Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger i ETUDE SUR LA VALORISATION DU POTENTIEL DES TIC DANS LE SECTEUR EAU, ASSAINISSEMENT ET HYGIÈNE ETUDE DE CAS: NIGER Par Mouhamed Fadel Ndaw et Taibou Adamou Maiga Novembre 2015 PREFACE Le présent rapport a été préparé dans le cadre de l’étude sur la « Valorisation du potentiel des TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène » du Programme Eau et Assainissement de la Banque mondiale (Water and Sanitation Program - WSP). Cette étude vient renforcer les stratégies de la Banque mondiale en Afrique (« Africa Regional Strategy », 2011) et en matière de technologies de l'information et de la communication (« World Bank Group Strategy for Information and Communication Technology », 2012). Cette analyse complète également la série de rapports E-Transform Africa, une collaboration entre la Banque africaine de développement (BAD), la Banque mondiale (BM) et l'Union africaine (UA) qui a permis de faire le point sur l'utilisation actuelle des TIC dans six secteurs : agriculture, changements climatiques, éducation, santé, services financiers et gouvernance. Le Programme Eau et Assainissement de la Banque mondiale a été l'un des principaux promoteurs de l'utilisation des TIC dans de nombreux pays, notamment grâce à sa contribution au financement de projets tels que la plateforme pilote de mWater au Sénégal, au Mali, au Niger et au Bénin ; le projet « Akvo Flow et Fulcrum » au Liberia et en Sierra Leone ainsi que le projet « MajiVoice » au Kenya. Étant donné l'intérêt de nombreux acteurs du secteur de l’eau pour approfondir les connaissances découlant de ces interventions pilotes, il est nécessaire d'améliorer la documentation liée à ces expériences et de proposer des conditions pratiques pour leur déploiement. L'utilisation des TIC dans le secteur de l'Approvisionnement en eau potable, hygiène et assainissement (AEPHA) connaît une forte croissance et l'intérêt suscité est grandissant parmi les partenaires externes. À la lumière de cette évolution rapide, il s’avère essentiel d’établir des stratégies pour renforcer les termes d’éventuels partenariats et de cibler des objectifs spécifiques à court et à moyen terme. Il importe également de mieux comprendre le potentiel d'information pouvant être généré par les TIC, d'augmenter l'accessibilité et l'utilisation de cette information afin de s’assurer qu’elle soit utilisée de façon durable tout en contribuant aux objectifs du secteur AEPHA. Cette étude a été réalisée par le Programme Eau et Assainissement (WSP) de la Banque mondiale pour combler une lacune consistant à comprendre comment le potentiel des TIC peut améliorer les services d'eau et d'assainissement à l’échelle mondiale avec un accent particulier en Afrique. Dans cette perspective, une revue documentaire au niveau mondial et des études de cas dans sept pays africains (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Sénégal, Bénin, Niger et Libéria) complétées par des exemples d’autres régions (Amérique du Nord, Amérique Latine, Asie du Sud et Asie de l’Est) ont permis d’analyser les points forts et les faiblesses des outils TIC existants. Le rapport fournit également des éléments pertinents sur la façon dont les TIC peuvent être utilisées pour accélérer l’accès à des services durables d'eau et d'assainissement. Cette étude a non seulement cherché à documenter les expériences d'utilisation des TIC dans le secteur de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène, mais s’est également évertuée à les analyser afin d’identifier les facteurs clés et les barrières en termes de vision, de processus, de satisfaction de la clientèle, de ressources humaines, de la qualité du service et des aspects financiers. Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger iii TABLE DES MATIERES 1 INTRODUCTION .................................................................................................................... 1 2 ANALYSE DU PAYSAGE NATIONAL ................................................................................. 1 2.1 Environnement réglementaire et opérationnel .......................................................... 1 2.1.1 Politiques TIC ............................................................................................................ 4 2.1.2 Exploitation des TIC dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement ..................... 5 2.2 Quelques applications TIC dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement au Niger .................................................................................................................................. 6 2.2.1 Situation en zone urbaine ......................................................................................... 6 2.2.2 Situation en zone rurale ............................................................................................ 8 3 ETUDE DE CAS : MWATER ................................................................................................. 8 3.1 Contexte de la zone d’implantation de Tahoua ......................................................... 8 3.2 Description de la solution TIC déployée ................................................................... 8 3.2.1 Vision....................................................................................................................... 10 3.2.2 Processus................................................................................................................ 11 3.2.3 Client / utilisateur ..................................................................................................... 11 3.2.4 Capacités humaines ................................................................................................ 12 3.2.5 Financement ........................................................................................................... 13 3.3 Analyse des données et constats déterminants ..................................................... 14 3.4 Discussion ............................................................................................................... 17 3.4.1 Tendances des indicateurs eau et assainissement sont capturés par l’outil TIC........................................................................................................................... 17 3.4.2 Tendances dans l’utilisation et le fonctionnement des applications TIC ................ 19 3.4.3 Disparités dans la collecte de données selon les axes distribution des revenus et de la richesse ainsi que du genre ......................................................... 19 3.4.4 Autres lacunes dans la couverture des données récupérées ................................. 20 3.5 Défis et opportunités ............................................................................................... 21 4 CONCLUSION ..................................................................................................................... 23 ANNEXE A: LISTE DES INTERLOCUTEURS INTERROGÉS ....................................................... 25 REFERENCES .................................................................................................................................... 1 Liste des tableaux : Tableau 1: Estimation des coûts par système pour mise à l'échelle ................................................ 13 Tableau 2: Evaluation de l’impact du logiciel mWater selon la chaine d’analyse des impacts (Gigler, 2011) ................................................................................................................................................. 14 Tableau 3: Analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Défis de mWater au Niger ................ 22 Liste des figures : Figure 1: Acteurs institutionnels impliqués dans la gestion des services d’eau (pS -Eau) .................. 2 Figure 2: Taux d’accès théoriques aux services WASH par région au Niger (pS -Eau) ..................... 4 Figure 3: Catégories d’applications TIC étudiées au Niger ................................................................. 6 Figure 4: Services offerts par mWater (source: Manobi) .................................................................... 9 Figure 5: Interface mWater sur téléphone mobile (source: Manobi) ................................................. 10 Figure 6 : Les utilisateurs mWater .................................................................................................... 11 Figure 7: Un gestionnaire transmet les données du compteur de production via son portable ....... 12 Figure 8 : Exemple: de page de suivi d’index de production de l’AEP de Kahé Damé / Zoukoutou (Tahoua) ............................................................................................................................................ 17 Figure 9: Utilisation de mWater dans la zone pilote de Tahoua ....................................................... 19 Figure 10: Performances délégataires urbaines vs rurales .............................................................. 20 Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger v ABBREVIATIONS ET ACRONYMES AEP Approvisionnement en Eau Potable AEV Adduction d’Eau Villageoise AFD Agence Française de Développement ARTP Autorité de Régulation des Télécommunications et de la Poste BOAD Banque Ouest Africaine de Développement CEA Commission Economique Africaine DDH Direction Départementale de l’Hydraulique DG Direction générale DGH Direction Générale de l’Hydraulique DHUSU Direction de l’Hydraulique Urbaine et Semi-Urbaine DPS Document de Politique et de Stratégie DRH Direction Régionale de l’Hydraulique FAI Fournisseurs d’Accès Internet GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit IEA International Energy Agency IRH Inventaire des Ressources Hydrauliques ITU International Telecommunication d’Union JMP Joint Monitoring Program MHA Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement MHE Ministère de l’Hydraulique et de l’Environnement MHELCD Ministère de l’Hydraulique, de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement ONG Organisation Non Gouvernementale PANGIRE Plan d’Action Nationale de Gestion Intégrée des Ressources en Eau PEP Programme Eau Potable et Assainissement PNAEPA Programme National d’Alimentation en Eau Potable et Assainissement PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement PRN/PM Présidence de la République du Niger / Premier Ministre PSE Projet Sectoriel Eau RMSI RMSI Private Ltd., Noida, India RWSS Rural Water Supply System SAC/SPE Structures d’Appui Conseil SI Système d’Information SIG Système d’Information Géographique SIGNER Système d’information Géographique du Niger SISEAN Système Intégré de Suivi et d'Information de l'Eau et l'Assainissement du Niger SMS Short Message Service SNE Société Nigérienne de l’Eau SONITEL Société Nigérienne des Télécommunications SPEN Société de Patrimoine de l’Eau du Niger SSI Système de Suivi et d’Information S&E Suivi et Evaluation TIC Technologies de l'Information et de la Communication WSP - Banque « Water and Sanitation Program » : le programme Eau, Assainissement et mondiale