WDP175 Frenchi [2q"piM l Documents de synthèse de la Banque mondiale Série du département technique Afrique Gestions des ressources et renforcement des institutions pastorales dans la région sahélienne de l'Afrique de l'Ouest Nadarajah Shanmugaratnam, Trond Vedeld, Anne Mossige, et Mette Bovin TISD B DP FILE COWY o. l 75 Documents de synthèse de la Banque mondiale Série du département technique Afrique Gestions des ressources et renforcement des institutions pastorales dans la région sahélienne de l'Afrique de l'Ouest Nadarajah Shanmugaratnam, Trond Vedeld, Anne Mossige, et Mette Bovin Banque mondiale Washington, D.C. Copyright C 1993 Banque internationale pour la reconstruction et le développement/BANQUE MONDIALE 1818 H Street, N.W. Washington, D.C. 20433, U.S.A. Tous droits réservés Fait aux Etats-Unis d'Amérique Premier tirage: décembre 1993 Les doacments de synthèse présentent les résultats d'analyses par pays ou de recherches, qui sont diffusés pour susciter le débat et la réflexion dans les milieux du développement. La souci de présenter ces résultats dans les meilleurs délais possibles fait que le texte dactylographié de ce document n'a pas été préparé selon les méthodes appliquées aux textes imprimés officiels. La Banque mondiale ne s'estime pas responsable des erreurs qui pourraient s'y trouver. Les observations, interprétations et conclusions exprimées dans ce document n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne sauraient être attribuées à la Banque mondiale, à ses institutions affiliées, à des membres du Conseil des Administrateurs ni aux pays qu'ils représentent. 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Edition française: ISBN 0-8213-2669-4 ISSN: 0259-210X Nadarajah Shanmugaratnam est un économiste principal du développement des ressources et des institutions au Centre norvégien de développement international de l'agriculture (NORAGRIC) de l'Université agronomique de Norvège, Trond Vedeld est chargé de recherche dans le domaine de la planification pour l'environnement, et Anne Mossige est chargée de recherches dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Mette Bovin est sociologue indépendante. La Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis a catalogué ce document de la manière suivante: Resource management and pastoral institution building in the West African Sahel / Nadarajah Shanmugaratnam ... [et al.]. p. cm. - (World Bank discussion papers, ISSN 0259-210X 175. Africa Technical Department series) Indudes bibliographical references. ISBN 0-8213-2215-X 1. Range management-Sahel. 2. Pastoral systems-Sahel. 3. Livestock-Sahel. I. Shanmugaratnam, N. Il. Series: World Bank discussion papers ; 175. III. Series: World Bank discussion papers. Africa Technical Department series. SF85.4.S15R47 1992 333.74'0966-dc2O 92-29976 CIP Avant-propos Ce document présente les conclusions pour aborder l'un des problèmes sociaux et d'une étude conçue pour examiner les environnementaux les plus difficiles et les actions de renforcement des institutions plus complexes que connaît à l'heure actuel- pastorales et la gestion des ressources dans le notre planète. la région sahélienne de l'Afrique de L'étude décrit les expériences et les l'Ouest. L'étude a été réalisée dans le cadre leçons qui se dégagent de l'exécution de d'un programme de recherche sur les évo- projets en cours, financés avec l'assistance lutions futures de la production animale, du de la Banque mondiale, dont l'objectif ma- développement agricole et de la gestion des jeur est de développer des associations pas- ressources en Afrique sub-saharienne, torales au Mali, en Mauritanie, au Niger et conduite par la Division agriculture du au Sénégal. Département technique, Région Afrique à Il ressort des résultats de l'étude que la Banque mondiale. l'établissement et les activités des associa- Le ministère norvégien des Affaires tions pastorales doivent encore être considé- étrangères a financé l'étude qui a été condui- rées comme des actions pilotes de dévelop- te par le Centre norvégien pour le Dévelop- pement, bien que l'on puisse même à ce pement international de l'agriculture (NO- stade précoce en dégager des leçons et des RAGRIC), Ecole d'agriculture de Norvège. recommandations très valables. Il s'agit à La durabilité de l'élevage tradition- présent d'incorporer ces leçons et recom- nel, la détérioration des parcours et la dispa- mandations dans l'approche à adopter pour rition des pâturages naturels au profit de l'a- mettre en place les projets futurs visant à griculture sont certes des sujets qui établir des institutions pastorales et des acti- préoccupent beaucoup non seulement les vités de gestion des ressources viables et pasteurs et les gouvernements, mais encore soutenables. toute la communauté internationale. On s'entend à reconnaître que l'éta- blissement d'associations pastorales dotées de pouvoirs permettant aux communautés Kevin M. Cleaver locales d'assumer la responsabilité de ges- Directeur tion des ressources naturelles tout en jouant Département technique un 1ôle actif dans ce domaine et dans la four- Région Afrique niture des prestations essentielles, est la seu- Banque mondiale le démarche qui mérite d'être entreprise Juin 1993 .i.i Remerciements L'étude, réalisée sous l'égide de la Banque commentaires et conseils intéressants ont mondiale, a été lancée et dirigée par Poul été formulés par du personnel des Divisions Sihm, spécialiste senior de l'élevage au Agriculture et Environnement du Départe- Département technique de la Région Afri- ment technique Afrique de la Banque mon- que, Banque mondiale. Elle a été financée diale, et par du personnel d'autres services par le ministère norvégien des Affaires de la région Afrique. De nombreux com- étrangères et conduite par le Centre norvé- mentaires utiles à propos d'une version an- gien pour le développement international térieure ont été formulés par Roy Behnke de l'agriculture (NORAGRIC), Ecole (Overseas Development Institute, Londres), d'agriculture de Norvège. Anders Hjort af Ornas (Institut scandinave Les auteurs remercient le personnel d'études africaines, Uppsala), F. Riveros des projets et autres experts locaux pour leur (FAO, Rome), J. Swift (Institute of Develo- assistance et soutien pendant les visites sur pment Studies, Université de Sussex), E. P. le terrain, notamment Sulmana Cisse (Mali), Cunningham (FAO), et A. E. Sidahmed Brahim Fall Lemine et Pierre Bonte (Mauri- (FAO). Les photographies ont été prises par tanie), Amadou Wahabou Thioune (Séné- Mette Bovin. gal), Akilou Habou et Patrick Paris (Niger), Les auteurs du document remercient ainsi que les chefs pastoraux et les membres également Michael Walshe, Paula des associations pastorales. Strawhecker, Leo Demesmaker et Christina Le rapport est fondé sur les docu- Dhanaraj de leur contribution aux étapes fi- ments de projets, des publications récentes nales de l'étude, ainsi que Marguerite Lay- et les résultats d'enquêtes sur le terrain. Des ton pour la traduction. iv Table des matières Liste des abréviations et sigles viii 1. Le pastoralisme et son contexte I Historique de l'étude 2 Les organisations pastorales comme instruments de gestion des ressources naturelles 3 Un environnement favorable 4 2. Evaluation de la réussite 6 Les facteurs clés 7 Importance des facteurs clés 8 3. Les expériences de renforcement des institutions pastorales 18 Mali 1 8 Mauritanie 26 Niger 33 Sénégal 40 4. Analyse comparative des expériences dans les pays étudiés 47 Priorités locales et priorités des projets 47 Problèmes communs 48 Achèvement des projets 54 Engagement politique et droits à la terre et à l'eau 54 Les leçons tirées des projets 55 Les étapes d'établissement d'une OP 57 5. Le rôle des femmes dans le renforcement des institutions et la GRN 59 Insuffisance de programmes 59 Les nouveaux rôles 61 Recommandations 62 6. Le rôle des institutions traditionnelles 63 Facteurs culturels en jeu dans l'établissement des OP 63 Les chefs traditionnels et les nouveaux cadres 64 Les organisations territoriales 65 Les systèmes traditionnels de redistribution 65 v 7. Recommandations 66 Approche et planification 66 Le rôle du gouvernement 68 Assistance des donateurs 72 8. Poursuite des activités de recherche et de suivi 73 Les nombreuses questions en suspens 74 Annexe - Les droits à la terre et à l'eau 78 Bibliographie 82 Tableau 13 Répartition des coûts de projets de développement de l'élevage sélectionnés Encadré 14 Données de base et résultats des projets Photographies: Couloir de vaccination du bétail d'une association pastorale au Sahel ix Puits dans la région sahélienne de Mauritanie 5 Pharmacie vétérinaire d'une association pastorale en Mauritanie 17 Membres d'une association pastorale en Mauritanie 77 Garde du troupeau d'un propriétaire absentéiste 81 vi -~ ~~~~~~~~~~~~~~ l S,t~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ c sa~~~~ j- AEvI ,i~~~ ~~~ st r t Couloir de vaccination du bétail d'une association pastorale au Sahel Liste des abréviations et sigles ADCP Agent de développement des communautés pastorales AFTAG Division technique de l'agriculture, Afrique AP Association pastorale, Mali/Mauritanie BIE Bureau d'intrants d'élevage, Mauritanie BNDA Banque nationale de développement agricole, Mali CCCE Caisse centrale de coopération économique, France CG Comité de gestion, Sénégal CP Centre pastoral, Niger CR Conseil rural CSE Centre de suivi écologique, Dakar GIE Groupement d'intérêt économique, Sénégal GMP Groupement mutualiste pastoral, Niger GRN Gestion des ressources naturelles GVC Groupement à vocation coopérative, Niger NORAGRIC Norwegian Centre for International Agricultural Development ODEM Opération de développement de l'élevage dans la région de Mopti ODI Overseas Development Institute ONG Organisation non gouvernementale OP Organisation pastorale ORM Opération riz de Mopti PDESO Projet de développement de l'élevage au Sénégal oriental PENCE Projet de développement de l'élevage au Niger Centre-Est PICOGERNA Programme intégré de conservation et de gestion des ressources naturelles, Sénégal RAP Rapport d'achèvement de projet SODEFITEX Société pour le développement des fibres textiles SOMECOMB Société mauritanienne d'élevage et de commercialisation du bétail UBT Unité de bétail tropical UP Unité pastorale (unité géographique) WFP World Food Programme viii 1. Le pastoralisme et son contexte De 20 à 25 millions de pasteurs vivent dans On remarque également une prise de cons- les pays arides d'Afrique. Ceux des zones cience du coût social de stratégies de déve- du sud saharien bénéficient du faible coût loppement excluant le pastoralisme dans les d'opportunité des fourrages naturels que pays sahéliens malgré sa contribution à l'é- fournissent les terres non propices à une _onomie nationale au travers de la produc- production agricole soutenable. Dans cer- tion de lait, de viande, de cuir, de laine, d'a- taines régions, le pastoralisme et la culture nimaux de traction, d'engrais organiques des terres arables co-existent et se font con- pour l'agriculture et de recettes en devises currence alors que dans d'autres zones le dég.gées des exportations de bétail et pro- pastoralisme est une composante de divers duits de l'élevage. Les pasteurs ont un rôle systèmes mixtes d'agro-pastoralisme et clé à jouer dans la reconstitution et la ges- d'agro-sylvo-pastoralisme. tion soutenable des écosystèmes fragiles du Depuis quelques années déjà, le pas- Sahel. En effet, la stabilité politique et la dé- toralisme souffre d'une longue crise dont les mocratisation, ainsi que la reconstruction effets les plus spectaculaires se manifestent des économies des pays sahéliens accablés sous la forme de famines fréquentes et de ré- par la guerre et la famine, ne peuvent pren- fugiés de l'environnement. On remarque dre pied sans la participation des éleveurs, sans peine la dimension militaire et politi- des agriculteurs/éleveurs et des agriculteurs/ que de la crise par les guerres intérieures qui sylviculteurs/éleveurs. Ce sont ces motifs qui sévissent en Afrique et font souvent des pas- ont poussé les gouvernements et les organis- teurs les plus grandes victimes. mes d'aide au développement à reconsidérer Les guerres, la sécheresse, la crois- leurs positions à l'égard du pastoralisme. sance démographique, la concurrence de l'a- Cette nouvelle préoccupation se re- griculture et la vente forcée des troupeaux at- flète dans les activités visant à renforcer les taquent à la base les organisations pastorales organisations pastorales pour assurer la ges- traditionnelles et provoquent des déplace- tion des ressources naturelles et le dévelop- ments massifs de pasteurs. La plupart des pement rural soutenables. D'autre part, ce gouvernements, ainsi que les pourvoyeurs renforcement épaule les pasteurs face aux d'aide étrangère, non seulement accordent problèmes que pose aujourd'hui le dévelop- une plus haute priorité à l'agriculture qu'à pement pastoral au Sahel dans un contexte l'élevage, mais s'y emploient souvent au dé- où la perspective d'un accroissement spec- triment des intérêts de millions de pasteurs. taculaire de la productivité de l'élevage est En tant que système de production et mode peu encourageante pour des raisons techno- de vie le pastoralisme semble se livrer à une logiques aussi bien qu'économiques; il en bataille perdue d'avance. est de même s'agissant de l'expansion à de Cependant, on note des signes de nouvelles zones. Pendant ce temps, le trans- ralliement à propos de l'importance du pasto- fert des meilleurs pâturages à l'agriculture ralisme et son potentiel de développement. continue, ainsi que la dégradation des 1 parcours causée par la perte d'arbres fores- locales, traiter avec les organisations politi- tiers, d'où l'appauvrissement de la base des ques, négocier de meilleures installations de ressources du pastoralisme pur dans de marché, obtenir des ternes de l'échange nombreuses régions du Sahel. plus avantageux, et maintenir des relations Jamais autant de pasteurs et d'éle- avec les banques rurales et autres organis- veurs n'ont vécu sur un terroir aussi réduit mes de crédit. que de nos jours, et leur base s'est trouvée Les pasteurs eux-mêmes ressentent encore plus réduite lors de la fermeture des le besoin d'institutions pastorales car ils sa- frontières nationales entre plusieurs pays. A vent maintenant pour que survivre sur le cela vient s'ajouter le phénomène de séden- plan économique aussi bien que politique, tarisation volontaire et involontaire des pas- ils doivent en venir à un arrangement avec teurs; la tendance à l'établissement volon- I'Etat. taire est apparue après la sécheresse de 1972-73, s'est accrue au terme des sécheres- Historique de l'étude ses suivantes, puis a connu une transition du pastoralisme pur à l'agro-pastoralisme où L'étude analyse les leçons tirées de l'agriculture est orientée sur la production l'établissement d'institutions pastorales vivrière et n'est pas sans comporter de nom- dans le cadre de projets de développement breux risques. Les sécheresses et les pertes lancés par les gouvernements avec l'aide de de bétail obligent également de nombreux la Banque mondiale au Mali, en Mauritanie, pasteurs à chercher des emplois rémunérés au Niger et au Sénégal en vue d'évaluer leur de bouviers ou d'ouvriers agricoles, ou à potentiel comme organismes responsables partir vers les centres urbains où ils devien- des ressources naturelles et participants à la nent chômeurs et habitent les bidonvilles. gestion soutenable de ces ressources. L'avenir du pastoralisme dépend de Dans chaque cas, le programme la restauration des systèmes écologiques et d'organisation et de formation pastorales re- de l'utilisation soutenable des parcours de présentait une composante d'un projet de pâturage disponibles, de l'amélioration de la développement dans le secteur de l 'agricul- productivité de l'élevage, et de règlement ture ou de l'élevage. des disputes sur les ressources de manière à Le présent rapport est fondé sur le faciliter l'intégration du pastoralisme, de contenu des documents du projet, des ouvra- l'agriculture et de la sylviculture dans les ré- ges récents qui traitent des questions de pas- gions propices à la coexistence de ces toralisme et de gestion des ressources natu- activités. relles au Sahel, ainsi que sur les résultats de De tels enjeux requièrent des inno- 30 personnes-jours de travaux sur le terrain vations d'ordre institutionnel en vue de tenir dans les pays étudiés. Lors de ces travaux, compte des nouvelles dimensions de problè- des experts nationaux ont apporté une con- mes anciens: droits à la terre et à l'eau, et re- tribution substantielle à l'étude. constitution du troupeau après les sécheres- L'étude elle-même s'est heurtée à un ses. De plus, les pasteurs se trouvent dans un obstacle majeur, à savoir la pénurie de don- milieu qui demande de nouvelles capacités. nées de base relatives à la formation et aux Ils doivent pouvoir communiquer avec les résultats des organisations pastorales (OP) autorités gouvernementales dans la langue dans les quatre projets. Aucun ne comportait officielle, comprendre les nouvelles lois ré- un système adéquat de suivi et d'évaluation gissant leurs ressources traditionnelles, tenir des OP, et les efforts déployés au cours des des registres et un système comptable sim- visites sur le terrain en vue de recueillir des ple reflétant la gestion de leurs içstitutions données quantitatives sur les OP ont été 2 limités en raison de l'absence de dossiers et nement, qui dépendent de l'Etat en matière du manque de temps. de services techniques, d'approvisionne- En ce qui concerne la terminologie, ments et de ressources financières. Le gou- on a adopté la définition donnée en 1983 par vemement peut promouvoir certains types Sandford pour « pasteur »: personne qui dé- d'OP pour des raisons économiques et poli- rive la majeure partie de ses revenus ou de tiques, par exemple en vue de faciliter l'in- ses moyens de subsistance de l'élevage d'a- tégration des communautés pastorales dans nimaux domestiques où l'alimentation du les systèmes politiques et administratifs de la bétail consiste en grande partie d'herbe na- nation ou pour contrôler les ressources fon- turelle - et non de fourrages et pâturages cières et leur utilisation. cultivés. Dans un sens plus large, le pastora- L'expression « gestion des ressour- lisme est le mode de vie des pasteurs, leurs ces naturelles » (GRN) couvre tous les as- institutions socio-économiques et leurs sys- pects de gestion de l'eau et des parcours, y tèmes d'utilisation des terres. La définition compris l'application des droits à l'eau et à adoptée ici couvre le pastoralisme « pur » et la terre, la gestion des points d'eau, la ges- autres formes de systèmes mixtes dans les- tion des parcours (systèmes de pâturage), le quels domine l'élément pastoral, comme par contrôle des feux de brousse, la stabilisation exemple l'agro-pastoralisme et l'agro- des dunes, la protection et la plantation d'ar- sylvo-pastoralisme. bres, ainsi que la résolution des conflits en L'expression générique « organisa- matière d'utilisation des ressources et de tion pastorale » (OP) désigne tous les types gestion des parcours dans les divers systè- d'arrangements institutionnels régissant les mes d'élevage (y compris la transhumance), actions individuelles et collectives entrepri- l'ajustement des taux de charge et les chan- ses par les pasteurs dans le but de protéger et gements dans la composition des espèces. de promouvoir leurs intérêts économiques, Les organisations pastorales comme sociaux, culturels et politiques. Les fonc- instruments de gestion des ressources tions des OP sont très variées et ont été clas- naturelles sées en six groupes par Sandford (1981): droits fonciers, gestion des ressources, four- Du fait que les ressources en eau et le niture de services, relations extérieures, et pâturage de saison sèche diminuent, leur uti- promotion et maintien de la cohésion et des lisation soutenable exige une révision de la valeurs morales de la communauté. Une or- réglementation. A ces difficultés il convient ganisation pastorale peut assumer une ou d'ajouter la désintégration des systèmes cou- plusieurs de ces fonctions. tumiers de gestion des ressources et l'obso- L'étude porte principalement sur les lescence des stratégies de survie traditionnel- OP couvertes par les projets gouvernemen- les, deux facteurs qui mettent en lumière le taux bénéficiant d'une aide de la Banque besoin d'une nouvelle forme de gestion des mondiale. Ces OP sont désignées différem- ressources naturelles à base communautaire. ment selon les pays. Au Sénégal par exem- Les pays sahéliens ne possèdent ple, on les appelle Groupements d'intérêt aucun outil efficace d'application des droits économique (GIE); au Niger, Groupements fonciers et de gestion des parcours et des mutualistes pastoraux (GMP) et Groupe- ressources en eau sur le plan local. La solu- ments à vocation coopérative (GVC); au tion la plus pratique semble être la mise en Mali et en Mauritanie, elles s'appellent As- place d'un système de GRN fondé sur les sociations pastorales (AP). Cependant la communautés et recevant une assistance de plupart de ces OP sont des entités juridique- l'Etat en matière d'application des droits ment constituées et reconnues par le gouver- fonciers. Les OP pourraient alors devenir les 3 instruments de décentralisation et de déve- Un environnement favorable loppement local, et participer à la privatisa- tion de certains services comme la distribu- Les principaux aspects d'un environ- tion des médicaments vétérinaires et autres nement favorable aux OP comprennent: provisions. Cependant il faut s'attendre à ce * une législation confirmant le fonction- que les pasteurs, le gouvernement et les do- nement des OP comme entités autono- nateurs aient un aperçu différent des besoins mes s'agissant de la GRN, et des droits institutionnels. défendables à la terre et à l'eau, Les gouvernements et les donateurs leau, reconnaissent maintenant qu'au Sahel le * des infrastructures et services de base pastoralisme et l'agriculture sont deux occu- (santé et éducation, par exemple), pations de plus en plus précaires en raison * des cadres compétents, de la fragilité de l'environnement. Bien que * d services de santé animale, la gestion des ressources naturelles soit une question politique explicitement reconnue, * des centres de formation en gestion il est rare que l'élaboration des stratégies des ressources naturelles, soit uniquement guidée par des considéra- a des moyens de relever l'auto-suffi- tions liées à la gestion des ressources natu- a relles. Les tendances politiques et des dispu- ace énomiqe de râcenus, tes ethniques du jour forcent parfois la GRN à céder le pas à d'autres priorités. En consé- * dans les OP, la représentation des quence, les gouvernements et les projets diverses couches sociales et groupes d'élevage ne peuvent pas tirer pleinement ethniques de la population pastorale, avantage des conditions favorables à l'éta- * des débouchés commerciaux, blissement d'institutions pastorales. D'autre part, l'avis d'un gouvernement et d'un do- * l'accès à la technologie de GNR, et nateur peut différer s'agissant des détails de * des circuits de communication efficaces planification et d'exécution d'un projet. Par parmi les OP et entre les OP et le gou- exemple, la Banque mondiale souligne l'im- vernement aux niveaux local et central. portance du renforcement des capacités Ces critères ne peuvent être remplis comme élément de création d'un environne- Ces gouve s s'euvent à sou- ment favorable au développement rural, que si les gouvernements s 'engagent àsou- alors que le gouvernement bénéficiaire ac- tenir le pastoralisme et Si mlaction politique cepte cet aspect en tant que principe mais ne requise est efficace et implique les quatre peut satisfaire ce critère pour des raisons po- acteurs: le gouvernement central, le gouver- peut nement local, le pxrojet et l'OP naissante. ltiques et logistiques.* La portée des éléments existants ou de ceux qui ont été mis en place lors de la structuration de l'organisation pastorale est examinée dans l'étude sur le pays. 4 -A~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ S a.~~--t - T -- *- t - Puits dans la région sahélienne de Mauritanie S 2. Evaluation de la réussite Les résultats des projets d'élevage financés loppement pastoral ont été identifiés en de- dans le passé par la Banque mondiale et hors des paramètres des projets. autres agences internationales sont loin d'at- Les échecs du passé ont amené la teindre les espérances (Sandford 1981, Banque mondiale à reconsidérer sa politique Banque mondiale 1988). Des remarques cri- agricole et à élaborer de nouvelles appro- tiques, on tire que la raison de l'échec peut ches pour un développement pastoral fondé être attribué à une démarche technique de sur une assise élargie de gestion des ressour- développement faisant peu de cas des parti- ces naturelles, de réformes stratégiques et cularités sociales, culturelles et écologiques institutionnelles, de renforcement des insti- du milieu de production de l'élevage. Alors tutions locales, et de démarches d'intégra- que la première génération de projets tion agriculture-sylviculture-élevage, soute- financés avec l'aide de la Banque mondiale, nues par une étude des systèmes agricoles et comme le Projet des ranches au Kenya lancé la surveillance de l'environnement. Le prin- dans les années 60, mettait l'accent sur cipal élément philosophique du renforce- diverses méthodes d'élevage inspirées des ment des institutions porte sur l'évolution leçons tirées de l'élevage commercial pra- plutôt que sur l'imposition des solutions ln s . (Lewis 1989). Lors des récents débats de la tiqué en Afrique et dans les pays occidentaux Baqemnil*u. espltqe dp au titre du développement de l'élevage, la seconde g o dter, on a noté une forte prise de conscience saleonde géanélioration deprs vituragesa pa- des liens entre les problèmes fonciers et le palement l'amélioration des pâturages. L'at- déeopmn atrldn e éin i tentin étit cetréesur ls annaux t le développement pastoral dans les régîons ari- parcours plutôt que sur les éleveurs et les des et de la nécessité de considérer des ob- paropurs plutôtiqueosurnlesséleveurs.etles jectifs à plus long terme pour le développe- populatoons. ment du secteur (Sihm 1989, Lewis 1989). Si toutes ces démarches ont souvent Les projets examinés reflètent à un échoué en termes de réalisation des objectifs certain degré ces nouvelles orientations, de développement, c'est qu'elles n'avaient mais les affectations budgétaires pour le dé- pas pris en compte les complexités ni le po- veloppement des OP et la formation dans ce tentiel du développement des organisations domaine sont encore très faibles en compa- pastorales traditionnelles, pas plus que les raison avec les montants alloués à d'autres obstacles auxquels elles faisaient face. Peu composantes du programme. Comme par le ou aucune attention n'était apportée au ren- passé, la santé vétérinaire, l'approvisionne- forcement des institutions locales et inter- ment en eau et l'amélioration des pâturages médiaires en vue de mobiliser les capacités demeurent les composants les plus impor- et de perfectionner les compétences de ges- tants des projets actuels en terme d'affecta- tion des ressources pastorales et de dévelop- tion des ressources financières. Les budgets pement du secteur. Ainsi, certains des des projets ne reflètent pas complètement la grands problèmes fondamentaux du déve- nouvelle conceptualisation des problèmes et 6 des approches de développement pastoral, le court ou le long terme; en effet, l'accès à le seul changement significatif étant une l'eau, aux pâturages et aux services de santé augmentation budgétaire pour l'agriculture, animale non lié à l'adhésion individuelle l'agro-pastoralisme et l'intégration de pourrait fortement inciter à la resquille. l'élevage à l'agriculture. D'autre part, plusieurs facteurs clés ont été identifiés sur le plan national et le Les facteurs clés plan local pour aider à évaluer la progres- sion des actions d'établissement d'OP, fac- Du fait que l'initiative d'établisse- teurs qui sont directement liés à la création ment d'OP dans le cadre des projets sous d'un environnement favorable à la mise en considération vient du sommet, le déroule- place de ces organisations. Mais pour assu- ment et la réussite du processus de renforce- rer un environnement propice à l'évolution ment institutionnel dépendront de la rapidité des OP sur le plan local, certaines conditions et de l'efficacité avec lesquelles cette initia- doivent être remplies au niveau de la politi- tive en cascade se transformera en instru- que gouvemementale nationale. Ce sont: ment de promotion de participation à la base. Pour faciliter le processus, il faudra * La volonté politique et une détermina- identifier des « points de ralliement » ou tion de mettre en place des mesures fonctions clés favorisant l'établissement des visant à habiliter les pasteurs et à sou- OP. Ces points doivent être clairement défi- tenir le renforcement des institutions nis au cours de dialogues avec les bénéfi- pastorales, démontrées par une ciaires cibles. Les pasteurs estiment que la réforme du régime foncier conférant GRN est un moyen d'atteindre un objectif aux pasteurs des droits défendables à spécifique déterminant la sécurité socio- la terre et à l'eau, économique globale des ménages et des - l'application des lois régissant les groupes, et en termes de leurs propres prio- droits fonciers en vigueur, et rités fondées sur l'expérience. Pour planifier décentralisation prises de une strategie de mobilisation et assurer la décision en matière de dévelop- participation, il est primordial de bien con- pem ent. naître les priorités; par exemple de petits pement. groupes homogènes sont certes capables de * Des prix, un régime fiscal et une politi- gérer les points d'eau, mais la gestion de que de commercialisation des pro- plusieurs zones de pâturages viables néces- duits de l'élevage raisonnables en vue site de plus grands groupes formés de plu- d'encourager le développement de sieurs petits groupes homogènes. Cet aspect l'élevage au travers du pastoralisme. est très important dans l'établissement des OP et la tâche peut demander beaucoup de sation et des programmes de santé publi- temps et des ressources professionnelles que et animale dans les zones pastorales. considérables. L'important concept d'appartenance * Des investissements publics dans l'in- à une organisation pastorale nécessite l'éta- frastructure rurale. blissement de critères en vue de distinguer les Un soutien à la participation des OP membres des non membres OP au sein d'un * action de p atisation des O P groupe local. D'autre part, aucun pasteur ne c s de privanimation de stri- sera enclin à devenir membre d'une OP si, se- bution des provisions. lon lui, l'adhésion n'implique que des obliga- tions en termes de temps, d'argent ou de res- * La coordination des politiques et acti- ponsabilité et aucun avantage tangible dans vités sur le terrain, des mécanismes de 7 planification intersectorielle et des ins- * Sécurité alimentaire truments de règlement des disputes. . Sécurîté et gestion des ressources * Le respect de l'appartenance ethno- - sécurité de l'accès à l'eau culturelle des pasteurs. - sécurité foncière Au niveau du projet ou peut identi- - gestion des ressources naturelles fier les facteurs suivants: *Propriété du troupeau * Son objectif de renforcement des insti- tutions pastorales et l'affectation de * Services ressources financières à cet effet. - crédit * Des modèles d'OP - concept, unité - santé animale de base, organisation et hiérarchie. - santé publique * Les compétences professionnelles de - commercialisation l'agence d'exécution du projet. - alphabétisme * L'inclusion des femmes dans l'effectif - formation en gestion du projet. * Mobilisation et participation des hom- mes et des femmes * Communication et coopération entre le projet et les diverses branches admi- * Aptitudes de leadership nistratives du gouvernement. - capacité de mobilisation de la Au niveau des OP, l'établissement population du type d'organisations susceptibles de - capacité de traiter avec les res- réussir doit tenir compte du type de pastora- ponsables du projet et les autori- lisme qu'elles couvrent, à savoir le pastora- tés gouvernementales lisme nomade, transhumant ou sédentaire; - savoir-faire technique le pastoralisme pur ou l'agro-pastoralisme. - gestion des ressources De plus, le processus de formation d'OP naturelles doit être considéré dans un contexte socio- - tenue des registres et culturel spécifique comprenant les structu- comptabilité res sociales et les institutions traditionnel- les. Le facteur clé est la base de mobilisation * Viabilité économique des OP et de formation des groupes, ainsi que la * Degré de dépendance/auto-suffisance taille du groupe local et sa délimitation géo- graphique. Non moins déterminantes sont Importance des facteurs clés les conditions agro-écologiques et climati- ques dans lesquelles la transhumance prend Ces facteurs clés sont les détermi- place normalement; par exemple si les zo- nants de la viabilité des organisations pastora- nes pastorales se trouvent pour la plupart les et représentent les paramètres d'analyse de dans des zones arides, semi-arides ou sous- leur évolution (détails au Chapitre 3). L'im- humides. A ces éléments ajoutons le statut portance de ces éléments pour les pasteurs est juridique des OP dont l'importance n'est résumée dans les paragraphes ci-après. pas moindre, notamment pour ce qui est des liens avec les branches gouvernementales, les ONG et les institutions de financement. La sécurité alimentaire, dont notre Citons encore d'autres facteurs clés vie dépend, est une préoccupation constante d'évaluation: chez les pasteurs. Ils expliquent l'importance 8 primordiale de la sécurité alimentaire en l'eau et la gestion de l'eau. La disponibilité fonction de leur misère pendant et après les d'eau porte sur le nombre et la répartition sécheresses de 1972-74 et de 1983/84, des points