FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 1 38412 NoteFocus N° 37 SEPTEMBRE 2006 OFFRIR AUX PAUVRES DES SERVICES D'ÉPARGNE SÛRS ET ACCESSIBLES DANS LE SYSTÈME FINANCIER FORMEL Malgré d'abondantes preuves du contraire, les dirigeants d'institutions financières et responsables politiques sont nombreux à penser que les pauvres n'épargnent pas. Ils présument le plus souvent que les pauvres sont « trop pauvres pour épargner » et qu'ils préfèrent dépenser leur argent plutôt que de faire des économies, ou bien qu'ils épargnent uniquement pour obtenir un prêt1. L'auteur de cette étude spéciale est Rani La réalité est très différente. Maintes études montrent que l'épargne est au coeur Deshpande, spécialiste de de la stratégie de gestion économique des pauvres. Par exemple, les initiatives la microfinance au CGAP. Financial Diaries lancées en Inde, au Bangladesh et en Afrique du Sud, MicroSave en Il tient à remercier Brigit Helms de ses conseils, Afrique orientale et occidentale, et les études réalisées par l'Institut international de Rich Rosenberg, Ousa recherche sur les politiques alimentaires ont mis en lumière les méthodes d'épargne Sananikone, Jeanette utilisées par les pauvres2. Thomas et Elizabeth Littlefield de leurs Ce qui n'est pas clair, en revanche, c'est dans quelle mesure les institutions finan- précieuses observations, cières du secteur formel répondent aux besoins des pauvres. Alors que plus de 90 % ainsi que Mark Pickens et des adultes dans les pays industrialisés possèdent généralement un compte dans une Jasmina Glisovic-Mezieres de l'aide qu'ils ont institution financière, les études de marché effectuées dans plusieurs pays en dévelop- apportée à la rédaction et pement indiquent que les taux de pénétration n'excèdent pas 6 % dans certains cas. aux recherches menées L'accès des pauvres aux services d'épargne est donc très inégal. pour la présente étude. Les évaluations de l'épargne dans les pays visent à comprendre ces inégalités et © 2006 Groupe consultatif leurs causes profondes (voir l'encadré 1). Elles permettent au CGAP d'analyser les d'assistance aux pauvres moyens dont disposent les institutions du secteur formel pour répondre à la demande Le CGAP, Groupe de services de dépôt des pauvres, ainsi que les obstacles auxquels elles se heurtent3. consultatif d'assistance La présente étude spéciale récapitule les conclusions des évaluations de l'épargne au aux pauvres, est un Bénin, en Bosnie, au Mexique, en Ouganda et aux Philippines, et expose les cinq stra- consortium de 33 agences de développement qui tégies proposées pour améliorer l'accès des pauvres aux services d'épargne. appuient la microfinance. Bien que ces cinq pays aient été retenus en partie à cause de leur diversité, les De plus amples conclusions des évaluations sont remarquablement similaires à bien des égards. Les informations sont disponibles sur le site web du CGAP (www.cgap.org). 1Cette opinion est très répandue, comme en témoignent les entretiens menés avec plus de 300 personnes bien familiari- sées avec le système financier dans le cadre des évaluations de l'épargne réalisées par le CGAP dans cinq pays. 2Pour de plus amples informations sur ces conclusions, voir Rutherford 2003, Ruthven et Kumar 2002, le site Web Fi- nancial Diaries (www.financialdiaries.com), et Zeller et Sharma 2000. 3Les institutions du secteur formel sont celles qui sont enregistrées auprès des pouvoirs publics, à savoir : toutes les banques, les intermédiaires financiers non bancaires (tels que les institutions de microfinance) et les coopératives habili- tées à recevoir des dépôts. Les coopératives non soumises à un contrôle ou à une réglementation constituent ce qu'on ap- pelle parfois le secteur semi-formel. CGAP Bâtir des services financiers pour les pauvres FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 2 Encadré 1 Évaluations de l'épargne dans les pays : Objet et méthode Les évaluations du CGAP sur l'épargne dans les pays analysent les difficultés ainsi que les possibilités d'améliorer la mobilisa- tion de la petite épargne dans un marché donné et aident à définir des stratégies appropriées. Ces évaluations peuvent être réalisées en vue de concevoir des politiques ou des programmes particuliers, ou sur la demande de groupes d'acteurs qui sou- haitent engager un dialogue sur ce thème à l'échelon sectoriel. Pour en savoir plus sur les évaluations, consulter le site www.cgap.org/savings. cinq évaluations mettent en lumière une forte Selon les indications disponibles, les pauvres demande de services d'épargne mais un faible représentent un énorme marché potentiel pour les recours aux institutions financières du secteur for- services de dépôt. Des enquêtes menées dans plu- mel, qui restent à la traîne des services d'épargne sieurs pays ont confirmé cette demande. En informels pour ce qui est de répondre aux besoins Bosnie, par exemple, près de 40 % des personnes prioritaires des clients. ayant participé à une enquête Gallup International Le manque de capacité institutionnelle et d'in- (2003) ont indiqué qu'elles n'avaient pas de citations est le principal facteur qui empêche les compte bancaire mais qu'elles souhaiteraient en institutions financières du secteur formel de rivali- ouvrir un (voir la figure 1). Une enquête effectuée ser avec les services offerts dans le secteur infor- auprès des habitants de Mexico montre que la mel. Mais l'absence d'une infrastructure spéciali- demande de comptes rémunérés est pratiquement sée et d'un cadre politique favorable est un autre unanime chez les personnes non desservies par facteur important. L'amélioration des services de une banque (Banque mondiale 2003). dépôt pour la petite épargne demande donc un Vu la rareté de ces études de marché dans les effort à tous les niveaux du système financier. pays à faible revenu, la demande doit souvent être estimée par d'autres moyens. Un indicateur de la Faible utilisation ne signifie demande est la croissance rapide des dépôts auprès pas faible demande des institutions qui visent délibérément les petits épargnants, phénomène observé dans de nom- L'opinion courante selon laquelle les pauvres breux pays. Au Bénin, l'institution de microfi- n'épargnent pas pourrait tenir au faible taux de pénétration des mécanismes d'épargne du secteur Figure 1 Demande de compte bancaire exprimée formel, dont la forme la plus connue est le compte par les participants à une enquête en Bosnie d'épargne dans une institution financière. Au Mexique, de récentes études montrent que moins de 25 % de la population urbaine et seulement 6 % de la population rurale ont un compte dans une 36% 38% institution financière (Banque mondiale 2005 et Banque mondiale 2001). Aux Philippines, seule- ment 12 % des personnes interrogées dans les petites villes déposaient leur argent dans une banque (Micro-Enterprise Bank et Karlan, Ashraf et Wesley 2004). Et en Ouganda, seulement 10 % des ruraux déclarent utiliser une institution finan- 26% cière (Wright et Rippey 2003 et Pelrin et Ont un compte Kabatalya 2005). Le taux de pénétration des insti- Níont pas de compte et n'en veulent pas tutions financières est donc faible en milieu urbain N'ont pas de compte mais souhaiteraient en avoir un comme en milieu rural. 2 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 3 Tableau 1 Utilisation des mécanismes d'épargne formels et informels au Mexique (pourcentage de personnes interrogées qui utilisent les mécanismes respectifs) Mécanisme formel Mécanisme informel Biens corporels (céréales, animaux, (représenté par les banques) (représenté par les tandas) matériaux de construction) TOTAL 27 20 29 Niveau de revenu Très faible 10 11 42 Faible 22 19 32 Moyen 29 30 23 Moyen-élevé 53 23 24 Élevé 67 22 17 Source : Bolaño, Pilar Campos. 