Hygiène de la Banque mondiale Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 1 1 INTRODUCTION Le Niger, comme plusieurs pays africains, entend tirer profit de l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) dans le secteur de l’eau potable, de l’hygiène et de l’assainissement (WASH) pour améliorer la prestation de services en zones rurales et urbaines. Le secteur est confronté à l’existence d’un important volume de composantes et d’équipements et donc de données complexes, dynamiques et continuelles (« big data »), qui ne sont pas structurées, qui changent continuellement, qui augmentent en volume quotidiennement et qui se présentent de façon hétérogène et fragmentaire. L’informatisation de ces données permet de mieux connaitre et de mieux gérer le patrimoine que représente l’eau et son adduction dans les AEP au profit de tous et ce de façon intégrée, visuelle et systématique. Ainsi, plusieurs technologies offrent maintenant la possibilité d’améliorer la récupération, la gestion, l’affichage et la diffusion de l’information nécessaire aux opérateurs, délégataires, planificateurs et décideurs publics responsables du rendement des services WASH. La grande majorité de la population du Niger vit en zone rurale, le pays étant très défavorisé par des conditions naturelles semi-désertiques et une forte croissance démographique qui font en sorte qu’il se classe parmi les plus pauvres au monde, notamment dernier pour l’indice de développement humain selon le Rapport Mondial IDH 20141. L’approvisionnement en eau des populatio ns constitue un problème majeur, son amélioration est une priorité du gouvernement et est clairement affirmée parmi les priorités contenues dans le Plan de Développement Économique et Social (PDES) 2012 – 2015 du Niger. Les TIC pourraient donc avoir un rôle important à jouer pour réduire les pertes et améliorer le rendement des services WASH sur tout le territoire national. L’étude de terrain au Niger a fait ressortir 3 types d’applications TIC dédiées au secteur de l’eau et de l’assainissement. Soit un type pour le milieu urbain intégrant gestion commerciale et gestion clientèle, un type pour le milieu rural pour la gestion des points d’eau, ainsi qu’un type pour le suivi et évaluation du secteur WASH dans son ensemble. Ce rapport présente les résultats de l'étude terrain au Niger qui a eu lieu en novembre 2014. La première section propose une analyse du contexte national comprenant l'environnement réglementaire et opérationnel régissant le secteur de l'eau ainsi que le secteur des TIC. Il présente ensuite un aperçu plus détaillé de deux applications : mWater qui est en cours d'utilisation par le Ministère de l’Hydraulique et G-d’Or qui est exploité par la Société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), deux acteurs clés du secteur que la consultation a visités lors de cette étude. La deuxième section examine spécifiquement le cas de mWater. Le rapport d'étude de cas a été établi à l'issue des consultations avec les intervenants du secteur de l'eau au Niger, ainsi qu’à partir de la revue documentaire sur les TIC pour le développement et les applications sélectionnées. Le tableau des intervenants, qui ont été consultés pendant l'élaboration du présent rapport, est présenté en annexe. 2 ANALYSE DU PAYSAGE NATIONAL 2.1 Environnement réglementaire et opérationnel L’Etat est l’acteur principal dans le secteur de l’assainissement et de l’hydraulique rurale. Il assure la conception, la planification, la coordination et la mise en œuvre de la politique nationale et des stratégies sectorielles. Il est représenté par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement à travers ses 3 directions générales centrales spécialisées et ses 8 directions régionales. Les principales évolutions, récemment intervenues dans le paysage institutionnel du secteur, concrétisent le désengagement de l’Etat des fonctions de réalisation pour se centrer sur la définition de la politique sectorielle, la planification et la recherche de financements, la gestion des ressources en eau et de la salubrité environnementale, l’élaboration du cadre législatif et réglementaire, la police des eaux et la politique tarifaire. Ainsi, les récents textes législatifs affirment le principe de la Maîtrise d’ouvrage communale et attribuent la propriété des ouvrages aux communes. La SPEN est maitre d’ouvrage depuis 2001 d’un vaste programme d’investissements en hydraulique urbaine qui touche à sa fin : le Projet Sectoriel Eau (PSE), financé par l’IDA, la BOAD, la République populaire de Chine et l’AFD. Le PSE a permis d’augmenter sensiblement la production et la desserte en eau potable. Néanmoins, en milieu urbain, 32% de la population n’a toujours pas accès à l’eau et il paraît difficile d’atteindre les objectifs du millénaire sans une relance des programmes d’investissements. Figure 1: Acteurs institutionnels impliqués dans la gestion des services d’eau (pS -Eau2) Les principaux acteurs institutionnels sont donc les suivants :  Ministère de l’Hydraulique et de l’ Assainissement (MHA) et Directions Régionales de l’Hydraulique. Il représente l’Etat qui est chargé de définir la politique sectorielle, d’élaborer le cadre législatif et réglementaire et de fixer la politique tarifaire ;  La Société de Patrimoine des Eaux du Niger (SPEN) , société publique en charge de la gestion du patrimoine du secteur, liée à l’Etat par un contrat de concession de service public d’une durée de 10 années, renouvelable d’accord des parties, signé le 20 mars 2001;  La Société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), dont Veolia est actionnaire à 51%, liée à l’Etat par un contrat d’affermage d’une durée de 10 années, renouvelable d’accord parties, signé le 20 mars 2001 ;  L’Autorité de Régulation des Postes et des Télécommunications et de la Poste , l’instance chargée de la régulation des télécommunications, incluant des TIC, au Niger;  Les communes, maîtres d’ouvrages des services publics de l’eau et d’assainissement en milieu rural ;  Les partenaires techniques et financiers, incluant AFD, UE, Coopération Suisse, BAD, le Programme Eau et assainissement (WSP) de la Banque Mondiale et autres. Le WSP en particulier, est un partenariat international créé en 1978 et administré par la Banque Mondiale. Sa mission est d’aider les pauvres à bénéficier d’un accès durable, abordable et sécurisé aux services d’eau et d’assainissement, contribuant ainsi à atteindre les Objectifs Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 3 du Millénaire pour le Développement. Le WSP apporte de l’assistance technique, facilite les échanges de connaissances, et promeut les progrès factuels (basés sur les résultats) dans le cadre du dialogue au sein du secteur ;  Le Cluster WASH Niger qui regroupe 83 acteurs du développement3 dont 47 ONG nationales et internationales, 5 agences de l’Organisation des Nations Unies et 4 structures techniques étatiques (DEP/MHE, DRH, DSRE/MSP et les Services Techniques de la Ville de Niamey) et 3 partenaires techniques et financiers 4. Le point focal du Cluster est situé au MHA et la coordination du Cluster est assurée par Unicef ;  La société civile et le secteur privé (ONG, bureau d’étude, opérateurs) : études, réalisation des travaux, gestion et suivi du service d’eau. Les services de l’eau et de l’assainissement sont principalement gérés selon les modes suivants :  Milieu urbain : la SPEN, Société d’Etat, délègue l’exploitation et le financement partiel du service à la SEEN, société de droit privé (contrat d’affermage).  Milieu rural : la commune, maître d’ouvrage, délègue le service à des opérateurs privés ou à des comités de gestion des points d’eau selon le type d’ouvrages. Pour accompagner les communes, il est prévu de mettre en place des Structures d’Appui Conseil (SA C/SPE), qui assurent le suivi du fonctionnement du service et l’appui-conseil aux exploitants du service. Il est également prévu de développer la construction d’AEP multi-villages. Suivi et évaluation (S&E) Selon les données du Joint Monitoring Program (JMP) de 20125 seulement 52% 8,92 millions de la population totale du Niger (17,16 millions) ont accès aux services d’eau potable amélioré et 24% (4,117 millions) ont accès à l'assainissement (améliorés et non améliorés). De plus, des disparités importantes existent entre le milieu rural et le milieu urbain (Figure 2). En moyenne, 42% des habitants en zone rurale ont accès à l’eau potable contre 99% en zone urbaine et seulement 11% des habitants en zone rurale ont accès à des services d’hygiène et d’assain issement contre 83% en zone urbaine6. Ces données montrent qu’il reste beaucoup à faire pour permettre au Niger d’atteindre les OMD dans le secteur eau et assainissement. Figure 2: Taux d’accès théoriques aux services WASH par région au Niger (pS-Eau) 7 Le Niger ne dispose pas d'un cadre national de suivi et d'évaluation dans le secteur eau et assainissement qui soit présentement pleinement opérationnel; par conséquent, toutes les activités de S&E sont basées sur la capacité et l'intérêt des projets individuels. Une solution TIC répondant à ce problème sera présentée ci-dessous. 2.1.1 Politiques TIC A l’instar d’autres pays Africains au sud du Sahara, c’est en 2004 que le Niger a ouvert à la concurrence les segments de marché portant sur les réseaux cellulaires, les réseaux globaux mobiles par satellites (GMPCS), les services de transmission de données et les services d’accès à l’Internet. La concurrence dans le mobile fait progresser considérablement le taux de pénétration de l’Internet notamment accessible par la téléphonie mobile . De moins de 100 internautes en 1996 le Niger est passé à plus de 200 000 en 2011 selon les estimations de la Banque mondiale 8. Le Niger est toutefois toujours confronté à d’énormes défis en ce qui concerne l’extension de l’accès aux TIC. Parmi les obstacles à surmonter, on peut citer : la faiblesse des revenus, les prix relativement élevés, le manque d’électricité et un vaste territoire enclavé. À cela, il faut ajouter le faible niveau d’alphabétisation de la population. En effet en 2007 le Niger était le pays qui enregistrait le taux d’analphabétisme le plus élevé de la planète. La proportion d’adultes analphabètes étant estimée à cette époque à plus de 70%. Les femmes sont plus touchées par ce phénomène que les hommes (85% contre 57%), selon le Rapport National – « Tendances récentes et situation actuelle de l’éducation et de la formation des adultes – EdFoA »9. D’un point de vue réglementaire, le Document de Politique et de Stratégie du secteur de télécommunications et des TIC (DPS 2011- 2020)10 a été adopté en 2012. Pour assurer sa mise en œuvre, les autorités nigériennes ont mis en place un cadre de concertation pour le développement du secteur des télécommunications et de l’économie numérique en octobre 2013, dont le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Economie Numérique est l’institution de tutelle. Par ailleurs, le Haut-Commissariat à l’Informatique et aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication est rattaché au Cabinet du Premier Ministre et a pour