues, et fonctionnalités pour compléter leurs modèles économiques rassemblant actuellement 11 options de paiement pour 12 000 traditionnels afin de répondre à la demande croissante de services écoles et 10 000 entreprises sur l’ensemble de l’Afrique de marchands en Afrique. Les premières expérimentations avec des l’Est25. Les consommateurs peuvent effectuer des paiements superpositions de carte virtuelle sur les porte-monnaie mobiles en en ligne et mobiles pour régler les factures, les frais de 2011 ont ouvert la voie à de nouveaux produits ciblant le marché scolarité, les billets, le temps de communication et les achats de masse. Visa a lancé deux initiatives : mVisa, une solution de marchandises pour un faible pourcentage du montant de mobile interopérable au Rwanda, et Visa Mobile Payments (VMP) la transaction. Les commerçants versent à Pesapal 3,5 % de la au Botswana, qui fournit une fonctionnalité de paiement Visa valeur de la transaction en moyenne26. pour les détenteurs de portemonnaie mobile Orange Money par le biais d’une carte prépayée Visa associée. MasterCard étudie des • 3G Direct Pay se concentre sur les solutions d’agrégation produits similaires ciblant le marché de masse, en développant une destinées à des centaines d’entreprises dans le domaine des pièce d’identité nationale dotée d’une fonctionnalité de paiement voyages en Afrique de l’Est et en Afrique australe. La société au Nigeria et en lançant le porte-monnaie mobile Phone Cash en a récemment annoncé27 un partenariat avec Kopo Kopo pour partenariat avec NBE Bank en Égypte. Le porte-monnaie est une permettre aux commerçants d’accepter de l’argent mobile en application de paiements téléchargeable qui ne dépend d’aucun magasin et en ligne. ORM et peut être lié à la carte de crédit MasterCard. • iPay Africa permet aux entreprises d’accepter de multiples paiements électroniques, que ce soit en magasin ou en ligne. 24 Note : Pour un examen des différentes modalités de paiement applicables aux achats en ligne avec de l’argent mobile, veuillez consulter le document « Product Innovation on Mobile Money » d’Ignacio Mas et Mireya Almazan sur : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_ id=1707704. 25 http://blog.pesapal.com/pesapal-payment-options/ 26 Ce taux peut être réduit à 2,7 % en fonction des volumes mensuels. Pour les ventes de billets, le coût à la charge du commerçant par transaction est de 5 %, que l’on peut réduire à 4 % en fonction des volumes mensuels. 27 http://www.3gdirectpay.com/blog/partnership-between-3gdirectpay-and-kopokopo/ 12 À toute allure : Les innovations en finance numérique Tendance : Exploiter les sources de données alternatives pour données évaluent la solvabilité des clients potentiels et estiment le les décisions de crédit montant des prêts qui peuvent leur être accordés. Dans ce monde de « données massives », les fournisseurs d’analyse • Cignifi (au Brésil, au Ghana, au Mexique et au Chili) et First de données exploitent les progrès réalisés en termes de puissance Access (en Tanzanie) proposent aux PSF des services de informatique et la disponibilité toujours croissante des données ciblage des clients et de notation du crédit moyennant des pour innover et résoudre des problèmes commerciaux complexes frais, en utilisant des algorithmes et des modèles brevetés. dans un vaste éventail de domaines. Les services bancaires en ligne et mobiles sont prêts à bénéficier en particulier des améliorations • Experian Microanalytics (international) propose aux PSF une dans l’analyse des données, l’identité et le comportement de gestion du cycle complet du prêt, notamment la constitution consommation des utilisateurs étant instantanément numérisés et du dossier de prêt, la souscription et le remboursement. transmis aux prestataires de service. • Mobile Decisioning (MODe, au Kenya) avance du temps de communication aux clients pour le compte de l’ORM, Les données sont analysées à des fins multiples dans le secteur en utilisant les achats et les usages antérieurs de temps de des services financiers numériques, notamment la prévention communication comme variables de crédit, et assume le risque des fraudes et l’amélioration de la prise de décision dans presque associé au remboursement du temps de communication. toutes les sections de l’entreprise. Mais récemment, les analyses de données alternatives ont fait les gros titres de la presse en raison • Tiaxa (en Amérique latine et en Asie du Sud-est) propose des de leur potentiel prometteur de révolution de la souscription avances de crédit et de temps de communication d’urgence de prêts. En Afrique et dans d’autres régions du monde en aux utilisateurs de téléphones portables à prépaiement, en développement, les pauvres ne peuvent généralement pas faire utilisant aussi les habitudes d’usage et d’achat comme variables l’objet d’une évaluation correcte par les institutions prêteuses de crédit. pour mesurer le risque associé au remboursement. Les agences d’évaluation de la solvabilité (credit bureaus) sont inexistantes ou D’autres fournisseurs d’argent mobile ont développé des capacités disposent d’informations très limitées sur les individus. d’analyse des données en interne. En l’absence d’informations sur la solvabilité, la microfinance a • Safaricom et Commercial Bank of Africa au Kenya notent les expérimenté plusieurs modèles visant à gérer le risque de crédit. utilisateurs M-PESA souhaitant souscrire au produit de prêt Dans les modèles d’octroi de prêts collectifs, par exemple, la M-Shwari. En 2014, le produit M-Shwari a octroyé 92 millions pression des pairs fait office de garantie du prêt, mais nécessite d’USD sous forme de prêts, avec un taux de défaut de 3,1 %, un réseau proche de liens sociaux ex ante, que l’on trouve soit 1,9 % inférieur au taux moyen au Kenya de 5 %28. généralement dans les petits villages, et qui n’est donc pas adaptable au déploiement à grande échelle. Dans les modèles En résumé, les fournisseurs d’argent mobile ont trois options d’octroi de prêts individuels, les agents de crédit sont souvent à leur disposition lorsqu’ils utilisent les données mobiles pour en contact avec les clients potentiels, ce qui augmente le coût la notation de crédit : les services d’analyse des achats fournis de production de la souscription d’un prêt et entraîne de façon par un fournisseur externe, les analyses des achats assortis d’une concomitante des taux d’intérêts plus élevés. gestion du cycle complet du prêt («  service de gestion  ») ou le développement de capacités d’analyse en interne. Les clients utilisateurs de téléphone portable laissent des empreintes numériques chaque jour, au cours de chaque Comme source de données alternatives pour les transactions transaction : les habitudes d’achat et d’utilisation de temps de mobiles, quelques start-ups ont développé des applications communication, les habitudes de message SMS, et les transactions mobiles pour aider les entreprises ou les individus dans leurs d’argent mobile. Lorsqu’elles combinent ces éléments aux prises de décisions de gestion financière, générant ainsi des informations rassemblées directement auprès de l’emprunteur, données utilisées ensuite pour la notation de crédit. telles que le revenu et le statut conjugal, les sociétés d’analyse des 28 http://www.itwebafrica.com/mobile/309-kenya/232389-140000-default-on-kenyas-m-shwari-loans, et http://www.theeastafrican.co.ke/ business/ Hard-times-for-banks-as-NPLs-rise--growth-slows-/-/2560/2226814/-/usqkdjz/-/index.html, citant des données de la Banque centrale du Kenya de décembre 2013. Le site internet de la Banque centrale du Kenya rapporte un taux de cinq pour cent de prêts non productifs dans le système à compter de mars 2013. 