d'eau, qui peuvent être temporai- quand les mécanismes traditionnels de sur- res (comme par exemple les étangs et ruis- vie eux-mêmes n'ont pu les aider. Ils men- seaux saisonniers) ou durables (puits, fora- tionnent également que s'ils en arrivent à ges, et fleuves et étangs permanents). Les vendre leurs animaux c'est pour acheter des droits à l'eau déterminent l'accès à l'eau, le- céréales, du thé et du sucre. Du fait que la quel dépend de la propriété; les points d'eau sécurité alimentaire d'un foyer pastoral re- sont sous propriété privée, commune, ou pose sur la capacité de contrôle des biens et étatique (puits publics). A l'heure actuelle, services nécessaires aux besoins nutrition- la réglementation de l'utilisation de l'eau nels de ses membres, en période de séche- par les bouviers et le système de gestion des resse et de crise alimentaire les termes de points d'eau sont deux facteurs cruciaux. l'échange s'avèrent particulièrement défa- Quand les puits publics sont accessibles à vorables pour ce segment de la population. tous et qu'il n'existe aucun contrôle - com- En fait, les mouvements saisonniers des ter- me c'est souvent le cas - les pâturages qui mes de l'échange troupeau-céréales sont le les entourent deviennent également accessi- plus défavorable pour les pasteurs juste au bles à tous et subissent une dégradation con- moment où leur dépendance des céréales sidérable. Tout bouvier peut revendiquer le achetées est la plus forte. En outre, la politi- droit à l'eau des puits publics et ainsi gagner que de prix officiels, l'infrastructure défec- accès aux terres herbeuses des alentours. tueuse et l'absence d'organisations pour Une solution s'impose: convertir les puits protéger les intérêts des pasteurs sont publics en biens communs des OP. d'autres éléments qui aggravent l'impact L'utilisation des puits et des forages des effets environnementaux. représente des coûts en main-d'oeuvre, ani- Les OP peuvent contribuer à renforcer maux de trait, matériels, pompes et fuel, car la sécurité alimentaire en améliorant les ins- il faut les entretenir. D'un autre côté, le con- tallations de commercialisation du bétail et en trôle des puits et des forages offre l'occasion assurant la distribution des aliments et autres de générer des revenus pour les OP, en de- besoins essentiels par l'intermédiaire de ban- mandant aux bouviers de payer l'eau fournie ques céréalières et coopératives de détail. Ces à leurs troupeaux. En outre, le contrôle des magasins peuvent être financés par un fonds points d'eau permet de contrôler indirecte- de roulement constitué en partie ou entière- ment l'accès aux pâturages environnants. ment par des donateurs extérieurs; la taille du La sécuritéfoncière fonds et son taux d'expansion sont en général des indicateurs solides de développement or- Tous les pasteurs - qu'ils soient sé- ganisationnel. Les OP peuvent également dentaires, transhumants ou nomades - ont mettre en place et opérer des mécanismes de un sens bien déterminé de l'identité territo- prêts de détresse, organiser des banques de riale. Depuis les deux dernières décennies fourrage pour assurer l'alimentation du bétail on remarque chez les pasteurs du Sahel une en saison sèche et constituer un stock d'ali- tendance à la sédentarisation volontaire: les mentation animale supplémentaire en procé- agro-pasteurs que l'on compte parmi les éle- dant à des achats en période de bas prix. veurs les plus sédentarisés s'identifient eux- mêmes à certains territoires; les pasteurs transhumants, qui s'adonnent parfois à l'a- On entend par sécurité de l'accès à griculture saisonnière, ont des « bases » où l'eau, la disponibilité d'eau, les droits à demeure la famille pendant que les hommes 9 les plus jeunes et les bouviers recrutés se dé- tuations de disponibilité des pâturages. En placent avec les troupeaux; quant aux pas- période d'abondance, ils s'efforcent d'aug- teurs nomades, ils suivent les habitudes tra- menter la taille de leurs troupeaux aussi ra- ditionnelles de déplacement et ont leurs pidement que possible afin d'exploiter l'oc- pâturages de saison. La nature des droits à la casion qui se présente de transformer la terre et à l'eau demandés varie selon les di- biomasse verte en lait et en viande. Cette vers types de pasteurs. Non moins impor- stratégie permet en outre d'assurer que quel- tants sont les principes de réciprocité ancrés ques animaux au moins survivront à la pro- dans certains groupes et les droits prioritai- chaine sécheresse. Certains arguent que res non formellement reconnus de l'accès à c'est en effet le meilleur moyen d'utiliser les l'eau et aux pâturages. Même parmi un parcours du Sahel (Behnke et Scoones groupe s'identifiant à un certain territoire, la 1990). Disons simplement que le surpâtura- notion de frontières géographiques rigides ge et la dégradation des terres existent en est inconnue, celles-ci variant avec le volu- tant que phénomènes régionaux localisés et me et la distribution des pluies. Il en est de reconnus par les pasteurs eux-mêmes. La même dans les contextes les plus sédentari- perte d'arbres a atteint un degré alarmant sés où l'unité géographique demeure un élé- dans bon nombre de zones et, avec le surpâ- ment très dynamique. turage, a favorisé le déplacement des dunes. Tout concept juridique de droits à la Les parcours souffrent également des dégâts terre et de démarcation territoriale doit tenir causés par les feux de brousse accidentels compte du principe de réciprocité qui existe qui semblent dépasser en nombre les feux entre les utilisateurs des ressources s'identi- délibérés. Tous ces éléments soulignent fiant à certains territoires et le caractère dy- l'importance d'accorder une haute priorité à namique des frontières géographiques déli- la gestion des parcours des OP. mitant ces territoires. En outre, il doit La propriété des troupeaux prendre en considération l'interdépendance des zones agricoles, agro-pastorales et pas- Si les pasteurs gardent des troupeaux torales, et reconnaître les conflits potentiels c'est tout d'abord pour la production de lait, entre l'élevage et la culture s'agissant de la production de viande étant secondaire. l'utilisation des ressources, sans oublier que S'ils vendent des animaux c'est qu'ils ont ces disputes sont de plus en plus fréquentes besoin d'argent, un besoin qui s'accroît de et concernent une plus grande superficie de jour en jour. Les décisions sur la taille du terres. troupeau sont influencées par la production Sans démarcation géographique et de lait. La taille et la composition du trou- droits d'usufruit sûrs et défendables, la ges- peau (proportion de bétail, de petits rumi- tion soutenable des parcours (pâturages et nants et de chameaux) dépendent aussi des arbres forestiers) ne peut réussir. Le surpâtu- conditions écologiques, des sécheresses an- rage et la désertification sout deux élémeuts ticipées s'agissant d'assurance contre les si controversés qu'il est difficile de trancher risques, et du rôle de « banque » que joue l'é- pour l'un ou pour l'autre. Apparemment, les levage en tant que source de rendement éco- parcours du Sahel sont beaucoup plus rési- nomique, accroissement du capital et biens lients que ne le supposent les experts en convertissables en espèces. Les éleveurs ab- « désertification », car la capacité de charge sentéistes sont de plus en plus nombreux, de ces parcours n'est pas constante mais va- d'où le rôle bancaire que joue l'élevage dans rie selon le volume et la distribution des un environnement démuni d'investissements pluies. Les pasteurs adoptent des stratégies plus attrayants pour les négociants, les fonc- opportunistes pour s'adapter à de telles fluc- tionnaires et les agriculteurs. 10 Le crédit des compétences en gestion et une discipli- L'accès au crédit offert par les insti- ne financière rigoureuse. tutions financières demeure inaccessible à La commercialisation bon nombre de pasteurs en Afrique du fait Les OP ont un rôle à jouer dans l'a- qu'ils ne sont pas en mesure de fournir un mélioration des circuits de commercialisa- nantissement juridiquement valable. Cet tion locaux si toutefois les politiques de prix obstacle ne peut être éliminé que par une ac- ne sont pas défavorables et s'il existe une tion gouvernementale et la création de mé- structure de base pour les transports et les canismes de crédit opérés par les pasteurs. communications. L'absence d'infrastructure Le besoin le plus crucial de crédit se fait représente un obstacle majeur à la commer- sentir au niveau des ménages pour régénérer cialisation dans le secteur de l'élevage au leurs troupeaux, mais le pasteur sans ani- Sahel. Bien que l'efficacité des négociants maux n'a virtuellement aucun nantissement privés comme intermédiaires dans le com- à offrir. Les pasteurs dépossédés sont en si merce de l'élevage soit évidente, la question grand nombre au Sahel qu'il devient néces- des termes de l'échange entre les éleveurs et saire de mettre en place et d'appliquer des les producteurs de céréales est beaucoup mesures radicales de redistribution du chep- plus importante. En période de crise, les tel existant. Une telle réforme, accompa- pasteurs sont obligés de recourir aux ventes gnée de la réforme des droits fonciers et à tout prix. Etant donné l'infrastructure de d'accès à l'eau, pourrait être une démarche communication quasi inexistante, et parfois de ralliement importante des éleveurs dési- inexistante, et la nature saisonnière de la reux de s'organiser en OP responsables de la production de l'élevage et céréalière et les gestion soutenable des ressources. Les OP risques qu'elle comporte, dans bien des zo- peuvent intervenir et fournir une garantie nes les marchés libres ne peuvent pas fonc- collective à leurs membres pour un crédit en tionner. Les OP ne peuvent jouer un rôle nature destiné à la régénération du troupeau. dans la commercialisation que là où il Les services vétérinaires n'existe pas de tels obstacles. La performance globale des services L'auto-suffisance économique vétérinaires dans la zone du projet peut ser- On peut évaluer la viabilité d'une vir d'indicateur des résultats du projet dans OP sur la base de sa capacité à générer ses le domaine de la santé animale. Cependant, propres ressources en instituant des charges la préoccupation actuelle concerne le taux pour les services rendus, des cotisations de participation des OP à la gestion des cen- d'adhésion et des taxes, et sur la base de tres vétérinaires de base, et l'efficacité de la l'expansion prévue de son fonds de roule- fourniture de services et de médicaments vé- ment. On peut également se faire une idée térinaires que l'on peut évaluer sur la base raisonnable de l'évolution de la viabilité du nombre de pasteurs ayant reçu une for- économique d'une OP en examinant sa po- mation d'agents vétérinaires, du travail sition financière dans le contexte de sa durée qu'ils fournissent, et de la couverture et des d'existence. Parmi les déterminants les plus coûts des services vétérinaires, y compris importants de viabilité, citons: la qualité de les médicaments fournis aux éleveurs. Les leadership, le niveau d'alphabétisation des OP opèrent-elles leurs propres pharmacies membres, le taux de mobilisation et de par- et, dans l'affirmative, sont-elles aussi effi- ticipation active de la population, les com- cientes que les autres sources d'approvi- pétences en gestion financière, la solvabilité sionnement ? La gestion d'une pharmacie de l'OP et la formation en gestion. Pour que par une OP nécessite un fonds de roulement, la collecte des taxes améliore la viabilité 1 1 économique, il faudrait que le gouverne- des personnes plus instruites et donc capa- ment délègue cette tâche. bles de remplir les nouvelles fonctions de L'alphabétisme leadership. Cependant, pour éviter le diri- gisme par une petite minorité d'hommes al- L'alphabétisme s'inscrit au prologue phabétisés, il est primordial de créer sur le de toute participation à la gestion des OP et plan local un groupe aussi grand que possi- de l'acquisition de nouvelles compétences ble de membres alphabétisés (hommes et telles que la tenue des registres et la comp- femmes). Il est également essentiel de con- tabilité, les affaires juridiques, la planifica- naître le niveau d'alphabétisation dans la tion des ressources, les soins médicaux de zone du projet et de savoir si cette zone est base et la correspondance dans la langue of- couverte par le programme national d'al- ficielle. La confiance en soi qui découle de phabétisation. Un lien doit être établi entre l'alphabétisation permet également de trai- le programme du projet et le système natio- ter des affaires avec le gouvernement et le nal d'enseignement élémentaire pour assu- monde extérieur. Du fait qu'en général les rer la continuité de la campagne d'alphabé- leaders traditionnels sont inalphabètes, ils tisation. Toutefois, l'alphabétisation à elle ne sont pas en mesure de jouer les nouveaux seule ne suffira pas à motiver un pasteur à rôles qui leur sont assignés; s'ils ne peuvent s'intéresser aux affaires d'une organisation relever le défi, ils peuvent être remplacés par pastorale. 12 Tableau. Répartition des coûts de projets de développement de l'élevage sélectionnés (par composante) (en millions de dollars EU et en pourcentage) Mali Mauritanie Niger Sénégal I II I II I II 1975-84 1986-92 1971-79 1987-92 1979-89 1976-80 1983-88 Org. pastorale et formation1 0,1 1 1,4 3 - - 2,4 13 - - 0,2 2 - - Services de l'élevage Gestion des parcours 1,5 9 0,4 1 0,6 10 1,6 8 4,42 34 2,93 (6) Dév. points d'eau 3,4 20 4,8 12 3,1 52 1,6 (8) - - 4,7 354 2,9 (6) Santé animale & vulg. 3,2 18 2,0 5 1,3 22 2,3 12 0,9 6 1,4 11 2,9 6 Crédit' - - 0,3 1 - - - - 0,5 3 0,4 3 - - Infrastr. (routes, syst. distribution) - - - - - - 1,7 9 2,5 17 - - - - Recherche/études et S&E6 1,0 6 3,6 9 - - 2,0 11 - - - - - - Commerc. et abattoirs 0,7 4 0,2 1 - - 1,0 5 - - Gestion du projet 2,4 13 6,9 16 - - 1,9 10 2,9 19 1,9 15 Dévelop. agricole - - 13,4 32 - - - - 5,3 35 - - 34,0 71 Aléas 5,1 29 8,7 20 1,0 16 6,0 32 2,9 20 - - 10,8 23 Total 17,4 100 41,7 100 6,0 100 18,9 100 15,0 100 13,0 100 47,7 100 Note: L'imputation des coûts à chaque composante de projet n'est pas entièrement conforme dans les sources de données. Les catégories du tableau ne sont donc pas complètement comparables d'un projet à l'autre. Par exemple, le coût d'une activité donnée de gestion des parcours peut être imputé à « gestion des parcours » dans un projet et à « vulgarisation » dans un autre. Ainsi, le tableau doit être interprété avec prudence. 1. La composante du projet comprend la formation et un soutien direct au processus d'établissement des OP. Cependant, certains coûts de formation sont affectés à « vulgarisation » ou à « gestion du projet », comme par exemple au Sénégal et au Niger. 2. Y compris 2,3 millions de dollars pour les pare-feux. 3. Les parenthèses indiquent qu'il n'a pas été possible de séparer les coûts de cette composante de ceux imputés à une autre composante. Les coûts de cette com- posante sont inclus dans le total impruté à l'autre composante. 4. Idem. 5. Les coûts imputés à « crédit » ne sont pas toujours séparés des coûts imputés à d'autres composantes, par exemple en Mauritanie. 6. La composante comprend la recherche sur l'élevage, les études de systèmes, les coûts de démarrage de projets, et le suivi et l'évaluation. Source: Données de la Banque mondiale. Encadré. Données de base et résultats des projets Mali Mauritanie Niger Sénégal Période du projet: Phase I 1975-79 1971-79 1979-84(89) 1976-80 Phase Il 1986-92 1987-92(95) 1983-88(90) Superf. projet (km2) 95.000 130.000 75.000 14.000 Pop. zone projet 100.000 180.000 70-80.000 70.000 OP approuvées 35 PA 14 PA 147GMP/9GVC/ 59 UP/60 GIE 6CP Années exécution 5 ans 1-2 ans 4-5 ans 10 ans/5 ans (moyenne) Surface p/OP (km2) n.d. 2.500 n.d. 240 Pop. par OP n.d. 14.000 GMP:200/ 1.200 GVC: 1500 Adhésions en % du n.d. n.d. 25 % 50 % potentiel Aff.directe pour moins de 5 % 10 % environ moins de 5 % 10 % environ établissement OP en % budget total projet (approx.) Personnel projet pour établissement OP Sociologues 2 1 2 1 Agents dév. commu- aucun 5 (14 programmés) 6 10 (alphab.) nautaire Agents (femmes) 1 1 aucune 1 Sécurité alimentaire Thèmes prod. lait et quelques-uns quelques-uns quelques-uns plusieurs viande Prêt de détresse aucun aucun aucun aucun pour sécurité ali- mentaire Banque céréalières/ quelques-unes aucune quelques-unes aucune magasins coop. Sécurité et gestion eau Disponb. eau satisfaisante inadéquate inadéq./satisf. inadéq./satisf. Droits à l'eau (puits non résolus non résolus résolus en partie non résolus OP) Comités de gestion quelques-uns non démarrés pour tous puits OP qq.-uns pour forages de l'eau seulement 14 Encadré (suite) Mali Mauritanie Niger Sénégal Séc. & gestion des terres Délimit. géogr. incomplète terminée incomplète terminée Droits fonciers non résolus non résolus non résolus résolus (processus lancé) Thème pâtur. projet non lancé non lancé non lancé opérationnel Gestion des parcours Sensibilisation élevée élevée élevée élevée Gestion pâturages inadéquate inadéquate inadéquate rel. satisfaisante Entret. pare-feux inadéquat inadéquat non (formation) inadéquat Protection arbres oui (inadéq.) oui (inadéq.) non (formation) oui (inadéquate) Plantation d'arbres non non non oui (inadéquate) Stabilis. des dunes non un peu un peu par le projet s.o. Propriété des troupeaux Prop. absentéistes élevée (80 % ?) élevée (40 % ?) moyenne/élevée ? faible? Bouviers salariés nombreux ? nombreux ? moy./nombreux ? peu nombreux ? Reconst. crédit non non oui (inadéquate) non Services de crédit Disponibilité faible faible faible faible Gestion n.d. lancée récemment remboursement remboursement nature relativement 60-90% Serv. santé animale élevé Personnel SA 212 n.d. 34 21 Auxiliaires OP aucun 14 (d'autres en 81 140 formation) Prestations de inadéquates inadéquates inadéquates inadéquates commercialisation Programme d'alphabétisation Compos. du projet oui (inadéq.) 0 (non program.) oui (inadéquate) oui (10% pop. globale) Programme inadéquat inadéquat aucun inadéquat national 15 Encadré (suite) Mali Mauritanie Niger Sénégal Santé publique Compos. du projet oui (inadéquate) aucune oui (inadéquate) aucune (non programmée) (non programmée) Progr. national inadéquat inadéquat aucun inadéquat Formation en aucune programmée inadéquate inadéquate gestion Particip. des aucune aucune aucune aucune femmes Compétences prof. Alphabétisation faible moyenne faible faible GRN faible moyenne moyenne moyenne/élevée Gestion faible faible faible faible/moyenne économique Résolution disputes faible moyenne faible/moyenne moyenne Prom. intérêts past. faible élevée faible/moyenne moyenne Viabilité économique Génér. revenus faible faible faible faible Dépend. extérieure élevée élevée élevée élevée s.o.: sans objet n.d. données non disponibles AP: Association pastorale UP: Unité pastorale GIE Groupement d'intérêt économique GMP: Groupement mutualiste pastoral GVC: Groupement à vocation coopérative CP: Centre pastoral Source: Données de la Banque mondiale 16 r -- - >1) C: '- 1_ 1 L f= ' 'vs 1tt'~ ~ -_ P *~~~\ _ Pharmacie véérnar r n soito atrl nMuiai -1 flr~~~~~~~~~~~~~~~~1 3. Les expériences de renforcement des institutions pastorales Ce chapitre décrit les expériences des qua- deuxième phase du projet, appelée Projet de tre pays étudiés dans l'établissement d'or- développement de la région de Mopti ganisations pastorales, sur la base des (1985-91) comprenait à la fois une compo- facteurs clés définis dans l'analyse sante d'élevage et une composante d'agri- présentée au Chapitre 2. culture, et avait pour objectif d'intégrer la Les critères d'établissement d'orga- production animale dans la production agri- nisations pastorales et de gestion des res- cole. Celle-ci était restreinte à la monocultu- sources naturelles comprennent bon nombre re du riz dans le delta du fleuve Niger, sous d'éléments communs aux quatre pays. Tou- la responsabilité d'une agence séparée, tefois, les pays ont adopté des approches dif- l'ORM (Opération Riz Mopti), relevant du férentes selon le rôle que joue le gouverne- ministère de l'Agriculture. ment, l'importance relative donnée au Dans son ensemble, le projet devait développement des OP, la qualité des activi- toucher quelque 100.000 familles de pas- tés de gestion des projets et un grand nom- teurs dans une région de 95 000 k, peu- bre d'autres éléments. plée en grande partie de Peuls et de Toua- L'encadré récapitule des informa- regs. Ces derniers habitent en général les tions de base et les résultats des projets. parties septentrionales de la zone du projet Le tableau indique les coûts affectés et leurs troupeaux sont composés d'une plus à l'organisation pastorale et à la formation grande proportion de ruminants que ceux par rapport aux autres composantes des pro- des Peuls, une ethnie qui vit principalement jets de développement, à la fois en termes de dans les régions méridionales. On ne trouve dollars E.U. et de pourcentage du budget de chameaux que dans le nord. Durant les global. deux dernières décennies, les structures et institutions traditionnelles ont souffert de Mali l'impact des sécheresses, de l'économie de marché, de la destitution et de la stagnation Sur sollicitation du gouvernement sociale, et des changements spectaculaires malien, la Banque mondiale apporte son qu'a connue la structure de la propriété des concours au développement de l'élevage troupeaux. dans la région de Mopti depuis 1975. Parmi Nombreux sont les éleveurs Peuls et les grands objectifs du Projet d'élevage au Touaregs qui ont perdu leur bétail pendant Mali (1975-84) citons la reconstitution des les sécheresses ou ont été obligés de le ven- troupeaux suite aux pertes dues à la séche- dre à des propriétaires absentéistes (négo- resse de 1972/73 et la rationalisation de l'u- ciants, fonctionnaires, agriculteurs). Bien tilisation des parcours et des ressources en qu'aucune statistique ne soit disponible, les eau. Sous l'égide du ministère de l'Elevage, chercheurs et autres agents familiarisés avec l'agence gouvernementale ODEM a été la zone du projet estiment que ces absentéis- créée en 1975 pour exécuter le projet. La tes détiennent 80 pour cent des troupeaux. 18 On a noté depuis la sécheresse de 1972/73 une surface de 10.000 km2 en pâturage grâ- chez les Touaregs nomades une tendance ce à la participation active de la population. croissante à la sédentarisation autour des Cependant, la capacité de charge du delta est points d'eau permanents et à l'agriculture en considérablement dépassée - d'où le sur- grande partie de subsistance. La majorité pâturage et la diminution des superficies de des familles Touaregs tombées dans la misè- parcours. L'importance du delta pour soute- re en raison de la sécheresse et de la dépos- nir le pastoralisme, le fort potentiel de cette session ont été témoins du départ de leurs région pour l'agriculture et la pêche, et les esclaves Bella vers le delta et autres régions conflits d'intérêt qui s'ensuivent sont des in- du pays pour s'y établir comme cultivateurs dicateurs solides du besoin d'adopter une ou chercher un travail rémunéré. Les Toua- démarche intégrée plus efficace de gestion regs eux-mêmes sont devenus des salariés des ressources du delta. consommateurs de céréales au lieu du lait et , de la viande qui constituaient leur nourriture traditionnelle. Bon nombre d'anciens escla- Au Mali, le processus d'établisse- ves dans la hiérarchie Peul, les Rimaibe, ment des OP a débuté en 1985 lors de l'exé- sont aujourd'hui des agriculteurs progres- cution de la deuxième phase du projet d'éle- sistes dans le delta et on les compte parmi vage, un projet qui avait pour objectif les propriétaires de bétail absentéistes qui se l'utilisation rationnelle des ressources à tra- font de plus en plus nombreux. Ces impor- vers la mise en place d'OP jouissant des tants changements influent sur la formation droits et de l'assistance nécessaires pour d'institutions pastorales. On remarque ce mener à bien la gestion de leurs terres et de même scénario dans les autres pays. leurs ressources en eau. Au Mali, le delta du Niger joue un Le projet couvrait deux types d'or- rôle vital dans le maintien du pastoralisme, ganisations pastorales: les coopératives notamment dans la zone du projet, car il as- pastorales (CP) et les associations pastorales sure le pâturage de saison sèche pendant (AP). Les coopératives, créées dans le cadre plusieurs mois de l'année. Le delta intérieur de la Loi des coopératives, sont plus ancien- couvre 18.000 km2 et sa population de nes que les associations. Leurs activités 20.000 habitants comprend plusieurs grou- étant uniquement l'embouche et la commer- pes ethniques. cialisation des animaux, elles n'ont jamais Les Peuls, qui sont par tradition des été définies en termes de superficie des par- éleveurs, prédominent et leurs chefs, les cours ou de ressources en eau. Quant aux as- Jooros, contrôlent les parcours bourgou les sociations pastorales parrainées par le pro- plus importants. Les éleveurs Peuls et Toua- jet, elles ont été créées sur une base de regs arrivent dans le delta avec leurs trou- superficie et de points d'eau, et peuvent en- peaux en octobre-novembre et en repartent treprendre les mêmes activités que les CP. en mai-juin quand commence la saison des Le présent document n'examine que les AP pluies. Alors que l'expansion de l'agricultu- du fait que dans le delta du Niger il n'existe re se fait aux dépens des zones de pâturages, aucune OP parrainée par des projets. le cheptel se régénère régulièrement après la Lorsque l'ODEM a été établie en sécheresse ainsi que sous l'impact des servi- 1975 en vue d'exécuter le projet de dévelop- ces de santé animale dans la zone du projet. pement de l'élevage, on s'attendait à ce que D'autre part, les dons accordés au projet ont le gouvernement lui confère l'autorité d'ad- permis de développer les connaissances judication des conflits sur l'utilisation de la techniques dans le domaine de la régénéra- terre et autres ressources. L'une de ses tâ- tion des pâturages bourgou et de remettre ches consistait à sensibiliser les pasteurs et à 19 les grouper en organisations pastorales. A dans le but d'organiser et de former les pas- l'origine cependant, d'après un sociologue teurs. De plus, aucun des agents de l'ODEM de l'ODEM, le concept envisageait l'organi- n'était capable de converser dans les diver- sation d'OP à trois niveaux, en commençant ses langues des pasteurs. sur le plan local avec des groupes volontai- Non seulement le gouvernement n'a res de 10 familles chacun, puis la réunion de conféré à l'ODEM aucune autorité en matiè- plusieurs groupes en cellule pastorale, et en- re de droits fonciers et d'affaires administra- fin celle de plusieurs cellules en association tives, mais il a également failli à son enga- pastorale ou unité pastorale (UP). Le princi- gement de fournir des fonds de contrepartie pe consistait à laisser aux pasteurs l'initiati- adéquats en temps opportun ainsi que les véhi- ve de former des groupes volontaires alors cules nécessaires pour les activités de terrain. que l'ODEM se chargerait d'encourager le A la fin des années 90, on comptait 35 processus en sensibilisant la population pas- associations pastorales comprenant au total torale au besoin de s'organiser; ensuite l'O- près de 3.000 membres (aucune femme), soit DEM devait jouer un rôle plus actif consis- 3 pour cent des 100.000 familles pastorales tant à formaliser les AP et à leur conférer des bénéficiaires ciblées. Presque toute la popula- droits à l'eau et à la terre. La mobilisation des tion cible se trouve en fait en dehors de la pasteurs ne s'est pas produite dans ce sens. structure formelle des associations pastorales. Aucune OP n'a été formalisée avant 1980. La délimitation des AP n'est pas en- Cette lente progression était due en core terminée et bon nombre d'entre elles ne grande partie au changement par l'ODEM connaissent pas les limites de leur associa- du concept d'origine portant sur l'établisse- tion. Sur les cinq AP visitées, seulement ment d'OP avant la construction des points deux ont pu identifier leurs frontières, les d'eau, aux motifs que des avantages préco- trois autres n'ayant qu'une idée très vague ces motiveraient les pasteurs à former des or- de leur territoire. En fonction de la durée du ganisations pastorales. Cette orientation projet, les résultats de développement des ignorait l'idée de lancer d'abord la mobilisa- OP sont peu impressionnants par rapport à tion des pasteurs et de les considérer comme la performance de l'ODEM en santé anima- des partenaires actifs de l'ODEM lors des le et reconstitution des troupeaux. prises de décision sur l'emplacement des Reconstitution des troupeaux. La points d'eau permanents. Des problèmes reconstitution réussie des troupeaux s'est techniques et logistiques de construction des accompagnée de changements spectaculai- puits et des forages sont alors apparus en rai- res dans la structure de propriété du fait de son de l'absence de données hydrologiques la dépossession des pasteurs de leurs ani- fiables, de l'identification non appropriée maux par des éleveurs plus riches et autres des emplacements dans les zones agricoles, entités non pastorales comme les négo- de l'augmentation rapide des coûts, et des ciants, les agriculteurs et les fonctionnaires. goulots d'étranglement administratifs. Le grand nombre de destitués et de proprié- D'autre part, les agents de terrain de taires de bétail absentéistes est un obstacle l'ODEM étant pour la plupart des spécialis- certain à l'établissement d'institutions pasto- tes de la santé animale, ils ne possédaient rales et à la gestion des ressources naturelles. pas les connaissances nécessaires pour aider La sécurité alimentaire les pasteurs à s'organiser par leurs propres moyens. Deux sociologues aidés de 13 La majorité des éleveurs sont main- agents sont affectés au siège à Mopti, mais tenant tributaires en tout ou partie d'une aucune affectation permanente d'un person- rémunération. Théoriquement, il existe trois nel de terrain compétent n'a eu lieu au site moyens d'augmenter leurs avoirs. L'un con- 20 siste à reconstituer leurs propres troupeaux à sociation pastorale de Kita et autres AP ont un niveau assurant au moins la subsistance tenté d'établir leurs banques céréalières en du ménage - mais pour ce faire, il leur faut cultivant en collectivité l'une et l'autre cinq du crédit et celui-ci n'est actuellement pas kilomètres carrés de céréales. Toutefois, les disponible. Un autre moyen est de faire en cultures des deux dernières années ont été sorte que les employeurs augmentent les sa- entièrement dévastées par les parasites qui laires en nature ou en espèces - ce qui obli- menacent constamment la production végé- gerait les OP à jouer un rôle de syndicat, ce tale. Ces AP nourrissent maintenant l'espoir qu'elles ne peuvent pas faire. Enfin, un ap- d'obtenir une aide alimentaire des sociétés pui aux éleveurs pour accroître leur produc- de bienfaisance. Ce problème de parasite est tion vivrière se traduirait par une production aggravé par un autre facteur de risque consi- accrue soumise aux risques que posent le dérable, à savoir les pluies faibles et incer- climat et les parasites. Ainsi, pour être via- taines dont souffre la production céréalière ble, toute démarche de sécurité alimentaire sur les plateaux. doit tenir compte de ces trois aspects. L'ODEM n'encourage pas la pro- La sécurité alimentaire semble plus duction vivrière sur les plateaux. Un officiel précaire dans la région de Méma où bon a déclaré que les Touaregs devraient s'adon- nombre de familles ne possèdent pas de bé- ner uniquement au pastoralisme pur, et les tail. Il existe là un arrangement qui semble Touaregs ont répondu qu'ils n'avaient pas réussir, à savoir un échange d'eau pour du assez d'animaux. Un de leurs chefs a dit: lait avec les éleveurs transhumants. Ceux-ci « Notre sédentarisation a été comme un at- confient quelques vaches aux AP et ces terrissage forcé. Les sécheresses nous ont associations distribuent le lait à leurs obligés à nous fixer dans un endroit et nous membres. estimons que l'agro-pastoralisme comporte Les banques céréalières. Les pas- moins de risques que le pastoralisme pur.» teurs estiment que le prix à la production du Dans la conjoncture actuelle, marquée par la bétail est bas, d'où leur faible pouvoir d'a- menace des parasites, l'agriculture sur les chat pendant la saison sèche; cette situation plateaux comporte deux fois plus de risques. est aggravée par la nature dynamique des Une ONG a mobilisé des agro- termes de l'échange. Bien que le concept de pasteurs dans la région de Duenza afin d'é- banques céréalières ait fait poids dans la tablir et de gérer efficacement des banques zone du projet comme instruments d'achat céréalières. Un effectif de 12 personnes opè- de fourrage et d'amélioration de la sécurité rent ce thème qui couvre 70 villages. Des alimentaire, et qu'elles soient opérationnel- capitaux sont prêtés aux associations villa- les, bon nombre d'associations pastorales en geoises pour acheter du grain et constituer sont encore dépourvues. L'obstacle princi- des banques céréalières juste après les récol- pal est l'absence d'un fonds de roulement, tes, c'est-à-dire quand les prix sont bas. Les ce qui reflète les difficultés d'accès des AP céréales sont vendues pendant la saison sè- aux prêts institutionnels ainsi que leurs pro- che à un prix en-deçà du cours du marché pres insuffisances. Dans quelques AP les mais comprenant une petite marge de béné- 'oanques de céréales bénéficient du soutien fice. L'anthropologue expatrié responsable d'ONG et du World Food Program. La Ban- du projet déclare: « Maintenant, les bénéfi- que nationale de développement agricole ces sont substantiels. Les frais étant peu éle- (BNDA) a accordé des prêts à deux AP vés, elles peuvent vendre à un prix raisonna- (Kita et Karawassa) dans le but d'établir des ble tout en réalisant un profit. Les banques banques céréalières et des ranches d'embou- céréalières peuvent démarrer grâce à une che du bétail. Dans la région de Méma, l'as- subvention