mission principale de Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 5 concevoir, superviser, coordonner et évaluer toutes les actions en matière de développement TIC dans l’administration publique et parapublique tant au niveau local, national que régional 11. Il n’y a pas de cadre législatif spécifique à la société de l’information (comme dans le cas du Sénégal) ni d’instance de protection des données à caractère personnel (comme dans le cas du Sénégal et du Bénin). Les textes juridiques relatifs aux transactions électroniques sont intégrés dans le corpus juridique du pays. Pour réguler le secteur des télécommunications et des postes, le Niger s’est doté d’une autorité de régulation dénommée Autorité de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP). Elle est une personne morale de droit public, do tée de l’autonomie financière et de gestion.12 2.1.2 Exploitation des TIC dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement L’exploitation des TIC dans le secteur de l’eau et de l’assainissement n’est pas régulée via un environnement opérationnel et réglementaire dédié au Niger. De plus, au niveau local, le manque de données fiables sur la gestion des systèmes limite les capacités des parties prenantes au niveau des communes, des régions et de la direction générale du MHA à remplir efficacement leurs rôles comme décrit dans le Guide du service public de l’approvisionnement en eau en milieu rural. Avec les outils de programmation élaborés par le gouvernement (notamment dans le cadre du PN-AEPA et PANGIRE pour atteindre les objectifs prioritaires), le secteur a généré beaucoup de données quantitatives et qualitatives dans différents formats. Cependant, il existe un manque de clarté sur : a) la quantité réelle, la qualité et l'intégrité des données obtenues par les différentes parties prenantes, y compris les gouvernements à différents niveaux, le secteur privé, les ONG, et les bailleurs de fonds ; b) comment les données générées sont gérées ; et c) comment elles peuvent être exploitées de manière efficace et harmonisées de manière optimale. De plus, le modèle de gouvernance pour ces données varie et est grandement influencé par la typologie des acteurs impliqués. Afin de pallier à ce manque de clarté, il y a eu par le passé plusieurs tentatives de création de systèmes de S&E, sans aborder adéquatement les aspects de durabilité et d'harmonisation d'une manière plus large et holistique. Les systèmes de S&E existants sont les suivants: (i) la base de données de l'Inventaire des ressources en eau (IRH), (ii) le Système d’information Géographique du Niger (SIGNER), (iii) la base de données hydrologiques et (iv) la base de données des installations (points d’eau). Ces multiples systèmes mis en place notamment par le MHA sont pour la plupart parcellaires car ils ne prennent pas en compte tous les aspects de la fourniture des services de l’eau. Dans ce contexte, le Système d'Information et de Suivi sur l'Eau et l'Assainissement au Niger (SISEAN) a vu le jour afin de pallier à cette insuffisance des autres systèmes. Le SISEAN compte deux composantes à savoir : une base de données interactive et un portail pour des échanges et des publications. Son processus de développement a été conduit selon les trois phases suivantes : 1. État des lieux, évaluation des conditions existantes et conception du cadre de la nouvelle base de données ; 2. Conception de la nouvelle base de données et des interfaces utilisées pour la mise à jour et la transmission de données vers un portail Internet ; et 3. Réalisation des formations et extension de l’outil à d’autres utilisateurs. Plusieurs personnes du MHA, issues des directions régionales et du niveau central, ont été formées pour tester et exécuter la version Alpha du système en période d’essai . Au cours de cette période, le contrôle de la qualité et le processus de test de cette version ont été menées à travers un support interactif fourni par la firme indienne de développement RMSI. Cette étape s’est effectuée face à face et à distance afin d’améliorer l'interface de l'outil et le rendre plus convivial. SISEAN est aujourd’hui terminé et est opérationnel. Il est présentement utilisé par le MHA. Certaines applications TIC ont également été mises en place pour répondre à des besoins spécifiques, notamment la gestion des systèmes et équipements, et la gestion de la relation client. Ces applications seront détaillées davantage dans les prochaines sections. 2.2 Quelques applications TIC dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement au Niger Tel que mentionné précédemment, les deux applications qui seront étudiées en détail dans le cadre de ce rapport portent sur deux catégories distinctes, soit la gestion des ressources en eau et équipements en milieu rural et la gestion de la relation client et commerciale (Figure 3). Figure 3: Catégories d’applications TIC étudiées au Niger Gestion des ressources en eau et équipements en milieu rural Gestion de la relation client et commerciale 2.2.1 Situation en zone urbaine En zone urbaine, l’approvisionnement en eau est assuré par la Société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), une société privée détenant un contrat d’affermage et de performance avec l’Etat Nigérien. Pour atteindre les résultats assignés par le Gouvernemen t du Niger en matière d’AEP, la SEEN utilise une panoplie d’outils TIC pour améliorer ses services tant au niveau de la clientèle que de la gestion technique de ses équipements. Ces outils sont :  G-d'Or : logiciel de gestion clientèle et commerciale ;  Système de télégestion des stations de pompage et de traitement d’eau ;  Géo-radar pour la télédétection des fuites d’eau sur le réseau ; et  Système d'information géographique (SIG) pour la cartographie du réseau hydraulique. 2.2.1.1 G d’Or 2.2.1.1.1 Vision Au Niger le secteur de l’hydraulique urbaine a connu une période de réforme en 1999 et un processus de privatisation de la SNE, qui a fait suite à la volonté du Gouvernement de se désengager du secteur parapublic. Afin d’assurer une amélioration du service d’eau urbain la Société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN) avec une participation de VEOLIA, chargée de l’exploitation, fut créée. Entre autres reformes, la SEEN s’est lancée dans le vaste programme d’informatisation de ses services. Parmi la gamme d’outils informatiques institutionnalisés, G-d’Or occupe une place de choix. Pour améliorer les prestations d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement des eaux usées en milieux urbain et périurbain, les axes politiques sont les suivants : a) Garantir la pérennité et la continuité du service d’AEP dans les centres urbains et périurbains ; b) Renforcer les capacités de production des systèmes d’AEP ; c) Améliorer le taux de raccordement des populations aux réseaux d’eau potable ; d) Améliorer le rendement des réseaux d’eau ; et e) Maîtriser et sécuriser la gestion clientèle. Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 7 Pour répondre efficacement à tous ces besoins du secteur de l’eau la SEEN, avec l’appui de IMF Informatique, a développé l’application G-d’Or qui est un progiciel intégré, dont la mission e st principalement d’assurer la gestion de la clientèle. Outre cet objectif, l’application assure la gestion du réseau à travers un système de télégestion, la gestion plus efficace des pertes en eau, la gestion financière en temps réel et la gestion des ressources humaines. 2.2.1.1.2 Processus La mise en œuvre de G-d’Or par SEEN obéit à un processus classique de développement TI:  Contractualisation avec un prestataire (IMF Informatique) ;  Dimensionnement de la solution aux besoins de la SEEN ;  Implémentation des fonctionnalités ;  Tests et correctifs ; et  Déploiement et exploitation. Le financement des phases ultérieures d’amélioration et de déploiement de G -d’Or sera pris en charge par la SEEN qui assurera aussi l’intégration de l’application tant au niveau du d épartement des travaux qu’au niveau de la gestion de la clientèle. De plus, la SEEN a intégralement financé, à concurrence de deux milliard de CFA (4 million USD) le développement et l’opérationnalisation de G-d’Or. 2.2.1.1.3 Utilisateurs La SEEN demeure la première utilisatrice de G-d’Or. Ses services financiers l’utilisent pour un suivi régulier du paiement de l’eau par ses clients. Quant au service de recouvrement, il a accès en temps réel à l’état de paiement des factures par les clients individuels ou instit utionnels. La direction de la société utilise l’application pour suivre les indicateurs stratégiques de la fonctionnalité du service clientèle. La clientèle de la SEEN (185 000 abonnés) est en effet un bénéficiaire direct et important de l’application G-d’Or grâce au système de relève automatisé avec les terminaux portables. Depuis octobre 2014, le règlement des factures par téléphone portable a contribué à réduire les erreurs de lecture des compteurs. La SEEN a notamment établis des partenariats avec les quatre opérateurs de téléphonie mobile (Airtel, Moove, Orange et la poste) pour assurer aux abonnés l’accès à 12 points de paiement dans la ville de Niamey. 2.2.1.1.4 Adoption et leçons retenues L’adoption de G-d’Or est bonne et les utilisateurs sont satisfaits de la performance de l’application qui a été intégrée au sein des méthodes et procédures de travail de la SEEN. L’outil répond à un besoin direct des départements de la SEEN, et le financement a été entièrement assuré par la Direction générale. L’organisation s’est également engagée à intégrer dans ses plans d’affaires périodiques les budgets de développement et d’amélioration de G -d’Or. L’extension de l’utilisation de l’application devra toutefois prendre en compte les défis rencontrés incluant la difficulté de versement des recouvrements journaliers, le double paiement et le niveau du personnel d’exploitation sur les nouvelles TIC. L’utilisation d’un tel outil doit également prendre en compte la maitrise de son environnement opérationnel, à savoir la structure organisationnelle de la SEEN qui est divisée en plusieurs services interdépendants. Par exemple, la gestion de la clientèle nécessite une bonne maitrise de la répartition spatiale et du niveau de fonctionnement du réseau de distribution, afin de pouvoir interagir efficacement avec les clients. Une version évolutive de G-d’Or devrait donc intégrer un module de géolocalisation du réseau. 