Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes RÉSUMÉ EXÉCUTIF Photos Page de garde: Gudkov Andrey/Shutterstock; p. iv: Agota Kadar/Shutterstock; p. 1: Anton Ivanov/Shutterstock; p. 2: Dennis van de Water/Shutterstock; p. 4: Dudarev Mikhail/Shutterstock; p. 6: Damien Ryszawy/Shutterstock; p. 8: Dudarev Mikhail/Shutterstock; p. 10: danm12/Shutterstock; p. 11: Stock photo/Shutterstock; p. 12: Olivier S/Shutterstock; p. 14: Dennis van de Water/Shutterstock; p. 15: Damien Ryszawy/Shutterstock; p. 16: Milosk50/ Shutterstock; p. 17: Artush; p. 18: Dennis van de Water/Shutterstock; p. 20: Pierre Jean Durieu/Shutterstock; p. 22: Muriel Lasure/Shutterstock; p. 23: Vladislav T. Jirousek/Shutterstock; p. 24: YuG/Shutterstock; p. 25: Andrea/Flickr © All rights reserved; pp. 26–27: Anton Ivanov/Shutterstock; p. 28: Anton_Ivanov/Shutterstock; p. 29: Danm12/Shutterstock; couverture arrière: Dietmar Temps/Shutterstock  iii Remerciements L a série de documents qui composent le rapport «Changement de fortune et persistance de la pauvreté au Madagascar», ci-résumés, ont été produits par la Pratique Globale Pauvreté, Région Afrique, de la Banque mondiale. Theresa Osborne et Nadia Belghith ont dirigé la préparation de ce rapport sous la supervision de Pablo Fajnzylber, manager de la Pratique Globale. Ce travail a bénéficié de l ’encadrement et des conseils de Mark Lundell, directeur pays et de Coralie Gevers, manager pays. . Le rapport a également bénéficié de consultations avec différents ministères du gouvernement du Madagascar ainsi qu’avec diverses parties prenantes du secteur privé, partenaires au développement et organisations non gouvernementales. Les données utilisées ont été recueillies par l’Institut National de Statistique (INSTAT), avec le soutien des Nations Unies, de la Banque Africaine de Développement et de la Banque mondiale. Nous remercions également Christopher Barrett, de l’Université de Cornell, pour sa contribution technique à deux des papiers inclus dans le rapport. Nos remerciements s’adressent également à Francis Vella, Dominique van de Walle, Caterina Ruggeri Laderchi et Kathleen Beegle pour leurs précieux commentaires. L’édition du rapport a bénéficié des commentaires de Venkat Ganeshan Gopalakrishnan et Carolin Geginat. Chuqiao Bi et Alessia Thiebaud ont fourni une assistance tech- nique et ont contribué aux études analytiques. Nos sincères remerciements s’adressent à Patrick Leon Randiankolona pour avoir fourni le diagnostic des données et les éléments de base pour les études analytiques, sans lesquels la préparation d’une grande partie du rapport n’aurait pas été possible. © 2016 Ce rapport résume les principales conclusions des chapitres suivants et met en lumière certains des principaux déterminants de la dynamique – ainsi que de la persistance – de la pauvreté à Madagascar. Belghith, Nadia, Patrick Randriankolona, et Theresa Osborne (2016). Le point sur la pauvreté et l’inégalité à Madagascar : Tendances récentes du bien-être, de l’emploi et de la vulnérabilité (Madagascar Poverty and Inequality Update: Recent Trends in Welfare, Employment, and Vulnerability). (désormais BR&O) Thiebaud, Alessia, T. Osborne, et N. Belghith (2016). Isolement, crise et vulnérabilité : Analyse de la décomposition des inégalités et de la pauvreté croissante à Madagascar (2005–2010) (Isolation, Crisis, and Vulnerability: A Decomposition Analysis of Inequality and Deepening Poverty in Madagascar (2005–2010)). (TO&B) McBride, Linden. et T. Osborne (2016). Méthodes souples d’établissement de profils de la pauvreté et prévision du bien-être à Madagascar. (Flexible Poverty Profiling and Prediction of the Severity of Poverty in Madagascar.) (M&O) Jodlowski, Margaret (2016). Estimation de la demande de main-d’œuvre dans les zones rurales de Madagascar : salaires virtuels et allocation inefficiente des ressources. (Labor Demand Estimation in Rural Madagascar: Shadow Wages and Allocative Inefficiency.) (J) Bi, Chuqiao. et T. Osborne (2016). Coûts de transaction, pauvreté et piège de la faible productivité : observations sur le secteur des micros entreprises informelles à Madagascar. (Transactions Costs, Poverty, and Low Productivity Traps: Evidence from Madagascar’s Informal Micro-Enterprise