2005. El Ahorro Popular en México : Acumulando Activos para Superar la Pobreza. CIDAC and Miguel Angel Por- nance PAPME propose depuis 2000 des produits très répandue au Mexique, où une autre enquête d'épargne volontaire, ce qui lui a permis de multi- indique que 50 % des ruraux gardent de l'argent plier ses dépôts par plus de vingt en cinq ans sans chez eux. Les personnes interrogées ont égale- même organiser une campagne de promotion. À ment déclaré qu'elles gardaient plus de 90 % de Mindanao, la région la plus pauvre des leurs économies en espèces ou en nature et dépo- Philippines, One Network Bank a acquis 23 150 saient moins de 10 % de leur épargne dans une nouveaux déposants en trois mois grâce à une institution financière (Banque mondiale 2001). À campagne organisée auprès de la clientèle rurale Mexico, 28 % des habitants n'ayant pas accès à une pour promouvoir une image de stabilité et de banque et 40 % des clients des banques épargnent bonne gestion. Et en Bosnie, ProCredit Bank a en dehors d'une institution financière (Banque doublé ses dépôts en un an en informant simple- mondiale 2003). À l'échelon du Mexique, le ment davantage ses employés sur les produits degré d'utilisation d'instruments informels est d'épargne disponibles. inversement proportionnel au niveau d'instruc- Un autre indicateur de la demande de services tion et de revenu (voir le tableau 1). de dépôt est l'ampleur de l'épargne informelle. La preuve la plus évidente, s'il en était besoin, Selon une enquête réalisée auprès de la population de la demande de services de dépôt se trouve en rurale en Ouganda, 89 % des ruraux mettent de Afrique de l'Ouest, où les clients paient des ban- l'argent de côté, épargnent en nature ou partici- quiers ambulants pour conserver leurs dépôts. pent à des groupes d'épargne informelle (alors Tout comme la présence de prêteurs indique qu'il que seulement 12 % ont un compte d'épargne existe une demande de crédit de la part des dans une institution financière du secteur formel pauvres, le recours fréquent à des mécanismes ou semi-formel) (Pelrine et Kabatalya 2005). d'épargne informels peut signaler une demande de D'après les témoignages recueillis, même les services formels de dépôt. Mais pour exploiter employés des institutions financières créent leurs cette demande, les services formels doivent offrir propres tontines et groupes de crédit. aux clients des produits qui ont une plus grande Selon une étude réalisée aux Philippines, les valeur que ceux déjà offerts dans le système infor- deux tiers des habitants des petites localités gar- mel. Il reste à savoir s'ils le peuvent -- du moins dent leurs économies chez eux (Karlan, Ashraf et en utilisant les modèles actuels de prestation de Wesley 2004). L'épargne informelle est également services. 3 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 4 Encadré 2 Les pauvres ne privilégient-ils pas la liquidité ? La liquidité est souvent considérée comme un autre aspect essentiel de l'accessibilité et comme une priorité pour les épar- gnants pauvres. Bien que cela puisse être le cas de certaines catégories de clients -- ou pour une certaine portion du porte- feuille économique global de la plupart des clients -- les études de marché montrent qu'il existe une demande pour des pro- duits d'échéances différentes. Par exemple, il ressort d'une étude réalisée au Mexique que parmi les trois préférences exprimées par les épargnants ruraux se trouve la possibilité de choix dans une large gamme d'échéances (Banque mondiale 2001). D'après une enquête nationale menée en Ouganda, bien que les clients préfèrent faire des retraits mensuels ou trimestriels, ils veulent faire des dépôts plus fréquents, ce qui indique une préférence pour l'illiquidité (Pelrine et Kabatalya 2005). Cela pourrait tenir au fait que la plupart des clients épargnent avant tout pour payer les frais de scolarité de leurs enfants et leurs dépenses médicales. Ce sont égale- ment les deux objectifs prioritaires de l'épargne mentionnés dans une enquête auprès des ménages urbains à faible revenu aux Philippines. Comment les services d'épargne du En revanche, les établissements officiels de secteur formel peuvent-ils rivaliser dépôt peuvent être très éloignés. Les distances avec le secteur informel ? moyennes étant difficiles à calculer avec précision, le CGAP a utilisé les agences, la population et la Pour faire face à la concurrence des mécanismes superficie comme variables de remplacement aux d'épargne informels, les services formels doivent fins de comparaison dans ses évaluations de être adaptés aux besoins des pauvres et répondre l'épargne. Les figures 2a, 2b et 2c illustrent le aux préférences fondamentales des clients. Bien nombre moyen d'agences par million d'habitants que ces préférences varient selon les pays, la faci- et par kilomètre carré, séparément et en combinai- lité d'accès et la sécurité sont généralement le son, dans les pays étudiés. L'écart notable entre les principal souci des épargnants à faible revenu. La chiffres obtenus montre qu'il n'existe pratique- notion d'accessibilité a une composante physique ment aucune corrélation avec le niveau de revenu : (proximité) et financière (coût abordable). La faci- les résultats sont identiques pour le Mexique lité d'accès peut également être définie comme la (RNB annuel par habitant proche de 7 000 dol- liquidité, bien que les clients pauvres aient des lars) et le Bénin (RNB annuel par habitant infé- préférences de liquidité mais aussi d'illiquidité, rieur à 300 dollars). selon certaines études (voir l'encadré 2). A l'intérieur des pays, cependant, il existe une Une comparaison des mécanismes d'épargne relation beaucoup plus étroite entre le niveau de formels et informels par rapport aux critères de revenu et la répartition des agences des institu- sécurité, de proximité et d'accessibilité financière tions de dépôt. Aux Philippines, le coefficient de met en lumière les raisons pour lesquelles les ser- corrélation entre le nombre de pauvres vivant au vices formels sont peu utilisés. niveau de subsistance et le nombre d'habitants par agence dans différentes régions est égal à 0,68. Au Proximité Mexique, le coefficient de corrélation entre le En termes d'accessibilité, aussi bien physique que nombre d'habitants par agence et le degré de mar- financière, les mécanismes informels l'emportent ginalisation dans différents États s'établit à 0,624. sur les institutions financières du secteur formel. Les figures 3a et 3b illustrent cette disparité Pour ce qui est de la proximité, l'épargne à domi- plus en détail. Dans certains quartiers de Mexico, cile est sans rivale : l'argent caché sous un matelas par exemple, il y a moins de 3 000 habitants par (ou dans une baguette de bambou, comme aux agence. Cependant, dans certains districts du Philippines) est toujours accessible et n'oblige pas 4 Le degré de marginalisation a été calculé sur la base d'un indicateur l'épargnant à se déplacer pour retirer son argent. synthétique établi par les pouvoirs publics. 