2.2.2 Situation en zone rurale En zone rurale l’approvisionnement en eau potable est assuré par le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement (MHA) à travers la Direction Régionale de l’Hydraulique (DRH) qui assure la réalisation/réhabilitation et la maintenance des infrastructures, qui elles-mêmes sont exploitées par des structures privées sous contrat d’affermage (fermiers). Pour le suivi des ouvrages réalisés dans le milieu rural, la DRH utilise depuis novembre 2012 un outil dénommé « mWater » (voire l’étude de cas pour les détails) sous l’appui financier et l’assistance technique du Pr ogramme Eau et assainissement (WSP) de la Banque Mondiale. La WSP a également permis la mise en place du SISEAN décrit à la section 2.1.2 qui est un système intégré couvrant l’hydraulique, l'assainissement et les ressources en eau. 3 ETUDE DE CAS : MWATER 3.1 Contexte de la zone d’implantation de Tahoua Le Niger suit un processus de décentralisation, incluant le transfert vers les communes de tout ce qui touche la gestion de l’eau. C’est au niveau de la mairie que se fait la sélection du délégataire qui aura la responsabilité de la gestion des AEP. Etant donné le manque de capacités techniques au niveau des mairies, le MHA a mis en place des Structures d’Appui Conseil (SAC/SPE) pour aider les municipalités à assurer le suivi technique des délégataires. La situation à Tahoua, comme dans les autres zones rurales, est telle que les techniciens des SAC/SPE doivent se déplacer une fois par mois pour obtenir les informations requises au sujet des AEP et de leur fonctionnement. Afin de faciliter la tâche aux énumérateurs, un service basé sur la transmission des informations requises par SMS a été mis en place sur le réseau de téléphone mobile Orange dans un premier temps, mais étant donné les difficultés liées à la couverture du signal l’opérateur Airtel a ensuite été choisi. Le service sans-fil offre plusieurs avantages, dont un important gain de temps et d’économies car les déplacements sur le terrain n’est plus nécessaire et il est même possible d’avoir des données en temps réel. Les ressources qu’on aurait affectées aux déplacements peuvent être utilisées à d’autres fins grâce à l’exploitation des TIC. Dans les situations d’urgence, les TIC offrent aussi des avantages réels sur les méthodes traditionnelles de gestion des données et de communication étant donné la rapidité avec laquelle les données peuvent transiter. Le choix de Tahoua n’est pas aléatoire car Tahoua a déjà fait l’expérience du BCC (Bureau de Conseil et de Contrôle), une structure administrative qui a été remplacée par le SAC, soit le Service d’Appui Conseil pour l’exploitation des adductions d’eau potable (AEP). Donc l’existence du BCC avait donné un acquis en termes d’expérience préalable, ce qui a sans doute joué dans le choix de Tahoua en tant que projet pilote. L’information sur les adductions d’eau acquise par les gérants des différentes mini-AEP existait sans doute depuis 2008 pour ce qui est de l’adduction d’eau potable. Ces données étaient déjà disponibles à travers les rapports SAC. La mise à jour de cette information faisait l’objet du projet pilote. 3.2 Description de la solution TIC déployée La solution déployée est mWater. Les raisons qui ont motivées ce choix sont les suivantes :  mWater permet la récupération et l’informatisation des données WASH sur le tas ainsi que la géolocalisation de ces données et des services et infrastructures WASH qui y sont rattachées, incluant les aspects de gestion des systèmes ;  La collecte des données peut se faire par le biais d’un énumérateur formé et équipé d’un téléphone intelligent ;  mWater permet en outre la collecte, le stockage, le traitement, la visualisation ainsi que le partage de ces données en ligne directement par le biais du service « Cloud » de mWater ; et Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 9  Il est donc possible de passer à l’analyse rapide et à jour des données décrivant l’état des infrastructures WASH dans la zone en question. Cette étude de cas porte sur l’application mWater qui a été initiée dans un partenariat entre le Ministère de l’Hydraulique, la Banque Mondiale (WSP) et les communes de la région de Tah oua. Le projet en phase d’exécution se résume à travers les trois résultats ci-dessous : 1. Piloter une plate-forme mobile vers le web pour suivre les performances de 60 systèmes d'approvisionnement en eau dans la région de Tahoua ; 2. Soutenir la mise en œuvre d'un système de suivi et d'information sur l'eau et l'assainissement ; et 3. Mettre en œuvre une stratégie de communication pour garantir l’adhésion des acteurs du secteur pour des systèmes d'information et de surveillance améliorés. mWater est défini par Manobi, l’opérateur privé et le principal développeur comme étant « une gamme de services métiers accompagnant le développement de l’accès à l’eau et à sa gestion responsable par les consommateurs et les opérateurs »13. mWater exploite une plate-forme mobile et Web qui intègre l'ensemble de la filière soit la production, la distribution et l'administration de l'eau14. mWater est basée sur une solution convergente (WEB 2 Mobile). Elle peut être déployée en zone rurale comme en zone urbaine et couvre un large spectre dans la gestion de l’eau (Figure 4) :  Gestion technique et financière des infrastructures d'accès à l'eau ;  Maintenance des réseaux ruraux d'accès à l'eau ;  Maintenance curative et préventive de la distribution d'eau en zone urbaine ;  Régulation de l'exploitation et de la maintenance ; et  Inventaire et l'inspection cartographiés des réseaux d'eau. L’interface de l’application mWater fait largement appel à des icônes graphiques qui rendent son utilisation très simple. Les données émises du téléphone sont acheminées via le réseau GSM sur la plateforme mobile-to-web de Manobi pour être archivées, traitées et analysées à travers 4 indicateurs : niveau de production, réserve financière, taux de disponibilité et ratio épargne générée par m3 d’eau pompée et des courbes historiques sur 12 mois glissants. Les 4 indicateurs sont renvoyés chaque mois vers le gérant avec un commentaire directement sur son téléphone. Chaque indicateur est visualisé par un feu tricolore (vert=«OK », orange=« A surveiller », rouge « Alerte »). Le rapport complet incluant les courbes peut être envoyé par email ou téléchargé. Ce service fonctionne grâce à un téléphone mobile doté de l’application mWater qui permet au gérant de transmettre chaque semaine par SMS (i) les index de compteurs de forage, (ii) les soldes de comptes épargne et courant et (iii) le nombre de jours d’arrêt du service. En cas de panne, une fonction d’alerte intégrée au téléphone permet au gérant d’émettre une alerte qui est relayée par SMS vers le chef de Brigade et l’opérateur de maintenance. Figure 4: Services offerts par mWater (source: Manobi) Figure 5: Interface mWater sur téléphone mobile (source: Manobi) 3.2.1 Vision L’application a été implantée au Niger avec l’objectif ultime d’améliorer la gouvernance de l’eau par l’utilisation de l’outil TIC en milieu rural. mWater permet au gouvernement du Niger de disposer de données fiables pour planifier et orienter les financements dans le secteur de l’eau, et ainsi favoriser l’accès équitable des populations à l’eau potable. De manière plus spécifique, les objectifs incluent :  Suivi-évaluation des points d’eau ;  Gestion des services métiers accompagnant le développement de l’accès à l’eau ;  Transparence et arbitrage budgétaire ; et  Réduction des pertes dues aux fuites, pannes d’équipement et non -recouvrement. Afin de remplir ces objectifs et assurer un service fiable, la solution « suivi de base » de mWater a été développée dans le but d’assister les utilisateurs dans la gestion du service d’eau sur les réseaux AEP. Cette solution a été élaborée et opérée par l a société privée Manobi dans le cadre d’un partenariat avec la Direction de l’exploitation et de la maintenance du Ministère de l’Hydraulique. Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 11 3.2.2 Processus Tel que mentionné précédemment, mWater a été mis en place avec l’assistance technique et le financement de la WSP. WSP a piloté ce projet en participant à la rédaction de la note conceptuelle, au recrutement de l’opérateur de développement (Manobi) et en assurant le suivi des différentes phases de conception et de mise en œuvre. Pour sa part, le MHA a installé un groupe de travail ad- hoc au niveau central pour suivre et contrôler le processus en coordination avec la DRH. Selon la DRH, le processus a été participatif car il a impliqué en plus de la DRH, 6 Directions Départementales de l’Hydraulique (DDH), 27 communes et 18 opérateurs privés, avec WSP jouant un rôle de facilitation au cours des douze mois de mise en œuvre du projet pilote. Plusieurs mises à jour ont été effectuées lorsque des problèmes techniques ont été identifiés sur le terrain par les délégataires. Un atelier de remise à niveau avec l’ensemble des délégataires, de l’équipe Manobi, de la DRH de Tahoua et de la DHUSU a permis d’apporter des améliorations qui ont conduit à un usage plein de la plateforme sur l’ensemble des AEP 15. Ces mises à jour traitaient des questions suivantes :  Qualité de la connectivité (extension de la fourniture du service à deux opérateurs) ;  Qualité de services fournis par la plateforme: enrichissement des services offerts, standardisation de la collecte des données de gestion, etc. ; et  Appui technique et coaching des délégataires : suivi des usages (rapportage), suivi des performances des AEP, etc. Hormis les mises à jour, une évaluation a également été faite à fin du projet pilote au cours d’un atelier réunissant les différents acteurs concernés. Figure 6 : Les utilisateurs mWater 3.2.3 Client / utilisateur Le choix de la zone pilote, soit la région de Tahoua, a été effectué par le MHA. Au sein de cette zone, mWater a été testé et mis en œuvre dans 62 systèmes d’approvisionnement en milieu rural. L’outil est principalement utilisé par un échantillon d’opérateurs privés assurant la délivrance de l’eau en milieu rural. Figure 7: Gestionnaire transmettant les données du compteur de production Les principaux utilisateurs de la plateforme sont donc :  Délégataires assurant la gestion de l’AEP : via les services centraux qui assurent les suivis techniques, financiers et opérationnels des AEP de leurs exploitants depuis leur espace de travail web, puis via les opérateurs délégués sur les sites assurant l’exploitation et le suivi commercial des abonnées à partir d’un téléphone mobile doté de l’application mWater ;  Structure d’Appui Conseil du Service Public de l’Eau (SAC/SPE) : ils ont un accès direct au service Web de mWater pour assurer un suivi de gestion des AEP avec lesquels les communes ont établi un contrat de délégation de gestion ;  DDH et DRH : accèdent aux services de consultation de la gestion des AEP situées dans leur zone de responsabilité, depuis leur espace de travail web ;  MHA : représenté par la DGH qui a accès à la consultation des résultats de gestion de toutes les AEP connectées à mWater ; et  Bailleurs de fonds comme le WSP et différentes ONG intervenant directement dans le secteur pouvant accéder à un espace web dédié pour assurer un suivi d’activités des AEP qu’ils soutiennent. 