initiale modeste et sont peut-être 21 animaux à une station vétérinaire. Il est ma- occupés dans leurs champs. Il n'existe nifeste que l'ODEM n'a pas utilisé la santé aucun arrangement institutionnel pour pro- animale comme un outil de ralliement pour mouvoir l'exportation du bétail. Les AP se- développer les organisations pastorales. La raient en mesure de protéger les intérêts des distribution des médicaments relève des pasteurs si elles étaient dotées, sur le plan ré- pharmacies privées et des vétérinaires sur le gional ou dans le cadre des projets, de servi- terrain. La participation des AP à la gestion ces de promotion de la commercialisation du des services de santé animale est marginale et bétail destiné aux marchés intérieurs et aux il n'existe aucun plan de mise en place de marchés d'exportation. Toutefois, aucun ser- fonds de roulement dans les AP pour la four- vice de promotion des exportations ne peut niture de médicaments vétérinaires et la géné- jouer un rôle effectif pour contrecarrer la ration de revenus nets pour ces associations. baisse des prix à l'exportation causée par le L'alphabétisme. Les cinq AP visi- dumping de viande à bon marché dans la ré- tées continuent les programmes d'alphabéti- gion par les pays de la Communauté sation lancés en 1988/89. La participation, à européenne. prédominance masculine, est modeste et ir- Leadership et gestion régulière. L'alphabétisation parmi les chefs d'AP est faible et 25 pour cent en moyenne Toutes les AP sont dominées par des des membres des AP sont alphabétisés. Le chefs traditionnels et les membres de leur programme d'alphabétisation est très utile et famille proche. Si cette situation est inévita- doit être non seulement soutenu mais aussi ble durant les premières phases, elle n'est élargi à d'autres segments de la population pas nécessairement indésirable si les chefs pastorale. possèdent l'imagination, les compétences et La commercialisation. Les pas- la détermination de relever les nouveaux dé- teurs sont pour l'instant entièrement tribu- fis organisationnels et d'examiner en détail taires des intermédiaires du secteur privé les besoins des pasteurs. En l'absence d'un pour l'achat et la commercialisation du bé- programme ODEM visant à développer sys- tail dont le prix fluctue selon les saisons. La tématiquement les nouvelles compétences demande provient principalement des fer- techniques et d'animation, les compétences miers locaux, des fermiers-négociants, de la de leadership dépendent de la capacité et de fonction publique, et des négociants en bé- la détermination des chefs traditionnels. tail sur le plan national et régional. La majo- Toutefois, seuls quelques-uns possèdent rité des ventes de bétail se situent pendant la déjà les connaissances et la confiance en soi saison chaude, malgré les prix bas, car c'est nécessaires pour mener les actions à bien. à ce moment-là que les pasteurs ont besoin Sur les cinq AP étudiées, deux seulement de céréales (Swift 1985). En revanche et étaient gérées par des présidents possédant bien que le prix du bétail soit plus élevé pen- une éducation, une confiance et une motiva- dant la saison des pluies, les ventes de bétail tion suffisantes pour leur permettre de bien sont relativement peu nombreuses du fait jouer leur rôle. Cependant on remarque dans que les besoins monétaires des pasteurs ne l'entourage de ces deux présidents un man- sont pas urgents quand ils peuvent ajouter que de connaissances techniques de base en du lait frais à leur régime alimentaire de cé- gestion des ressources naturelles, comme la réales. De plus, pendant la saison des pluies, construction de pare-feux et la conservation bon nombre d'éleveurs s'adonnent à la cul- des arbres, ou dans le domaine du droit, des ture de céréales et de légumes sur de petites affaires de l'ODEM et de l'Etat, ou de la parcelles, et les acheteurs potentiels comme gestion financière. L'absence d'un noyau les fermiers-négociants sont également très dur de membres possédant de telles connais- 24 sances peut se traduire par un manque de dans l'établissement d'OP sont les suivan- confiance en soi pour lancer les activités de tes: a) nombre insuffisant d'agents de ter- GRN et de génération de nouveaux revenus. rain compétents et motivés pour animer et Les besoins de formation en gestion sont in- organiser les bénéficiaires cibles; b) man- discutables et le faible taux d'alphabétisa- que de suivi et d'examen du processus d'é- tion est l'obstacle principal . Ainsi, les chefs tablissement des OP dès les premières éta- traditionnels continuent d'assumer le pou- pes, et de prise en compte de problèmes tels voir, quelles que soient leurs compétences et que les droits des éleveurs et la sécurité ali- leur contribution aux progrès des AP. Il con- mentaire - ce qui reflète peut-être l'absen- viendrait que l'ODEM s'engage à promou- ce d'idées novatrices au niveau de la direc- voir le développement d'une autre équipe de tion du projet; c) absence de liens leaders par le biais d'un programme intensif institutionnels entre les AP des plateaux et, d'alphabétisation et de formation en le cas échéant, les établissements de con- gestion. trepartie dans le delta du Niger; d) échec du La viabilité économique gouvernement quant à la délégation de pouvoirs à l'ODEM concernant l'octroi des La seule activité génératrice de reve- droits fonciers et l'adjudication des conflits nus notée dans toutes les AP est la collecte d'utsiisation dess con- d'utililsation de s sols s-le mimlistère c on- de charges pour l'utilisation d'eau. Aucune cerné s'opposait à ce que l'ODEM entre- des AP n'a mentionné l'accumulation de re- prenne des activités autres que celles d'or- venus excédentaires. Toutes les AP n'exi- dre vétérinaire; e) échec du gouverement gent pas une cotisation et il n'existe aucune s'agissant d'honorer ses autres engage- procédure standard d'adhésion. Certaines ments envers les projets (déblocage oppor- AP imposent une cotisation, mais les taxes tun des fonds de contrepartie et achat de sur les animaux levées par les chefs tradi- véhicules pour les services de terrain); et f) tionnels (qui sont aussi les chefs des AP) sont versées dans les coffres du Trésor Les absence de supervision appropriée, par des AP ne sont pas autorisées à collecter des experts sur le terrain, de l'établissement AP ne sont pasautoriséesàcollecterdes des OP et des activités de GRN. taxes ni à s'octroyer une partie des taxes im- posées aux membres et collectées par les Cette cononcture rend indispensa- chefs. En général, l'absence de revenus rend ble l'examen approfondi des compétences la viabilité économique des AP très fragile. du personnel de l'ODEM face au défi que L'absence d'activités génératrices de reve- pose l'établissement d'institutions pastora- nus entraîne la non viabilité économique les assurant la GRN, du rôle du gouverne- qui, à son tour, rend impossible le démarra- ment dans la mise en place d'un cadre juri- ge de nouvelles activités. Il faut donc trou- dique de régime foncier communal et des ver des moyens de sortir de cet engrenage. droits à l'eau, et l'apport des ressources né- Parmi ces moyens, citons la gestion amélio- cessaires pour soutenir le développement rée des points d'eau afin de générer des re- des OP dans le long terme. Il serait utile que venus, l'imposition plus uniforme des coti- le gouvernement prenne des mesures ap- sations d'adhésion, une mobilisation plus propriées pour renforcer l'éducation des active des membres, et des instruments de adultes et les centres de santé publique dans crédit pour fonds de roulement afin de finan- les régions pastorales. Il conviendrait éga- cer des activités nouvelles et rentables. lement d'analyser la question de la proprié- té du bétail par des absentéistes, non seule- ment pour assurer la justice sociale mais Apparemment, les causes de l'é- aussi pour faciliter la gestion des ressources chec du projet quant au manque de progrès naturelles. 25 Mauritanie points d'eau permanents et des oasis, ce qui explique la tendance à l'agro-pastoralisme Au Premier projet d'élevage (1971- dans les zones rurales et péri-urbaines. 79) a succédé le Second projet d'élevage Alors que les pasteurs nomades représen- (1987-92) dont les résultats sont à l'analyse. taient 60 pour cent de la population totale Les objectifs majeurs de ce second projet dans les années 60, ils ne comptent plus étaient de ralentir la détérioration des par- aujourd'hui que pour 10 pour cent (Bonte, cours, de promouvoir la productivité en con- entretien personnel). fiant aux groupements de pasteurs (associa- Autour des nouveaux campements tions pastorales-AP) la responsabilité de de pasteurs, les problèmes de surpâturage, gérer l'utilisation des pâturages, et de four- de destruction des arbres et de dégradation nir de meilleurs services et facteurs de pro- des sols s'aggravent. La détérioration des duction. Des réformes institutionnelles et ressources est importante dans la zone du structurelles étaient incluses dans le projet projet, mais elle est encore plus prononcée et celui-ci devait également établir 15 AP dans les régions plus peuplées du sud-ouest et pilotes. à l'intérieur du pays jusqu'à Nouakchott. Les principaux bénéficiaires du pro- Autour de Mederdra et de Rosso, et le long de jet sont les quelque 180.000 Maures et quel- la route côtière menant à Nouakchott, les du- ques Peuls qui pratiquent l'agro-élevage sur nes se déplacent et ensablent parfois les 130.000 km2 dans les provinces de Trarza, camps et les champs cultivés. Brakna et Gorgol et dans les régions méri- Par ailleurs, confronté à une sévère dionales de la Mauritanie. crise économique, le gouvernement a adop- Les organisations territoriales tradi- té une politique de privatisation du secteur tionnelles des Maures sont formées selon les de l'élevage encourageant les particuliers et lignées ou les classes. Les membres d'un les institutions (OP) a assumer une plus groupe donné confèrent les droits au pâtura- grande part de la responsabilité des activités ge sur le territoire du groupe. Traditionnel- de développement du secteur. La question lement, les groupes dominants excluaient de l'établissement d'institutions pastorales a les autres groupes ou leur imposaient un tri- donc pris de l'ampleur à tous les niveaux. but pour l'accès aux pâturages (Swift 1988). Ainsi l'occasion se présente pour les organi- On distingue plusieurs castes dans la struc- sations pastorales d'élargir leur responsabili- ture des sociétés maures qui, selon la tradi- té en gestion des ressources naturelles et, en tion, avaient des « domestiques ». Les Peuls même temps, d'affermir leurs droits à la terre sont arrivés plus tard dans la région et ne et à l'eau, et de participer à la privatisation jouissaient pas de droits traditionnels à la des services de santé animale en établissant terre; leurs structures sont moins hiérarchi- leurs propres pharmacies et autres services. sées que celles des Maures. Bien que les L'établissement et la mobilisation des 0F systèmes traditionnels se soient détériorés pendant les deux dernières décennies, ils dé- Le projet a été lancé en 1987 et, à terminent encore la structure d'ensemble de janvier 1988, les premières associations la répartition géographique des groupes de pastorales avaient été identifiées en se réfé- pasteurs et agro-pasteurs dans la zone du rant aux données socio-économiques et projet. environnementales. La structure de ces as- Pendant les sécheresses des années sociations reflétait en partie celle des organi- 70 et 80, plusieurs centaines de milliers de sations traditionnelles et en partie celle des pasteurs ont migré vers les grandes villes ou nouvelles organisations. Sur une période le Sénégal - ou se sont établis autour des d'un an, le personnel chargé de l'étude a 26 passé 20 jours à visiter tous les villages et tion effective des pasteurs. Le territoire cou- camps, à choisir les délégués villageois, et à vert par chaque AP étant immense (2500 convoquer tous les délégués à une assem- km2), les communications d'un village à blée générale pour l'élection d'un conseil l'autre sont difficiles. De plus, la population d'administration dans chaque AP. Le modè- de chaque AP est trop élevée (de 3000 à le d'OP choisi comporte deux niveaux, le 25.000 habitants, soit une moyenne de plus bas étant l'OP de village ou de camp 13.700) pour envisager une participation sa- comprenant des groupes de 10 à 20 familles. tisfaisante des membres dans les prises de Un comité de gestion est élu pour chaque décision. OP villageoise. L'AP moyenne couvre 50 Malgré la détermination de l'équipe villages, soit 2500 km2 et une population de du projet de mener la démarche à bien, cel- 14.000 habitants environ. Le nombre moyen le-ci avait été conçue en cascade et les pre- de têtes d'animaux par AP est de 12.500 bo- miers groupes mobilisés ont été les chefs vins, 36.000 ovins, 5000 chameaux et 4000 traditioffnels et, dans certains cas, quelques chevaux et ânes. jeunes hommes plus instruits de leur entou- L'exécution de la composante AP a rage. Il aurait fallu apporter une attention progressé plus rapidement que prévu. En plus pointue aux villages ou aux camps en deux ans ont été établies 14 des 15 AP envi- tant que pierre angulaire du montage de sagées. Parmi les raisons de cet élan, citons l'AP. L'équipe du projet est maintenant une démarche bien définie, le recrutement consciente de cet aspect et le village reçoit rapide d'un personnel compétent, une assis- une grande attention pendant la phase de tance technique appropriée, une équipe du conception des approches. projet laborieuse et solidement épaulée par Quelques-unes des AP considérées la direction du projet, et l'à-propos de l'in- comme étant trop grandes ont été divisées tervention. Lésés dans leurs intérêts pendant en deux. Les limites des AP ont également les sécheresses, les pasteurs ont peu à peu été ajustées de façon à calquer les limites ad- pris conscience de la nature fragile de leur ministratives - bien que selon Bonte qui a environnement et de leurs systèmes de pro- participé activement aux travaux des OP du duction, ainsi que du besoin d'un meilleur projet en tant que consultant, il ait été diffi- accès aux services offerts par le gouverne- cile de délimiter les territoires en raison de ment. Les chefs compétents et relativement certains liens familiaux très étroits (entre- instruits des institutions pastorales existan- tien personnel). Il importe de résoudre la tes estiment que les AP peuvent être des question de la taille optimale d'une AP. outils importants de renforcement de leurs Alors qu'une grande AP, en termes de surfa- propres positions et de celle des pasteurs en ce et de population, est peut-être nécessaire général à l'égard du gouvernement. Une en- pour assurer la gestion efficace des par- tente solide existe entre le gouvernement cours, elle peut être moins performante en d'une part et les pasteurs et leurs chefs gestion des points d'eau, fourniture du cré- d'autre part en ce qui concerne les services dit, affaires économiques, et réalisation des que l'Etat peut effectivement offrir à leurs programmes de formation et d'alphabétisa- organisations. tion, aspects plus faciles à traiter par l'unité Des problèmes sont cependant appa- villageoise. rus au cours de l'établissement des AP : la On note d'autres problèmes d'exé- mise en place d'une AP en 20 jours n'a lais- cution affectant, ou susceptibles d'affecter, sé que quelques heures pour des réunions et la progression du projet: discussions dans chaque village - laps de * La gestion financière quotidienne du temps trop court pour obtenir la participa- Bureau d'intrants d'élevage (BIE), 27 agence responsable de la distribution tion, de vulgarisation et d'échange des com- du crédit et de la vente des médica- pétences locales en production agricole, ments vétérinaires aux AP. sylvicole et pastorale. * Des retards dans les appels d'offres et La sécurité et la gestion des ressources la passation des marchés de véhicules Loctroi du prêt pour le Second et dans les composantes de développe- projet d'élevage était assujetti à une clause ment des points d'eau. stipulant que le gouvernement accorderait * Des retards dans le financement gou- aux AP des droits d'usufruit aux parcours. vernemental des services de l'élevage, Le ministère de l'Intérieur (entité concer- qui ont créé des problèmes de liquidité née) a attendu jusqu'au 14 août 1990 pour au niveau du projet et freiné ses opéra- publier une circulaire reconnaissant le droit tions quotidiennes. des AP de gérer les parcours et leur accor- * Des retards dans l'affectation des nou- 'dant des droits prioritaires aux ressources veaux agents de vulgarisation sur le d'eau et de pâturage sur leurs territoires res- terrain. pectifs. Les présidents des AP étudiées ont exprimé leur mécontentement quant au re- La sécurité alimentaire tard, et bien qu'ils reconnaissent l'aspect La sécurité alimentaire des pasteurs positif de la publication de cette circulaire dans la zone du projet s'est détériorée consi- en tant que première étape de réforme, ils in- dérablement pendant les années de séche- sistent pour que chaque AP soit gouvernée resse en raison de la perte et de la déposses- par des textes réglementaires additionnels sion d'animaux. Bien que le projet vise à afin de lui donner pleine autorité en matière améliorer la gestion et la commercialisation d'utilisation des sols. des troupeaux, il pourrait également appor- La pénurie d'eau représente un obs- ter son concours à leur reconstitution en of- tacle majeur au développement des ressour- frant du crédit, mais il ne l'a pas encore fait. ces humaines et de l'élevage dans la zone du Malgré tout, l'établissement des AP a amé- projet. Ainsi de grands parcours autour de lioré, dans une certaine mesure, la sécurité Bassikounou par exemple n'ont aucun point alimentaire en fournissant du crédit pour des d'eau et demeurent inutilisés. La disponibi- fonds de roulement en faveur des unités de lité d'eau varie d'un endroit à l'autre du pro- production de lait et de viande, de jardins jet: l'AP de Monguel a 560 puits et 830 potagers et de produits alimentaires de base étangs cadastrés, alors que pour Mederdra comme le sucre. Toutefois, ces activités sont les chiffres sont respectivement 36 et 6, le peu répandues et n'ont qu'un impact très nombre moyen de puits par AP se situant en- modeste. En revanche, les activités agrico- tre 250 et 300. La stratégie du projet est de les autour des étangs, des oasis et des nou- doter chaque AP d'un nouveau puits et d'as- veaux camps prennent de l'importance dans surer la réfection de quatre puits. Les puits l'économie locale, bien qu'elles souffrent de sont privés, publics ou communaux. Du fait pluies faibles et incertaines. Le projet fait que le développement de points d'eau cons- face à l'immense défi que représente la pro- tituait une grande composante du Premier motion de l'intégration fonctionnelle de la projet d'élevage (1971-79), de nombreux culture et de l'élevage, et de la production et puits publics ont été construits et restaurés de la gestion des arbres, dans un contexte de pendant cette période, mais comme dans les mesures de récupération et de conservation autres projets, ils ont, en raison de leur accès de l'eau. Les AP et les OP villageoises pour- libre, contribué à l'utilisation incontrôlée raient devenir des centres locaux de forma- des parcours environnants. Ainsi, ce type 28 d'expansion des points d'eau a un impact meure un problème sérieux qui a des ramifi- négatif très marqué sur la gestion des cations locales et régionales. Si l'établisse- parcours. ment des OP a eu pour résultat initial majeur Cette conjoncture défavorable a une plus grande prise de conscience de l'en- mené le Second projet à adopter une démar- vironnement chez les pasteurs et les chefs che différente. Seules les AP reconnues lé- d'AP, encore faut-il que cette conscientisa- galement auraient droit à l'utilisation des tion impressionnante se traduise par une ac- puits, et les AP et OP villageoises établi- tion en termes de plans de gestion des par- raient des comités de gestion responsables cours ou de thèmes d'utilisation des de la gestion des puits. La gestion effective pâturages. Des mécanismes de prévention des parcours repose sur un système de ges- de l'abattage des arbres et de lutte effective tion des puits formellement organisé. Les contre les feux de brousse ont été mis en pla- AP doivent contribuer, en nature ou en espè- ce dans certaines AP autour des centres vil- ces, 10 pour cent des coûts financiers pour le lageois, mais non sur toute la surface cou- développement des points d'eau. Le gouver- verte par une AP. Les nombreux pare-feux nement permet également aux OP d'assurer construits pendant les années 70 n'ont pas la gestion des puits et forages publics. En été entretenus. raison du grand retard encouru dans le lan- Apparemment, le texte de la circu- cement de la composante de développement laire du 14 août va à l'encontre de l'interpré- d'eau du projet, on ne connaît pas encore le tation générale de la loi islamique (shari'a). niveau de performance des nouveaux comi- Selon les termes de la circulaire, les AP ont tés de gestion. le droit de refuser l'accès des parcours de La détérioration de l'environnement l'AP aux non membres quand les pâturages et les conflits relatifs à l'utilisation des sols deviennent rares et sont surexploités. Mais sont de plus en plus notables dans la zone du la loi islamique et les coutumes locales ren- projet et aux alentours. Les disputes entre dront cette action difficile car seule la régle- pasteurs et cultivateurs quant à l'utilisation mentation locale peut conférer aux chefs des des terres, et l'introduction de nouvelles lois OP locales le pouvoir d'imposer un certain foncières, ont provoqué les récents conflits contrôle quant au pâturage, par exemple par notés dans la vallée du Sénégal qui ont mené les troupeaux des propriétaires absentéistes. à la ferrneture des frontières entre ce pays et Au cours de l'étude on a remarqué la Mauritanie. A l'intérieur de 1'AP, on ne plusieurs projets de plantation d'arbres et distingue aucune limite clairement définie quelques tentatives de stabilisation des du- entre les zones agricoles et les pâturages. nes, mais ils ont remporté peu de succès. La Bien que la loi nationale exige que les culti- restauration des anciens pare-feux et la créa- vateurs surveillent leurs champs pendant le tion de nouveaux pare-feux exigent planifi- jour et que les pasteurs surveillent leurs ani- cation, main-d'oeuvre et matériaux. A l'heu- maux la nuit, les conflits sont encore fré- re actuelle les AP ne possèdent pas de quents pendant les périodes de pénurie de ressources financières suffisantes pour assurer pâturages. Les disputes qui ne peuvent être de tels travaux. Les nouvelles activités de résolues au niveau des AP sont transmises GRN doivent être décidées sur la base d'une au ministère de l'Elevage et aux autorités évaluation soigneuse coûts-avantages et mises gouvernementales locales. en place avec la participation des bénéficiaires. La meilleure pluviométrie qui a mar- qué les quelques dernières années explique La propriété des troupeaux la régénération végétale de certaines zones, Tant les pasteurs maures que les mais la dégradation de l'environnement de- pasteurs peuls ont perdu une grande partie 29 de leurs troupeaux lors des ventes de fisantes et de l'éloignement des stations. détresse à des propriétaires absentéistes. On Conformément à la nouvelle politique de estime que 40 pour cent du bétail dans la privatisation, plusieurs pharmacies vétéri- zone du projet appartiennent à ce type de naires du secteur privé ont ouvert des bran- propriétaires. Ni le gouvernement maurita- ches dans la plupart des villes, mais leur nien ni la direction du projet ne semble nombre demeure très modeste dans les zo- reconnaître l'impact énorme que peut avoir nes rurales. L'un des grands avantages de la dépossession des pasteurs de leurs ani- l'adhésion à une AP est l'accès aux maux sur la sécurité socio-économique des magasins de médicaments vétérinaires de ménages pastoraux, ni les effets de l'intensi- l'association. fication de la propriété du bétail par des ab- C'est grâce à des fonds de roulement sentéistes sur la GRN et l'établissement que des magasins de médicaments vétérinai- d'institutions pastorales. On retrouve en res ont ouvert leurs portes dans neuf des Mauritanie bon nombre des problèmes notés quatorze associations pastorales. Les mem- au cours de l'étude au Mali. bres du conseil de l'AP et les délégués villa- L'abolition des impôts sur les ani- geois collectent 100 ouguiya minimum par maux depuis les sécheresses de 1984/85 et personne au titre de la cotisation et de la la levée d'un impôt sur les biens ont donné contribution au fonds de roulement. Aucun un nouvel essor à la propriété in absentia. des présidents d'AP n'a signalé de difficul- Bien des citadins riches préfèrent investir tés à lever ces fonds. Quelques personnes dans l'élevage que dans l'immobilier. En paient des montants considérablement plus Mauritanie, les propriétaires de bétail ab- élevés pour le fonds. Le projet contribue un sentéistes habitent Nouakchott et quelques montant équivalent aux fonds collectés par autres villes et préfèrent que leurs troupeaux les AP pour le premier stock de médica- soient gardés aussi près que possible de la ments vétérinaires. L'AP nomme un maga- ville; par exemple, le gros des troupeaux ap- sinier qui reçoit un petit salaire prélevé sur partenant à des propriétaires habitant les bénéfices de la vente. Jusqu'à mainte- Nouakchott se trouve dans un rayon de 100 nant, les bénéfices ont été faibles en raison kilomètres de la ville. Une telle concentra- des coûts élevés du transport et de la politi- tion de bétail contribue au surpâturage et à que gouvernementale insistant sur l'unifor- l'aggravation des conflits d'utilisation des mité des prix des médicaments vétérinaires terres autour des centres urbains. dans tout le pays. Cependant, les présidents Les services ont réussi à négocier la modification de cette politique et les bénéfices des magasins de La santé animale. Cette composan- médicaments vétérinaires s'amélioreront te principale a permis au projet de mettre en sans doute. Comme ces magasins viennent place un service de santé animale efficace d'ouvrir, il est encore trop tôt pour évaluer basé sur les résultats du Premier projet de l'efficacité de leurs opérations. développement de l'élevage (1971-79). Dans le passé, les prestations de vul- Presque tout le bétail est vacciné pendant la garisation faisaient partie intégrante du ser- campagne de vaccination qui est la tâche vice de santé animale et couvraient principa- principale du ministère de l'Elevage. Les lement les soins de santé et les méthodes grandes maladies sont enrayées. Le service d'élevage. Le projet a financé l'élargisse- est fort apprécié et très utilisé par les pas- ment du programme de formation destiné au teurs. Bien que les médicaments vétérinai- personnel de vulgarisation à l'Ecole d'agri- res soient en vente aux stations de terrain, culture de Kaedi, où les étudiants reçoivent les pasteurs se plaignent des quantités insuf- maintenant pendant trois ans une formation 30 sur tous les aspects de la production agro- intérieure, les bas prix de la viande et, tout sylvo-pastorale et de la gestion des ressour- dernièrement, la fermeture de la frontière ces. Les premiers jeunes sortants qui ont pris avec le Sénégal. L'étude sur la commerciali- leurs fonctions l'année dernière semblent sation du bétail, qui est en cours de prépara- bien versés en théorie pour les tâches dont tion, devrait aider à définir les rôles que ils sont responsables, mais ils manquent na- pourraient jouer les AP, le projet et le gou- turellement d'expérience. Seulement un ou vernement en matière de protection des inté- deux agents de vulgarisation seront affectés rêts des pasteurs dans le secteur de la com- à chaque AP. Du fait que ces agents entre- mercialisation. ront en concurrence avec le personnel du L'alphabétisme. Bien qu'il existe service général de santé animale et des pré- un grand nombre d'écoles coraniques en posés à la campagne de vaccination s'agis- Mauritanie, le taux global d'alphabétisation sant de transport et d'essence, leur perfor- en langue arabe ne dépasse probablement mance risque d'être menacée. Le projet ne pas 10 pour cent. Parmi les femmes, ce taux compte qu'une femme parmi ses agents de est encore plus faible. Comme le projet vulgarisation. n'envisage pas de lancer un programme Le projet assure également la forma- d'alphabétisation, il devrait promouvoir les tion des agents pastoraux grâce à une unité liens entre la composante d'AP et le pro- mobile et à des stations sur le terrain; la for- gramme national actuel d'alphabétisation. mation concerne principalement la santé La santé publique. Bien que les animale. Environ 15 agents pastoraux choi- pasteurs considèrent la santé publique com- sis parmi les délégués villageois ont reçu me un secteur prioritaire, cet aspect n'est une formation et travailleront avec les AP pas couvert par les composantes du projet ni qui doivent les rémunérer. Ils ne reçoivent par les activités des associations pastorales. pas d'émoluments. La commercialisation. Du crédit Leadership et gestin est offert aux unités d'embouche animale et Les conseils d'administration des de production de lait dont les produits excé- OP sont formés en grande partie de chefs dentaires s'écoulent sur les marchés inté- traditionnels maures, qui sont souvent des rieurs urbains, notamment à Nouakchott. membres très âgés de la noblesse. Cet aspect Les principaux marchés d'exportation se n'est pas nécessairement regrettable tant trouvent au Sénégal par voie de transhu- que ces personnes possèdent les aptitudes et mance et en Afrique occidentale (pays cô- un talent de commandement appropriés. tiers) par le Mali. Pour la commercialisa- Quelques jeunes gens plus instruits ont rem- tion, les pasteurs sont tributaires des placé les membres du conseil AP les moins négociants du secteur privé et des ventes in- dynamiques. On ne compte aucune femme dividuelles, et à un moindre degré de la SO- parmi les membres du conseil. La plupart MECOB. Cette société d'Etat peu perfor- des chefs connaissent la langue arabe et plu- mante bénéficie du monopole des sieurs connaissent le français. Quelques pré- exportations de bétail mais, en pratique, sidents sont des anciens maîtres d'école, né- n'est en mesure de commercialiser qu'une gociants ou entrepreneurs bien versés en petite portion des exportations globales. Il planification et gestion économiques. Les n'existe aucune autre entité de promotion de compétences et les connaissances des six la commercialisation dans la zone du projet. présidents rencontrés sont impressionnan- D'autre part, la commercialisation est entra- tes, ce qui indique leur haute capacité à vée par les longues distances et un réseau jouer le rôle de chef d'AP. Mais les compé- routier défectueux, le déclin de la demande tences de leadership varient d'une AP à 31 l'autre et il est évident qu'un programme de La viabilité économique formation en gestion est nécessaire. La for- mation requise doit englober la gestion des Les princ s activités des Ag- ressources naturelles, y compris la stabilisa- nératrices de revenus sont la collecte des co- tion des dunes, la protection des arbres et la tiains destemres etaccumulationtd revenus excédentaires provenant de la vente gestion des pare-feux. Un besoin de forma- des médicaments (surplus jusqu'à présent tion se fait également sentir parri les mem- inexistant ou quasi inexistant). Certaines AP bres du conseil et des groupements collectent les charges imposées pour l'eau Lens. réalisatios. Bien qe le pro- tandis que d'autres rassemblent les cha- Les réalisations. Bien que le pro- meaux ou le bétail pour la vente de lait ou cessus d'établissement d'OP en Mauritanie l'embouche. Les AP ne participent pas à la ne date que de deux ans, il a déjà contribué collecte des taxes ou amendes infligées pour à une plus grande prise de conscience de la actevdes taxes ou amexemple pour dégradation de l'environnement. Les AP activites illicites comme par exemple l'abat- jouent un rôle dans diverses activités écono- tage des arbres. miques comme la vente de médicaments vé- Les résultats économiques varient térinaires et la production de lait et de vian- selon les AP et la viabilité économique de- de, renforcent les institutions pastorales et meure faible, mais il faut tenir compte que constituent une base institutionnelle de dé- ces associations n'existent que depuis quel- veloppement et de gestion des ressources, et ques années seulement. Le potentiel d'acti- sont ouvertes à tous et fournissent du crédit vités économiques plus rentable réside dans et de la formation à leurs membres. Cepen- une collecte plus régulière des cotisations dant, les castes basses et les « domestiques » d'adhésion, des thèmes élargis de crédit, la on peu d'influence sur les prises de décision vente de médicaments vétérinaires et une et bénéficient moins des activités des AP. Il meilleure production et commercialisation en de même au sein des institutions tradi- des produits de l'élevage. tionnelles. L'avantage majeur de l'établisse- Problèmes. Les difficultés d'exécu- ment d'OP consiste peut-être en la mobilisa- tion du projet limitent fortement la progres- tion des pasteurs en vue de former un sion de la formation et du développement. mouvement politique évolutif - résultat Les aspects à examiner sont les suivants: inattendu de l'établissement d'OP, auquel le Elaboration d'une réglementation gouvernement semble porter attention et locale régissant les droits à la terre et à même un certain appui. Sur le plan régional l' et sur le plan national, les chefs AP compé- eau. tents commencent à articuler les intérêts * Retards dans la fourniture de moyens communs des pasteurs. de transport et l'appui à la vulgarisa- Les chefs AP les plus dynamiques tion et à la formation. mènent une campagne pour la création * Peu d'attention à l'acquisition de com- d'une Association nationale des éleveurs. l'acquistion des cm- Cinq présidents ont préparé un projet de péueces e,n gtioneint destres- sources et en établissement d'institu- constitution pour une organisation de ce tions pastorales, au ministère de type, et une assemblée générale doit se réu- î'Elevage et autres agences nir prochainement. Cette situation met en lumière un processus politique jailli de la d'exécution. base dont l'élan provient en partie du som- t Absence de femmes parmi les agents met, c'est-à-dire de l'initiative du projet de vulgarisation pour former les chefs pour l'établissement d'institutions. de groupements féminins et encoura- 32 ger la participation des femmes aux puits traditionnels dans le Sud et se dirigent activités principales du projet. vers les pâturages fertiles du Nord. Ils jouis- sent des droits traditionnels d'usufruit à cer- d'Etabliont des lPh tains territoires sur la base de critères com- d'établissement des OP. me l'investissement dans les puits et la * Planification appropriée des nouvelles durée d'habitation. Les Peuls Wodaabe sont activités de GRN à lancer pendant la les plus mobiles, n'étant que rarement atta- phase d'expansion. chés à un territoire, et se déplaçent conti- * Renforcement des activities de coordi- nuellement pour trouver des pâturages et de nation des politiques et activités de l'eau. terrain relevant des secteurs couverts Traditionnellement, tous ces grou- par le projet. pes pratiquaient très peu l'agriculture. Mais, comme dans les autres pays du Sahel, de nombreux facteurs dont les effets de la sé- vage et de l'équipe responsable de cheresse récurrente ont forcé bon nombre de l'établissement des OP avant d'atta- pasteurs à adopter un mode de vie plus sé- quer l'établissement de 101 nouvelles dentaire, la transhumance restant le princi- OP à travers le pays. Le sociologue qui pal moyen d'alimenter les troupeaux. Des jusqu'à récemment dirigeait la section changements ont été remarqués dans la responsable de l'établissement d'OP a . . . été replc par un vééinie taille et la composition des troupeaux, ainsi que dans les structures de la propriété. Un Niger nombre croissant de ménages doivent main- tenant compter sur des activités autres que Le projet étudié, PENCE (Projet de l'élevage pour subvenir à leurs besoins. développement de l'élevage au Niger Cen- A l'origine le PENCE devait couvrir tre-Est), a été mis sur pied en vue d'atténuer au total 324.000 km2 soit 25 pour cent du les effets désastreux des sécheresses de pays dans les régions de l'Est-Centre (Mara- 1969 et de 1972/73 sur les communautés et di, Zinder et Diffa). Plus tard, les activités la production pastorale. Le projet avait pour ont été centralisées dans les régions pastora- mandat de reconstituer les troupeaux, redé- les de Zinder couvrant une superficie de velopper le secteur de l'élevage et améliorer 75.000 km2 et une population de 70.000 à la gestion des parcours et des ressources en 80.000 habitants. eau. Des aspects importants ont été identi- L i e la m fiés: démarcation des unités pastorales, éta- blissement et acceptation des OP, et mise en La durée du projet avait été pro- route de centres pastoraux (CP) fournisseurs grammée pour 1979-84 mais elle a dû être de services tels que santé publique et anima- prolongée jusqu'en 1989 en raison de l'in- le, approvisionnements en céréales et pro- terruption des activités causée par la séche- grammes d'alphabétisation. resse de 1983/84. Cette période de 10 ans est Les bénéficiaires cibles compren- divisée en trois phases: démarrage (1979- aient des groupements pastoraux de Tama- 83), rétraction (1983-85), et rétablissement cheks (Touareg et Bouzou), de Toubous et exécution (1985-89). Le projet bénéficie (Toubou, Touboshi et Assa), et d'Arabes et actuellement d'une aide financière de la de Peuls (Wodaabe et Farfarou). Les deux Caisse centrale de coopération économique premiers groupes pratiquent l'élevage trans- (France) qui lui permet de continuer certai- humant. Pendant la saison des pluies, ils nes activités, dont l'établissement d'organi- quittent avec leur bétail leurs pâturages et sations pastorales. 