4 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 5 Figure 2a Nombre d'agences par million d'habitants (établissements de dépôt réglementés) 250 194 200 138 150 84 94 100 38 50 - Bénin Bosnie Mexique Philippines Ouganda Figure 2b Nombre díagences par kilomètre carré (établissements de dépôt réglementés) 0,030 0,026 0,025 0,020 0,016 0,015 0,010 0,005 0,005 0,005 0,005 - Bénin Bosnie Mexique Philippines Ouganda Figure 2c Nombre d'agences par million d'habitants et par kilomètre carré (établissements de dépôt réglementés) 3 785 4 000 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 758 1 000 303 500 49 191 - Bénin Bosnie Mexique Philippines Ouganda Chiapas (l'État le plus pauvre du Mexique), ce Accessibilité financière ratio est supérieur à 100 000. Plusieurs districts L'épargne informelle a également tendance à n'ont pas une seule agence de dépôt. La même éclipser les institutions du secteur formel en situation a été observée au Bénin, en Bosnie, aux termes de prix -- même lorsqu'elle comporte un Philippines et en Ouganda ; on trouvera dans la coût explicite, comme dans le cas des banquiers section du centre d'information et de ressources ambulants en Afrique de l'Ouest. En règle géné- sur l'épargne consacrée aux évaluations de rale, le client reçoit la visite quotidienne du ban- l'épargne dans les pays (www.cgap.org/savings) quier ambulant auquel il remet une somme fixe, et des cartes indiquant la répartition des agences des le banquier déduit à la fin du mois une commis- institutions de dépôt. sion de service égale à une journée de dépôt. Sur 5 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 6 Figure 3a Carte des taux de pénétration au Mexique MEXIQUE DISTRICT FÉDÉRAL POPULATION PAR AGENCE D'UNE INSTITUTION FINANCIÈRE 02 07 MEXIQUE 06 16 11 08 03 MEXIQUE DÉLÉGATIONS : 01 01 Alvaro Obregón 09 02 Azcapotzalco 04 03 Benito Juárez 04 Coyoacán 05 05 Cuajimalpa de Morelos 13 06 Cuauhtémoc 07 Gustavo A. Madero 08 Iztacalco 10 15 09 Iztapalapa 10 La Magdalena Contreras 11 Miguel Hidalgo 12 Milpa Alta 14 13 Tláhuac 14 Tlalpan 15 Xochimilco 16 Venustiano Carranza 12 Cette carte a été établie par le service de cartographie de la MORELOS Banque mondiale. Les frontières, les couleurs, les dénominations et autres informations figurant sur cette carte n'impliquent aucun jugement sur le statut juridique d'un territoire ni reconnaissance ou acceptation officielle de ces frontières de la part de la Banque mondiale. POPULATION PAR AGENCE 115°W 110°W 105°W 100°W 95°W 90°W 85°W UNITED STATES OF AMERICA D'INSTITUTION FINANCIÈRE* : Tijuana Mexicalili Mexic Ensanada Sonoita onoit San Sa Ciudad Juárez Felipe Felipe Rio Nogales Nog le BAJABAJA G > 15.001 Agua Agua Prieta Priet u RioBravGo rande 30°N 30°N CALIFORNIACALIFORNIA lf SONORA ONORA FRONTIÈRE ENTRE ÉTATS o Yaqui C H I H U A H U A f Ojinaga Ojin 12.001 - 15.000 Hermosillo Hermo illo C a lifo Chihuahua Chihua ua Salado FRONTIÈRE ENTRE 9.001 - 12.000 Guaymas uaymas Santa Rosalia rn DÉLÉGATIONS BAJABAJA ia Conchos Laredo redo Navojoa vojo C O A H U I L A CALIFORNIACALIFORNIA Fuerte Frontera Fronter SUR UR 6.001 - 9.000 NUEVONUEVO Gulf of Mexico Loreto Loreto Los Mochis Lo Mochi LEONLEON Matamoros moro 25°N 25°N Monterrey Monterrey Torreón TorreTorreón Salt llollo Saltí ltíllo S 3.001 - 6.000 Culiliaccán án INNAL D U R A N G O La Paz A TAMAULIPAS TAMAULIPA LOOA Durango ngo 0 - 3.000 A ZACATECAS ZACATECA Ciudad Ci VictVictória Victória ri Mazatlán tl n tlá Cabo San Lucas SAN LUIS AN LUI Zacatecas tecas Tampico AGUASCALIENTES AGUA CALIENTE POTOSI POTO QUERQUERÉTAROTARO QUERÉTARO NAYARITNAYARITLeAguas liente San Luis Sa *Les cartes ont été établies en utilisant les meilleures informations Aguascalientes Potosíí Poto YUCATANYUCATAN Cancun TepicTepic rm VERACRUZVERACRUZ a Merida GUANAJUATOGUANAJUATO Guanajuato ua uato HIDALGOHIDALGO fournies par les sources citées. Certaines petites institutions locales Cozumel Quer taro eré ro erétaro 20°N PuertoVallerta Guadalajara ua DISTRITO FEDERAL DI TRITO FEDERAL Campeche PACIFIC JALISCO JALI CO MEXICOMEXICO Pachuca ch TLAXCALATLAXCALA non réglementées peuvent avoir été omises. QUINTANAQUINTANA MEXICOMEXICO Jalapa Morelia Moreli CITYCITY Bay of Campeche ROOROO OCEAN Toluca Tol Tlaxcala Tl xc Veracruz Colima Colim Chetumal COLIMACOLIMA MICHOACANMICHOACANCuernavaca ern Puebla CAMPECHECAMPECHE PUEBLAPUEBLA TABASCO TABA CO Bal sas Villahermosa Vill hermosa Gulf of GUERREROGUERRERO BELIZEHond uras Notes : Nombre d'agences d'institutions financières en 2004 et données Chilpancingo Chilp ncingo Zone de la carte Oaxaca CHIAPAS CHIAPA Usumacinta Acapulco OAXACAOAXACA Tuxtla xtl démographiques tirées du recensement national de 2000. Gutierrez tierrez Tehuantepec Tehuantepec MORELOS MORELO Puerto 15°N Sources : INEGI, Bansefi, FONAES, ABM, Caja Libertad, Caja Popular Mexicana, 15°N Escondido Gulf of GUAGUATEMALATEMALA TehuantepecT HONDURAS apachula Compartamos et FinComun. EL SALVADOR 115°W 110°W 105°W 100°W 95°W 6 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 7 Figure 3b Carte des taux de pénétration au Mexique N N N S °03 °52 nu nca melu of asru °51 lfu °W C Coz la G 85 Hond A mu N N AT AT O Chet HONDURA EL ADORV A NI O ROOR BELIZE C U AL U QUINTANAQ AL S : et 2000. YUCATANY E A H C M a E P S locales mations 2004 dela M Merid ETEMALATA A U W Mexico CAMPECHEC saaso acinta Usum 09 GUAG mpechea mre of or d,a C lf O i hermoahll alu COC VillV alt zerrei u L S A xtlux tierrezut A T G chapa G R en E mpechea B T S inf s ertb D C ATABAT FEDERALEF O AL of cepe S tionan n.u A ya ntepectn of S S R O B ntepec PAR Li ATAROTÉR OTI A C W°59 GL uaauhe lfu G uah A TRITORT X zu AL A TehT AGENCE institutions W° E SI cra TLAXCALAT C Te 59 U DI DID A Ver X QUERQQUERÉTARO HIDALGOH UNE' A Z OAXACAO FINANCIÈRE* ncièrea aja soro AMERICA moroatam U apalaJ C S R CHIAP A C AL M OF PIL mpicoa alacxc A xal B acaxa ertou T R TlT E O P PAR ements FinCom acuh condidos E albeu P U ognic E U ÉTAT'L meilleures petites fin S A dadui airi M rótci VERACRUZV chac D PUEBLAP P et E o CiC VictVVictóri MUNICIPALE ÉTATIQUE INTERNATIONALE s roartér ncingoanplih O ChilpC CI ICITYC YT ass O S les R W W° TAT V MonterreyM I í toota erétueer X Q E Bal E OL CHIAPA FINANCIÈRE TAMAULIPAAT s O N yerretno S S S recen SI siuL 0 MEXICOM R E 01 10 S redoaLrode E O aculo U LEONEL ULUIL S na ísoto TolT acavanrerneu R R 100.000 50.000 DE omises tionu ABM,, aretn C NUEVON OT SaS PotoP uajanu E lcoupa O A or N O uaau S N U Ac MORELOM LI FronterF ANA llo S POTOP G A GUERREROG AGENCE' - 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Hypothèses : 1) le banquier ambulant collecte 30 dépôts par mois en échange d'une commission égale à une journée de dépôt ; 2) le client se rend une fois par semaine dans une coopérative locale, pour un coût de 150 FCFA par trajet, la coopérative ne verse pas d'intérêts ; 3) le client va à la banque une fois par mois, pour un coût de 5 000 FCFA par trajet, la banque verse un intérêt annuel de 3,5 %. Voir Helms, et al. 2005. la base du solde moyen de l'épargne, cela corres- Les prix pratiqués par les institutions financières pond à un intérêt négatif de 7 %. du secteur formel ont tendance à chasser les Bien que cette commission semble élevée, la pauvres du marché de l'épargne dans les pays étu- plupart des clients trouvent ce système plus avan- diés par le CGAP. Le « seuil de coût » des pro- tageux que d'utiliser une coopérative ou une duits de dépôt de base, c'est-à-dire le montant banque locale. Les frais de déplacement entre le nécessaire pour couvrir les frais d'ouverture de domicile et une institution de dépôt l'emportent compte, le solde minimum et les parts à acheter généralement sur la différence de taux d'intérêt, (dans le cas des coopératives), est très supérieur à même sans prendre en compte la valeur du temps ce que les pauvres peuvent se permettre de dépen- du