13 • InVenture en Inde a mis au point un outil de comptabilité, De plus, la société de données comportementales, Revolution appelé Insight, qui aide les entreprises et les foyers à suivre Credit, propose aux PSF des vidéos et des quizz d’éducation quotidiennement leurs recettes et dépenses par SMS. financière en ligne que leurs clients doivent suivre tout au long du processus de prêt, permettant ainsi à la société de déterminer quel • Au Kenya, le même outil est actuellement testé auprès des est le client présentant le meilleur profil de risque. clients de l’IMF Musoni, en vue d’obtenir des éléments de données supplémentaires pour la notation de crédit. Tendance : Exploiter les sources de données alternatives pour Avec l’avènement de Facebook et autres sites de médias sociaux, la veille économique les prêteurs explorent les données des médias sociaux pour Évidemment, l›analyse des données des opérations d›argent déterminer l’identité et la solvabilité de l’emprunteur. mobile peut être utilisée encore plus largement en faveur des • Aux Philippines, et maintenant au Mexique et en Colombie, ORM : identifier les agents affichant la meilleure performance, Lenddo utilise les sources des médias sociaux comme Twitter comprendre les habitudes d’activation des clients, et améliorer et Facebook pour déterminer la solvabilité d’un emprunteur le marketing et les services30. En conséquence, des sociétés et accorder des prêts en ligne. spécialisées proposant des services d’analyse aux ORM et aux PSF pour mieux comprendre les clients et améliorer les performances • LendUp aux États-Unis tente d’évaluer la force du réseau au sein des réseaux de distribution, ont émergé. social des clients potentiels en examinant les caractéristiques de leurs relations en ligne et en les exploitant pour faire des • Real Impact Analytics, en Belgique, propose aux opérateurs déductions sur la garantie sociale, et par extension, sur la mobiles des outils d’exploration des données avec une analyse solvabilité. du réseau social et de la mobilité, ainsi que des analyses des ventes et de la distribution, afin d’aider les opérateurs à Même si les utilisateurs de Facebook en AfSS sont moitié moins améliorer leur réseau de distribution31. nombreux que les utilisateurs d’argent mobile , les services tels 29 que Whatsapp sont en constante croissance. Une application associée pour les données relatives aux opérations de vente est utilisée dans le secteur des produits de grande En ciblant les tranches de la population à revenu intermédiaire, consommation (PGC). un grand nombre de plateformes d’octroi de prêts en ligne sur les marchés développés et émergents utilisent déjà des sources • Scanntech, basée en Uruguay, propose des solutions de de données alternatives comme contribution à leurs décisions PDV numériques aux petits détaillants, leur permettant de d’octroyer un prêt. Des exemples de cette catégorie sont gérer l’inventaire et d’enregistrer les ventes. Les données de notamment Wonga au RU et en Afrique du Sud, et Kreditech et vente (saisies par un lecteur de codes barre) sont vendues Kabbage aux États-Unis. aux sociétés de PGC telles qu’Unilever et Pepsi, et utilisées pour déterminer les stratégies de promotion. L’appareil Les tests psychométriques sont encore une autre innovation pour est gratuitement offert aux détaillants, et Scanntech tire ses noter les clients potentiels. Les demandeurs de prêts doivent revenus de la vente des données. À l’avenir, ces données compléter des tests administrés sur un PC ou une tablette sous la relatives aux ventes pourraient aussi être utilisées pour que forme d’un questionnaire basé sur des principes psychométriques les PSF attribuent une note de crédit aux clients potentiels tels que les aptitudes, les attitudes, les croyances et le caractère, et octroient des prêts en fonds de roulement aux petites autant d’informations qui sont alors utilisées pour produire une entreprises. note de crédit. Entrepreneurial Finance Labs est une société concevant ce type de plateforme pour les PSF. 29 Pénicaud, C. & Katakam, A. State of the Industry 2013: Mobile Financial Services for the Unbanked, GSMA MMU, 2014. 30 Pour d’autres informations, veuillez-vous référer au travail du CGAP sur les analyses de données des clients auprès de cinq prestataires : http:// www.cgap.org/blog/mobile-money-even-data-analytics-has-limitations 31 Pour un exemple, voir : http://www.cgap.org/blog/can-voice-corridors-be-used-predict-mobile-money-hotspots 14 À toute allure : Les innovations en finance numérique 3. L’innovation de produit : Exploiter les avantages d’une infrastructure solide La plupart des innovations dans le secteur des services financiers 3. Les restrictions budgétaires : Les divisions argent mobile au mobiles en Afrique sont venues des marchés qui avaient déjà sein des ORM opèrent avec de petits budgets et sont soumises atteint une certaine dimension, comme le Kenya ou la Tanzanie. à une pression visant à produire des résultats dans de courts Les développements de l’argent mobile dans ces pays ont délais. Ce manque de flexibilité ne laisse que peu de place aux plusieurs caractéristiques communes: un réseau d’agents très expériences nécessaires généralement dans le domaine de important qui récompense les agents affichant de bons résultats l’innovation de produit. et une proposition de porte-monnaie mobile qui met en avant le service client et l’éducation de la clientèle. Les nouveaux produits Quels que soient ces obstacles à l’innovation, les PSF ont lancé proposés aujourd’hui au Kenya et en Tanzanie incluent les prêts de nouveaux produits destinés aux consommateurs à faible à vue, les modèles de paiement à l’usage pour la consommation revenu et, de plus en plus, au secteur de l’agroalimentaire. La des entreprises