Sector)” (B&O) Le rapport complet peut être consulté à http://www.worldbank.org/en/country/madagascar/ publication/shifting-fortunes-and-enduring-poverty-in-madagascar-recent-findings  v Acronymes ENEMPSI Enquête nationale sur l’emploi et le secteur ENSOMD Enquête nationale sur les objectifs millenaire du développement EPM Enquête périodique auprès des ménages PIB Produit intérieur brut ENA Enterprise non-agricole NPK Nitrogène phosphore et potassium (engrais)  Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 1 Madagascar a réalisé de faibles progrès en termes d’amélioration du bien-être des pauvres au cours des dernières années, les gains réalisés après 2001 ayant été inversés entre 2005 et 2012. Depuis 2001, Madagascar a connu deux crises politiques en plus de perturbations concernant l’accès aux marchés pour l’exportation de produits textiles et manufacturés, de chocs climatiques sévères et de hausses des prix mon- diaux des produits alimentaires. Le PIB réel par habitant a diminué entre 2001 et 2012 et, en dépit de la période de stabilisation ayant suivi la crise, il n’a augmenté que d’un pour cent au cours des quatre années suivantes. Dans ce contexte, le taux de pauvreté a légèrement dimi- nué au cours de la période 2001–2012, mais demeure extrêmement élevé atteignant un niveau de 70,7 pour cent en 2012 (graphique 1). Étant données la forte prévalence de la pauvreté et sa persistance à Madagascar, l’indicateur de l’écart de pauvreté, qui mesure la gravité se situant au niveau du seuil de pauvreté. Cet écart est de la pauvreté, serait plus pertinent pour l’analyse du demeuré relativement stable, diminuant légèrement de bien-être. Sur la base de cet indicateur, le niveau de 35,9 pour cent en 2001 à 31,3 pour cent en 2005, puis consommation du pauvre moyen malgache aurait été en augmentant à nouveau légèrement à partir de 2005 pour 2012 inférieur de 32,2 pour cent à celui d’une personne atteindre le niveau actuel. (BR&O) 2 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 3 L’inégalité a chuté entre 2001 et 2005, puis a augmenté de nouveau à partir de 2012, mais demeure modeste par rapport à d’autres pays africains. Le coefficient de Gini, mesure utilisée pour surveiller En effet, le rapport de la consommation du décile supé- l’inégalité, est passé de 46,9 à 41 depuis 2001 et est rieur à celui du décile inférieur (P90 / P10) variait de maintenant inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaha- 5 à 8 sur la période de 12 ans – un niveau faible comparé rienne qui s’établit à 43,8 (graphique 1). En outre, de à la moyenne de 13,4 pour les pays à faible revenu manière général, le niveau d’inégalité de Madagascar (BR&O). n’est pas caractérisé par des écarts extrêmes de richesse. GRAPHIQUE 1: Écart de pauvreté, taux de pauvreté, et coefficient de Gini, 2001–2012 80 60 40 20 0 2001 2005 2010 2012 écart de pauvreté taux de pauvreté coefficient de Gini Source: EPM 2001, 2005, 2010, and ENSOMD 2012. Note: Les calculs utilisent le seuil national de pauvreté estimé à l’aide des données EPM 2010. 4 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 5 Les chocs climatiques ont été un déterminant majeur des fluctuations du bien-être, intensifiant la pauvreté et l’inégalité certaines années, comme en 2010, lorsque les revenus réels ont diminué pour les ménages les plus pauvres. Un pourcentage élevé de ménages malgaches signalent Des mécanismes visant à aider les ménages à de protéger être affecté par la sécheresse, les cyclones et les pluies tar- des chocs climatiques réduiraient les inégalités transi- dives, en particulier parmi les ménages les plus pauvres toires tout en aidant les pauvres à éviter des stratégies (graphique 2). En effet, entre 2005 et 2010, l’ampleur d’adaptation qui épuisent leurs actifs et compromettent accrue des chocs climatiques a été la cause principale de leurs investissements dans la santé et l’éducation la baisse du bien-être parmi ceux qui se situent en bas de (TO&B). la répartition de la consommation (graphique 3). GRAPHIQUE 2: Pourcentage de ménages ayant GRAPHIQUE 3: Les effets des chocs climatiques sur déclaré un choc (les trois premiers chocs signalés), le changement de la consommation des ménages selon le quintile de consommation, 2012 