client. La figure 4 montre qu'un habitant ser. C'est tout particulièrement le cas des établis- d'une petite localité au Bénin devrait économiser sements réglementés qui sont plus sûrs, comme les plus de 10 000 FCFA (20 dollars) par mois pour banques. qu'il soit financièrement plus avantageux d'utiliser Dans l'analyse du CGAP, le terme « produit de une coopérative qu'un banquier ambulant. Et il ne dépôt de base » désigne le compte d'épargne ou de serait financièrement justifié d'ouvrir un compte transaction le moins onéreux dans une institution d'épargne dans une banque que si ce client épar- donnée. En raison du solde minimum requis pour gnait environ 100 000 FCFA (200 dollars) par les autres produits, ces comptes courants ou de mois. dépôt à vue sont souvent le premier type de compte, Ces montants minimums sont équivalents à 12 sinon le seul, que les pauvres peuvent ouvrir. et 120 jours, respectivement, de salaire minimum Les recherches menées par le CGAP montrent au Bénin. Sachant que de nombreux Béninois que les seuils de coût ont tendance à diminuer à gagnent beaucoup moins que le salaire minimum, mesure que la densité des agences (le nombre les services d'épargne formels sont inabordables d'agences pour une population donnée) aug- pour la plupart des pauvres. mente. Dans les pays étudiés, la corrélation entre 8 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 9 le seuil de coût (exprimé en multiple du salaire l'épargne à domicile, ou confiée à un banquier minimum) et le nombre d'habitants par agence est ambulant, ou à l'épargne sous forme de bétail égale à -0,78 pour l'ensemble des établissements dont on s'occupe depuis l'enfance, soit sous- de dépôt. La corrélation est plus forte (-0,83) estimé par rapport au risque lié à l'épargne dans lorsque seules les agences bancaires sont prises en une institution mal connue qui utilise des compte (voir l'annexe 2). Bien que les résultats méthodes de gestion obscures. Comme il leur est soient basés sur un nombre limité de pays, ils impossible d'appréhender directement les impor- confirment l'hypothèse selon laquelle la concur- tantes mesures de sécurité adoptées par un établis- rence fait baisser les prix. sement officiel -- comme les provisions pour créances douteuses -- les clients sont enclins à sur- Sécurité estimer la sécurité relative des mécanismes Bien que les mécanismes informels présentent des d'épargne informels par rapport à ceux du secteur avantages de proximité et d'accessibilité financière formel. Vu l'absence générale de systèmes permet- par rapport aux institutions financières, les compa- tant d'évaluer la solidité d'une institution, il est raisons entre le secteur formel et le secteur infor- également difficile aux clients de comparer la sécu- mel sont moins concluantes sur le plan de la sécu- rité de différentes institutions du secteur formel. rité. Les banquiers ambulants sont rarement soumis à une réglementation ou à un contrôle, et Arbitrages entre sécurité et accessibilité beaucoup disparaissent avec l'épargne de leurs Souvent, les institutions financières qui sont les clients, d'après les témoignages recueillis. plus accessibles aux clients pauvres -- notamment L'épargne conservée à domicile n'est pas à l'abri dans les régions rurales -- sont moins sûres (en du vol, d'un incendie ou d'une inondation. Mais termes de solidité financière et donc de risque les banques présentent aussi des risques. En fait, pour les épargnants) que les institutions qui des- chaque pays étudié a connu une crise bancaire au servent une clientèle plus aisée. Aux Philippines, cours des dix à vingt dernières années, ce qui est par exemple, les banques rurales ont un taux de assez récent pour rester ancré dans les mémoires prêts improductifs plus élevé que les caisses des épargnants et ébranler leur confiance. Mais d'épargne ou les banques commerciales. En l'étude la plus complète à ce jour sur la sécurité Ouganda, la part du portefeuille à risque (PAR) à des mécanismes d'épargne informels indique plus de 30 jours atteint 42 % en moyenne dans les qu'ils sont beaucoup plus risqués que les établisse- coopératives d'épargne et de crédit, alors qu'elle ments de dépôt, même non supervisés (Wright et est inférieure à 10 % dans les établissements régle- Mutesasira 2002). mentés5. On trouve cependant peu d'établisse- Paradoxalement, les enquêtes menées auprès ments réglementés en dehors des villes principales des clients à faible revenu montrent que la sécurité et secondaires. est souvent prioritaire pour les épargnants. Il existe peu de données fiables sur les institu- Pourquoi donc les clients pauvres semblent-ils tions qui desservent les pauvres. En Ouganda, préférer l'épargne informelle ? La finance compor- seules 147 coopératives d'épargne et de crédit dis- tementale indique que les risques familiers ou ceux posent de données sur leur portefeuille à risque, perçus comme maîtrisables par l'individu ont ten- sur un total de 750 à 900 actuellement en activité dance à être sous-estimés par rapport aux risques non familiers ou jugés incontrôlables (Hertwig et 5PAR 30 : encours de prêts dont un remboursement au moins présente al. 2004). Il se peut donc que le risque inhérent à plus de 30 jours de retard, divisé par l'encours total de prêts. 9 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 10 dans le pays, selon les estimations. Aux Capacité de gestion insuffisante Philippines, on ignore même le nombre de coopé- et coûts élevés ratives actives. Les seules données de performance La gestion d'un programme d'épargne demande disponibles proviennent d'un petit nombre de des compétences différentes, et souvent plus pous- coopératives sélectionnées pour un projet d'assis- sées qu'un programme de crédit. Pour mobiliser tance technique financé par des bailleurs de fonds l'épargne, il faut une équipe de direction, des parce qu'elles ont promis d'améliorer leur gestion. employés et des systèmes à la hauteur de la tâche. Au début du projet en 1997, leur portefeuille à Mais une importante capacité de gestion coûte risque (à plus de 30 jours) représentait globale- cher, et les institutions qui interviennent dans les ment 54,6 % de leur portefeuille total (bien que régions rurales pauvres doivent généralement cette part ait diminué à 8,76 % en 2005). maintenir une faible structure de coût. En général, aucun type particulier d'établisse- Pour être en mesure d'accroître leur capacité de ment de dépôt n'offre à la fois sécurité, proximité gestion, les institutions financières telles que les et accessibilité financière aux clients à faible coopératives doivent réaliser des économies revenu. C'est pourquoi les clients ont tendance à d'échelle. Pour ce faire, certaines institutions utiliser les instruments d'épargne qui présentent regroupent leurs services et deviennent des des avantages visibles et qui sont financièrement agences d'une « coopérative mère ». La création abordables. La proximité et l'accessibilité finan- de Caja Popular Mexicana, qui regroupe 60 cière -- principales caractéristiques des méca- coopératives indépendantes, est un exemple de nismes informels -- sont clairement visibles pour transformation réussie. Entre 2001 et 2005, Caja les clients. Le manque de sécurité ne l'est pas. Il se Popular Mexicana a triplé son taux d'adéquation pourrait donc que les épargnants pauvres sacrifient des fonds propres, réduit de moitié ses dépenses ce qu'ils attendent avant tout d'un service de d'exploitation, réduit des deux tiers ses impayés, dépôt -- la sécurité -- en utilisant des mécanismes et