Secteur privé et infrastructure 235 Février 2004 Findings est un rapport sur le travail opérationnel, économique et sectoriel actuel de la Banque mondiale et de ses États membres dans la Région Afrique. Il est publié périodiquement par le Centre pour le Savoir et l'apprentissage au nom de la Région. Les opinions exprimées dans Findings sont celles des auteurs et ne devraient pas être attribuées au Groupe de la Banque mondiale. http://www.wordbank.org/afr/findings Le tourisme au Sénégal En 2000, les revenus du tourisme (129 millions $US) étaient en seconde place au Sénégal, après le secteur des pêches et avant celui des arachides et des phosphates. Le tourisme a entraîné la création directe de 12 000 emplois, et 18 000 indirectement, et a contribué 2,5% du PNB. Le secteur est à la base de la croissance économique à Petite Côte, la région touristique principale du Sénégal, et peut servir de catalyseur pour les autres régions. La station balnéaire de Petite Côte, qui entoure Saly, un petit village de pêcheurs à l'origine, a acquis une réputation internationale. Cela a commencé par un village de vacances allemand pour le marché européen d'hiver et un hôtel qui sont à la fois une plage d'hiver et un centre pleinement équipé de sports nautiques, pêche et plongée. Saly dispose des services principaux, y compris des magasins, un bureau de poste, des banques et d'un certain nombre d'autres hôtels et de résidences qui fournissent une masse critique de tourisme. Contrairement à d'autres destinations africaines, Saly a également attiré un marché local résidentiel et touristique. Le Sénégal dispose d'une variété d'avantages naturels et culturels de premier niveau pour le tourisme. Ses attractions naturelles incluent des espèces diverses d'oiseaux, l'accès à la pêche au large et la plongée sous-marine, ainsi que la faune locale. Les attractions culturelles viennent des peuples du Sénégal, leur musique, culture et artisanat, qui ont tous un potentiel de diversification et d'expansion du tourisme. Le choix du Sénégal comme destination de vacances est facilité par sa proximité relative à l'Europe, son climat tempéré pendant l'hiver européen ainsi que l'absence de décalage horaire sur un axe nord-sud. Le Sénégal peut exploiter les avantages que les touristes associent avec l'Afrique, tels que la faune sauvage, même si sa variété, son habitat et ses facilités ne sont pas aussi bons qu'ailleurs parce que, pour beaucoup de touristes, ce sera leur première visite en Afrique subsaharienne. L'histoire récente montre que le secteur est en croissance mais qu'il perd des parts du marché international et régional en expansion constante. Entre 1975 et 1997, le Sénégal est passé de la place de 7ème à 16ème dans le classement de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) pour les vingt premières destinations africaines. Le taux annuel de croissance en nombre de visiteurs était de 6,7 pour cent de 1996 à 2000 et de seulement 4, 7 pour cent entre 1990 et 2000. En comparaison, l'OMT estime que, pendant les quinze dernières années, le nombre de touristes internationaux au niveau mondial a plus que doublé pour atteindre 698 millions, et ceux de l'Afrique sont passés de 9,7 à 26,9 millions, donnant un taux moyen de croissance annuelle de 7 pour cent. En 2001, l'accès aérien pour le Sénégal a été affecté non seulement par les évènements du 11 septembre, mais aussi par l'annulation des opérations d'Air Afrique, Sabena et Swissair. L'accès aérien pour l'Europe et Paris est maintenu par des vols quotidiens d'Air France et des vols réguliers de Air Sénégal International, par les nouvelles compagnies aériennes suisses et belges, ainsi qu'un plus grand recours aux vols charters. Des vols hebdomadaires vers l'Afrique du sud ont également amélioré les connections avec l'Afrique australe. L'expansion durable du tourisme dans les zones écologiques du Sénégal nécessite une révision de la planification de l'utilisation des terres et l'établissement de réglementations environnementales, particulièrement pour la zone côtière. Le Sénégal est insuffisamment sensibilisé au sujet de la demande croissante, particulièrement en Europe, pour le tourisme «vert.» À ce jour, et contrairement à plusieurs destinations concurrentes en Afrique, aucun hôtel au Sénégal n'a obtenu de certification internationale de bonne gestion environnementale ­ p.ex., ISO 14 001, Green Globe. Deux régions culturelles principales ­ l'Île de Gorée et St. Louis ­ reçoivent une assistance externe pour leur conservation et attirer le tourisme. Actuellement, le gouvernement examine les moyens de protéger les revenus des musiciens et artistes sénégalais de renommée internationale en assurant leur accès aux royalties. Un éventail attirant de produits de l'artisanat local augmente les revenus du tourisme et les distribue efficacement aux communautés locales. Les liens entre le tourisme et les autres secteurs, et, de manière concomitante, l'emploi direct et indirect, contribuent à augmenter la valeur ajoutée du tourisme. Cependant, un secteur conventionnel du tourisme sain est une condition essentielle pour que ces liens s'enracinent et que les communautés en bénéficient. Il est attendu maintenant que le Sénégal cible un tourisme qui contribue à réduire la pauvreté et produit des processus de consultation avec les populations locales ou les incorpore comme acteurs du tourisme. Le Sénégal compte sur le tourisme pour contribuer aux revenus en devises étrangères, l'emploi et la collecte des impôts, le développement régional, stimuler la croissance et réduire la pauvreté. En association avec d'autres participants, le gouvernement a adopté une cible de 1,5 millions de touristes en 2010. Ces objectifs nécessitent l'addition de 20 000 lits sur l'ensemble du pays ­ plus que le double de la capacité en 2000. Pour atteindre ces cibles ambitieuses, le Sénégal cherche à stimuler la demande et attirer des investissements significatifs. Pour attirer l'investissement, le gouvernement crée les conditions d'un cadre politique solide pour le tourisme. Il renforce le dialogue entre les secteurs public et privé et les acteurs locaux, et en parvenant à un consensus au sein du gouvernement sur les avantages d'un secteur touristique élargi. Un cadre politique solide pour le tourisme aura également des implications positives sur l'environnement des affaires. Dans ce contexte, un certain nombre d'éléments méritent d'être cités: · Le tourisme fait intervenir plusieurs secteurs et disciplines. Il sera essentiel d'impliquer la société à tous les niveaux ­ spécialement les communautés locales qui sont le plus affectées par le tourisme. Le Sénégal a une bonne réputation récente pour ce qui est des approches participatives et l'intervention des communautés y est déjà en croissance. Le tourisme est souvent justifié en Afrique sur la base de son potentiel de garantir la préservation de l'environnement et de la culture. Bien que cet élément soit important, considérer le tourisme comme une ressource économique en soi et qui doit être gérée de manière durable serait avantageux pour le Sénégal. Avec une gestion efficace, le tourisme est une manière efficace de réduction de la pauvreté par la création d'emplois là où peu d'alternatives existent. · Au Sénégal, la terre est offerte dans le cadre de contrats à longue durée. Dans la pratique, les contrats sont souvent cédés à des individus ou des entreprises à des fins spéculatives et la terre n'est pas disponible immédiatement pour le développement. Il est nécessaire de trouver le moyen de rendre les terres aménagées disponibles, de préférence par le biais de partenariats privé-public ­ comme ce qui a été fait pour d'autres secteurs de l'exportation tels que les accords EPZ. Bien que SAPCO ait réussi à lancer la Petite Côte, des modèles alternatifs peuvent exister pour garantir que la terre sera disponible dans de nouvelles zones. Dans la mesure où le flux financier est assuré et les opérations sont correctement structurées, des solutions privées peuvent exister pour maintenir les sites actuels et en développer de nouveaux. · Une plate forme structurelle minimum. Comme les autres pays d'Afrique, le Sénégal est confronté à des pertes considérables en services d'infrastructure. Le retard ne peut pas être entièrement corrigé dans l'immédiat et il faut trouver les moyens de développer une infrastructure physique essentielle et «douce» par le biais de technologies adéquates, de méthodes innovantes pour associer le secteur privé, et l'adoption de priorités liées aux secteurs économiques et sociaux. Le choix du tourisme comme priorité exige qu'une infrastructure soit justifiée sur la base de la demande dans ce secteur; dans tous les cas, l'infrastructure développée pour le tourisme sera disponible pour une utilisation multisectorielle. · L'appui aux PME et micro-entreprises. Bien que quelques investissements d'ancrage soient très lourds, beaucoup