33 Le projet nigérien adopte une appro- spécialiste de l'élevage; il est aidé dans ses che systématique et soutenable d'établisse- travaux par un agent de développement ment d'institutions pastorales, mais la pro- communautaire (animateur), une infirmière, gression est lente et l'avenir est incertain. un technicien vétérinaire et des travailleurs Avant la mise en place du projet, la démar- auxiliaires tels que chauffeurs, ouvriers et che envisagée pour l'établissement des OP gardiens. Sur les six CP prévus dans le cadre et la sécurité des droits à la terre et à l'eau a du projet, cinq sont en place. fait l'objet de nombreux entretiens parmi les Il existe à l'heure actuelle 147 GMP autorités du ministère de l'Elevage et entre et neuf GVC, ces derniers englobant 60 pour celles-ci et les donateurs, y compris la Ban- cent environ des GMP. On envisage d'éta- que mondiale. Une étude approfondie a mis blir encore 19 GVC environ sous les CP. Les en lumière les aspects socio-économiques premiers GMP ont été créés en 1982, mais la moins connus du pastoralisme dans la zone sécheresse de 1983/84 a interrompu les acti- du projet (comme la structure des mouve- vités d'établissement qui n'ont repris qu'en ments, par exemple) et a permis de connaître 1985. Ces groupements sont pour la plupart les besoins d'organisation des pasteurs. Il a formés sur la base de la tribu et autour des fallu la sécheresse de 1983/84 pour que la points d'eau ou sous un arrangement d'ac- direction du projet se rende mieux compte quisition de points d'eau communs. Chaque de la haute priorité qu'accordent les pasteurs GMP comprend actuellement 40 membres à la sécurité alimentaire, à la santé publique, environ. Au cours des campagnes d'adhé- à la santé animale, et à la protection des res- sion conduites par les animateurs, la conver- sources. On a également remarqué la grande sion des points d'eau publics en biens com- importance qu'ils portent à l'alphabétisation muns des GMP, la promesse d'ouvrir des dans le monde moderne. Les experts du pro- magasins-coopératives pour la fourniture jet spécialisés en développement commu- des services de santé publique et animale, et nautaire ont été affectés à des postes de ter- de lancer des programmes d'alphabétisa- rain et le personnel vétérinaire a apporté son tion, sont des facteurs qui ont considérable- concours au renforcement des institutions ment influencé les pasteurs à accepter les pastorales. GMP et autres structures hiérarchiques. L'organisation pastorale comprend Le dilemme d'adhésion trois niveaux: le GMP (Groupement mutua- liste pastoral) comme unité de base, le GVC Malgré les campagnes de mobilisa- (Groupement à vocation coopérative) com- tion menées par les animateurs et le soutien me groupe intermédiaire composé de sept actif apporté par d'autres agents de terrain ou huit GMP, et le CP (Centre pastoral) du CP, le projet n'a pas été en mesure de mo- comme unité faîtière formée de plusieurs biliser plus de 30 pour cent des membres po- GVC. Le GMP est l'unité chargée de la ges- tentiels des GMP, ce qui n'est peut-être pas tion de l'eau et des droits collectifs à l'eau une mauvaise performance étant doiné les des puits GMP qui étaient auparavant pu- tensions notées entre le projet et le gouver- blics. Le GVC s'occupe de la gestion des nement nigérien. Des changements ont été parcours, des droits communaux à la terre et apportés à la direction du projet, le gouver- des magasins à vocation coopérative. Le CP nement a renvoyé à plus tard la formulation est responsable de l'administration générale d'une législation rendant officiels les droits et de la fourniture des services de santé pu- à l'eau et à la terre, et des problèmes sont ap- blique et animale, d'alphabétisation et de parus dans l'organisation en GMP des no- formation en gestion. Chaque CP est dirigé mades Wodaabe toujours en déplacement. par un directeur de centre qui est un jeune Toutefois, la difficulté fondamentale est 34 l'absence d'un concept clair d'adhésion per- limité. Un système de crédit pour la recons- mettant de distinguer les membres des non titution des troupeaux a été mis en place membres parmi le groupe local, ou d'identi- après la sécheresse mais son impact a été in- fier les avantages dont bénéficie chaque signifiant. membre. Ce problème n'est pas unique au Aujourd'hui, dans la zone du projet, projet nigérien. Typiquement, un GMP est seuls quelques pasteurs subsistent à leurs formé sur la base d'un sous-groupe tribal, besoins uniquement par la garde tradition- mais tous les membres du sous-groupe n'ont nelle du troupeau. Peu nombreuses dans la pas besoin d'adhérer au GMP pour que le région sont les autres occasions de gagner groupement bénéficie des droits collectifs à de l'argent, telles que le travail saisonnier, la l'eau. Cependant tous, membres et non garde des troupeaux pour des propriétaires membres, jouissent du droit collectif au non traditionnels (fermiers, fonctionnaires puits. On dit que chaque membre du GMP a et autres citadins) et la production vivrière droit à une carte d'adhérent, mais aucune sur des sols marginaux. Souvent, même les cotisation n'est prescrite. Toutefois, quel- revenus tirés de ces activités ne suffisent pas à ques GMP ont collecté une contribution in- couvrir les besoins du ménage. Le résultat net dividuelle de 500 FCFA auprès de certains est souvent que le troupeau familial déjà petit de leurs membres. se fait encore plus petit à mesure que le ména- Encore faut-il noter une omission si- ge échange ou vend le bétail pour obtenir des gnificative tant dans le concept initial du céréales, et ce jusqu'à l'appauvrissement. projet que dans sa réorientation, à savoir le Magasins à vocation coopérative. rôle des femmes dans la production pastora- Après la sécheresse, le projet a fait un pas de le et la gestion des ressources. Comme dans géant en accroissant la disponibilité d'ali- les autres pays, les femmes sont totalement ments à un prix en-deçà des cours du mar- exclues de ces activités. ché, par le biais de l'ouverture de magasins- coopératives au niveau du GVC. Le projet envisageait de se servir de la disponibilité Durant la sécheresse de 1983/84, d'aliments comme outil de mobilisation des bon nombre de groupes dans la zone du pro- pasteurs. A fin 1989, dix magasins-coopéra- jet ont migré vers des régions lointaines à la tives ouvraient leurs portes grâce à des recherche de nourriture, d'eau et de pâtura- fonds de roulement constitués par des dona- ges. Le long du chemin, beaucoup d'ani- teurs extérieurs, ILO et WFP étant les deux maux des troupeaux sont morts ou ont dû sources majeures, ILO pour le financement être vendus à tout prix. Plusieurs groupes et WFP pour les premiers stocks d'alimenta- sont allés jusqu'au Nigéria et ne sont pas en- tion, soit neuf tonnes de céréales pour cha- core revenus au pays. Depuis la sécheresse, que magasin. Si certaines coopératives ont quelques pasteurs ont pu reconstituer leurs dû fermer leur porte à cause d'une mauvaise troupeaux au niveau viable de l'avant séche- gestion, d'autres fonctionnent de manière resse. Les coutumes de cadeaux et les systè- satisfaisante. mes traditionnels de crédit des sociétés pas- Ouvert en 1986 grece à un fonds de torales -tels que le système Habani des roulement de 900.000 FCFA environ finan- Peuls -sont devenus soit obsolètes soit cé par ILO, le magasin de Tejira achète en inadéquats face à l'ampleur de la destitution gros des aliments et autres produits essen- et de la perte de bétail; pourtant, les straté- tiels, dans la mesure du possible lorsque les gies traditionnelles de survie sont souvent prix sont bas, et les vend aux pasteurs à un très valables pendant les petites sécheresses prix inférieur au cours du marché tout en quand le nombre de far lles en détresse est réalisant un certain bénéfice. Les céréales 35 sont achetées dans les zones agricoles et tionnels, et des droits à la terre, y compris la agro-pastorales pendant les récoltes. La propriété des arbres. Ils sont partisans de la coopérative est bien gérée et son fonds de conversion des puits publics d'accès libre en roulement atteignait 2,25 millions de FCFA biens appartenant aux GMP. Ils appuient à fin 1990. Bon nombre de chefs et membres également des droits d'usufruit de la terre du GMP de la région de Tejira estiment que communale définis plus clairement et léga- la coopérative représente un énorme avanta- lement défendables, accommodant leurs be- ge. Le magasin est dirigé par un comité de soins de déplacement et les coutumes de ré- six membres dont un représentant du per- ciprocité de l'utilisation de l'eau et des sonnel du CP, et un assistant s'occupe des parcours entre les différentes communautés. activités quotidiennes. Maintenant qu'elle Le Code rural reflète les idées des pasteurs. est financièrement autonome, cette coopéra- Dans la région, les puits tradition- tive n'a plus a démontrer sa viabilité écono- nels sont la propriété privée de familles et de mique. Son succès dérive en grande partie clans de pasteurs qui en assurent l'opéra- du dévouement du personnel du CP qui con- tion. Ces droits de propriété privée sont re- tinue de jouer un rôle actif en matière d'as- connus et respectés par la communauté et sistance et de supervision du comité de ges- sont légalement défendables. Le seul fait de tion. Cette intervention du CP sera posséder des puits donne aux propriétaires nécessaire tant que les pasteurs membres ne un certain degré de contrôle des pâturages posséderont pas eux-mêmes les compéten- qui les entourent, bien que la coutume et l'é- ces de base nécessaires pour assurer la ges- cologie pastorale sahélienne excluent tout tion efficace du magasin. contrôle monopolistique. Les membres de la L'expansion des magasins-coopéra- communauté jouissent de la priorité d'accès tives dans toute la zone du projet dépend de aux puits privés. En retour, le propriétaire du la disponibilité du financement extérieur du puits bénéficie de la main d'oeuvre commu- fonds de roulement et des compétences en nautaire pour l'entretien du puits, qui de- gestion de certains membres au niveau du mande de fréquent curages et souvent le GVC. Un autre critère important est la déter- remplacement de la garniture en bois - tâ- mination du personnel d'u CP à assurer le ches à grande intensité de main-d'oeuvre. succès de ces magasins-coopératives en Normalement l'accès libre d'un puits tradi- fournissant à leurs comités de gestion la for- tionnel est permis à un pasteur « extérieur » mation et la supervision nécessaires. pendant trois jours environ et si l'herbe est suffisamment abondante. Après cette pério- de gratuite, l'utilisateur doit offrir au pro- Il n'existe aucune restriction offi- priétaire un cadeau en nature ou un paie- cielle d'accès aux pâturages. Cependant, un ment sous une forme quelconque. Le contrôle indirect peut être effectué par les paiement est invariablement effectué sous particuliers ou les groupements (GMP) pro- forme de fourniture de main-d'oeuvre pour priétaires ou responsables des points d'eau. l'entretien du puits ou d'abeuvrement du bé- Les 16 puits GMP viennent d'être construits tail du propriétaire. Le cadeau en nature et leur légalisation est en cours. Le libre ac- comprend souvent des petits ruminants. De cès aux puits publics ouvre l'accès aux pâtu- fait, la transaction est déterminée selon les rages non exploités auparavant en raison de rapports qui se développent entre le proprié- l'absence d'eau, et ces parcours sont main- taire et l'utilisateur extérieur. La gestion ri- tenant surpâturés. On a noté durant l'étude gide des puits traditionnels est atténuée par l'idée très précise que se font les pasteurs de la notion de réciprocité traditionnelle parmi la relation entre les GMP et les puits tradi- les communautés pastorales et des détermi- 36 nants écologiques de la production pastorale dire aux pasteurs extérieurs l'accès à l'eau et dans le Sahel. Vu la répartition erratique et aux pâturage environnants. Comme les pro- inégale de pluies faibles, et des incertitudes priétaires traditionnels, les GMP permettent qu'elles posent pour la production de l'éle- aux pasteurs extérieurs d'utiliser les puits vage, le propriétaire de puits privés est forcé GMP pendant deux ou trois jours au terme de pratiquer la transhumance comme les desquels ils doivent payer une charge. Nom- autres pasteurs pour trouver de l'herbe et de breux sont ces pasteurs qui ne respectent pas l'eau. La plupart des propriétaires de puits les droits des GMP, et essaient de contourner traditionnels sont membres d'un GMP. les règles et d'utiliser les puits. Il avait été envisagé à l'origine que Les GMP dotés de puits n'ont pas le projet financerait la ,onstruction de 30 encore mis en place un système approprié de puits et bacs à eau en ciment, la condition paiement pour l'eau. Leur niveau actuel de préliminaire étant que le gouvernement ni- revenus leur permet peut-être d'assumer les gérien confère les droits d'utilisation exclu- coûts des matériaux et des petites répara- sive de chaque puits à un groupement utili- tions urgentes mais certes pas le coût de sateur - c'est-à-dire un GMP. La réticence grosses réparations et de l'entretien à long des autorités à modifier les politiques éta- terme. Heureusement, les puits sont garnis blies concernant l'accès à l'eau a sérieuse- de ciment et peuvent durer plus longtemps ment entravé le programme d'eau du PEN- que les puits traditionnels avant d'avoir à CE. En 1983, le nombre cible de points subir des réparations majeures, mais ceci ne d'eau a été réduit à 18 puits en ciment à justifie pas la non exploitation du potentiel construire principalement dans les zones de génération de revenus des puits GMP. pastorales de Tejira et Yogoum. Lors de la Les pasteurs sont conscients des ef- construction des puits en 1988, le projet a fets de l'abattage des arbres, activité qui procuré les matériaux et un soutien techno- cause de graves problèmes dans bien des ré- logique et les GMP ont fourni la main- gions de la zone du projet. Ils attribuent en d'oeuvre. En 1989, 16 puits étaient opéra- général la détérioration des parcours et la tionnels et affectés à différents GMP. Cha- destruction des arbres aux sécheresses du que puits GMP est géré par un comité de passé. D'autres ont spécifiquement men- gestion formé de cinq personnes élues par tionné la disparition de certaines espèces les membres. A ce jour, les comités de ges- d'herbes pérennes depuis 10 à 15 ans. Les tion des GMP fonctionnent depuis un an. arbres morts sont encore une source majeure Le comité de gestion d'un puits de bois de feu mais les arbres vivants sont GMP est responsable de la régulation de l'u- abattus par les Touaregs qui se servent des tilisation d'eau et de la détermination des racines vives pour dresser leurs tentes, et charges pour l'eau et leur collecte. En prin- aussi par les éleveurs transhumants pour ali- cipe, tous les éleveurs utilisant un puits menter leurs petits ruminants. Les arbres GMP doivent payer l'eau sur la base de la sont également abattus pour fournir le bois taille du troupeau. En pratique il en est de garniture des puits traditionnels. Cette gar- autrement. Les coutumes dictent que le niture boisée doit être remplacée après un à nombre d'animaux du troupeau d'un pasteur trois ans selon les conditions du sol; on abat ne doit pas être pris en considération. Les chaque fois de 300 à 400 arbres dans ce but. charges sont fixées en terme général, les uti- Personne ne semble faire confiance lisateurs avec de grands troupeaux devant au département gouvernemental des forêts payer des charges plus lourdes, mais là en- en tant qu'agence de protection des arbres core les considérations sociales entrent en qui appartiennent de fait à l'Etat. Le projet a ligne de compte. Un GMP a le droit d'inter- introduit une technique d'élagage pour 37 l'alimentation du bétail, sans effets nocifs ment de supervision et de suivi des progrès permanents pour les arbres. Il est prévu que dans ce domaine. Le crédit en nature consis- les GMP encouragent cette technique par le tait en cinq petits ruminants (un mâle et qua- déploiement de brigades de protection de tre femelles) par famille, le nombre total de l'environnement, mais celles-ci ne sont pas bénéficiaires étant 570. Il était prévu que encore créées et devront recevoir une forma- chaque bénéficiaire rembourserait ce crédit tion. Les brigades seront responsables de la en nature en fournissant le même nombre protection des arbres et de la lutte contre les d'animaux dès que le troupeau de base serait feux de brousse. Cette solution est de loin plus reconstitué. Les responsables du projet n'ont efficace et plus pratique que le système gou- pas été en mesure de foumir des chiffres sur vememental de gardes forestiers car elle con- les remboursements ni sur les défaillances, fere aux utilisateurs des ressources la respon- mais ont déclaré que bon nombre des bénéfi- sabilité de protéger l'environnement. ciaires du crédit octroyé au premier tour l'ont remboursé, et le crédit a été élargi pour tou- La propriété des troupeaux cher un plus grand nombre de pasteurs. Comme dans les autres pays, la dé- Plusieurs facteurs semblent avoir possession des pasteurs pauvres de leurs nui à la poursuite de cette initiative. Tout troupeaux, l'élargissement des troupeaux d'abord la préfecture n'était pas l'entité des pasteurs aisés et des non pasteurs, et la d'exécution appropriée; ensuite, le projet garde rémunérée d'animaux ont pris de n'était pas partie active du thème; enfin, l'ampleur; toutefois, aucune donnée n'est les GMP n'ont pas été utilisés comme disponible reflétant l'envergure de ces chan- points de distribution et de supervision du gements. Le directeur du projet a reconnu crédit. Les bénéficiaires les plus pauvres que la structure de propriété des troupeaux a ont vendu les animaux pour assurer leur changé et que le nombre de propriétaires ab- subsistance immédiate et par conséquent sentéistes est probablement supérieur aux n'ont pas remboursé le crédit. Dans cer- chiffres officiels. Pendant les deux dernières tains cas, les animaux sont morts. La ten- décennies, les pasteurs de souche Arabe, tative a démontré qu'un crédit en nature de Peul, Tamacheck et Toubou ont vu leurs cinq animaux n'était pas suffisant au dé- troupeaux diminuer et changer de composi- part; selon certaines sources, il aurait fallu tion. On remarque moins de bovins et plus au moins vingt animaux. Pour déterminer d'espèces tolérant mieux la sécheresse, la taille et la composition du stock à four- comme les chameaux et les petits ruminants, nir en vue de reconstituer un troupeau, il notamment parmi les troupeaux des Toubou est important de tenir compte du statut dé- et des Tamachek. La garde des troupeaux de mographique de la famille et des préféren- propriétaires absentéistes est assurée par les ces de celle-ci en ce qui concerne la com- nomades Wodaabe, qui comptent parmi les position du troupeau. pasteurs les plus destitués. Il est rare que les pasteurs Tamachek et Toubou gardent des Les services troupeaux dont les propriétaires n'appar- La santé animale. Les principaux tiennent pas à leur ethnie. pourvoyeurs des prestations du gouverne- Une tentative de reconstitution des ment et du projet sont les six centres pasto- troupeaux a été lancée en 1985/86 grâce à raux. Grâce à l'établissement des CP, les bé- l'assistance financière de la Banque mon- néficiaires se sont trouvés à proximité des diale et de certaines ONG. Ce thème était services de santé animale, d'alphabétisation administré au niveau de la préfecture qui a et de formation. Ces centres ont également nommé plus tard le PENCE comme instru- facilité les communications entre le person- 38 nel du projet et les pasteurs. La santé anima- d'alphabétisation n'aura aucun impact sur le est un grand sujet de préoccupation et le l'avenir. On anticipe également l'arrêt du projet a enregistré de bon résultats de base programme concurremment à la cessation dans ce domaine. Le personnel vétérinaire du financement français. On ne saurait trop des CP est responsable des campagnes de souligner l'importance d'identifier les gou- vaccinations annuelles et du traitement des lots qui bloquent une plus grande participa- maladies animales les plus graves. Chaque tion aux programmes et d'intensifier la dé- centre comprend une petite clinique vétéri- marche d'alphabétisation. Encore faut-il naire dotée d'un assistant vétérinaire. Les amplifier le programme d'alphabétisation médicaments peuvent être achetés dans les en l'étoffant d'un plus grand nombre d'en- magasins-coopératives des CP et des GVC seignants et en dispersant les centres d'ins- et auprès des assistants vétérinaires des truction sur tout le territoire en vue de faci- GMP. Aux pasteurs qui se plaignent du prix liter la participation. On ne peut réussir à trop élevé des médicaments, les responsa- franchir cet obstacle tant que l'Etat n'éten- bles du projet expliquent que la politique de dra pas sa campagne nationale d'alphabéti- prix est en ligne avec la politique nationale sation aux zones pastorales et ne soutiendra visant à demander aux bénéficiaires de pas les programmes à court terme du projet. payer un prix raisonnable pour les services Leadership et gestion qui leur sont rendus. En 1985, le projet a dé- marré la formation des assistants vétérinai- Du fait que les GMP sont formés sur res au niveau des GMP et à fin 1988 on la base des affinités tribales, ils sont dirigés comptait 81 assistants ayant bénéficié de par les chefs traditionnels et leurs familles. cette formation. Le programme de forma- Dans ce contexte, les observations faites sur tion doit être relancé. les autres pays sont valables aussi pour le La santé publique. Depuis 1985, le Niger (cf. le cas du Mali, par exemple). Le PENCE apporte une attention plus soutenue peu de connaissance de la langue officielle, à la santé publique. Chaque CP comprend le français, parmi les chefs des GMP va à une petite clinique dotée d'une infirmière et l'encontre de l'évolution des institutions. La d'un petit stock de médicaments de base. Le correspondance officielle en français semble projet a dispensé la formation de plusieurs en effet n'avoir rien de pratique quand il s'a- accoucheuses et agents de santé au niveau git d'améliorer le fonctionnement des GMP. des GMP, et certains groupements disposent Les problèmes de communication (et ainsi d'une trousse de premiers soins. Le renouvel- les retards et les interprétations erronées) se- lement des médicaments se fait parfois raient considérablement atténués si le CP attendre. pouvait communiquer avec les GMP dans L'alphabétisme. Aucune des cam- les langues locales. Le manque de connais- pagnes nationales d'instruction élémentaire sance de la langue française chez les chefs ne couvre la zone du projet. Les program- de GMP les rend tributaires des agents de mes d'alphabétisation en Tamashek, Arabe terrain du projet pour traiter presque toutes et Toubou ont commencé dans les centres les affaires administratives. pastoraux en 1985/86, mais la participation Il serait utile que les comités des est très faible; par exemple, au CP de Tejira, GMP reçoivent une formation en gestion seulement 20 personnes ont suivi des cours des puits et moyens d'accroître les revenus, élémentaires en quatre ans. L'analphabétis- en protection de l'environnement et en me constitue un obstacle majeur au dévelop- comptabilité et gestion financière. Cette pement des OP et, au taux de participation formation devrait être dispensée dans la actuel, il est probable que le programme langue locale. Il s'agit donc pour le projet 39 d'identifier les quelques personnes possé- c) l'instruction élémentaire et la formation dant une maîtrise suffisante de leur propre de cadres; d) l'achèvement de la formation langue leur permettant de suivre des cours des GVC et l'élaboration de plans de ges- de formation et de les motiver à apprendre tion des parcours et des arbres; e) l'établis- ces techniques. sement de magasins-coopératives dans Apparemment, les agents de terrain tous les GVC; f) un système de crédit pour du projet nigérien participent plus au déve- la reconstitution des troupeaux au niveau loppement des OP que leurs homologues des GMP; et g) le soutien et l'expansion dans les autres pays. En effet, ils jouent un des services des CP. rôle de leaders, ce qui a contribué à créer et D'autres aspects doivent être traités à maintenir l'élan de la formation et de la simultanément. Le gouvernement devrait mise en route des GMP. Cependant, en l'ab- mettre en oeuvre les réformes foncières tant sence de connaissances plus poussées et attendues et s'engager plus activement dans soutenues par la formation, une dépendance le développement pastoral. Le ministère de permanente du personnel de terrain pourrait l'Elevage semble porter plus d'intérêt aux apparaître et contrarier l'objectif final de campagnes de santé animale qu'au dévelop- renforcement des institutions. pement des organisations pastorales. On lit dans un document du projet: « Il n'existait La viabilité économique dans le gouvernement central aucune entité Le processus de développement des permanente connaissant à fond, ou sans idée OP au Niger est encore jeune, n'ayant évo- préconçue, les divers aspects du développe- lué sans interruption que depuis cinq ans ment pastoral. » Des difficultés sont surve- environ. Il dépend presque totalement du fi- nues au sujet du déblocage des fonds de con- nancement extérieur qui, s'il devait cesser, trepartie et de l'entité responsable des coûts mènerait certes à un écroulement soudain. récurrents à l'achèvement du projet. Cependant, les GMP ont le potentiel de de- Etant donné les relations entre le venir financièrement plus autonomes, no- gouvernement et le projet, il est permis de tamment ceux qui ont leurs propres points se demander si des réservations sur l'avenir d'eau; encore leur reste-t-il à exploiter le du renforcement des institutions pastorales potentiel de génération de revenus de leurs dans la zone du projet ne seraient pas justi- potetiel des générationden revgnus de lPeur fiées. Toutefois, les activités du projet mé- puits. Les groupements éloignés du CP et ritent un soutien et, si le projet devait se du GVC pourraient établir leurs propres terminer, il faudrait trouver une alternative points de ventes de médicaments et de vi- temps opport pour une toute vriers, et réaliser des bénéfices. Ils pour- întemptioni raient également uniformiser les cotisations d'adhésion. Mais ces perspectives reposent Sénégal sur le développement des compétences de gestion qui est lui-même freiné par l'insuf- Plusieurs facteurs particuliers à la fisance des ressources et un taux très bas région rendent la création d'organisations d'alphabétisme. pastorales moins difficile au Sénégal que Pour réussir le plan nigérien, il faut dans les autres pays étudiés. La population du temps, de l'argent et des connaissances est en grande partie composée d'agro-pas- professionnelles. Les besoins les plus ur- teurs plus sédentarisés, dont les troupeaux gents sont: a) une mobilisation plus rapide se déplacent uniquement à l'intérieur d'une et plus ample des pasteurs et leur organisa- zone définie. Le climat, caractérisé par une tion en GMP; b) des moyens d'accroître pluviométrie relativement élevée et des les activités GMP génératrices de revenus; pluies assez régulières, bien qu'en-deçà de 40 la moyenne à long terme pendant la période tions pastorales sont établies sur la base du d'exécution du projet, est plus favorable; la lignage et de la caste, mais n'étaient pas très nappe phréatique est également plus élevée performantes avant l'intervention du projet (à environ 40-50 mètres). Comme la sur- (Bromley et Cemea 1989). charge ne semble pas exister, le projet n'a Malgré les pertes d'animaux pen- pas eu à soulever auprès des membres la dant les sécheresses et des prélèvements question normalement controversée de ré- plus importants, le cheptel s'accroît sans duction de portée. cesse depuis le démarrage du projet et com- L'étude a couvert deux projets de dé- prend maintenant 136.000 bovins et veloppement de l'élevage dans l'Est sénéga- 140.000 ovins. Le taux de charge est de 7 lais: le Projet de développement de l'élevage unités de bétail tropical (UBT) environ par au Sénégal (1976-80) ou Phase 1, et la com- kilomètre carré, c'est-à-dire bien en-deçà posante d'élevage du Projet de développe- de la capacité de charge (Centre Suivi éco- ment rural dans le Sénégal oriental (PDESO, logique, CSE 1990). Dans les régions les 1983-90) ou Phase Il. Une troisième phase plus peuplées, le surpâturage localisé et les reprendra certaines activités des deux pre- conflits entre les éleveurs et les cultivateurs mières phases dans le cadre du Programme ont commencé à prendre de l'ampleur pen- national intégré de conservation et de gestion dant les sécheresses qui ont sévi avant le dé- des ressources naturelles (PICOGERNA). marrage du projet. Les disputes relatives à La Phase I avait pour but d'aider l'utilisation des terres sont apparues notam- 30.000 propriétaires de bétail à augmenter ment lorsque des pasteurs transhumants ve- leurs revenus en développant et en adminis- nant de la Mauritanie et du Sénégal septen- trant un thème de pâturage qui assurerait un trional sont arrivés dans la zone. Les meilleur accès aux intrants d'élevage, et à cultures vivrières couvrent environ quatre améliorer les services de santé animale. La pour cent de la région mais s'intensifient ra- Phase Il devait consolider les résultats de la pidement (Le Grand 1988). L'intégration de première phase tout en continuant d'amélio- l'élevage à la culture par des activités com- rer les services de santé animale, les presta- me l'utilisation du fumier et de la traction tions de vulgarisation et d'intrants de pro- animale prend de l'ampleur mais son ni- duction, le crédit, l'exécution des plans de veau demeure modeste. Pour des raisons pâturage et l'alphabétisation fonctionnelle. économiques, les engrais chimiques sont La population ciblée par le projet peu utilisés. L'appauvrissement des terres était composée de 70.000 agro-pasteurs éta- en substances nutritives dû à des périodes blis sur 14 000 km2 dans la zone du PDESO de jachère moins longues dans les zones au nord de la route Dakar-Tambacounda. Le agro-pastorales est un problème qu'il fau- projet est situé dans la zone soudano-gui- dra résoudre. Le déboisement pose égale- néenne où les précipitations varient entre ment un problème majeur pour l'environne- 700 mm dans le nord et 1400 mm dans le ment. Les feux de brousse sont fréquents. sud. Environ 60 pour cent de la population La mission d'évaluation de la Phase cible sont des Peuls, et les autres sont des 1, qui comprenait un sociologue, a rejeté la Wolof et des Mandingo. La population, éta- proposition de mettre en place des ranches blie dans des villages permanents, s'adonne d'embouche et a recommandé à la place de à l'agro-pastoralisme et les jeunes gens pra- convertir le système d'accès libre de toute la tiquent la transhumance à court terme, pen- région en un régime de propriété collective dant deux ou trois mois de l'année et par- dont la gestion serait confiée à des pasteurs courent de longues distances pour trouver organisés en unités pastorales (Bromley et des points d'eau et des mares. Les organisa- Cemea 1989). 