doublé ses actifs ainsi que le nombre de ses informels qui présentent des avantages évidents de clients. Cette transformation a cependant néces- proximité et d'accessibilité financière, mais pas sité 15 ans d'efforts de la part des mutuelles de nécessairement de sécurité. Inversement, les insti- crédit consolidées et 4 millions de dollars d'aide tutions du secteur formel qui offrent des moyens extérieure pour financer une assistance technique d'épargne sûrs ont du mal à attirer les clients compétente et crédible. pauvres parce qu'elles ont tendance à être inacces- Les institutions qui ont déjà les moyens d'assu- sibles pour cette clientèle. rer une gestion sûre des dépôts doivent s'em- ployer à réduire leurs coûts de prestation de ser- Pourquoi les institutions du secteur vice, de manière à pouvoir desservir la clientèle à formel ne peuvent-elles pas rivaliser faible revenu. Certains spécialistes pensent que les avec le secteur informel ? progrès techniques permettront de développer des circuits technologiques pour abaisser les coûts des Pourquoi les institutions financières du secteur services, y compris les dépôts. Malheureusement, formel sont-elles si peu nombreuses à offrir des ser- ces réductions de coût nécessitent parfois une vices sûrs et accessibles aux épargnants pauvres ? importante mise de fonds initiale. Les évaluations de l'épargne ont permis au CGAP En Ouganda, une institution mobilisant les d'identifier plusieurs causes à trois niveaux du sys- microdépôts estime qu'elle a investi 200 000 tème financier. dollars pour mettre au point un système de cartes 10 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 11 à puce et de terminaux points de vente (en plus l'épargne bancaire représentait 150 % des prêts d'une injection massive de fonds publics et privés). bancaires au secteur privé. Au Bénin, la propor- Malgré cet investissement, le nouveau système ne tion était comparable. En Bosnie, bien que le sys- fonctionne pas encore à grande échelle. tème bancaire souffre globalement d'un léger Une autre stratégie de plus en plus utilisée par manque de liquidités, l'excès de liquidité était les banques pour abaisser le coût de prestation de concentré dans les transactions à court terme leurs services consiste à tirer parti de l'infrastruc- (moins d'un an), avec 60 % de dépôts contre seu- ture de détail déjà en place. Au Mexique, une lement 25 % de prêts7. banque a créé des mini-agences dans une chaîne Au niveau institutionnel, l'excès de liquidité de magasins d'électroménager, ce qui lui a permis pourrait être dû à l'absence (réelle ou perçue) de d'ouvrir 4 millions de comptes d'épargne en deux possibilités de prêt intéressantes. Pour les banques ans, soit un nombre de comptes supérieur à celui en particulier, la demande de fonds de crédit peut de l'ensemble du secteur de la « finance popu- être limitée, notamment dans les pays où la dette laire6 », avec un solde moyen comparable. publique ne représente pas une possibilité de pla- Aux Philippines, Banco de Oro autorise les cais- cement intéressant. siers d'un grand magasin de détail à faire office de Dans les pays développés, bien que certaines points de service pour le principal produit grand institutions puissent avoir un déficit ou un excé- public de la banque, une carte de paiement rechar- dent temporaire de liquidités, ces déséquilibres geable. En deux ans, ce produit a mobilisé un sont généralement corrigés par des mécanismes de solde total de 5,6 millions de dollars sur 700 000 gestion des liquidités. Ces mécanismes sont rares cartes en service (dans un pays qui a une popula- dans les pays en développement. Même dans un tion active de quelque 50 millions de personnes). pays tel que la Bosnie qui, à certains égards, a le Dans les deux exemples cités au Mexique et aux système financier le plus perfectionné de tous les Philippines, la banque et le magasin partenaire pays étudiés par le CGAP, il n'existe pas de mar- appartiennent à la même société mère. chés au jour le jour, de conventions de rachat ni d'autres instruments couramment utilisés par les Peu de débouchés pour les banques pour gérer leurs liquidités8. liquidités excédentaires Les coopératives étaient particulièrement nom- En raison de leur excès de liquidité, les institutions breuses à n'avoir aucun mécanisme de gestion des financières ne sont pas incitées à mobiliser des liquidités, peut-être par crainte de répercuter le dépôts supplémentaires -- notamment auprès des risque associé aux coopératives mal gérées sur pauvres, dont les dépôts sont généralement jugés celles qui sont bien gérées. L'effet dissuasif de a priori de courte durée, instables et coûteux. l'excès de liquidité sur la mobilisation de l'épargne Dans de nombreux marchés, malheureusement, dans les coopératives peut être particulièrement les institutions financières réglementées ont déjà préjudiciable pour les clients pauvres, car les plus que suffisamment de dépôts par rapport aux 7 Les fonds excédentaires n'étaient pas investis non plus dans des bons possibilités de prêt ou de placement, surtout à du Trésor. Aux Philippines, le taux de rendement des bons du Trésor court terme. Lorsque le CGAP a effectué une éva- était aligné sur l'inflation ; au Bénin, les émissions d'obligations d'État étaient extrêmement rares ; et en Bosnie, l'émission par l'État d'obliga- luation de l'épargne aux Philippines, par exemple, tions souveraines est actuellement interdite. 8 Les banques étrangères en Bosnie peuvent éponger leur excédent de 6Au Mexique, le secteur de la « finance populaire », ou finanzas popu- liquidités à court terme en transférant leurs dépôts à court terme à leur lares, désigne les institutions, telles que les IMF et les coopératives, qui société mère à l'étranger en échange de lignes de crédit à plus long terme. desservent les personnes n'ayant généralement pas accès à une banque. Mais la plupart des institutions financières n'ont pas cette possibilité. 11 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 12 coopératives sont en général plus accessibles que sur les institutions qui seraient les mieux en les autres types d'institutions. De meilleurs instru- mesure de protéger les dépôts des clients. ments de gestion des liquidités rendraient les Un argument souvent avancé en faveur de ces dépôts plus attrayants. lignes de crédit est l'asymétrie qui existe parfois En Ouganda, les parties concernées étudient entre l'excédent de liquidités à court terme et le des moyens d'investir les liquidités excédentaires manque de liquidités à plus long terme des insti- des coopératives soit dans des établissements tutions financières. Mais les fonds à court terme réglementés qui offrent des placements sûrs et sont souvent beaucoup plus stables qu'on ne croit rentables, soit directement dans des obligations et pourraient servir à financer des prêts à plus long d'État, qui offrent des taux intéressants. Ces deux terme. Il arrive que la réglementation sous-estime options sont moins risquées que celles qui consis- également la stabilité des dépôts à court terme : en tent à encourager les coopératives à accroître leur Bosnie, 95 % des dépôts à moins de 30 jours doi- volume de prêts (tout particulièrement les prêts vent être prêtés avec la même échéance, ce qui est non garantis dans le secteur du microcrédit), vu très difficile dans un pays sans système de prêts leur fort taux d'impayés. interbancaires au jour le jour. Concurrence déloyale des Des systèmes de paiement incomplets refinancements à faible coût L'accès au système de paiement peut influer