ruraux par quintile, 2005–2010 30.00% 2% 1% Sécheresse 25.00% 0% Différence contrefactuelle –1% 20.00% Cyclone Cyclone –2% Sécheresse 15.00% –3% Sécheresse Cyclone Maladie d’un adulte –4% Cyclone 10.00% Sécheresse –5% perte de béta Cyclone Sécheresse Pluies tardiv Pluies tardiv Maladie du ménage Maladie ou –6% 5.00% –7% 0.00% –8% Le plus Deuxième Troisième Quatrième Le plus 20 40 60 80 pauvre riche Quintiles Source: ENSOMD 2012 Source: EPM 2005, EPM 2010 6 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 7 Bien qu’entre 2005 et 2010, les pauvres aient accumulé plus de «dotations» – actifs productifs et caractéristiques favorables des ménages et des collectivités – et qu’ils aient connu moins de chocs négatifs, les bénéfices tirés de ces facteurs ont été moins élevés en 2010 qu’en 2005. En même temps, les revenus associés aux activités économiques des pauvres ont diminué. Pour les ménages les plus pauvres, la consommation a chocs negatifs en ce qui concerne la santé, la sécurité et le diminué en moyenne de 3,1% entre 2005 et 2010. La climat– a chuté de 6,9 pour cent (graphique 4). Pour les relation entre leur consommation et leurs «dotations» ménages ruraux, l’association entre la superficie cultivée – en particulier, un niveau d’éducation plus elevée, la et la consommation a diminué d’environ 6 pour cent possession d’un moyen de transport, un raccordement pour tous les quintiles de la répartition de la consomma- éléctrique de la communauté plus élevé, et moins de tion, à l’exception du plus haut (TO&B). GRAPHIQUE 4: Variation de la consommation, composants “dotations” et “rendement,” 2005–2010 par Quintile Variation de la consommation 5% 0% –5% –10% 20 40 60 80 Quintiles Variation nette de la consommation (2005–2010) Composant dotation Composant rendement Source: EPM 2005, EPM 2010 8 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 9 Pour les ménages ruraux, la baisse des bénéfices tirés de l’agriculture, conjuguée à des événements climatiques plus dommageables, explique la réduction du bien-être des deux quintiles inférieurs entre 2005 et 2010 (graphique 5). Les chocs liés à la santé ont aggravé ces effets, qui ont Deux facteurs clés expliquent la baisse des bénéfices été au moins en partie compensés par la disponibilité agricoles. de sources de revenu rentables non-agricoles pour les ménages dirigés par des hommes (TO&B). GRAPHIQUE 5: Principaux déterminants de la variation de la consommation, 2005–2010, menages rurales, 2005–2010 (facteurs significatifs) 2% 1% Variation contrefactuelle de la 0% –1% consommation –2% –3% –4% –5% –6% –7% –8% 20 40 60 80 Quintiles effets des chocs climatiques Rentabilitée de la terre effets des chocs sanitaires Source: EPM 2005, EPM 2010 10 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 11 Premièrement, entre 2005 et 2010, les pauvres se sont retrouvés plus isolés des marchés et des services à mesure que les conditions de transport se déterioraient. Le prix moyen réel pour le transport de marchandises comme un sac de riz a augmenté de 42 pour cent. Les coûts de carburants ont augmenté parallèlement aux prix des produits alimentaires (les prix du pétrole augmentant d’environ 48%). Le délai moyen pour atteindre les marchés a également augmenté, en particulier pour le quintile inférieur – de 1,9 à 2,4 heures (graphique 6). Le temps nécessaire pour atteindre un centre urbain principal a doublé pour atteindre près de 12 heures, tandis que les dis- tances relatives aux marchés, écoles et centres de santé devenaient plus fortement liées à la pauvreté. Le manque de financement pour l’entretien des routes suite à la crise GRAPHIQUE 6: Durée moyenne du trajet jusqu’à un politique de 2009 est l’une des explications principales marché d’alimentation par quintile (heures) de ces changements liés à la durée de trajet, mais cela est également dû à des années de sous-investissement. Plus riche Quatrième Les infrastructures routières et de transport sont essen- Troisième tielles à la réduction de la pauvreté à Madagascar. La Deuxième mise en œuvre d’une stratégie sectorielle reposant sur Plus pauvre une analyse des rendements des divers investissements 0 1 2 3 revêt une importance capitale, compte tenu des manques aigus du pays en termes d’’infrastructures de transport 2005 2010 du pays, conjugués à des contraintes strictes de finance- Source: EPM 2005, EPM 2010 ment public. 