41 L'établissementd'organisationspastorales ment un groupe de décision de taille A 1980, 53 unités pastorales (UP) raisonnable. étaient établies et dirigées par des comités Les conseils sont formés de mem- de gestion (CG). Les UP sont for,ées de bres de la noblesse qui constitue environ 70 plusieurs groupes de pasteurs habitant les pour cent de la population. La société est villages situés dans une même région et uti- stratifiée en castes et les 20 pour cent qui sont esclaves ne participent pas aux prises lisant les mêmes parcours. Les 60 UP que dedcso (Rppr anue 198.Acn l'on compte maintenant dans cette zone sont f e tien post ansul GIE, biene officiellement considérées comme des orga- femme ne petIE pren sur nisations économiques et portent le nom de les Petmes Gex au nive desdsions Grouemens d'ntért écnomiue (IE). les OP et les GIE au niveau des décisions Groupements d'intérêt économique (GIE). par l'intermédiaire des groupements fémi- Ces groupements sont reconnus par deux nins. On compte moins de 10 groupements lois nationales promulguées en 1984 et 1985 féminins dans toute la zone du projet; les (Loi 84-37 et Loi 85-40). femmes participent plus activement aux réu- Les membres du conseil d'admi- nions villageoises qu'à celles des GIE. nistration de chaque GIE sont élus au Dans bon nombre de GIE, les jeunes cours de l'assemblée générale à laquelle hommes instruits remplacent de plus en plus participent les délégués villageois. Le les chefs traditionnels, mais ceux-ci sont conseil signe un protocole d'accord avec consultés lors des prises de décisions impor- la direction du PDESO, accord signé éga- tantes. La participation des aînés au proces- lement par le sous-préfet et les présidents sus de décision confere une certaine autorité des conseils ruraux concernés. Le Conseil aux conseils des GIE, assurant l'application rural (CR) est l'unité de base du gouver- des mesures sur le plan villageois. nement local. Les GIE ont amélioré la gestion des Les GIE ont pour mandat d'organi- parcours et atténué la fréquence des conflits ser et d'instruire leurs membres, d'encoura- sur l'utilisation des ressources à la fois à ger l'utilisation efficace des zones agricoles l'intérieur des communautés pastorales et et pastorales, de faciliter le développement entre elles. Nombreuses sont celles qui pro- de l'élevage et de se porter garant du crédit gressent vers la viabilité économique, mais accordé aux membres. En moyenne, les UP/ les résultats d'ensemble sont très irréguliers. GIE comprennent 1200 personnes et un GIE La réussite relative du projet en renforce- couvre une superficie de 24.000 km2. Ces ment des institutions agro-pastorales est due groupements supervisent l'établissement pour une grande part aux travaux effectués à des comités de gestion au niveau villageois, l'étape de l'évaluation, lorsque la mission a qui sont les unités de base du système d'or- utilisé les données socio-économiques sur ganisation pastorale. les institutions locales et sur l'utilisation des Environ 50 pour cent des membres ressources pour donner forme au projet. De potentiels d'un GIE dans une localité don- plus, le processus de collecte des données a née sont effectivement membres (Le permis d'ouvrir la voie aux communications Grançd 1988) et constituent ainsi une base entre le personnel et les participants. Les d'adhésion solide pouvant soutenir le dé- membres de la direction du projet et les veloppement futur. Les membres du con- agents techniques clé étaient compétents et seil sont élus parmi les habitants des villa- travailleurs. Sur le plan du personnel, la ges représentant des zones géographiques continuité a été raisonnable pendant la Pha- différentes. Les 50 membres chefs de fa- se 1, mais non durant la Phase Il. La super- mille environ qui constituent le GIE for- vision du projet par la Banque mondiale a 42 été satisfaisante. Au cours de la Phase 1, l'a- La gestion des parcours. Le projet gence d'exécution du projet, SODIFITEX, a était bâti autour d'un thème central de ges- été en mesure de préfinancer les dépenses du tion des parcours qui a bien démarré. Des projet lorsque les fonds gouvernementaux agents compétents ont été recrutés dès le dé- de contrepartie ont fait défaut. part et les plans de gestion ont été débattus Ces facteurs, conjugués aux avanta- avec les comités de gestion des Unités pas- ges particuliers à certaines zones mention- torales. A 1984, quasiment toutes les UP nés plus haut, ont contribué à une perfor- étaient dotées de plans de gestion des par- mance générale du projet au-dessus de la cours comprenant à la fois des règles de ges- moyenne par rapport aux résultats décevants tion des parcours et des mesures particuliè- des projets d'élevage en Afrique sous-saha- res à chaque localité. La mise en vigueur des rienne (Expérience Banque mondiale 1965- plans a eu pour résultats une utilisation plus 86, Banque mondiale 1988). rationnelle des pâturage, la protection des zones antérieurement surpâturées, une meilleure organisation de la lutte contre les Malgré certaines pertes d'animaux feux de brousse et la résolution plus satisfai- pendant les sécheresses et des cas de dépos- sante des conflits locaux d'utilisation des session des pasteurs de leurs troupeaux, la ressources. La prise de conscience des con- situation de sécurité alimentaire est, selon le flits environnementaux s'est intensifiée sur personnel du projet, moins sévère qu'avant le plan local. l'intervention du projet. Dans l'ensemble, la Cependant, depuis quelques années, production de l'élevage et de l'agriculture la direction du projet ne surveille pas l'exé- s'est améliorée dans tous les ménages. cution des plans de pâturage. Bon nombre d'entre eux sont obsolètes et les GIE ne pos- sèdent pas la compétence nécessaire à leur Les accords gouvernementaux con- révision. fèrent aux GIE certains droits d'utilisation Encore faudrait-il que ces groupe- des terres et de l'eau, avec obligation de par- ments soient motivés à entreprendre une tel- ticiper à la gestion des parcours, mais aucun le tâche, car les pasteurs ne considèrent pas droit foncier ou d'usufruit légitime. le surpâturage comme un obstacle majeur au La pénurie d'eau freine considéra- développement de l'élevage dans la région. blement le développement. Le projet a per- Une enquête récente confirme que le surpâ- mis de construire 111 puits et de réparer 20 turage est peu répandu et n'est un problème points d'eau, les forages publics étant du que dans la zone du PDESO. Selon le Centre ressort du département de l'Eau. Toutefois, de suivi écologique (CSE), la zone du projet le projet n'a pas réussi à sensibiliser les vil- couvre de grandes régions sous-utilisées en lageois à assurer l'entretien des puits et des raison d'un taux faible de charge et de la non points d'eau, qui sont encore entretenus par disponibilité d'eau (CSE 1990). Cette ob- le projet et considérés comme des biens du servation va à l'encontre de la remarque in- projet ou de l'Etat. Ce n'est qu'autour de cluse dans les documents de préparation du quelques forages publics équipés de pompes projet, à savoir que le surpâturage était le que des comités de gestion ont été établis problème majeur dans la zone du projet. La pour la collecte des charges d'eau, le paie- régénération évidente des parcours observée ment d'un technicien en forages et l'entre- ces dernières années peut probablement être tien des pompes. Ces comités ne bénéficiant attribuée aux pluies plus abondantes, mais que d'une formation et d'un soutien modes- on ne peut nier l'amélioration de la gestion tes, leur performance est très irrégulière. des parcours durant l'exécution du projet. 43 Les feux de brousse. Tous les ans, 80 pour cent du stock d'animaux de l'UBT des incendies détruisent la moitié des par- (CSE 1990). cours qui ne sont donc plus disponibles pour La propriété des troupeaux le pâturage de saison sèche. La Phase I envi- sageait la construction de pare-feux sur Le personnel du projet et les pasteurs 2400 km, mais 900 km seulement ont été s'accordent à souligner que la part du cheptel complétés en raison de retards ou parce que sous propriété de citadins augmente de jour en le département des Forêts ne possédait pas jour, mais les pasteurs ne considèrent pas cette les ressources nécessaires à l'entretien. évolution comme un sujet à controverse. Remplis de végétation, les pare-feux sont Les services maintenant inefficaces. La création de comi- tés villageois de lutte contre les feux de La santé animale. Les pasteurs ap- brousse a contribué à conscientiser la popu- précient beaucoup les prestations de santé lation au besoin de lutter contre les incen- animale offertes par le projet, dout la fourni- dies. Ceux-ci sont maintenant plus rares, ture est le principal objectif. La campagne mais les actions de lutte contre les feux de de vaccination est le point culminant et tou- brousse se limitent encore à la mise à feu tes les grandes maladies animales sont en- précoce de cercles aux alentours immédiats rayées. L'accès aux services de santé anima- des villages. Les pasteurs prétendent qu'ils le, notamment aux magasins de médica- manquent de main-d'oeuvre et d'équipe- ments vétérinaires des GIE, ouverts aux ments tels que battes, axes et pompes ma- membres de ces groupements est un des nuelles pour se lancer dans une lutte efficace principaux motifs d'adhésion des pasteurs contre l'incendie ou entretenir les pare-feux. aux GIE. Environ 50 pour cent des GIE ont Le déboisement est un problème été dotés d'un fonds de roulement de majeur causé par l'expansion de l'agricultu- 200.000 FCFA pour établir des magasins de re, l'abattage des arbres pour faire du char- médicaments. Ceux-ci sont achetés à Tam- bon ou obtenir du bois de feu, et l'exploita- bacounda et vendus à un prix plus élevé par tion non appropriée de la gomme arabique. les GIE. Les bénéfices dégagés servent à re- Le projet ne porte pas sur la gestion des fo- nouveler les stocks et à rémunérer les auxi- rêts naturelles. Le reboisement assuré par liaires qui, en général, s'occupent des maga- les plantations villageoises ne couvre que sins. Le taux de remboursement du fonds de 450 km2, superficie insignifiante par rapport roulement varie entre 65 et 90 pour cent. au taux de déboisement. On pourrait confier Après trois ou quatre ans de fonctionnement, aux GIE un rôle dans la gestion des forêts environ 15 GIE sont maintenant capables de naturelles si toutefois ces groupements gérer correctement leurs magasins de médica- étaient autorisés à collecter des droits pour ments. les permis d'exploitation forestière. A l'heu- Parmi les participants au programme re actuelle, il n'existe aucun contrôle efficace d'alphabétisation, 300 pasteurs sélectionnés de l'abattage des arbres car le département continueront de recevoir une formation en des Forêts ne possède pas les ressources né- méthodologie d'élevage, gestion des res- cessaires pour mener à bien la gestion des sources et instruction élémentaire afin de forêts. créer un cadre de jeunes agents de vulgarisa- Les pasteurs n'ont pas augmenté le tion de la santé animale et de l'alphabétisa- nombre de petits ruminants ou de chameaux tion au service de leurs propres communau- dans leurs troupeaux afin d'améliorer leur tés. Bien que de concept solide et louable, chance de survie pendant les années de sé- cette tentative reste à parachever. Près de la cheresse. Le bétail représente encore de 70 à moitié des agents formés ont abandonné 44 leurs fonctions du fait que les GIE n'étaient des membres des conseils d'administration pas en mesure de les rémunérer. aux niveaux des GIE et des villages. L'alphabétisme. L'alphabétisation Les aspects ethniques fonctionnelle était une des conditions préli- minaires de la participation des producteurs Les Wolof et les Mandingo ont au projet et à la gestion des OP, dès la prépa- mieux réussi à organiser leurs GIE et leurs ration de la Phase I et de la Phase Il. Depuis activités économiques que les Peuls. Leurs le démarrage du programme d'alphabétisa- organisations traditionnelles sont plus stric- tion en 1979, près de 9000 personnes (plus tes et plus solides, notamment au-delà du ni- de 10 pour cent de la population) y ont par- veau des villages, leur instruction élémen- ticipé. Le programme couvrait 300 villages taire moyenne est plus approfondie, et leurs sur 430, soit 70 pour cent. La participation chefs ont plus de pouvoir et d'influence pour des femmes était faible, à 10 pour cent envi- affermir les intérêts communs. ron, et le taux d'abandon était de 30 pour La viabilité économique cent. Vu les diverses difficultés de mise en Les nouvelles OP fonctionnent de- place du programme d'alphabétisation, le puis environ 10 ans, cinq ans comme comi- résultat global semble spectaculaire dans tés de gestion des UP et cinq ans comme une région où le taux d'alphabétisme était GIE. Une évaluation des GIE effectuée en quasiment zéro. 1987/88 montre que sur 58 GIE, 24 sont ca- La commercialisation. Le marché pables de tenir leurs propres dossiers de fac- du bétail est un système complexe aux teurs de production, d'assurer la distribution mains de négociants et d'intermédiaires pri- des intrants et de collecter les rembourse- vés. Il est relativement performant, mais ex- ments de crédit. Cependant, aucune de ces ploite les pasteurs. Après l'échec des efforts GIE n'a encore atteint un niveau d'autono- du projet visant à soutenir les OP quant à mie économique. L'avenir de ces groupe- l'organisation des activités de commerciali- ments en tant qu'institutions indépendantes sation, le projet a réussi à aider quelques viables repose sur leur capacité d'améliorer pasteurs à commercialiser leurs animaux leur base économique. Une collecte plus stabulés à Dakar. systématique des cotisations d'adhésion et Leadership etformation en gestion la gestion plus efficace des magasins de mé- dicaments pourraient certes générer des re- Une récente enquête menée dans 51 venus supplémentaires, mais le meilleur GMP indique un taux très faible d'éducation moyen pour ce faire est d'entreprendre des parmi leur personnel clé. On compte parmi activités d'élevage telles que l'embouche et le personnel ayant reçu une instruction élé- la production de lait, grâce au crédit. Des ef- mentaire seulement 30 pour cent environ forts doivent être déployés pour aider les des présidents et vice présidents, 60 pour GIE à améliorer l'organisation des activités cent des secrétaires, 27 pour cent des tréso- de commercialisation du bétail. Les ventes riers et 20 pour cent des comptables. Il est groupées d'animaux permettraient aux inconcevable de penser que les fonctions de membres de négocier des prix plus intéres- comptable, de trésorier ou de secrétaire sants avec les négociants privés. puissent être assumées par du personnel Le projet s'est achevé en 1990 et le analphabète. La question est de savoir quel- soutien futur des GIE dépend maintenant de le priorité et quelles ressources le projet ac- l'orientation du programme de suivi de la corde à l'alphabétisation et à la formation. Il Phase III (PICOGERNA). Plusieurs diffi- aurait fallu considérer plus sérieusement l'é- cultés pourraient entraver le fonctionne- tablissement d'un programme de formation ment soutenable des GIE: a) les groupe- 45 ments ne possèdent pas les connaissances mise en état des pare-feux et la plantation techniques nécessaires pour réviser la stra- d'arbres, n'a pas bénéficié d'une base de tégie de pâturage, et la capacité du projet en participation locale adéquate; et e) les OP cours est limité; b) les GIE n'ont pas été en- ne sont pas encore des établissements éco- couragés à assumer la gestion de l'eau et le nomiquement viables et elles rencontrent gouvernement n'a pas converti les puits pu- des difficultés à générer les revenus néces- blics en puits communaux gérés par les co- saires pour payer les agents d'élevage dont mités locaux; c) les instances villageoises le rôle est crucial. des sociétés agro-pastorales établies, com- Le PICOGERNA a pour mandat de me les chefs séculiers, chefs religieux, réu- maintenir seulement quelques activités du nions au niveau du village, ont une influen- projet et de porter soutien à seulement un ce considérable sur l'utilisation des terres, tiers des GIE existants. Les groupements la transhumance, la mobilisation pour la GRN, etransouanten réal bitélesaoni pourim ai non éligibles au soutien supplémentaire dis- GRN, et sont en réalité les unités primaires paetotL'pudugvmmntoi . A * 8> / . ~~~~~paraîtront. L'appui du gouvernement doit des OP -jusqu'à présent, le projet a centré continuer sous la forme de facilités de cré- ses efforts sur la formation des GIE aux dit, et de services de vulgarisation et de for- dépens du soutien et de la formation des co- dion ende plusieursannéet Ce por- mités de gestion et des chefs traditionnels mation pendant plusieurs années. Ce point au niveau du village; d) l'introduction des de vue est confirmé par les résultats de l'é- nouvelles activités de GRN, comme la re- valuation récente de 12 GIE les plus perfor- mants (Le Grand 1988). 46 4. Analyse comparative des expériences dans les pays étudiés Le processus de renforcement des institu- pâturage accompagnés d'obligations claire- tions montre que les gouvernements con- ment définies. Il a élaboré des systèmes de cernés reconnaissent l'importance du pâturage, sans toutefois tenir compte des développement des capacités locales et de droits d'accès à l'eau ni de la gestion des la participation de la population à la gestion points d'eau. En Mauritanie, le projet a réus- des ressources, et que certaines mesures ont si à délimiter les OP mais n'a pas insisté sur été prises dans ce but avec l'aide de la la gestion de l'eau ni sur le village en tant Banque mondiale. Les projets ont contribué qu'unité de base. Ces trois projets ont, à di- à l'essor de la conscientisation des pasteurs vers degrés, porté attention à la formation du aux problèmes environnementaux, mais des personnel local. déficiences apparaissent dans les politiques, Cependant, on note dans les quatre l'organisation des projets et les activités de pays des problèmes de ressources financières gestion. et professionnelles ainsi que des échecs im- Parmi les quatre pays visités, c'est portants aussi bien au niveau du gouverne- au Mali que les projets de renforcement des ment que du projet. L'une des déficiences les institutions pastorales ont reçu la moindre plus manifestes est le caractère dominant de priorité. Dans les trois autres pays, des me- « cascade » de l'établissement des OP. Ni les sures ont été prises en vue de favoriser la gouvernements ni les projets n'ont été en me- création d'organisations pastorales, bien sure d'inverser ce processus de mobilisation que le concept de l'OP ait été différent dans pour faire du développement des OP une ini- chacun d'eux. Le projet nigérien a créé un tiative prenant sa source à la base. Cette situa- modèle à trois niveaux distinguant la ges- tion est le fruit de problèmes non résolus. tion des points d'eau (GMP) de la gestion des parcours (GVC) et comprenant une enti- Priorités locales et priorités des projets té faîtière (CP) chargée de la fourniture des services essentiels. Sur le plan pratique, le Parfois, les projets ne sont pas soute- résultat majeur du projet en gestion des res- nus par les bénéficiaires cibles car les objec- sources naturelles (GRN) a été la conversion tifs ne correspondent pas à leurs priorités. Il des puits publics en puits GMP. Les objec- existe certes un écart entre les priorités des tifs de délimitation et de gestion des par- projets d'élevage et les priorités des pas- cours n'ont pas été atteints mais, à l'issue de teurs. Le fait qu'un projet intervient dans les la sécheresse de 1983/84, les éléments de sé- zones pastorales donne des espoirs aux bé- curité alimentaire et de services essentiels néficiaires concernés, espoirs non nécessai- ont été les points de ralliement autour des- rement basés sur les objectifs du projet mais quels les OP ont été mises sur pied. plus profondément ancrés sur les besoins es- Le projet sénégalais a progressé vers sentiels de la population. Quand un projet la délimitation des unités pastorales, la créa- est mis en place dans une région sans infras- tion de GIE et l'établissement de droits au tructures ni services de base, la population 47 s'attend à ce que le projet réponde aux be- traîné des pertes considérables d'animaux soins jusqu'à maintenant ignorés par l'Etat. ainsi que la migration des pasteurs au Mali, Par exemple, les pasteurs d'une région non au Niger et en Mauritanie. bénéficiaire de services de santé de base ne La leçon tirée de cette situation con- comprennent pas pourquoi la santé animale cerne la sécurité alimentaire comme point prend le pas sur la santé publique. Pour les de ralliement autour duquel on peut envisa- concepteurs de projets de développement de ger la création d'OP. Toutefois, si l'on veut l'élevage il semble logique d'accorder prio- éviter les discontinuités et leurs effets sur la rité à la santé animale, laissant la santé pu- GRN, il convient de veiller à ce que les pro- blique aux soins du ministère de la Santé pu- jets de développement pastoral compren- blique ou de projets particuliers dans ce nent des composantes de création de dispo- secteur. Il est manifeste qu'une collabora- sitifs d'intervention en périodes de tion plus étroite serait utile entre le person- sécheresse, y compris une aide d'urgence nel du projet et les services essentiels du pour la commercialisation du bétail et un gouvernement, bien qu'elle ne soit pas pos- crédit pour la reconstitution des troupeaux. sible là où ces services de base (éducation, Seul le projet nigérien a tenu compte de cet- santé) font défaut. Par conséquent, les insuf- te expérience au terme de la sécheresse et fisances et les échecs des services publics considère maintenant la sécurité alimentaire sont considérés comme des déficiences du comme facteur clé de ses efforts de dévelop- projet. pement des OP. Des problèmes surgissent néanmoins pour trouver les ressources fi- nancières et la capacité de gestion nécessai- La sécurité alimentaire et les res au démarrage de magasins-coopératives dispositifs d'intervention en périodes de assurant l'approvisionnement efficace des sécheresse organisations pastorales. Dans les pays du Sahel, le rapport L'identification des bénéficiaires du projet entre la sécurité alimentaire et le renforce- ment des institutions pastorales est très par- Une autre insuffisance commune à ticulier. Durant la sécheresse, les pasteurs tous les projets réside dans l'absence de dé- partent à la recherche de nourriture, de pâtu- marcation claire et approfondie des bénéfi- rage et d'eau et arrivent parfois en des en- ciaires cibles. Le nombre d'habitants men- droits très éloignés où ils demeurent pen- tionné dans les documents du projet n'est dant quelque cinq années avant de revenir à pas accompagné d'une description adéquate leur « base ». Ils s'installent souvent autour des conditions socio-culturelles et institu- de points d'eau permanents ou près de cen- tions de gestion des ressources. Les popula- tres fournissant une aide alimentaire et des tions sont différenciées en termes de pro- prestations de santé publique. priété de troupeaux et d'accès aux Cette dispersion des bénéficiaires ci- ressources naturelles. Le nombre croissant bles se traduit immédiatement par l'inter- de propriétaires absentéistes affecte consi- ruption du processus de renforcement des dérablement les structures sociales tradi- institutions. Aucun des quatre projets étu- tionnelles des communautés pastorales. De diés ne semble avoir tenu compte de la pro- plus il existe une population croissante de babilité d'une sécheresse pendant la période bouviers rémunérés ou d'ouvriers pastoraux du projet. Ainsi, aucun dispositif d'interven- désireux d'améliorer rapidement leur salai- tion n'a été mis en place pour mitiger les dé- res et conditions de travail ou de regagner placements et la dispersion des pasteurs leur statut de propriétaires de troupeaux. Les concernés. La sécheresse de 1983/84 a en- projets ne reflètent aucune position explicite 48 au sujet du rôle des femmes. Le concept du membres. Les OP n'ont nulle part été en me- projet semble avoir évolué dans un contexte sure d'établir des critères formels de cotisa- où l'élément féminin n'existe pas ou n'a tion fixe. A l'intérieur des OP du secteur pu- aucun impact majeur sur le renforcement blic il est difficile de distinguer les membres des institutions pastorales. Et pourtant, la des non membres. En général ceux-ci béné- présence des femmes est un élément fonc- ficient des mêmes services et avantages que tionnel du développement des OP. Le rôle les membres, s'ils résident dans la même ré- des femmes est évoqué de manière plus ap- gion. Ainsi, la population ne voit pas tou- profondie dans un autre chapitre. jours l'intérêt d'adhérer à une OP. Comme La conception des systèmes de pâturage et cette situation entrave le recrutement de des activités de GRN membres, il est important de trouver une so- lution à ce dilemme. Seul le projet sénégalais a développé Dans la plupart des cas, les critères une stratégie de pâturage en faveur des OP d'adhésion devraient être bases sur les fac- sur la base des accords passés entre ces or- teurs suivants: résidence dans une zone ganisations et le gouvernement, qui obligent donnée et utilisation des points d'eau collec- les OP à respecter certains principes de ges- tifs des parcours; affinités de parenté, d'eth- tion des parcours. Bien que les plans de pâ- nie ou autres; et paiement d'une cotisation turage soient solides sur le plan technique, d'adhésion avec avantages spéciaux en fa- ils vont au-delà de la capacité d'exécution et , . d veur des membres, s'agissant de l'accès et de révision actuelle des OP et demanderont des charges pour l'eau et les services. Les une collaboration plus étroite et plus active critères utilisés varieraient selon les fonc- de la part du personnel du projet. tions envisagées pour l'OP, ainsi que l'envi- Les affectationsfinancières ronnement local et les conditions sociales. Les ressources financières, profes- Un critère basé uniquement sur le lieu de ré- sionnelles et logistiques affectées au renfor- sidence serait mal venu par exemple dans cement des institutions pastorales sont de- les régions arides et de nomadisme du Ni- meurées modestes et inadéquates dans tous ger, du Mali et de la Mauritanie. les projets. Le projet mauritanien et le projet Les compétences et la formation des sénégalais seulement ont reçu plus de 10 chefs OP pour cent du budget global pour assurer l'é- tablissement et le développement d'organi- La compétence et l'efficience des sations pastorales. chefs des OP sont deux éléments essentiels à la progression réussie des activités de ces Les critères d'adhésion et la délimitation organisations. Les chefs d'OP sont recrutés geographique principalement parmi les chefs traditionnels Peu d'attention a été apportée à la et les membres de leur famille. Cette situa- distinction entre les membres d'un groupe tion était inévitable au départ et peut être ac- traditionnel local homogène et les membres ceptable si toutefois les chefs sont compé- des OP sur lequel elles reposent. Les limites tents et déterminés à relever les nouveaux ont été clairement définies au Sénégal et en défis organisationnels et à répondre aux be- Mauritanie selon un critère combinant le soins des pasteurs. Dans plusieurs cas, des lieu de résidence et les affinités de parenté. jeunes gens plus instruits ont remplacé les Au Mali et au Niger, la délimitation demeu- chefs traditionnels aux postes de secrétaires re incomplète et aggrave la difficulté de con- et de comptables. Bien que positive, cette ceptualiser clairement une notion d'adhé- conjoncture reflète le fait que bon nombre sion distinguant les membres des non de chefs d'OP ne sont pas instruits et ne 49 possèdent pas les aptitudes nécessaires pour lorsque la sécurité économique de base sera remplir les nouvelles tâches dont ils sont assurée que les jeunes gens instruits seront chargés. Par exemple, la compétence des encouragés à rester sur place et à remplir les chefs OP est faible en comptabilité, gestion postes de cadres offerts par les OP. économique et nouvelles techniques de ges- La formation des agents pastoraux tion des ressources naturelles. De plus, ils ne sont peut être pas aptes à organiser la GRN Les agents pastoraux jouent un au niveau du village et de l'OP. En Maurita- grand rôle dans la motivation et la formation nie seulement a-t-on remarqué chez les des pasteurs, ainsi que dans la fourniture des chefs des OP la promotion soutenue des in- services de vulgarisation et autres. La for- térêts des pasteurs sur le plan national. Mal- mation d'agents pastoraux parmi la popula- gré le besoin manifeste d'encouragement tion locale est spectaculaire au Niger et au dans le domaine de la gestion, aucun des Sénégal. Au Mali, cette tâche n'est pas prio- projets ne comprend un programme de for- ritaire. Cependant, les projets au Niger et au mation extensive et soutenue destinée aux Sénégal n'ont pas réussi à élaborer des ar- chefs des organisations pastorales. rangements satisfaisants au niveau des OP Seul le projet sénégalais comprend en vue de rémunérer les agents qui doivent Seulle pojetsénéalai comrend renoncer aux revenus qu'ils tirent de l'éle- une grande composante de formation en ins- truction élémentaire. Les tâches des nouvel- vage pour consacrer une partie de leur temps , , ~aux activités de vulgarisation. Cette les OP en tant que leaders rendent 1 'alphabé- déficienceta dé ungrand nombr tisation indispensable au renforcement des d'ficience a découragt un grand nombre institutions pastorales. Tout groupe ne pos- d'agents. sédant pas au moins quelques hommes et La propriété de troupeaux par des femmes compétents dans la langue officielle absentéistes risque de se heurter à d'énormes obstacles Ce type de propriété et la garde ré- au cours de ses travaux. Du fait que la majo- munérée des troupeaux ont pris un essor rité des zones pastorales ne bénéficient pas considérable durant et après les sécheresses. du programme national d'enseignement élé- Au Mali, les agents locaux de la recherche mentaire, il est important d'attribuer une déclarent que 80 pour cent du cheptel sont haute priorité à la composante d'alphabéti- détenus par des propriétaires autres que des sation des projets ayant parmi leurs objectifs pasteurs; ce chiffre est difficile à vérifier et la création d'organisations pastorales. Il se- doit être considéré avec prudence. Le projet rait utile de procéder simultanément à des nigérien est le seul à avoir tenté de résoudre arrangements avec les responsables du pro- le problème de la dépossession des pasteurs gramme national d'instruction élémentaire de leurs animaux, en offrant du crédit desti- ainsi qu'avec les autorités de l'éducation en né à la reconstitution des troupeaux, ne se- vue d'assurer, à l'achèvement du projet, la rait-ce qu'à un faible niveau. relève de son programme. Toutefois, si Ni les gouvernements ni les dona- l'instruction est nécessaire, elle n'est pas teurs (dont la Banque mondiale) ne sem- suffisante en tant que condition préliminaire blent se rendre compte des effets de la déte- de réussite du développement des OP. En ef- nue des troupeaux par des absentéistes sur le fet, l'absence de débouchés économiques renforcement des institutions pastorales et adéquats et de sécurité fondamentale sous sur la GRN. Cette question difficile est très forme de propriété de troupeaux, pourrait controversée dans tous les pays étudiés, facilement induire les jeunes gens plus ins- mais ce type de propriété est le plus visible truits à migrer vers les centres urbain en au Mali et, au Niger, il a un impact négatif quête d'un emploi rémunéré. Ce n'est que sur la gestion des ressources du delta. La 50 propriété in absentia implique une sépara- suffisances du secteur public s'agissant de tion des activités de détention et de gestion l'importation, de la distribution et de la ven- des troupeaux peu propice au développe- te des médicaments vétérinaires. Les expé- ment des initiatives l'élevage, au renforce- riences dans les divers pays montrent que ment des institutions et à la gestion des res- l'établissement de pharmacies vétérinaires sources naturelles. La question doit être privées demande beaucoup de temps, qu'el- examinée sur le plan de la politique générale les soient établies par des particuliers ou par du fait qu'elle concerne les prix, les taxes et les OP en tant que magasins à vocation l'investissement. Une imposition fiscale coopérative. D'autre part, le vétérinaire plus lourde et l'absence d'options d'inves- désireux d'ouvrir un cabinet privé se heur- tissement plus rentables que l'élevage te à la difficulté de trouver