3.2.4 Capacités humaines L’exploitation de la plate-forme a nécessité une formation technique. La société Manobi a effectué des formations à l’intention des utilisateurs pour l’exploitation des services et pour la prise en main de la plateforme. Au niveau du MHA, l’impact était plus évident. Par contre au niveau décentralisé, l’appropriation par les communes a été très faible en raison de leur manque de capacité en termes de logistique ou de moyens, d’électricité, etc. Les communes plutôt rurales affichent moins de moyens et donc moins de succès que les communes urbaines. Ce renforcement des capacités s’est déroulé au cours d’un atelier national. De plus, des missions d’appui et de suivi ponctuels (à la demande) ont été nécessaires pour permettre aux utilisateurs directs (les fermiers) de maîtriser l’outil. Tel qu’indiqué, l’utilisation et l’exploitation de la plateforme mWater a été faible au cours des premiers mois de mise en place du système compte tenu de certaines difficultés (technique, engagement et volonté des acteurs, etc.). Comme déjà cité ici-haut, un atelier de remise à niveau a permis d’apporter les améliorations16. Suite à cet atelier, la société Manobi a également été sollicitée pour fournir davantage d’assistance aux acteurs de mise en œuvre sur le terrain. Il a été convenu que Manobi nomme un personnel permanent qui serait implanté dans la région de Tahoua, avec les moyens nécessaires pour appuyer les acteurs impliqués. En parallèle, le Ministère a également demandé à renforcer son droit de propriété et de coordination du projet aux niveaux central et régional. Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 13 3.2.5 Financement Le projet a été financé en tant que projet pilote avec l’aide de la WSP. Le financement actuel de mWater reste tributaire de la capacité des acteurs nationaux dont le gouvernement du Niger et des partenaires au développement international, dont le WSP. Les bailleurs de ce projet sont l’Agence Française de Développement (AFD) et la Coopération Luxembourgeoise pour l’extension du projet à la région de Dosso. À défaut d’identifier un modèle commercial financièrement durable pour assurer l’exploitation de la plateforme, le financement à long-terme dépendra de l’État et/ou des partenaires au développement. Manobi propose deux options pour assurer la mise à l’échelle de mWater au Niger. La première option est l’établissement de mWater à la pièce, soit une AEP à la fois, tandis que la deuxième option serait pour toutes les AEP du pays dans le cadre d’une opération massive 17. Les coûts fixes de mise en place incluent référencement du réseau, documentation cartographique des abonnés et points d’eau, téléphones mobiles et formation du délégataire dans leur utilisation. À cela s’ajoute le forfait d’abonnement mensuel et les frais par facture d’abonnés à l’AEP. Le tableau ci-dessous démontre le coût réel du système par pièce comparé au coût du système dans le cas d’une opération massive pour le passage à l’échelle. Comme le tableau 1 explique, poursuivre avec un passage à l’échelle du système promouvrait des économies aux coûts fixes totaux ainsi qu’aux coûts opérationnels. Tableau 1: Estimation des coûts par système pour mise à l'échelle17 Coût à la pièce Coût à grande échelle Élément (FCFA/système) (FCFA/système) Référencement et documentation cartographique 493,910 450,000 Équipements et formation délégataire 328,370 100,000 Total coûts fixes 822,280 550,000 Couts de suivi (rapports et factures mensuelle) 400,090 10,200 Total coûts opérationnels 400,090 10,200 Les financements requis sont donc élevés. Le processus budgétaire de l’Etat étant complexe et considérant les demandes financières qui se font sentir ailleurs dans le secteur, il serait difficile que ces coûts réels soient entièrement supportés par l’entité publique. Le passage à l’échelle de mWater est donc pour l’instant dépendant des ressources extérieures ou des investissements du secteur privé. La base de la durabilité financière, voire la viabilité même de cet outil restera fragile sans la mise en place d’un plan stratégique d’autofinancement interne ou d’un plan d’affaires basé sur la mobilisation interne des ressources financières, impliquant par exemple une approche hybride où l’État couvre les coûts fixes initiaux, et les coûts opérationnels sont c ouverts par les abonnés et les délégataires utilisant l’application. Valorisation du potentiel des TIC 14 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 3.3 Analyse des données et constats déterminants Le Tableau 1 ici-bas fait état d’éléments divers dans le développement, la mise en place et dans l’application du logiciel mWater. La chaine d’impact TIC développée par Gigler en 201118 est utilisée pour mesurer l’impact social et humain des TIC. Ceci implique une évaluation des options, tant en matière d’information qu’en matière de communication, qui ont été mises à disposition ainsi que de l’habilité des communautés locales à exploiter les opportunités qui leurs sont ainsi offertes pour améliorer leur qualité de vie. Tableau 2: Evaluation de l’impact du logiciel mWater selon la chaine d’analyse des impacts (Gigler, 2011) Condition Dimension Evaluation Les besoins en Les besoins en information Les besoins en information sont, dans un premier temps, d’assurer le suivi de la performance des information Besoin en communication fournisseurs de services d’eau et dans un deuxième temps, de fournir des renseignements (les systèmes Voies de communication complets en continu aux fournisseurs de service dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. d’exploitation de Lacunes en matière Le troisième besoin à combler est de garantir l’adhésion des acteurs du secteur pour assurer des l’information existants) d’information systèmes d'information et de surveillance améliorés. Sur la base des besoins de l’approvisionnement en eau en milieu rural, le MHA avec l’appui de WSP ont formulé des objectifs pour cibler des indicateurs pertinents que mWater devrait renseigner. Il s’agit de :  Contrôler à distance la fourniture des services d’eau et améliorer la gestion l’utilisation de l’eau, le fonctionnement quotidien aussi bien que la maintenance du réseau ;  Fournir un système de facturation, facilitant la production d’états financiers clairs qui encouragent les investissements ;  Produire une cartographie des points d’eau dans les communautés ;  Connaitre la consommation en eau des clients et ainsi mieux évaluer la demande. mWater continue de fournir des informations sur le service de l'eau en milieu rural. Au début du projet (novembre 2012), aucune documentation régulière n’était conservée sur la gestion des centres RWSS à l'exception des données relatives aux relevés à partir d'index de compteurs de distribution. Douze mois après, suffisamment de données clé au sujet de la gestion des services d’hydraulique rurale ont été enregistrées pour permettre l'évaluation précise de la performance de la plupart des centres de service d'eau rural inventoriés. Il est à noter la réticence des opérateurs privés à partager l’information financière quant à la gestion des AEP. Accès aux TIC Accès à l’électricité L’accès à l’électricité dans la zone test de Tahoua est insuffisante et peu fiable surtout en zone (infrastructure TIC) Accès à l’infrastructure TIC rurale. Si dans la ville départementale les utilisateurs ont un accès plus facile, ceux dans les Situation géographique communes rurales se rabattent généralement sur les vieilles batteries de voiture recyclées ou parcourent des distances pour recharger les téléphones portables, s’il en existe. R ares sont même les bureaux des mairies de ces communes à disposer de sources permanentes d’électricité. Un autre enjeu est le pouvoir d’achat des utilisateurs communaux pour acquérir des portables adaptés Valorisation du potentiel des TIC : Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 15 Condition Dimension Evaluation à la collecte et à l’envoi des données. Il s’avère que le succès de cette phase pilote repose en grande partie sur les subventions. D’autres éléments essentiels tels que les ordinateurs, les imprimantes et autres accessoires informatiques ne semblent pas être à la portée des mairies pour leur permettre de traiter les données. Comme pour les autres secteurs de développement, la superficie du Niger représente un défi pour l’extension de l’application de mWater. Le pays est vaste de 1 267 000 km2 et aucun service considéré comme un préalable au succès de cette application n’a encore couvert la totalité de ce vaste territoire, qu’il s’agisse de l’électrification, de la téléphonie mobile, de l’accès aux outils TIC ou simplement de l’alphabétisation des 75 % des 17 million d’habitants qui vivent dans les zones rurales. En conclusion, l’accès et l’accessibilité doivent être considérés par les initiateurs de ce projet comme un défi majeur qui doit être confronté dès cette phase expérimentale. Usage simple des TIC Taux d’alphabétisation Le taux d’alphabétisation est très faible et cette situation est d’autant plus prononcée en milieu (Facilité d’exploitation) Niveau d’éducation rural. Lors de la mise en place, des efforts additionnels doivent être faits dans les communes et Contexte socio-culturel populations rurales, pour assurer l’exploitation efficace de l’outil, compte tenu du niveau Formation TIC de base d’alphabétisation. Comme décrit plus haut, le niveau de pauvreté des communes (instance Niveau de pauvreté utilisatrice par excellence de mWater) handicapera le bon fonctionnement et l’application Coûts de la connectivité rigoureuse de l’application. Après les séances de formation, les opérateurs et délégataires parviennent à utiliser l’application pour transmettre les données de base lorsque les conditions d’accès sont réunies (par exemple, connectivité réseau). Pour permettre au maire et aux décideurs sur le plan local d’exploiter en direct ces informations il leur faut des compétences techniques. Cela pourrait assurer le passage à l’échelle. Les coûts de la connexion sont très élevés au Niger et la diffusion des téléphone mobiles n’atteint que 39.3 % de la population, sans doute beaucoup moins dans les zones rurales où les problèmes d’accès à l’électricité sont importants. Malgré la simplicité des interfaces utilisateurs de l’application, la facilité d’exploitation se voit donc limitée par ces différents facteurs sur le terrain. Usage bénéfique des TIC Renforcement des mWater a été exploité pour assurer le suivi des performances des opérateurs privés qui gèrent 62 (Exploitation à niveau capacités TIC points d’eau ruraux. mWater facilite également la mission de régulation du MHA en facilitant l‘accès des TIC) aux données requises à cette fin d’être exploitées . Le projet pilote a été si bien réussi que le ministère s'engage à étendre ce système à l'ensemble du pays. Les avantages en termes de gain Contenu local utile de temps, de dépenses économisées, etc. sont importants. Ces dépenses se répercutent sur le Appropriation locale des TIC Valorisation du potentiel des TIC 16 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger Condition Dimension Evaluation Durabilité cout de l’eau et cela présente un avantage . Le citoyen bénéficiera directement en ce sens et sur ce, le projet aurait atteint ses objectifs. Un appui financier et en ressources humaines ainsi qu’un plan cohérent de stratégie de retrait pour le WSP et de ses partenaires sont requis sinon la durabilité de ce projet sera mise à épreuve. Capacité d’exploitation Capacités TIC Dans les conditions optimales d’opérationnalité, mWater se présente comme l’outil idéal de gestion de l’information Alphabétisme efficace du service de l’eau en milieu rural surtout dans ce contexte nigérien de décentralisation et renforcée (effet informationnel de transfert de cette gestion aux communes. Par contre, la capacité d’exploitation est limitée en démultiplicateur) Capacités de raison des problèmes d’infrastructures, d’accès à l’énergie et aux capacités techniques, communication l’analphabétisme, le manque de moyens financiers dans les communes et à Niamey et la Capacité de gestion des dépendance actuelle sur l’appui de partenaires internationaux. Les formations en cours et contenus proposées ainsi que l’appui technique actuel comblent ces lacunes . Toutefois, il faudra assurer Appropriation technique et leur continuation pour assurer la pérennité des acquis de ce projet pilote. Une solution où le secteur sociale au niveau local privé aurait un rôle à jouer est à noter étant donné les possibilités offertes par les partenariats publics privés (PPP). Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 17 3.4 DISCUSSION 3.4.1 Tendances des indicateurs eau et assainissement sont capturés par l’outil TIC Les indicateurs qui ont fait l’objet de suivi pendant la durée du projet concernent i) l’index de production de l’eau, ii) l’index de distribution, iii) les données de gestion technique et enfin iv) la gestion des données financières. Au début du projet (novembre 2012), exception faite des données de relève d’index des compteurs de distribution, aucune information de gestion de l’AEP n’était régulièrement documentée. Douze mois plus tard les principales données de gestion des AEP sont disponibles et de qualité telle qu’elles permettent d’évaluer avec précision les performances de la majorité des AEP. Au niveau macro, la plate-forme mWater intègre une console de suivi présentant les éléments généraux de dimensionnement et d’exploitation du système dans le cadre de ce projet. 62 AEP sont déclarées dans la plate-forme mWater pour un dispositif globalement constitué de 1 288 points d’eau, 62 stations de pompage et 73 réservoirs desservant à travers un réseau de 233,85 kms de canalisations articulées près de 1260 abonnés. Sur le plan de la communication la plateforme mWater a échangé 57 821 SMS avec les exploitants sur la durée du projet pilote (novembre 2012 à octobre 2013). Par rapport à l’échange des données comptables à travers la plate -forme mWater l’appréciation des exploitants et de leurs délégataires est positive. Au total 10 268 pièces comptables ont été générées à ce jour par les 62 AEP exploitant mWater. Pour le suivi des AEP, l’exploitation de la plateforme a clairement généré une plus grande transparence, des données plus précises et de meilleure régularité dans le suivi de gestion des AEP par les délégataires. Figure 8 : Exemple: de page de suivi d’index de production de l’AEP de Kahé Damé / Zoukoutou (Tahoua) mWater a permis aux utilisateurs tant au niveau du ministère et des administrations nationales qu’au niveau des communes d’avoir accès à des informations faisant état des services infrastructures nécessaires pour assurer voire améliorer la prestation de services pour l’AEP et aussi pour permettre de mieux assurer l’état et le fonctionnement des infrastructures dans les AEV. Plusieurs mesures ont été ainsi apportées durant le projet afin d’assurer que les indicateurs Eau, Assainissement et Hygiène soient capturés par mWater au profit de tous les bénéficiaires du projet : Valorisation du potentiel des TIC 18 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 1. Sur la qualité de la connectivité au réseau mobile : a. Une méthodologie de gestion rapide des incidents rencontrés a été définie avec Orange- Niger en mars 2013 pour assurer une remise en route dans un délai maximal de 24h. b. Un accord a été signé entre Manobi et Airtel en juillet 2013 qui a permis d’élargir les accès à un 2ième opérateur et ainsi de garantir aux délégataires la meilleure couverture réseau possible. 2. Sur la qualité des services fournis : a. Pour améliorer l’exploitation des services, Manobi a amélioré les services offerts aux délégataires en intégrant au logiciel mWater la génération automatique des 3 rapports contractuellement dus par les délégataires aux communes : - Le rapport mensuel de production ; - Le rapport mensuel de distribution qui présente l’ensemble des données de consommation de l’AEP ; et - Le rapport mensuel de gestion intégrant l’ensemble des données de production, de distribution et de gestion financière. b. Une procédure standardisée de collecte des données de gestion a été définie avec les délégataires et l’appui de la DHUSU afin d’exploiter pleinement la fonction de génération automatique des rapports : - Le renseignement des index de production par les opérateurs à date précise (début et fin de mois) de manière à garantir la production de rapports de production à jour ; - Les relèves des compteurs de distribution et la saisie des recouvrements par l’opérateur à fin de mois afin de disposer des rapports de distribution à jour ; et - La saisie des données de gestion financière par le délégataire durant la période concernée afin d’assurer la présentation des rapports de gestion à jour. 3. Sur l’appui technique et le coaching des délégataires a. Le suivi des usages avancé par Manobi pour fournir de rapports mensuels de performance des AEP partagés entre les délégataires, les Directions Départementales de l’Hydraulique (DDH), la DRH et la DHSU. b. Le suivi des performances des AEP par les DDH, par la DRH et la DHSU à travers les résultats des rapports et la mise en œuvre des actions correctives avec chaque délégataire. Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 19 3.4.2 Tendances dans l’utilisation et le fonctionnement des applications TIC mWater a été utilisée dans la zone pilote (Tahoua) de novembre 2012 à décembre 2013 et continue de fournir des informations sur le service d’approvisionnement en eau. Le graphique de suivi fournit des informations de données recueillies de novembre 2012 jusqu'en octobre 2013. Figure 9: Utilisation de mWater dans la zone pilote de Tahoua L’objectif à moyen terme visait à renforcer la capacité des administrations centrales et locales en fournissant : (i) un système de données Portable-à-Web opérationnel dans une seule province pour le suivi de la performance des fournisseurs de services d’eau et (ii) un portail de l'eau et de l'assainissement opérationnel fournissant aux intervenants des renseignements complets, exacts, opportuns et continus. Le système de données mWater a été développé pour le suivi des opérateurs privés qui gèrent 62 points d’eau ruraux. mWater facilite également la mission de régulation du MHA. Le projet pilote a été si bien réussi que le ministère s'engage à étendre ce système à l'ensemble du pays. Les données appartiennent aux délégataires ainsi qu’au MHA. Pour les délégataires, les données sont acquises à travers leurs services centraux et leurs operateurs délégués qui ont les données techniques et financières, et celles sur le suivi commercial des abonnés. Le Ministère en charge de l’hydraulique représenté par la DGH (DHUSU et DRE) a accès à la consultation des résultats de gestion de toutes les AEP connectées à mWater. Donc chacun peut, selon sa position opérationnelle ou stratégique, conserver et utiliser ces données mWater. L’application mWater est dans sa phase pilote dans la zone de Tahoua, comme précédemment indiqué. Tous les acteurs, initiateurs, concepteurs et usagers, sont unanimes sur son importance dans la gestion transparente et régulière de la fourniture des services d’eau en milieu rural. Par contre, dans l’opérationnalisation de l’application quelques contraintes sont notées dont l’appropriation par l’acteur principal, le Ministère de l’Hydraulique. En effet la fonctionnalité du système dépend en grande partie du référencement de tous les points d’eau, chose que le Ministère peine à réaliser pour des raisons évidentes de capacités financières et techniques. Quant aux communes, elles ont également des difficultés réelles à assurer la collecte des informations. La leçon principale tirée de cet état des lieux est qu’au-delà du désir d’avoir un système performant de gestion, il est indispensable de garantir les conditionnalités de sa mise en œuvre avec les parties prenantes locales. 3.4.3 Disparités dans la collecte de données selon les axes distribution des revenus et de la richesse ainsi que du genre Les délégataires actifs dans les grandes villes (Tahoua pour les délégations de SEPA, BASSIRA, WADATA et ELHYFROS et Niamey pour la délégation de GAROUA) ont réalisé les meilleures Valorisation du potentiel des TIC 20 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger performances en termes de collecte de données. Cette performance est calculée en évaluant, sur une échelle de 10, chacun des quatre critères (captage de l’eau, gestion de l’énergie, gestion des clients et gestion financière). Le total de points obtenu est ensuite divisé par 4, ce qui détermine la performance globale du délégataire19. Ce constat est fortement dû à la situation confortable de ces gestionnaires en milieu semi-urbain (disponibilité de ressources financières, accès aux sources d’énergie et niveau d’alphabétisation). Par contre dans les zones rurales (El Hadj Adam, Abdoulaye Souleymane, El Hadj Sami, EGM et Snepma), le faible niveau des revenus et de la richesse et les aléas techniques ont limité leur performance tel qu’illustré dans le tableau ci-dessous. Les délégataires ou les communes en le milieu rural ne disposant pas suffisamment de moyens pour financer une sou rce d’énergie continue, l’achat ou l’entretien des équipements voient leur performance évaluée en dessous de la moyenne. Figure 10: Performances délégataires urbaines vs rurales 20 Par contre la disparité selon le genre ne fut pas un élément prépondérant ayant influé sur la nature et la qualité des données parce que mWater n’est pas exploité par les ménages et que les données sur le genre des fonctionnaires et délégataires n’a pas été pris en compte . La capacité d’utilisation des téléphones intelligents et du matériel informatique par les hommes et les femmes au sein du MHA et auprès des délégataires n’a pas été prise en considération. 3.4.4 Autres lacunes dans la couverture des données récupérées Afin d’assurer la pleine exploitation de la plate-forme, il est important de renforcer l’implication des bénéficiaires et en particulier des communes ainsi que des DDH dans le suivi des performances des délégataires. mWater offre à chacun des acteurs clés une possibilité de suivre les prestataires de service en AEP selon leurs besoins ou le rôle qu’ils occupent. Le passage à l’échelle devra donc nécessairement prendre en compte cette dimension afin d’assurer la réussite à l’échelle nationale. L’agence de régulation doit être en mesure de régul er le secteur de façon efficace en fixant les normes de service qui s’appliquent aux opérateurs privés ainsi qu’aux communes impliquées dans la gestion des AEP. Les données produites par mWater leur faciliteront la tâche. L’ARM en particulier et les responsables des politiques dans le domaine AEP au sein du MHA et ailleurs au gouvernement doivent être pleinement impliqués pour assurer la suite. Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 21 Une évaluation de mWater par le MHA et WSP a démontré des éléments qui handicapent la couverture des données. Ils sont entre autres :  La mobilité du personnel assurant l’exploitation de l’outil ;  Les problèmes de capacités des populations dus à l’analphabétisme ;  Les difficultés d’analyse et de traitement des données ;  L’état brut des données qui ne permet pas la pro duction de graphiques et de cartes pour faire un rapport facilement exploitable pour les prises de décision ; et  Les utilisateurs directs des applications (mWater) manquent de capacités pour apporter des améliorations au cœur du programme, cela restant donc l’apanage exclusif du développeur (Manobi). Aussi l’inexistence d’une plateforme de convergence fonctionnelle entre le Ministère et les autres utilisateurs limite considérablement la couverture des données. Une telle plateforme permettrait facilement de bénéficier des données dont disposent d’autres acteurs du secteur afin d’alimenter la base de référencement et ainsi gagner en temps et en ressources. Une coordination nationale serait salutaire pour une amélioration à ce niveau, potentiellement à travers l’opérationnalisation du système SISEAN mentionné précédemment. A ce titre, le Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement a également pris l’engagement de mettre à échelle, au niveau national, mWater et de l’intégrer dans le processus de régulation du secteur. Toutefois, le plan d’expansion n’est pas encore développé et le Ministère doit toujours élaborer ce document en y identifiant les ressources nécessaires que chaque acteur doit apporter. 3.5 Défis et opportunités L’exploitation des outils TIC permettra de mieux assurer la qualité et ainsi que l’évolution dans le nombre de communes, de clients et surtout de bénéficiaires qui profiteront d’un meilleur service dans le secteur de l’eau et de l’assainissement sur tout le territoire national. Défis La technologie mWater est confrontée à plusieurs difficultés, notamment celle de l’accès réseau ainsi que l’accès à l’Internet, de la centralisation et du stockage des données collectées ainsi que du partage des informations entre les différents acteurs. L'équipe du projet et les principaux acteurs ont rencontré plusieurs défis pendant l'exécution du projet, incluant notamment :  Problèmes sur le réseau de la compagnie de téléphone qui a altéré l'échange de données entre les téléphones cellulaires et la plate-forme ;  Faiblesse de l'accompagnement (assistance sur le terrain) pour soutenir les acteurs clés (opérateurs, le personnel régional du ministère, la mairie) pour une utilisation appropriée et efficace de l'outil mWater ;  Hésitation des opérateurs à fournir des informations financières sur le sys tème d’eau rurale qu'ils gèrent ; et  Problème de l'appropriation du projet pilote au niveau central et régional au sein du ministère en charge de l'eau du au changement de l'administration chargée de la supervision de projets aux niveaux central et régional (deux administrateurs ont été nommés au cours du projet). À ceci s’ajoutent des contraintes non moindres:  La question de l’interopérabilité de la base de données mWater avec tout type d’application que l’administration publique nigérienne souhaite déployer est revenue sans cesse lors du constat et de la discussion des contraintes notamment en ce qui a trait à l’hydraulique rurale ;  Les questions relatives à l’accès aux données mWater, à leur propriété ainsi qu’à leur interopérabilité avec d’autres systèmes et logiciels ont été soul evées tout au cours des discussions avec les entités publiques concernées. Cela pose avec acuité le problème relatif à l’absence d’un modèle de gouvernance qui donnerait la possibili té aux acteurs impliqués de développer un référentiel unique et une base de données unifiée ; et  Certaines contraintes infrastructurelles (débit de la connectivité Internet et accès à l’électricité) ont été évoquées du fait que le pilote mWater a été déployé en zone rurale dans une collectivité Valorisation du potentiel des TIC 22 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger territoriale qui n’est pas bien pourvue en infrastructure télécom ou en source d’approvisionnement en énergie fiable. Opportunités L’intervention d’un deuxième opérateur a permis d’améliorer la couverture du réseau de téléphonie mobile. Ainsi Airtel Niger a été engagée en plus d’Orange par la société Manobi. Pendant ce temps, Orange a amélioré son réseau afin d’offrir une meilleure prestation des service s. Les opportunités offertes par l’extension du réseau sont évidents, soit une plus grande capacité de connexion au réseau de téléphonie mobile et une gestion plus performante de mWater. Les défis et opportunités relatifs à mWater sont présentés dans le Tableau 3 suivant faisant état des points forts et des faiblesses du logiciel mWater (Analyse SWOT). Tableau 3: Analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Défis de mWater au Niger Positif Négatif (pour atteindre l’objectif) (pour atteindre l’objectif) Forces Faiblesses ▪ Amélioration de la connaissance des intervenants sur l’accès à ▪ Degré initial d’engagement des l’eau délégataires faible ▪ Garantie d’un niveau approprié ▪ Manque de suivi de la direction de normalisation des données de régionale de l’Hydraulique gestion technique et financière ▪ Qualité du réseau des opérateurs de ▪ Réduction des coûts et des délais téléphonie mobile de réparation et de maintenance ▪ Absence de couverture réseau chez Origine interne ▪ Référencement plus rapide des certains délégataires Plate-forme points d’eau mWater ▪ Collecte et certification des ▪ Manque de suivi technique SAC/SPE données ▪ Dimensionnement insuffisant du ▪ Factures rapides et à faibles coaching technique des délégataires coûts ▪ Ajustements techniques des ▪ Suivi-évaluation et reporting des paramétrages du service (rapports, réseaux d’AEP taxes) ▪ Production des rapports en ▪ Normalisation des tarifs des AEP formats compatibles vers les (OHADA) destinataires Opportunités Menaces ▪ Existence d’un service de ▪ Faible implication des communes régulation ▪ Pannes récurrentes des compteurs de ▪ Existence de cadre et d’outils à captage non réparées même de faciliter l’exploitation de Origine interne la plateforme ▪ Cartes SIM opérateurs non encore identifiés Dispositif ▪ Bon niveau de qualification des Institutionnel staffs de délégation ▪ Retards dans la saisie des données ▪ Implication de la DRH et des ▪ Les « petits délégataires » ne DDH s’impliquent pas : toujours absents aux ateliers et aux services de ▪ Assistance des communes par le formation. BETIFOR Opportunités Menaces ▪ Bon maillage du pays en réseau ▪ Lenteur notée dans la configuration GSM, GPR et Internet des téléphones mWater au réseau Origine Externe ▪ Existence de 2 opérateurs de Airtel téléphonie mobile dans la zone ▪ Coûts élevés Internet et SMS cible : Orange et Airtel Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 23 ▪ Qualité du réseau mobile (SMS, voix) 4 CONCLUSION L’expérience des projets pilotes montre que les TIC adaptées à la gestion des AEP au Niger peuvent avoir un impact positif sur la gestion du secteur au profit des principaux acteurs du développement concernés. De plus, le projet pilote a renforcé la vision et le processus de décentralisation vers les communes. Ce dispositif renforcera la gouvernance décentralisée de l’eau et en ce sens, c’est un atout, car le MHA est un des rares ministères qui aidé à contribuer à la décentralisation en permettant le transfert de la gestion de l’eau vers les communes21. Cela servira à renforcer le processus décentralisation au Niger et le transfert des compétences et des ressources qui en découlent. L’expérience internationale démontre que les TIC appliquées à la gestion du secteur WASH peuvent fortement améliorer le rendement du secteur tout en réduisant les pertes et ne permettant de mieux valoriser et de mieux gérer le patrimoine eau ainsi que les systèmes et les infrastructures d’adduction. Le rôle des structures d’appui conseils qui coutaient chers aux communes pourrait changer. Suite à ce projet, ces structures devraient être plus efficaces en adaptant ces outils, ce qui en principe devrait réduire la charge de travail des structures ce qui aurait un effet positif sur la gestion des communes. Quoique le projet a eu un effet positif au niveau du MHA et de certaines communes, les usagers ultimes devraient en principe avoir tiré profit du projet pilote, et ce en leur permettant de réaliser des réductions dans le cout du mètre cube d’eau. Au Niger, des efforts doivent être faits pour assurer le passage à l’échelle et pour continuer de développer ces outils pour avoir les impacts décrits dans l’introduction et afin de les adapter aux spécificités du Niger. Les principales applications recensées au Niger sont le 1) SISEAN, un système d’information centralisé pour le secteur eau et assainissement ; 2) le G-d’Or, une solution intégrée permettant d’assurer la gestion commerciale et la relation client au sein de la SEEN ; et 3) l’application mWater, une plateforme développée par Manobi pour la gestion technique et financière des équipements en eau ruraux, ainsi que le suivi de la performance. Vu la disponibilité de l’information et des acteurs sur le terrain, l’application mWater a fait l’objet d’une étude de cas dé taillée. Les conclusions et recommandations suivantes proposent des actions qui peuvent être prises pour renforcer les capacités des acteurs du développement dans le secteur WASH au Niger à exploiter le plus possible les TIC. Face aux défis de la pérennisation du service de l’eau, les modalités de gestion de l’eau et la gestion communautaire s’adaptent au nouveau contexte de partenariat public -privé qui se manifeste de plus en plus en milieu rural et périurbain. Cette dynamique s’est traduite au Ministère en charge de l’hydraulique avec l’appui de partenaires institutionnels, par un partenariat autour des services de l’eau et une délégation de certains services tels que la maintenance, l’entretien, la gestion et l’exploitation. Les rôles et responsabilités de chaque acteur doivent évoluer pour prendre en compte ces tendances. La gestion des adductions d’eau potable (AEP) en vue d’assurer le service public de l’eau en milieu rural exige de plus en plus de suivi et de traçabilité des opérations conduites par les opérateurs ainsi qu’un niveau de reporting de qualité afin d’assurer une transparence accrue du secteur et le rendre plus attractif aux investissements d’extension et de densification des réseaux d’eau. Les opportunités qui existent au Niger sont en faveur de l’utilisation des TIC comme mWater, pour faciliter la bonne gouvernance du sous-secteur de l’eau. L’exploitation des énergies renouvelables dont le solaire en particulier aurait pu aider les communes à mieux assurer une autonomie énergétique pour assurer l’opération du matériel informatique essentiel à la pleine exploitation de mWater et des TIC en général. Plus de suivi en ce sens aurait