12 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 13 Le deuxième facteur clé responsable de la réduction des revenus agricoles était un ensemble de politiques visant à isoler le pays de la hausse des prix mondiaux du riz, qui ont diminué de façon disproportionnée le prix à la production après 2005 et intensifié la pauvreté rurale. Face à la forte hausse des cours mondiaux du riz, la 2,2 à 5,7 entre 2005 et 2010 pour les producteurs les culture et l’aliment de base dominants de Madagascar, plus pauvres. le Gouvernement a progressivement mis en œuvre des mesures à partir de 2007 qui ont maintenu le prix du Les interventions sur les marchés du riz et d’autres pro- riz relativement stable pour les consommateurs urbains. duits alimentaires peuvent provoquer des effets impré- Cependant, les producteurs, qui étaient de plus en plus vus qui dépendent de la performance des marchés des isolés des centres de demande, ne pouvaient pas béné- intrants et des liaisons de transport. ficier de la hausse des prix mondiaux. Le prix moyen à la production a chuté de 9 pour cent (graphique 7) Les politiques publiques relatives aux marchés alimen- alors que les prix des intrants a augmenté, et le ratio des taires doivent équilibrer soigneusement l’effet positif des prix des engrais (NPK) aux prix du paddy est passé de prix élevés sur le bien-être des producteurs pauvres. GRAPHIQUE 7: Prix nominal moyen reçu pour le riz GRAPHIQUE 8: Prix relatifs des engrais par rapport paddy, par quintile de consommation (Ariary) au riz, 2005 et 2010 par quintile de consommation des ménages 1000 800 8 600 400 6 200 0 4 2005 2010 2 le plus pauvre deuxieme troisieme quatrieme 0 le plus riche moyenne communautaire Plus pauvre Deuxième Troisième Quatrième Plus riche 2005 NPK/Paddy 2010 NPK/Paddy Source: EPM 2005, 2010 2005 Urée/Paddy 2010 Urée/Paddy Source: EPM 2005, EPM 2010 14 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 15 En réponse aux chocs négatifs et à l’évolution de la situation économique, les ménages ont déplacé leurs efforts des activités agricoles vers les activités hors exploitation, mais en 2010, il n’ont réussi qu’en partie à renforcer la consommation des ménages. De même qu’en 2005, lorsque l’emploi dans les secteurs urbains avait chuté au profit des emplois agricoles, en 2010 les travailleurs ont migré vers des activités non agricoles, en particulier l’emploi secondaire dans les ser- vices, et surtout l’auto-emploi, dans un contexte de chute des retombées économiques agricoles (graphique 9). Cependant, de telles stratégies n’ont pas pu compenser entièrement la faiblesse de la demande en main-d’œuvre. Alors que l’emploi secondaire a augmenté, le nombre de travailleurs cherchant mais incapable de trouver un travail secondaire a également augmenté. Les salaires ont travailleurs masculins, avant de revenir en 2012 à leur légèrement augmenté en 2010, mais seulement pour les niveau antérieur de 2005. GRAPHIQUE 9: Secteur d’emploi secondaire du chef du ménage (%) 100 le plus pauvre deuxieme troisieme quatrieme le plus riche 80 60 40 20 0 2001 2005 2010 2012 2001 2005 2010 2012 Agriculture Services Source: EPM 2001–2010 – ENSOMD 2012 16 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 17 Parmi tous les facteurs liés au ménage et à la collectivité, ceux qui sont le plus prédictifs d’un bien-être plus élevé sont l’électrification au niveau communautaire, la proximité des zones urbaines et l’accès à l’emploi hors ferme agricole (M&O). Dans les zones urbaines, avoir une éducation est égale- ment facteur d’un bien-être plus élevé. Dans les zones rurales, l’étendue supérieur des surfaces cultivables et des prix plus élevés du paddy sont des facteurs prédic- teurs importants. En particulier, par ordre d’importance, les meilleurs facteursprédicteurs (parmi les nombreuses caractéristiques et événements mesurés) d’une consom- mation plus importante au niveau national sont: 1. Vivre dans une communauté où les niveaux d’électri- fication sont élevés (c’est à dire avec plus de 27% des ménages ayant accès à l’électricité); 2. Avoir un chef de ménage formé à l’université. 