le capital initial comptent parmi les raisons principales du et à l'incertitude des revenus qu'il tirera de transfert des surplus investissables au sec- son entreprise. En tout état de cause, le teur de l'élevage sous la forme de propriété processus de privatisation a souvent été de troupeaux par des absentéistes. plus lent que prévu, et une politique décla- rée de privatisation peut facilement servir Les services de santé animale-un d'excuse à l'Etat pour la détérioration des avantage services publics pendant les premières Dans tous les projets, sauf le projet phases du processus. Même dans un con- malien, les OP sont dotées de fonds de rou- texte de privatisation complète, il se pour- lement pour l'opération de magasins de mé- rait que les gouvernements estiment néces- dicaments vétérinaires. Au Sénégal, environ saire de subventionner les services de la moitié des OP sont maintenant capables santé animale dans les régions éloignées de tenir leurs propres inventaires, d'assurer où la base de revenus des vétérinaires et la distribution des médicaments, et de col- des magasins de médicaments vétérinaires lecter l'argent nécessaire au remboursement serait faible. du crédit. Cependant, le manque de compé- Le crédit tence en économie et comptabilité entrave la Dans les quatre pays, les banques ru- gestion des magasins et des fonds de rales et nationales de développement esti- roulement. ment que les pasteurs et les OP ne sont pas, En général, les prestations de santé en général, des entités solvables. C'est dire animale constituent l'avantage majeur des que dans tous les projets l'accès des pasteurs projets. Presque tout le bétail est vacciné et des OP au crédit institutionnel est très li- chaque année et les principales maladies mité. Analysé seulement au Sénégal, le taux animales sont enrayées. Les services vétéri- de remboursement du crédit fourni par le naires ont joué un rôle primordial dans la re- projet varie entre 60 et 90 pour cent. Il est constitution des troupeaux; les prestations primordial d'offrir du crédit si l'on veut que sont fort appréciées par les pasteurs et ont les OP trouvent le moyen de devenir des or- contribué à affermier la confiance. Par ganisations économiquement viables. Pour ailleurs, les difficultés logistiques telles que ce faire, des innovations sont nécessaires l'absence de moyens de transport, la pénurie mais on doute fort qu'elles émergeront du de fuel, les longues distances à parcourir et contexte actuel de la politique de crédit. les routes en mauvais état font que les servi- ces de santé animale sont très coûteux pour La commercialisation du bétai l'Etat, d'où la question de privatisation. L'aide à la commercialisation du Ainsi les initiatives de privatisation des pro- bétail n'était pas censée être une activité jets sont bien venues dans le contexte des in- principale des projets. Quelques centres de 51 commercialisation ont été établis par les propres agents pastoraux. Cette conjoncture projets et des études ont été financées pour est le fruit de plusieurs déficiences à divers examiner la commercialisation du bétail. Le niveaux. Au niveau des OP il s'agit de l'ab- projet sénégalais a tenté d'aider directement sence de direction visant à identifier les ac- les OP à vendre du bétail à Dakar, mais cette tivités génératrices de revenus et leur initiative a échoué en raison de la concur- organisation efficace. Cependant, cette tâ- rence avec les négociants traditionnels - ce che ne peut être accomplie en l'absence qui porte à penser que les interventions di- d'un soutien actif du projet sous forme d'in- rectes ne sont pas nécessairement fructueu- trants professionnels, dont la formation dès ses. Cependant, la position de négociation le départ. des éleveurs est faible du fait qu'ils sont La participation des sociologues et des pour ainsi dire entièrement tributaires des experts de l'environnement négociants s'agissant des informations de marché et qu'ils ne sont pas organisés de Les gouvernements et les donateurs manière à promouvoir collectivement leurs n'ont pas suffisamment reconnu l'importan- intérêts sur les marchés du bétail. Bien que ce des critèrests e programmes de renforce- les projets aient pu jouer un rôle dans ce ment des institutions et de la gestion des res- lponext,il n'étaient pu préparés dans ce sources naturelles visant à impliquer contexte, pas préparés dans ce activement des sociologues et des experts de l'environnement dans les activités de plani- La viabilité économique des OP et leur fication et d'exécution. On ne peut se passer dépendance du monde extérieur de tels experts si l'on veut mieux compren- Les projets disposent de peu de don- dre la dynamique et les structures sociales nées sur la performance financière et socio- des communautés pastorales et les priorités locales de GRN. Toutefois, le projet sénéga- écoue nomique desloyé dPaucuns leffouatrt sys lais et le projet mauritanien ont bénéficié de tique n'a été déployé dans les quatre projets meleue resucsdn c esqel pou suvrecesaspctsde éveoppmen meilleures ressources dans ce sens que le pour suivre ces aspects de développement poe ain des OP. Il semble que les projets n'avaient projet malien. aucun système opérationnel de suivi et d'é- Les compétences et la motivation du valuation du statut économique des OP personnel qu'ils avaient établies et formalisées. L'ex- La composition de l'effectif du pro- plication standard de cette déficience four- jet en termes de genre et d'aptitudes profes- nie par les experts est que les OP n'étaient sionnelles est un autre sujet d'inquiétude. pas encore capables de recueillir et de diffu- Les effectifs des agences d'exécution sont ser les informations nécessaires. en grande partie composés de personnel vé- D'après les quelques renseigne- térinaire et, dans les postes techniques, les ments recueillis et selon les résultats des femmes brillent par leur absence. Les ex- études entreprises sur le projet sénégalais, perts des questions sociales, les sociologues les OP de ce pays semblent avoir été plus compétents et notamment les économistes performantes que celles des autres pays. En- spécialisés en renforcement des institutions core est-il que la plupart des OP ne sont pas sont trop peu nombreux parmi le personnel économiquement soutenables et que leur des projets. A la direction du projet malien, viabilité dépend en général du soutien exté- on compte deux sociologues dont l'un, une rieur supplémentaire de l'Etat ou autres do- femme, est chargée des coopératives fémini- nateurs. Elles ne sont même pas en mesure nes; l'autre est chef de la division OP et de générer des fonds suffisants pour semble s'occuper en grande partie des rémunérer de manière satisfaisante leurs affaires administratives au siège du projet 52 (Mopti). On ne note aucun lien effectif entre certaine expérience en établissement d'OP et les activités des OP et celles des divisions un planificateur des ressources à Tambacoun- des coopératives féminines. Sur le terrain, da, compétent en planification pratique. Des aucun personnel n'est spécialisé en coopéra- animateurs travaillent avec la plupart des OP. tion rurale, gestion des ressources naturelles Le renforcement des compétences ou développement des organisations pasto- institutionnelles rales. Les 212 agents de terrain sont tous des agents vétérinaires possédant peu ou aucune Tous les projets ont connu des re- compétence dans ces domaines. On ne doute tards et des difficultés d'exécution en raison pas qu'ils aient accompli leurs tâches vétéri- des insuffisances administratives et institu- naires de manière satisfaisante. tionnelles des agences en charge. Notons en Le projet nigérien a recruté deux so- particulier les déficiences de planification ciologues locaux dont les travaux ont consi- économique et de gestion financière, ainsi dérablement contribué à mieux comprendre que des activités de budgétisation, de comp- les aspects sociaux et les coutumes de dépla- tabilité et de vérification des comptes. L'éta- cement des diverses communautés pastora- blissement des OP et la GRN ont laissé à dé- les. Il apparaît également que le personnel sirer en raison de l'incompétence technique de terrain au Niger s'est raisonnablement et de gestion. Ces faiblesses institutionnel- occupé des problèmes d'établissement des les, qui ont souvent eu un impact négatif sur GMP et du recrutement des membres. La les services de terrain occupés à l'établisse- plupart des 34 agents de terrain ont reçu une ment des OP et à la formation, sont dues en formation en santé animale. Chaque Centre partie à l'environnement politique et institu- pastoral comprend un animateur chargé de tionnel externe où fonctionnent les agences l'établissement de GMP. Bon nombre des d'exécution. Malgré tout, celles-ci ont leurs agents de terrain du projet nigérien étaient propres insuffisances internes. contractuels, leur mandat expirant en juin Les projets, y compris les compo- 1991. Maintenant les salaires sout financés santes de création d'OP et de gestion des par des dons du gouvernement français. Si ressources naturelles, sont des initiatives in- les services fournis sont interrompus, les tégrées relativement complexes qui exigent progrès des GMP ralentiront sérieusement. une compétence et une capacité particuliè- Le projet mauritanien comprend un res au niveau de l'agence d'exécution. La sociologue assisté de deux personnes; cette mise en place d'une capacité sociale et envi- équipe est affectée au siège du projet à Nouak- ronnementale dans l'agence demande une chott et voyage dans toute la zone du projet assistance à long terme. Bien que les agen- (130 000 km2) en vue d'organiser des OP. L'é- ces aient bénéficié d'un renforcement par le quipe est très dévouée mais sa tâche est très ar- biais de l'assistance technique, la valeur de due en raison de l'immensité de la zone du pro- l'assistance à court terme est mise en ques- jet et de l'infrastructure en mauvais état. Elle tion. Le manque de continuité en assistance est également aidée sur le terrain par le person- technique est un problème bien connu. La nel vétérinaire du projet. Les animateurs ne présence d'un sociologue visiteur venu sont pas encore sur le terrain, mais le projet a d'une institution bien établie a été très utile récemment affecté des jeunes agents de vulga- dans le cas de la Mauritanie. Mais les coûts risation à chaque organisation pastorale. de l'assistance technique sont élevés, l'em- Un sociologue a fait partie de l'effec- ploi d'experts étrangers comme cadres est tif du projet sénégalais pendant quelques an- un sujet de controverse, et la dépendance de nées. Maintenant on compte un agent de vul- tels services compliquent le transfert de la garisation et de formation possédant une responsabilité de gestion au personnel 53 national lorsque ces experts quittent le pro- politique des gouvernements et l'adéquation jet. C'est dire que le renforcement des insti- des institutions foncières existantes. tutions au niveau national et au niveau du Les gouvernements des quatre pays projet est une nécessité. approuvent, d'une façon plus ou moins ex- On a remarqué dans tous les projets plicite, l'établissement d'organisations pas- étudiés l'absence d'une démarche institu- torales et se sont engagés à prendre des me- tionnelle systématique pour le développe- sures à cet effet. Les étapes franchies par les ment des ressources humaines des agences gouvernements en termes de politique géné- d'exécution. Les efforts de renforcement de rale, de réformes institutionnelles et d'in- ces agences ont souvent été centrés sur le vestissements publics sont plus importantes perfectionnement des connaissances de cha- que la sémantique de leur engagement. Se que membre de l'équipe dans un contexte référant aux zones de projet, on peut dire sans stratégie du renforcement des compé- que le développement pastoral a cédé le pas tences institutionnelles. au développement agricole (la pêche en Mauritanie). En général, les gouvernements Achèvement des projets nigérien, sénégalais et mauritanien ont dé- montré plus de détermination que le gouver- Aucun desp et étudiésit de nement malien à promouvoir le renforce- plan approfondi de transfert progressif des metdsittuon paorl.Ls composantes aux services gouvernemen- r éfores institutions isato à lale is taux. Bien que les projets aient fonctionné les instiàuconferles dits foncier pendant de nombreuses années, leur achève- s Ont, à divers des di ts anc s lsû ment peut avoir semblé brutal en raison d'un quatre cas. La progression de ces réformes manque de planification. Cette situation se estre rard de plusier dnnces réles est en retard de plusieurs années sur les be- manifeste déjà au Niger où le projet a été abandonné formellement sans prendre de soms des pasteurs pour ces réformes. Le ré- gime foncier actuel favorise davantage les dispositions adéquates pour assurer la conti- agriculteurs que les pasteurs en termes de nuation de la composante de renforcement sécurité foncière. des institutions pastorales. Une grande n- Les programmes nationaux d'ensei- certitude entoure l'avenir de cette compo- Les progresontinaux au sante et des autres composantes du projet et gnement élémentaire sont inadéquats au se traduit par le découragement du person- Mali, au Sénégal et en Mauritanie, et non nel de terrain employé par le projet. Leur existants dans la zone du projet nigérien. abandon du projet peut provoquer une dislo- Ainsi, les programmes d'alphabétisation cation considérable dans le développement lancés par les projets ne seront peut être pas des OP. Les mêmes incertitudes planent sur soutenus ou élargis, ou seront peut-être la composante OP du projet sénégalais. abandonnés soudainement à l'achèvement Dans le projet malien cette faible compo- des projets. Il en est de même des centres de sante souffrira probablement de l'achève- santé publique dans la plupart des zones de ment du projet. Dans tous ces cas, les gou- projet. Les structures administratives de l'E- vernements ne possèdent aucun plan pour tat semblent très frêles dans les zones des continuer le développement des OP, quatre projets. Les faibles montants affectés aux projets, conjugués au soutien gouverne- Engagement politique et droits mental modeste ou non existant pour des ac- à la terre et à l'eau tivités telles que l'enseignement élémentai- re, la gestion des ressources naturelles et la Deux des plus importantes questions santé publique ont freiné la création et le dé- de stratégie sont le degré d'engagement veloppement des OP. Le flux des affecta- 54 tions aux projets a été irrégulier et souvent cières modernes, l'interprétation des textes inadéquat, soumettant les opérations quoti- varie, laissant la décision finale à la discré- diennes des services de terrain par exemple tion des instances judiciaires. D'après le à de considérables contraintes. La disponi- shari'a, l'usufruit ou la propriété privée de la bilité des fonds gouvernementaux de contre- terre peut être accordé à un utilisateur qui a partie a été un problème dans tous les « mis la terre en valeur ». L'interprétation projets. courante est que l'utilisation pastorale n'est Les droits à la terre et à l'eau soulè- pas une activité de mise en valeur de la terre. vent de nombreux conflits et incertitudes car Cet obstacle légal évident peut devenir un les contradictions entre les divers régimes obstacle réel à la mise en oeuvre des mesu- fonciers et les politiques d'utilisation des res de restauration de l'écologie et de la ges- terres ont un impact négatif sur le pastoralis- tion soutenable des ressources naturelles. me. Avant l'accession à l'indépendance, la Les pasteurs préfèrent obtenir l'usufruit propriété d'état était très courante et l'est commun ou des droits prioritaires légale- encore, et donne au gouvernement le droit ment défendables à leurs pâturages avant d'attribuer les terres à des utilisations qu'il d'investir dans des points d'eau et dans l'a- juge les plus avantageuses. L'expansion mélioration et la gestion des parcours, et agricole va de pair avec l'expansion de la ainsi « mettre la terre en valeur ». propriété privée. C'est l'évolution normale. Les droits à la terre et à l'eau dans Cependant, quand cette évolution progresse les quatre pays sont traités plus en profon- sans changement correspondant au niveau deur dans l'Annexe. institutionnel en vue de promouvoir des ac- tivités soutenables de pastoralisme, les con- Les leçons tirées des projets flits intersectoriels et la dégradation envi- ronnementale ont tendance à s'amplifier. Parmi les quatre projets, c'est le pro- En pratique, les pâturages et les jet sénégalais qui a le mieux progressé vers points d'eau publics sont des ressources la création d'un environnement favorable à d'accès libre pour lesquelles personne ne se la gestion des parcours. Des facteurs parti- sent responsable. Ils appartiennent à tout le culiers au Sénégal ont facilité la réussite. monde et donc à personne - d'où la ques- Cependant certaines expériences dégagées tion de la reconstitution des ressources via- du projet sénégalais en ce qui concerne la bles à l'ordre du jour des discussions de ré- planification du projet et l'action gouverne- forme du régime foncier, mais l'action mentale s'appliquent au renforcement des politique est lente. Alors que les pasteurs et institutions pastorales en général. Ce sont: les autorités citent le Code islamique (sha- La planification du projet sénégalais a ri'a) comme loi coutumière guidant les été entreprise de manière systématique droits d'usufruit aux parcours et aux res- sources en eau, ces mêmes entités admettent et srabas de connaisns reai- , . ~~~~vement fiables des conditions socio- que les nouveaux systèmes d'utilisation des économiques et environnementales du terres basés sur la propriété privée et parrai- nés, ou encouragés par les autorités, sapent milieu. ou dénient les droits traditionnellement * La zone du projet a été considérée défendables. comme zone pilote. Il était reconnu Dans l'arène complexe des disputes que la composante OP représentait une entre, d'une part, les partisans de la Loi isla- activité à long terme et comprenait la mique et des coutumes pré-islamiques qui définition des unités pastorales, la pla- prévalent encore, et d'autre part les lois fon- nification des systèmes de pâturage, et 55 la formation des agents pastoraux moins de 5 pour cent au Niger et au choisis parmi les groupes cibles. Mali. * Les droits des OP à la terre ont légale- Ces éléments mettent en lumière un ment été reconnus dès le début de la soutien raisonnable de la part du gouverne- période du projet. ment, s'agissant de l'établissement d'OP, et les bonnes relations de travail avec les auto- * Le personnel du projet, aidé d'experts rié. Ceedat la rustdupoesé- externes, a porté un intérêt actif à la rités. Cependant, la réussite du projet séné- externes,. a pt u inérêtoactif à la galais aurait été encore plus profonde si délimitation depâtuàrl'élaborationedes.s l'accord sur les droits de pâturage avaient couvert les points d'eau. Par ailleurs, on re- * A mesure que la compétence des OP marque une progression plus lente des acti- s'est améliorée, ces organisations ont vités en raison du départ des agents pasto- été légalement reconnues comme enti- raux et des changements adoptés dans tés économiques et ont bénéficié de l'affectation des ressources sous le nouveau fonds de roulement pour mettre en projet. Cette situation montre que les OP ne place des pharmacies vétérinaires et sont pas encore des entités autonomes et que démarrer des activités génératrices de les gains dégagés dans le passé seront per- revenus. dus si aucun soutien technique extérieur • Le projet a assuré la formnation de plu- n'est apporté sur une plus longue période. sieurs agents pastoraux dans chaque Les résultats positifs enregistrés sieurns agents pomainest dansa chde dans le projet mauritanien sur une période la danté asimales domnes de la prNduc relativement courte de deux ans peuvent être la santé animale et de la production. atiusà attribués à : * L'agence d'exécution a bien fonc- Une approche bien conçue, exécutée tionné en raison des compétences et de * Un ape dpet conçu e et par un équipe du projet compétente et la motivation de son personnel. Elle a motivée soutenue par le gouvere- réussi à mobiliser des fonds lorsque le , de cntrparie d 1 Eta ment. L'équipe était dirigée par une financement sociologue local connaissant bien les s'est trouvé indûment retardé - ce qui conditions du milieu. Un sociologue démontre la détermination de la direc- . . tion du posànes. société mauritanienne a participé aux tion des composantes. premières étapes d'exécution. * L'agence d'exécution était située au La confiance relativement profonde centre de la zone du projet et dotée de des chefs pastoraux dans le projet et le pouvoirs suffisants pour prendre des . . . décisions importantes et négocier avec gouverneen dujfait qe celu- les OP des accords formels sur cops* nmjrtéd atusmu res. La plupart des fonctionnaires sont les droits et obligations relatifs au associés au pastoralisme et ont pour pâturage. attribut commun le khaima (« sous la * Grâce à ses propres programmes, le tente »). projet a porté le taux d'alphabétisation Du fait que la zone attribuée à une à 10 pour cent dans la région. OP en Mauritanie est immense, le projet n'a * Les affectations de fonds du projet à la pas apporté une attention appropriée à l'éta- composante OP étaient relativement blissement de groupes locaux autour des plus élevées que celles des autres pro- points d'eau. Il n'a pas non plus de système jets, c'est-à-dire 10 pour cent contre de pâturage ni assez de techniciens compé- 56 tents. Pourtant, le projet a comme cible am- lieux, un système souple comprenant des bitieuse l'établissement de 101 nouvelles OP de plusieurs niveaux, formes et fonc- OP avant de terminer le renforcement de tions servirait mieux les intérêts des pas- celles qui existent déjà. La demande accrue teurs. du programme pour des ressources profes- Il est important d'encourager les sionnelles ne peut en aucun cas être satisfai- OP à veiller à ce que l'expansion de leurs te par le gouvernement mauritanien dans le services et activités ne devance pas le dé- court terme. Il serait plus utile que le projet veloppement de leur capacité et viabilité lance une phase pilote avec les OP actuelles économique. en vue de développer un réservoir de res- S'il n'existe aucun modèle particu- sources humaines à tous les niveaux avant lier, il existe des éléments et étapes com- de considérer l'expansion. Bien qu'en Mau- muns à l'établissement d'OP pour la gestion ritanie, l'enthousiasme et la volonté politi- des ressources naturelles. La séquence, le que soient fortes, les ressources profession- calendrier et l'introduction de nouvelles ac- nelles pour la planification et l'exécution de tivités sont certes différents d'une localité à projets font encore défaut. l'autre, selon les ressources locales, les pro- blèmes de développement propres au site, et Les étapes d'établissement d'une OP d'autres facteurs externes. On peut conce- voir le processus de renforcement des insti- Qu'a-t-on appris dans les quatre tutions comme un continuum à cinq étapes pays s'agissant de l'à-propos des modèles prniae ,'n dué déedn de l'en , ^ ,. . ~~~~~~~principales d'une durée dépendant de l'en- d'OP et des rôles et fonctions attendues de vironnement socio-politique et d'autres fac- ces organisations ? Les OP doivent-elles teurs de logistique. s'occuper simultanément de presque tous les aspects du développement pastoral ? Les activités doivent-être s'élargir progressive- ment ? Quels éléments doit couvrir un pro- * dialogue initial et mobilisation, gramme de renforcement des institutions pastorales pour faciliter l'établissement * accord sur les sujets problématiques et d'OP? sur les principes de base de la GRN, On a conclu qu'il n'existe aucun * évaluation de la capacité locale et des modèle universel d'organisations pastorales priorités de GRN, pour les pays arides de l'Afrique de l'Ouest. * élection des membres du Conseil des La forme appropriée à adopter dépend de la OP, délimitation des terres, conjoncture locale et des objectifs du pro- gramme de développement. L'idéal serait * identification des puits (types, pro- que les fonctions des OP découlent des prio- priété, fonctions, besoins d'entretien) rités et des besoins locaux, et ce par le biais et nécessité de construire de nouveaux de la participation. Par exemple, les mesures puits, de sécurité alimentaire et de gestion des a établissement de comités de gestion au points d'eau peuvent être considérées com- me des éléments de ralliement appropriés niveau dui ou dut des pasteurs dans les régions les plus arides ment en ce qui concerne la gestion des du nomadisme nigérien, alors qu'un fonds points d'eau-mais dans l'ensemble, de rolemet por de magains e méica-en tant que « blocs de construction » de roulement pour des magasins de médica- de la GRN à un niveau supérieur, ments vétérinaires est mieux apprécié par les pasteurs dans les régions agro-pastorales * principes régissant les contrats semi-humides du Sénégal. En d'autres fonciers, 57 * animation et présentation des princi- Etape 3 - expansion (3-5 ans): pes de gestion des ressources, * formation intensive des membres des * formation en services de santé et comités de gestion et des conseils alphabétisation par le biais des pro- d'administration des OP, grammes nationaux en dehors du pro-. gramme ned introduction d'un fonds de roulement pour pharmacies vétérinaires dans les * soutien à l'infrastructure de base et OP les plus performantes, développe- autres services (GRN, animation, santé ment des points d'eau, animale). * transfert des puits publics aux OP, Etape 2 - motivation et mobilisation * introduction de principes simples de (2-3 ans): gestion des parcours, systèmes de * introduction des systèmes de cotisa- paiement de l'eau, charges pour pâtu- tion des adhérents, rage, et amendes pour actions illicites; soutien gouvernemental plus intensif. * ouverture d'un compte bancaire OP, * mobilisation des membres du conseil Etape 4 - consolidation et expansion conti- et des chefs traditionnels et formation nue (5-10 ans): en GRN, * continuation intensive de la formation * planification économique, comptabi- et des prestations gouvernementales, lité, alphabétisation, formation des introduction de nouvelles activités agents pastoraux, selon la performance et les besoins, tel- * systèmes de rémunération des agents les que sécurité alimentaire, jardinage/ pastoraux, agro-foresterie, commercialisation, * établissement de centres pastoraux à embouche animale, production de lait. bas coûts selon le principe de partici- pation aux coûts, Etape 5 - gestion autonome (10-20 ans) * identification des sites de construction diminution progressive du soutien gouverne- des puits, mental selon la performance de GRN et la viabilité économique et financière des OP; * élaboration des principes de transfert cependant, le gouvernement aura toujours un des puits publics à la direction de l'OP. rôle à jouer dans le renforcement des institu- tions et la gestion des ressources naturelles. 58 5. Le rôle des femmes dans le renforcement des institutions et la GRN Peu de données systématiques, et parfois bles des décisions majeures concernant les aucune, n'ont été recueillies dans la zone du méthodes d'élevage du troupeau familial. projet sur les questions de genre, mettant en Les hommes et les jeunes gens assurent en lumière le rôle que jouent les femmes du général la garde effective du troupeau, no- milieu pastoral dans les économies locales. tamment celle des bovins et des chameaux. Les impressions ressenties sur le terrain L'élevage est parfois une source importante confirment les conclusions d'autres études, de revenus pour les femmes des zones pas- à savoir qu'en raison des contraintes cul- torales. Dans de nombreuses sociétés, les turelles et socio-économiques, la participa- femmes sont propriétaires de la majeure par- tion des femmes dans les activités tie du troupeau du ménage par le biais de principales du programme ne pourra être l'héritage ou de l'investissement de revenus assurée qu'à longue échéance. excédentaires dégagés d'autres activités La démarche actuelle des projets économiques. Parmi les sociétés agro-pasto- ignore presque complètement les occupa- rales Hausa à Maradi (Niger du sud, en de- tions des femmes, bien qu'elle soient res- hors de la zone du projet), les femmes sont ponsables des activités de production pasto- propriétaires de 80 pour cent du cheptel de rale très importantes, comme la collecte du petits ruminants (Raynaut 1986). Dans le fourrage, l'alimentation et l'abreuvement centre du Niger, les femmes Kel Dinnik des petits ruminants et les soins de santé aux (Touareg) sont propriétaires de 20 pour cent jeunes animaux et aux animaux malades. des animaux domestiques (Winter, extrait de Les femmes conditionnent et commerciali- Swift 1984). Plusieurs femmes Touareg de sent la laine, les cuirs et les peaux, ainsi que la zone du projet ODEM au Mali prétendent le lait et les produits laitiers. Dans les zones être propriétaires de près de 50 pour cent du agro-pastorales, elles participent aux tra- troupeau familial. Dans d'autres économies vaux de production. Elle vont chercher l'eau pastorales cependant, telles que les nomades et le bois de feu et s'occupent souvent de la Wodaabe au Niger et au Mali, les femmes plantation et de l'entretien des arbres. Elles ont peu ou aucun droits personnels au trou- prennent soin des enfants et accomplissent peau. Elles possèdent toutefois les droits ex- des tâches domestiques ardues et longues. clusifs de la traite du troupeau familial et dé- Leur capacité de participation aux nouvelles gagent des revenus importants de la vente activités économiques varie selon les socié- du lait. tés locales. On a observé dans toutes les sociétés Insuffisance de programmes pastorales visitées (Touareg, Peul, Maure, Wolof, Mandingo) une division nette du tra- Les projets ne comprennent aucun vail et des responsabilités entre hommes et ou seulement quelques programmes visant femmes. Les hommes sont en charge de spécifiquement à améliorer la condition fé- presque tous les animaux et sont responsa- minine et à mobiliser ce segment de la 59 population pour établir des organisations consacré un temps considérable et fourni de pastorales. En règle générale, les quelques gros efforts pour mettre en place des clôtu- programmes féminins observés dans les ré- res en bois afin de protéger leurs cultures gions sont financés en dehors des projets contre les méfaits des animaux. Mais en rai- aidés par la Banque mondiale, normalement son de la pénurie d'eau et de l'absence d'ir- par des donateurs bilatéraux ou des ONG. rigation, ainsi que de facteurs pédologiques, Ces actions sont souvent des projets autono- les rendements sont souvent très modestes. mes qui s'inscrivent dans le programme na- En tant que projets de développement isolés, tional pour la condition féminine, mais dans ces systèmes ont peu d'impact positif sur la certains cas elles relèvent directement de la condition féminine. Simultanément, la pro- direction des projets d'élevage. Bon nombre duction de cultures vivrières et l'intégration de programmes féminins sont fondés sur de l'élevage dans l'agriculture représentent une image cliché du rôle économique de la des domaines où les femmes pourraient femme et concernent souvent l'artisanat et jouer un rôle important dans l'avenir. les soins de santé publique, sans toutefois Les femmes ne prennent pas part refléter les responsabilités réelles des fem- aux réunions villageoises organisées par le mes en ce qui concerne l'entretien du trou- personnel des projets et sont ainsi exclues de peau, l'agro-pastoralisme et la gestion des la participation directe au processus d'éta- ressources. Dans bien des cas, ils reposent blissement d'OP. Il n'existe aucun lien for- sur l'établissement de groupements fémi- mel entre les groupements féminins et les nins comprenant une présidente, une vice OP parrainées par l'Etat, bien que les res- présidente, une secrétaire, une comptable, ponsables de ces deux types d'organisations etc. Les préposées à ces postes sont souvent soient souvent de la même lignée. On a ob- des femmes de 50 à 60 ans appartenant à des servé des cas où la présidente d'un groupe- familles aisées. Elles sont généralement ment féminin était l'épouse du chef de villa- élues par des hommes. La formation, le cré- ge et président de l'OP locale. Ces liens dit et autres prestations sont normalement informels donnent aux femmes la possibilité canalisés à travers ces groupes. Les activités d'influer indirectement sur le processus de liées au programme de ces femmes sont ra- décision des OP. Selon les présidents d'OP rement intégrées de manière fonctionnelle qui ont êté interviewés, il n'existe aucune dans le processus d'établissement des OP ou barrière formelle empêchant les femmes de dans les autres actions des projets. devenir membres des conseils OP. Malgré Citons comme exemples de tels pro- cela on a compté seulement une femme par- grammes la formation des accoucheuses au mi tous les membres des conseils OP dans niveau des OP (ODEM, Mali et Niger), le les quatre pays visités. crédit destiné à la production et à la com- L'évaluation de l'impact d'ensemble mercialisation des produits de l'artisanat lo- de l'établissement d'OP et des activités con- cal (Mali, Mauritanie, Sénégal), le crédit et nexes des projets sur la condition de la fem- la vulgarisation du jardinage (Mauritanie, me dans les régions pastorales est rendue Mali, Sénégal), la plantation d'arbres (Séné- difficile par le manque de données de base et gal, Mauritanie) et la stabilisation des dunes très peu de données sur les questions de gen- (Mauritanie). re. Il est probable que des composantes tel- De par leur petite taille, les program- les que la construction de puits, les services mes féminins ont un impact limité sur la vétérinaires et la gestion des parcours aient condition de la femme et le niveau de vie peu d'effets directs sur le niveau de vie de la dans