aidé au succès du projet. Le solaire est déjà exploité au Niger surtout dans les centres de santé pour le stockage des produits médicaux, etc. Les panneaux solaires sont exploités même dans les centres de santé les plus reculés. Dans le secteur de l’eau, les mini-AEP approvisionnées par énergie solaire deviennent plus fréquentes. L’exploitation de la plate-forme qui vise une bonne gestion des AEP rurales, ainsi qu’un contrôle et suivi de la gestion durable des équipements et des ouvrages semble encore être liée à la bonne volonté des délégataires à l’exploiter de manière conforme. Ce frein peut être rapidement levé avec une implication plus forte des communes ainsi que des DDH dans le suivi des performances des délégataires. La plate- forme mWater apporte à chacun de ces acteurs clés les tableaux de suivi adaptés leur permettant de Valorisation du potentiel des TIC 24 Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger renforcer leur niveau d’implication. Le passage à l’échelle devra donc nécessairement prendre en compte cette dimension afin d’assurer son succès au niveau national. L’évaluation de la phase pilote de mWater a produit des conclusions particulièrement encourageantes et positives pour l'étape de la mise à échelle du programme dans le cadre de la consolidation des capacités de gestion des RWSS au Niger 22. En dépit de cette note d’espoir, des recommandations spécifiques doivent être prises en compte. Les mesures suivantes sont proposées : 1. La mise en place d'un organe de régulation adéquat qui aura la responsabilité du règlement et de la communication des activités du secteur notamment les aspects de S&E. Il sera également responsable de définir les normes d’intervention des opérateurs privés et des communes dans la gestion de l'approvisionnement en eau rurale. 2. La mise à l'échelle du système de données mWater sous l’égide du MHA qui désignera dans un cadre de consultation élargi, les acteurs qui seront responsables pour : (i) le référencement des installations, (ii) l'achat du matériel (téléphone/ordinateur) et (iii) le suivi des données de RWSS. Il proposera également un modèle d'affaires afin d’assurer la meilleure gestion de la plateforme mWater. 3. Du financement sur fonds propre par le gouvernement pour l’exploitation des TIC dans le secteur en encourageant la participation non seulement des partenaires mais surtout du secteur privé et revoir le contenu des modes de transfert de compétences aux communes. 4. Un renforcement de capacités des collectivités décentralisées ainsi que du personnel de MHA. 5. Une étude du rôle des services dans le « cloud » et de l’approche possible pour traiter la question de la propriété des données hébergées dans le « cloud » et des options légales et pratiques pour assurer une plus grande maitrise sur le patrimoine numérique national que sont ces données et sur l’information qu’elles représentent. A l’aire du « open data », l’accès aux données ainsi que leur interopérabilité sont essentielles. 6. Encourager une plus grande diffusion et un plus grand partage des acquis et des leçons apprises à tous les niveaux. En particulier, assurer la plus grande diffusion possible des données et des acquis relatifs au projet pilote ciblant en particulier les opérateurs privés dans le secteur WASH au Niger. Ceci facilitera le passage à l’échelle. 7. Encourager l’accès public aux données relatives à l’opération ainsi que l’exploitation des AEP par le système mWater ou tout autre système d’exploitation des AEP qui serait mis en place. Certaines de ces informations pourraient intéresser les utilisateurs dont les contribuables, le grand public, etc. L’objectif serait de rendre plus efficace la vente de l’eau et surtout, l’opération du marché de la vente de l’eau, au profit de tous les acteurs du marché. Il faudrait aussi assurer que le rapport final quant à l’opération du projet pilote soit mis à disposition des acteurs du secteur. Le Cluster WASH n’avait pas reçu une copie du rapport final en date de la rédaction de ce rapport. 8. Afin d’assurer une plus grande transparence dans le secteur il faudrait entreprendre un audit sur le terrain. mWater et les TIC en général pourraient faciliter cette tâche pour aboutir à une plus grande transparence dans l’opération du secteur. Cela aiderait à surmonter certaines réticences au niveau des opérateurs privés pour assurer une meilleure connaissance au sujet des opérations financières des adductions et points d’eau. 9. Encourager voire exiger que le secteur privé assume un plus grand rôle dans l’exploitation et éventuellement, le financement de systèmes de gestion informatisée des AEP. 10. Dans les mairies, la formation d’un personnel technique et non seulement la formation des maires, qui ne sont souvent pas disponibles. 11. Un accompagnement additionnel des acteurs locaux soit au niveau étatique et au niveau des partenaires internationaux et autres pour aider à mieux assimiler les atouts de ce projet qui aboutira à une diminution du cout de l’eau pour le nigérien moyen. 12. Encourager une plus grande exploitation des énergies renouvelables dont le solaire en particulier en appui à la mise à échelle, étant donné les acquis en ce sens au Niger dans le secteur santé ainsi que la plus grande disponibilité de panneaux solaires et de systèmes de gestion de ces énergies renouvelables de plus en plus performant et abordables. 13. Une révision du guide des mini AEP serait à considérer suite aux leçons reçues à la suite de ce projet. Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 25 En définitive l’utilisation des TIC dans le secteur WASH attire l’intérêt de plusieurs acteurs du développement ainsi que d’investisseurs privés. Le secteur de l’eau est un des plus porteurs et aussi un des plus valorisés. Il existe plusieurs logiciels et systèmes d’exploitation sur le marché23. Certains sont propres au secteur de l’eau et de l’assainissement et d’autres sont des applications qui sont propres à d’autres secteurs avec lesquels la gestion de l’eau partage certaines caractéristi ques, par exemple l’énergie. Les acteurs dans le secteur WASH au Niger doivent continuer d’évaluer les applications et les options de gestion informatisée. Ces mêmes acteurs doivent aussi tirer profit des activités de concertation et de réseautage qui existent dans ce domaine sur le plan international et régional pour leur permettre de saisir les enjeux et les possibilités qui leur sont offerts par la numérisation du secteur. La participation du Niger aux activités de l’Union Internationale de la Télécommunication (UIT) dans le domaine de l’application des TIC au domaine du WASH à Genève serait salutaire. Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger 25 ANNEXE A: LISTE DES INTERLOCUTEURS INTERROGÉS NOM TITRE INSTITUTION Spécialiste eau et assainissement Taibou Adamou Maiga WSP tmaiga@worldbank.org Directeur de L’hydraulique Urbain et Ministère de l’Hydraulique et Sani Labo Semi Urbain de l’Assainissement Ministère de l’Hydraulique et Moussa Djibo Informaticien de l’Assainissement Remi Bourgarel Directeur General SEEN Rabiou Rabe Chef de service maintenance SEEN rabe.rabiou@seen-niger.com Directeur Service clientèle (intérim) Alou Labo SEEN +227 96 87 88 32 Boris Louis Operateur Géo-radar SEEN Dodo Natatou Coordonnateur du Cluster WASH au Cluster WASH Niger Sanoussi Niger, employé d’Unicef Harouna Issaka Ingénieur Téléphonie Haut-Commissariat de Nafiou Aminou Ingénieur Télécommunication l’Informatique Secrétaire Exécutif Daniel Annerose daniel.annerose@manobi.net Manobi Tel : +221 33 869 2050 Valorisation du potentiel des TIC Etude de cas : Revue des opérations pays – Niger Ref-1 REFERENCES 1PNUD. 2014. Rapport sur le développement humain 2014. Pérenniser le progrès humain: Réduire les vulnérabilités et renforcer la résilience. http://hdr.undp.org/fr/content/rapport-sur-le- d%C3%A9veloppement-humain-2014 2pS-Eau. 2013. Agir pour l’eau et l’assainissement au Niger. Niger. Guide pratique . Programme Solidarité-Eau. Déc., 27 pages : http://www.pseau.org/outils/ouvrages/ps_eau_agir_pour_l_eau_et_l_assainissement_au_niger_201 3.pdf 3 Dodo Natatou Sanoussi. Chef de file Cluster WASH Niger. 2015. Communication personnelle. 2 et 3 juin. 4 Cluster WASH Niger. 2015. WASH Cluster Niger. https://sites.google.com/a/clusterwashniger.com/home/home 5 WHO,Unicef. 2014. Progress on Drinking Water and Sanitation – 2014 update.Joint Monitoring Programme. 80 pages. http://www.wssinfo.org/fileadmin/user_upload/resources/JMP_report_2014_webEng.pdf 6 pS-Eau. 2013. Agir pour l’eau et l’assainissement au Niger. 7 pS-Eau. 2013. Agir pour l’eau et l’assainissement au Niger. 8 JDN. 2015. Niger : les chiffres clés de l’Internet. http://www.journaldunet.com/web-tech/chiffres- internet/niger/pays-ner 9 Gouvernement du Niger. 2008. Tendances récentes et situation actuelle de l’éducation et de la formation des adultes (EDFOA). Rapport national du Niger Direction Générale de l’Alphabétisation et de l’Education non formelle. 41 pages, oct. http://www.unesco.org/fileadmin/MULTIMEDIA/INSTITUTES/UIL/confintea/pdf/National_Reports/Af rica/Africa/Niger.pdf 10 Ministère de la Communication et des Nouvelles technologies de l’Information. 2012. Document de politique sectorielle des télécommunications et des technologies de l’information et de la communication. 34 pages. Jan. http://www.hcntic.ne/doc/PolitiqueSectorielleTelecommunications.pdf 11 HCINTIC. 2015. Haut Commissariat à l'Informatique et aux Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Services du Premier Ministre. http://www.hcntic.ne/ 12 ARTP. 2015. Autorité de Régulation des Télécommunications et de la Poste. http://www.armniger.org/ 13 Source : http://www2.manobi.com/index.php?M=1& 14Manobi. 2015. mWater. Concept. http://mwater.v3.manobi.com/senegal/index.php?M=122& 15Rapport Final « Mise en route de la plate-forme mWater d'appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires », Manobi, Décembre 2013. 16 Rapport Final « Mise en route de la plate-forme mWater» 17 Annerose, D. 2013. Mise en route de la plate-forme mWater™ d'appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires. Rapport final. Version 4. 40 pages. Ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement du Niger, WSP, Banque mondiale. Gigler. 2011. Informational Capabilities – The Missing Link for the Impact of ICT on development. 18 Working World Bank ICT Sector Week . E-Transformation Working Paper Series: World Bank Working Paper Series, 2011. http://explore.georgetown.edu/publications/57431/ 19 Annerose, D. 2013. Rapport final. 20 Annerose, D. 2013. Rapport final. 21 Dodo Natatou Sanoussi. Chef de file Cluster WASH Niger. 2015. Communication personnelle. 2 et 3 juin. Valorisation du potentiel des TIC : Ref-2 Etude de cas : Revue des opérations pays – le Niger 22Cf le rapport de l’atelier de validation de la phase pilote pour les recommandations faites à l’endroit des différents acteurs. 23 ITU. 2014. Smart water management in cities. ITU-T Focus Group on Smart Sustainable Cities. Focus Group Technical Report. 46 pages. Oct. http://www.itu.int/en/ITU- T/focusgroups/swm/Pages/default.aspx