de service publique et la micro-assurance mobile. prochaine étape de l’évolution du secteur de l’argent mobile sera la pénétration des écosystèmes et des chaines de valeur B2B. Pourtant, la diversité des produits au niveau mondial laisse beaucoup à désirer : 74,8 % des transactions d’argent mobile dans le monde concernent les achats de temps de communication et L’innovation de produit pour les consom- 17,8 % consistent en des transferts d’argent P2P32. Un réseau mateurs d’agents bien géré et une base de clientèle habituée sont des conditions préalables au développement et à l’innovation de Tendance : Le paiement à l’usage (pay-as-you-go) pour les produit, sachant qu’une solide infrastructure de paiement d’argent mobile attirera d’autres prestataires de service. Il s’agit d’abord biens et services essentiels en s’appuyant sur l’infrastructure de des services financiers que les IMF, les banques et les ORM eux- paiements mobiles et la connectivité de machine-à-machine mêmes peuvent fournir plus facilement par le biais du mobile. En 2011, 51 % de la population rurale en AfSS n’avait pas Viennent ensuite les institutions telles que les organismes publics, accès à l’eau potable. Quelque 88 % n’avait pas accès au réseau les entreprises de service publique les écoles et les commerçants énergétique34. De nouveaux modèles économiques, qui tirent parti qui peuvent tirer parti d’un moyen de paiement à faible coût la fois de l’infrastructure de paiements mobiles existante et de la pour effectuer les paiements (dans le cas du gouvernement) diminution du coût des solutions de machine à machine (M2M), ou percevoir les paiements pour leurs services. Enfin, des tiers ont maintenant émergé pour fournir des services essentiels, développeurs d’application aideront à l’analyse des données, à tels que l’énergie et l’eau, de manière financièrement accessible la gestion de l’intégration, et au développement d’applications et durable. Plus spécifiquement, les solutions de «  paiement visant à faciliter et à accélérer la fourniture de ces services. à l’usage  », en vertu desquelles les consommateurs paient les services essentiels par petits prélèvements avec de l’argent mobile, Malheureusement, il existe un certain nombre d’obstacles ont été développées : une partie du coût de l’appareil est réglée par empêchant un plus grand nombre d’innovations de produit33 : un acompte au moment de l’achat et le solde est réglé ensuite par petits prélèvements à distance avec de l’argent mobile (location- 1. Les API inadéquates : Les fournisseurs d’argent mobile achat). L’utilisation de l’argent mobile pour les micro-paiements utilisent des systèmes en circuit fermé sans API adéquates, règle donc le problème de la collecte des recettes dans le cadre de empêchant d’autres entités d’expérimenter d’autres offres de produits et applications. la fourniture d’énergie hors réseau.35 2. La règlementation : Les règlementations interdisent aussi aux De plus, la technologie M2M permet aux détaillants de réduire le petits acteurs non bancaires de développer des offres d’argent risque de fraude ou de vol : les installations solaires domestiques mobile crédibles qui créeraient un marché plus concurrentiel, ou les pompes à eau entretenues par ces sociétés disposent de favorable au développement de l’innovation de produit. microcontrôleurs intégrés qui permettent un fonctionnement et 32 Pénicaud, C. & Katakam, A. Le point sur le secteur 2013 : Les services financiers mobiles destinés aux personnes non bancarisées en 2013, GSMA MMU, 2014. 33 http://www.ignaciomas.com/announcements/introducingacatalogofproductfunctionalitiesandinnovations inmobilemoney 34 GSMA, IEA, Banque mondiale. Extrait du document « Sustainable Energy and Water Access through M2M Connectivity », 2012 du GSMA. http:// www.gsma. com/mobilefordevelopment/wp-content/uploads/2013/01/Sustainable-Energy-and-Water-Access-through-M2M-Connectivity.pdf 35 Pour plus d’informations, voir le document « Sustainable Energy and Water Access through M2M Connectivity », 2012 du GSMA. 15 un suivi à distance par le biais de la connectivité GSM/GPRS. les gens peuvent payer la faible somme de 0,001 USD par litre Outre la prévention de la fraude, cette technologie facilite aussi la d’eau purifiée au Kenya et 0,003 USD par litre en Inde. collecte des données relatives à la consommation des utilisateurs et suit à distance les éventuels problèmes de fonctionnement. A Les modèles de paiement à l’usage se sont aussi développés dans la fin de 2013, le CGAP avait identifié 28 entreprises proposant d’autres secteurs comme la santé, l’éducation et même les services des solutions d’énergie hors réseau, dont 23 basées en Afrique. de télévision par câble. Selon le GSMA, il existe environ 250 De plus, le CGAP a identifié 15 solutions clés en main relatives à services de santé mobiles actuellement opérationnels en AfSS, l’eau, dont neuf basées en Afrique36. dont certains utilisent l’argent mobile pour les paiements40. De même, pour l’éducation, Kytabu au Kenya propose un service • M-POKA au Kenya et Angaza Design en Tanzanie vendent d’abonnement aux manuels scolaires permettant aux clients des équipements solaires allant des simples lanternes solaires d’acheter ou de louer, au moyen de micro-versements, des pages à des installations solaires domestiques plus sophistiquées ou des chapitres de livres qui peuvent être téléchargés sur des ayant la capacité d’alimenter des appareils domestiques appareils mobiles. comme les télévisions ou les ventilateurs. Les deux sociétés se développent maintenant sur d’autres marchés africains. Les appareils vendus par M-KOPA disposent de la technologie Tendance : Le microcrédit sur demande mobile GSM/GPRS, tandis que d’autres comme Angaza Design Comme indiqué plus haut, les modèles de microfinance utilisent la modulation par déplacement de fréquence (MDF)37, traditionnels sont trop coûteux ou trop difficiles à fournir dans contournant ainsi la nécessité d’installer dans l’appareil une les zones isolées. L’argent mobile commence donc à déplacer puce coûteuse vendue par les ORM. L’inconvénient du le centre de gravité de la fourniture de services financiers dans modèle MDF est que le prestataire n’a pas le contrôle total certains marchés. de l’appareil, car la connectivité exige du client qu’il ouvre la voie de communication. Quel que soit le modèle, les ORM Aucun autre produit de microcrédit et de micro-épargne n’a devraient pouvoir bénéficier significativement de ces solutions été autant adopté par les utilisateurs que M-Shwari au Kenya. grâce à une hausse du produit moyen par utilisateur (PMU) En s’appuyant sur la marque M-PESA, M-Shwari propose aux entre 10 % à 14 %38. utilisateurs un compte rémunéré avec la possibilité