la région. Par exemple, dans plusieurs femme. Au Sénégal seulement, on a remar- projets pilotes de jardinage, les femmes ont qué que 10 pour cent des participants aux 60 programmes d'alphabétisation étaient des sociale et les systèmes de production locale femmes. Quelques femmes du milieu pasto- dans les zones pastorales ont des ramifica- ral au Mali et au Niger participent à ce type tions profondes pour la division du travail et de programme. des responsabilités entre hommes et femmes. Il n'est pas moins douteux que l'ac- Par exemple, la migration accrue des cès des femmes au crédit soit plus facile. hommes impose en plus à la femme et aux Durant l'étude sur le terrain, des femmes ont enfants le soin d'assurer les tâches tradition- souvent demandé aux agents de la recherche nelles des hommes. La femme doit consa- de fournir du crédit pour lancer des activités crer plus de temps au travail domestique en génératrices de revenus. Leur but commun raison de la pénurie et de la concurrence ac- était d'investir dans l'élevage de leurs pro- crue pour l'eau, le fourrage et le bois de feu. pres troupeaux. Plusieurs fois au Niger et au Dans les zones agricoles où la surexploita- Mali, les initiatives lancées par les femmes tion des terres continue, les femmes ont sou- elles-mêmes en vue d'obtenir du crédit pour vent perdu leurs droits traditionnels à la ter- des activités d'élevage ou d'agriculture ont re. Dans certaines sociétés, les Touaregs par été repoussées par la direction du projet. exemple, les hommes et les femmes des ré- Il est toutefois probable que les fem- gions pastorales ont perdu leur position so- mes bénéficient indirectement des services cio-économique traditionnelle privilégiée. de santé animale améliorés, de l'établisse- Parmi les Touaregs qui se sont récemment ment de magasins de médicaments vétéri- installés au Mali, les femmes nobles aisées naires au niveau des OP et d'une meilleure ont été destituées et seules quelques-unes alimentation en eau. Il n'existe cependant sont en mesure de garder leurs domestiques aucune donnée confirmant cette conclusion. Bellah pour les travaux ménagers et agrico- Les projets ont peut-être un impact les. Traditionnellement, ces femmes sont négatif sur les femmes. Dans la société sé- élevées dans l'aversion de tout travail physi- dentaire Peul du Mali (OP de Boni), la tâche que et passent leur temps à se rencontrer ou des femmes s 'est accrue après le démarrage à des activités d'artisanat. Elles font face du projet, lorsqu'elles ont aidé à aller cher- maintenant à d'énormes difficultés lorsqu'il cher l'eau et le ciment pour la construction s'agit de se conformer aux nouvelles condi- d'un barrage. Les femmes sont également tions de vie souvent ardues, notamment du chargées de la préparation des repas pour les fait qu'elle ne possèdent aucune expérience participants aux réunions des OP et pour les ni formation en agriculture, pas plus que les visiteurs. Des difficultés sont apparues lors intrants nécessaires pour démarrer des cul- de l'introduction des coopératives pastora- les chargées de la commercialisation du lait tuesviri res. , , ., ....... . ~~~~D'un autre côté, la croissance du et des produits laitiers au Mali, car les mem- nombre de ménages dirigés par des femmes bres des coopératives ne comprennent aucu- c, r ne femme. La vente et la commercialisation leur confère une plus grande influence sur le des produits laitiers ont toujours été des oc- processus de décision. Dans un contexte pri- cupations féminines. Les femmes du milieu vé d'hommes, elles doivent de plus en plus pastoral perdront-elles cette source de prendre des décisions importantes quant à la revenus en raison de l'établissement des gestion du troupeau et des ressources, et re- coopératives ? présenter « leurs hommes » dans les réu- nions de prise de décisions. On ne connaît Les nouveaux rôles cependant pas le degré de contrôle que ces femmes abandonnées ont gagné s'agissant Les grands changements qui pren- des troupeaux de leurs hommes ni les béné- nent actuellement place dans l'organisation fices directs dégagés de la vente des 61 animaux et des produits de l'élevage. Il est * L'effectif féminin demande à être ren- important de noter qu'en parallèle à l'éduca- forcé à tous les niveaux des program- tion et au contact des sociétés urbaines, le mes de développement pastoral. comportement et les valeurs culturelles des a La formation et la sensibilisation du per- jeunes pasteurs à l'égard du rôle traditionnel sonnel (hommes et femmes) quant aux des femmes sont également en voie d'évolu- questions de genre devraient être forma- tion. En revanche, la réapparition de l'inté- lisées dans les agences d'exécution. grisme islamique pourrait contrecarrer le processus. * Il serait utile d'encourager un plus grand nombre de femmes à suivre des Recommandations cours d'alphabétisation, de comptabi- lité, d'agro-pastoralisme, de planifica- La participation sans restriction des tion et de gestion économique, et de femmes dans les OP ne peut être accomplie gestion des ressources naturelles, et à qu'à longue échéance. Elle exige d'abord un devenir des agents de développement changement de comportement fondamental pastoral travaillant avec les femmes de à tous les niveaux, allant du niveau local au leur localité. niveau des donateurs en passant par le projet et le gouvernement. Les recommandations * La Banque mondiale et les autres susceptibles de faciliter ce processus sont donateurs devraient encourager l'in les suivantes:* clusion des programmes féminins afin de stimuler la génération de revenus * Il conviendrait d'entreprendre une parmi les femmes, par exemple par les recherche plus approfondie et de systèmes de crédit. recueillir des données sur les questions Daiis les sociétés où les femmes du de genre, et ce dans le cadre des pro- leu soral oùilent d u grammes de développement pastoral milieu pastoral jouissent d'un statut afin de mettre en lumière le rôle des privilégié, les programmes devraient femmes dans la gestion des ressources, encourager ces femmes à participer à notamment dansa gesuiondes ressources, l'établissement d'OP et autres activi- notamnment en ce qui concerne l'in- tés du programme. fluence des femmes du milieu pastoral sur les prises de décision. * Dans les sociétés où les femmes jouis- * Les questions de genre devraient faire sent d'un statut relativement bas, les partie intégrante des travaux de plani- programmes devraient soutenir l'éta- fication, d'exécution et d'évaluation blissement de groupements féminins des programmes. et encourager l'interaction entre ces groupements et les nouvelles organisa- * Les questions de genre devraient être tions pastorales. traitées dans les rapports d'activité, de supervision et d'évaluation. 62 6. Le rôle des institutions traditionnelles Dans quelle mesure fonctionnent aujourd'- 1985). Dans les sociétés Peuls, la tribu et la hui les institutions culturelles tradition- sous-tribu portent le nom de lenyol, et le nelles ? Peut-on s'appuyer sur les coutumes sous-groupe lenyol est le tarde. traditionnelles pour renforcer les organisa- Il est normalement plus facile d'orga- tions pastorales modernes ? niser des personnes déjà membres d'un Au Sahel les pasteurs ont toujours été même sous-groupe tribal que des personnes organisés en tribus, sous-tribus, clans, lignées qui sont généalogiquement éloignées. Le ral- et cellules familiales, et aujourd'hui encore, liement de personnes appartenant à des tribus la descendance et l'affiliation forment la base différentes ou à des groupes ethniques diffé- de l'organisation. La fondation généalogique rents pour former une OP peut se révéler ex- de la plupart des groupes de pasteurs repose trêmement problématique. Mais en certains sur le principe de patriarcat, c'est-à-dire de endroits cette amalgamation s'est produite groupes agnatiques apparentés ayant des sur la base des amitiés et des liens entres voi- droits et obligations envers un groupe et des sins ou de l'appartenance politique entre les sous-groupes. La majorité des pasteurs du groupes pastoraux et agro-pastoraux. Bonté a Sahel comme par exemple les Arabes, les observé en Mauritanie (1991) la cohabitation Maures et les Peuls sont patrilinéaires. Les des Maures et des Peuls dans la même orga- bovins, les ovins, les chameaux et autres ani- nisation pastorale, les deux groupes étant re- maux, ainsi que les biens matériels, sont présentés dans l'équipe de direction. Ce type transmis de père à fils et de pére à fille, et par- de situation facilite les communications loca- fois à d'autres membres de la famille et per- les et la résolution des conflits. sonnes en dehors de la famille. Quelques Facteurs culturels en jeu dans groupes comme les Touaregs du Sahara cen- l'établissement des OP tral au Mali et au Niger sont matrilinéaires. La solidarité collective qui caractéri- Le concept culturel clé des Peuls se les groupes homogènes de pasteurs est (Fulbe, Pulaar, Farfarou, Jafun, Wodaabe) très importante s'agissant des prises de déci- porte le nom de pulaaku, code pastoral de sion en gestion des ressources. En dialecte comportement correct qui s'applique à la arabe (Hassaniya), cette solidarité collective majorité des groupes Peuls de l'Ouest à s'appelle asabiya (Bonte 1985). Les Maures l'Est, depuis le Sénégal jusqu'au Soudan. sont des groupes sociaux respectant ce prin- Ce code moral régit aussi bien la société que cipe. La distance sociale proche ou éloignée l'individu. Observer le code pulaaku signi- s'exprime en terme de asabiya, que l'on fie vivre « à la façon Fulani ». Ce concept trouve également dans les organisations culturel comporte un élément de cohésion pastorales sous l'égide de l'Etat. La tribu sociale et implique des règles sociales et Maure est organisée autour de la distinction l'harmonie des relations humaines. La lan- entre le centre, c'est-à-dire le nasab du gue Peul, le Fulfulde, reflète des concepts et groupe dominant, et la périphérie (Bonte des caractéristiques humaines importantes: 63 * Hakkiilo - « bonne utilisation du littéralement: « celui qui marche devant »). monde » dont les ressources naturel- Les chefs traditionnels ont encore beaucoup les, faculté de trouver de l'herbe et de d'influence sur les prises de décision collec- l'eau, et conduite appropriée du tives et individuelles. Ils sont toujours con- groupe. sultés en cas de grandes décisions à prendre. Les chefs des OP sont souvent des membres autres, contrôle du soi, ne pas manger de la famille ou des personnes d'apparenté trop. plus éloignée, et souvent des nobles. Cette organisation sociale et politique peut servir * Bernde - « coeur » - être brave, avoir à promouvoir les OP sous l'égide de l'Etat. du courage dans la vie. En revanche, les chefs traditionnels * Munyal - patience et endurance. peuvent représenter un obstacle à l'établis- sement de nouvelles OP. Des conflits ont été * Pasali - la « mesure » juste, se satis- notés entre les chefs traditionnels d'un cer- faire de peu, et rester à sa place ou tain âge et les hommes plus jeunes et plus dans ses lirnites. instruits. On peut s'attendre à des conflits de Ces principes guident les décisions génération et à une compétition serrée au et actions de la population et assurent la sur- pouvoir et aux postes de chefs dans les OR vie des pasteurs. Le pulaaku par exemple L'instruction est souvent un facteur décisif. dicte la façon de procéder en cas de séche- Dans plusieurs cas, les chefs traditionnels resse, de maladies, de décès, ainsi que la âgés ont été remplacés par des hommes plus marche à suivre pendant les années favora- dynamiques et plus instruits. La seule fem- bles. Les pasteurs les plus riches sont dans me membre du conseil d'une OP est une l'obligation de prêter ou de donner des ani- Touareg du nord du Mali, ce qui reflète le maux aux pasteurs plus pauvres qui se trou- caractère matrilinéaire des sociétés Touareg vent dans le besoin. Ce système de redistri- et le statut relativement important accordé bution se retrouve dans l'Islam, dont la loi aux femmes. shari'a est très répandue dans les régions Au Niger, on a remarqué comment la pastorales du Sahel. La vertu munyal (pa- méfiance à l'égard du gouvernement prend tience) des Peuls a un caractère conservateur ses racines dans l'histoire. Il est singulier et non évolutif alors que la vertu bernde que les sociétés pastorales nomades à con- (courage, être brave) peut inspirer de nou- tacts limités avec leur gouvernement soient velles façons de penser et d'agir. La promo- les entités ayant le plus grand besoin de nou- tion active de ces vertus n'a pas encore été velles institutions. Simultanément, ces testée dans le cadre du renforcement des ins- groupes sont très sceptiques à l'égard de titutions pastorales. l'Etat, notamment les Wodaabe du Niger (Bovin et Manger 1990). Ce besoin d'OP Les chefs traditionnels et pour communiquer avec le gouvernement les nouveaux cadres est le plus critique chez les pasteurs, en par- ticulier les pasteurs des tribus indépendantes Les rangs de chef et de sous-chef et égalitaires les plus « apatrides » et les dans les institutions locales Peuls demeurent vrais nomades. Les populations agro-pasto- importants et réapparaîtront probablement rales et les populations agricoles sédentaires dans les OP étudiées. Au Mali, le Jooro est ont plus de contacts avec le gouvernement. le chef Peul chargé de contrôler l'accès aux Elles sont souvent plus instruites et plus pâturages du delta. On trouve au Niger le communicatives, et leurs intérêts sont plus laamido (grand chef) et l'ardo (petit chef, ou aisément reconnus. 64 Les organisations territoriales la vache après que celle-ci a mis à bas deux veaux. L'emprunteur, qui est souvent un D'après Swift (1988), l'organisation membre patrilinéaire, garde les deux ou territoriale des sociétés pastorales en Afri- trois veaux et les considèrent comme des ca- que de l'Ouest comprend deux grandes deaux. Un autre système de redistribution structures. Premièrement, les systèmes terri- des animaux est le diilaayi ou « traite d'une toriaux fondés sur la base de la lignée ou de vache pendant une saison », ce qui constitue l'organisation des classes, au sein desquels un prêt à courte échéance. Ces systèmes se l'adhésion à un groupe social confère le sont avérés efficaces après plusieurs années droit d'utilisation des pâturages sur le terri- de grande sécheresse car ils ont sauvé de la toire du groupe. Il est fréquent que le groupe détresse bon nombre de pasteurs pauvres dominant refuse aux autres groupes pasto- qui ont pu se réintégrer dans le groupe social raux d'utiliser son eau et ses parcours. Ce pastoral. En général, le système fonctionne système est celui des sociétés hiérarchisées bien à l'intérieur d'un sous-groupe tribal, des Maures et des Touaregs et de quelques mais non entre groupes tribaux, et normale- agro-pasteurs Peuls. Bien qu'elles se soient ment les animaux circulent au sein du grou- détériorées durant les dernières décennies, ces pe de lignée primaire. Cependant durant les institutions définissent encore les principales sécheresses ou les famines sévères, ces sys- structures de délimitation des groupes pasto- tèmes ont peu de portée. Les OP qui cernent raux, la propriété des droits à l'eau et l'accep- plusieurs ethnies peuvent jouer un rôle dans tation d'une nouvelle organisation territoriale. ce domaine. Au contraire, dans certaines sociétés Les Maures de Mauritanie observent pastorales des zones arides de l'Afrique de un système qui oblige les riches propriétai- l'Ouest l'organisation territoriale tradition- res d'animaux à en donner quelques-uns aux nelle n'existe pas et ces sociétés n'ont aucun pauvres; ce système est ancré dans le code droit spécifique aux parcours sauf leur utili- musulman. sation sur la base du « premier arrivé premier m lman. serv » (wift1988. Cesystme saccopa-Il existe également la coutume de servi » (Swift 1988). Ce système s'accompa- mobiliser des groupes de travail, ou groupes gne parfois de la propriété des puits par ceux , qui les ont construits. Les pasteurs nomades d'âge, selon la tranche d'âge de jeunes fem- Peuls du nord du Niger, et en particulier les mes avec un chef fémini ou de Jeunes gens ' . ~~~~~avec un chef masculin. De telles institutions Wodaabe, observent ce systeme. L'organisa- tosoildeWodaabeobservent cesysttrèsme. Pgars a pourraient être utilisées dans les OP. Il est tion le ges Wodaabe utlen les intéressant de noter que le nouveau nom puadits , pblis groupes daanden unilHausa des donné à une OP dans les langues locales est ceuitseu publits profodendquidevient propriéu souvent associé à ces groupes traditionnels; creuser un puits profond qui devient proprié- lenmsgii rued opgosd té commune du groupe. Le droit à l'eau est le nom signifie « groupe de compagnons du alors réservé au groupe (Swift 1988). même âge ». Les institutions traditionnelles de Les systèmes traditionnels de représentation locale, telles que les systè- redistribution mes habbanaayi et diilaayi de réciprocité et de redistribution parmi les Peuls, demeu- Les Wodaabe du Niger appliquent rent viables. Les planificateurs des pro- un système appelé habbanaayi ou nanga- grammes de renforcement des institutions naayi (Bovin 1990) ou « troisième vache » pastorales devraient tirer des leçons de ces qui consiste à placer temporairement, dans systèmes, et les utiliser pour promouvoir le troupeau de l'emprunteur, une vache lai- des OP et les activités de gestion des res- tière empruntée. Le propriétaire revendique sources naturelles. 65 7. Recommandations Le renforcement des institutions pastorales minimiser les pertes de bétail et leurs consé- visant à améliorer la gestion des ressources quences, y compris le déplacement des dans le Sahel est un processus cumulatif et pasteurs. coopératif à long terme. C'est un moyen d'habiliter les pasteurs, de développer le Approche et planification secteur de l'élevage et de promouvoir la gestion soutenable des ressources Lors de la préparation et de l'évalua- naturelles. Sur la base des ces prémisses il tion d'un projet, il conviendrait de focaliser est recommandé de transformer la plus explicitement les efforts sur l'établisse- démarche actuelle pour des projets limités ment d'OP et sur la GRN afin de mieux faire en une approche pour des programmes connaître et apprécier ces aspects du déve- effectivement soutenus par l'Etat, guidée loppement pastoral au niveau du gouverne- par une perspective à long terme. Ces pro- ment et de l'agence d'exécution du projet. Il grammes doivent avoir pour objectif serait utile d'inclure une brève description majeur la promotion de la gestion amé- des facteurs justifiant l'établissement des liorée des ressources naturelles et le dével- OP, des approches envisagées pour établir oppement pastoral sur le plan local en ces organisations et des éléments qui diffé- autorisant les organisations pastorales à rencient les prestations de service (santé ani- consolider leur autorité et leur contrôle en male, commercialisation, approvisionne- matière gestion de l'eau, des parcours et des ment, mesures d'intervention en période de autres ressources locales. sécheresse) des activités de GRN, ainsi que Les gouvernements et les donateurs leurs besoins logistiques respectifs. devraient reconceptualiser la notion de ren- Il faudrait également distinguer les forcement des institutions pastorales selon activités de GRN quant à la gestion de l'eau, les conditions d'un environnement favora- la régulation du pâturage, et les méthodes de ble aux OP et les particularités des sites conservation à long terme, y compris la ges- quant au type de pastoralisme, conflits sur tion des arbres forestiers. De plus, il serait les ressources et caractéristiques socio-éco- approprié d'identifier clairement les métho- nomiques. L'approche adoptée devrait cher- des et techniques qui pourraient être utili- cher à encourager la participation plus inten- sées pour la GRN, ainsi que les besoins lo- sive des groupes locaux aux activités des gistiques, dont la formation, nécessaires à OP, en laissant jaillir de la base les solutions leur adoption. Cette distinction exhaustive aux problèmes locaux. Les composantes OP des fonctions de gestion est une condition des projets particuliers devraient êtres liées préalable à la création d'un modèle d'orga- au programme à long terme de manière à as- nisation approprié et à la définition des di- surer leur continuation au-delà de la période verses étapes d'évolution des OP. Les activi- du projet. L'approche globale devrait com- tés adoptées par une OP pour la GRN prendre des plans d'intervention visant à dépendront des conditions locales et des 66 aptitudes des membres du groupe. Par changements qui prennent place au exemple, les points d'eau constituent la base niveau local en ce qui concerne les de petits groupes homogènes, et leur gestion habitudes d'utilisation des ressources, peut devenir l'activité principale. La pa- causés par la sédentarisation trouille des parcours peut également com- volontaire et la tendance à l'agro- mencer à ce stade. Cependant, les mesures pastoralisme. de gestion et de protection des parcours peu- Une meilleure compréhension de la vent être adoptées à l'étape suivante ou plus perception et des priorités des pasteurs tard, lorsque le groupe aura acquis les com- quant à leurs besoins institutionnels et pétences de gestion adéquates et aura été le rapport entre cette perception et émulé dans ce sens grâce à l'animation et à priorités et la GRN. la formation. Les affectations budgétaires aux * Une évaluation des structures actuelles composantes OP devraient être relevées afin des groupes traditionnels homogènes que les activités telles que la mobilisation, et de leur potentiel comme points de l'alphabétisation, la formation et le dévelop- départ des OP. pement des chefs reçoivent la haute priorité Une évaluation du statut de la femme qu'elles méritent. Les montants affectés à dans ces groupes. Deux importantes ces programmes ne devraient pas entrer questions : les femmes sont-elles dans le calcul du taux de rentabilité. Idéale- reconnues par les hommes comme ment, ils devraient en être exonérés mais fai- re toutefois l'objet d'un suivi et d'une éva- gapent-elles au processus de décision. luation en vue de déterminer la progression des activités d'organisation et d'acquisition * Une évaluation du modèle et de la des compétences sur le plan local. démarche d'établissement des OP, y Conditions préalables au lancement du compris la sélection des fonctions principales (« points de ralliement ») et des critères d'adhésion aux OP. L'élaboration réussie des composan- Une évaluation du niveau d'instruc- tes OP d'un programme présuppose la dis- tion élémentaire des chefs tradition- ponibilité d'une base solide d'informations nels et des chefs potentiels relative- sur les communautés concernées et leurs . . s , , . . , ~~~~~ment au minimum de connaissances systèmes de production. A cet effet, les critè- requises pour jouer le rôle de chef res de base suivants devront être satisfaits : dans les OP sous l'égide de l'Etat. Des connaissances plus poussées sur Une évaluation de l'adéquation des la situation socio-économique et cultu- .. . ~~~~~~~~~ressources institutionnelles et humai- relle des groupes cibles et leurs systè- nes et de la capacite des agences mes de production en termes de type d'exécution, et la préparation de pro- de pastoralisme, coutumes de déplace- grammes systématiques de renforce- ment et interdépendance, disponibilité ment de la capacité de ces institutions et types de points d'eau, état des par- à atteindre les objectifs de GNR et de cours, y compris le rôle des hommes et développement des OR des femmes et les changements struc- turels internes causés par la déposses- * Une évaluation du cadre politique et sion des pasteurs et l'ascension de la réglementaire de renforcement des propriété de troupeaux par des absen- institutions pastorales, y compris téistes. Il est primordial d'évaluer les l'évaluation de la capacité du 67 gouvernement dans les domaines de de transhumance. Tous les points d'eau pu- l'administration, de l'éducation et de blics actuels construits par l'Etat devraient être la santé publique dans la zone du convertis en points d'eau collectifs des OP. projet. L'absence d'octroi et de consolida- Ces critères étant remplis, il est re- tion des droits fonciers adéquats par l'Etat commandé d'impliquer plus profondément renforcera l'insécurité des pasteurs et miti- le personnel compétent en sociologie rurale, gera leur motivation à adopter des activités anthropologie du développement, économie de GRN et à participer aux coûts de cons- institutionnelle, GRN et droit, dans les acti- truction de l'infrastructure et des points vités de préparation, de planification et d'eau. Il se peut que l'élément problémati- d'exécution du projet pendant les premières que majeur ne soit pas de définir des droits étapes. formels, qui peuvent être basés sur les droits d'usufruit coutumiers, la location collective Le rôle du gouvernement à long terme ou des droits privés transféra- bles, mais plutôt de trouver des moyens effi- Chaque pays doit élaborer un pro- caces d'application. Le gouvernement de- gramme national fondé sur les programmes vrait être disposé à aider les OP à assurer la régionaux décentralisés et sur des priorités mise en vigueur du régime foncier jusqu'à clairement définies. Les interventions du ce que ces organisations soient en mesure projet visant à renforcer les institutions pas- d'assumer cette fonction par leurs propres torales doivent être intégrées dans le pro- moyens. Il conviendrait que les efforts d'ap- gramme régional de l'Etat afin d'ancrer plication de ces droits par l'Etat soient ac- l'engagement du gouvernement et d'assurer compagnés d'une campagne de sensibilisa- la continuité du processus de renforcement tion des populations concernées, tant les des institutions. Il conviendrait que le gou- pasteurs que les agriculteurs, en ce qui con- vernement observe les étapes suivantes dans cerne les systèmes fonciers, et d'une aide le but de rendre l'environnement propice pour faciliter l'assimilation de leurs droits et aux OP. obligations. La réforme du régime foncier Une cellule de coordination nationale La formalisation de droits commu- Il serait utile d'établir une cellule de naux clairement définis et légalement défen- coordination sur le plan national, par exem- dables des parcours, des pâturages et des ar- ple au ministère du Développement rural, en bres, ainsi que de l'eau, devrait être vue de coordonner les efforts de renforce- considérée comme une priorité urgente dans ment des institutions pastorales et de GRN tous les pays. La réforme foncière devrait te- dans les zones pastorales. Cette cellule nir particulièrement compte de la protection pourrait co-habiter avec, par exemple, une des pâturages de saison sèche contre l'intru- unité de coordination des activités de GRN, sion des agriculteurs. Elle devrait définir comme le propose Lewis (1989). La cellule clairement les obligations des utilisateurs de aurait pour mandat de recueillir et d'analy- ressources et comprendre des directives de ser les résultats et les leçons tirées des opé- résolution des conflits d'utilisation des res- rations pilotes, non seulement à l'intérieur sources à l'intérieur de la communauté, en- du pays mais aussi dans d'autres pays, et tre communautés et d'un secteur à l'autre. d'identifier et d'évaluer l'expérience de ter- La délimitation des parcours de certaines rain en vue d'une duplication éventuelle ou OP devrait être souple afin de permettre la généralisation. Elle devrait également iden- réciprocité des activités OP et des activités tifier et évaluer les questions politiques et 68 institutionnelles clés. Il serait préférable que pasteurs et former les agents pastoraux. Ces la compétence soit interdisciplinaire et que centres devraient faciliter les communica- la cellule soit dotée de fonds destinés au re- tions entre les OP et aider à responsabiliser crutement d'experts locaux et étrangers. davantage les agences d'exécution envers Décentralisation de la réformefoncière les OP. If faut trouver des moyens pour ré- duire les coûts du transport des animateurs La mise en place de la réforme fon- et des vulgarisateurs qui utiliseraient au be- cière devrait être confiée aux régions dotées soin des chameaux et des chevaux. d'un pouvoir suffisant pour conférer des Les agents de développement des droits collectifs à la terre et adjuger les con- Lesuauts pastoralesentdes flits au sein des communautés pastorales et communautés pastorales (ADCP) entre l'activité agricole, pastorale et cyné- Les programmes devraient viser à gétique. Le processus d'exécution devrait renforcer les efforts en vue de dispenser la impliquer les OP dès le départ. La décentra- formation d'animateurs et animatrices choi- lisation devrait être effectuée en tenant sis parmi les pasteurs pour travailler dans compte de la coordination du rôle des auto- leurs propres zones. Cette formation devrait rités locales et des autorités administratives. être intégrée et porter sur la mobilisation des Les donateurs et le gouvernement central ressources rurales (y compris la GRN, la devraient être mieux disposés à déléguer les santé animale et la mobilisation des fem- pouvoirs aux échelons inférieurs et encoura- mes), et la formation des chefs pastoraux en ger la décentralisation de toutes les fonc- GRN, planification économique et compta- tions et responsabilités du programme. bilité fondamentale. Une haute priorité de- La responsabilité finale du program- vrait être accordée à la formation des chefs me régional devrait incomber à une institu- pastoraux traditionnels. Les coûts de forma- tion jouissant d'un pouvoir suffisant pour tion des animateurs et leur rémunération entretenir un dialogue constant avec les pas- pour une période initiale devraient incomber teurs, organiser des réunions au niveau des aux programmes régionaux. Après la pério- entités locales et régionales, préparer les de initiale, qui varierait selon les circonstan- budgets et gérer les fonds reçus des OP et du ces, les OP et les pasteurs particuliers béné- Fonds national. Les composantes du projet ficiant des services d'un animateur/ pour l'établissement et le développement animatrice devraient prendre en charge la d'OP devraient être liées directement aux rémunération de l'agent sur la base des taux programmes régionaux qui, à leur tour, se- standard fixés sur le plan régional. raient liés au programme national. La participation Les centres de développement pastoral Les projets devraient encourager Les centres de développement pas- toute la population à participer à leurs acti- toral devraient être établis au niveau du vités de planification et d'exécution, notam- sous-projet, comme c'est le cas des CP au ment aux activités de GRN que les pasteurs Niger, mais avec davantage d'installations considèrent comme moins prioritaires, telles et de ressources professionnelles en vue que la plantation d'arbres, l'établissement d'entreprendre la formation continue des de pare-feux ou de brise-vent et la conserva- pasteurs. L'assistance fournie par les centres tion des sols. devrait porter sur la planification des res- De leur côté, les gouvernements de- sources et la résolution des conflits locaux vraient, avec l'assistance des donateurs, dé- sur l'utilisation des ressources. Un nombre velopper des approches plus systématiques adéquat d'animateurs devraient être affectés pour renforcer la capacité de leurs institu- à ce niveau pour informer et mobiliser les tions dans les domaines de la formulation, 69 de l'exécution et du suivi aes programmes et plus actif dans les programmes de dévelop- politiques. Les besoins se font particulière- pement du personnel des institutions aux- ment sentir tant sur le plan local que sur le quelles ils sont affectés. plan national en ce qui concerne le renforce- . .r s ment des compétences en sociologie rurale La commercialisation et en gestion de l'environnement. Pour re- Si certains projets ont tenté d'aider hausser la compétence en gestion de l'envi- les membres des OP à commercialiser leur ronnement, il faudra non seulement renfor- bétail et les produits de l'élevage, sans grand cer la capacité de gestion mais encore succès toutefois, c'est en partie parce que les perfectionner les connaissances techniques négociants locaux étaient plus performants. et acquérir des outils adéquats tels que des Cependant, les programmes de développe- cartes, des données sur l'environnement, ment pastoral pourraient aider les OP à or- des systèmes simples de suivi, des directives ganiser des ventes groupées de bétail, à ob- environnementales et des listes de contrôle. tenir des informations sur les débouchés et à Il est important aussi que les institutions négocier des prix plus intéressants avec les gouvernementales consolident les efforts de marchands locaux. coordination des politiques et programmes Le suivi et l'évaluation nationaux, coordination particulièrement Le suivi des progrès accomplis en cruciale s'agissant des programmes de san- Le suivi de vrait e té, d'éducation, d'alphabétisation fonction- établissement d'OP et en GRN devrait être nelle et d'infrastructure rurale. soutenu à la fois au niveau du projet et au ni- veau de la cellule nationale de coordination, L'orientation des cadres particulièrement en ce qui concerne toutes Il serait utile que les fonctionnaires les opérations pilotes. Celles-ci devraient responsables de diverses tâches dans le sec- être soumises de temps en temps à une éva- teur pastoral suivent des cours obligatoires luation plus poussée. Pour déterminer les d'orientation sur les aspects sociaux, écono- progrès réalisés, il serait utile de développer miques, écologiques et techniques du pasto- un jeu d'indicateurs simples et efficaces par ralisme au Sahel. Les cours devraient traiter rapport au coût sans être toutefois limité. des besoins de changement dans le compor- Les indicateurs comprendraient les cotisa- tement des autorités gouvernementales à tions d'adhésion, les activités en cours, la tous les échelons envers les pasteurs, les génération de revenus et la performance fi- femmes et le rôle qu'elles jouent dans le dé- nancière, les progrès en alphabétisation et veloppement pastoral et rural, et les produc- en formation, les conflits sur les ressources teurs en tant que noyau dur du renforcement et leur résolution, et les changements dans la des institutions. taille et la composition des troupeaux. Les leaders des OP devraient recevoir une for- mation en collecte, traitement et transmis- Le gouvernement devrait déterminer sion de ces données à l'échelon supérieur. avec soin, sur la base des programmes régio- Les principaux éléments d'un envi- naux, les besoins en ressources profession- ronnement favorable devraient être en place nelles pour le renforcement des institutions avant de lancer le programme de développe- pastorales et la GRN, puis évaluer la dispo- ment pastoral. Les projets n'ont pas l'autori- nibilité sur le plan local. Il conviendrait de té d'apporter des changements substantiels à combler les carences via des visites d'ex- la politique et au cadre institutionnels pen- perts et le développement des ressources dant la courte période d'exécution, et les professionnelles locales. Il faudrait deman- clauses des accords de prêts ne sont pas des der aux experts étrangers de jouer un rôle substituts à une politique appropriée. 