d'industries appuyant le tourisme sont de taille petite ou moyenne. À cette fin, un système d'appui pour encourager l'entreprise et les services de soutien aux affaires et des systèmes qui facilitent l'entrée, ainsi que des financements adéquats sont encouragés. · Les impacts négatifs. Dans certains pays où le tourisme s'est développé sans contraintes, des impacts physiques et sociaux négatifs sont constatés. Le premier peut être traité par le biais de plans qui déterminent la capacité disponible et établir des limites à la croissance; le second élément nécessite un code d'éthique de la part de tous les participants. Le Sénégal prend des mesures pour créer des plans d'aménagement garantissant un cadre adéquat pour la croissance et un débat animé sur le maintien des normes éthiques et culturelles (voir ci-dessous.) · Un cadre institutionnel solide est également essentiel. Le Sénégal a essayé diverses solutions institutionnelles et une nouvelle approche encourageant un équilibre entre les secteurs privé et public. Les Journées nationales de concertation sont un processus innovant qui a créé un espace de dialogue continu. Le secteur privé consolide ses associations en un cadre efficace pour transmettre son point de vue. Ceci ouvre la voie pour répondre aux questions de commercialisation des destinations et d'amélioration des services. · Enfin, il est encourageant de voir que le Sénégal prépare des plans pour le secteur touristique qui portent sur les dix à vingt années prochaines. - Pendant la période actuelle de transition (2001-2006), il améliore la formulation politique et le dialogue entre les secteurs public et privé, prend des mesures adéquates de planification, renforce les capacités techniques et ses institutions de commercialisation et de promotion. Pendant cette période, le Sénégal initie des plans maîtres pour le maintien des zones touristiques et le lancement d'un processus pour préserver ses avantages naturels et culturels. Le cadre institutionnel serait renforcé, et un forum d'investissement se tiendra vers la fin de la période. - Pendant la phase d'expansion (2007-2011), un influx en investissement devrait se produire suite au forum d'investissement. Pendant cette période, les revenus du tourisme devraient s'accroître et être distribués à un éventail élargi d'acteurs. Sous une direction conjointe publique-privée et avec une assistance externe, la collecte des données pourrait commencer et une méthode conçue pour la préparation d'un Compte satellite pour le tourisme qui fournirait au secteur une bonne base statistique et un outil de gestion pour suivre ses contributions, impacts et liens. Un effort particulier serait fait pour la formation du secteur, y compris l'étude des langues étrangères. Une expansion contrôlée pourrait être encouragée par le biais de plans maîtres. Les politiques touristiques en faveur des pauvres cibleraient la réduction de la pauvreté. Les avantages culturels pourraient être identifiés et encouragés comme faisant part du produit touristique pour l'enrichir et pour élargir la rentabilité du tourisme. Les objectifs environnementaux de zonage, de planification physique, et la gestion des zones côtières devraient être poursuivis et menés en cohérence avec les résultats de l'obtention de la certification «verte» par le secteur hôtelier. - Dans la Phase de consolidation (2011-2015), le Sénégal devrait être une destination touristique internationale concurrentielle, et, en conséquence, devrait être en meilleure position pour négocier le prix de l'accès à ses facilités avec les organisateurs internationaux de voyages organisés, les compagnies aériennes et les bateaux de croisière. Iain Christie, l'auteur de cet article, est Consultant pour le Département Secteur privé et infrastructure, Région Afrique de la Banque mondiale. Pour plus d'information, prière d'envoyer un courriel à: Ichristie@worldbank.org Findings Findings est disponible sur le site web de la Banque mondiale à http://www.worldbank.org/. Cliquer sur Publications, puis sur Periodicals. Ou cliquer sur Pays et Régions, puis Afrique. Findings intéresserait également: Les courriers, commentaires et demandes de Nom publications qui ne sont pas disponibles à la Librairie de la Banque mondiale devraient être Institution envoyées à : Adresse Éditeur, Findings Operational Quality and Knowledge Services Africa Region, The World Bank 1818 H Street NW, Mailstop J-8-811 Washington DC 20433 Email : pmohan@worldbank.org