forte- Malheureusement, le refinancement par des orga- ment sur l'aptitude d'une institution à mobiliser nisations faîtières (qui sont en général des institu- l'épargne. Traditionnellement, l'accès au système tions publiques) décourage souvent la mobilisa- de paiement est réservé aux institutions plus stric- tion de l'épargne. Dans des pays aussi différents tement réglementées et requiert souvent le verse- que l'Ouganda et les Philippines, les bailleurs de ment d'une garantie importante à la chambre de fonds et les gouvernements fournissent des mil- compensation. En fait, les systèmes de paiement lions de dollars de refinancement aux institutions sont souvent détenus par les grandes banques. de dépôt qui sont les plus accessibles financière- C'est pourquoi les petites institutions financières ment aux clients pauvres (les coopératives qui desservent les pauvres ont difficilement accès d'épargne et de crédit en Ouganda et les banques aux systèmes de paiement. Du fait que ces institu- rurales aux Philippines). tions ne permettent pas à leurs clients d'avoir En Ouganda et aux Philippines, ces refinance- accès à leur épargne à différents endroits ou de ments se faisant à des taux proches de ceux du faire des paiements, les dépôts présentent moins marché, les fonds ne sont pas aussi bon marché d'intérêt pour les clients. qu'ils pourraient l'être. Il n'en demeure pas moins Les services de paiement devraient toutefois se que la relative facilité d'accès à ces refinancements généraliser grâce à un nouveau type de prestataire. a découragé les institutions financières d'accroître Certains de ces prestataires utilisent des télé- leurs dépôts pour financer la croissance de leur phones mobiles reliés à des comptes bancaires portefeuille. Si ces fonds avaient un effet d'évic- pour les virements de fonds nationaux et interna- tion sur les dépôts dans les institutions mal en tionaux, les achats, les remboursements de prêts et point, cela pourrait être considéré comme un les retraits d'espèces. Ces transactions utilisent avantage pour les épargnants. Mais la logique des souvent une carte de paiement et un réseau de ter- bailleurs de fonds les conduit à privilégier les ins- minaux points de vente installés dans les agences titutions les plus solides et non pas les plus fra- des institutions financières et les établissements de giles. Cela a donc un effet dissuasif précisément détail (voir l'encadré 3) (Ivatury 2006). 12 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 13 Encadré 3 Court-circuiter le système de paiement Les banques s'associent de plus en plus avec les détaillants et les opérateurs de téléphonie mobile pour offrir des services financiers, notamment des services de paiement et de dépôt, aux clients pauvres. Au Brésil, six banques ont créé un réseau de plus de 26 000 correspondants bancaires. Il s'agit de commerçants équipés de lecteurs de carte que les clients peuvent utiliser pour ouvrir un compte et effectuer des transactions. Pour faire un dépôt, le client s'identifie en glissant sa carte dans le lecteur et remet l'argent au commerçant. La banque transfère le montant correspondant du compte du commerçant à celui du client. Le commerçant conserve l'argent dans son tiroir-caisse et donne un reçu au client (voir le graphique ci-après). Grâce, en grande partie, à l'augmentation du nombre de correspondants bancaires, à la fin de 2003 les Brésiliens avaient accès à des services bancaires dans les 5 600 municipalités du pays. xxxxx Le client glisse sa carte et remet l'argent au commerçant Le commerçant donne un reçu au client XXXX Client Xxxx Commerçant xxxx La banque La banque crédite le compte débite le compte du client Banque du commerçant Des services similaires sont mis en place dans d'autres pays. Aux Philippines, Globe Telecom propose G-Cash, un service qui permet aux abonnés de verser de l'argent sur leur compte de téléphonie mobile en allant chez les commerçants affiliés ou dans des points de vente Globe, puis d'utiliser cet argent pour effectuer des virements internationaux ou nationaux, payer des factures ou faire des achats. Le service fonctionne généralement comme un « portefeuille virtuel », sans passer par une banque. Globe crée cependant des partenariats avec un nombre grandissant de banques rurales pour permettre aux clients de recevoir et rembourser des prêts avec G-Cash. Les services bancaires par téléphone mobile font également leur apparition en Afrique du Sud, où une coentreprise formée par Standard Bank et MTN, un opérateur de téléphonie mobile, a attiré plus de 100 000 clients depuis 2004. Réglementation et supervision inégales cas de la Caisse nationale d'épargne du Bénin, qui La réglementation et la supervision, qui peuvent va être détachée des services postaux. être très strictes pour certains types d'institutions D'autre part, le cadre d'action réglementaire et souples ou inexistantes pour d'autres, perpé- est souvent inadapté aux coopératives financières. tuent parfois une situation où les institutions sûres En Ouganda, par exemple, les coopératives ne sont guère incitées à faire des efforts pour atti- d'épargne et de crédit ne sont pas régies par une rer les épargnants pauvres et où les institutions qui législation spéciale. Elles sont assujetties à diffé- offrent des services plus accessibles ne peuvent pas rents régimes juridiques, tels que les lois sur les garantir la sécurité des dépôts. coopératives, les entreprises et les ONG. Dans de Les banques postales sont un exemple. Dans de nombreux pays, elles ne sont pas contrôlées par nombreux pays, elles possèdent de vastes réseaux des organismes de contrôle financier appropriés de points de service pour les déposants et offrent mais par les instances responsables de l'ensemble également des services de paiement. Bon nombre des coopératives. En Ouganda, il s'agit du minis- de banques postales ne font cependant pas l'objet tère du Tourisme, du Commerce et de l'Industrie, d'une réglementation bancaire. Étant donné qui est notoirement incapable de superviser les qu'elles font officiellement partie des services pos- 1 400 coopératives d'épargne et de crédit actuel- taux, leurs actifs servent parfois à éponger les lement enregistrées. pertes des systèmes postaux déficitaires. C'est le 13 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 14 Lorsqu'il existe un organisme spécial pour les Bosnie et en Ouganda, par exemple, les autorités coopératives, comme aux Philippines, cet orga- de réglementation, ébranlées par les crises finan- nisme est normalement responsable de leur pro- cières récentes, ont interdit les relations interinsti- motion, mais aussi de leur contrôle, ce qui crée un tutions qui permettraient aux institutions non conflit d'intérêts qui risque d'affaiblir la fonction réglementées d'effectuer des transactions pour le de supervision. Déléguer la supervision des coopé- compte de celles qui sont réglementées. ratives à leurs fédérations peut également créer des Il serait irresponsable de proposer d'assouplir conflits d'intérêts parce que les membres peuvent ces règles sans une analyse prudente des répercus- chercher à quitter la fédération pour échapper à sions potentielles. La rigueur de la réglementation un contrôle étroit. Au Mexique, où de nom- et de la supervision est, après tout, l'une des rai- breuses fédérations ont été créées pour contrôler sons pour lesquelles les institutions sûres sont les coopératives, plusieurs institutions auraient aussi sûres. En outre, ce n'est pas le principal obs- changé de fédération pour éviter d'éventuelles