70 Conformément aux recommandations, les L'infrastructure rurale engagements du gouvernement doivent se L'investissement public devrait cou- traduire par des actions. vrir les zones pastorales en vue d'améliorer Limitation de la propriété des troupeaux les communications et faciliter la circulation par les absentéistes des informations sur les débouchés, l'envi- Du fait qu'elle ne stimule pas le dé- ronnement, etc. Le développement de l'in- veloppement de l'élevage, la GRN ou le ren- frastructure rurale devrait se faire par le forcement des institutions pastorales, la pro- biais de budgets publics décentralisés, à un priété des troupeaux par des absentéistes ne coût modeste et avec la participation des doit pas être encouragée. L'attribution de communautés bénéficiaires. droits fonciers aux OP devrait leur conférer La participation des femmes le droit d'augmenter les charges pour l'eau, le pâturage et autres avantages offerts aux Les gouvernements et agences inter- troupeaux appartenant aux non membres de nationales devraient reconnaître l'importan- l'organisation et aux propriétaires absentéis- ce des femmes du milieu agro-pastoral en tes. Il conviendrait également que les pro- tant que participantes économiques et gé- grammes nationaux comprennent un dispo- rantes des ressources, et intégrer leurs acti- sitif d'intervention financière offrant du vités dans les programmes de développe- crédit pour la reconstitution des troupeaux ment pastoral. Les actions devraient viser à afin d'aider les éleveurs propriétaires. renforcer les groupements et programmes L'alphabétisme féminins et à encourager la participation des femmes dans les OP et les principales acti- Il conviendrait d'étendre aux zones vités des programmes, et ce sur la base du rurales les programmes nationaux d'alpha- contexte social et du statut local de la fem- bétisation destinés aux adultes (hommes et me. Il est important de faire des efforts pour femmes) et d'enseignement primaire desti- augmenter le personnel féminin à tous les né aux enfants. Ces programmes devraient niveaux. La sensibilisation de tout le per- être adaptés aux habitudes quotidiennes et sonnel (hommes et femmes) aux problèmes saisonnières des pasteurs. L'expérience ac- de genre dans le contexte du développement quise dans le cadre des programmes d'al- rural doit être plus poussée. Le système de phabétisation des projets pourrait servir de suivi et d'évaluation aussi doit tenir compte base à la création de programmes d'alphabé- de cet aspect du milieu. tisation réalisables, dont l'administration se- rait confiée aux autorités régionales et sous- La privatisation régionales. Il serait utile d'encourager la privati- La santé publique sation progressive des services de santé ani- Les centres de santé publique de male et de la gestion et vente des médica- base demandent à être considérablement ments vétérinaires. En tant qu'entités renforcés et devraient couvrir les zones pas- professionnelles, les OP devraient participer torales grâce à des programmes nationaux à la privatisation des services de santé ani- établis en dehors du cadre des programmes male et des provisions aux ménages. Les de développement pastoral. L'accès aux ser- dispositifs de crédit pour établir les fonds de vices sociaux de base et à l'enseignement roulement pourraient entraîner des change- élémentaire est un élément crucial de pro- ments dans la politique de crédit et dans le motion du développement économique et comportement des banques nationales à l'é- d'élimination de la pauvreté. gard des organisations pastorales. 71 Création d'un fonds national organisations à l'échelon national devraient à leur tour être encouragées à jouer un rôle Le programme national de renforce- actif dans le développement de l'élevage et ment des institutions pastorales devrait être la génération de revenus par le biais, entre doté d'un fonds financé par les secteurs pu- autres, d'activités d'importation, de distribu- blic et privé du pays, et des donateurs exté- tion et de ventes de médicaments vétérinai- rieurs. La reconstitution du fonds poufTait res et autres intrants destinés aux animaux. être assurée grâce aux droits d'importation levés sur les intrants et les médicaments vé- Assistance des donateurs térinaires, ou autres taxes. Le fonds devrait financer les programmes régionaux confor- Les donateurs internationaux tels mément aux priorités convenues. que la Banque mondiale devraient apporter Génération de revenus et partage des coûts une plus grande attention au respect, par le gouvernement, des conditions politiques et Le fait de fournir la main-d'oeuvre institutionnelles préliminaires au dévelop- et de participer aux coûts de construction de pement des OP. Au niveau du dialogue poli- l'infrastructure communautaire (points tique et du soutien direct, ces donateurs d'eau, centres de développement pastoral, pourraient encourager le gouvernement à bureaux des OP, cliniques, magasins et rou- renforcer l'échelon des décisions, et super- tes locales) devrait couférer aux OP le statut viser la décentralisation et la réalisation des de partenaires. Ces organisations devraient réformes foncières. Ils devraient assurer la être autorisées à collecter les taxes sur les délégation adéquate du pouvoir aux niveaux animaux auprès de leurs membres, ainsi que régional et local. La Banque mondiale pour- les amendes infligées aux personnes prises rait consolider ses procédures de gestion et en flagrant délit d'abattage d'arbres non de supervision sur le terrain (établissement autorisé - ce qui leur permettrait de ras- des OP et activités de gestion des ressources sembler des fonds sur le plan local. Elles de- naturelles). vraient être mieux guidées en ce qui concer- Il conviendrait que les donateurs ca- ne la génération accrue de revenus par le nalisent leur soutien au renforcement des biais des cotisations d'adhésion, des charges institutions à travers le programme national, pour l'eau, des droits de pâturage et de ges- mais pour des sites particuliers afin d'assu- tion de services tels que la distribution des rer le suivi plus concret des progrès réalisés. médicaments vétérinaires et des denrées ali- Une condition préliminaire devrait porter mentaires essentielles. Il conviendrait d'éta- sur l'établissement de liens avec les pro- blir un barème de charges à trois niveaux en grammes régionaux et avec le programme faveur des membres propriétaires de trou- national. Les donateurs fournissant une aide peaux par rapport aux non membres; les au renforcement des institutions pastorales propriétaires absentéistes seraient soumis à dans un pays donné devraient, avec l'accord des charges plus élevées pour compenser en et sur les conseils du gouvernement, coor- partie leur non participation aux OP et à donner leurs efforts afin d'éviter les redon- leurs activités. Toutes les OP contribue- dances et maximiser l'impact de leurs acti- raient au programme régional de renforce- vités. La coordination s'applique également ment des institutions. Elles devraient égale- au niveau des missions d'évaluation et à la ment être encouragées à renforcer leur recherche sur le terrain, ainsi qu'à la collecte propre organisation au niveau national et ces et à la diffusion des informations. 72 8. Poursuite des activités de recherche et de suivi Une grande incertitude règne au sujet de la vironnementales. Les récents événements façon d'aborder la gestion des ressources survenus au Mali, au Niger et en Mauritanie dans les zones pastorales (Steeds 1989). Cet démontrent que la stabilité politique repose examen comparatif ouvrira peut-être de sur la participation entière des communau- nouveaux horizons, mais les travaux pilotes tés pastorales et agro-pastorales aux affaires en établissement des OP ne sont pas tous politiques et économiques. Mais une telle terminés. De nouvelles études d'évaluation participation demande des investissements seront nécessaires quand les expériences étrangers et le soutien de l'Etat dans les ré- seront plus avancées, et les résultats gions pastorales. devront être communiqués aux gouverne- L'avantage comparatif de la Banque ments et aux donateurs d'une manière mondiale dans les zones pastorales se situe systématique. au niveau du dialogue politique et du déve- La Banque mondiale est l'institution loppement institutionnel à l'échelle nationa- de développement principale apportant une le amélioration de l'environnement pour ce aide aux gouvernements des zones pastora- qui et des politiques et incitations en matière les de l'Afrique de l'Ouest. Les autres dona- de prix et de commercialisation, priorités teurs ont pratiquement tous abandonné ces d'investissement, politique foncière et de régions (Steeds 1989). Etant donné le déclin gestion des ressources naturelles, et déve- global du soutien bilatéral des donateurs et loppement des institutions et de la demande accrue de financement extérieur, loppementrdes il est peu probable que ce soutien bilatéral l'infrastructure. au prfit es zoes aides u Sael aumen-Dans son rôle d'investisseur finan- au profit des zones arides du Sahel augmen- cier dans les activités de développement de sToute intervention dans le dévelop- l'élevage et du pastoralisme, fournissant des | pement pastoral ou dans la gestion des res- conseils pour des politiques et techniques sources naturelles constitue un engagement solides, la Banque mondiale exerce une in- à longue échéance. La présence de courte fluence considérable sur la façon de penser durée de nombreux donateurs a été reconnue des gouvernements. Cette situation est parti- comme un obstacle au développement des culièrement évidente en cas d'introduction régions arides (Nekby 1990). Si la Banque de politiques ou éléments de programmes mondiale cesse ou continue de réduire ses nouveaux et compliqués non soutenue par investissements, les autres donateurs n'in- une stratégie clairement énoncée de déve- terviendront probablement plus du tout. loppement dans les zones pastorales. C'est à Cela signifie que le soutien gouvernemental la Banque mondiale que revient le mérite dans ces régions sera également moindre. d'avoir porté le renforcement des institu- Dans l'ensemble la théorie des dominos à tions pastorales et la gestion des ressources laquelle on peut s'attendre aura de graves naturelles à l'ordre du jour des décisions po- conséquences sociales, économiques et en- litiques dans ces pays. 73 Toutefois, la Banque mondiale ne * L'approche détaillée de projet devrait possède aucun avantage comparatif dans le être transformée en une « approche domaine de l'expertise locale nécessaire programme » plus flexible, compre- pour renforcer les institutions et gérer les nant un dispositif d'intervention en ressources naturelles. Elle a quelque peu dé- periode de sécheresse assurant aux veloppé sa compétence interne (encore in- pasteurs une assistance d'urgence afin suffisante) pour aborder ces questions mais de minimiser la famine et la déposses- dépend de ressources sociologiques et envi- sion des pasteurs. Un concept plus ronnementales externes pour leur résolu- flexible nécessitera une supervision tion. Si la Banque mondiale continue de plus intensive. soutenir l'investissement dans les zones * Le développement de la compétence pastorales, elle doit perfectionner ses pro- interne en sociologie et anthropologie pres connaissances de ces sujets ou chercher de développement pastoral se tradui- à établir des partenariats avec d'autres dona- rait par un meilleur concept et une teurs bilatéraux ou des ONG mieux équi- exécution plus efficace, et contribue- pées qu'elle pour s'occuper des opérations à rait à limiter la distribution involontai- la source. On pourrait envisager un modèle rement erronée des avantages. dans lequel les gouvernements (avec l'aide de l Banue mndiae) dveloperaent La Banque devrait également considérer: de la Banque mondiale) développeraient une politique nationale appropriée et un ca- * L'amélioration de ses propres compé- dre institutionnel de renforcement des insti- tences à traiter les aspects techniques tutions pastorales, et lanceraient des opéra- et de gestion des ressources naturelles. tions pilotes d'établissement d'OP sur le * Une meilleure coordination de ses plan local. Les leçons tirées de la phase pi- efforts avec ceux des autres donateurs. lote pourraient encourager les donateurs bi- Comme l'a observé Nekby en 1990, en latéraux et les ONG à soutenir l'élargisse- l'absence d'une stratégie gouverne- ment des programmes aux autres régions. mentale bien énoncée, les projets Le modèle fait face à deux obstacles: a) il tendent à refléter toute la gamme des existe peu d'organisations possédant une perceptions des divers donateurs et expérience approfondie du renforcement résultent en des efforts souvent des institutions pastorales et de la gestion confus, contradictoires, inefficaces et des ressources naturelles; et b) il soulève de fragmentés. nouveaux aspects de collaboration et de coordination parmi les donateurs et entre Les nombreuses questions en suspens ceux-ci et les agences gouvernementales. Pour améliorer le soutien des réfor- Dans bon nombre de zones, les pro- mes de politique générale, la Banque mon- jets doivent être considérés comme des opé- diale devrait envisager le renforcement de rations pilotes car ils soulèvent autant de ses capacités et procédures. questions qu'ils n'en résolvent. Dans une seconde phase, cette étude Afin d'assurer la continuation du sou- devrait comprendre des travaux de terrain tien (dans le pays) des programmes de sur une plus longue période, une collecte développement pastoral, la Banque plus substantielle de données, et des con- devrait, dans la mesure du possible, tacts plus extensifs avec les chercheurs lo- obtenir avant leur démarrage, une caux et les responsables du projet. Idéale- garantie du gouvernement quant à son ment, elle devrait être précédée de la mise soutien à long terme. en place d'un système de suivi et d'évalua- 74 tion à l'échelon du programme en vue d'éli- déclin irréversible ? Les calculs de miner la contrainte actuelle d'absence production de l'élevage sur les d'informations de base. parcours arides indiquent que 100 ha Les questions suivantes en particu- de terre consacrés uniquement au lier nécessitent de nouvelles recherches et pastoralisme produisent une alimenta- examens. tion (lait et viande en termes calori- Comment peut-on utiliser les systèmes ques) suffisante pour nourrir deux ou traditionnels de cohésion sociale et de trois personnes, mais qu'un hectare de coopération économique pour pro- terre cultivé produit une quantité iden- mouvoir les OP ? Comment fonction- tique de nourriture (calories). Dans cet nent aujourd'hui les organisations ter- exemple, la culture d'un pour cent de ritoriales et comment peuvent-elles la superficie des pâturages accroît la former la base des OP sous l'égide de capacité de charge humaine de 100 l'Etat ? La présente étude explore brid- pour cent environ. Il est important de vement sujets. rappeler que la culture est une réaction intelligente au problème de croissance * Quelle est la viabilité future du pasto- démographique où la capacité de ralisme ? La viabilité économique des charge de l'élevage dans une région OP suffit-elle à soutenir la GRN et les donnée a atteint ou dépassé la limite. services de développement ? Quelles Cette réaction repose sur l'efficacité sont les activités génératrices de reve- beaucoup plus grande de la culture nus, autres que les cotisations d'adhé- végétale (agro-pastoralisme) par rap- sion, que les OP doivent être encoura- port au pastoralisme pur comme sys- gées à lancer ? De quelle façon un tème de production. programme de développement pasto- ral peut aider les OP à améliorer leur Faudrait-il plutôt mettre l'accent sur viabilité financière ? Considère-t-on les problèmes et questions des agro-pasteurs l'établissement d'une composante de et des petits cultivateurs, car même si l'on protection de la faune ou d'une compo- confère aux pasteurs les droits exclusifs d'u- sante de tourisme comme une activité tilisation d'une zone donnée de pâturage, ils de GNR génératrice de revenus ? devront confronter tôt ou tard cette prise de décision, à moins qu'ils ne contrôlent la * Des données plus explicites concer- cosac el ouain asbnnm nant l contibutio éconmique croissance de la population. Dans bon nom- nantuelle l cotentributione économque à bre de régions du Sahel, cette croissance est actuelle et potentielle des pasteurs à près d'atteindre la limite biologique. Il con- térêt national sur le plantieantlin- vient de reconnaître, lors de la planification térêt national surs le pans éconaiqre. sociale et économique de ces régions, l'exis- Un appel dans ce sens pourrait être tence de telles limites et où elles se situent. plus efficace pour obtenir la législation Une autre étude devrait aborder cette question. nécessaire ou assurer la continuité du financement qu'un fonds de toile repré- * Peut-on améliorer la commercialisa- sentant des pasteurs destitués mettant tion du bétail au point qu'elle l'environnement en danger. devienne un facteur significatif de via- * Dans quelle mesure la croissance bilité des OP et du pastoralisme ? démographique joue-t-elle un rôle clé * Sur quels critères les instances de pla- dans le déclin du pastoralisme ? La nification et de décision d'utilisation propriété in absentia est-elle une indi- des sols doivent établir la conversion cation que le pastoralisme est sur un des parcours en terres de cultures 75 vivrières ? D'après un modèle écono- dans les activités de gestion des par- métrique, une étude conduite dans le cours et de GRN, tout en maintenant la delta du Niger au Mali a conclu que la souplesse nécessaire pour permettre les production pastorale est de loin arrangements traditionnels de pâturage supérieure à la production rizicole réciproque avec des groupes voisins dans les pâturages bourgou (CABO bénéficiant d'un régime de pluies plus 1990). Dans ces cas, quels sont les fac- modeste pendant certaines périodes ? teurs affectant la conversion des par- Comment renforcer les systèmes de cours en terres à culture ? charges pour l'eau et de génération de * Quelle est la sévérité de la dégradation revenus par les comités des puits afin des parcours et des conflits d'utilisa- d'amortir le coût des puits et assurer le tion des ressources dans les zones pas- paiement de leur entretien ? A ce jour torales ? Il faut trouver des moyens de par exemple, les fonds représentant le mesurer la dégradation des parcours coût d'un nouveau puits (2 millions de de manière plus précise que par les FCFA environ au Mali) ne peuvent concepts très utilisés de « capacité de être réunis par une société locale. Il charge » qui sont ambigus et difficiles faut donc procéder à un arrangement à mettre en pratique. Plusieurs com- de participation au coût avec l'Etat. mentateurs ont souligné la nécessité de . s définr pls sticteent e coceptde * Quelles sont les technologies que l'on définir plus strictement le concept de peut adopter immédiatement en vue dégradation des parcours en mesurant d'améliorer la productivité des par- les pertes de sol. Ils ont également mis en relif l'imortanc d'évéementscours et la souplesse des systèmes pas- en relief l'împortance d'événements tru tar-atru épisodiques, notamment la variabilité toraux et agro-pastoraux? des pluies, dans les changements de * Quels sont les besoins de main-d'oeu- végétation et les fluctuations de la vre saisonnière s'agissant des diverses taille des troupeaux dans les régions activités de GRN ? Quelles sont les arides. activités à entreprendre par les OP et , Dans quelle mesure l'introduction de quelle doit être la responsabilité de droits fonciers encouragera effective- chaque ménage ? Existe-t-il le danger ment les investisseurs à financer la que de nouvelles activités surchargent les OP ? Quel rôle doit jouer le gouver- gestion des parcours et des ressources neetàléhlncnrle 'ce natrele sr e lngtein ?Le nement à l'échelon central et à l'éche- naturelles sur le long terme ? Les lonlocal dans les activités de GRN? expériences au Sénégal sont mixtes, mais indiquent toutefois qu'il y a eu * Quels sont les avantages potentiels à amélioration de la gestion des par- court et long terme au niveau du cours et résolution des conflits. ménage ? Les avantages dégagés de la D'après certains auteurs (Toulmin GRN sont-ils comparables à ceux qui 1991, Swift 1988 et 1989, Shanmuga- seraient produits par une autre utilisa- ratnam et al. 1989), la propriété privée tion de la main-d'oeuvre et des res- n'est pas la panacée d'une meilleure sources locales ? gestion des parcours. Les pasteurs et les zones pastorales * Comment peut-on conférer aux OP sont-ils en meilleure position que ceux des droits fonciers légalement défen- des zones voisines en dehors du dables en tant que base d'accroisse- projet ? Il conviendrait de visiter les ment des investissements à long terme autres communautés et de procéder à 76 des comparaisons. Quel soutien est offert locale pourrait créer un malaise entre par d'autres groupes tels que les ONG ces institutions et les OP. Les charges dans des domaines comme l'alphabétisa- de pâturage et les taxes sur les ani- tion et la santé animale, sur lequel on maux doivent-elles être collectées à la pourrait compter au cas où les services fois par les OP et les conseils ruraux ? gouvernementaux feraient défaut ? Comment le gouvernement central Quelles doivent être les relations entre doit-il répartir son soutien entre les OP et les conseils ? Quelles doivent être les OP t le guverneent loal ? L les relations entre les diverses institu- tendance à la décentralisation et à la .tions q ntre de diecsionstcon- délégation de pouvoirs en faveur des conseils ruraux élus par la population cernant le développement ? Membres d'une association pastorale en Mauritanie 77 Annexe. Les droits à la terre et à l'eau L'étude résume comme suit l'impact des villageois traditionnels appelés Harima cou- droits à la terre et à l'eau sur la situation des verts d'herbe bourgou, les champs de riz pri- pasteurs dans les quatre pays étudiés. vés cultivés sous l'égide de l'ORM (Opéra- Mali tion Riz Mopti) et les terres rizicoles libres cultivées par des particuliers sur une base Le Mali ne possède pas encore de temporaire. On trouve également les pâtura- procédure juridique exhaustive régularisant ges d'accès libre. L'agriculture s'est étendue les droits des pasteurs à la terre et à l'eau. Le aux dépens des pâturages. D'après un cadre défi institutionnel est lourd à relever du fait de l'ORM qui habite le delta depuis 1964, que le delta du Niger a une importance par- plus de 50 pour cent des parcours d'origine ticulière pour le pastoralisme, l'agriculture sont cultivés. Dans certaines zones du delta, et la pêche. Le Code foncier malien de 1986/ les polders de riz de l'ORM bloquent les 91 confere au Commandant régional l'auto- chemins traditionnellement empruntés par risation d'aliéner jusqu'à 10 hectares des le bétail, d'où des conflits intersectoriels. terres de l'Etat à une personne de la commu- Les Jooros lèvent des droits très élevés sur la nauté désireuse de les cultiver. Seul le gou- pâture d'herbe bourgou. vemement peut accorder des titres pour des Bien que la capacité de charge du superficies supérieures à 10 hectares. I1 est delta soit de loin dépassée, on ne remarque manifeste que le Code foncier d'aujourd'hui aucun signe de régulation de la taille des n'aide en rien à résoudre les conflits affé- troupeaux qui y passent. Du fait que le delta rents aux droits fonciers des pasteurs sur les fournit les pâtures de la plupart des trou- milliers d'hectares que couvre chaque orga- peaux de la zone du projet pendant plusieurs nisation pastorale. mois de l'année, sa capacité de charge de- Le delta du Niger qui est si vital aux vrait être considérée comme un déterminant pasteurs maliens en raison de ses pâturages vital du peuplement animal soutenable pour de saison sèche couvre une région où les ter- toute la zone du projet. res sont utilisés à plusieurs fins sous divers Toute réforme foncière malienne ré- systèmes fonciers formels ou informels qui gissant le pastoralisme et l'agriculture sou- entraînent des conflits d'utilisation des res- tenable dans la zone du projet devrait tenir sources. Les terres sont sous propriété pri- compte que le delta fait partie intégrante de vée ou contrôlée, détenues et gérées par la la base globale des ressources de production collectivité; dans le delta elles sont sous l'é- du pastoralisme, de l'agriculture et de la pê- gide de l'Etat. Les terres domaniales sont de che. La délimitation et la légalisation des facto accessibles à tous. La majeure partie unités de pâturage sur le plateau sont des des pâturages bourgou - les meilleurs du éléments qui doivent s'inscrire dans une delta - sont sous le contrôle privé des plus grande réforme institutionnelle cou- Jooros qui sont les chefs traditionnels Peuls vrant les systèmes fonciers d'utilisation (Fulbe). On distingue les communs soutenable des ressources du delta par les 78 pasteurs, les agriculteurs et les pêcheurs. OP le droit d'utilisation des ressources en Cette utilisation soutenable des ressources eau et en pâturage, il reste à élaborer des rè- pourrait être renforcée grâce à une forte sta- glements supplémentaires spécifiques afin bilisation du pastoralisme sur les plateaux et de faciliter son entrée en vigueur au niveau la régulation des mouvements du bétail dans des organisations pastorales. le delta en vue de minimiser la surcharge pendant la saison sèche. Certains commen- Niger tateurs soulignent que le droit foncier légal La législation foncière au Niger a en pourrait être conféré aux OP dans le cadre grande partie été élaborée en vue de proté- de la loi actuelle (le domaine privé de l'Etat/ ger les intérêts des agriculteurs - souvent article 5 du Code Forestier) (IRAM, 1991). aux dépens des éleveurs. La conversion des Mauritanie terres au profit de l'agriculture a pris de l'es- sor lorsque les anciens esclaves et les pas- En Mauritanie, une nouvelle loi sur teurs destitués ont adopté la culture et l'a- la propriété foncière a été promulguée le 5 gro-pastoralisme sédentaires, tendance que juin 1983 et les règlements d'application l'on constate également dans certaines zo- sont entrés en vigueur le 19 janvier 1984. nes des autres pays étudiés. La loi 61-5 L'élément principal de ces textes porte sur (1961) qui fixe la limite septentrionale des l'abolition de toutes les formes traditionnel- zones de culture n'est pas strictement res- les de propriété foncière fondée sur des fac- pectée et, de ce fait, les éleveurs sont sou- teurs tribaux, ethniques ou sociaux et son vent obligés de compenser les cultivateurs remplacement par des droits fonciers pres- pour les dégâts causés aux cultures par leurs crits par la loi islamique (shari'a). D'après la troupeaux, même au-delà de la limite nord nouvelle loi, toute terre inoccupée et non de la zone de culture. Bien que la loi ne per- mise en valeur appartient à l'Etat. La loi mette qu'aux éleveurs de cultiver la terre au donne possibilité au gouvernement de louer nord de cette limite, les cultivateurs tradi- des terres aux coopératives pastorales, et les tionnels s'y introduisent. Il est quasiment baux peuvent spécifier toutes les conditions impossible d'empêcher cette situation du nécessaires à la gestion adéquate et à la mise fait que la loi ne définit pas le terme « éle- en valeur des terres et tous les droits des veur » et ainsi, n'importe qui peut être con- tiers (accès accordé à d'autres groupes pas- sidéré comme éleveur (Swift 1984). toraux en périodes de sécheresse, par exem- S'agissant des droits à la terre et à ple). L'accès aux terres « protégées » ou l'eau dans la zone pastorale, aucune réforme « classées » est régit par le Code forestier du législative n'a encore été élaborée, mais un 15 décembre 1982. La loi des coopératives Code rural a été établi pour préparer les ré- du 18 juillet 1967 constitue une base appro- formes foncières. La zone du projet com- priée de reconnaissance légale des OP. Ce- prend des centaines de puits traditionnels pendant, leurs particularités et la manière et sous propriété privée et dont les droits sont les conditions dont les terres seront mises à assurés et clairement définis. Les propriétai- leur disposition devront être déterminées res respectent les coutumes établies de dis- cas par cas selon les résultats d'enquêtes sur tribution de l'eau. Le projet a converti 18 les conditions locales. Au terme de ses tra- puits publics d'accès libre en « puits GMP ». vaux, la mission d'évaluation du projet a Ce pas dans la bonne direction a permis de conclu que la législation actuelle constitue transformer les puits publics d'accès libre un cadre juridique adéquat pour l'exécution en puits communaux gérés par la population du projet. Bien que le gouvernement ait pu- locale et a aidé à réguler l'accès aux pâtura- blié une lettre (14 août 1990) donnant aux ges adjacents. Toutefois, selon la loi, les 79 puits GMP sont encore des puits publics. Un rales et agro-pastorales en vue de pasteur a déclaré que « les puits tradition- développer des arrangements institutionnels nels ont une structure physique branlante d'utilisation soutenable des ressources. Le mais les propriétaires ont des droits solides. Code rural propose que les points d'eau En revanche, les puits GMP ont une structu- publics soient transférés aux GMP qui assu- re physique solide mais des droits légaux reraient leur gestion en tant que biens branlants ! » communs. La conversion des puits publics en Sénégal puits GMP représente le premier pas vers la gestion efficace des parcours nigériens. Il La majeure partie du terroir pastoral faut également prendre en compte l'impor- sénégalais appartient à l'Etat. La loi dispose tance relative des puits GMP et des puits tra- des conditions sévères pour l'aliénation des ditionnels. La réalisation de points d'eau par terres de l'Etat à des particuliers ou à des les gouvernements des pays du Sahel a institutions. L'usufruit ou la propriété privée ouvert des parcours inexploités aux éleveurs peut être accordé à un utilisateur de la terre mais en tant que ressources d'accès libre. Il seulement si la terre est utilisée depuis plu- faudra que ces puits deviennent les biens sieurs années et « mise en valeur » par l'uti- communs de groupes particuliers si l'on lisateur selon les principes de la loi islami- veut que deviennent opérationnels les systè- que. La loi ne reconnaît pas l'utilisation mes communaux viables de gestion soute- pastorale comme une activité de « mise en nable des pâturages et des arbres. A cet valeur » de la terre. Ce goulot juridique est égard, l'exemple nigérien relatif aux puits exacerbé par le plafond imposé par la Loi GMP pourrait servir les intérêts des autres nationale sur la propriété quant à la superfi- pays. cie pouvant être accordée à une personne ou Les réformes foncières de propriété une institution. Le plafond étant trop bas, il de l'eau et de la terre au Niger doivent tenir empêche l'affectation légalement valide de compte des puits traditionnels sous proprié- l'attribution de parcours à une organisation té privée et des puits GMP, ainsi que de l'in- pastorale. Les textes juridiques sont actuel- terdépendance des zones pastorales et agro- lement à l'examen en vue d'une réforme car pastorales pour les ressources de pâturage et le gouvernement est déterminé à renforcer le d'eau. La loi de 1961 devrait être remplacée statut légal des GIE et des OP. Quant aux ou modifiée afin de résoudre les conflits droits à l'eau, il conviendrait que les forages agriculture-pastoralisme de façon à ne pas d'accès libre construits par le gouvernement mettre en danger la sécurité des ressources dans les années 50 et 60 soient convertis lé- des pasteurs. Le Code rural suggère que la galement en biens communs des OP. loi foncière moderne n'est pas un instru- Le gouvernement sénégalais a dépo- ment approprié pour résoudre les problèmes sé un protocole d'accord entre les GIE et le de droits à la terre et à l'eau du pastoralisme gouvernement local et le projet afin de régu- au Niger. Soulignant l'utilisation de l'eau et ler la transhumance des troupeaux de toutes de la terre pastorale en termes de commu- espèces dans la zone du projet. Ce protocole nauté et l'idée traditionnelle répandue de formalise l'obligation des GIE de traiter droits prioritaires et du principe de récipro- avec le gouvernement pour obtenir l'accès cité parmi les pasteurs, il fait appel à un dia- aux parcours et à l'eau dans les zones du logue entre l'Etat et les communautés pasto- PDESO. 80 PtS*eM tPtae t t - - Garde du trupeau d'un ropriétaireabsentéist ~~4r~~~~ ¶ '-; ~~~~~~~8 Bibliographie Abel, N. O. J. et Blaikie, P. 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