d’accéder à des prêts de 30 jours en temps réel. Le produit accumule une épargne • Les sociétés de services d’eau potable, telles que Grundfos quotidienne de 2,35 millions d’USD émanant de 6 millions Lifelink au Kenya et Sarvajal en Inde, fournissent, installent d’utilisateurs, et accorde 30 000 prêts en moyenne par jour, la taille et entretiennent, au profit des communautés, des solutions moyenne des prêts étant de 10 USD environ41. La forte adoption clés en main liées à l›eau. Elles s›appuient sur des compteurs par les consommateurs en seulement un an est un fort indicateur d’eau bon marché équipés des technologies GSM/GPRS, de la demande significative de prêts à court terme, « sans papier » permettant aux communautés de payer au fur et à mesure et en temps réel au Kenya. D’autres fournisseurs de SFM en l›eau par le biais de cartes à puce ou de porte-clés RFID qui Afrique lui emboitent désormais le pas, en essayant d’imiter le peuvent être rechargés avec de l›argent mobile (dans le cas service M-Shwari. La plus grande innovation de M-Shwari est de Grundfos). La technologie intelligente intégrée permet un son processus d’enregistrement facile. Les prêts sont approuvés suivi et un contrôle à distance des opérations de filtration, tout en temps réel en fonction de modèles de notation de crédit en saisissant les données opérationnelles. L’accès par mobile évaluant les données des transactions mobiles de l’utilisateur. à l’eau potable a également permis de faciliter la détection Aucun document officiel ni échange avec un représentant des fuites et des vols, d’améliorer le suivi et d’augmenter la de la banque ne sont requis. Lorsque le prêt est approuvé, les résistance de la pompe à eau39. Selon le modèle économique, fonds sont immédiatement disponibles sur le compte M-PESA 36 http://www.cgap.org/topics/digital-finance-plus 37 Le client envoie le paiement mobile et reçoit immédiatement un appel de l’opérateur qui émet un « signal sonore » tandis que le client tend le téléphone vers le système (pour la transmission). L’appareil émet alors un autre signal sonore qui est transmis par téléphone à l’opérateur avec les informations sur la consommation d’énergie. 38 « Sustainable Energy and Water Access through M2M Connectivity », 2012 du GSMA. 39 Une liste complète des conséquences pour les fournisseurs, les consommateurs et les ORM dans le secteur de l’eau est fournie dans le document « Sustainable Energy and Water Access through M2M Connectivity » du GSMA. http://www.gsma.com/mobilefordevelopment/wp-content/ uploads/2013/01/Sustainable-Energy-and-Water-Access-through-M2M-Connectivity.pdf. 40 http://www.gsma.com/newsroom/sub-saharan-africa-leads-world/ 41 http://www.itwebafrica.com/mobile/309-kenya/232389-140000-default-on-kenyas-m-shwari-loans 16 À toute allure : Les innovations en finance numérique de l’utilisateur. Il est significatif que le compte M-PESA de • D’autres ORM (Tigo Family Care au Ghana et Vodacom Faraja l’utilisateur serve de garantie contre le non-remboursement. en Tanzanie) ont innové un peu plus, en proposant un modèle MTN a lancé, en collaboration avec MSF Africa, un produit de baptisé «  freemium  » en vertu duquel l’utilisateur bénéficie microcrédit sur demande destiné aux travailleurs formels salariés. gratuitement d’une assurance de base, mais peut choisir de KwikAdvance, un produit d’avance d’espèces lancé au Ghana, au doubler la couverture ou d’étendre la couverture à un autre Cameroun et au Liberia, permet aux utilisateurs d’argent mobile membre de sa famille, pour une prime mensuelle modeste. de MTN d’avoir accès à 40 % de leur salaire net avant la fin du Les primes sont réglées avec du temps de communication (46 mois. Les utilisateurs reçoivent le produit sur leur compte d’argent %) ou de l’argent mobile (54 %)43. mobile dans la minute qui suit. • Les sociétés d’assurance coopératives M-Bima (assurance- vie) et Linda Jamii (assurance-maladie) au Kenya proposent Tendance : La micro-assurance mobile se fraie un chemin vers des produits de micro-assurance pour une prime régulière les foyers africains pauvres payable avec de l’argent mobile. Bien qu’en service depuis Le produit financier le plus difficile à expliquer et à vendre aux 2013 seulement, Linda Jamii a déjà enregistré 100 000 clients. pauvres est peut-être celui de l’assurance : l’acheteur d’une police d’assurance paie une prime périodique à un prestataire, sans Tendance : Les produits formels s’appuient sur ou exploitent aucune assurance réelle de revoir un jour son argent. Malgré cela, les assureurs continuent à innover pour fournir des services les comportements informels observés et les capacités collectives d’assurance aux tranches de la population à faible revenu. Le Les personnes non bancarisées en Afrique et dans d’autres CGAP a recensé 84 produits de micro-assurance mobiles actifs régions du monde en développement ont généralement recours à en août 2013, dont 54 % étaient proposés en AfSS42. Quelque des pratiques financières informelles qui les protègent des risques 76 % de ces produits proposent une assurance-vie, tandis que le plutôt qu’à des services financiers formels. Comment les pratiques reste des produits proposent des variantes de l’assurance-maladie, financières informelles peuvent-elles se traduire en produits de l’assurance contre les accidents, de l’assurance du bétail, des formels attrayants pour les personnes non bancarisées ? Quelques récoltes et voyages. La simplicité du produit d’assurance-vie en modèles différents utilisent l’expérience de groupes d’épargne termes de ventes et de procédures d’administration des sinistres informels (Tandas, Roscas, et Chamas) en ligne pour toucher une en fait peut-être le produit le plus adapté à être vendu par le biais plus large gamme d’utilisateurs, améliorer l’environnement et la du téléphone portable. qualité, et réduire les coûts. Chose intéressante, les produits de micro-assurance ont été • Emoneypool et Yattos aux États-Unis fournissent une initialement mis en avant par les sociétés d’assurance cherchant à plateforme en ligne pour les cercles d’épargne : des groupes pénétrer de nouveaux segments de clientèle. Or, actuellement, les de personnes épargnant ensemble, ayant chacune à leur tour entités hors assurance telles que les ORM semblent jouer un rôle accès à l’épargne collective et s’appuyant sur l’existence de plus important dans le développement du produit, allant ainsi au- réseaux sociaux en ligne. delà de la simple fourniture du canal de distribution. • Au Kenya, Bank of Africa et Safaricom lancent actuellement • Airtel uniMobile (Ghana), TNM Moyo Cover (Malawi), et une plateforme mobile, appelée M-Chama, pour la gestion YuMobile yuCover (Kenya), en partenariat avec des prestataires des groupes d’épargne et de crédit. de service B2B spécialisés dans la micro-assurance, tels que Microensure et Bima, proposent gratuitement (sans prime) Dans les pays en développement, les pauvres se tournent une couverture d’assurance-vie aux clients répondant à des généralement vers la famille et les réseaux sociaux dans les critères de solde de transaction ou de temps de communication moments difficiles. La microfinance a tiré parti de cette ressource minimum, cherchant ainsi à fidéliser les clients actifs. informelle pour remplacer les garanties matérielles : les prêts sont 42 Pour d’autres informations sur les produits de micro-assurance mobiles, veuillez-vous référer au document « The Emerging Global Landscape of Mobile Microinsurance », 2014 du CGAP et au document « State of the Industry 2013: Mobile Money for the Unbanked », 2014. 