3. Avoir un chef de ménage alphabétisé. 4. Proximité du centre urbain majeur le plus proche. 3. Vivre dans une communauté où les niveaux d’électri- fication sont plus élevés; 5. Des prix élevés pour le riz paddy; et 4. Un pourcentage plus faible des revenus des ménages 6. Avoir plus de bétail. provenant de l’agriculture; et Pour les ménages agricoles seulement, les meilleurs fac- 5. Un prix élevé du riz paddy. teurs prédicteurs par ordre d’importance sont: Ces facteurs prédicteurs peuvent être utilisés pour cibler 1. Plus de terres cultivées; les programmes auprès des plus pauvres des pauvres ou 2. Proximité du centre urbain majeur le plus proche; pour guider l’analyse causale des facteurs de pauvreté. 18 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 19 Dans les zones offrant des débouchés commerciaux, l’accès à l’électricité peut avoir un effet positif important sur les revenus. La preuve n’est pas directe, mais elle est suggestive: plus élevés peuvent aussi être plus riches et en mesure de premièrement, les microentreprises qui utilisent l’élec- soutenir des ENA plus productives. Toutefois, il n’existe tricité sont plus rentables, en tenant compte des autres pas de preuves manifestes que l’accès à l’électricité puisse caractéristiques des entreprises (B & O, J). En outre, augmenter les revenus dans les régions les plus reculées alors que le pourcentage de ménages ayant de l’électri- et les plus pauvres. cité n’a augmenté que légèrement de 15% à 17% entre 2005 et 2010, la corrélation entre l’électrification et la Davantage de données et d’analyses – y compris une consommation a augmenté à mesure que les revenus des évaluation rigoureuse de l’impact – sont requises concer- entreprises non agricoles devenaient plus importants. nant les avantages potentiels d’une électrification plus Les collectivités dont les niveaux d’électrification sont répandue. 20 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 21 La structure des secteurs non agricoles du pays – en particulier la prédominance de petites entreprises exploitées par leurs propriétaires – implique de lourdes pertes économiques: ces entreprises sont trop petites pour être efficaces, employant trop peu de capitaux et de main-d’œuvre. Bien que la rentabilité augmente à mesure que le Une restructuration de l’économie malgache en entre- montant d’investissement dans l’entreprise augmente, prises plus grandes est nécessaire pour augmenter la la majorité des entreprises restent à une échelle d’opé- productivité et les revenus. ration associée à une faible rentabilité (voir graphique 10). En outre, près de 70 pour cent des micro-entreprises GRAPHIQUE 10: Effets sur les bénéfices d’une exploitées par leurs propriétaires n’emploient que le pro- augmentation de l’investissement en capital dans priétaire, même si le rendement moyen du capital d’une les microentreprises, en fonction du pourcentage du telle entreprise (12 pour cent par an) ne représente que capital investi. le tiers de celui des entreprises employant au moins une personne supplémentaire (B & O). 0.9 0.8 0.7 La prédominance continue de petites entreprises inef- 0.6 ficaces peut s’expliquer par les risques et les difficultés 0.5 0.4 liés à l’octroi de crédits ou à la capacité à réaliser des 0.3 investissements en capital suffisamment importants pour 0.2 0.1 réaliser des économies d’échelle. Si tel est le cas, cela 0 serait plus difficile dans un contexte où les entrepreneurs 10ème 25ème 50ème 75ème 90ème 95ème sont pauvres (B & O). Alors que les prêts aux micro-en- Tous Employé unique Employés multiples treprises peuvent aider à fournir de l’emploi aux pauvres, si les montants disponibles sont trop faibles, ils auront Source: Bi and Osborne 2016 à partit de ENEMPSI Notes: Le graphique représente l’élasticité en termes de profit en peu d’impact sur la productivité globale, l’emploi et la fonction du capital investi. Les valeurs positives indiquent les bénéfices croissance des salaires. renoncés. Les entreprises à employé uniques sont celles n’employant que le propriétaire et les entreprises à employés multiples sont celles qui emploient au moins un employé familial ou salarié supplémentaire à temps partiel. 