tacle à l'offre de services de dépôt de qualité aux sanctions. pauvres, comme on a pu le constater en Ouganda, Pour d'autres types d'institutions, la réglemen- où les investissements substantiels des bailleurs de tation et la supervision sont tellement strictes que fonds et de l'État en vue de créer une catégorie cela améliore la sécurité des dépôts mais réduit distincte pour les MDI réglementées ne se sont également la portée. Au Mexique, les réglementa- pas traduits par un accroissement sensible de la tions bancaires qui imposent une infrastructure portée. coûteuse découragent l'ouverture d'agences Qui plus est, les établissements de dépôt non rurales. On observe le même phénomène en supervisés ont une place légitime dans le système Ouganda, où les investissements requis par la nou- financier, tout particulièrement ceux qui acceptent velle loi sur les institutions de micro-dépôt (MDI) uniquement les dépôts de leurs membres et qui ont freiné, du moins temporairement, l'ouverture sont trop petits pour qu'il soit possible de les d'agences supplémentaires par les MDI nouvelle- contrôler efficacement à un coût raisonnable ment réglementées9. Du fait qu'elles accroissent (lorsque les coûts de supervision sont rapportés les coûts, ces réglementations peuvent conduire aux actifs de l'institution). Des études menées en les institutions les plus sûres à limiter leurs services Ouganda montrent que même les institutions non aux régions les plus riches. Les efforts déployés à supervisées sont en règle générale plus sûres que travers le monde pour lutter contre le blanchiment les mécanismes d'épargne informels (Wright et de capitaux et le financement du terrorisme ris- Mutasesira 2002). quent également de rendre les transactions de faible montant économiquement non viables pour Stratégies d'appui à la mobilisation les institutions financières10. de la petite épargne D'autre part, les partenariats qui pourraient aider les institutions sûres à accroître leur portée Que peut-on faire pour aider les institutions finan- sont souvent découragés par les organismes de cières à fournir des services de dépôt à la fois sûrs contrôle financier pour des raisons de sécurité. En et accessibles ? L'évaluation sur l'épargne dans les pays a permis au CGAP de formuler cinq stratégies 9La Loi MDI de 2004 autorise un nombre limité d'IMF répondant à de pour atténuer les principales contraintes qui rigoureux critères de performance à devenir des intermédiaires financiers pèsent sur l'offre et sur la demande. Bien que ces réglementés placés sous le contrôle de la Bank of Uganda. 10Pour de plus amples renseignements, voir Isern et al. 2005. contraintes soient plus ou moins prononcées selon 14 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 15 les pays, les stratégies formulées s'appliquent qua- institutions sûres. Afin de pouvoir mieux rivaliser siment toutes aux cinq marchés étudiés. avec les mécanismes d'épargne informels, les inter- Étudier le marché. La collecte de données médiaires financiers doivent proposer des produits fiables sur la taille du marché à faible revenu et sur qui offrent à la fois l'avantage de sécurité des ins- les préférences des clients en matière de services titutions bien gérées et les avantages de proximité de dépôt offrirait aux institutions une base solide et d'accessibilité financière des instruments infor- pour planifier leurs activités et développer leurs mels. Pour les établissements réglementés, comme produits. La divulgation de ces données pourrait les banques, il s'agit de mettre en place des méca- contribuer à un changement d'attitude et encou- nismes de prestation de service moins coûteux rager les institutions jusqu'à présent inaccessibles à tout en continuant d'offrir aux déposants un fournir des services de dépôt aux épargnants niveau de protection élevé. Les innovations tech- pauvres. Les études de marché financées par des nologiques telles que le téléphone mobile et les bailleurs de fonds peuvent avoir un effet de sensi- réseaux de points de vente sont prometteuses mais bilisation et contribuer à un tel changement d'at- elles demandent souvent une importante mise de titude. Le pays dans lequel l'étude du CGAP fonds initiale. À court terme, l'octroi de subven- montre que les institutions sont déjà conscientes tions pourrait être un moyen efficace d'inciter les du fait que les pauvres épargnent, l'Ouganda, est établissements réglementés à étendre leur portée. également celui où les préférences des clients sont Dans le cas des institutions qui installent des les mieux documentées. points de service dans les régions pauvres, les inci- Aider les clients à faire des choix intelligents tations pourraient revêtir plusieurs formes, telles en matière d'épargne. Beaucoup de clients ont que l'implication dans le processus de paiement des du mal à évaluer avec précision les risques posés prestations sociales, des droits exclusifs temporaires par différents instruments d'épargne, dans le sec- dans certains régions, ou des allégements fiscaux. teur formel ou informel. L'éducation du consom- Pour les établissements moins strictement mateur et la formation financière peuvent aider les réglementés, comme les coopératives, le renforce- clients pauvres à apprécier les risques relatifs des ment de la gestion est souvent plus important. Les options d'épargne disponibles et les encourager à deux types d'institutions devraient utiliser des utiliser ces options pour gérer plus efficacement données sur les préférences des clients pour créer leur argent. des produits qui répondent aux besoins spéci- L'éducation des clients sur les moyens d'évaluer fiques des clients. Les bailleurs de fonds, les pres- la solidité d'une institution financière est particu- tataires de formation et d'assistance technique, les lièrement importante. Si les clients connaissent les responsables politiques, les organismes de régle- indicateurs de solidité institutionnelle, ils hésite- mentation et de supervision ont tous un rôle à ront peut-être moins à confier leur épargne aux jouer pour aider les institutions à entreprendre ces institutions financières du secteur formel. Ces ajustements. mécanismes pourraient s'inspirer des systèmes de Adapter les mesures d'incitation au niveau notation souvent utilisés par les organisations faî- de liquidité. Si les institutions solides trouvaient tières, les fédérations et les projets d'assistance des débouchés pour leur excédent de liquidités, technique et être portés à la connaissance des elles seraient peut-être plus enclines à offrir des clients par le biais de campagnes d'information. services de dépôt aux pauvres. On pourrait les Accroître la capacité des institutions offrant encourager à accepter davantage de dépôts en les des services accessibles et abaisser les coûts des aidant à prendre des risques prudents en matière 15 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 16 de prêts, par exemple dans le secteur du microcré- Il est souvent nécessaire de renforcer la supervi- dit, et à gérer ces risques. Des mécanismes amélio- sion des institutions plus accessibles, comme par rés de gestion des liquidités qui permettent aux exemple les banques postales et les grandes coopé- institutions d'investir leurs excédents dans des pla- ratives qui acceptent des dépôts du public. Les cements à la fois sûrs et intéressants pourraient autorités financières hésitent souvent à réglemen- également rendre les dépôts plus attrayants à leurs ter les petits établissements, qui sont extrêmement yeux. nombreux, en raison des