43 Ibid. Note : Dans certains pays, la règlementation n’autorise pas le paiement d’une police d’assurance par du temps de communication, tandis que dans d’autres l’absence de règlementation sur le virtuel rend impossible le paiement de l’assurance avec de l’argent mobile. http://www.cgap. org/blog/designing-mobile-microinsurance-products-premium-payment-methods et http://www.microinsurancefacility.org/publications/mp26. 17 accordés aux groupes sociaux, en utilisant la pression des pairs Le financement participatif est au stade embryonnaire de son pour assurer le remboursement. développement et le succès à long terme est encore incertain, mais les volumes connaissent une croissance significative, amplifiée par • Lenddo tire parti des réseaux sociaux comme Facebook et les fonds institutionnels. Lending Club, un leader sur le marché Twitter au sein desquels les gens se portent garants de pair- des États-Unis, s’est développé pour atteindre plus de 4 milliards à-pair, afin d’octroyer des prêts en ligne. Lenddo utilise aussi d’USD de prêts, dont plus de la moitié sont fournis par des des données alternatives, comme les médias sociaux, afin prêteurs individuels44. Pour évaluer les perspectives de ce modèle, d’évaluer, à moindre coût, la solvabilité des emprunteurs. il sera important de suivre les efforts des acteurs chevronnés Un tel modèle pourrait être gênant et réussir là où la finance lorsqu’ils s’introduiront en bourse et chercheront à élargir leurs traditionnelle a échoué jusqu’à présent : parvenir à une vaste services aux offres de crédit à la consommation plus vastes et, à couverture à des taux d’intérêt abordables. terme, aux crédits hypothécaires. On ne sait pas encore si la forme • LendFriend aux États-Unis permet aux emprunteurs de d’un échange sur un réseau P2P sera conservée ou si cela se choisir les modalités de leur emprunt et de rédiger une note transformera en un type de plateforme de financement différent, mais les volumes sont suffisamment significatifs pour être dignes en ligne à envoyer à leur réseau social pour être financés. d’attention. • Maana Mobile d’Afrique du Sud s’appuie sur les réseaux sociaux des individus en soutenant les prêts à l’amiable, la mise en gage, et la gestion de l’épargne/des prêts collectifs au moyen Tendance : La multiplication des produits financiers proposés de téléphones évolués ou de smartphones. Ses applications par les fournisseurs d’argent non mobile tirant parti du succès mobiles donnent aux utilisateurs un accès direct à leur liste de la plateforme de l’argent mobile de coordonnées téléphoniques, facilitant ainsi l’inclusion L’émergence des produits de micro-retraite porte sur un service de leur réseau social à des fins de gestion financière. Maana financier qui se développe et aide les travailleurs du secteur aide actuellement les petits magasins à gérer leurs crédits en informel à épargner pour leur retraite. magasin informels et utilise les données pour consentir des prêts de fonds de roulement à ces magasins. Concernant les • Les membres du Mbao Pension Scheme (Régime de retraite capacités collectives, l’interconnexion supprime la nécessité de Mbao) au Kenya effectuent un dépôt volontaire minimal de d’un intermédiaire, et permet l’externalisation ouverte (ou 20 shillings kenyans (0,30 USD) par jour en utilisant l’argent crowd-sourcing) comme modèle économique alternatif innovant mobile M-PESA ou Airtel au moyen de la fonctionnalité PayBill applicable aux services financiers (l’octroi de prêts P2P, (payer les factures) (Mbao est un terme d’argot signifiant 20 l’escompte de facture P2P, les opérations de change P2P), shillings kenyans au Kenya). Avec un marché exploitable de le tout à un prix plus abordable. Les plateformes d’octroi de 8,5 millions de travailleurs informels au Kenya, les produits prêts P2P en ligne connectent l’emprunteur individuel aux tels que le Mbao Pension Scheme peuvent avoir un impact investisseurs individuels. considérable sur l’inclusion financière. Comme pour un régime de retraite normal, les membres bénéficient d’avantages • Zidisha (Bénin, Burkina Faso, Guinée, Kenya, Mali, Niger et fiscaux et du revenu de placement généré par l’investissement Sénégal) propose des plateformes d’octroi de prêts P2P gérées des contributions. Il est néanmoins important de souligner par des bénévoles. L’emprunteur et le prêteur déterminent les les coûts liés au paiement des produits quand ceux-ci ne sont taux d’intérêt (et réalisent l’évaluation du risque) de manière pas gérés par les fournisseurs d’argent mobile. M-PESA par bilatérale, sans aucun service d’intermédiation. exemple, facture 0,03 USD pour un transfert d’argent mobile variant de 0,12 USD à 0,57 USD. Si un membre du régime de • Kubo Financiero (Mexique) propose aussi une plateforme retraite de Mbao effectue un dépôt quotidien de 20 shillings d’octroi de prêts P2P, mais analyse les risques du prêteur kenyans (0,30 USD) depuis son compte M-PESA, il paie en individuel et fixe les taux d’intérêt utilisés par les parties à la réalité un surcoût de 15 % sur chaque paiement. transaction. 44 Stefanski, e-mail échangé avec le Lending Club, 1 mai 2014. 