22 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 23 La structure actuelle des entreprises diminue également le revenu du travail. Pour les 70 pour cent de microentreprises qui emploient seulement leurs propriétaires, le revenu généré par le temps propre de l’entrepreneur représente seulement 60 pour cent du salaire moyen dans l’économie, même en tenant compte des différences individuelles de compétences et de capacités (B & O). Cependant, les propriétaires de micro-entreprises employant plusieurs travailleurs gagnent une prime salariale de 68 pour cent. Les micro-entreprises sont également incapables de générer suffisamment d’emplois. À l’heure actuelle, les entreprises multi-travailleurs emploient en moyenne 0,47 travailleurs rémunérés et 81 heures rémunérées par mois, beaucoup moins que les 760 heures ou 4,4 travailleurs à temps plein nécessaires pour maximiser les bénéfices. 24 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 25 Les frictions du marché du travail diminuent les niveaux d’emploi et les salaires offerts par les entreprises agricoles et non agricoles (J, B & O). L’écart entre l’emploi réel et optimal suggère l’existence d’un obstacle important à l’embauche de travailleurs, même de façon informelle. Cela peut être dû au coût relatif à l’identification des bons travailleurs, ainsi qu’au suivi et à l’incitation des travailleurs une fois embauchés. L’étude des questions sous-jacentes, éventuellement au moyen de programmes pilotes visant à réduire ces bar- rières, pourrait permettre de cerner des mesures rentables pour stimuler la création d’emplois et la croissance des salaires et de la productivité. 26 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 27 Les femmes de Madagascar gagnent des salaires inférieurs à ceux des hommes;. Elles éprouvent également de plus grandes difficultés à faire face aux chocs et à trouver un emploi productif. En 2010, alors que les conditions agricoles se déte- rioraient, les femmes avaient plus de difficulté que les hommes à obtenir un emploi non-agricole, connaissant ainsi des taux de sous-emploi plus élevés (BR & O). Bien que le bien-être des ménages dirigés par des femmes ne soient pas systématiquement pire, une fois pris en comptes le niveau de scolarité, l’age et le lieu (région et milieu urbain ou rural), les hommes gagnaient 37% de plus que les femmes sur le marché du travail en 2012 (B & O). Il est également moins probable que les femmes entrepreneurs possèdent et exploitent une microentre- prise qui emploie d’autres travailleurs et plus probables qu’elles exploitent elles-même des microentreprise plus petite que celles des hommes, ce qui a pour conséquence qu’elles gagnent des profits et revenus du travail plus faibles. De plus, même en tenant compte de la taille et cette année, les ménages dirigés par des hommes ont pu toutes choses égales par ailleurs, les entreprises exploi- compenser une grande partie des pertes dues aux chocs tées par des hommes obtiennent des bénéfices plus élevés climatiques et au déclin du rendement de l’agriculture (B & O). Cette disparité en termes d’accès aux opportu- grâce à l’emploi hors ferme agricole (TO&B). nités a considérablement augmenté en 2010: au cours de 28 Variations de fortune et persistance de la pauvreté à Madagascar: Récentes découvertes Résumé exécutif 29 La pauvreté de l’économie malgache, combinée à des coûts de transport élevés et à des frictions sur les marchés de capitaux et du travail, peuvent créer un piège à faible productivité. La pauvreté elle-même entraîne une faible demande de biens et de services non agricoles et peut, en conjonction avec les frictions des marchés de capitaux et du travail, aboutir à un piège à faible revenu et à faible producti- vité. Les propriétaires de microentreprises considèrent le manque de demande pour leurs biens et services comme la contrainte la plus importante. En outre, les entreprises qui servent des clients plus importants ou qui sont impli- quées dans les exportations sont plus rentables, même après avoir tenu compte de l’échelle et des caractéris- tiques de l’entrepreneur (B & O). Cela suggère que des politiques de stimulation de la demande, si elles sont durables et accompagnées d’in- vestissements productifs, pourraient faire partie d’une stratégie plus large de réduction de la pauvreté.