coûts que cela entraîne- À tout le moins, les bailleurs de fonds et les rait. En guise de compromis, certains pays ont pouvoirs publics devraient éviter d'injecter des confié la supervision de ces institutions à leurs liquidités supplémentaires dans des systèmes déjà fédérations ou envisagent de le faire. Ces efforts excédentaires en offrant des lignes de crédit à bas n'ont généralement pas été concluants et il pour- prix. Il existe d'autres options qui permettraient rait y avoir des enseignements utiles à tirer de l'ex- de renforcer les mesures d'incitation en faveur des périence internationale. dépôts. Par exemple, un fonds de liquidité d'ur- Pour les petits établissements dont la supervi- gence qui « garantit » les dépôts à court terme sion n'est pas économiquement justifiée, les sys- pourrait aider les institutions financières à conver- tèmes non prudentiels qui consistent à recueillir et tir ces fonds en avoirs à plus long terme. Dans les publier des données sur les résultats -- et à faire pays où il existe une réglementation très stricte en clairement savoir aux membres que ces institu- matière d'équilibre bilantiel, une autre solution tions ne sont soumises à aucun contrôle -- pour- possible serait d'accroître la proportion des dépôts raient être une alternative pratique. L'importance à court terme pouvant être transformés en prêts à accordée aux résultats pourrait contribuer au ren- plus long terme. Ces deux stratégies devraient forcement des capacités institutionnelles, néces- s'appuyer sur une étude de la stabilité réelle des saire corollaire d'une politique améliorée et d'une dépôts à court terme dans une institution ou un infrastructure sectorielle efficace. pays donné. Créer des cadres de réglementation et de Conclusion supervision équilibrés. Les cadres de réglemen- tation et de supervision exercent une grande Les pauvres du monde entier souhaitent avoir influence sur l'aptitude et la motivation des insti- accès à des services d'épargne sûrs et accessibles. tutions financières à offrir des services de dépôt Les institutions financières du secteur formel ne sûrs aux petits épargnants. Compte tenu des crises pourront répondre à ces attentes que lorsqu'elles passées, les politiques de réglementation et de seront en mesure d'offrir des services sûrs, finan- supervision privilégient souvent la stabilité du sys- cièrement abordables et à proximité du lieu d'ha- tème financier. Mais elles se traduisent par des res- bitation et de travail des clients pauvres. En atten- trictions qui risquent d'exclure les clients pauvres. dant, les pauvres continueront de cacher leur Les établissements réglementés sont donc souvent argent chez eux, d'immobiliser leurs avoirs dans obligés de contourner la loi pour innover. Pour du bétail ou de confier leurs économies à des pres- éviter de couper court à leurs efforts d'innovation, tataires informels, avec tous les risques que cela on pourrait autoriser ces institutions à expérimen- comporte. Les bailleurs de fonds, les responsables ter, dans une certaine limite, de nouveaux pro- politiques et les institutions financières doivent duits et modes de prestation. intervenir à tous les niveaux du système financier 16 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 17 pour offrir des incitations adaptées et doter les ins- massif de fonds de crédit subventionnés vers les titutions du secteur formel des moyens de coopératives ou de renforcer la gestion des répondre à la demande de services d'épargne. banques postales. Quelles que soient les mesures Cet effort collectif implique des mesures diffé- spécifiques adoptées, sécurité et accessibilité sont rentes selon le contexte local. Alors que la straté- les deux priorités. Si les institutions financières gie la plus prometteuse dans certains pays pourrait peuvent satisfaire à ces exigences, non seulement être d'offrir des incitations aux banques pour elles amélioreront l'accès des pauvres aux services mobiliser la petite épargne, dans d'autres cas il d'épargne, mais elles auront elles-mêmes accès à pourrait être plus important d'endiguer l'afflux une fortune de dépôts. 17 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 18 Annexe : Données concernant Pour étudier la relation entre les seuils de coût le coût moyen des produits et le nombre d'habitants par agence, les seuils de et la densité des agences coût moyens pour un ensemble d'institutions ont été convertis en multiples du salaire journalier Dans les pays considérés, les seuils de coût moyens moyen (voir le tableau A-2). sont étroitement alignés sur la densité des La figure A-1 montre pour chaque pays le seuil agences. Les « produits de dépôt de base » dési- de coût le plus élevé, le seuil de coût le plus faible gnent les comptes d'épargne ou de transaction les et la moyenne pour l'échantillon et les compare au moins onéreux pour une institution donnée. Les salaire journalier minimum. « seuils » de coût sont les coûts financiers directs Le coefficient de corrélation entre les seuils de associés à l'ouverture de ces comptes, ce qui com- coût ainsi mesurés et la population moyenne par prend le solde minimum d'ouverture, les frais d'ouverture et la part obligatoire à acquérir dans Tableau A-1 Seuil de coût pour les le cas des coopératives. produits de dépôt de base dans les institutions sélectionnées, par pays Le tableau A-1 indique la fourchette et la valeur moyenne des seuils de coût pour les institutions Tous les chiffres Salaire sont exprimés en Élevé Faible Moyen journalier faisant partie de l'échantillon sélectionné dans dollars minimum chaque pays. Les échantillons sont représentatifs Bénin 946,97 9,09 157,43 1,71 des institutions qui desservent une clientèle pauvre -- banques grand public, banques pos- Bosnie 6,33 0 0,79 6,55 tales/caisses d'épargne, institutions de microfi- Mexique 88,50 0,88 34,73 4,04 nance qui acceptent des dépôts et coopératives Philippines 35,66 8,91 14,49 6,15 financières. Pour chaque pays, le salaire journalier Ouganda 28,29 5,66 9,86 0,11 minimum est également indiqué. Figure A-1 Seuil de coût des produits de dépôt 554x $160,00 92x $140,00 Élevé $120,00 Faible Moyenne non $100,00 22x pondérée $80,00 Salaire journalier minimum $60,00 251x Xx multiple du 9x 6x $40,00 253x salaire journalier 0x 2x minimum 88x $20,00 5x 1x 1x 0x 0x $- Bénin Bosnie Mexique Philippines Ouganda 18 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 19 agence est égale à -0,78 pour l'ensemble des éta- (­0,83) si l'on tient uniquement compte des blissements de dépôt, ce qui signifie que le coût agences bancaires. Bien que les résultats portent sur moyen d'ouverture d'un compte diminue à mesure un nombre limité de pays, ils confirment que la que le nombre d'agences par million d'habitants concurrence entre les institutions fait baisser les augmente. La corrélation est encore plus forte prix. Tableau A-2 Seuil de coût, Tableau A-3 Corrélation entre la densité en multiple du salaire journalier minimum des agences et les seuils de coût Élevé Faible Moyen Élevé Faible Moyen Bénin 554 5 92 Agences bancaires/ 0,73 0,56 0,83 Bosnie 1 0 0 million hab. Mexique 22 0 9 Philippines 6 1 2 Agences d'établissements 0,57 0,72 0,78 d'épargne/million hab. Ouganda 253 51 88 19 FN37_FR.qxd 10/12/07 1:24 PM Page 20 NoteFocus Références N° 37 Bolaño, Pilar Campos. 2005. El Ahorro Popular en México : Acumulando Activos para Superar la Pobreza. Mexico City, Mexico : CIDAC et Miguel Angel Porrúa. Site Web Financial Diaries. www.financialdiaries.com. 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