45 Pour une étude de cas, veuillez-vous référer au document « State of the Industry, 2013: Mobile Money for the Unbanked », encadré 18, de GSMA 18 À toute allure : Les innovations en finance numérique • L’IMF Musoni au Kenya réduit les coûts associés à la crédit48. Chose importante, les vidéos sont conçues spécifiquement distribution et aux recouvrements des prêts en tirant parti pour l’étape concernée du processus d’octroi de crédit, au lieu de de l’argent mobile pour fonctionner quasiment sans espèces, proposer un enseignement totalement indépendant du produit. car tous les remboursements et décaissements des prêts sont réalisés par le biais de transferts d’argent mobile M-PESA. Elle • Payperks aux États-Unis propose aux détenteurs de cartes gère cinq succursales mais aucune d’entre elles ne proposent prépayées des cours à base d’images et des récompenses en de services de caisse. Les succursales sont utilisées uniquement participant à des loteries. Des institutions financières ajoutent pour le service clients. Bien que le délai soit moins court que la fonctionnalité Payperks à leurs produits, tels que les cartes pour M-Shwari, les prêts sont actuellement décaissés 72 heures de débit prépayées, afin de favoriser l’adoption, la rétention, le après la demande. Ce délai est meilleur que celui en vigueur bon usage, le libre-service clients et la fidélisation. dans le secteur de la microfinance traditionnel. Depuis mai 2010, Musoni a décaissé 18 000 prêts d’une valeur totale de Les produits d’épargne associés à une récompense ou à 500 millions de shillings kenyans45. des fonctionnalités qui utilisent les principes de l’économie comportementale afin de susciter un comportement d’épargne, en faisant de l’acte d’épargne un acte amusant et gratifiant, émergent Tendance : L’éducation financière du consommateur : Les aussi sur le marché. innovations en capacités financières et en stratégies de la • MaMa accounts, lancé par First National Bank en Afrique du récompense Sud, récompense les épargnants par des prix mensuels. Un produit financier visant les populations à faible revenu peut ne pas rencontrer le succès escompté en l’absence de stratégie • En Colombie, Juntos Finanzas s’est associé à des institutions visant à éduquer la clientèle sur son usage. L’amélioration de financières pour mettre leur coach de l’épargne à la disposition la «  capacité financière  » des consommateurs est devenue une 46 des clients par SMS afin de favoriser la participation des clients stratégie importante pour attirer les personnes non bancarisées et augmenter les soldes d’épargne. dans le système financier formel. • Un service intéressant basé sur les SMS, également conçu pour • Revolution Credit aux États-Unis proposent aux PSF un favoriser une discipline de l’épargne, est celui de Piggymojo ensemble de programmes de perfectionnement de la capacité aux États-Unis. Lorsqu’un utilisateur essaie d’acheter quelque financière en ligne sous la forme de vidéos et de quizz chose dont il aurait probablement pu se passer, il envoie par proposés à différents stades du processus d’octroi de crédit : SMS à Piggymojo le montant en dollars qu’il souhaite épargner l’acquisition de clientèle, l’évaluation de la demande de crédit et une brève description de ce qu’il n’achète pas. L’utilisateur ou la gestion du compte et les recouvrements. Revolution peut alors visualiser son épargne à la fin de la journée. Credit déclare avoir réduit les taux d›arriérés sur les prêts • Save Up aux États-Unis propose un programme de consentis de 30 % grâce à ces quizz. La fidélisation s’est récompenses associé à des objectifs financiers et d’épargne, améliorée de plus de 67 % grâce à une meilleure identification qui fait appel à des mécanismes de jeu pour susciter les des profils de risque chez les clients ayant un maigre dossier comportements souhaités. ou pas de dossier du tout47. Des applications mobiles telles que MyMobileApp-Challenge Pour les emprunteurs, ces services sont une occasion d’apprendre et FinCapDevChallenge sont des outils mobiles innovants de la la gestion financière par le biais de vidéos en ligne intéressantes, prochaine génération qui s’appuient sur ces idées. donnant aux emprunteurs une deuxième chance d’avoir accès au 46 Le Fonds d’affectation spéciale Banque Mondiale/OCDE/Russie définit la capacité financière comme « la capacité interne à agir dans son meilleur intérêt financier, dans les conditions socioéconomiques et environnementales données. Elle englobe les connaissances (instruction), les attitudes, les compétences et le comportement des consommateurs eu égard à la compréhension, à la sélection et à l’utilisation des services financiers, et la capacité à accéder aux services financiers qui correspondent à leurs besoins ». 47 FinnovateFall 2013 Revolution Credit demo. http://www.finovate.com/fall13vid/revolutioncredit.html 48 http://www.americanbanker.com/issues/178_232/behavioral-data-startup-combines-big-data-with-credit-traffic-school-1064039-1.html 19 L’innovation de produit pour les entre- • SmartMoney en Tanzanie et Zoona en Zambie ont aussi expérimenté les paiements mobiles conduisant à une réduction prises : Le cas de l’agriculture- des coûts de traitement des espèces pour les fournisseurs, et Pour réussir à se déployer à grand échelle, les prestataires de SFM une perception de meilleure sécurité de paiement pour les s’efforcent aussi de dépasser le segment de la clientèle individuelle agriculteurs52. et cherchent à numériser les chaines de valeur B2B. L’agriculture et l’agroalimentaire constitue un exemple de ce type d’évolution Comme dans d’autres domaines, l’argent mobile dans la sphère particulièrement pertinent pour l’AfSS. Le secteur agricole agricole ne gagnera réellement du terrain que lorsqu’une grande représente 25 % du PIB de l’Afrique et 70 % des emplois49. partie de la chaine de valeur effectuera des transactions en monnaie Essentiellement organisés en petites exploitations agricoles, les électronique, supprimant ainsi la nécessité de retirer des espèces. agriculteurs sont généralement limités par le manque de machines Malheureusement, un long chemin reste à parcourir entre les et de capacités, les importantes asymétries de l’information (les projets pilotes actuels en circuit fermé et souvent subventionnés prix du marché et l’accès au marché) et l’absence de filets de et la numérisation complète des chaines de valeur agricoles. sécurité financière. Pour y remédier, la technologie mobile peut améliorer les lacunes en termes d’asymétrie de l’information sur l’ensemble de la chaine de valeur agricole et fournir aux Tendance : L’assurance indicielle domine la sphère de la agriculteurs des services financiers d’atténuation du risque à faible micro-assurance agricole coût. La technologie mobile est aussi exploitée pour les produits de micro-assurance dans le secteur de l’agriculture. Tendance : Encourager les paiements mobiles entre acheteurs • Kilimo Salama, proposé en partenariat par Syngenta et exploitants agricoles pour l’achat de leur production Foundation, UAP Insurance et l’ORM Safaricom au Kenya, fournit une assurance agricole indicielle à un prix abordable. PSF ont de plus en plus recours à la technologie mobile pour En utilisant les stations météorologiques automatiques pour fournir des services financiers agricoles. Les agriculteurs ont déterminer les conditions climatiques, Kilimo Salama a mis commencé à rembourser les micro-prêts en utilisant de l’argent en place un système qui déclenche automatiquement une mobile auprès d’institutions financières telles que Musoni, Juhudi évaluation des sinistres et des indemnisations en fonction Kilimo, et One Acre Fund au Kenya, et Opportunity International des données climatiques sans avoir recours à une vérification Bank au Malawi. coûteuse du sinistre sur place. Le coût du service diminue Les fournisseurs d’argent mobile, les grands acheteurs de produits encore du fait que les indemnisations sont versées avec de agricoles et les partenaires maîtres d’œuvre testent conjointement l’argent mobile. Devenu le programme d’assurance agricole plusieurs initiatives visant à transférer les paiements aux le plus populaire en Afrique, Kilimo Salama avait, à fin 2013, agriculteurs avec de l’argent mobile. assuré 187 000 agriculteurs au Kenya et au Rwanda53. • Au Zimbabwe, l’acheteur de produits agricoles, KAITE, a Un autre produit de micro-assurance intéressant dans le secteur de testé la distribution de 448 paiements aux agriculteurs par le l’agriculture, s’appuyant sur la technologie de prévision climatique biais d’Ecocash50. et du fourrage, est celui de l’assurance indicielle du bétail. • Au Ghana, Agribusiness Systems International et le grand • APA Insurance, en partenariat avec Leapfrog, ILRI et Vision producteur de riz GADCO testeront les paiements mobiles Mondiale, a développé un produit de micro-assurance au Kenya en faveur de 500 riziculteurs au moyen de Tigo Cash . 51 qui couvre le bétail en cas de sécheresse et qui utilise l’argent mobile pour le paiement des primes et des indemnisations. 49 IFC, Agribusiness in Africa, http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/region__ext_content/regions/sub-saharan+africa/investments/agribusiness 50 http://www.mercycorps.org/research-resources/case-study-lessons-buyers-experience-mobile-money 51 http://www.asintl.org/our-experience-Ghana-Rice-Mobile-Finance-RiMFin.html 52 https://communities.usaidallnet.gov/ictforag/node/362 53 http://www.syngentafoundation.org/index.cfm?pageID=562 20 À toute allure : Les innovations en finance numérique Le produit utilise les relevés par satellite pour savoir quand De plus, les petits agriculteurs n’ont pas facilement accès à des les précipitations ou le fourrage passent sous le niveau requis, informations pertinentes pour leurs activités et en temps réel déclenchant alors le paiement d’une indemnisation du sinistre. comme les prévisions météorologiques, les prix des intrants sur le marché ou les prix de leur production sur le marché. En conséquence, plusieurs fondations et organisations œuvrant pour Tendance : Les achats et les ventes collectifs dans l’agriculture le développement ont appuyé le développement d’applications rendus possibles grâce aux applications mobiles mobiles capables de combler ces lacunes en matière d’information Étant donné que le secteur agricole africain est essentiellement et permettre que ces informations soient mobiles. constitué de petites entreprises, le fait de disposer d’un mécanisme • Les applications m-Farmer en Tanzanie et Esoko au Ghana permettant aux agriculteurs de se regrouper facilement et de proposent aux agriculteurs des informations sur les prévisions négocier collectivement des prix d’intrants pourrait constituer une météorologiques et les prix du marché, et leur donnent des véritable révolution. Les associations et coopératives agricoles ont astuces et des conseils agricoles sur la gestion des insectes et jusqu›à ce jour tenté de jouer ce rôle, mais les applications mobiles des maladies. et les paiements avec de l›argent mobile promettent un service à moindre coût, plus pratique et facile. Bien qu’il s’agisse là d’innovations intéressantes à fort potentiel, • Le développeur d’application, Virtual City a mis au point les leçons tirées du Programme Agri-Fin Mobile de Mercy Corps l’application Fertilizer (engrais en anglais) destinée aux petits indiquent que la diffusion des informations agricoles par le biais et moyens agriculteurs au Kenya. L’application regroupe les de téléphones portables ne sera pas chose aisée. La radio et commandes d’engrais envoyées par les agriculteurs par SMS ou les consultations en face à face ont été citées comme étant les par le Service supplémentaire pour données non structurées principales sources d’information des agriculteurs, ce qui indique (USSD)54 émanant de plusieurs régions et indiquent les points que leur demande d’information doit être mieux cernée . 55 de livraison locaux où les agriculteurs peuvent venir récupérer leurs engrais. Cela leur permet d’obtenir de meilleurs prix Cherchant à aller au-delà de l’innovation de produit pour le pour leurs intrants agricoles. consommateur et pour l’agriculture, les PSF ont déjà commencé à chercher à numériser les chaines de valeur B2B (par exemple les • Au Kenya, l’application M-Farm propose une plateforme échanges entre les sociétés de PGC et les magasins de détail de utilisant à la fois les SMS et la connexion à Internet qui relie leur réseau). Bien qu’encore au stade embryonnaire, la prochaine les agriculteurs aux fournisseurs d’intrants agricoles à des fins vague d’innovations devrait venir de là. d’achats et de ventes groupés. 54 Le Service supplémentaire pour données non structurées (USSD) est un protocole utilisé par téléphones cellulaires GSM pour communiquer avec les ordinateurs du prestataire de service. L’USSD peut être utilisé pour la navigation WAP, le service Callback prépayé, les services d’argent mobile, et les services de contenu basé sur la localisation. 55 http://www.cgap.org/blog/series/understanding-demand-smallholder-financing 21 Conclusion Les services financiers mobiles ont rapidement évolué en Afrique À mesure que les marchés décollent, de nouvelles entités entrent depuis que M-PESA a été lancé en 2007. Certains «  marchés dans l’écosystème et l’effet de réseau se développe. Il y a trois précurseurs  » ont fait des avancées remarquables dans la ans, l’argent mobile en Afrique était fourni par les ORM, à fourniture d’un accès aux services financiers destinés au marché quelques exceptions remarquables près, comme Equity Bank au de masse. Les pays qui ont développé l’infrastructure de base Kenya. Aujourd’hui, un certain nombre de banques développent peuvent maintenant fournir une gamme beaucoup plus vaste de des opérations d’argent mobile à grande échelle, tout comme biens et services sur cette nouvelle infrastructure de paiements. les fournisseurs de services de paiement indépendants. Les IMF D’autres « marchés potentiels » devront se concentrer sur la mise commencent aussi à tirer parti des deux piliers indissociables en place des rails de distribution pendant un certain nombre que sont la technologie et la distribution pour étendre leurs d’années avant de pouvoir faire de même. Les différences entre champs d’actions. A mesure que ces systèmes évoluent, d’autres les pays sont imputables à une multitude de facteurs, notamment entreprises, certaines anciennes, d’autres nouvelles, viendront la pénétration de la téléphonie mobile, le développement progressivement exploiter le vaste écosystème de l’argent mobile de l’infrastructure financière et traditionnelle, la densité de en proposant des services au marché. Il suffit de se rendre à population, la règlementation et l’intérêt des acteurs privés pour Nairobi pour constater l’énergie et l’ingéniosité des entrepreneurs cette opportunité. La bonne nouvelle est que le Kenya n’est plus kenyans espérant répondre à la demande considérable de biens le seul exemple vers lequel la région peut se tourner en matière de et services non encore satisfaite malgré le chemin remarquable service d’argent mobile à succès sur le continent. parcouru par le pays dans le domaine de l’argent mobile. Le rôle de l’innovation est important dans ce processus, car elle Les PSF traditionnels devront s’adapter à l’évolution rapide de continuera à encourager les améliorations au sein de l’écosystème l’environnement sur le terrain, faute de quoi ils se retrouveront lié à l’argent mobile et à fournir de nouvelles opportunités à ceux à la traîne par rapport à des marchés de niche. Comme dans qui sont désireux et capables de les saisir. L’innovation de processus d’autres régions du monde, les consommateurs africains permettra à l’infrastructure existante de mieux fonctionner au accordent de l’importance à l’environnement, à la sécurité et au profit des opérateurs et des consommateurs. Elle réduira les service client et sont prêts à payer pour obtenir ces avantages, coûts et les points de tension dans la prestation du service. Elle quel que soit leur place dans la pyramide économique. Ceux apportera aussi les données nécessaires pour fournir un meilleur qui ont conscience des opportunités sur le marché de masse service aux consommateurs et de plus en plus, aux entreprises. en bénéficieront car la croissance économique augmente le L’innovation de produit élargira la gamme des services mis à la pouvoir d’achat de la classe moyenne africaine en plein essor. disposition des consommateurs, mais augmentera aussi le flux du L’environnement de l’argent mobile pourrait être très différent commerce transactionnel passant par les systèmes de paiement dans dix ans, mais il ne fait aucun doute que nous sommes au électroniques. Cette croissance des volumes de transaction point de départ d’un changement fondamental dans la façon contribuera à réduire les coûts et à proposer, de plus en plus, dont les services financiers sont fournis au marché de masse en une offre rentable de services financiers numériques destinés à Afrique et que l’innovation contribue à ce changement. Dans la base de la pyramide. A mesure que les volumes de transaction un marché mondial, les innovations développées n’importe où augmentent, les capacités de distribution se renforcent et rendent dans le monde peuvent être rapidement adoptées et adaptées aux possible la prestation dans des lieux éloignés, car le coût de conditions locales, créant ainsi un cercle vertueux qui bénéficiera l’investissement marginal diminue au fil du temps. aux consommateurs, quels que soient leurs niveaux de revenu. L’histoire de l’argent mobile est remarquable, mais elle ne fait que commencer. 22 À toute allure : Les innovations en finance numérique 23 24 Remerciements Les auteurs souhaitent remercier l’équipe d’IFC : Aiaze Mitha, Charles Niehaus, Joseck Luminzu Mudiri, et Scott Stefanski pour leurs contributions à l’élaboration de ce document, ainsi que leur soutien intellectuel constant tout au long de sa rédaction. Les auteurs souhaitent également remercier les observateurs du secteur qui ont accepté d’être interrogés dans le cadre de cette étude et ont généreusement partagé leurs connaissances et points de vue sur le secteur : Andrew Lake, Annie Smith, Arjuna Costa, Camilo Tellez, Claudia McKay, David Porteous, Denis Moniotte, Graham Wright, Ignacio Mas, Ivan Mortimer-Schutts, Janine Firpo, Jennifer Isern, Kai Schmitz, Lowell Campbell, Margarete Biallas, Mark Flaming, Mark Wensley, Matt Gamser, Paul Breloff, Paul Reynolds, Roux van Zyl, Ruth Dueck-Mbeba, Susie Lonie, et Tillman Bruett. Enfin, les auteurs souhaiteraient préciser qu’ils sont seuls responsables de toute éventuelle erreur, par omission ou par action, présente dans ce document. Les opinions exprimées ici sont celles des auteurs et de l’équipe d’IFC ayant travaillé sur ce document, et ne reflètent pas une position officielle du Groupe de la Banque mondiale. Les auteurs Marcia Parada est consultante auprès de l’équipe chargée Greta Bull est la responsable de programmes pour le des services-conseil en microfinance et services financiers Partenariat pour l’Inclusion Financière et gère également mobiles pour l’Afrique d’IFC et de l’équipe chargée des les programmes d’assistance technique d’IFC en Innovations en technologies et modèles économiques, Afrique subsaharienne, couvrant la microfinance, les faisant progresser le programme de recherche et de projet services financiers mobiles et l’assurance. Elle a 24 ans sur les services bancaires sans agence en vue de proposer d’expérience en développement international, dont 15 des services financiers aux personnes non bancarisées. dans le domaine du financement du développement. Elle a auparavant travaillé pour IFC à Lima, au Pérou et Elle a précédemment travaillé en Europe de l’Est, dans pour Citigroup à New York. Elle est titulaire d’un Master l’ancienne Union soviétique et en Amérique latine. Elle est en Études politiques internationales de l’Université de titulaire d’un Master en Politique publique de l’Université Stanford. de Harvard. Le PARTENARIAT POUR L’INCLUSION FINANCIÈRE est une initiative conjointe d’IFC et de la MasterCard Foundation visant à développer la microfinance et à faire progresser les services financiers mobiles en Afrique subsaharienne. Le Partenariat est également soutenu par la Fondation Bill & Melinda Gates et la Banque autrichienne de développement (OeEB, Oesterreichische Entwicklungsbank AG), et collabore avec des partenaires du savoir comme la Banque mondiale et le Groupe consultatif d’aide aux populations pauvres (CGAP). Un objectif important du Partenariat est de développer et partager les connaissances du secteur pour le bien public. Cette publication fait partie d’une série de rapports de recherche publiés par le programme. www.ifc.org/financialinclusionafrica CONTACT Anna Koblanck Chargée de communication 14 Fricker Road, Illovo 2196 Johannesburg, Afrique du Sud akoblanck@ifc.org